Himitsu no Kii
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 Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]

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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyLun 18 Jan 2016 - 16:29


Le vendredi midi,
je veux du bouillon de légumes

« Then, recode »



Pourquoi faut-il que les humains soient si difficiles à comprendre ? Avec Osnate, c’était comme parler une autre langue. Les mots restaient les mêmes, mais le sens se perdait, il fuyait. Tout comme son regard. Mais cette fois, elle faisait l’effort de te regarder dans les yeux. Ce contact était pourtant loin de celui que tu pouvais avoir dans une conversation normale. Pendant une minute, le silence régna entre vous deux. La seule chose que tu pouvais lire dans son regard n’était qu’un mélange de confusion et d’agacement, ce qui en soit était compréhensible.

Finalement, après ce silence interminable, elle ouvrit enfin la bouche. Pas pour dire quelque chose de censé, faut pas rêver non plus. Plutôt pour combler le vide, ou quelque chose comme cela. Après ces quelques mots, elle finit par se lever et marcher vers la fenêtre. Elle n’est vraiment pas à l’aise avec le contact visuel, n’est-ce pas ?

« Tu n’aime pas qu’on énumère les choses telles que la mort, ou le meurtre. La misanthropie aussi. Je m’en souviendrais à l’avenir. Tu n’aime pas non plus qu’on réponde à tes QCM, je ne le referais plus. D’autres choses à me faire savoir ?

Tu laissas un silence, écoutant l’écho de sa voix tout en perdant ton regard vers l’extérieur, par cette unique fenêtre près de laquelle elle se tenait. Encore une fois... encore une fois, elle n’avait rien compris. C’était éreintant, à la longue. Pour le corps, pour l’esprit, de toujours devoir dire les choses.

- Tu veux savoir ? Je n’aime pas ta façon d’insulter mes amis devant moi. Je n’aime pas cette façon que tu as de toujours prendre les gens de haut. Et pour finir, je n’aime pas que tu viennes me faire la morale après ça. »

Tu soupiras, avant de t’allonger à nouveau sur le lit. Les bras croisés derrière la tête, le plafond en paysage, tu regardais distraitement les ombres qui s’y dessinaient. Tout avait probablement été dit, c’était impossible pour toi de lutter contre ça.

« Personne ne t’oblige à faire des efforts, personne ne t’oblige à aimer quoi que ce soit. Mais si tu ne fais que subir les conséquences de tes actes, le monde est chiant, tu ne crois pas ?... »

Peut-être était-ce une pensée un peu trop philosophique pour ton état d’esprit, car à peine l’eu-tu formulée que son sens t’échappait, pareil aux feuilles mortes emportées par la brise d’automne. Osnate déclara qu’elle allait dormir et reposa ce qu’elle avait emprunté sur le bureau, avant de sortir en silence. Toi aussi, tu sentais le poids de la fatigue sur ta conscience. Une petite sieste ne pouvait pas faire de mal...


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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyLun 18 Jan 2016 - 20:11

Sur le coup, je n’avais pas réellement pris en compte ce que Lyra avait dit. A vrai dire, cela m’ennuyais trop pour que je me décide à y apporter un sens. Alors, j’étais partie me coucher. La laissant là, attendant certainement une réponse que je n’avais pas. C’était trop personnel, et si je me penchais dessus, mon cerveau y verrait le moyen parfait pour broyer du noir. J’étais fatiguée, dans un état pratiquement second, pas besoin d’y rajouter des cauchemars, c’était déjà assez pénible. Alors je suis partie dormir, sans un regard en arrière, j’ai claquée doucement la porte. Je ne me suis réveillée que le lendemain matin, encore plus faible et plus misérable que la veille. Je n’avais pas d'énergie, et mon corps, vidé de sa force, refusait de se lever. Mais ma limite n’avait pas encore été atteinte, je me savais encore capable de marcher. Il me fallait juste un petit peu de temps pour rassembler mes dernières ressources. J’avais vécue pire, quelques jours de jeun ne me tueraient certainement pas.

Je suis donc restée cinq bonnes minutes, les yeux rivés au plafond, avant de me relever. J’ai pris appui sur ma main gauche, et celle ci s’est soudainement mise à me trahir. J’ai regardée, mon poignet avait une drôle de forme. Shion. Cela m’a beaucoup agacée. Le craquement d’hier, et la force qu’il m’a fallu pour me relever ont grandement contribué à le déplacer. C’était douloureux. Vraiment ennuyant. Je n’avais déjà pas beaucoup d’énergie, alors, en dépenser pour des conneries pareilles, cela me mettais en colère. Je n’aime pas être en colère. Alors j’ai regardée, puis ai décidée de résoudre ce problème par moi même. Avant qu’il ne gonfle, et que le remettre en place nécessite une infirmière.

J’ai pris dans l’un de mes cartons un ruban, de ceux qu’on utilise pour les cheveux. Puis suis entrée dans la cuisine, pour y choisir un pavé de congélation bien froid. Entrant dans le salon, je me suis assise sur une chaise de la salle à manger. Mon bras était vraiment douloureux, et sa forme, mon dieu sa forme en était presque alarmante. Alors, je l’ai posé sur la table et ai prit une baguette, de celle que Lyra utilise pour manger. Avec, j’ai tâté le morceau, compilant la douleur avec mes connaissances sur le sujet. Trois minutes plus tard, je tenais entre les dents du sopalin plié, et avec la main droite, j’ai remis en place les os de ma main gauche. Je dois avouer que je me suis sentie défaillir. Vous savez, ce n’est vraiment pas plaisant ce genre de choses. Je me suis accordée cinq minutes de répit, le pavé sur le poignet, puis ai prit les baguettes. Avec le ruban, j’ai immobilisée mon bras. Pour tout dire, je n’aimais pas le rendu. Quelqu’un devait me mettre un plâtre, car cette construction de fortune ne tiendrait jamais les six semaines obligatoires. De plus, j’avais beau ne pas les aimer, il me faudrait des médicaments. J’allais avoir besoin d’une infirmière, qu’elle plaît. Le seul point positif, c’était que maintenant, j’étais sure de ne pas développer d'oedème.

J’allais me lever, pour remettre le pavé à sa place, quand je suis tombée une seconde fois. Que voulez vous, mon corps n’a pas supporté autant de contraintes. J’ai tourné la tête, et j’ai vu Lyra. Cela ne m’a pas plu, alors j’ai détournée les yeux. J’ai évité son regard, et ai tentée de me relever. Mais j’avais besoin de quelques minutes pour reprendre des forces, et sur ce sujet, mon corps était intransigeant. C’était tellement frustrant, j’avais l’impression d’être de nouveau dans le palais des miroirs. Encore une fois, j’étais la prisonnière d’une carcasse en train de succomber aux charmes de la faim. Se sentir impuissant est l’une des tortures les plus douloureuses, à mon sens. Alors, j’ai frappé du poing sur la table. Du poing droit bien sur, et ai froncée les sourcils. Chaque vibration se répercutait dans tout mon être. J’ai fermée les yeux, essayant d’oublier cette situation ennuyante. De toute évidence, je commençais à perdre patience. Quand j’ai ouvert les yeux, j’étais prête. Je me suis relevée d’un bond, puis ai décidée de sortir. L'université m’attendait. J’allais faire ces putains de tests, et rentrer dormir un peu.
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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyLun 18 Jan 2016 - 23:42


Le vendredi midi,
je veux du bouillon de légumes

« Day 2 : repeat »



Lorsque tu t’es enfin réveillée, il faisait nuit noire. Lentement, tu étiras tes membres engourdis alors qu’un long frisson parcourait ton échine. Il faisait froid et tu ne t’étais pas glissée sous ta couverture avant de t’assoupir, c’était désagréable. Pendant combien de temps avais-tu dormi exactement ?... peu à peu, les évènements de la journée te revenaient en tête. Tu t’étais disputée avec Osnate, et puis vous étiez toutes deux allé vous coucher. C’était rare de te voir dormir la journée, tu n’en ressentais pas le besoin à part quelques fois, quand ton corps avait du mal à suivre le rythme entre les cours et le travail. Ce n’était plus arrivé depuis ton arrivée sur l’île, cependant...

