Coeur d'adolescent [PV Ethan A. Reed]

La belle avait pris quelques heures ces derniers temps, pour aider son ainé à gérer au mieux les dernières semaines de grossesse de sa fiancée. Hanna n'avait pas manqué de s'occuper de sa belle-soeur. Si les débuts avaient été difficiles, les deux blondes se révélant plutôt possessives avec le mélomanes, elles avaient fini par s'entendre jusqu'à développer une certaine complicité. Telle, qu'elles n'hésitaient parfois pas à faire tourner Oliver en bourrique.

Mais aujourd'hui, la jolie Rajin retrouvait les couleurs de l'Hôpital comme presque chaque jour à vrai dire. Mais elle devait bien avouer qu'elle avait en ce moment un petit chouchou parmi ses patients. Un jeune homme de dix huit ans ayant passé ces quatre dernières années dans le coma. Elle avait été l'une des principales à s'occuper de lui depuis son arrivée sur l'île et s'était attaché au jeune brun à force de s'occuper de lui et d'entendre sa grande soeur parlait du bon vieux temps.

L'auburn en souffrait, Hanna s'en était aperçue et même si, au départ, elle s'était trouvée froide avec elle, l'interne était parvenue à percer cette coquille qu'elle avait érigé autour d'elle. Thea avait confiance en elle et jamais la finlandaise ne lui donnerait une raison de la mettre en doute. Depuis son éveil, le dénommé Ethan se trouvait malheureusement amnésique, une conséquence bien trop fréquente chez les personnes restant "endormies" trop longtemps.

La belle à la crinière dorée, affublée de sa blouse sous laquelle se cachait une jolie robe rouge toquait lentement à la porte avant d'entrer dans la chambre, son sourire radieux habituel sur les lèvres.

"Bonjour Ethan ! Tu as bien dormi cette nuit ?"

Sa voix était douce, comme à l'accoutumée. Hanna était connue pour sa gentillesse et sa délicatesse et était aimée par de nombreux patients. Un si joli minois passait rarement inaperçu. S'approchant du lit du jeune brun, elle attrapa les transmissions accrochée en son bout afin de les examiner.

"Tu étais encore un peu fiévreux cette nuit à ce que je vois."

Apparemment cette passion date de ton "ancienne" vie, c'est cet art qui te permet de ne pas devenir fou. Rester cloîtré dans cette pièce, entre ces quatre murs à la couleur impersonnelle te rendait fou. Heureusement, celle qui se disait partager le même sang que toi, ta soeur, avait pris soin de te ramener ce carnet d'esquisse et ces crayons te permettant de t'évader. Et faut dire, sans aucun parti pris que ton talent était indéniable ! Portraits, paysages, simples croquis ou encore inventions de ton imagination, tous passaient sous tes coups de crayons et c'était d’ailleurs ces dessins qui te permettaient d'avoir quelques mots à échanger avec Théa. Discuter avec la rouge était très difficile, une certaine gène s'était installée entre vous deux. Faut dire que ne pas la reconnaître avait jeté un froid dès le début de vos retrouvailles. Tu l'avais blessée c'était certain mais pourtant elle revenait jour après jour te voir malgré le peu de conversations que vous aviez ensemble. Tu parlais même plus avec sa petite amie, une dénommée Serena qui était très d'une compagnie très agréable.

Bref, tu étais là dans ton lit d’hôpital après une nuit des plus agitée, en train de dessiner donc quand une personne que tu connaissais très bien pénétra dans ta chambre. Il s'agissait de ton médecin personnel, une jeune interne qui avait été la première personne que tu avais vu lors de ton réveil. Déjà ton cœur s'emballait lorsque ton regard se posait sur elle et à chaque fois tu ne manquais pas de le lui faire remarquer. Un sourire s'étira sur ton facies avant que tu ne caches ton dessin pour le recouvrir d'un autre. Tu avais beau te la jouer séducteur tu ne voulais pas qu'elle voit le portrait très fidèle que tu faisais d'elle. La blondinette s'adressa à toi demandant si tu avais bien dormi. Malheureusement non....

"Hello, très bien et toi ? Toujours pas décidé à vouloir manger un morceau immonde à la cafétéria avec moi ?" Tu lui adressais un clin d'oeil avant de poursuivre voyant ses constatations sur ta fiche de constante : "C'est parce que j'ai rêvé de toi c'est normal de chauffer un peu."

