Demoiselle en détresse (ft. Hope)

Aujourd'hui je suis en congé, je dois avouer que ça me fait le plus grand bien. Le temps se radoucit, le printemps reprenant peu à peu ses droits sur l’hiver qui s'éclipse. Il ne fait pas encore très chaud, mais le soleil gratifie le ciel de ses rayons lumineux. Pour moi, c'est une aubaine, voilà au moins une semaine que je n'ai pas fait de foot dans le parc, je vais donc pouvoir en profiter. Cela fait un peu plus d'un mois que j'ai eu l'occasion de faire la connaissance d'un groupe qui jouait dans le parc Hinan-Jo. Du coup, lorsque je le peux, je les rejoins pour faire un ou deux matchs amicaux. En me rendant là-bas, j'en profite donc pour me faire une petit footing afin de m'échauffer et une fois à destination, je fais les étirements nécessaires pour éviter les risques de claquages.

Quelques minutes après mon arrivée, je ne tarde pas à être rejointe par toute l'équipe, nous formons alors deux groupes et commençons à jouer. Je joue le plus souvent au poste d'attaquant, parfois en milieu offensif, tout dépend. La partie a bien commencée, les scores sont serrés, mais pour nous ce qui compte c'est de passer un bon moment en pratiquant notre sport favori, peut importe qui gagne. Alors que je viens de tenter un tacle sans y parvenir, je perçois un problème non loin de là. J'ai bien entendu ces quelques mots de détresse "Lâchez moi ... Vous me faites mal ! Je ... Je me suis excusée ...". Je tourne mon regard vers la source de ce remue-ménage. Les autres joueurs me demandent ce qu'il y a comme je reste au sol. Ils pensent que je me suis fait mal pendant mon action, mais pas du tout. Je ne leur répond pas de suite. J'ai enfin trouver le couple qui semble se disputer. C'est loin d'être un couple amoureux dans tous les cas. Un jeune homme tient le bras d'une jeune fille qui semble effrayée. Au traits du visage du garçon, on peut aisément la comprendre. Il semble pleins de mauvaises intentions. Je fronce les sourcils et écoute attentivement leur conversation.

"Alors ma jolie, on veut me fausser compagnie ?"

Aucun passant ne semble réagir à la scène. Je sais les gens égoïstes et peureux parfois, mais là quand même, il y du monde à cette heure-ci dans ce parc et personne ne semble voir ce qui se passe. Je ronchonne et bouillonne intérieurement. Je me redresse alors, cela suffit. Ce jeune homme ne me fait pas peur, j'en ai vu d'autres quand je vivais dans les rues autrefois. Je suis une bagarreuse, bien que je me sois assagie depuis mon passage en taule. Je me rapproche d'un pas décidé. Je vois alors que la situation empire, l'homme a emprisonné la demoiselle dans ses bras. Je ne fais pas de rugby, mais la première chose que je fais à cet instant, c'est de foncer sur l'agresseur pour le faire basculer en lui assénant un bon coup d'épaule. La jeune fille tombe aussi à cause de la surprise du choc je pense, mais pour l'heure je dois me débarrasser du danger qui la menace. Je me moque qu'on dise de moi que je suis un vrai garçon manqué, après tout, c'est la vérité, mais je ne supporte pas que l'on fasse du mal à d'autres personnes qui ont moins de défenses, les plus faibles dirons-nous. Le jeune homme me fixe un moment, une fois la stupeur passée, je rive mes yeux sur lui aussi. Je ne peux le voir, mais je sais que d'après ce qu'on m'a dit, lorsque ma magie se manifeste, ces derniers prennent une couleur rouge. Je veux bien le croire et à cet instant ce doit être le cas, car je sens mon feu brûler en moi. A ce moment précis, les cheveux de l'agresseur commencent à fumer et à sentir le roussi. Il le réalise très rapidement et s'efforce d'éteindre les flammes naissantes avant qu'il ne s'embrase entièrement. Puis après un juron à mon égard, il s'éloigne la queue entre les jambes, c'est le cas de le dire. Je me retourne alors vers la demoiselle toujours au sol et lui tend ma main pour l'aider à se relever. Je plonge mon regard redevenue bleu-gris de sa couleur habituelle, dans le sien.