Neuf heures et demie, affichait ton portable. Il était temps de préparer le repas. Prenant quelques instants pour rassembler tes pensées égarées, tu finis par te lever pour préparer quelque chose.

« Awh... j’ai pas rangé les courses ? *soupir* Sacrée Osnate... »

Tu avais conscience d’avoir un peu explosé face à elle, tu n’en étais pas très fière. Ta relation avec cette fille n’était pas vraiment partie du bon pied comme tu l’aurais voulu, pour être honnête, tu n’étais plus certaine de pouvoir t’entendre avec elle. Les jours à venir promettaient d’être compliqués... Tout en songeant à cela, tu commenças à mettre une casserole d’eau à chauffer doucement, profitant de ce temps pour ranger les provisions de la semaine. Puis, tu commenças à préparer les légumes pour les mettre de l’eau, coupés en morceaux. Un bouillon de légumes serait amplement suffisait pour ce soir, un repas léger et simple à préparer.

Une fois le tout prêt, tu réglas le minuteur avant de regagner ta chambre le temps de la cuisson. L’appartement était calme, silencieux. C’était reposant, mais un peu déprimant également. C’est pour cela que tu mettais souvent de la musique dans ta chambre. Tu avais des travaux à terminer pour tes cours de la semaine prochaine, aussi tu décidas que c’était le moment idéal pour t’en débarrasser. Ce questionnaire d’histoire en moins, cependant...


Un long moment plus tard, la sonnerie annonça l’heure du repas. Tu lâchas donc tes études pour aller arrêter le feu sous la plaque, puis mis le couvert pour deux personnes sur la table. Tu n’allais pas laisser affamer ta colocataire, et puis c’était compliqué de ne pas cuisiner pour deux en faisait un bouillon de toute manière. Elle ne semblait pas se réveiller, cela dit... tu allas même toquer à sa porte pour vérifier, mais l’absence de réponse te fit office de confirmation. Elle n’aurait à le réchauffer quand elle se réveillerait, songeas-tu avant de retourner prendre ton bol en solitaire.

Tu ne la revis pas de la soirée. Après avoir fini ton bouillon, tu pris une pomme dans la corbeille à fruits et retournas sur ton lit, terminer le sujet que tu avais commencé avant d’aller dormir. Le sommeil ne tarda pas à venir à nouveau, et ton esprit abandonna bien vite ses tourments pour un monde coloré, rempli d’arcs-en-ciel et de licornes poilues rose-phosphorescentes.

* * * * *

Le lendemain, c’était jour de repos. Un nouveau jour de calme et l’ennui en perspective... peut-être que quelqu’un serait libre pour s’ennuyer ensemble, aujourd’hui ? C’est drôle, l’ennui, ça marche comme les mathématiques. Deux choses négatives qu’on multiplie devient positif. Quand on s’ennuie à deux, on ne s’ennuie plus vraiment, c’est pour cela que c’est amusant.

Sur cette pensée, tu sortis de ta pile de couvertures et te dirigeas vers ta commode pour choisir tes vêtements pour la journée. Avant toutes choses, une bonne douche s’imposait. Cependant, alors que tu sortais de ta chambre pour aller vers la salle de bain, quelque chose t’interpella : il y avait du bruit dans le salon. Osnate s’était levée ? Intriguée, tu décidas d’aller voir, non sans avoir déposé tes vêtements de rechange dans la salle de bain en premier lieu. Et là...

Mais qu’est-ce qu’elle fiche encore celle-là ? Elle s’était assise à la table, à tâter son bras avec une cuillère en bois. Tu n’avais aucune sombre idée de ce qu’elle faisait, mais tu n’osas pas la déranger. Ses gestes, sa concentration, tout cela avait quelque chose de mystique, comme un rituel. Enfin, ce n’était pas comme si tu te cachais pour l’espionner ou quoi que ce soit... non, tu te tenais silencieusement au milieu du couloir, et tu observais. Elle s’est enroulé un ruban autour du poignet, comme un plâtre qu’on met aux blessés. Mais alors... elle s’était blessée ? Tu attendis qu’elle ai fini pour aller lui demander, mais au même moment, elle décida de se lever et... s’étala au sol.

« Osnate ! Ca va ? »

Tu t’es précipitée vers elle pour l’aider, elle t'a remarqué mais voulu t’ignorer. Elle a frappé du poing sur la table, faiblement, sans que tu comprennes pourquoi. Puis, elle s’est relevée brutalement et a pris la fuite. Elle est sortie de l’appartement en coup de vent, sans un mot ou un regard. Un long moment, tu restas figée devant la table, à regarder la porte d’entrée encore entr’ouverte et les outils qu’elle avait laissés en plant dans le salon. Un pain de glace et une cuillère en bois.

« Elle est vraiment en colère contre moi, on dirait... »

Finalement, la conversation que vous aviez eue hier avait eu plus d’effet sur elle que tu ne l’aurais cru. Elle cachait bien ses sentiments, mais elle n’était pas insensible, après tout. Néanmoins... tu étais toujours incapable de la comprendre. Lâchant un soupir, tu ramassas les ustensiles égarés pour les remettre à leur place, dans la cuisine. A ce moment, tu constatas également qu’elle n’avait rien mangé ce matin non plus. Jusqu’où cette fille pouvait-elle être entêtée, au juste ? Enfin, cela ne servait plus à rien de lui courir après, maintenant. Elle finirait bien par rentrer, tôt ou tard...


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Dernière édition par Lyra Rioka le Mar 19 Jan 2016 - 11:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyMar 19 Jan 2016 - 4:41

Je suis revennue chez Lyra quelques heures après mon départ. J’ai toquée doucement à la porte, parce que je n’avais pas encore les clefs. Cela m’a ennuyée, de toquer. Je n’aime pas toquer. En plus, j’étais fatiguée. Ma main me faisait mal, et j’avais beau la garder en hauteur, à chaque pas, la douleur résonnait et me faisais mal au coeur. J’avais envie de pleurer, un peu. Mais ça, c’était uniquement parce que l’université m’avais vue, elle aussi, sous mon mauvais jour. Je n’aime pas qu’on me dénigre, moi et mon traître de cerveau, c’est instinctif. J’ai beau ne pas m’aimer, j’ai beaucoup de mal avec la critique. Les regards qu’ils me lançaient, alors que je remplissait leurs papiers, ce ne devrait pas être permit. Cela m’a fais souffrir, un peu. Je n’aime pas souffrir. Mais que voulez vous que je dise, le directeur avait une cravate jaune et marron. Il paraissait donc normal que j’essaye de sauter par la fenêtre. Il avait une cravate jaune et marron, ce ne devrait pas être permit.

Quand ils lui ont enlevés cette immondice, je me suis un peu calmée. J’ai fais leurs stupides tests, et ils m’en ont apportés d’autres, quatre fois en tout. J’ai remplie, remplie, sous leurs yeux dubitatifs. C’était tellement facile, tellement logique. Je n’ai pas aimé. Ils se sont mis d’accord pour me proposer l’université, et j’ai demandé ce que c’était. J’ai dis oui, parce que je voulais partir. J’ai dis oui, et ai signé tous leurs papiers. Je suis rentrée, ennuyée, et ai fini par toquer à la porte. Lyra m’a ouvert, alors que je reprenais haleine. Rappelez vous, la fatigue. Je suis rentrée, et me suis assise sur une chaise. Essayant de reprendre un peu de contenance. Devrais lui expliquer ? Oui sûrement. Ennuyant.

- Ce matin j’étais pressée. Mon poignet était une variable que je n’avais pas calculée. J’ai du le remettre en place, cela m’a pris onze minutes. Je me suis inscrite à l’université, et j’avais calculée pour y arriver quinze minutes à l’ avance. Je suis presque arrivée en retard. Ce qui explique pourquoi ce matin je n’avais pas le temps de parler.

