ève lève toi, et danse avec la nuit! [eli & ami]

Mon pied frôla le sol poussiéreux dan un arc de cercle léger. Je dépliais mon bras vers le ciel et respirai l’air à pleins poumons. J'essayai de ressentir chaque écart entre les dalles, chaque défaut. Les yeux fermés, je me concentrais sur mes mouvements et mon environnement.
Je m’étais retiré dans ce lieu reculé où je me sentais si bien afin de pouvoir m'entraîner à développer mon pouvoir. J’aimais tant cet endroit… Il était si silencieux et nostalgique, ici au moins, je pouvais avoir l’esprit paisible et non encombré par les rumeurs de la ville. De plus, même si je savais très bien que la magie n’était pas quelque chose d’extraordinaire ici, j’étais mal à l’aise à l’idée de l’employer en plaine rue. Et puis pour un entraînement, mieux valait un endroit peu fréquenté si je ne voulais pas faire de blesser.

Depuis peu de temps, j’avais acquis une nouvelle forme à ma magie. Ou plutôt, un nouveau réceptacle. J’étais désormais capable de faire apparaître deux pistolets massifs, des Desert Eagle. J’avais mis du temps à m’habituer à leurs poids qui n’étaient pas des plus légers, mais aussi à la manipulation. À ma première utilisation, j’avais fait sauter ma théière et manqué un arrêt cardiaque par la même occasion. Après ça, j’avais décidé de m'entraîner régulièrement à la salle de tir et j’avais découvert que mes deux armes n’étaient pas ordinaires.
L’une tirait des balles normales, mais beaucoup plus précise qu’un pistolet normal. L’autre, n’était pas mortelle, mais affaiblissait temporairement la personne qu’elle touchait.
Maintenant que j’avais appris à m’en servir, je pouvais me montrer redoutable.

La brise fraîche vint secouer mes cheveux pour me rappeler que je devrais bientôt rentrer. Mais aujourd’hui, je ne partirais pas si tôt. J’avais préparé des beignets aux fleurs d'acacia et une bouteille d’Arizona pour retenir mon appétit pendant quelque temps. J’avais aussi une couverture polaire, car la nuit risquait d’être fraîche, et j’avais prévu de rester dans les lieux jusqu'à l’aube.
Je sais, l’idée de dormir à la belle étoile dans un village en ruine pourrait paraître… Particulière, mais j’avais besoin d’un peu d’air en ce moment et le confort de cet endroit n’était peut-être pas le mieux physiquement, mais psychologiquement, il était tout simplement parfait !

J’installais ma couche dans un endroit plutôt plat, et m’adossais au mur cabossé d’un vieux bâtiment détruit.

Un bruit.

Automatiquement, je me relevais comme un piquet et scrutais les alentours, à la recherche d’une personne ou d’un animal. J'aperçus alors une silhouette fine et élancée s’approcher dangereusement de mon campement.
Le village était grand, et elle aurait très bien pu être ailleurs. Que me voulait-elle ?

Voilà quelques jours que je parcours une infime partie de cette mystérieuse île. Son nom ? Je l'ai déjà oublié, et à vrai dire, je m'en moque. Cependant, le reste de la lettre que j'ai reçu le jour de mon arrivée a eu le don de m'interpeller. Apparemment, les mystérieuses capacités que j'avais utilisé malgré moi ce jour-là ne dataient pas d'hier, mais ne se manifestaient que maintenant. J'aurais pu pester contre le fait qu'avec elle j'aurais pu bien plus rapidement me sortir du merdier dans lequel j'étais, mais je ne l'ai pas fait. Je suis tellement contente d'enfin avoir le moyen d'imposer mes choix que ça enlève toute rancœur.

Apparemment, je ne suis non plus pas venue seule sur cette île. Quelque chose ou quelqu'un m'y a amené. On peut trouver ça inquiétant, mais après tout, c'est la routine pour moi. Toute ma vie j'ai été amené à gauche et à droite sans avoir mon mot à dire, alors j'y suis habituée depuis le temps. L'avantage ici est que ce que l'on peut qualifier de prison, est infiniment plus grande que ce que je possédais auparavant et que je ne suis désormais plus démunie. J'avais enfin quelque chose de surnaturelle, et ça j'apprécie beaucoup.

Durant mes premiers pas sur cette île, j'avais trouvé dans la nuit une vieille maison délabrée, et décidai d'y passer la nuit, habituée aux conditions précaires de vie. Le lendemain, je me suis aperçue que c'était un manoir et c'est un sourire aux lèvres que j'ai décidé d'en faire mon habitat. Il était repoussant et loin des gens, parfait pour la grande solitaire que j'incarnais. Depuis, je m'affaire à récupérer ce que je peux dans le village en ruine non-loin pour avoir un endroit confortable dans lequel vivre.

Alors que je me promène à la recherche de planche, j'émets un petit soubresaut quand je vois quelqu'un se redresser et me fixer. Je ne m'attendais pas le moins du monde à voir quelqu'un ici, surtout en train de.... dormir ? Du coup, la méfiance prenant instantanément le dessus, je lâchai sans réfléchir

Qu'est-ce que vous faites ici ?

Etait-ce un nouveau maître qui venait pour moi ? Si c'était le cas, je n'allais pas l'épargner, c'était sûre.