Perdu dans l'immensité de cette île inconnue

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Je ne suis qu'une âme égarée.

Aujourd'hui aurait dû être un jour comme les autres, un jour où, paisiblement assise sur une souche d'arbre, Sayuri aurait fait l'esquisse d'un rouge-gorge posé sur une branche au feuillage orangée en cette magnifique saison qu'était l'automne. Cependant ce n'était pas ainsi que cette journée se passait. Sans même comprendre ni se souvenir de rien, l'adolescente avait atterri dans un lieu lui étant parfaitement inconnu, elle connaissait pourtant les alentours de son village sur le bout des doigts, de plus elle ne se souvenait pas avoir bougé d'emplacement. La blonde avait un léger mal de crâne, comme si elle venait de s'extirper brusquement d'un long sommeil. Un nombre incalculable de questions s'entrechoquer dans sa tête, où était-elle? Pourquoi? Comment était-elle arrivée ici? Où étaient ses chers et tendres parents? Des larmes perlèrent sur les joues roses de la petite poupée de porcelaine. Elles n'étaient pas causées par la tristesse, non, plutôt par la frustration de ne pouvoir répondre à ses demandes. Ce lieu, ses raisons pour être ici, tout étant lié à cet endroit lui était énigmatique, mais si la jeune femme pouvait être sur d'une chose, c'était que quelque chose s'était produit et que cela bouleverserait le cours de sa sereine vie paysanne.

Notre protagoniste voulait demander où elle était, comprendre, hélas elle semblait seule à des kilomètres à la ronde. La miss se mis à angoisser, où était-elle bon sang?! Et cette atmosphère étrange semblait l’oppressée. Elle ne parvenait pas à se calmer et commençait petit à petit par céder à la panique.

Courant à en perdre haleine, les yeux gonflés par les larmes, elle voulait hurler, elle voulait qu'on lui vienne en aide, mais personne ne venait. À force de s'aventurer tête baissée sans prêter garde à ce qui l'entourait, la petite tête blonde trébucha sur une racine, s'étalant alors de tout son long, face contre terre. Elle se releva péniblement et remarqua que du sang ruisseler de sa lèvre inférieure, mais ce n'était pas le plus important aux yeux de l'enfant apeurée. Elle avait, semblait-il, atteint la lisière d'une forêt, voilà un élément qui la rassurait un peu, elle se trouve dans son élément, dans un décor lui étant familier. Cependant cela ne lui suffisait pas et ne l'aidait pas à comprendre la situation.
S'adossant à un tronc, les jambes ramenées vers le buste, la tête baissée posée sur les genoux, la jeune fille laissait dévaler sur ses joues des chaudes larmes. Mais cette fois si, ces larmes étaient bel et bien de tristesse.

Où suis-je...Je veux rentrée à la maison... Sanglotait-elle à voix basse.

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C’était le mercredi après-midi, et Elina n’avait donc pas cours. Mais plutôt que d’en profiter pour se prélasser comme elle en avait l’habitude, la jeune fille avait d’autres projets ce jour-là. Des projets qu’elle ne pouvait tenir un autre jour que celui-ci… Pourquoi ? Parce que c’était le seul jour où elle avait assez de temps devant elle avant qu’Emily ne rentre à l’appartement, et découvre ainsi son absence. Enfin, là encore, elle pourrait inventer une excuse. Après tout, elle n’était pas obligée de rester cloîtrée dans l’appartement, c’était elle qui préférait le faire. Cependant, si jamais la jeune femme venait à apprendre où elle se rendait… Elle était sure que cela, elle ne l’apprécierait pas. Car la dernière fois, il s’était passé bien des choses en ces lieux. Oui, l’endroit où se rendait Elina n’était autre que le bois dans lequel elle et Emily avait risqué leur vie. Dès lors, elle ne doutait pas un instant de ce que serait la réaction de la jeune femme si d’aventure elle venait à apprendre où elle s’était rendue. C’était pour cela qu’elle avait choisi ce jour en particulier. Mais pour quelle sombre raison avait-elle donc décidé de se rendre en ces lieux ? Une raison bien peu fondée, il fallait bien l’avouer… Elina avait décidé d’aller faire du repérage, tout simplement. Elle le savait, depuis que son pouvoir de télépathie s’était réveillé, qu’Emily voulait retourner voir cette grotte dont l’entrée se trouvait quelque part au fond de ce bois, fait qu’elle avait découvert en scrutant involontairement ses pensées. Elle s’en voulait presque d’avoir reproché à la jeune femme d’avoir consulté ses pensées ce jour-là, car elle-même n’avait pu s’empêcher de le faire cette fois-là. Toujours est-il qu’après avoir eu connaissance de l’intense désir de la jeune femme de poursuivre leur exploration passée, elle avait décidée de prendre quelques précautions. Et voilà comment elle s’était retrouvée là...

À peine les cours s’étaient-ils terminés que la demoiselle avait emprunté un bus pour Awashima. Elle n’avait même pas pris la peine de rentrer pour se changer, ainsi portait-elle toujours l’uniforme du lycée pour se rendre dans ce bois. Il ne lui était pas facile de se rappeler du chemin qui avait été parcouru en voiture, mais heureusement, sa mémoire ne lui avait pas fait défaut, bien que ses jambes, elles, se montraient un tantinet plus récalcitrantes. Néanmoins, au bout d’une heure et demie de marche intense, elle était parvenue à destination. Elle s’accorda une pause toutefois, histoire de laisser à ses membres le temps de récupérer de cette longue marche forcée.

Le regard rivé sur les arbres, Elina se remémorait les scènes qu’elle avait vécue ici. La rencontre avec le lynx, et surtout, celle avec Alan, qui avait bien failli lui coûter la vie. À cette pensée, son front se mit à la chatouiller, comme si sa blessure se rappelait à son bon souvenir. Elles n’avaient toujours pas été voir ce sale type, ni même été fouiller son appartement. Qui sait ce qu’il pouvait bien être en train de faire en cet instant précis ? Elle espérait que ses blessures l’avaient suffisamment affaibli pour qu’il ne se trouve pas en ce lieu en ce moment-même… Que ferait-elle si jamais elle tombait dessus ? Un affrontement serait sans doute inévitable… Mais bon, la dernière fois, elle ne s’était pas vraiment montrée à la hauteur. Aussi, décida-t-elle que son observation se limiterait à la lisière de la forêt pour cette fois. Elle ne risquait certes pas de trouver grand-chose d’intéressant, mais peut-être que l’un ou l’autre indice pourrait lui apparaître ?

Elle pénétra donc le bois, tous ses sens aux aguets, guettant chaque bruit, chaque frôlement de feuilles un peu trop suspect. En plus de cela, elle créa une bulle d’eau autour d’elle, qui lui servirait de défense en cas d’attaque. Marchant le plus discrètement possible, ses pas l’amenèrent à longer le bois. Rien de bien intéressant toutefois, il était probable que seules les profondeurs soient dignes d’intérêt… Peut-être ferait-elle mieux de rentrer ? Elle avait encore largement le temps, mais bon, inutile de poursuivre une exploration stérile…

Ce fut alors qu’elle entendit un bruit étrange, un bruit qui ne semblait pas naturel lorsque l’on se promenait en forêt. Qu’est-ce que c’était, exactement ? Elle avait du mal à identifier avec exactitude de quoi il s’agissait. Peut-être était-ce imprudent de sa part, mais elle décida d’aller voir ce qui produisait ce son particulier. Marchant à pas de loup vers la source de ce dernier, Elina ne tarda pas à identifier de quoi il s’agissait : des pleurs. Quelqu’un pleurait, à quelques mètres d’elle seulement. Mais pour quelle raison ? Mieux valait peut-être rebrousser chemin. Après tout, cela ne la concernait pas ! Et en plus, cela risquait fort de lui attirer des problèmes. Sans compter qu’elle était loin d’être la personne la plus indiquée pour offrir une épaule secourable à qui en avait besoin… Alors qu’elle s’apprêtait à faire demi-tour, les sanglots lui parvinrent à nouveau. Même pour elle, il était difficile de tourner le dos à un bruit aussi déchirant. Et puis, quelque chose la poussait à aller voir. Elle pouvait au moins la prévenir du danger qui rôdait en ce lieu…

« Oh et puis, qu’est-ce que je risque, après tout ! »

Décision prise, elle avança d’un pas ferme vers l’origine du bruit, et découvrit au détour d’un arbre… une fille. Elle ne pouvait toutefois en dire davantage sur celle qui pleurait, étant donné que son visage était enfoui dans ses genoux. À part la blondeur de ses cheveux, aucun détail physique ne lui était exposé. Elle avait toutefois l’impression qu’elle était jeune, peut-être au ton de ses sanglots, ou à son apparence générale ? En tout cas, elle n’avait pas réagi à son arrivée, l’avait-elle seulement remarqué, ou bien ses pleurs avaient couvert le bruit de ses pas ? Dans tous les cas, elle n’avait pas l’intention de rester là à jouer les plantes grimpantes, aussi prit-elle la parole :

- Euh… Est-ce que ça va ?

