Event Noël ▬ Emily & Faërye

Noël…  En cette période, les gens étaient censés être heureux à l’idée de se réunir en famille ou entre amis, de profiter d’un bon moment, de s’offrir et de recevoir des cadeaux de leurs êtres chers. Et, apparemment, sur cette île, Noël se fêtait aussi. Mais alors, quid de ceux qui avaient débarqué il y peu ? Hé bien, apparemment, il y avait des festivités organisées pour tous. Mais ce n’était pas vraiment rassurant pour elle malgré tout…

La jeune femme aux cheveux de la couleur du ciel nocturne soupira et remonta le col de sa veste pour que la neige ne s’y engouffre pas. Depuis qu’elle voyageait, elle s’était toujours assurée de rentrer chez elle pour passer Noël avec Balthazar et, souvent, Sarah. Ceux qu’elle considérait comme sa famille, en somme. Mais là, c’était impossible. Si elle avait retenu une chose de ce que lui avait dit le garçon qu’elle avait croisé dans le bois le jour de son arrivée, c’était que cette île était une sorte de prison. S’en échapper semblait donc relativement impossible. Cela ne signifiait pas qu’elle comptait baisser directement les bras. Celle qui portait le nom de la liberté n’allait pas se laisser enfermer si facilement !

Pourtant, pour l’instant, elle n’avait pas le choix. Car, bien entendu, elle n’avait trouvé aucune piste. Et, même si par miracle elle réussissait à revenir chez elle… Il restait toujours cette lettre de son père. Cette lettre d’adieux… En y repensant, elle sentit les larmes commencer à couler le long de ses joues. Elle les essuya d’un geste rageur et décida d’aller se changer les idées en allant au marché de noël. Peut-être que la Magie de Noël allait-elle la frapper, qui sait ?

Et la magie opéra. Car les chants de Noël, l’effervescence de la foule, l’agitation et l’ensemble des lumières et autres décorations réussirent à apaiser quelques peux ses tourments. Alors, elle se laissa emporter par la foule, se déplaçant avec enthousiasme d’un endroit à un autre, de boutiques en chalets qui vendaient des friandises. Elle voulait oublier ses angoisses. Elle avait réussi.

Elle se laissait emporter par le tourbillon de belles choses qu’elle voyait, ne sachant plus dans quel chalet elle avait déjà pénétré ou non. Elle pénétra alors dans un chalet qui proposait apparemment diverses statuettes du gros le plus célèbre de l’histoire, à savoir, le Père Noël. Les statuettes le représentaient dans plusieurs positions. Mais en l’occurrence, ce qui la charmait était surtout l’attention accordée aux détails. Chacune de ces statuettes était tellement belle qu’on aurait pu jurer qu’elle  allait s’animer dans l’instant, par l’effet de la magie de Noël. Des étoiles dans les yeux, la jeune femme observait chaque statuette attentivement avant de passer à la suivante avec un enthousiasme presque enfantin.

Toute à ses observations, elle ne prêtait pas du tout attention à ce qui l’entourait. C’est ainsi qu’elle percuta une jeune femme non loin d’elle. Confuse, elle se recula en commençant à s’excuser.


-Je suis désolée, je ne faisais pas att…

Mais, comme une maladresse en entraîne toujours une autre, elle recula trop violemment et percuta un des étalages. Elle se retourna et vit avec horreur une statuette représentant le Père Noël entrer dans une cheminée qui commençait à tomber. Alors, elle se jeta sur le petit objet et le rattrapa au vol en glissant au sol. Elle poussa un soupir et se releva.

-Ouf, il n’est pas cassé…

Puis elle se tourna vers la jeune femme qu’elle avait bousculée juste avant et eut un sourire gêné en replaçant la statuette sur son emplacement.

-Désolée. Je ne faisais pas attention…

La jeune femme qu’elle avait bousculée accepta ses excuses immédiatement, arguant que l’essentiel était que rien n’était cassé. Faërye hocha la tête, soulagée. Elle s’apprêtait à repartir quand l’autre lui adressa à nouveau la parole, l’arrêtant dans son mouvement.

-Attendez… Est-ce que vous êtes venue ici seule ?

Qu’est-ce que c’était ? Etait-ce juste de la curiosité mal placée, une volonté de continuer la discussion ou bien autre chose ? Intriguée, la jeune femme se retourna à moitié vers l’autre et la détailla. Mais si ses lourds habits hivernaux ne montraient finalement pas grand-chose, ce qu’elle pouvait voir ne lui apparut pas dénué d’un certain charme. Mais la question que Faërye était en droit de se poser était : est-ce qu’elle voulait déjà débuter une relation alors qu’elle venait d’arriver, mais comptait rester sur l’île le moins longtemps possible ?