Je lève le bras, et montre mon poignet du doigt, comme si ce dernier expliquait tout. J’enlève mes chaussures, et les emmène dans ma chambre. Comme toutes mes affaires, elles sont élimées, usées, fatiguées, mais je ne m’en formalise pas, à vrai dire, je les préfère ainsi. Je ne saurais pas quoi faire avec de nouvelles choses. Je n’aime pas les nouvelles choses. Fort de cette pensée, je ne revient pas dans le salon, je m’étais décidée à reconstruire le supermarché. Ce n’est pas un projet que je peux arrêter. Maintenant que je n’ai plus que ma main droite, le temps de travail en sera doublé. C’est agaçant. Je me met au travail.

Je tombe de fatigue, et ce n’est qu’après avoir posée les bases que je me décide à faire une pause. Je retourne à cette fenêtre, l’ouvre, et me pose sur le rebord, les jambes fléchies. J’ai froid, mais ici, le froid m’aide à rester éveillée. Je ne déteste pas ce froid là, il est revigorant. Alors je reste ici. N’arrivant pas à me concentrer suffisamment pour faire des calculs, je me contente de rester plantée là, comme une potiche.

- Voyez vous cela … mon traître à sa nation est finalement calmé. Je devrais me laisser mourir de faim plus souvent. C’est une piste à creuser.  
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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyMer 20 Jan 2016 - 18:41


Le vendredi midi,
je veux du bouillon de légumes

« Here it goes again »



Il était encore tôt dans la mâtinée. Osnate était partie en coup de vent, te laissant seule dans l’appartement. Peu de temps après son départ, tu es allée te délester de tes vêtements dans la salle de bain pour prendre une douche. C’était samedi aujourd’hui, tu avais le temps. L’eau brûlante glissait le long de tes cheveux d’ébène, te relaxait et t’apaisait. Une crinière aussi longue prenait du temps pour s’en occuper, on se réveillait avec des nœuds partout et le démêlage n’était pas ton activité favorite... mais les sentir flotter au vent et pouvoir jouer avec ses mèches, ça valait bien cette petite peine, non ?

Tous ces moments, c’était aussi de longues rétrospectives intérieures. Cela dit, il ne s’était pas passé beaucoup de choses passionnantes, récemment. Et le futur n’était guère plus lumineux, avec tous les examens qui allaient tomber au lycée. C’était encore à parier que Shion allait t’implorer d’organiser une session de révision pour lui sauver les miches, tu ne lui donnais pas plus d’une semaine. Enfin, au vu de ce qui s’était passé hier, elle allait surement se faire oublier pour le week-end...

Il était aux alentours de neuf-heures et demie quand tu sortis de la salle de bain. Tu pris un rapide petit déjeuner et retournas dans ta chambre pour flâner sur le net, regarder des animés et autres. Cela t’occupa une petite heure avant qu’on ne vienne frapper à la porte, en plein milieu d’un épisode... mais genre, le moment mal placé, en plein milieu de l’action. Tu as pesté intérieurement et tu t’es levée pour aller voir ce que les gêneurs voulaient en cette belle matinée, pour n’avoir rien de mieux à faire que de te laisser en paix.

« ... t’as paumé ta clé ? »

Pour sa peine, tu l’aurais bien laissée dehors. Jusqu’à quel point es-tu irrécupérable, ma chère Osnate ? La respiration haletante, elle reprenait péniblement haleine en franchissant l’entrée. Elle est allée s’asseoir en silence, ignorant ma question qui de toute manière était plus rhétorique qu’autre chose. Puis, tandis qu’elle reprenait un peu contenance, elle se décida à parler.

« Ce matin j’étais pressée. Mon poignet était une variable que je n’avais pas calculée. J’ai du le remettre en place, cela m’a pris onze minutes. Je me suis inscrite à l’université, et j’avais calculée pour y arriver quinze minutes à l’avance. Je suis presque arrivée en retard. Ce qui explique pourquoi ce matin je n’avais pas le temps de parler. »

Elle leva son poignet enflé pour témoigner de ses dires, il avait l’air douloureux. Mais ce qui était plus inquiétant encore, c’était la mine de la jeune fille. Elle était en sueur, portant toujours ces mêmes vêtements sales qu’elle arborait la veille, et la faiblesse de son corps se ressentait dans sa posture. C’était pitoyable à regarder, mais cela ne semblait pas la déranger ; elle coupa d’ailleurs court à ce triste début de conversation pour aller s’enfermer dans sa chambre, elle et sa fierté mal placée. Cette idiote n’avait toujours rien mangé depuis hier, n’est-ce pas ? Tu soupiras.

« Comme tu veux... »

Et à ces quelques mots, tu ne tardas pas à l’imiter. C’est que tu avais un épisode à finir, toi...


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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyVen 22 Jan 2016 - 3:49

Accroupie sur cette fenêtre, je ne pense plus. C’est reposant. Mon bras est une variable que je n’aime pas, alors, j’aimerai dire que Shion me le payera. Mais ce n’est pas vrai. Cela ne le sera jamais. Cette femme est déjà sortie de mon esprit, elle n’est qu’un obstacle que je me plais à écarter. La vérité ? Elle ne m'intéresse pas. Personne ne m’a jamais vraiment intéressé. Lyra ? Non, je l’aime bien, mais cela s'arrête à des sentiments contradictoires. Comme tous ceux qui sont gentils avec moi, je n’ attends d’elle que des compliments. C’est triste à dire, mais elle n’est pas stimulante. Personne ne l’est jamais vraiment.

« Personne ne t’oblige à faire des efforts, personne ne t’oblige à aimer quoi que ce soit. Mais si tu ne fais que subir les conséquences de tes actes, le monde est chiant, tu ne crois pas ?... »

Cette phrase me revient soudain, mais je ne comprends pas le processus qui la rend viable. Je ne comprends pas cette notion de conséquences. A vrai dire, le sens ne m’est pas inconnu, car le coté théorique est facile, mais c’est dans l’application que je n’y arrive pas. J’ai annoncée un fait, il est vrai que je voulais la tuer. Cela ne veut pas dire que j’allais le faire. Pourquoi se sont t’ elles énervées ? La mort est t’ elle un sujet tabou, la misanthropie aussi ? Je ne suis pas en tord, ou si je le suis, je ne saisi vraiment pas pourquoi. Il faudrait que j’étudie les sciences sociales. Mais je me rappelle ce que sont les humains, et je perd toute motivation. Je n’aime pas les humains. Soupir, il faudra se contenter de la chimie. Soupir, je n’aime pas non plus la chimie.

Après quelques instants de réflections, j'entends quelque chose sonner. Je ne sais pas ce qui fait ce genre de bruit, mais cela ne me rassure pas. Tendit qu’il continue de beugler, je sors de ma chambre. Sans faire de bruit évidement. D’après mon expérience, cet objet est un téléphone. Pourquoi un téléphone sonne t’ il à cette heure si matinale, cela m’agace. Je regarde la porte de Lyra, mais personne ne sort. Le bruit me dérange vraiment maintenant. Je m’approche donc de la table basse, prête à écouter ce qui en ressortira. Je prend le combiné entre mes doigts, et attend que la personne en face se décide à cracher le morceau.


- Oui. Oui. Maintenant.


La première question confirme mon identité, la seconde demande un entretient, la troisième me demande mes dispositions. Il me demande un rendez vous, mais je refuse. Je n’aime pas les rendez vous. Il continue, obstiné. Il me dit qu’il est à deux pas de l’appartement, et qu’il va passer. Il me demande ensuite le numéro de porte. Je lui dis. Je n’ai rien a cacher. Il prétend s’appeler Coves. William Coves. Je sais qui il est. Il m’a empêché de sauter, avec la secrétaire du directeur, lors de mon entretient à l'université. Je l’attends. Mais il n’est pas à deux pas. Cela lui prend vraiment trop de temps. Je me demande pourquoi il viendrait, cela me rend un peu curieuse. Je n’aime pas être curieuse.