La fille en larmes releva vivement la tête au son de sa voix, et son visage indiqua une expression étrange. Était-ce de la surprise, de la peur ? Impossible de le savoir… Elina se rendit compte qu’elle avait toujours sa bulle d’eau autour d’elle, et décida de la résorber. La jeune fille, car cela en étant bien une, ne semblait pas particulièrement menaçante, mais elle resta toutefois en alerte, car les apparences pouvaient être trompeuses. Comme elle n’avait pas obtenu de réponse, elle reprit à nouveau la parole :

- Tu ne devrais pas rester ici, ce bois est dangereux. Il y a des prédateurs qui rôdent.

Bon, après tout, c’était pour la prévenir qu’elle était venue, alors autant s’acquitter de la tâche qu’elle s’était confiée. Pourtant, une autre question quitta malgré elle ses lèvres :

- Qu’est-ce que tu fais ici ?

Bin oui, au fond d’elle, elle restait curieuse. Et puis, peut-être qu’elle savait quelque chose d’intéressant, qui aurait pu rendre cette pseudo exploration un tant soit peu utile ?

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Rencontre.

Le vent balayait les feuilles mortes les faisant virevolter et danser un ballet aérien, le bruissement des feuillages transpercés par la brise froide annonçant l'approche de l'hiver ainsi que les louanges des mésanges semblaient former un orchestre mélancolique suivant le son que produisaient les sanglots de la petite Sayuri. C'était un phénomène étrange qui se produisait toujours lorsque l'adolescente était plongée dans une nostalgie profonde. Pour son entourage ce n'était rien d'autre que le chant des oiseaux et le souffle du vent, mais pour la blonde c'était une marque de soutien de son amie la nature. Cela la rassurait un peu de savoir qu'ici aussi elle se sentait enveloppée dans les bras de la forêt, cette impression de présence humaine que ressentait la jeune fille lorsqu'elle était plongée dans son élément lui était plaisante, rassurante, elle avait moins peur désormais car elle se sentait enfin dans un milieu familier.

Sa tristesse se dissipait lentement mais ne pouvait s'arrêter complètement, la petite poupée avait besoin d'extérioriser ce surplus d'émotions qu'elle avait accumulé depuis son arrivée sur cette île.

Une mésange piaillait soudainement d'une drôle de façon, suivit de battements d'ailes indiquant que le petit groupe d'amis à plumes s'était envolé. Quelques secondes plus tard, une voix interpella Sayuri qui releva le menton brusquement. Quelqu'un, il y avait quelqu'un!

Euh… Est-ce que ça va ?

Notre protagoniste était surprise, elle n'avait pas entendu arriver la jeune femme qui se présentait devant elle, mais ce qui étonnait le plus Sayuri était l'étrange bulle dans laquelle était enfermée l'inconnue. Ce pouvait-il, que cette adolescente était semblable à la miss Suki? Ce pouvait-il qu'elle soit elle aussi dotée de pouvoirs?
L'enfant hocha la tête en guise de réponse avant que l'autre poursuive sa phrase.

Tu ne devrais pas rester ici, ce bois est dangereux. Il y a des prédateurs qui rôdent. Qu’est-ce que tu fais ici ? questionnait la nouvelle venu.

Séchant ses larmes du revers de sa manche, la blonde répondit d'une petite voix.

Je...Je ne sais pas où je suis...Je ne trouve pas mes parents alors j'ai paniqué et j'ai couru tête baissée jusqu'à arriver ici...Je n'ai pas vraiment pensé au fait que ce lieu soit dangereux car la seule chose qui m'était venu à l'esprit était que ce bois était un lieu familier à mes yeux...Elle fit une courte pose avant de regarder droit dans les yeux l'inconnue.Dis...Tu sais où on est?...Pourquoi je suis là?...

Sayuri espérait énormément que la fille à la chevelure pourpre puisse lui répondre, elle ne voulait qu'une chose. Comprendre.

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Elina fixait la jeune fille toujours assise au sol, dont les larmes semblaient doucement s’arrêter de couler. Son visage semblait exprimer un curieux mélange de surprise et de soulagement. La demoiselle sécha du revers de sa manche ses larmes, avant de prendre à son tour la parole. Elle lui avoua alors… qu’elle était perdue. Voilà qui n’était pas de chance, réussir à venir se perdre dans l’un des endroits les plus dangereux de l’île… Dire qu’il y avait une ville, à une bonne heure de marche d’ici. Enfin, la ville n’était pas forcément dépourvue de danger, elle aussi. L’origine de sa perdition était la disparition de ses parents, qui l’avait conduit à partir en courant jusqu’à arriver ici. À son sens, il aurait mieux valu qu’elle reste là où elle était, pour que ses parents puissent la retrouver. Maintenant, pour les retrouver, cela allait être galère… Elle s’était en effet fourrée dans un sacré bourbier, là…

Bon, le lieu semblait familier à la jeune fille, d’après ses dires, alors peut-être habitait-elle la ville d’Awashima ? C’était en tout cas la meilleure interprétation qu’elle pouvait fournir pour l’instant. La demoiselle lui demanda alors si elle savait où elles se trouvaient, et qu’est-ce qu’elle faisait là. La deuxième question lui paraissait étrange. En effet, c’était parce qu’elle avait pris la fuite qu’elle s’était retrouvée perdue ici ? Un doute commença à se former dans son esprit, cependant, elle n’en tint pas compte dans un premier temps. Alors qu’elle s’apprêtait à répondre, elle constata que la jeune fille était blessée. Rien de bien grave à première vue, elle s’enquit cependant d’abord ne l’état de la demoiselle :

- Tu saignes, est-ce que tu es blessée ? Tu t’es fait agressée ?

La question lui parut stupide après coup, car à en juger par la saleté qui recouvrait le devant de ses vêtements, elle avait dû simplement s’étaler à terre. Si elle avait couru parmi les arbres, ce n’était pas étonnant qu’elle n’ait pu éviter un obstacle quelconque, comme une racine dépassant du sol. La réponse de la demoiselle confirma sa conclusion, et elle sortit un mouchoir de son sac, qu’elle imbiba d’eau grâce à son pouvoir, avant de s’approcher de la jeune blonde. Habituellement, elle n’aurait pas agi de la sorte, seulement la demoiselle dégageait un tel air de fragilité en cet instant qu’elle ne put s’en empêcher, comme si quelque chose au fond d’elle la poussait à lui venir en aide. Elle s’agenouilla devant elle et lui tendit le mouchoir, avant de lui répondre :

- Tiens, prend ça, pour nettoyer le sang sur ta lèvre. Sinon, tu n’es pas loin de la ville d’Awashima, tu connais ?

La réponse négative la surprit, sans pour autant la prendre au dépourvu. Il n’y avait que trois ville Sur Awashima, et celle qui portait le même nom était sans conteste connue de tous les habitants de l’île. De même pour les possesseurs divins qui s’y trouvaient depuis un moment. Ce qui ne pouvait mener qu’à une seule conclusion : cette jeune fille venait de débarquer sur l’île, comme elle-même l’avait fait il n’y a pas si longtemps de ça. Enfin, cela ne restait qu’une supposition, mais celle-ci semblait la conclusion la plus logique à laquelle on pouvait aboutir. Mais cela impliquait aussi qu’elle se trouvait face à un descendant divin, tout comme elle, et qu’elle pouvait se montrer plus dangereuse qu’elle n’en avait l’air en ce moment. Peut-être devrait-elle sonder son esprit, pour en apprendre davantage sur elle ? Non… Les pensées étaient un sanctuaire privé à ne violer qu’en cas de nécessité. Et puis, qui savait si elle-même n’était pas capable d’un tel pouvoir ? Mieux valait éviter les actes trop téméraires. Et mieux valait aussi éviter de ménager le suspense trop longtemps… Aussi, reprit-elle la parole :

- Écoute… Ce que je vais te dire risque de te paraître bizarre, alors ne m’en veux pas si je me trompe. Voilà, je pense que… tu as été enlevée, et emmenée ici, sur cette île.

C’était une nouvelle dure à encaisser, aussi garda-t-elle le silence, afin de laisser le temps à la jeune fille d’encaisser la nouvelle, et de réagir à cette dernière. Le choc de cette annonce n’allait-il pas être trop fort pour cette jeune fille d’apparence si frêle ?