Et, même si c’était le cas, comment devait-elle prendre la demande que venait de lui faire cette apparemment charmante jeune femme ? Une invitation ? Une simple discussion ? Hésitante, la femme aux cheveux longs ne savait pas comment réagir. Mais, rapidement, son naturel revint. Elle eut un sourire mi-figue mi-raisin et répondit en s’efforçant de garder une voix la plus neutre possible, car elle savait qu’elle risquait de s’énerver contre l’île ou ceux qui l’avaient amenée ici, ou bien de pleurer parce que oui, elle était seule.

-Hélas pour moi, oui, je suis seule. Je n’ai pas encore vraiment eu l’occasion de me lier avec qui que ce soit en un peu plus d’une semaine…

Cependant, sa voix se brisa alors qu’elle prononçait ces derniers mots. Elle déglutit et sentit les larmes couler sur ses joues. Elle ne fit aucun effort pour les cacher, se contentant de les laisser couler en silence en espérant que cela se termine vite. Cependant, elle détourna la tête, elle ne voulait pas que l’autre la voit pleurer. Mais les larmes ne peuvent être éternellement silencieuses. Et, même si elle tentait de les retenir, les sanglots venaient, bien entendu. Alors, comme si la digue venait de s’effondrer à retardement, ses épaules se relâchèrent. Et la pression accumulée durant toute cette semaine, pour se retenir de ne pas pleurer parce qu’elle ne reverrait jamais son père et parce qu’elle doutait malgré tout très fortement de réussir à sortir…

Malgré tout, ses larmes ne durèrent pas si longtemps. Elle réussit rapidement à reprendre le contrôle et prit une grande inspiration pour se calmer tandis qu’elle essuyait les larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Puis, lorsqu’elle fut certaine qu’elle n’allait pas à nouveau pleurer, elle se tourna à nouveau vers l’autre jeune femme et eut un sourire gêné.

-Désolée… Je… Je ne sais pas vraiment pourquoi je pleure maintenant… Je…

Elle respira à nouveau à fond et sourit à nouveau, d’un sourire cette fois plus joyeux. Puis elle revint à la discussion qui s’était amorcée avant que ses nerfs ne la lâchent quelques instants.

-Donc, j’étais sur le point de dire… Est-ce qu’une charmante jeune femme comme vous est-elle aussi venue seule ici ?

Est-ce qu’elle avait bien interprété le message ? Est-ce que le sien serait bien interprété ? Cela restait encore à voir. Pourtant, inconsciemment, Faërye sentait qu’elle se trouvait devant quelqu'un qui pouvait peut-être modifier son futur…

Elle s’attendait sans doute à bon nombre de réactions, mais certainement pas à un acquiescement aussi enthousiaste. Hé bien, était-il possible que Faë aie bien interprété le message qui lui était adressé ? C’était donc bien une invitation ? Non, elle devait se faire des idées. Après tout, les chances étaient véritablement trop minces qu’une telle chose arrive pour que cela soit possible ailleurs que dans les fictions. Mais tout de même, l’idée était très tentante. Trop, sans doute.

Puis la jeune femme sembla s’efforcer de se calmer et entreprit à nouveau de répondre à l’interrogation de la voleuse, plus posément cette fois. Elle commença par répondre directement, même si Faë avait déjà eu droit à une réponse affirmative quelques minutes plus tôt. Elle expliqua ensuite les raisons de sa solitude. Les choses que retint Faërye furent : la jeune femme travaillait, donc elle était assez âgée pour que notre amie puisse espérer s’intéresser à elle, elle avait une petite sœur, et cette petite sœur passait la soirée avec sa petite amie. Donc, celle qui se présenta par la suite sous le nom d’Emily n’était pas homophobe, ce qui était déjà un bon point.

Une fois que la présentation fut faite, Faërye inclina le buste avec un sourire, parodiant les saluts à la japonaise, avant de se présenter à son tour.

-Enchantée Emily. Cela fait environ une demi-heure que je visite ce marché de Noël, personnellement. Et Faërye est mon nom. Enchantée.

Elle avait salué de façon faussement formelle, avec un rire dans les yeux. Elle ne savait pas pourquoi elle se comportait ainsi, mais elle voulait savoir si elle pouvait au moins faire rire son interlocutrice. Alors, une pensée la frappa. N’était-elle en fait simplement pas en train de draguer ? Aussi rapidement ? Ce n’était vraiment pas son genre, d’habitude. Mais il faut croire que la jeune femme lui avait véritablement tapé dans l’œil. Une partie d’elle se demandait à quel point, mais la plus grande part se réjouissait de cette situation… Tout en gardant une trace d’angoisse quant à l’orientation sexuelle d’Emily. Après tout, faisait-elle cela pour rien ? Décidément, que se passait-il avec elle ?

Mais elle n’eut pas le temps de s’interroger d’avantage puisqu’Emily reprenait déjà la parole pour lui proposer de participer avec elle à un concours. La journaliste vit tout de suite de quoi Emily voulait parler. En effet, elle avait elle aussi vu plusieurs pancartes représentant des Pères Noël et quelques affiches qui parlaient de ce concours d’énigmes. L’idée était assez intéressante… Cependant…

-Ma foi, je trouve l’idée intéressante, donc ce serais avec plaisir que je participerais à ce concours d’énigmes… Mais, à une condition ! Enfin, deux, pour être plus précise !