- Ça va, vous n'avez rien de grave ? Faites attention à vous la prochaine fois.

Je ne rajoute rien d'autre, je ne parle jamais beaucoup. Je m'inquiétais juste de la chute que je venais de provoquer. Je voulais m'assurer qu'elle allait bien. Une jeune fille bien jolie d'ailleurs, mais un peu trop peut-être pour se balader ainsi sans moyen de défense.


 

Une fois la jeune fille sur pied, je la détaille un peu plus. Elle est un peu plus petite que moi, mais pas de beaucoup et semble assez proche de mon propre âge. Élancée, elle est une belle plante, ses longs cheveux sombres font ressortir ses yeux bleus profond, tel les abysses et qui font son charme. Bon, je ne suis pas nymphomane, mais je ne suis pas indifférente non plus à cette beauté timide. Surtout lorsque soudainement, elle se met à rougir. Pourquoi ? Je ne sais pas, peut-être mon regard un peu trop inquisiteur. J'ai cette manie d'observer les gens longuement sans rien dire et assez souvent, cela les met mal à l'aise.

"Oui ... Je vais bien ... Merci ..."

Je lâche sa main puisqu'à présent elle semble pouvoir tenir de bout toute seule et je remarque alors le livre au sol, dans un piteux états, des pages ayant été arrachées par le malotru. La jeune femme s'adresse de nouveau à moi alors que je ramasse ce qu'il reste du bouquin meurtri et certainement inutilisable à présent. Moi qui adore les livres, je suis un peu agacé par cet état des choses.

"Je suis vraiment ... heureuse que vous soyez intervenue ... Je ne savais pas quoi faire ... Que puis-je faire pour vous remercier ?" Elle hésita un instant mais finit par exposer son point de vue. "C'était impressionnant ... ce pouvoir ..."

- Me remercier ? Ne vous en faites pas pour cela, c'était normal de ma part de vous prêter main forte. Et pour ce qui est de mon pouvoir ... le feu est mon compagnon de route depuis fort longtemps, mais je parviens à peine à le maîtriser ...

Je me tais alors et regarde un instant le groupe de joueurs qui a repris la partie de foot. Ça ne me gène pas de rester là, au moins ça me fait une petite pause. Je reporte de nouveau mon attention sur la jeune femme. La politesse veut que je me présent et je m'exécute, lui signifiant m’appeler Hope Knight. oui, je sais, un nom relativement explicite lorsque l'on est anglophone comme moi, je ne l'ai pas choisi, mais parents l'on fait pour moi. Je ne m'arrête cependant pas là, quelque chose m'intrigue.

- Dites-moi, pourquoi ne pas avoir appelé à l'aide, ou essayé de vous défendre. Vous ne devriez pas laisser ce genre d'individu faire ... qui sait ce qui aurait pu vous arriver.

Je ne me veux pas méchante dans mes propos, mais je suis franche et surtout directe, manquant parfois de tact, je le sais, mais je ne peux m'en empêcher. Je ne parle jamais pour ne rien dire, mais là j'avoue ne pas comprendre. néanmoins, j'ai quand même bien remarqué que le jeune femme semble d'une nature très timide.


 

« Je m’appelle Elena … A vrai dire, je n’ai pas … osé … »

Elena, un prénom que je n'avais pas souvent l'habitude d'entendre dans mon pays d'origine, mais depuis que je suis ici, j'entends des patronymes venus du monde entier. Ma colocataire par exemple, est sans conteste d'origine japonaise. Dans un sens, je trouve ça bien, que nous soyons tous sur cette île de nationalités différentes, la seule chose nous rapprochant étant ces fameux pouvoirs qui soit disant nous viendraient de nos ancêtres. J'ai bien remarqué que la demoiselle prénommée Elena, n'a pas osé repoussé ou du moins essayé de se débarrasser de cet homme. Comme toujours, je ne peux m'empêcher d'être franche tout en lui parlant sur un ton doux puisqu'elle me semble vraiment timide.