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Pourquoi...suis-je ici...Kami-sama? Pourquoi?

Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la petite blonde. Elle était heureuse de voir que l'inconnue avait eu la gentillesse de s'inquiéter de son état bien qu'il n'y avait rien de grave. La jeune fille devait avoir le même âge que Sayuri car elle ne semblait pas plus âgée ni plus jeune que notre protagoniste. D'un côté cela rassurait la blondinette, après tout si elle était tombée sur un homme dépassant la vingtaine d'années il serait plus que très peu probable que l'adolescente aurait réagi à cette approche aussi calmement! L'adolescente aux cheveux violines sortie de son sac un mouchoir qu'elle mouilla à l'aide de sa main. Pour une personne "normale" cela serait tout de suite considérait comme de la sorcellerie, mais pour Sayuri, c'était rassurant de voir qu'elle n'était pas la seule à avoir d'étranges capacités. La poupée sourit et accepta le mouchoir imbibé pour le poser délicatement sur sa lèvre.

-Merci beaucoup...euh...Mademoiselle? Répondit la blonde sur un ton interrogateur. Car oui, elles ne s'étaient toutes deux pas présentés!Oh je... Excuses-moi c'est impoli de demander l'identité de quelqu'un sans se présenter! Suki Sayuri! Je vois que... Tu sais faire des choses assez anormales comme moi... Tu contrôles l'eau ?

Un hochement de la tête de la part de la violine confirma cela.
Avant que son interlocutrice ne lui pose la question, Sayuri chercha du regard un buisson pouvant faire naître des baies ou des fleurs. Le regard de la jeune fille tomba sur un rosier ressemblant à un vulgaire tas de ronces en cette période de l'année. Elle tendit le bras vers le rosier qui aussitôt se mis à fleurir. La blonde cueillit une rose et la tendit à son interlocutrice.

Les jolies femmes méritent de jolies fleurs. Dit-elle un sourire sincère gravé sur son visage.

Alors que la jeune fille acceptait la rose, Sayuri réfléchissait à ses paroles "pas loin de la ville d’Awashima". la jeune fille avait beau chercher dans sa mémoire elle ne connaissait aucune ville de ce nom avoisinant son village natal.
En voyant cette réponse négative, le visage de l'adolescente à la chevelure violette prit une expression grave et sérieuse.

-Écoute… Ce que je vais te dire risque de te paraître bizarre, alors ne m’en veux pas si je me trompe. Voilà, je pense que… tu as été enlevée, et emmenée ici, sur cette île.

Le sourire radieux qu'affichait Sayuri se dégradait subitement tout comme les magnifiques roses rouges qu'elle avait fait éclore, venait de se flétrir et mourir en un instant.

Enlevée... M-mais j'ai toujours fait ce que mes parents m'ont dit de faire! "Ne jamais montrer mes pouvoirs" j'ai respecté cette règle! Alors pourquoi...pourquoi m'a-t-on arraché à eux?...J'ai...Elle baissa la tête.J'ai rien fait de mal...

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Tout en guettant la réaction de la jeune fille, Elina faisait tourner entre ses doigts la rose que cette dernière lui avait offerte. Elle ne l’avait pas fait sortir d’un chapeau ou de derrière une oreille, comme l’aurait fait un prestidigitateur, mais l’avait saisi d’un rosier sauvage, qui n’en portait pourtant aucune il y a peu. Comment cela était-il arrivé ? Eh bien, après qu’elle lui ait tendu le mouchoir humide, la demoiselle avait trouvé de bon ton de lui donner quelques informations à son sujet. Son nom, tout d’abord, qui était Suki Sayuri. Un nom et un prénom à consonance asiatique, de toute évidence, mais elle ne pouvait en dire davantage. Quant à distinguer lequel était le prénom, c’était largement au-dessus de ses connaissances. Peut-être qu’en tant que descendante d’une divinité japonaise, elle devrait chercher à en apprendre un peu plus sur ce pays et sa culture ? Mais ce n’était pas le moment de planifier sa prochaine séance de lecture… Elle préféra se concentrer sur la jeune fille qui se tenait devant elle, qui était en train de lui confirmer qu’elle possédait bel et bien un pouvoir, tout comme elle. Mais plutôt que de se contenter de lui citer ses capacités, elle préféra lui en faire une démonstration. C’est ainsi que ce qui ressemblait à un amas de ronces aux épines menaçantes se couvrit rapidement de roses à la rougeur éclatante. La demoiselle avait jugé bon de lui en offrir une, en précisant que ce petit élément végétal était indiqué pour les jolies femmes. Elina avait senti de légères rougeurs lui apparaître sur le visage, mais ne laissa pas transparaître la légère gêne qu’elle avait ressentie. Et la nouvelle qu’elle n’avait pas tardé à annoncer par la suite l’avait aidé…

Maintenant, la dure réalité dans laquelle se trouvait la jeune fille lui avait été révélée. Faisant toujours tourner la rose entre ses doigts, elle ne put que constater le sourire radieux de la demoiselle la quitter, comme si un voile d’ombre venait de passer sur son visage. En même temps, les roses qui venaient d’éclore flétrirent à vitesse accélérée, et celle qu’elle tenait entre ses doigts n’échappa à ce funeste sort. Elina ne put s’empêcher de sentir un frisson lui parcourir l’échine. Elle gardait un mauvais souvenir du dernier Saruta-hiko qu’elle avait rencontré, dans ce même lieu, qui plus est. Sauf que la jeune fille avait eu la décence de choisir de manipuler des fleurs plutôt que des pierres, ce qui l’aidait à diminuer l’appréhension qu’elle ressentait en cet instant. Mais l’heure était davantage à la constatation, celle de l’effet qu’avait eu la révélation dont elle était à l’origine. De toute évidence, la nouvelle avait été choquante… La demoiselle semblait ne pas comprendre pourquoi on lui avait infligé un tel châtiment. Sous la directive de ses parents, elle avait caché son don aux autres, sage décision si elle pouvait se permettre un jugement. Mais inutile, étant donné qu’elle avait tout de même été amenée ici. Et le fait qu’elle n’ait rien fait de mal n’avait en rien influencé le déroulement des faits… La jeune blonde semblait en proie au désarroi, mais il n’y avait rien d’étonnant à cela. Du peu qu’elle pouvait en juger, la demoiselle n’était pas habituée aux coups durs, aussi rien d’étonnant à ce qu’elle soit à ce point affectée. Elle-même n’avait pas eu trop de mal à accepter sa situation, mais avec son passif, un coup dur de ce genre n’était pas aussi difficile à encaisser que pour certains. La jeune fille gardait cependant la tête hors de l’eau, ce qui était tout à son honneur. Peut-être que lui apporter quelques éclaircissements serait utile ? Mais il y avait tant de choses à dire… Par quoi commencer ? Décidemment, la communication, ce n’était pas son fort…

- Tu sais, tu n’as rien à te reprocher. Que tu sois une criminelle ou pas ne change rien, le simple fait de posséder un pouvoir te condamne à finir ici. C’est notre lot à tous…

Pour sa part, son enlèvement n’était pas ressenti comme une punition. Après tout, comparé à sa vie en Russie, sa vie ici était largement meilleure, et ce malgré les quelques désagréments qu’elle devait subir. Mais pour quelqu’un dont la vie d’avant était agréable, il n’y avait rien d’étonnant à ce que cette personne soit désemparée.

Elina était aussi quelque peu perdue. Elle ne savait pas comment agir avec cette jeune Suki Sayuri. Elle devait avoir à peu près son âge, à première vue, or se retrouver perdu dans un lieu inconnu aussi jeune n’était décidemment pas chose facile. Elle-même, sans Emily, ne s’en serait peut-être pas sortie. Mais elle n’était pas en mesure de lui apporter une aide semblable, malheureusement… Cependant, en cet instant précis, elle était la seule sur laquelle la jeune fille pouvait compter. Et puis, elle ne se sentait pas le cœur de la laisser là, seule, en pleine confusion. Aussi, dit-elle :

- Si tu veux, je peux essayer de répondre aux questions que tu te poses. Mais ça ne fait pas très longtemps que je suis arrivée, non plus, même pas un mois. Aussi, je risque de ne pas t’être d’un grand secours. Mais bon, si ça te convient, je veux bien faire de mon mieux. Par contre, il serait mieux qu’on quitte cet endroit, ce n’est pas vraiment l’idéal pour faire la discussion…

Elina n’avait vraiment pas confiance dans ce bois, aussi estimait-elle qu’il était préférable de trouver un endroit plus rassurant pour faire causette. Aussi, se releva-t-elle, toujours devant la demoiselle, et lui tendit-elle la main, lui demandant :

- Est-ce que tu es capable de marcher ?