Elle se tut avec un sourire, pour faire planer le suspens, puis eut un sourire rieur.

-La première : que l’on se tutoie. Parce que je ne compte pas rester aussi formelle toute la soirée si on doit la passer ensemble. Je n’aime pas être si formelle, c’est ennuyant. Et deuxièmement…

Le rire dans ses yeux grandit et elle eut un sourire mutin. Elle s’approcha d’un pas puis éclata de rire.

-Je veux savoir si sous tout cet attirail d’hiver, il y a une fille aussi jolie que le laissent présager les fragments que je peux voir.

Là, clairement, elle prenait un risque. Après tout, si elle n’était pas attirée par la gent féminine, elle pouvait très bien mal prendre cette dernière phrase. Mais… Elle avait tout de même envie de courir ce risque, à cause de ce pressentiment qui lui indiquait que cette rencontre… Etait très importante pour elle.

Malheureusement, il semblerait qu’Emily ait mal pris la demande de Faërye, car elle sembla s’en vexer, déclarant d’abord qu’en tant que garçon manqué, elle était loin d’être jolie, avant de déclarer qu’elle préférait encore passer la soirée toute seule si la femme aux cheveux de nuit avait prévu de se moquer d’elle. Non, cela ne lui était pas venu à l’esprit. Nullement.

Alors, Emily sortit de la boutique en passant à côté d’elle en disant qu’elles feraient mieux d’aller s’inscrire au concours. Faërye frémit. Et elle resta là quelques instants, figée de stupeur et se maudissant. Elle avait l’impression d’avoir commis une erreur irrémédiable.

Suis-la.

Elle sursauta, certaine d’avoir entendu une voix masculine. Elle tourna la tête mais ne vit pas d’homme à côté d’elle. Et ce n’était sans doute pas un de ceux qu’elle voyait plus loin dans la boutique. Elle secoua la tête mais se résolut à suivre cette étrange imprécation. Elle sortit rapidement de la boutique pour retrouver Emily.

Heureusement, la jeune femme n’était pas très loin puisqu’il y avait un Père Noël presque à côté. Aussi, quand elle la rejoignit, Emily venait de se procurer la feuille sur laquelle se trouvaient les énigmes qu’elles devaient résoudre. La jeune femme récita la première.

-Je suis froid, mais je réchauffe le cœur des enfants. Je ne peux pas sentir les lapins, qui eux pourtant, m’apprécient beaucoup… Je porte un chapeau pour me protéger du soleil car j’y suis allergique. Hm… C’est supposé nous indiquer le lieu du premier tampon.

Elle commença à réfléchir. La journaliste fit de même de son côté. Une idée s’imposa à elle.

-Je sais ! Un bonhomme de neige, c’est froid, mais les enfants sont toujours heureux d’en faire un. A cause de son nez-carotte, il craint les lapins, c’est logique. Et il est bel et bien allergique au soleil. Donc je suppose qu’il faut trouver un bonhomme de neige… Je sais ! Le bonhomme de neige géant ! Je l’ai croisé en venant par ici, viens !

Elle prit la main d’Emily et commença à l’entraîner dans la direction de son objectif, sans se rendre compte de l’embarras qu’elle pouvait causer à son amie. Ce ne fut que lorsqu’elles arrivèrent au bonhomme de neige que Faërye se rendit compte. Elle rougit et lâcha la main de l’autre jeune femme.

-Désolée. On. Euh… On est arrivées, c’est là. Je peux avoir le papier ?

Elle prit le papier et chercha le tampon, qui était finalement directement accroché sur le bonhomme de neige. Puis elle lut la deuxième énigme.

-Tous adorent mon modèle, mais on se contente de m’admirer. Il est un mythe de chair et de magie, je suis une simple décoration créée par l’homme. Alors qu’il répand la chaleur dans les foyers, je jette un froid sur l’assemblée. Ne venez pas vous asseoir sur mes genoux, vous pourriez vous enrhumer. Hm...

Elle commença à réfléchir à l’énigme, mais une chose la tourmentait.

-Emily, tu sais… Je… Je n’avais absolument pas l’intention de me moquer de toi ou de te vexer… Je suis vraiment désolée si tu as cru ça…

-Je le sais bien… J’ai juste été surprise, et j’ai réagi de manière stupide…

Faërye fut choquée par la voix d’Emily. Une voix qui semblait indiquer qu’elle était sur le point de déborder, comme si elle n’arrivait plus à contenir un trop plein d’émotions. La jeune cambrioleuse sentit son cœur rater un battement dans sa poitrine. Emily ne lui en voulait pas. Mais ce n’était néanmoins pas la peine qu’elle s’excuse. Faërye était celle qui s’y était mal prise. Comme une idiote, elle était allée trop loin, mais surtout, trop vite.