Tu décides de te lever posant ton carnet à dessin sur ta table de chevet pour te diriger vers la fenêtre située à quelques pas seulement. Les feuilles mortes jonchaient le sol et quelques employés de l'institut hospitalier prenaient grand soin de déblayer les accès. Le ciel était gris, il faisait froid et pourtant tu mourrais d'envie de pouvoir te promener à l'extérieur, de parcourir le bord de mer... et pourtant cela t'était pour le moment interdit. Te réveiller après tant d'années pour finalement être de nouveau emprisonné... tu ne l'acceptais pas et cela devenait très difficile à vivre provoquant régulièrement des conflits avec le personnel de l'hopital et ton entourage à tel point que la plupart du temps c'était Hanna qui intervenait pour jouer les médiatrices. Machinalement tu posais la main sur la vitre froide te séparant du monde extérieur.

"Hanna tu ne veux toujours pas me laisser sortir ? Je vais bien maintenant."

Un sourire ourla les lippes de la douce, ce jeune homme était relativement adorable avec elle, bien que quelque peu charmeur. Il n'était pas le premier, mais celui-ci était différent des autres. Il était plus ... plus candide. Rien de plus "normal" pour ce garçon dont la vie s'était mise en pause à l'âge de quatorze ans. Il en avait maintenant dix-huit, physiquement, mais sa candeur lui donnait un côté mignon, attachant. Levant les yeux un instant des transmissions de son jeune patient, elle lui accorda un regard malicieux avant de mentionner ses pics de fièvre. Et de nouveau, le brun embraya sur le sujet, "l'accusant" de son état fébrile nocturne.

Ethan posa son carnet d'esquisse. La jolie blonde avait pu voir quelques unes de ses oeuvres particulièrement réussies. Il n'avait pas perdu la main selon les propos de sa grande soeur. Le talent n'était guère touché par l'amnésie. La jeune interne le suivit du regard, quelque peu inquiète de le voir sur pied. Il était encore faible, son réveil étant relativement récent. Elle pouvait voir la mélancolie s'emparer de ses traits, cette lueur d'envie quant au paysage gelé au dehors. Elle comprenait, être enfermé était loin d'être facile.

Et la question récurrente revint sur le tapis. Le jeune natif avait beau être amnésique, il n'en perdait rien de son entêtement. Hanna s'approcha de lui lentement, posant une main sur son épaule pour l'inciter à se retourner vers elle. Et avec la plus grande délicatesse, elle lui attrapa la main pour l'entrainer vers son lit. Il n'avait pas vraiment le choix, il lui fallait la suivre. Cherchant ses mots, la belle en profita pour commencer son examen. Attrapant son tensiomètre, elle l'enroula autour du bras de son patient.

"Ethan ... Tu es encore trop faible pour le moment. Tu sais bien que ton état est encore trop instable, il pourrait t'arriver n'importe quoi."

Resserant l'étreinte du bracelet de tissu, elle resta silencieuse le temps de relever les chiffres. Trop faible comme le témoignait l'aiguille du tensiomètre. Elle soupira avant de retirer son matériel et se permit de s'asseoir au bord du lit, prenant une main du jeune homme entre ses doigts.

"Ta soeur s'inquiète pour toi, elle ne veut que ton bien. Je suis ton médecin, il en est de même pour moi. Alors, s'il te plait, sois patient et repose-toi. Plus tu seras conciliant, plus vite tu seras rétabli, d'accord ?"

Elle lui offrit un tendre sourire avant t'attraper son stétoscope.

"Allez, maintenant relève ton T-Shirt s'il te plait."

Sortir, tu n'avais que ce mot là à la bouche depuis ton réveil. Tu voulais sortir, rattraper le temps perdu mais les médecins n'en avaient strictement rien à faire de ce que tu voulais. Eux, ils voulaient simplement se couvrir, que dirait l'opinion public s'il venait à apprendre que l'institution s'était plantée en te faisant sortir trop tôt ? Et comme tu t'y attendais ta très chère doctoresse n'avait pas envie non plus de te laisser sortir. Hanna t'avait déjà attrapé le bras pour te ramener au lit, même regarder dehors t'était interdit alors.... Tu soufflais mais écoutais ses paroles. Tu voulais sortir, c'en était devenu une véritable obsession. "Je m'en moque de ce qu'il pourrait m'arriver. Je veux sortir d'ici." Tu faisais une sorte de moue boudeuse alors que ton médecin commençait à jouer la carte de la soeur. Tu ne te souvenais pas de ta soeur mais il était certain qu'elle était du genre surprotectrice, attitude normale au regard de la situation. Tu fronçais les sourcils avant d'ajouter : "Je suis rétablis. Je me sens très bien." Tu répondais à son sourire par un sourire forcé avant de lui répondre simplement un "Non. Non je ne retirerai pas mon tee-shirt. Je suis guéris, je veux sortir. Maintenant je n'accepterai plus aucun examen."