Non pas qu’elle aurait été en mesure de la porter, dans le cas contraire. Mais comme elle semblait avoir fait une chute, elle s’était peut-être tordu la cheville, ou autre désagrément de ce genre. Elle pouvait cependant toujours s’arranger pour créer une créature de glace pour la porter, ou tout simplement lui prêter une épaule secourable.

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"Il n'y a que la vérité qui blesse..."

Cette nouvelle avait eu l'effet d'une balle en plein cœur, l'adolescente désespérée déjà sur les minces probabilités qu'elle possédait pour retrouver son chemin et désormais cette inconnue venait de couper le fin fil qui reliait Sayuri à ses chances de rentrer au bercail. La jeune fille tremblotait, retenant ses larmes. Qu'allait-elle faire, ou plutôt qu'allait-elle devenir? Sans famille ni amis chez qui loger, sans rations de survie, sans même une boîte d'allumettes pour créer un feu lors des nuits froides. Rien, juste la présence de ses amis les oiseaux et petits rongeurs la soutenant de loin, cachés dans leurs fourrés et son sac à dos où se trouvait ses maigres possessions. Par ailleurs, la blonde n'avait même pas regardé son contenu, elle ne se souvenait pas avoir fait ses bagages tout comme elle ne se souvenait pas avoir été enlevé et emmener en ces lieux.

Tu sais, tu n’as rien à te reprocher. Que tu sois une criminelle ou pas ne change rien, le simple fait de posséder un pouvoir te condamne à finir ici. C’est notre lot à tous…

A ces paroles, la miss Suki tilta. "Notre lot à tous" était-ce...Y avait-il des gens comme elle et la violine?

Si tu veux, je peux essayer de répondre aux questions que tu te poses. Mais ça ne fait pas très longtemps que je suis arrivée, non plus, même pas un mois. Aussi, je risque de ne pas t’être d’un grand secours. Mais bon, si ça te convient, je veux bien faire de mon mieux. Par contre, il serait mieux qu’on quitte cet endroit, ce n’est pas vraiment l’idéal pour faire la discussion… Est-ce que tu es capable de marcher ?

Tout en prononçant ses mots, la jeune femme tendit une main charitable à la petite qui s'empressa de l'accepter avec gratitude, s'appuyant sur ses jambes pour se redresser péniblement.

M-Merci ça ira je me suis juste écorché les genoux... Elle détournait le regard. Non pas parce que son interlocutrice lui faisait peur! Non, c'était juste que la petite poupée blonde avait peur de croiser le regard des autres. Regardant donc le sol elle poursuivait d'une voix douce et basse comme elle en avait le don lorsqu'elle se sentait gênée. M-merci beaucoup... De vouloir m'aider... J-je... Tu accepterais de rester avec moi? S'il te plaît... J'ai peur d'être toute seule et me perdre...
Elle releva délicatement le menton, les joues rougeoyantes de gêne, regardant la jeune femme d'une manière tendre. (Vous voyez? Le genre de regard que les enfants font lorsqu'ils demandent quelque chose et que vous trouvez ça irrésistiblement craquant?)

Elle reprit, toujours d'une voix faible et fluette.
Dis...tu as dit "notre lot" tout à l'heure...Tu veux dire qu'il y en a beaucoup des gens comme nous?...Il y en a des comme moi? Je veux dire avec le même don? E-Eux aussi ils ont tous été emmener de force ici?...

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La demoiselle se saisit de la main qu’elle lui tendait, et s’en aida pour se remettre debout. À part quelques écorchures, et une lèvre fendue, sa chute ne semblait pas lui avoir provoqué davantage de dégâts. Sa posture était ferme, bien qu’elle fut parcourue de tremblements, mais ceux-ci était sans doute moins dû à une quelconque douleur qu’au bouleversement qui l’accablait. À moins que ce ne soit la fatigue ? Quoi qu’il en soit, la jeune fille semblait en état de marcher, cela faisait un problème en moins à régler. Cette dernière la remercia d’ailleurs de son geste secourable, sans toutefois la fixer directement. Était-ce de la peur qui lui faisait fuir son regard ? Pourtant, elle n’était pas particulièrement effrayante… Enfin, rencontrer une inconnue dans un lieu qui l’était tout autant, après avoir appris son enlèvement, ce n’était pas forcément le meilleur moyen d’être mise en confiance…

La jeune fille reprit la parole, bien que son ton bas n’aidait pas vraiment à comprendre la teneur exacte de ses propos. Heureusement, Elina avait une bonne ouïe, comme cela avait encore été confirmé récemment, aussi put-elle entendre les nouveaux remerciements que la demoiselle lui offrait. Elle lui était reconnaissante de lui offrir son aide, et lui demandait en même temps de continuer de le faire, en restant à ses côtés. Le ton implorant qu’elle empruntait rendait difficile de le lui refuser, d’autant plus que son air de fragilité donnait l’impression qu’un raton laveur en viendrait à bout. Elle craignait qu’en restant seule, elle s’égare à nouveau. Et elle avait en effet toutes les chances que cela se produise, surtout si elle restait dans ce bois qui lui semblait aussi rassurant qu’il était terrifiant pour elle. Et pas moyen de se repérer efficacement, ici. Enfin, tout cela bien sûr si elle ne se faisait pas dévorer ou déchiqueter par une quelconque bestiole dissimulée dans ce bois… Non, la laisser ici revenait à peu de chose près à la condamner à mort. Et cela lui resterait sur sa conscience, aussi…

La jeune fille avait déjà commencé son interrogatoire, pendant ce temps-là. Apparemment, l’une de ses phrases l’avait interpellée, celle où elle avait laissé sous-entendre qu’ils étaient nombreux à avoir partagé le même sort qu’elle. Elle semblait désireuse de savoir s’il y avait beaucoup de gens qui possédaient un pouvoir, comme elles, et surtout d’autre qui avait le même que le sien. Ça, pour y en avoir, il y en avait… Elle voulait également savoir si tous avaient été amenés de la même manière. En entendant ces questions, Elina ne put s’empêcher de soupirer. Cela risquait d’être compliqué de tout lui expliquer…

- Il y a beaucoup de choses à dire… Mais je vais faire de mon mieux pour t’expliquer.

Ayant dit cela, la jeune russe pointa du doigt la route qui se trouvait à quelques mètres seulement de leur position. Le geste signifiait clairement qu’elles devaient bouger, mais pour être sure que le message soit bien passé, elle rajouta :

- On va commencer par sortir d’ici, j’ai comme l’impression que quelque chose approche…

En effet, depuis peu, elle avait l’impression que quelque chose grattait sa conscience, comme si elle était sur le point de percevoir une chose qu’elle n’aurait pas pu si elle avait été une simple humaine. Sans distinguer clairement de quoi il s’agissait, elle ressentait cependant le besoin urgent de s’éloigner de ce bois, comme si une menace planait sur elle. Enfin, sur elles, plutôt. Aussi, elle ouvrit la marche, se dirigeant prudemment vers la route, qui lui semblait des plus rassurantes en cet instant. Tout en marchant, elle commença à répondre à la jeune fille :

- Tout d’abord, sache que tu n’es pas la seule à posséder un don surnaturel. Je ne connais pas la proportion exacte de personnes qui en possèdent sur cette île, mais je pense qu’il doit y en avoir quand même beaucoup. Après tout, cette île est là pour les rassembler. On nous enlève pour nous soustraire à la compagnie des gens « normaux », soi-disant pour nous protéger, mais j’avoue que j’ai des doutes.

Faisant attention à ne pas se prendre les pieds dans les racines, et jetant de temps en temps un regard derrière elle pour s’assurer que Suki Sayuri la suivait bel et bien, Elina continuait sa progression vers la route.

- Je ne sais pas si tous ceux qui ont un pouvoir ont été enlevés, peut-être que certains d’entre eux sont nés ici. Mais même dans ce cas-là, je suppose que leurs parents ont été enlevés, eux aussi. Ah oui, il existe bel et bien d’autres personnes qui ont le même don que toi, celui de maîtriser la terre et les végétaux. Mais il y a d’autres types de pouvoirs, comme tu l’auras sans doute…

Elina ne termina pas sa phrase, car elle venait d’entendre quelque chose. Non, pas entendre… Ce n’était pas ses oreilles qui avaient perçu ce son, mais son esprit. Une pensée ? Mais ce qu’elle percevait lui faisait froid dans le dos…

« Tuer… Déchirer… Du sang… Frais et chaud… Délicieux… »

Une conscience froide et obscure venait de toucher sa conscience. Son don télépathique lui faisait percevoir les pensées d’une… d’une chose. Était-ce un animal ? Au fond d’elle, elle était persuadée que non. C’était quelque chose de plus… intelligent, et de plus dangereux qu’une bête sauvage. La chose, quelle qu’elle soit, était mauvaise. Non pas méchante, ni dangereuse, mais faite de pensées obscures et meurtrières. Une chose était sure : la chose s’approchait, et les avait repéré. Elle semblait se trouver encore loin, mais se rapprochait, et rapidement, par-dessus le marché ! Aussi, elle se retourna vers la jeune fille, et sans cérémonie, lui attrapa la main et se mit à courir, l’entraînant avec dans sa course, tout en lui criant par-dessus son épaule :

- Danger, on fonce !