Elle craignait d’avoir définitivement déçu ou dégoûté Emily, mais il semblait que ce n’était pas le cas. Alors, elle poussa un soupir de soulagement et essaya de réfléchir à l’énigme mais, inconsciemment, ses pensées restaient égarées en direction de la jeune femme qui, pour être honnête, ne la laissait pas indifférente. Le problème était qu’elle ignorait toujours les penchants d’Emily. Est-ce qu’il valait la peine de risquer de souffrir pour un simple espoir, même si elle disposait de quelques indices laissant à penser qu’elle ne se fourvoyait pas forcément ?

Il y avait bien longtemps, elle avait décidé que, même si elle souffrait, elle ne renierait jamais ses émotions car c’était ça aussi, être libre. Et elle était toujours prête à faire ce choix. Alors d’où venaient ces doutes, maintenant ? Peut-être car, malgré tout, elle n’était pas libérée de la peur ?

Elle ne se rendait pas compte que, perdue dans ses pensées, elle portait un regard appuyé à Emily et ne sortit de sa réflexion que quelques secondes après que celle-ci eut émit une hypothèse à propos de la solution de la deuxième énigme.

Elle essaya de reprendre le fil, où il était question d’une statue de glace représentant le Père Noël. Et, en effet, la réponse semblait logique. Elle força son esprit à arrêter de vagabonder pour revenir sur le moment présent.

-Euh… Oui, je pense aussi que ce ne peut être que ça. Donc euh…

Elle hésita un instant puis reprit la parole.

-Je crois que toutes les sculptures de glace sont au même endroit… On y va ?

Etrangement, en cet instant, le concours d’énigmes était sans doute l’une des dernières choses qui occupait l’esprit de la jeune voleuse. Elle pensait plutôt à ne plus faire de gaffes en parlant à Emily. Et, apparemment, ça lui demandait beaucoup d’efforts, car elle ne voulait plus risquer d’être mal interprétée ou, pire, de blesser la jeune femme.

Une faible partie d’elle-même continuait de trouver vraiment étrange qu’une demoiselle rencontrée par pur hasard quelques minutes plus tôt lui fasse un tel effet. Mais la plus grande partie de son esprit ne s’en étonnait pas, même si elle n’était pas encore sûre des mots qu’elle pouvait mettre sur ce qu’elle ressentait…

Emily déclara suivre Faërye, et celle-ci eut à nouveau besoin d’un léger temps pour revenir au concours et se rappeler qu’elle venait de proposer d’aller au lieu où se trouvaient les statues de glace. Alors, notre amie se mit en route, en prenant cette fois garde à ne pas à nouveau attraper la main de la jeune femme.

Les deux jeunes femmes se mirent en route, marchant côté à côte autant que le permettait la densité de la foule. Mais surtout, elles marchaient en silence, car chacune semblait être perdue dans ses pensées. Mais, finalement, Emily décida de briser la glace qui semblait avoir commencé à s’installer entre les deux femmes à cause de leur peur commune de blesser l’autre, en lui demandant quelle était l’origine du mot Faërye.

Alors, continuant à marcher, la journaliste eut un moment d’hésitation, mais fit comme si de rien n’était. Car, le problème était que son prénom était lié à son passé. Et nul doute que si elle dévoilait son passé Emily la prendrait pour une folle ou une affabulatrice. Alors qu’elle réfléchissait à ce qu’elle pouvait dire, Emily enchaîna sur une deuxième question, lui demandant ce qu’elle faisait dans la vie. La réponse était plus simple, cette fois.

Alors, elle constata qu’elles étaient arrivées. Alors, pendant qu’Emily allait apposer le deuxième tampon, elle décida de répondre à ses questions en en racontant un peu, mais pas trop. Elle espérait cependant ne pas en dire trop.

-Faërye, à la base, c’est de l’elfique. Façon Seigneur des Anneaux. Et c’est censé vouloir dire « liberté ». A la base, c’était qu’un surnom, mais je l’ai gardé comme prénom. Un peu comme une sorte d’hommage, en fait. Et, pour répondre à ta deuxième question, avant d’arriver sur l’île, j’étais une journaliste freelance. Et j’écris un peu, aussi. Des fictions, je veux dire. Mais en une semaine, j’ai pas écrit grand-chose, ni fiction, ni article. Je sais même pas s’il y a une boîte de journalisme sur l’île…

Et accessoirement, je suis aussi une cambrioleuse. J’aime bien jouer ave les systèmes de sécurité les plus perfectionnés pour entrer chez les riches. Et souvent, je repars avec un trophée… Mais ça, je crois que je peux difficilement le dire…

Elle espérait ne pas en avoir trop dit. Encore une fois, elle ne voulait ni blesser, ni apeurer, ni dégoûter Emily. Puis elle céda elle-aussi à la curiosité, voulant la connaître d’avantage.

-Et toi, tu fais quoi dans la vie ? Tu travailles ? Et ton prénom, c’est le Emily anglophone ou le Emilie francophone ?

Elle ne s’était même pas intéressée à la troisième énigme puisque, pour l’instant, elle était occupée à vouloir en apprendre d’avantage sur Emily.