Pour passer le temps, je regarde autour de moi, et je vois un paquet de gâteaux ouvert. Je m’approche doucement, car Lyra n’est pas là. Je le ramène à la table, et je commence à grignoter. Je n’aime pas cela, mais je meurs vraiment de faim. Comme une biche aux aguets, je guète, l’oreille attentive. Je lui ai fait son QCM, l’échange est donc plus ou moins équitable, mais cela ne me rassure pas.
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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyLun 25 Jan 2016 - 22:41


Le vendredi midi,
je veux du bouillon de légumes

« Et que ça brille ! »



C’était problématique. Tu te laissas tomber sur ton lit, remis ton casque sur tes oreilles avec détermination. L’ignorer, c’était le mieux à faire. Elle ne voulait pas parler, c’était le mieux à faire. Elle parlait beaucoup, mais elle ne voulait pas qu’on lui réponde. Elle ne voulait pas qu’on lui parle, alors ? Cette fille était une telle énigme qu’elle arrivait à te prendre la tête même lorsque tu voulais te détendre et l’oublier un peu...

Soudainement, le téléphone se mit à sonner. C’était bizarre, personne n’appelait jamais sur le fixe d’habitude. Tu allais te lever pour répondre, mais au moment d’ouvrir la porte de ta chambre, quelque chose te stoppa. Un bruit dans le couloir... Osnate s’était levée pour répondre, elle aussi ? Attends une minute... Osnate, répondre au téléphone ? Intriguée, tu renonças à ouvrir et tendis l’oreille à la place.

« Oui. Oui. Maintenant. »

C’était difficile de reconstituer la conversation avec seulement la moitié des dialogues, cependant... Elle refusa quelque chose, puis lui donna un numéro. Il semblerait que cet appel ait en effet été passé à son attention, mais c’était étrange, tout de même. Peut-être à un truc administratif, pour ce que tu en savais... mais cela suscitait d’autres craintes en toi. Par exemple... Osnate était vraiment capable de gérer ce genre de choses par elle-même ? Pour une personne qui débarque avec pour seules bagages des cartons de légos et des vieux papiers, il y avait de quoi se poser des questions.

Finalement, tu n’entendis plus rien, aussi en déduisis-tu qu’elle avait raccroché. Après quelques secondes d’hésitation, tu sortis de ta chambre pour aller voir ce qu’il en était. Pas de peluche au radar... dans le salon peut-être ? Tu te dirigeas donc vers la pièce de vie en trainant tes pantoufles et, passant la tête par le coin du mur, tu trouvas ta colocataire en train de... manger un paquet de gâteaux.

« Hey... tu te pointes pas au repas hier, tu ne prends pas de petit déjeuner, et je te trouve en train de manger des gâteaux... t’es sûre que ça va ? »

Osnate qui fait son Osnate, rien de bien surprenant tu aurais aimé penser. Mais elle n’était ici que depuis hier, c’était donc compliqué de prétendre t’y être déjà habituée. Tu t’approchas calmement de la place qu’elle avait choisie et posas une main sur son front, laissant l’autre reposer sur sa tête. Elle n’avait pas l’air d’avoir de fièvre, mais elle était encore humide à cause de la sueur. Ses cheveux aussi étaient tout raides et sales, sans parler des innombrables épis qu’elle arborait si fièrement, il fallait y remédier au plus vite !

« Tu vas aller prendre une douche maintenant, et après on ira manger. Je ne veux pas t’entendre râler, tu te bouges et c’est tout ! »

Joignant le geste à la parole, tu la tiras de sa chaise et la poussas vers la salle de bain, en faisant attention à ne pas lui faire mal sur le chemin. Son poignet était encore en convalescence, après tout... mais c’était hors de question de la laisser dans cet état pitoyable une seconde de plus. Tu trouverais bien quelques vêtements de rechange à sa taille le temps qu’elle puisse acquérir une garde-robe acceptable, ce n’était pas un problème. Enfin... peut-être un peu quand même ? Il faudrait faire avec, tu aurais le temps d’y réfléchir pendant qu’elle se laverait. Si toutefois elle se laissait faire, du moins...


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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyMar 26 Jan 2016 - 1:35

« Hey... tu te pointes pas au repas hier, tu ne prends pas de petit déjeuner, et je te trouve en train de manger des gâteaux...

Instinctivement, je me replis. Elle m’a surprise. Je n’aime pas être surprise. Le regard aseptisé, je me tourne vers Lyra, les épaules toujours voûtées. La défense ma chère Osnate, ne marche que quand on y met un peu du sien. Ma mère avait toujours ce genre de phrases toutes faites. Mais maman, depuis le temps, tu devrait savoir que mettre du mien n’a jamais été une priorité. La défense, c’est quand on admet être attaqué. Être attaqué ne m'intéresse pas.

t’es sûre que ça va ? »


Bien sur que non, tu vient de me surprendre en train de vider tes réserves. Comment ça pourrait bien aller, hein, comment ça pourrait bien aller. Elle se rapproche doucement, et je ne bouge pas. Comme une enfant prise sur le fait. Comme une biche aveuglée par les fars d’une voiture roulant à toute vitesse. Elle s’assoit sur la chaise à coté de moi. Je n’ose esquisser le moindre mouvement, et cela ne me plaît pas. Lyra pose une main sur mon front, et l’autre sur mes cheveux, elle me regarde dans les yeux. Contact visuel. J’ai énormément de mal à essayer de le soutenir. Je n’ai jamais aimée les contacts visuels. Elle doit le voir, car ma colocataire prend soudain la parole.

« Tu vas aller prendre une douche maintenant, et après on ira manger. Je ne veux pas t’entendre râler, tu te bouges et c’est tout ! »

J’ai ouvert la bouche, mais elle m’a devancée. Elle devait savoir que j’allais protester. Ce n’est pas si grave, elle s’est levée, et m’a tirée doucement de ma chaise. Alors, je me suis laissée faire. Son ton n’admet aucune autre réponse que celle demandée, et comme il en faut vraiment peu pour me contrôler, je n’ai pas protestée. Après tout, pourquoi lutter, Lyra sait apparemment mieux que moi comment se comporter en société. J’ai donc hochée la tête et me suis dirigée vers la salle de bain. Elle m’a dit ou se trouvaient les serviettes propres, dans un placard en haut à droite et m’a laissée y entrer.


Quand j’ai enlevée mon tee-shirt, celui ci s’est déchiré. C’est embêtant, je ne peux plus le porter. J’entre dans l’eau. Sept minutes plus tard, j’en sors. Il me faut moins de deux minutes pour me savonner le corps, le problème, ce sont les cheveux. Trois minutes à attendre que le shampoing fasse effet, et deux pour les rincer parfaitement. Je sors donc de l’eau, et me dirige vers le lavabo. A l’aide d’une serviette, je me sèche le corps, puis la crinière. Les démêler prendra un peu de temps. Ce n’est pas grave, je les arrache avec la brosse. Je compte treize minutes à lutter avec le peigne avant d’être pleinement satisfaite. Maintenant, il me faut des habits. Mais je n’en ai pas. Cela m'ennuie.

J’ai mal à la main, mais cela ne m'intéresse pas. Je l’ignore donc et sors, nue. Ils disaient que mon corps est aussi attirant que celui d’un cadavre, et cela me faisais toujours presque sourire, car j’aimais bien les cadavres. Ils ne parlent pas. Jamais. Cela me plais. Plus que mon corps en tous cas. Je sais que tous mes os ressortent, que ma peau semble collée. Tant pis. Je sais que je n'ai aucuns poils, car ils me les ont enlevés. Je sais qu’on voit mes côtes, mon bassin. Ce n’est pas grave. Ça ne l’est jamais beaucoup.  Je sais qu’on vois une cicatrice sur ma cuisse gauche, une vielle brûlure qui s’étend jusqu’au genou. La peau est plus foncée, comme de la pulpe de papier. Je n’ai pas honte. Je ne connais pas la honte. Sur le thorax, une ligne sépare mon ventre en deux. Elle part de mes seins à mon nombril. C’est mon corps. J’ai été opérée.

- Mon tee-shirt s’est déchiré.