Et comme si tu joignais le geste à la parole tu t'allongeais sur ton lit, refusant totalement les soins. Et ça il ne fallait pas être médecin pour le deviner ! Tu attrapais de nouveau ton carnet d'esquisse et te remettais à griffonner, rien de particulier, des roses. Ces fleurs te semblaient familières et t'inspiraient. Sans doute cela avait-il un lien avec le fait que ta soeur soit fleuriste ? Ce qui était assez comique dans cette situation, c'était que tu n'osais pas affronter le regard de ta très chère doctoresse. Comment allait-elle réagir à ta petite mutinerie ?

La jolie finlandaise fut surprise du comportement du jeune Ethan. C'était certainement la première fois qu'il allait réellement à l'encontre de ses consignes. Il semblait sérieux, cette fois, refusant d'ailleurs le check-up habituel. Le voyant bouder comme un enfant, la jeune interne trouva tout d'abord cette moue adorable, mais bien vite, elle se reprit, s'asseyant sur son lit, à ses côtés. Elle resta silencieuse quelques instant avant de se déplacer pour s'approcher de lui, jetant un oeil à ce que son patient dessinait.

"Tu as du talent, Ethan. Elles sont magnifiques ces roses. Elles paraissent si réelles ... J'aime beaucoup ces fleurs. Pourquoi as-tu choisi de dessiner cette sorte et pas une autre ?"

Hanna lui adressa un sourire, celui qui, habituellement, faisait fondre le jeune brun. Pourtant, elle ne le faisait pas exprès, elle ne cherchait pas à le charmer, loin de là. Elle le laissait griffonner avant de détourner le regard. Ses pupilles d'azur se perdirent un instant dans le vide.

"Ethan, je t'ai déjà parlé de mon frère jumeau ? J'ai mis 24 ans à le retrouver. Nous avons été séparés à la naissance. Et la première fois que je l'ai vu, c'était sur un lit d'hôpital, dans le coma. Comme toi il y a quelques semaines. C'est très douloureux de voir ses proches dans cet état. Même s'il ne connaissait pas mon existence et que je ne lui avais encore jamais adressé la parole, j'ai eu peur de perdre mon frère. Je peux parfaitement comprendre ce qu'a pu ressentir ta soeur durant toutes ces années."

La jolie blonde marqua une pause, en proie à de douloureux souvenirs. Elle était sincère et cela se lisait sur son visage. Elle ressentait de nouveau cette boule au niveau de l'estomac, celle qui s'était formée le jour où elle avait constaté le nom de ce patient qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau.

"La situation d'Oliver est différente de la tienne. Mais malgré tout, il te ressemble. Lui aussi, voulait sortir d'ici le plus vite possible. Et pourtant, il a tenu bon, pour sa petite amie qui est désormais sa future femme et qui est enceinte de deux petits bouts !"

Elle lui adressa un sourire heureux.

"J'ai été soulagée à ce moment là, qu'il prenne la bonne décision de rester jusqu'à ce qu'il se sente réellement capable de sortir d'ici. Et te voir te démener pour sortir contre avis médical m'inquiète beaucoup. Je n'aimerais vraiment pas qu'il t'arrive quelque chose, je ne veux pas revivre la même angoisse. Et je suis sûre que tu ne veux pas faire de mal à ta grande soeur."

Elle attrapa la main de son patient, avec douceur, la serrant délicatement.

"Je te promets de m'occuper de toi chaque jour jusqu'à ce que tu puisses sortir sur tes deux jambes sans crainte. Et après ça ... Que dirais-tu, qu'on sorte quelque part ensemble, rien que tous les deux ?"

Oui, pour son bien, la douce Rajin était prête à transgresser quelques règles, bien qu'une fois sorti de ses murs, il ne serait plus son patient.