Avec un grand sourire, Emily lui répondit qu’elle était irlandaise, puis qu’elle suivait un cursus pour devenir infirmière, tout en travaillant parallèlement à l’hôpital. Ce qui, en soit, était logique, puisque cela lui permettait d’acquérir plus d’expérience pour ses études.

Les regards des deux jeunes femmes se croisèrent tandis que le silence se répandait entre elles. Mais cette fois, ce silence n’était pas pesant. Il était au contraire chaleureux, et les deux comparses échangèrent un sourire.

Mais, du côté de Faërye, cette chaleur était un peu teintée de nostalgie. En effet, le fait qu’Emily soit une future infirmière la ramenait encore dans le passé. Et, bouleversée, elle se remit à penser dans sa langue natale, le français.

Une infirmière, hein ? Un peu comme grande-sœur… Sarah… Je me demande si elle est au courant pour papa… Je parie qu’il ne l’a même pas mise au courant, ça ne m’étonnerait tellement pas… Il faudra que je voie pour la contacter…

Mais ce moment plaisant fut vite interrompu par Emily, qui, avec sa question, parvint à attirer toute l’attention de la journaliste. Quelle question bizarre voulait-elle donc lui poser ? Et son étonnement grandit lorsqu’Emily lui demanda simplement si elle aimait Arsène Lupin.

Arsène Lupin ? Pourquoi elle me parle d’un bouquin ? Et… non, calme-toi, tu sais que les hôpitaux n’ont rien à voir avec le Laboratoire. Enfin… Peu importe de toute façon.

Avec un sourire surpris, elle rétorqua, franchement étonnée mais en toute innocence, sans se rendre compte qu’elle avait à nouveau pensé en anglais.

-Arsène Lupin ? Mouais… Le personnage en lui-même a un certain panache, et le style de l’écriture est sympa, mais c’est pas mes livres préférés…  Si tu veux savoir, mon livre français préféré… Hé bien j’aime beaucoup une trilogie française, parce que je m’identifie pas mal au personnage principal. C’est « Le pacte des Marchombres », mais je sais pas vraiment si c’est connu hors France… Et sinon, mon livre préféré, c’est celui d’où je tiens mon surnom. Donc, Le Seigneur des Anneaux… Pourquoi cette question ?

Puis, avec un sourire, elle revint sur ce qu’avait dit Emily juste avant.

-Tu veux devenir infirmière ? C’est marrant, ça me rappelle ma… Ouais, même si on n’était pas liées par le sang, c’était quand même ma grande-sœur. Sarah… La connaissant, je suis sûre qu’elle pense que j’ai été retardée dans un voyage et que je reviendrais bientôt…

Par contre, je me demande si elle est au courant pour papa… ça aurait bien été son genre de partir sans la prévenir parce qu’il comptait sur moi… Sauf que je ne sais pas si j’ai laissé le mot là-bas, du coup, avec cette hypnose…

Elle se tut, un peu perdue dans ses pensées, mais toujours attentive à la réponse d’Emily. Après tout, elle continuait de se demander quel avait été le but de cette étrange question…

Face à son interrogation, Emily déclara avoir vu un pickpocket dragueur, ce qui lui avait fait pensé à Arsène Lupin. L’explication n’était pas forcément très crédible, mais Faërye n’avait aucune raison de douter de la jeune femme, donc elle accepta la justification de l’étudiante. Et elle acquiesça quand celle-ci déclara qu’elles devraient surveiller leurs poches. Après tout, même si la justification n’était pas forcément crédible, Emily n’avait pas de raison de mentir.

L’étudiante qui ne laissait pas indifférente la journaliste jeta un coup d’œil sur le papier sur lequel se trouvaient les énigmes, tandis que Faërye regardait par-dessus son épaule. L’énigme était étrange, mais sa solution, une fois l’astuce trouvée, était plutôt simple. Même si elle ne comprenait pas pourquoi des bûches faisaient leur apparition dans un concours.

Emily, par contre, semblait avoir eu une idée, car elle venait d’ouvrir la bouche. Elle n’eut cependant pas le temps de parler car un bruit fort, qui ressemblait à une explosion, retentit soudain derrière elles. Par réflexe, elle se plaça devant Emily dans un geste de protection sans doute bien dérisoire, mais instinctif. Cependant, ce n’était sans doute rien de grave car un jeune homme s’avança vers elle, l’air contrit et entreprit de leur serrer la main alors qu’elles n’étaient pas remises de leur surprise. Cependant, Faërye le considéra avec une certaine méfiance, tout en se laissant néanmoins faire.

-Je suis désolé, désolé. Je ne voulais pas vous effrayer. Je… J’ai découvert mes pouvoirs récemment, et je crois que ma boule de feu a explosé, heureusement, sans dommages. Désolé de vous avoir effrayées, mesdemoiselles. Sur ce, je vais y aller, un ami m’attend.