J’ hausse les épaules. Cela m’ennuie de me justifier. Je n’aime pas me justifier. Alors je le lui balance comme ça. Que voulez vous, le tact et moi, on a toujours été de grands amis.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyMar 26 Jan 2016 - 21:04


Le vendredi midi,
je veux du bouillon de légumes

« A new challenger »



Osnate est entrée dans la salle de bain. Tu lui montras rapidement les choses importantes, où étaient rangées les serviettes, puis tu la laissas s’occuper du reste. Elle n’a pas protesté, elle est simplement entrée sans poser de questions. C’était pour le mieux, cela faisait gagner du temps. A présent, il fallait lui trouver des vêtements de rechange... tu te dirigeas donc vers la pièce de stockage, là où tu entreposais toutes les choses qui ne te servaient plus ou pas. C’était un peu à l’étroit, les vieilleries s’entassaient et prenaient la poussière plus ou moins depuis ton arrivée. Il y avait un peu de tous dans ces cartons : des affaires qu’on t’avait données, ou qui appartenaient à d’anciens locataires ne les ayant jamais récupérées.

Tu recherchais dans tes souvenirs où était ce que tu cherchais. Il te semblait bien qu’il y en avait un qui contenait de vieux vêtements... trouvé ! Dans un nuage de poussière, tu entrepris de retirer le carton de la pile où il se trouvait. L’air de rien, c’était plutôt lourd, et le paquet du dessus menaça à plusieurs reprises de te tomber sur la tête. Fort heureusement, tu parvins à t’en sortir sans casse après quelques longues minutes de galère. Une fois le carton tiré à la lumière du couloir, tu pus enfin observer clairement ce qu’il contenait. Il y avait des t-shirts, des pulls, des pantalons en toile... les tailles étaient trop grandes pour toi, mais elles devraient aller à Osnate. N’empêche, c’était une curieuse attention, de laisser un carton plein de vieux vêtements ici. Peut-être qu’elle n’avait pas été la seule à arriver sans rien ici... enfin, ce n’était pas le moment de penser à ce genre de choses.

Maintenant que tu les avais trouvés, il ne restait plus qu’à se défaire de l’option odeur de refermé. Tu mis les vêtements dans un grand sac et te prépara à sortir. Il n’était pas question d’aller loin, juste descendre à la laverie en bas de l’immeuble, à une minute à peine. Lorsque tu poussas la porte, le sac dans les bras, il n’y avait personne. Tu mis le tout dans une machine et laissa tourner. Comme c’était long, tu allas faire un petit tour dans la pièce, regarder dehors par la grande vitre pour passer le temps. C’était calme, il n’y avait personne. Tu sortis ton portable, mis un peu de musique et pris ton mal en patience, pensais à autre chose. Quand la machine eut fini, ce fut au tour du sèche-linge. Plus rapide, mais tout aussi ennuyeux.

Une bonne demi-heure plus tard, tu ressortis de la laverie avec ton sac dans les bras, rempli des vêtements propres et chauds pliés à la va-vite. Enfin, tu pouvais retourner à ton appartement avec la satisfaction du devoir accomplit ! Tandis que tu prenais le chemin du retour, tu remarquas un homme qui suivait la même route, un peu derrière toi. Cela avait attiré ton attention parce qu’il était en costume, cravate et tout le reste. Enfin, tu ne t’attardas pas plus que cela dessus, et rentra à l’appartement sans trainer.

Une fois à l’intérieur, tu posas un instant le sac pour te déchausser. A ce moment, tu entendis une porte s’ouvrir dans le couloir.

« Osnate ? Tu as terminé ?

Tu enfilas tes chaussons et repris le sac pour le lui apporter. Elle n’avait pas de vêtements de rechange, donc elle les attendait surement. En revanche, tu ne t’attendais certainement pas à ce que tu allais voir devant la porte de la salle de bain. Osnate était nue, dans le couloir, une expression vide caractéristique figée sur son visage.

- Mon tee-shirt s’est déchiré.
- Oh, euh... ah... bafouillas-tu, confuse face à cette situation : prends ça et va t’habiller ! »

Dans ta hâte de lui donner des vêtements pour se couvrir, tu penchas un peu trop le sac et fis tomber une partie de son contenu sur le sol. C’était embarrassant, tu ne savais pas comment réagir, et son calme ne faisait que te déboussoler un peu plus. Tu plaquas un peu brusquement le sac contre la poitrine de la demoiselle en lui disant d’aller s’habiller, puis la repoussas vers la salle de bain en évitant de croiser son regard... Oh, joli papier peint, tiens.

... Qu’est-ce qui lui passait par la tête, à cette fille ? Garder une serviette sur elle pour sortir aussi, c’était un concept trop abstrait pour sa petite tête ? Encore une fois, la logique de son esprit t’échappait complètement. Enfin, si cela ne lui posait pas de problème... ho, à quoi tu penses au juste Lyra ?! Bien-sûr que ça pose un problème !

** Ding-doooong ~♪ **

La sonnerie te fit sursauter, rompant le fil déjà distordu de tes pensées. Encore une visite ? Tu ramassas rapidement les vêtements qui étaient restés par terre pour les mettre sur le lit d’Osnate. Une deuxième sonnerie retentit, plus insistante cette fois. Les mains à présent libres, tu te dirigeas vers l’entrée, curieuse de connaitre l’identité de ce visiteur impromptu...


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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyMer 27 Jan 2016 - 19:50

- Oh, euh... ah... prends ça et va t’habiller ! »

Elle me donna des habits, en en laissant la moitié tomber par terre. Lyra semblait gênée. Étrange. Pourquoi était t’ elle gênée. Rapidement, je décidais de mettre cela sur le compte d’une mauvaise dextérité. Penser au comportement d’une personne ne m'intéressais pas. Utiliser des excuses en guise de raccourcis était plus mon genre. Alors, haussant les épaules, je me dirigea vers la salle de bain. En face du lavabo, je les déplia. C’était une tunique, non, une robe. Elle arrivait au dessus du genou, patchwork de différentes couleurs, patchwork de différentes textures. Je l’aimais bien, bien qu’elle soit étonnamment voyante. Des chaussettes longues, rayées comme l’arc en ciel, avec des orteils séparés. Des sous vêtements blancs, et un ruban vert pomme. J’ai mis le ruban dans mes cheveux, comme quand on me préparait pour un test en situation réelle. J’ai fait une queue de cheval haute, parce que je ne savais pas quoi faire d’autre avec. Il est vrai que j’aurai pu stabiliser ma main avec, mais je préférais utiliser mes anciens outils. Le pan de tissu délavé. Il était plus grand, plus épais, plus pratique. En quelques instants, je le remit à sa place initiale, sur mon poignet, et sortit. Dehors, dans l’entrée, il y avait monsieur Coves. Il parlait à Lyra.

- Mademoiselle Rouhama ?

Il me tendit la main, un sourire sur le visage. Je la sera, mollement, et soupira. Il me connaissait, alors pourquoi demander mon identité. Qu’elle perte de temps. Il détailla un instant ma tenue, pas sur de savoir si autant de couleurs pouvaient se marier à ma couleur de peau. Un peu gêné, il me demanda si nous pouvions parler. En bonne Osnate que je suis, je lui rétorqua que nous le faisions déjà. En un instant, William perdit son sourire colgate. J’ai souvent cet effet là sur les gens. Heureusement, il ne se découragea pas, et jeta à ma colocataire un regard vaguement interrogateur. Celle ci s’empressa de nous conduire dans le salon, pour comme il le disait, parler .

- Je m'appelle William Coves. Vous vous souvenez de moi ? J’étais présent ce matin, laissez moi vous dire que vous avez l’air bien plus en forme. Sourire. Enfin, si je suis ici, c’est pour vous annoncer que j’ai apporté les résultats de vos tests. La correction a été rapide, j’en conviens, mais je m’en suis occupé moi même. Sourire. J’ai été très impressionné. Sourire. A vrai dire, j’ai encore du mal à croire qu’une personne sans parcourt scolaire puisse en être capable. Sourire.

L’écoutant, je ne me rendis pas compte que mon visage impassible le perturbait. J'attendis qu’il termine sans montrer la moindre émotion. Sans me rendre compte à quel point mon insensibilité devait être dur à gérer. Je suis une mauvaise interlocutrice, c’est un fait, mais à ce moment là de l’histoire, je ne m’en apercevais pas. Pauvre monsieur Coves, il devait avoir l’impression de raconter conneries sur conneries.