Non, plus moyen que tu acceptes tous ces tests médicaux sans sourciller. Tu allais bien et mis à part quelques coups de fatigues tu étais pleinement opérationnel pour sortir de cet établissement hospitalier ! Plus question de te laisser faire, tu voulais sortir et tu allais sortir ! Tu haussais même un sourcil lorsque tu voyais la jeune femme s’asseoir sur ton lit et regarder ce que tu étais en train de bricoler. Mais quel culot ! Tu venais de l'envoyer balader et malgré tout elle restait là à t'espionner. Et sa question... d'une bêtise ! Tu étais amnésique et genre tu savais le pourtant du comment de ton dessin ? Seulement tu n'avais pas le coeur à l'envoyer balader car même si elle était du mauvais coté, la jolie Hanna était ce qui s'apparentait le plus à une amie au sein de ton entourage. "Je ne sais pas, les roses me paraissent familières et en plus Théa m'en a ramené. Je pense donc qu'elles font parties de mon passé et peut-être qu'en les dessinant je réussirai à me souvenir." Tu venais de lui répondre tout en continuant de dessiner tes précieuses fleurs, griffonnant peut être un peu plus nerveusement que d'habitude.

Tu n'avais d'ailleurs pas remarqué ce sourire qui te charmait à chaque vois que tu le voyais mais tu relevais la tête lorsque la jeune Rajin entreprenait de parler de son frère jumeau. Pourquoi de telles révélations sur son frère ? Tu ne comprenais pas et ne goûtais guère à ce petit jeu. Pourquoi parlait-elle de ta soeur en plus ? Où voulait-elle en venir ? "Pourquoi ma sœur ? " Finissais-tu par dire, interrompant la jeune femme dans son récit. Tu finissais donc par écouter la suite du récit, apprenant que son cher frère avec une femme, des futurs bébés et une sœur. Mais toi ? Qu'est-ce que tu avais ? Une sœur ? Tu n'en étais même pas certain en fait ! Tu t'étais réveillé et elle s'était déclarée comme telle mais est-ce seulement vrai ? Personne ne peut comprendre ce que tu ressens, absolument personne ! Et Hanna qui continuait son récit dans le seul et unique but de te convaincre ! Elle ne se souciait même pas de ce que tu pouvais ressentir, pour preuve, elle venait d'achever son monologue en se proposant de sortir avec toi si tu restais hospitalisé. Du chantage, ni plus ni moins.

"Hanna c'est non. Je dois t'avouer que je ne comprends pas comment... je veux dire... tu joues avec ce que je ressens en me faisant indirectement du chantage. Comment veux-tu que je ne le prenne bien ?" Malgré toi tu serrais ton carnet à croquis froissant les premières feuilles sous ta force. "Tu te réveilles sans aucun souvenir. On t'impose des souvenirs qui te sont étrangés. Puis on te force à rester enfermer alors que tu ne rêves que d'une chose : Te créer de nouveau souvenir tout en retrouvant les anciens." Ta voix baissait soudainement en intensité. "Et après la fille pour qui tu as un coup de coeur, que tu prenais malgré tout pour une amie te fait du chantage ? Tu réagirais comment ? COMMENT ?" Ta voix venait soudainement tout comme le tensiomètre qui venait de s'emballer, ton tensiomètre. La jolie blonde n'aurait, à la rigueur, que parlé de son frère tu aurais réfléchis mais comment pouvait-elle être capable de te faire un tel chantage ?

Entre temps tu avais dégagé ta main, tremblante comme jamais sous le coup de l'émotion. Tu prenais vraiment très mal la chose et difficilement tu pointais du doigt la porte. "Je veux rester seul maintenant. Et je ne veux plus recevoir de personne, je ne veux plus voir personne." Tu hésitais baissant la tête, les joues rouges alors que les larmes ne tarderaient sans doute pas à tomber. "S'il te plait, laisses moi seul maintenant."

Elle qui pensait pouvoir le convaincre de rester, avait déclenché une tempête. Les premières paroles du jeune homme fut comme un coup de poing qu'elle se prenait en plein visage. Ce n'était pas ce qu'elle avait voulu, Hanna ne souhaitait pas le blesser, ni jouer avec ses sentiments. Pourtant, le jeune Rajin avait bel et bien raison.

”N-non je…”

Il poursuivait, sans doute avait-il besoin de vider son sac. La jeune femme n'avait pas choisi le meilleur moyen de le convaincre. Elle l'écoutait, l'observant tristement. Oui, sa situation était compliquée, personne ne pouvait réellement le comprendre. La Rajin avait échoué dans son rôle de guide, de bienfaitrice, et cette réaction lui mettait totalement le moral dans les chaussettes.