Elle courut alors, traînant la demoiselle derrière elle jusqu’à atteindre la route, où elle ne ralentit pas pour autant. Elle avait l’impression que sortir du bois les mettrait à l’abri, mais elle continua cependant de courir sur quelques dizaines de mètres, jusqu’à ce que son esprit perçoive des mots plus rassurants :

« Partis… Hors du bois… Prochaine fois… »

La créature avait semblé renoncer à les poursuivre, aussi s’arrêta-t-elle, hors d’haleine, jetant des regards frénétiques à travers les arbres, essayant d’avoir un visuel de ce qui les avait pourchassés. Elle crut entrapercevoir une ombre se faufiler, à un moment, mais cela avait été tellement vite qu’elle n’était pas sure de ce qu’elle avait vu. Elle se rendit soudain compte qu’elle tremblait, des tremblements provoqués par la peur. Cette chose, là-bas, était dangereuse. Plus dangereuse que toutes les créatures et ennemis qu’elle avait pu rencontrer jusque-là. Mais le danger était passé, maintenant, elle pouvait se relâcher… et constater qu’elle tenait toujours la main de la jeune fille dans la sienne. Elle la lâcha vivement, avant de lui dire :

- Je suis désolée… Je t’ai entraîné avec moi, cela a dû te surprendre. Mais il y avait quelque chose, là-bas, et je n’avais vraiment pas envie de la rencontrer…

Elle espérait que ce qui venait de se passer n’avait pas suscité la méfiance chez la jeune fille envers elle, et qu’elle n’aurait pas la mauvaise idée de retourner se cacher dans le bois, où elle en était sure, la créature se cachait. Pour essayer de se rattraper, elle décida de se présenter à son tour :

- C’est vrai, je ne me suis pas présentée ! Je m’appelle Elina, Elina Volchkev. Mais ça doit être compliqué à dire, alors Elina suffira. Et toi, c’est quoi ton prénom ? Sayuri, ou Suki ?

Il lui serait plus simple de communiquer en connaissant son prénom, même elle savait cela. Alors qu’elle attendait la réponse de la demoiselle, Elina essaya de ne pas prêter attention aux bribes de pensées qui lui parvenaient encore par intermittence, comme si le signal était brouillé. En tout cas, cette expédition se sera finalement révélée utile, même si ce qu’elle avait découvert n’était pas vraiment à son goût…

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"Je te dois une fière chandelle"

Le profond soupire qu'avait laissé échapper l'adolescente traduisait probablement un long discours. En effet, la question qu'avait posée la blonde semblait avoir ouvert l'accès à une multitude de réponses. S'il y avait autant d'éventualité de réponse que de questions plausibles, il était certain que la jeune fille s'aventurer dans un terrain immense.
La violine proposa une nouvelle fois de quitter les lieux, disant percevoir un mauvais pressentiment. Sayuri avait des doutes, pourquoi cette femme semblait-elle si insistante sur le fait de quitter le bois? Sur cette île hostile, l'adolescente ne parvenait pas à penser à autre chose que des éventuelles tentatives vicieuses que pourraient user les gens l'entourant. Peut-être que la tignasse bleutée voulait éloigner sa proie de son élément pour mieux l'avoir? Cela pouvait sembler paranoïaque mais la prudence était mère de sûreté. Cependant, une tension pesante dans l'air semblait sous-entendre que la violine ne mentait pas, c'était pourquoi Sayuri lui fit confiance et se mit à la suivre. Après tout, peut-être qu'elle se trompait sur toute la ligne, en y repensant si la jeune femme lui voulait du mal elle lui en aurait probablement déjà fait, or elle s'était montré douce et chaleureuse avec la petite blondinette.

Tout en marchant, s'éloignant de pas en pas des bois, la violette tentait de répondre de son mieux aux demandes de la nouvelle arrivante. Le nombre de détenteurs de magie était inconnu pour elle aussi mais elle supposait que leur nombre était plutôt important et surement en perpétuelle croissance. De plus, il y avait d'autres magiciens usant du même élément que la campagnarde, des descendants de la même divinité. Cela devait être pareille pour chaque divinité nippone supposait alors la blonde.

Étrangement, la fille se stoppa net ne finissant pas sa phrase. Elle regardait en direction de la forêt d'une manière bizarre... Une expression de peur? Elle agrippa subitement la main de notre protagoniste et se mit à accélérait le pas, prévenant d'un danger imminent. Sayuri ne comprenait pas les inquiétudes de sa compagne, cependant un souffle glacial la fit frémir suivit d'un piaillement de merle perçant le silence de la forêt. Sayuri avait appris à reconnaître les intonations des oiseaux pour comprendre leurs sentiments et il n'y avait nul doute que ce cri était celui d'un animal paniqué sonnant l'alarme à ses compères.
Fermement tenu par la violine en fuite, la blonde ne pouvait que suivre le mouvement et s'enfuir avec elle. Arrivait à une certaine distance, elles s’arrêtèrent, essoufflées.

Je suis désolée… Je t’ai entraîné avec moi, cela a dû te surprendre. Mais il y avait quelque chose, là-bas, et je n’avais vraiment pas envie de la rencontrer…

La jeune fille lâcha la main de la miss Suki qu'elle n'avait pas lâcher une seule seconde durant la fuite avant de poursuivre,

C’est vrai, je ne me suis pas présentée ! Je m’appelle Elina, Elina Volchkev. Mais ça doit être compliqué à dire, alors Elina suffira. Et toi, c’est quoi ton prénom ? Sayuri, ou Suki ?

Les mains posées sur ses genoux, Sayuri tentait de retrouver son calme et son rythme respiratoire.

-C-ça va...T'inquiète pas... M-Mais comment tu as su pour ce truc?...I-Il ne faisait aucun bruit pourtant... Relevant la tête, elle lui lança un sourit reconnaissant entrecouper par une respiration forte et bruyante causée par la montée d'adrénaline et de stress.E-En tout cas merci...Elina c'est ça?...Moi c'est Sayuri! Suki est mon nom de famille!

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Le souffle toujours court, Elina attendait avec une certaine inquiétude la réaction de la jeune fille, qui elle aussi était toujours essoufflée. Les mains posées sur ses genoux, elle prenait de profondes inspirations. La jeune russe, elle, constatait avec résignation qu’elle avait un point de côté, aussi que les jambes flageolantes. Il faut dire qu’avec cette course effrénée associée à la longue marche qu’elle avait déjà parcourue, ses pauvres jambes de sédentaires en avaient pris un coup. Enfin, marcher dans plusieurs centimètres de neige, ce n’était pas moins épuisant, et cela, elle y était habituée, dès lors sa fatigue aurait pu être pire. Et heureusement, car de la marche, il en restait, avant qu’elle puisse enfin se prélasser. Et dire qu’elle devait seulement cuisiner, en rentrant… Heureusement, elle avait prévu quelque chose de simple, mais encore fallait-il qu’elle ait le temps de rentrer avant Emily… Ce qui s’annonçait plus compliqué que prévu, vu la tournure des évènements. Enfin, pour l’instant, elle préférait se concentrer sur la jeune fille, et la réponse qu’elle allait lui donner d’une seconde à l’autre.

Bonne nouvelle, elle ne semblait pas lui en vouloir de l’avoir entraîné de force derrière elle, sans lui donner plus de détails sur les raisons qu’elle avait de vouloir se carapater. Enfin, elle semblait avoir remarqué quelque chose tout de même, étant donné qu’elle se demandait comment elle avait fait pour remarquer la chose qui les avait traqué malgré le fait que cette dernière s’était montré des plus silencieuses. Cela signifiait qu’elle n’avait pas perçu les pensées de la créature, ne disposait-elle donc pas du don de télépathie ? Peut-être que son pouvoir n’était pas assez développé, tout comme l’était le sien il n’y avait pas si longtemps. Sayuri, car c’était là son prénom, la remercia, tout en lui offrant un sourire reconnaissant. Était-ce pour l’avoir soustrait au danger qui planait sur elles, ou pour une autre raison ? La raison lui importait peu, le principal était qu’elles avaient quitté les bois, et que la jeune fille ne semblait pas désireuse de s’y réfugier à nouveau. La jeune fille était toujours en train de reprendre son souffle, aussi Elina lui laissa le temps de récupérer, en profitant pour lui répondre :

- Eh bien, si j’ai su que cette… chose en avait après nous, c’est grâce à mon pouvoir. J’ai entendu… ses pensées, et crois-moi, elles n’avaient rien d’amicales… Alors, évite autant que possible de retourner dans ce bois, d’accord ?