- Si je suis ici, c’est pour vous proposer une offre que vous ne pourrez pas refuser, mademoiselle Rouhama. Je travaille actuellement sur un projet, voici le dossier. Je pense sincèrement que vous pourriez en devenir membre. Vous correspondez parfaitement au profil recherché. Belle, intelligente... ( note de l'auteur : complètement perdue et facilement manipulable ) PEIN, la société pharmaceutique, s’engagerait à prendre en charge vos frais de scolarité pour les années à venir.

- La contrepartie ?


- Et bien, une fois diplômée, vous serez directement employée. Je vous engage vivement à lire le dossier. Nous n’avons besoin que d’une signature. Pensez y, mademoiselle, un avenir rayonnant vous attend !


- Rayonnant...

- Par contre, votre emplois du temps sera surveillé. Je veux dire, nous avons besoin de résultats. Vous avez le potentiel mademoiselle Rouhama. Je crois en vous. PEIN croit en vous.
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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyVen 29 Jan 2016 - 21:44


Le vendredi midi,
je veux du bouillon de légumes

« A new challenger »



La personne qui sonnait à la porte ne révéla être l’homme que tu avais entrevu tout à l’heure, sur le chemin du retour. Il se présenta sous le nom de Coves, en précisant qu’il venait pour discuter avec Osnate. C’était bizarre, cet homme ne t’inspirait pas confiance. Il avait une mallette noire à la main, avec probablement à l’intérieur des tas de papiers auxquels tu ne comprendrais rien si les lisait. Les personnes de ce genre sont ennuyeuses. Tu le détaillais, hésitant à le laisser entrer. Osnate était en train de s’habiller, tu allais lui demander de patienter, mais celle-ci apparu dans le couloir à ce moment.

A la façon dont il a réagit, tu as rapidement compris que ces deux là s’étaient déjà rencontrés. Il lui a tendu la main pour la saluer, un peu gêné par sa réaction cependant. La osnatitude, on ne s’y faisait jamais vraiment. Les couleurs chatoyantes de sa nouvelle garde-robe non plus, d’ailleurs. Elle avait eu le choix dans le sac que tu lui avais donné, mais c’est cette robe étrange qu’elle avait choisi. Au moins, ça la changeait de ce vieux t-shirt délavé. La queue de cheval lui allait bien, aussi. Ca te rappelait une de tes amies du lycée, elle adorait s’en faire avec plein de rubans différents. C’était devenu compliqué avec elle depuis ton arrivée sur l’île... tu devrais lui reparler, un de ces jours.

Du côté des deux autres, la conversation avait peine à décoller. Tellement que tu dus intervenir pour les amener dans le salon et effacer le silence gêné qui s’installait. D’un côté, cela te faisait rire, Osnate paraitrait presque sociable avec toi en comparaison. Une fois les deux partis assis en face à face, la conversation pouvait reprendre... ou tout du moins, commencer.

L’homme se présenta à nouveau, de manière un peu plus formelle. Apparemment, il était la raison pour laquelle la jeune fille était partie en hâte de l’appartement ce matin. Il apportait les résultats de ses tests... attends, quoi ? Quand tu pensais à tes profs qui, deux mois plus tard, n’avaient pas même jeté un œil aux copies qu’ils avaient relevées... un profond sentiment d’inégalité et de frustration refoulée depuis des années te remontait depuis les entrailles et te prenait à la gorge. Seulement, si tu avais pu deviner la suite, tu te serais probablement étouffée avec.

Osnate se révélait être une surdouée. Il semblerait que ses tests universitaires aient été plus concluants qu’espéré, et cela en était d’autant plus impressionnant que tu savais dans quel état elle les avait passés. A demi morte de faim et avec un poignet cassé. Tu restais sans voix en écoutant Coves parler, coincée quelque part entre l’admiration et l’incompréhension. Mais le plus incompréhensible dans l’histoire, c’était probablement qu’Osnate affichait la même expression que toi en recevant la nouvelle. Enfin, on n’était plus à ça près avec elle.

Finalement, le sujet de sa venue fut abordé. Il lui présentait un dossier d’une épaisseur conséquente, un projet dont il était en charge, et il lui proposait d’en faire partie. Instinctivement, ton regard chercha celui d’Osnate, mais sans parvenir à réellement le croiser. Tu avais du mal à imaginer de quel genre de projet il s’agissait, peut-être de la recherche, développer un nouveau médicament ? Son offre n’était pas dénue d’intérêt non plus... la prise en charge des frais de scolarité, et l’assurance d’un emploi plus que bien rémunéré à la sortie. Il voulait la rallier à sa cause et savait utiliser les mots pour, c’était évident. Cependant... il ne le ferait pas sans une bonne raison, l’intuition ne suffit pas.

« M. Coves... puis-je consulter les résultats du test ? Osnate, je peux ? »

Elle acquiesça, sans trop comprendre où tu voulais en venir probablement, et il te tendit quelques feuilles reliées entre elles par un trombone, comportant la copie d’Osnate et une fiche de notation, avec appréciations et autres détails. En effet, cela ressemblait bien à des questions de niveau universitaire... et ses résultats étaient parfaits. Peu de gens pouvaient se vanter d’un score parfait à l’examen d’entrée, probablement. Tu l’avais crue lycéenne comme toi, mais elle était d’un niveau bien supérieur, au moins dans ces matières. Cette nouvelle te faisait un drôle d’effet, toute de même... tu reposas les feuilles sur la table, ne sachant pas quoi ajouter.

« Hm... eh bien... félicitations pour tes résultats, Osnou. »

Tu eus un sourire gêné. C’était à elle de décider si elle acceptait ce contrat ou pas. Quelle que soit sa décision, il convenait d’en lire les termes avant, bien sûr... et pour tout dire, tu avais peur qu’elle ne s’embarrasse pas cette introduction. Ca lui allait bien.


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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptySam 30 Jan 2016 - 0:03


Je ne veux pas d’un avenir radieux.

La réponse a fusée, je ne l’ai pas arrêtée. Lyra m’a félicitée, cela me plaît, mais je ne mérite pas ces compliments. Les résultats ne veulent rien dire. De simples tests ne peuvent pas montrer mon intelligence, car ils ne sont que logique. La logique n’a rien de passionnant. Moi, je veux trouver des réponses, je veux de la difficulté. Pour l’instant, la seule chose qui pose problème à mon cerveau, c’est l’énigme de ma vie. Vivre est difficile, j’ai souvent envie de mourir.

Je veux être heureuse.

Je le regarde, le plus sérieusement du monde. Si on parle de mon avenir, autant essayer de régler ce problème, vous ne pensez pas ? C’est un trait récurent de ma personnalité, je ne suis pas heureuse. Je ne l’ai jamais été. Moi, Osnate, qui n’ai jamais eu de défi transcendant, veux savoir s’il pourra m’en apporter. William bafouille et s’étouffe avec son verre d’eau. Visiblement, il n’était pas préparé à devoir répondre à ce genre de questions. Non, pour lui, on allait juste parler du contrat. Faut croire que la chance n'existe pas en enfer.

Pouvez vous me rendre heureuse ?

Je plisse les yeux, le reste du corps toujours figé, attendant sa réponse avec une appréhension que je ne me connais pas. Je veux être heureuse. Je ne comprend pas pourquoi, mais je veut essayer au moins une fois. Je me tourne vers Lyra, regardant son nez en haussant les épaules. Qu’en pense t’ elle, elle qui est si sociable. Me voit t’ elle comme une folle qui essaye de goûter au paradis des ignorants. Je pense que oui, alors, en toute connaissance de cause, je lui esquisse un petit sourire. Elle au moins, elle doit avoir connu cela. C’est même certain. Je suis jalouse.

Être heureux demande des efforts, et j’ignore ce qui pourra vous combler. Ce projet pourrait vous plaire, ou même vous révulser, mais il faut signer mademoiselle Rouhama. Il faut signer, car vous serez rémunérée. Peut être qu’avec cet argent, vous trouverez quelque chose que vous aimerez vraiment. C’est ce que je pense en tout cas.