Il s’avança pour contourner les deux jeunes femmes, mais peut-être avait-il mal estimé les distances, ou avait-il bu un verre de trop, car il percuta Emily. Alors, le léger soupçon de Faërye se transforma en quasi certitude. Et le mouvement rapide qu’elle surprit acheva de la convaincre. Ainsi, quand il s’excusa pour avoir percuté Emily et s’éloigna à grandes enjambées émit-elle sans doute des pensées bien négatives.

-Attends-moi là, Emily, je reviens dans une seconde.

Elle contourna l’étudiante et posa un pied sur son ombre alors qu’elle terminait sa phrase. Alors, elle utilisa son pouvoir, qui lui permettait de faire ce qu’elle prévoyait, mais uniquement sur des distances assez courtes pour le moment. Elle se fondit dans l’ombre d’Emily…

… Et réapparut sur celle du jeune homme, qui n’était finalement pas très éloigné. Alors, elle le saisit froidement par le col pour l’empêcher d’avancer. Et, étant sur l’ombre du jeune homme, elle pouvait l’empêcher de s’enfuir. Alors elle prit la parole d’une voix glaciale, qui portait assez loin. Il n’était sans nul doute nullement besoin de pouvoir lire dans les pensées pour comprendre qu’en ce moment, elle était très en colère.

-Rends ce que tu as volé à la demoiselle, jeune homme. Je n’ai rien contre le vol ou les voleurs en soit, même si je n’aime pas les pickpockets dans ton genre. Mais par contre, profiter de Noël pour faire les poches, je trouve ça minable. Et en plus, tu nuis à une…

Elle hésita légèrement, ne sachant pas vraiment comment elle pouvait considérer Emily. Elle choisit cependant un mot neutre, qui n’exprimait rien de ce qu’elle avait commencé à ressentir pour la jeune femme à l’instant où elle l’avait rencontrée.

-Une amie. Donc, je te prierais, puisque c’est Noël, de rendre ce que tu as volé à Emily. Je ne te ferais rien, je te laisserais partir. Simplement, ne nous approche plus. Suis-je clair ?

Le jeune homme semblait s’être liquéfié, à la fois de s’être fait prendre et sous la colère qui perçait dans la voix de la journaliste. Alors que Faërye venait de relâcher son col en tendant la main, il lui donna le portefeuille qu’il venait de dérober à Emily, puis s’enfuit sans demander son reste. Alors, Faërye retourna auprès d’Emily, bien qu’elle n’eût pas une grande distance à parcourir, et lui rendit son portefeuille.

-Tiens. Ce n’était peut-être pas le voleur que tu avais vu, mais le fait que tu en aies vu un m’a fait me méfier. On a eu de la chance, parce qu’il était bon… Si je l’avais pas surveillé, je n’aurais pas vu ses mouvements. Je dirais qu’il a de l’expérience… C’était peut-être un gamin des rues avant qu’il ne vienne ici. Ce genre d’enfant est presque capable de te voler tes habits sans que tu ne t’en aperçoives…

Elle eut un petit rire en faisant cette dernière remarque, puis la balaya d’un geste, restant concentrée sur Emily.

-Enfin, l’important, c’est qu’il ne t’aie rien volé.

Alors que Faërye rendait son portefeuille à Emily, celle-ci la remercia en utilisant le diminutif souvent associé au prénom qu’elle s’était donné, Faë. La journaliste nota bien entendu ce fait, mais s’en réjouit, car cela signifiait sans doute que les deux femmes devenaient un peu plus proche. Puis elle ajouta qu’elle devrait se montrer plus vigilante, mais Faërye trouvait que cette sorte de naïveté rajoutait un certain charme à Emily, charme qu’elle avait sans nul doute elle-même perdu il y avait bien longtemps.

Enfin, l’étudiante expliqua quelle était la solution de l’énigme en déclarant que le troisième tampon se trouvait peut-être au niveau du stand de bûches glacées. Elle ajouta ensuite qu’elle en profiterait sans doute pour en acheter un morceau, car, à Noël, sa mère en faisait toujours une aux saveurs vanille, chocolat et amande. Et, réalisant alors ce qu’elle venait de dire et la douleur de la réalité qui s’imposait à elle, elle se tut.

Par respect, Faërye garda le silence. Elle savait parfaitement oh combien c’était difficile de se rendre compte que l’on ne pourrait pas passer Noël en compagnie de ceux qui nous aimaient. Ainsi, elle se contenta de rester aux côtés de l’apprentie-infirmière, sans rien dire, comme tout à l’heure, lorsque les choses étaient inversées…

Puis Emily décida de changer de sujet en sortant des noms qui semblaient japonais. La journaliste avait évidemment déjà visité le Japon et elle reconnut des noms de divinités Shintoïstes. C’était donc d’un Dieu japonais que les deux descendaient ? Mais la jeune femme n’eut pas le temps de réfléchir d’avantage à cela car elle nota enfin la remarque sans doute innocente qu’avait faite Emily, associant son pouvoir sur les ténèbres à une capacité de voleur.