Voilà qu’elle lui donnait des conseils, maintenant. Sans compter qu’elle venait de lui révéler sans y faire attention l’un de ses secrets. Déjà qu’elle lui avait montré fissa qu’elle avait un pouvoir, avant même d’échanger le moindre mot. Décidemment, elle se montrait bien imprudente… Dire qu’auparavant, elle n’aurait probablement même pas adressé la parole à cette jeune fille ! Quoi qu’il en soit, maintenant qu’elle semblait avoir récupérer son souffle, Elina estimait qu’elle pouvait reprendre leur marche. C’était que mine de rien, il restait plus d’une heure de marche avant d’atteindre la ville ! Mais avant d’envisager cela, Elina attrapa son sac qu’elle ouvrit, sortant une bouteille d’eau. Sachant ce qui l’attendait, elle avait cru bon d’en emporter une, et sur le coup, elle était ravie de sa prévenance. Elle but, une longue gorgée, et pris d’une soudaine considération, la tandis à Sayuri :

- Si tu as soif, ne te prives surtout pas. Le jour de mon arrivée sur l’île, j’ai bien cru que j’allais mourir de soif.

Elle laissa la jeune fille se saisir de la bouteille, sans qu’elle ne boive de son contenu pour autant. Est-ce qu'elle hésitait à boire ? Peut-être craignait-elle que l'eau soit droguée, ou qu'elle était simplement dégoûtée à l'idée de boire à une bouteille déjà utilisée ? La laissant décider si oui ou non elle voulait boire, Elina se tourna vers la direction de la route qui lui permettrait d’atteindre la ville, et finit par demander :

- Je pense que le mieux qu’on puisse faire, c’est de se diriger vers la ville. Il y en a pour une bonne heure de marche, par contre. Enfin, sauf si tu préfères rester ici encore un peu. Quoi que tu décides, je reste avec toi, alors ne te sens pas obligée d’accepter. Enfin, je ne pourrais pas non plus rester éternellement sur ce bord de route, remarque…

Elina ne voulait pas lui forcer la main, car maintenant qu’elles étaient hors du bois, elle se sentait déjà plus à son aise. Seulement, à son sens, se diriger vers la ville était la meilleure chose à faire, car après tout, elle non plus ne pouvait quand même pas rester sur ce bord de route…

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Guide-moi...

Alors comme ça, la demoiselle pouvait lire dans les pensées d'autrui? C'était aux yeux de la blonde platinée une capacité utile et extraordinaire mais à la fois redoutable. C'était à ce moment-là que la jeune fille s’estimait heureuse de ne pas avoir pensé en mal d'Élina, elle s'en serait énormément voulu en sachant que la violine aurait pu tout entendre! En tout cas, elle avait été chanceuse de tomber sur une adolescente aussi gentille et à la magie développée. Si la magicienne aquatique avait été une personne malsaine ou une simple humaine elles se seraient retrouvées toutes deux dans des ennuis colossaux.
Maintenant qu'elle y repensait, Sayuri se trouvait bien faible et inutile en comparaison à son interlocutrice. Ses pouvoirs se limiter à faire léviter des pierres de toutes tailles, modifier la croissance des végétaux et crée un petit mur de boue pour se protéger. Rien de bien formidable par rapport aux capacités physiques et psychiques de l'autre jeune femme.

Tu es drôlement forte pour pouvoir faire ça, je veux dire lire dans les pensées! Ça doit être pratique... Avec des limites à ne pas franchir bien sûr! Dit-elle d'un ton enjoué.
Elle se demandait bien comment ce pouvoir pouvait être acquis et apprendre à s'en servir.

La jeune fille sortit une bouteille d'eau de son sac et y but plusieurs gorgées. Elle semblait hésité puis tendit le récipient à la blonde. Sayuri regarda quelque temps l'eau à travers le plastique transparent, hésitant à boire son contenu. Il ne restait plus beaucoup d'eau à l’intérieur de la bouteille et l'adolescente ne voulait pas en boire tout le contenu, après tout peut-être que c'était l'unique bouteille qu'avait Élina et Sayuri ne savaient pas combien de temps elle allait passer dehors sans avoir la possibilité de remplir sa gourde. Mais l'envie prit le dessus et la blonde déposa ses lèvres sur le goulot et but deux courtes gorgées, laissant un fond de liquide dans la boîte de plastique.

La miss une fois désaltérée, rendit à la violine ce qui lui appartenait tout en écoutant sa proposition. Il était vrai que se rendre en ville était la meilleure des choses à faire ascendant la blonde avait en quelque sorte peur de s'y rendre. Elle se tourna alors, les yeux rivés sur l’étendue de végétaux, puis vers le sentier menant à la civilisation. Elle soupira et répondit.

C'est vrai que le bois n'est pas une bonne idée...M-Mais... J'ai un peu peur de la ville...J'ai toujours vécu dans un petit village avec peu d'habitants parmi les plaines et les étendues broussailleuses des bois...Alors...Aller en ville c'est nouveau pour moi...S-S'il te plait, tu veux bien que l'on reste un peu ici ? Juste le temps que je me sente prête à aller en ville loin de la sérénité des plaines...

Elle s'assit sur l'herbe et leva la tête vers sa charmante compagnonne.

Promis on ne restera pas longtemps ici! Et...Dis...Tu promets de rester prêt de moi en ville?...J'ai peur des endroits bondés de monde...

L'adolescente après quelques hésitations finit par acceptait la demande de Sayuri et vint s'asseoir à ses côtés.
Un long moment de silence s'était installé et fut brisé par une question.

Au fait, Elina? C-Comment tu as fait pour survivre ici? Je veux dire pour t’adapter et passer à autres choses que ta vie d'avant? Tu...Tu n'as pas envie de rentrer chez toi parfois?...

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La demoiselle l’avait complimenté sur sa capacité à lire dans les pensées. Pratique, qu’elle disait, mais à utiliser dans certaines limites. Elina était bien d’accord avec elle sur ce point. C’était d’ailleurs pour cela qu’elle s’employait au maximum à éviter de laisser son don pénétrer la conscience des autres, car elle n’était guère du genre à souhaiter fouiller dans l’espace intime des autres. Mais elle devait bien avouer que dans ce cas-ci, elle aurait aimé savoir ce qui se passait dans la tête de la demoiselle afin d’anticiper sa réponse, et les causes d’un éventuel refus. Raison pour laquelle justement elle mettait en jeu toute sa concentration pour ne pas le faire. C’est pourquoi elle attendait silencieusement que Sayuri reprenne la parole. Au lieu de quoi, elle décida de boire un peu de l’eau qui restait dans la bouteille qu’Elina lui avait précédemment offerte. Bouteille qu’elle lui rendit après en avoir avalé une partie du contenu. La jeune fille ne tarda pas à soupirer, bien que la raison de ce dernier échappait à la jeune russe. Sayuri lui expliqua alors que bien qu’elle soit d’accord avec elle quant au fait qu’aller en ville serait le meilleur choix, cette décision ne lui était pas facile. En plus d’être sur une île inconnue, elle n’était pas habituée aux villes, même de là où elle venait. Elle vivait dans un petit village, dès lors se rendre dans un endroit avec autant de monde l’angoissait quelque peu. Elle demanda alors s’il était possible de rester un peu ici, sur le bord de la route, dans ce décor plus rural qui lui était plus familier. Elina hésita à accepter. La notion du temps variait d’une personne à l’autre, ainsi, « un peu » pouvait signifier des durées diamétralement opposées selon les interprétations. Néanmoins, sous l’insistance de la demoiselle qui lui promettait qu’elles ne s’éterniseraient pas en ces lieux, elle céda, et vint la rejoindre sur la bande d’herbe sur laquelle elle-même s’était déjà installée. Heureusement, l’herbe était sèche malgré la saison, si bien que son fessier resta au sec malgré tout.

La demoiselle lui demandait si elle acceptait de rester avec elle, une fois en ville, car la foule lui faisait peur. Cela ne la dérangeait pas, car elle n’avait pas eu l’intention de l’abandonner une fois arrivée en ville, même si elle devait bien l’avouer, elle ne savait pas trop comment elle pourrait l’aider par la suite. Cependant, elle lui répondit :

- Ne t’inquiètes pas, je ne te laisserais pas toute seule. Je ferais ce que je peux pour t’aider.