Je me tourne de nouveau vers lui. Il a l’air plutôt sincère, et n’arbore plus son sourire de princesse. Ses arguments se tiennent, et, bien que le terme révulsé soit un peu fort, me donnent envie de signer, ici et maintenant. J’aimerai bien me tourner vers Lyra pour lui demander si je dois faire autre chose, mais je ne suis pas sure d’en avoir le droit. Elle ne peut pas toujours interférer avec ma vie, non ? Et puis, demander de l’aide à quelque chose d’agaçant. Incroyable, moi, faire un excès de fierté. On aura tout vu. Alors, je prend, le stylo qu’il me tend et signe là ou il me dit de signer. En fin de compte, ce n’était pas si compliqué.
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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyDim 31 Jan 2016 - 16:35


Le vendredi midi,
je veux du bouillon de légumes

« Sign for a new life »



Coves perdait contenance, visiblement déstabilisé par la tournure que prenait la conversation. Ce que lui avait demandé Osnate, aucune personne normale ne l’aurait demandé dans une telle situation. Cependant, contrairement au monde d’où tu venais, l’équilibre des forces était inversé. S’il voulait lui faire signer son contrat, c’était à lui de se montrer suffisamment convainquant pour rallier Osnate à sa cause, et cela, elle l’avait visiblement compris... ou pas ? Pour être honnête, tu n’en avais aucune idée. Cette fille restait fermée, impassible en toute situation, comme si rien n’avait d’intérêt à ses yeux. Pourtant, quand elle tourna la tête pour te regarder, elle avait quelque chose de différent. Elle souriait.

Etre heureux demande des efforts. Il faut signer. Il faut signer. Il faut signer. Coves semble perdre patience, il parle plus vite, ses gestes deviennent nerveux. Il tient absolument à lui faire signer ce contrat, mais pourquoi ? Bien que te répétant que cela ne te regarde pas, tu ne pouvais t’empêcher de questionner les motivations de cet homme. Mais Osnate n’a pas l’air de soucier. Elle prend la feuille et le stylo qu’il lui tend, s’apprête à signer. Elle n’a pas lu le dossier, finalement. Coves reste impassible, la regarde avec ce qui pourrait s’apparenter à de la bienveillance. La plume s’approche de la feuille, l’effleure. Elle va signer.

« Stop. »

Tu l’interrompis, lui retirant la feuille avant le moment fatidique. Cela ne te plaisait pas. Tu ne saurais comment l’expliquer, mais cela ne te plaisait pas.

« Mademoiselle, y a-t-il un problème ? Il me semble que mademoiselle Rouhama a prit sa décision.
- Elle n’a même pas lu votre dossier. Pourriez-vous laisser le temps de...
- Le temps, croyez-vous que ayons le temps, mademoiselle ? »

Son regard changeait lorsqu’il te regardait. Le message qu’il te faisait passer, tu l’avais très bien compris. « Ne t’en mêle pas. » Ce n’était pas tes affaires, tu n’avais pas à interférer ici, tu le savais mieux que quiconque. C’était peut-être de la jalousie, un peu. Elle avait les capacités, bien plus que tu n’en aurais jamais. C’était bien ainsi. Tu ne lui en voulais pas d’être meilleure que toi. Plus intelligente, plus intéressante. Mais elle se laissait porter par le courant, elle était trop passive. Elle laissait Coves décider à sa place. Est-ce que cela lui convenait vraiment ?


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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyDim 31 Jan 2016 - 22:42

« Stop. »

Elle a dit stop, cela m’a étonnée. Lyra m’a arrachée la feuille des mains, mais je n’ai pas protestée. Des yeux, j’ai juste suivit ses mouvements. Je ne voulais rien faire d’autre, parler est agaçant, dans ce cas, autant essayer de les écouter.

« Mademoiselle, y a-t-il un problème ? Il me semble que mademoiselle Rouhama a prit sa décision.
- Elle n’a même pas lu votre dossier. Pourriez-vous laisser le temps de...
- Le temps, croyez-vous que ayons le temps, mademoiselle ? »
- L’espace et temps sont relatifs, monsieur Coves.

J’ai détournée le regard, et me suis levée. En aucun cas, je ne voulais m’étendre sur le sujet. Il aurait été trop fatiguant de leurs expliquer les théories qu’on m’avais inculquée. J’avais juste ouvert la bouche pour qu’il laisse Lyra tranquille. Le ton de sa dernière phrase ne me plaisait que moyennement. Non pas que le sort de ma colocataire m'intéressait de quelque façon que ce soit, à vrai dire, je me fichais plutôt pas mal d’elle. Hey, j’avais beau l’apprécier, sa vie n’était en aucun cas ma priorité. Disons plutôt que je sais reconnaître la condescendance. Je n’aime pas la condescendance, et ce, même quand je ne la subie pas moi même. Que voulez vous, à l’époque j’étais irrécupérable.

- Si Lyra veut que je lise ce contrat, je le ferais.

Après tout, elle connaissait bien mieux ce monde, j’avais beaucoup de choses à apprendre en l’observant. Alors, j’ai pris les feuilles qu’elle me tendait, et les ait lues, une par une. C’était un peu long, et très chiant, mais quinze minutes plus tard, j’avais ce contrat en tête. A l’époque, j’étais trop naïve pour comprendre par moi même que quelque chose clochait. Je ne comprenais tous simplement pas tous les tenants et les aboutissants. Comment dire, j’avais beau comprendre les mots, leurs sens caché ne m’a pas effleurée. Alors, quand j’ai reposée le dossier sur la table - de la main droite hein, parce que la gauche était encore douloureuse - je n’ai pas comprit l'expression de monsieur Coves. Un regard anxieux, puis rassuré. Il ne se cachait même plus le bougre. Je n’ai pas compris cela, moi Osnate, n’ai pas comprit qu’on allait certainement m’exploiter comme un chien. Alors je me suis tournée vers Lyra, comme si de rien n’était et lui ai dit, le plus naturellement du monde.

- Il faut signer maintenant.
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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyMer 3 Fév 2016 - 20:01


Le vendredi midi,
je veux du bouillon de légumes

« Sign for a new life »



Osnate venait de prendre ta défense, sa chaise raclant le sol lorsqu’elle s’était levée pour interrompre Coves. Elle ne le regardait pas, il la regardait, tu le regardais. C’était comme ça, elle évitait toujours le regard des gens, ça avait quelque chose de déstabilisant. « Le temps et l’espace sont relatifs »... ça lui ressemblait bien. Peut-être qu’elle n’avait pas dit cela dans l’intention que tu lui prêtais, mais tu voulais bien y croire. C’était étrange de se dire qu’elle lisait ce contrat uniquement parce que tu le lui avais suggéré, de s'imaginer être un modèle pour elle. De s'imaginer être comme une grande sœur. Cette pensée te rappelait des souvenirs, de vieilles histoires pleines de nostalgie. Ce n’était hélas pas le moment d’avoir la larme à l’œil en se noyant dans le flot des souvenirs, néanmoins, tu pouvais maintenant voir cette fille d’un œil différent.

Après un long quart d’heure à éplucher toutes les pages du dossier qu’on lui avait présenté, Osnate en arrivait enfin au bout. Elle avait tout lu, ligne par ligne, mot par mot. Coves avait l’air inquiet, probablement pour le succès de son entreprise. On disait souvent que les arnaques dans ces papiers reposent sur des petites clauses écrit en petit, celles qu’on lit vaguement en diagonale, sans jamais en saisir tout le sens. Osnate a reposé les feuilles sur la table et s’est tournée vers toi, reprenant ces mots qui n’avaient probablement que peu de sens pour elle :

« Il faut signer maintenant.
- Osnate, c’est à toi de choisir. Tu peux choisir de signer ou ne pas signer... tu te souviens ? C’est ennuyeux si tu laisses toujours les autres choisir pour toi. »

C’est sa vie, son choix. Tu ne comprenais pas pourquoi elle faisait ça... est-ce qu’elle espérait obtenir ton approbation avant d’accepter ce contrat ? Eh bien, sans avoir lu toutes ces clauses, tu étais bien en mal de lui donner ton avis... ce truc lui avait pris quinze minutes à lire. Quinze minutes. Tu avais eu le temps de faire du thé pendant ce temps. Franchement, l’envie de lire ce ramassis de baratin juridique ne te percutait pas une seule seconde.