”Calme toi…”

Elle s'inquiétait encore. Une montée de tension n'était pas de mise dans son état. La gorge serrée, la jolie finlandaise deglutissait difficilement. Elle était plutôt émotive et se faisait violence pour ne pas verser quelques larmes. Elle avait déjà eu des patients réticents mais être rejetée par celui-ci la toucher plus que quiconque. Même s'il mettait les formes, il voulait qu'elle parte, il la mettait dehors.

La belle aux mèches rosées baissant la tête un instant, se mordant la lèvre, les yeux embués de larmes. Au bout de plusieurs secondes de silence pesant, elle releva les yeux, lui offrant un sourire qu'il n’a sans doute jamais vu aussi faux.

“Excuse moi. C'était déplacé de ma part, je n'ai pas réfléchi… Je… Je vais te laisser tranquille. Je demanderai au médecin de passer te voir d'ici une heure ou deux pour s'assurer que tout va bien.”

Tout de même, la douce se pencha pour déposer un baiser sur le front du jeune homme, avant de se lever l'air triste. Elle se dirigea vers la porte avant de lancer quelques paroles.

“Si j’insistais, ce n'était pas vraiment parce que je m'inquiétais pour un patient, mais pour quelqu'un à qui je tiens beaucoup.”

Et elle passe la porte, sans doute à l'instant même où ses larmes décidèrent de couler. Elle n'avait sans doute jamais vécu un échec aussi cuisant, aussi douloureux. Elle l'aimait bien ce jeune Ethan.

Ta réaction avait sans aucun doute « désarçonné » ton médecin qui ne savait plus où se mettre. C’était de sa faute après tout non ? Jouer avec son patient de la sorte alors que dès les premiers jours tu t’étais déclaré à elle. Hanna ne t’avait jamais pris au sérieux c’était évident. Cependant tu te sentais mal, très mal à l’idée de perdre ton seul repère dans cet endroit particulier. Une chose en entrainant une autre, tu ne serais plus là dans une heure ou deux. Tu serais très très loin d’ici. Tu t’étais déjà subtilement renseigné via internet, tu étais majeur et contre une simple décharge tu pouvais regagner ta liberté. La pilule serait sans doute difficile à avaler pour Théa qui risquait sans doute de se mettre en colère mais tu en profiterais pour lui dire ce que tu avais sur le cœur comme tu venais de le faire à l’instant. On ne pouvait pas t’imposer des souvenirs, t’imposer des règles absurdes après ce que tu avais vécu. De plus tu avais une envie folle de contempler le magasin de tes parents que ta sœur tenait, de revoir ta chambre et ta maison et les fleurs ! Tu avais envie de revoir les fleurs.

Tu sentais que c’était le moment et déposait ton matériel de dessin sur le petit meuble avant de te relever et de débrancher les derniers fils ainsi que ta perfusion. Les appareils pourraient bien sonnés que tu t’en fichais, aujourd’hui tu allais rentrer chez toi. Une fois complètement habillé tu te sentais à l’aise bien que tu demanderais à ta sœur un peu d’argent pour faire les boutiques et choisir des vêtements plus dans ton style et pourquoi pas y aller tous les deux ? Même si elle t’impressionnait elle restait ta grande sœur et tu voulais vraiment en apprendre plus sur elle et sa façon d’être. Un peu instinctivement tu touchais ton front, là où Hanna t’avait embrassé un peu plus tôt, un geste que tu avais apprécié bien que tu avais opté pour l’indifférence et la colère. Fermant la dernière fermeture de ta petite valise, tu attrapais ton carnet de croquis pour en arracher une page, celle où la belle blonde était dessinée. La regardant avec une certaine nostalgie, tu la déposais sur ton lit. Si jamais elle décidait de revenir, elle pourrait la trouver.

Tu finissais donc par sortir de la pièce, ta valise à roulette à ta suite pour te diriger dans les couloirs de l’hôpital. Tu avais du te reprendre à deux fois pour trouver l’accueil et signer la décharge mais une petite heure après tu étais enfin libre ! Respirant à plein poumons tu prenais la direction du centre-ville espérant y retrouver ta grande sœur. Mais une question restait en suspens : Pourquoi tu avais l’impression que ton cœur pleurait ? Pourquoi ?