Intérieurement, elle se raidit et se demanda pourquoi Emily mentionnait le fait de pouvoir s’introduire en douce chez les gens. Et, paniquée, elle se demandait si Emi était au courant de ses activités illégales. Cependant, l’air de rien, elle choisit d’émettre un léger rire, même si l’angoisse commençait à la dévorer.

-Encore une histoire de voleurs ? Tu deviens obsédée par eux, ma parole !

Puis, faisant comme si ce n’était rien, la jeune femme rebondit sur les paroles qu’avaient dites Emily un peu avant. Elle réussit tout de même très bien à cacher son trouble, mais on pouvait sentir que son enthousiasme naturel était, ici, un peu forcé.

-La boutique de bûches glacées ? OK, ça me paraît être une bonne idée. Et bien sûr, on en profitera pour prendre une bûche, n’est-ce pas ? Autant joindre l’utile à l’agréable.

Alors, elle commença à marcher, Emily à ses côtés, se contentant de profiter de la compagnie de la jeune femme. Et ce, malgré l’angoisse qui continuait à essayer d’assombrir ses pensées.

Pourquoi elle arrête pas de me parler de voleurs ? Elle ne peut pas être au courant, quand même. Par pitié, j’espère que ce n’est pas un piège… J’aurais trop mal…

Elle ne croyait pas en une divinité particulière, cependant, en ce moment, elle était prête à prier n’importe quel dieu qui exaucerait son vœu…

Alors qu’elle était perdue dans ses pensées, elle fut ramenée à la réalité par Emily qui lui demanda si ça allait, car elle avait l’air préoccupée. La voleuse secoua la tête pour chasser ses idées noires et fut reconnaissante envers la jeune femme pour essayer de changer de sujet. Ainsi, elle fit remarquer qu’elles étaient presque à la moitié de leur objectif, puisqu’ils ne leur manquaient plus que cinq tampons. Faërye se contenta de hocher la tête avec un sourire. La jeune femme lui laissa ensuite la feuille de route entre les mains et alla commander une buche.

Quand elle revint, elle avait déjà commencé sa dégustation et elle lui demanda si elle comptait en prendre une. Faë hocha la tête et s’avança vers le stand, avant de commander un morceau de bûche glacée à la vanille, qu’elle régla avant de rejoindre sa camarade tout en mangeant sa part de bûche.

Quand elle l’eût rejointe, elle commença à lire à haute voix la quatrième énigme, mais elle s’interrompit vite pour avaler sa bouchée, avant de reprendre.

-Étroite ou large, en brique ou en métal, je m’élance vers les cieux, exhalant mon souffle crasseux. Ne passer pas la tête par-là, ou vous pourriez bien virer au noir ! Et pourtant, une certaine personne s’entête à ne pas prendre gare à ce conseil… Mais quand son beau costume rouge en pâtira, il ne pourra pas venir se plaindre !

Elle réfléchit quelques instants tout en continuant de manger sa bûche, avec l’enthousiasme d’un enfant, puis elle eut un sourire.

-Je pense que là, la réponse, c’est une cheminée… Mais vu que ça semble être une soirée spéciale voleurs, les organisateurs auraient pu rajouter un truc du genre «Je suis le meilleur chemin de la perte de certains objets, comme des trouvailles de nouveaux»… Même si un bon voleur passera rarement par la cheminée. Trop d’incertitudes.

Elle se tut en constatant qu’elle s’était presque trahie, car elle avait presque pris le ton d’une experte lorsqu’elle avait parlé des choix des bons voleurs. Néanmoins, elle se ressaisit très vite et émit un petit rire, pour montrer avant tout qu’elle taquinait Emily à propos de son obsession pour les voleurs. Elle essaya ensuite précipitamment de changer plus ou moins de sujet en posant une question tout de même plutôt pertinente.

-Par contre, je ne vois pas comment on peut trouver une cheminée en particulier ici, alors qu’il y en a plein… Qu’est-ce qu’elle peut avoir de si spécial pour que les organisateurs du concours y aient mis un tampon ? Donc, il faut qu’on puisse la repérer ou la remarquer…

Alors qu’elle énonçait ces mots, une partie de son esprit était occupée à espérer qu’Emily n’avait pas remarqué sa gaffe… Ou bien qu’il ne s’agissait pas simplement d’un piège…

Emily lui demanda d’attendre, déclarant qu’elle allait faire un peu de repérage. Faê ne comprit pas tout de suite, lorsqu’elle la vit jeter son assiette, vide. A ce moment-là, elle… décolla ? Oui, c’était exactement ce qu’elle fit. Bouche bée, la journaliste la regarda s’élever dans le ciel, se rappelant qu’elle avait dit plus tôt maîtriser les vents. Et elle ne s’était pas vantée, car cela devait bel et bien prouver une belle maîtrise.

