Le festival [Lyra et Osnate]

Aujourd’hui est un grand jour. Il parait que c’est le mien. Je dois proposer mon projet, une bactérie composée spécialement pour désengorger les océans. Elle dévore le plastique. Laissez moi vous expliquer, puisque de toute façon, vous ne comprendrez jamais un tel raisonnement si j’utilise des mots compliqués. En mars de cette même année, des scientifiques japonais ont découverts une bactérie capable d’assimiler complètement le polytéréphtalate d’éthylène, un plastique de type polyester saturé que l’on retrouve dans un grand nombre d’emballages plastiques. Comme par exemple dans les bouteilles de boissons gazeuses. Moi je la modifie juste, très légèrement, de un, pour qu’elle soit plus résistante, et de deux, pour qu’elle se reproduise bien plus vite. Je modifie également sa structure pour varier un peu ses champs d’actions. Ma bactérie sera capable de dépolluer complément les océans, et ce, peu importe le type de plastique qu’elle rencontrera. J’ai créé un plan d’action en dix ans pour lui succéder, et regarder l’avancement.

Parce que c’est beau de dire qu’on a trouvé une bactérie capable de tous nous sauver, encore faut t’il un cerveau suffisamment intelligent pour l’exploiter. Elle est parfaite, je le sais, et je vais le leurs montrer. Je ne sais d’ailleurs pas pourquoi je dois faire ça devant une foule, alors qu’il s’agit de ma future thèse, mais bon, je suppose qu’ils veulent montrer aux gens qu’on peut réussir, en s’en donnant les moyens. Je suis un animal de foire qu’on expose pour faire plaisir aux actionnaires de la filiale Coves. Après tout, pourquoi pas, c’est elle qui a permit de moderniser l’université. D’entreprendre des recherches aussi coûteuses, en aussi peu de temps. Il faut bien leurs faire plaisir, à eux aussi.

Mon bébé n’est pas encore prêt, mais ce n’est pas grave, j’ai avec moi tous les calculs, toutes les données récoltées. Ce sera bien assez suffisant pour une mise en bouche. Alors, dans la salle d'auditorium, je prépare mes fiches, et mon diaporama. Je regarde si l'oreillette branché au micro marche bien, vérifie les derniers préparatifs, alors qu’ils commencent doucement à s'installer. Cela m’agace, ils font trop de bruit. Je sens que cette journée va être anormalement longue, anormalement chiante. Mais qui ne l’est pas de toute façon ? Lyra peut être … non, elle l’est quand même. C’est juste que j’arrive à tolérer sa présence du fait de notre cohabitation. Les autres ne sont que des parasites que j’écrase par ma seule présence. Par ma seule intelligence.