Event de Noël Brook/Kurai. Partie 2

L’ambiance était loin d’être à la fête dans l’esprit du jeune homme, qui marchait dans la couche de neige qui ne cessait de monter, aux côtés de la jeune femme aux cheveux verts qu’il considérait sans nul doute comme une rivale. Brook. Sauf qu’en ce moment, plutôt que de la voir comme une rivale qu’il appréciait, il la considérait plutôt comme une gamine capricieuse qui avait besoin d’une bonne leçon. Une leçon pour laquelle lui, Kurai, s’était porté volontaire, plus ou moins contraint et forcé par la situation.

Et c’était pour cette raison que les deux jeunes gens se dirigeaient vers la patinoire. En effet, il en avait marre de la propension de son amie à toujours râler et être en désaccord permanent avec tout le monde. Il l’avait par conséquent défiée à une course en patins à glace. Et voilà donc pourquoi les deux jeunes gens qui se ressemblaient bien plus qu’ils ne voulaient l’admettre avaient quitté le banquet, qui s’était plus ou moins transformé en concert de chansons japonaises, pour venir… Faire du sport !

Ils surent qu’ils étaient arrivés à destination avant même de voir le lieu, puisqu’ils furent accueillis par des chants de Noël, encore. Cependant, cette fois, Kurai ne pirata pas les haut-parleurs. Il fallait bien dire aussi qu’il avait évidemment d’autres chats à fouetter. Notamment, il devait donner une petite leçon d’humilité à une certaine adolescente…

Ils arrivèrent à la patinoire et firent la queue pour pouvoir se procurer chacun une paire de patins à glace. Heureusement, les gens étaient performants, donc ils n’eurent pas à attendre trop longtemps. Les deux jeunes se rendirent ensuite au bord de la surface de glace, sans prêter attention à ce qui les entourait.

Par exemple, ils ignorèrent la présence des pingouins dans ses enclos à proximité, ou la présence d’une échoppe de sandwich et autres plats de restauration rapide. Non, en l’occurrence, ce qui les intéressait était une chose simple : écraser l’autre. Tout bêtement. Voici, encore une fois, une preuve supplémentaire, s’il en était besoin, que, finalement, Kurai et Brook étaient très semblables. Trop, en réalité. Car leurs caractères étaient si forts qu’ils ne pouvaient s’exprimer que dans la confrontation…

Kurai enfila ses patins et se releva, prenant un court instant pour récupérer son équilibre. Car il était certain qu’il n’était jamais aisé de passer d’une position debout, campé sur ses pieds, à une position debout, en équilibre instable sur une fine lame de métal. Cependant, mu par sa volonté, il ne trébucha pas et pénétra sur la glace sans aucun accroc.

Alors, il poussa légèrement de son pied droit et effectua une rotation sur lui-même qui l’amena un peu plus loin, rotation qu’il arrêta d’un geste sûr. Puis il fit un signe de la main à Brook, l’invitant à le rejoindre sur la glace. Et, pour augmenter la provocation, il eut un sourire narquois.

-Dis-moi, tu sais patiner, au moins ? Parce que si tu patines aussi bien que tu joues au shooting game, alors, il ne va y avoir aucun fun, là…

Bien entendu, il avait adopté un ton volontairement ironique, car il savait que, contrairement à ce qu’il avait sous-entendu, elle jouait très bien, mais surtout, progressait très vite lorsqu’elle était émulée. Son objectif était donc bien entendu de l’amener à donner le meilleur d’elle-même.

En un sens, même s’il pensait ce qu’il lui avait dit tout à l’heure, il l’appréciait. Et il appréciait encore plus de la voir sans cesse se surpasser pour le dépasser. Cependant, sa question n’était pas totalement infondée… Il espérait tout de même qu’elle savait patiner un minimum…

Face à sa provocation, la jeune femme se contenta d’un froncement de sourcil agressif avant de pénétrer sur la glace et de se placer à côté du raijin en le regardant d’un air à la fois prétentieux et interrogatif. Il comprit facilement le message, elle lui demandait s’il était prêt à se prendre une branlée.

Il eut un sourire amusé et, avec la lame de son patin, traça une ligne bien visible sur la glace, à une distance assez lointaine du bord pour qu’aucun des deux ne puissent s’y accrocher, mais assez près pour offrir une grande piste. Puis il désigna la patinoire avec un mouvement d’emphase.

-La ligne de départ et d’arrivée sera ici. La course fait quatre tours. Le premier ou la première à franchir la ligne d’arrivée a gagné. C’est aussi simple que ça. Les règles te vont ?

Un hochement de tête silencieux en guise d’assentiment. Kurai abaissa légèrement son centre de gravité et mit sa jambe en arrière, prenant de l’élan pour se lancer. Puis il leva une main avec trois doigts dressés en même temps qu’il commençait le compte à rebours, baissant un doigt à chaque fois qu’il enlevait une unité.

-3… 2… 1… GO !

A ce moment-là, il referma le poing et abaissa le bras. Et, une seconde après, pour que Brook ne puisse pas l’accuser d’avoir effectué un faux départ, il partit en trombe et dépassa rapidement la jeune femme. Une fois cela fait, il ralentit le rythme, pour ne pas en faire trop. Il savait que, même s’il se faisait dépasser, ce n’était pas un problème car il avait quatre tours pour la rattraper et la dépasser à nouveau.