Toujours estomaquée, elle la regarda redescendre quelques instants plus tard. Elle lui déclara avoir trouvé la cheminée… Et qu’ainsi, Faërye avait vu que, tout comme elle, Emily volait. L’étudiante partit ensuite en direction de la cheminée. La journaliste s’apprêtait à lui emboîter le pas quand le poids des mots que la jeune femme avait prononcés s’inscrivit en elle et la figea.

Si l’on passait outre le jeu de mots, Emily avait sous-entendu qu’elle savait que Faërye était une voleuse, confirmant la pire crainte de notre amie. Mais c’était impossible, elle ne pouvait pas être au courant ! A moins que ce ne fut vraiment un piège ? Non, c’était peut-être un jeu de mot maladroit ? Il fallait que ça soit ça.

Finalement, elle s’élança à la suite d’Emily, paniquée, partagée à la fois entre la peur qu’elle soit au courant et l’étrange sensation qu’elle ressentait pour elle. Elle pouvait peut-être essayer de noyer le poisson ? Du moins, c’est ce qu’elle se dit lorsqu’elle arriva à ses côtés.

-Comment ça, toi aussi tu voles ? Je ne vole pas, moi ! Enfin, pas dans ce sens… Enfin, euh, non, je veux dire… Je ne sais pas voler… Enfin, je… Je…

Elle poussa un soupir et décida d’abandonner avec un mouvement de bras. C’est ainsi que, presque abattue, elle demanda :

-Comment ?

Un mot qui lui demandait à la fois comment elle savait, mais aussi comment elle pouvait réagir. Sa question était faible, mais elle n’y avait mis dedans aucune supplication, plutôt un espoir. L’espoir que la découverte avait été fortuite… Et que la soirée allait pouvoir continuer. Car, à l’heure actuelle, Faërye ne pouvait s’empêcher de rester, elle ne savait pas pourquoi, alors même qu’elle risquait de perdre de nombreuses choses… En même temps, au plus profond d’elle, elle se demandait ce qui clochait chez elle, pourquoi elle ne s’était pas encore enfuie… Et elle avait peur de la réponse qui pourrait s’imposer à son esprit si elle y réfléchissait…

La jeune femme sursauta lorsque la voix de sa camarade retentit directement dans son esprit. Mais au moins l’explication avait le mérite d’être directement crédible. Et pourtant, plus que la surprise, sa première véritable réaction fut une immense vague de soulagement. Ce n’était pas un piège. Elle était maintenant immensément rassurée. Elle eut un petit sourire amusé.

-Sacré pouvoir… Tu sais que tu ferais la policière idéale ? Personne ne peut te mentir, avec un pouvoir pareil… Mais je dois t’avouer que je suis rassurée. J’ai eu peur que ça soit un piège. Mais si tu ne l’as appris que tout à l’heure… Attends…

Elle rougit un peu et secoua la tête, un peu perdue. Elle prit une grande inspiration et s’exhorta mentalement au calme. Mais c’était assez difficile…

Si elle sait depuis tout à l’heure… ça veut dire qu’elle sait ce que je ressens ? Depuis tout à l’heure… Oh non ! Calme-toi, Faë. Tu es aussi l’Ombre, donc ne t’emballe pas. Ne laisse pas ton attirance te faire perdre tous tes moyens. Inspire… Expire… Inspire… Expire… Pour l’instant, c’est vrai, tu es attirée par elle, mais tu dois rester calme… Attends, elle surveille mon esprit ? Comment je peux le savoir ? Concentre-toi, Faë, essaye de penser à autre chose, ça serait embarrassant, autrement. Pense à autre chose, concentre-toi. Tiens, pense à ton père, par exemple ! ça t’aidera à te calmer ! Qu’est-ce qu’il te dirait ? Sans doute te dirait-il de garder ton calme, parce que tu ne crains rien. Voilà, inspire, expire.

Finalement, à force de respirer profondément tout en focalisant son esprit non plus sur Emily, mais sur les souvenirs de son père, elle avait réussi à se calmer et avait rendu inconsciemment son esprit plus difficile à lire, bien que les pensées les plus fortes pouvaient toujours être lues. Mais au moins, l’imbroglio de ses émotions était maintenant atténué. Elle sourit à nouveau, un peu gênée.

-C’est embarrassant… Je suppose que tu es au courant de mes émotions, puisque tu es télépathe ? Enfin, ça ne sert à rien de nier. Oui, je suis une cambrioleuse. Mais je peux te promettre que tu n’as rien à craindre de moi. Je ne vole que dans les endroits équipés des meilleurs systèmes de sécurité… Un peu comme un défi personnel. Et, je suppose que c’est aussi une façon de m’éloigner de mon passé où je n’avais aucune liberté…

Le ton de sa voix s’était fait songeur sur ses dernières phrases, néanmoins, elle était évidemment totalement sincère. Et, actuellement, elle n’espérait qu’une chose. Qu’Emily la croit. Et, bien sûr, elle aimerait avoir sa confiance, mais peut-on vraiment faire confiance à un voleur ? Telle était l’angoisse qui ressortait principalement dans l’esprit de la jeune femme en ce moment…