Des paroles qu’elle ne se serait pas cru prononcer un jour. Cependant, elle l’avait fait, prenant de ce fait un engagement. Le silence s’installa ensuite, aucune de des deux jeunes ne prenant la parole. Elina ne savait pas quel genre d’informations cherchait la demoiselle, dès lors en donner d’elle-même lui semblait difficile. Heureusement, Sayuri finit par poser une question, une question assez personnelle, d’ailleurs, mais qui était malgré tout compréhensible. En effet, elle voulait comment elle avait fait pour s’acclimater à sa nouvelle vie, et si l’ancienne ne lui manquait pas. En l’entendant évoquer son passé, Elina ne put s’empêcher de pousser un profond soupir. Elle enchérit rapidement avec une réponse à ces questions :

- Je ne suis pas vraiment la meilleure personne pour répondre à cette question. Tu vois, je ne regrette pas l’endroit d’où je viens, au contraire, je préfère être ici. Enfin, ce serait mentir que de dire tout apprécier, mais dans l’ensemble, ma vie ici est meilleure que là d’où je viens. Mais je suppose que toi, ta vie d’avant te plaisait, alors forcément, les expériences ne sont pas comparables…

C’était la stricte vérité, seulement, ce n’était pas cela qui allait rassurer la demoiselle sur ses chances de s’acclimater. Aussi, elle reprit :

- Mais je connais une autre personne, qui elle aussi, aimerait rentrer chez elle. Pourtant, elle a très bien réussi à s’adapter à ce nouvel environnement. Donc, tu as toutes les chances d’y arriver aussi.

Ces paroles étaient déjà mieux, seulement, cela manquait de détails. Aussi, elle reprit à nouveau la parole :

- C’est cette personne qui m’a aidé à trouver une nouvelle vie ici. Grâce à elle, j’ai eu un toit. Sans cela, je ne sais pas trop ce qui me serait arrivé… Je n’avais pas d’argent, alors je n’aurais pas pu me payer de loyer, ni de nourriture…

Elina eut soudain une idée, ou plutôt se rappela-t-elle un détail qui, elle le pensait, serait utile à Sayuri. Elle s’empressa de lui en faire part :

- Mais au fait, tu n’as pas un compte en banque, ou un truc du genre, chez toi ? Car si tu en a un, tu pourras le récupérer ici, en donc en profiter ! Cela te sera d’une grande aide, crois-moi !

En effet, Elina se rappelait que l’argent que les possesseurs divins avaient chez eux était disponible, ici aussi. Dès lors, si Sayuri disposait d’une ressource financière, elle pourrait en bénéficier ici aussi ! Ou si elle parvenait à contacter ses parents, ceux-ci pourraient lui envoyer de l’argent, pour qu’elle dispose d’un certain confort de vie.

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Mes économies ne m'auront pas été vaines...Enfin j'espère.

Sayuri appréhendait vraiment l'idée de se retrouver dans une ville. Ayant grandi dans un village assez grand pour y être heureux et assez petit pour y connaitre tous les habitants, la blonde avait était habituer à vivre au sein d'une immense famille qui avait pour règle d'or l'entraide. Or, elle se trouvait désormais bien loin de sa petite bulle paisible où l'odeur des champs flottait en permanence dans l'air doux et pur. Dorénavant elle allait devoir résider dans une ville, ces lieux gigantesques où tout le monde est de parfaits inconnus plongés dans un monde d'électroniques et de mécanique, respirant du matin au soir un air pollué par les véhicules longeant les rues faisant du centre-ville un véritable labyrinthe d'avenue et boulevards. Oui, cela semblait être un monde parallèle regroupant tout ce que la campagne ne possède pas. Dans cette île tout entière, l'adolescente n'était qu'un chat égaré et apeuré cherchant une âme charitable pour le ramasser de ce bord de trottoir et l'emmener dans un petit nid douillet.
Ce qui parvenait à rassurer la jeune fille, c'était la présence d'Élina qui avait acceptait de venir en aide à cette fille paumée qu'elle ne connaissait pas et dont rien ne l'obligeait de lui venir en aide. De plus, cette dernière promit à Sayuri qu'elle resterait à ses côtés lorsqu'elles se retrouveront au coeur de la métropole. Ce qui fit sourire la blonde platinée. Elle se sentait sous la protection d'un ange gardien aux côtés de la violine.

À l'entente de la question de la miss Suki, l'adolescente ne put s’empêcher de lâcher un profond soupire. Elle lui expliqua qu'elle ne regrettait pas sa vie d'avant mais que cela était donc opposé à ce que ressentît la petite blonde et que donc leurs deux expériences n'étaient pas comparables.

-Je vois... Excuse moi si je t'ai remémoré de mauvais souvenirs...

Elina expliquait ensuite qu'elle avait une connaissance qui avait les mêmes problèmes que Sayuri et qui souhaitait retrouver son ancienne vie et qui avait tout de même su s'adapter. Cette "connaissance" semblait être quelqu'un de très proche car elles partageaient toutes deux un appartement. Cette personne avait sauvé la violine d'une errance certaine, cela devait être quelqu'un d'admirable pour avoir offert un toit à une parfaite inconnue.

Un toit... L'angoisse submergea soudainement Sayuri. Un logement! Comment allait-elle trouver un logement?! Elle n'avait rien avec elle!
Apparemment, Élina se posa la même question au même moment et demanda à la blonde si elle possédait de l'argent.

-E-Eh bien... J-J'économisais depuis deux ans pour partir à Kyôto étudiait dans une faculté de médecine... M-Mais ici on parle anglais... A-Alors la monnaie doit être le Livre si je ne me trompe pas? M-Mon argent ne vaut rien ici n-non? Bégayait-elle un peu stressait.

Maintenant qu'elle y pensait, elle n'avait pas remarqué une seule seconde qu'elle parlait depuis le début en anglais. Si l'adolescente connaissait cette langue malgré son milieu de vie coupé du monde, c'était parce que sa mère était née à Londres et que, folle amoureuse de son père elle accepta le fait de devoir quitter l’Angleterre pour venir vivre dans cette petite contrée japonaise. Cette origine britannique expliquait d'ailleurs le fait que Sayuri avait une chevelure blonde est non pas d'un brun typiquement asiatique.

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Apparemment, cette question mettait mal à l’aise la demoiselle assise à côté d’elle. Craignait-elle que cette question avait pour but de savoir les avoirs qu’elle possédait afin de pouvoir l’en déposséder ? Non, ça c’était le boulot de son père, pas le sien. Sa question était dénuée de tout intérêt personnel, mais si elle avait quelques ressources derrière elle, ses possibilités d’adaptation s’en trouveraient grandement renforcées. Mais Sayuri finit par répondre, non sans un certain bégayement certes, mais d’une façon suffisamment claire que pour que la jeune russe comprenne ce qu’elle disait. Ainsi, elle économisait depuis deux ans de quoi se payer des études de médecine à Kyoto. Kyoto ? Ce nom lui rappelait vaguement quelque chose… Mais oui ! Cela ressemblait à Tokyo, la capitale du Japon ! Est-ce que cela voulait dire que c’était aussi une ville japonaise ? Décidemment, elle devait vraiment approfondir ses connaissances sur le Japon…

La supposée nippone lui faisait maintenant part de ses craintes quant à l’inutilité des économies qu’elle avait rassemblées, maintenant qu’elle se trouvait ici. Elle pensait que la monnaie en cours était la livre, étant donné que les gens parlaient anglais. Personnellement, elle aurait davantage misé sur le dollar américain en entendant la langue locale… Mais les idées préconçues n’avaient pas cours, sur cette île. Vu qu’après tout, aucune de ces deux monnaies n’étaient gagnantes…

- Cette île est très… bizarre, tu sais. Elle a son propre système monétaire. Ici, on ne parle pas de livre, mais de koliz. Mais rassure-toi, l’argent que tu as en… yen, c’est ça ? Eh bien, cet argent sera automatiquement converti en koliz, tu pourras donc en bénéficier. Il faudra par contre passer par la banque pour t’ouvrir un compte, et demander la récupération de tes biens. Enfin, je suppose…