Après une légère hésitation, tu posas ta main sur l’épaule de la jeune fille. C’était une manière de dire que, quelle que soit sa décision, tu serais de son côté. C’est une chose normale dans ces moments que de douter de ses capacités, de sa volonté, de ses motivations. Même si tu imaginais mal Osnate perdue dans ce genre de dilemmes intérieurs... haha. Elle est intelligente... elle peut le faire.


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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyJeu 4 Fév 2016 - 21:59

J’ai frissonné quand elle a posée sa main sur mon épaule. Je n’aime pas être touchée. Ce n’est pas grave, la situation s’y prête. Je lui pardonne son manque de tact, Lyra ne le fait pas exprès. Elle ne sait pas que c’est inconvenant. Je lui dirais, un jour. Ce qui me ramène à la situation présente. Choisir, qu’elle drôle d’idée.

J’aime quand les autres choisissent pour moi, généralement, ça m'empêche de réfléchir. Réfléchir peut se réveler agaçant. Je n’aime pas être agacée. Lyra ayant désertée, j’ai décidée de me fier à monsieur Coves. Lui aussi après tout, avait son mot à dire. Il voulait que je signe, alors j’ai décidée de signer. Se laisser porter, une philosophie de vie. Réfléchir le moins possible, le chemin le plus cours vers un paradis de quiétude que je n’atteindrais sûrement jamais. J’allais être un investissement. Un gros en plus. Monsieur Coves allait parier sur moi, et moi, j’allais me laisser bercer. Comme toujours. Je suis intelligente, je n’ai jamais douté de pouvoir réussir à lui donner ce qu’il cherchait. Lui non plus ne semble pas en avoir douté. Une confiance aussi aveugle est triste. Pas pour moi, moi je ne le suis jamais. Pour lui. C’est triste pour lui. Je ne connais pas ses motivations, mais il me veut absolument. Ici et maintenant, sans être sur de pouvoir me rendre heureuse. Pitoyablement agaçant.

La main toujours sur la table, j’ai pris le stylo puis j’ai mis mon nom en bas de page. Plusieurs fois, sur plusieurs pages. Coves allait devoir veiller sur sa marchandise, cette idée me plaisait. Au fond, j’allais être cadrée, et être cadrée était l’une de mes priorités. Alors, quand je lui tendu ses papiers, j’ai regardée son épaule, et ai désignée de mes doigts libres mon poignet cassé.

- Je dois aller à l'hôpital.

Le terme exact serait plutôt conduisez moi là bas, mais je ne formule jamais d’ordres directs. Je préfère énoncer des faits. En ce moment, j’en énonce un, je dois aller à l'hôpital. J’ai signée, il se retrouve coincé. Dans le contrat, il est plus ou moins dit que je peut solliciter l’aide de mon mécène en cas de problème. Il aurait du mieux définir la notion de problème. C’est une faille que je ne vais pas m'empêcher d’exploiter. Dieu merci, Lyra me l’ a fait lire. J’ai bien fait de me fier à son jugement. Ma colocataire connaît le monde mieux que moi. J’ai bien fait de lui accorder mon temps, elle est plus utile qu’elle n’en a l’air.

- J’ai remis et stabilisée mon poignet, mais ce n’est qu’une solution temporaire. J’ai besoin d’un plâtre.

Il a sourit, puis s’est passé la main dans les cheveux. Monsieur Coves a avoué qu’il avait toujours été intrigué par ce ruban. Il m’a demandé comment je me l’étais cassé. J’ai rétorquée qu’il n’était pas cassé, mais déplacé. Puis j’ai ajouté, sans une autre forme de procès que je connaissais bien les os du poignet. Que ce n’était pas la première fois que je jouais au médecin. Bon, avant, c’était pas souvent sur ma personne, mais quand même. Ça compte un peu. Comme je le voyais hébété, j’ai soupirée.

- Je ne suis pas sure d’avoir assez d’énergie. Je n’ai mangée que trois cookies. Je n’ai plus faim, mais je risque de tomber en hypoglycémie. Si cela ne vous dérange pas, j’aimerai me dépêcher. Je n’aime pas tomber en hypoglycémie.
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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptySam 6 Fév 2016 - 20:41


Le vendredi midi,
je veux du bouillon de légumes

« Nouveau rang débloqué : employée de PEIN »



Eh bien, M. Coves avait su se montrer convainquant apparemment, Osnate avait fini par signer. Cela n’avait pas l’air de l’emballer, mais au moins, c’était ce qu’elle avait choisi. Ce n’était pas si mal, comme compromis. Une obligation de résultats, contre un peu d’argent et l’assurance d’un avenir loin des soucis de trouver un emploi. Elle était bonne aux examens, ses études ne devraient plus lui poser de problème.

Une fois qu’elle eut signé tous les documents, Osnate déclara qu’elle devait aller à l’hôpital. Un plâtre serait en effet d’une meilleure efficacité que ce bandage archaïque qu’elle s’était fait. Tu ne savais pas vraiment pourquoi elle disait cela, cependant. Peut-être que la prise en charge des frais médicaux était aussi incluse dans le contrat... c’était une bonne chose de le lui avoir fait lire, en ce cas. Coves a sourit, un peu amusé de voir qu’elle prenait déjà ses dispositions vis-à-vis de ce pacte qui venait d’être scellé. Le bandage l’intriguait, apparemment. Toi aussi, d’ailleurs. En dépit de son apparence, l’atèle avait l’air plutôt efficace. Elle savait de quoi elle parlait et tu n’avais aucun mal à la croire lorsqu’elle disait ne pas en être à sa première fois en la matière. Elle était bizarre, mais tu ne la pensais pas menteuse pour autant.

« Je ne suis pas sure d’avoir assez d’énergie. Je n’ai mangé que trois cookies. Je n’ai plus faim, mais je risque de tomber en hypoglycémie. Si cela ne vous dérange pas, j’aimerais me dépêcher. Je n’aime pas tomber en hypoglycémie.

Enfin, pas menteuse, mais douée pour créer des quiproquos, hein ?

- La faute à qui pour se laisser mourir de faim ? »

Voilà, l’autre banquier te dévisageait bizarrement maintenant. Il n’avait pas l’air de tout suivre, mais le ton accusateur de ta réplique redirigea son attention vers sa nouvelle petite protégée. Ce n’était pas ta faute, c’était elle qui avait sauté un repas et le petit déjeuner. Cependant, tu étais d’accord sur un point : il fallait l’emmener à l’hôpital sans perdre de temps. Même si ce n’était plus trop une urgence, plus vite elle recevrait des soins, plus vite elle récupérerait son poignet. Tu n’avais jamais expérimenté ce genre d’accident pour en parler, mais cela ne devait pas être agréable d’être dans cette situation.

Après un moment de flottement, Coves déclara qu’il allait emmener Osnate et se leva de la table, rangeant son précieux dossier dans sa mallette. Le pragmatisme avec lequel la jeune fille parlait de son état le mettait toujours un peu mal à l’aise, mais il s’y ferait. Il n’aurait pas le choix, s’il comptait collaborer avec elle à l’avenir. Tu avais pourtant une drôle d’impression, celle qu’aucun des deux ne savait réellement dans quoi il s’engageait par ce contrat. Bonne chance, Osnate...


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MessageSujet: Re: Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate]   Le vendredi midi, je veux du bouillon de légumes [Lyra et Osnate] - Page 2 EmptyDim 14 Fév 2016 - 14:32


J’ai haussée les épaules. Je ne me laissais pas mourir de faim, cette accusation était injustifiée. Monsieur Coves m’a regardée, et m’a demandée de prendre mon manteau. Mais je n’en avais pas, alors je n’ai jamais pu le prendre. Il est partit ranger le dossier, et revenu, il a du se rendre compte que je n’avais pas bougée. Pourtant il n’a pas osé en parler. Tant mieux, je savais qu’il allait être chiant. Il m’a tenu la porte, et je me suis engouffrée à l'extérieur. Prête à me faire poser un plâtre d'hôpital. J'ai quittée Lyra sur un signe de paix, et ai marché vers l'escalier.


FIN
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