A ce moment-là, la neige commençait à tomber, mais ce n’était pas un problème. Après tout, ce n’allaient clairement pas être quelques flocons qui allaient l’empêcher de prouver, encore une fois, à Brook qu’elle devrait peut-être envisager d’être un peu plus humble par moment. Oui, je sais, venant de Kurai, cela peut prêter à sourire, mais son avantage était qu’il savait reconnaître quand il était plus faible que quelqu’un. Et son allure provocante n’était qu’une façade. Même s’il devait bien avouer, pour être honnête avec lui-même, être un peu arrogant, c’était simplement car il savait ce qu’il valait. Et, encore une fois, la plupart du temps, son arrogance n’était que de la provocation, pour qu’il puisse voir qui passerait outre.

Mais laissons pour le moment ces pensées, car la course venait de devenir étrangement plus difficile. Pourquoi ? Car Jack Frost, des Cinq Légendes, semblait s’être énervé contre Kurai, qui essayait de résister aux assauts de la neige. Mais le pire était que, contrairement à lui, aucun des autres utilisateurs de la patinoire ne semblait gêné par les éléments… Comme s’il avait offensé Susanoo. Ou plutôt… Sa descendante.

Il s’arrêta brutalement en effectuant une vrille et cria en bloquant le chemin de celle qu’il savait être à l’origine du phénomène.

-BROOK ! Arrête ça tout de suite ! Je sais que c’est toi !

L’adolescente profita à la fois de son élan et de la tempête qu’elle avait lancé sur le jeune homme pour l’écarter de son chemin, tout en faisant remarquer qu’il n’avait pas précisé qu’il fallait obligatoirement jouer fair-play, avant d’ajouter que ça lui allait très bien, à elle. Sous entendu, s’il n’était pas content, c’était pareil.

Alors il s’arrêta simplement, la regarder triompher tandis qu’elle franchissait la ligne d’arrivée et qu’elle arrêtait la neige qui s’acharnait sur lui. Il lui adressa des applaudissements narquois, mais quand il prit la parole, il n’était ni en colère, ni narquois. Juste… Déçu. Et si Brook avait un minimum d’intelligence, elle décèlerait immédiatement la déception dans la voix du raijin.

-Alors tu n’as aucune fierté ? Tu veux juste gagner, et t’es même prête à t’abaisser à tricher ? Je suis même pas énervé. Si j’avais perdu à la loyale, je m’en foutrais. Mais là, tu t’abaisses plus bas que terre… Je croyais que tu avais une haute opinion de toi ? Mais en fait, tu es juste une minable ? Une perdante qui ne sait pas gagner sans tricher ?

Il s’interrompit quelques secondes, mais ne laissa pas à Brook le temps de répliquer, puisqu’il reprit rapidement la parole.

-Je vais te dire un truc. Au shooting game, quand on s’est rencontrés, je m’étais dit que tu étais douée, mais que ton orgueil te perdrait. Apparemment, t’avais même pas compris la leçon que je t’avais gentiment donnée. Parce que crois-moi, certaines personnes ne se seraient pas contentées de te foutre une raclée pour te montrer que tu peux encore t’améliorer. Mais au final, je me trompais… Ce n’est même pas de l’orgueil… Tu n’as juste tellement pas de fierté que tu te sens obligée de gagner en trichant.

Il respira à nouveau et conclut son discours, espérant quand même que ses mots ne tomberaient pas dans l’oreille d’une sourde.

-Là, ce que je ressens, ce n’est pas de la colère ou de l’agacement. Non… Honnêtement, c’est juste de la pitié. Oui, j’ai pitié de toi. En vérité, j’ai pitié de nous deux. J’ai pitié de moi parce que j’ai été assez con pour croire que je pourrais te considérer comme une rivale et comme une personne qui pourrait me vaincre. Mais surtout, j’ai pitié de toi, Brook, parce que tu n’as aucun autre orgueil que celui de gagner à tout prix. Pour ça, tu ne vaux pas mieux qu’une femme qui couche pour décrocher un emploi. Donc, une pute. J’ai pitié de toi, parce que tu n’as aucune fierté ni aucun honneur, mais tu espères tirer de la gloire d’une victoire non méritée.

Il quitta la surface de glace et rendit les patins après s’être déchaussé puis, sans se retourner, il se dirigea vers la sortie tout en adressant un signe de la main à une Brook qui n’avait toujours pas bougé.

-Sur ce, je te souhaite quand même un Joyeux Noël.

Et j’espère avoir au moins réussi à gâcher ta soirée autant que tu viens de gâcher la mienne. Et si la magie de Noël existe vraiment, j’espère que tu auras au moins écouté ce que je t’ai dit…

Il ne lui adressa cependant pas ces mots, se contentant de les exprimer en pensée, comme une prière silencieuse adressée à l’esprit de Noël.

Kurai, on va où, maintenant ?

J’ai besoin de me changer les idées, on va aller au village de Noël. Je pense que ça devrait suffire pour que je pense à autre chose…