Elle-même n’avait dû entreprendre aucune démarche pour avoir un compte sur cette île, aussi elle ne savait pas trop comment cela fonctionnait pour les autres. Mais faire un passage à la banque n’allait certainement rien leur coûter, enfin, le supposait-elle du moins. Bon, ce problème-là semblait régler, en théorie du moins. Restait un autre problème épineux, celui du logement. Même avec des ressources financières, il fallait encore trouver un endroit pouvant convenir à ses finances, et qu’il soit disponible tout de suite. Sans compter qu’elle ne savait pas combien de temps ça prendrait pour qu’elle récupère cet argent. Donc, dans l’immédiat, il fallait lui trouver un endroit où passer la nuit. Et idéalement, de quoi se nourrir. Elina essayait de se rappeler ce qu’elle avait envisagé de faire le jour de son arrivée, mais à part dormir à la belle étoile en buvant à même une source d’eau sauvage et grignotant l’une ou l’autre racine pour tout repas, ses perspectives n’avaient rien eu de très élaborées. Et elle ne se sentait pas de lui proposer cela, alors qu’une autre solution s’offrait à elle. Mais cette dernière était compliquée… Elle pouvait en effet lui proposer de passer la nuit chez elle, à l’appartement qu’elle partageait avec Emily. Certes, il n’y avait pas davantage de place pour une troisième personne, mais au moins, ses besoins vitaux seraient assurés. Seulement, cette décision ne la concernait pas qu’elle, mais également la jeune femme, qui, au passage, était la seule vraie locataire du dit appartement. Elle décida dans un premier de mettre de côté cette problématique, estimant qu’elle pouvait la remettre à plus tard. Pour l’instant, elle espérait avoir réussi à amenuiser les craintes de Sayuri, qui n’avait plus posé de questions pour l’instant. Aussi, se permit-elle de le faire elle-même :

- Est-ce que tu as faim ? Si tu veux, je veux bien te payer quelque chose à manger, plus tard.

Enfin, j’ai des finances limitées, alors ça ne pourra pas être grand-chose d’extraordinaire.
Elina était fière, et surtout surprise, de faire preuve d’autant de considération à l’égard de cette étrangère. Quelles étaient les raisons qui la poussaient à se comporter de la sorte ? Il était probable que de voir cette jeune fille livrée à elle-même sur cette île lui rappelait les difficultés auxquelles elle avait dû faire face en débarquant ici. Sans compter qu’elle dégageait un tel air de fragilité qu’elle lui donnait l’impression qu’elle ne parviendrait pas à se sortir seule de cette situation. Néanmoins, cela n’en restait pas moins étonnant qu’elle s’implique autant pour venir en aide à cette jeune fille, au vu de la tendance asociale de son caractère. Peut-être cette demoiselle réveillait en elle l’humanité qu’elle croyait avoir perdu ?

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Tu es si gentille...

La réponse de sa sauveuse rassura Sayuri. Cette île avait comme tous les continents "normaux" sa propre monnaie et il était possible de faire un échange pour convertir les yens que possédait la nippone en "Koliz" s'il elle avait bien prononcé le nom. Elina proposa alors un passage par la banque qui était le lieu le plus logique pour y parler possessions monétaires. Ceci faisait une raison de plus pour quitter sa petite bulle rurale paisible pour s’engouffrer dans le monde technologique de la métropole de l'île. De plus l'adolescente devait trouver un logement convenable. Dormir à la belle étoile ne la déranger pas, mais elle devait bien avouée que vivre ainsi jusqu'à la fin de ses jours sur cette île s'étant pour le moment montrée hostile envers elle n'était tout sauf une bonne idée. Elle devait donc se rendre à une agence immobilière. Ah... Vraiment toutes ces choses étaient nouvelles pour la blonde qui n'avait encore jamais eu à se soucier de tout cela. Dans son village c'était une famille dans la maison familiale et ce depuis des générations. Les jeunes gens quittaient la demeure familiale uniquement pour deux conditions, se marier ou décider de quitter le patelin. En bref ces deux solutions d'entrée dans le monde des adultes n'avaient jamais traversé l'esprit encore enfantin de notre protagoniste.

Un blanc s'était installé entre les deux adolescentes. C'était assez pesant mais bien heureusement le violine reprit la parole.

Est-ce que tu as faim ? Si tu veux, je veux bien te payer quelque chose à manger, plus tard. Enfin, j’ai des finances limitées, alors ça ne pourra pas être grand-chose d’extraordinaire.

La jeune fille se sentit rougir de gêne, elle ne voulait pas profiter des biens de l'adolescente qui avait déjà tant fait pour lui venir en aide.

Oh... N-non ça ira merci... T-Tu as déjà fait beaucoup pour moi... Je ne peux pas accepter... Répondit-elle d'un ton voulant être sincère.

Hélas l'estomac de cette dernière lui fit faux bond en la trahissant d'un profond gargouillement. La jeune fille ne savait plus où se mettre désormais, devenu aussi rouge qu'une tomate et en détournant le regard, elle ajouta.

B-Bon... Allons en ville tu veux bien?

Oui, il y avait bien mieux comme technique de diversion mais celle-ci était la seule qu'avait trouvé Sayuri sur le coup.

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À peine avait-elle fait cette proposition que la jeune fille s’empourpra et s’empressa de décliner l’offre d’Elina. Apparemment, accepter cette dernière ne serait pas correct selon l’interprétation que la demoiselle se fit des propos de Sayuri. Elle avait déjà fait tellement pour elle ! Elina ne voyait pas trop ce qu’elle entendait par là, car après tout, elle n’avait quasiment rien fait. Elle lui avait donné quelques informations, tout au plus… À moins qu’elle ne fasse référence à la bouteille d’eau ? Elle n’en avait pourtant bu qu’un tout petit peu, elle ne devait donc surement pas avoir particulièrement soif. Dès lors, elle n’avait rien fait d’extraordinaire, du moins pas de quoi rendre le fait d’accepter un repas sur le pouce inacceptable. Enfin, elle n’avait peut-être tout simplement pas faim…

Un grognement sourd se fit alors entendre. Il ne provenait pas d’une quelconque bête sauvage embusqué à quelques mètres de là, mais bien de l’estomac de Sayuri. Celle-ci s’empourpra encore davantage, si bien qu’on aurait pu croire que de la fumée allait sortir de sa tête. Avec une telle réaction, il aurait été difficile d’encore ignorer la provenance de ce son. En tout cas, ce dernier signalait que la jeune fille n’avait pas l’estomac rempli, bien au contraire. Dès lors, la raison de son refus était due à un surplus de politesse. Ce qu’elle trouvait illogique, étant donné que se nourrir aurait dû être l’une de ses priorités immédiates. Elle pouvait cependant comprendre qu’elle ne voulait pas se retrouver redevable, elle-même n’appréciait guère ce sentiment. Alors, elle n’insista pas, après tout, elle n’était pas du genre à forcer les autres à suivre ses idées. Enfin, elle l’avait bien traîné derrière elle lorsque la créature s’était manifestée, mais dans ce cas-là, c’était une question de vie ou de mort, littéralement, elle estimait donc ne pas avoir été en tort.

Sayuri, le visage toujours écarlate, manifesta son désir de se rendre en ville. Il s’agissait clairement d’une tentative de changement de sujet, afin d’essayer de faire comme si son estomac ne s’était pas manifesté quelques instants plus tôt. L’essai était plutôt loupé, mais Elina ne fit aucun commentaire, par souci de lui épargner davantage d’embarras. Elle aussi détestait se retrouver dans des situations gênantes, alors elle pouvait comprendre ce que ressentait la demoiselle en cet instant. Et puis, cela l’arrangeait, car ainsi, elles allaient pouvoir regagner la ville, et entreprendre les démarches nécessaires à l’adaptation de la jeune fille sur l’île. Aussi, se releva-t-elle, et épousseta l’arrière de sa jupe afin d’en chasser les brins d’herbe qui s’y étaient perdus. Jetant un regard en coin, elle vit que la demoiselle à ses côtés se relevait à son tour. Apparemment, la seule chose qui leur restait à faire était de se mettre en marche.

- Eh bien, allons-y alors. J’espère que tu n’as pas peur de marcher, ce n’est pas juste à côté. Enfin, on fera des pauses si nécessaires, si cela ne te déranges pas.

En effet, ce n’était pas là une mince étape à accomplir, étant donné la durée de marche qui les attendait. Et Elina n’avait pas parlé de pauses uniquement par soucis de permettre un brin de repos à la demoiselle qui allait l’accompagner sur ce chemin du retour, mais également pour elle aussi. Eh oui, les performances athlétiques de la jeune russe avaient encore des progrès à faire avant qu’elle ne sorte frais et dispo de ce genre d’effort physique…

HRP:

» Enfant perdu en détresse. {pv Sakura Kurobane}
» Le temple perdu de Tsukuyomi /part 1/ {pv Eloïse}
» Le temple perdu de Tsukuyomi /part 2/ {pv Eloïse}
» Sythiss Kiary, L'arrivé du glaçon perdu sur l'île vivante
» Cette rencontre restera gravée, sur la peau.