- Je l'avais remarqué, Elena, que vous n'aviez pas osé. Mais dites-vous bien, que sur toutes les personnes présentes, j'ai été la seule à intervenir. Il faut apprendre à vous défendre par vous même. Je suppose que vous aussi vous avez un pouvoir, à moins que vous n'en ayez pas conscience encore ?

« Vous allez trouver cela complètement idiot mais … Je suis bien trop … timide … et loin d’être courageuse. J’étais tétanisée et c’était comme si les mots ne voulaient pas sortir de ma gorge. Et ... Je ne me sentais pas capable de l'affronter.»

- Ce n'est pas idiot, chacun a une personnalité différente et appréhende les épreuves différemment, mais je sais que un jour ou l'autre, même les plus timides finissent par changer et à s'affirmer. Il suffit juste d'un bon coup de pied où je pense.

Oui, bon j'avoue, j'y suis pas allée de main morte et je me doute que la jeune femme brune face à moi est en droit de ne pas m'apprécier pour cela, mais je ne suis pas du genre à chercher à me faire aimer ou à me faire plus que ça des amis. Elena baisse la tête, son regard se posant alors sur son cher livre tout dépecé. Elle le pointe alors du doigt et élève de nouveau sa voix timide.

« Il a eu beaucoup moins de chance que moi … »

Je regarde à mon tour le livre que je tiens toujours dans ma main et hoche la tête affirmativement, lui répondant "En effet, mais mieux vaut lui que vous. Un livre est remplaçable, pas une personne." Je me tais alors et puisque je sais qu'il ne servira plus à présent qu'il est irréparable, je jette l'objet dans une poubelle proche. Puis je me tourne de nouveau vers la jeune femme brune, je l'observe un long moment qui doit la mettre mal à l'aise, j'ai ce don avec la plupart des gens. Puis je reprend d'une voix qui se veut ferme mais juste.

- Si vous voulez, je ne peux vous apprendre à vous servir de votre magie pour vous défendre vu que je ne contrôle pas la mienne. Mais je peux vous apprendre à le faire avec les moyens du bord, soit votre corps et tout ce que vous pourrez trouver à votre portée. Il va falloir pour cela vous affirmer et surtout oser les choses. Ce n'est pas parce que vous êtes très jolies que les gens alentours doivent penser que vous êtes vulnérable.

Je continue d'observer la jeune fille brune. Autour de nous, les promeneurs semblent ne pas prêter attention à nous. Les gens sont ainsi, ils ne regardent pas plus loin que le bout de leur nez. Ils ne prennent pas le temps d'observer. Le regard d'Elena est triste, sans doute parce qu'elle ne peut pas s'imposer d'elle-même et qu'elle en a conscience. Si je peux l'aider, alors je le ferai. Ça peut sembler absurde de perdre son temps ainsi, mais je n'ai pas ce sentiment. Tant que je peux venir en aide à quelqu'un, peut importe dans quelles conditions, ça me va très bien. Et je me fou pas des "qu'en dira -ton". Lorsque je lui propose mon aide, la jeune fille me regarde de nouveau, ne se souciant plus du livre qui de toute façon, a fini dans la poubelle. Elle rougit, je remarque ce rose qui monte à ses joues. Est-ce parce qu'elle se sent gênée par mes paroles visant à la forcer à s'imposer ? Ou est-ce à cause de ce fameux compliment sur sa beauté ? Je suis lesbienne, il est vrai, mais je n'ai pas pour habitude de draguer des inconnues. Ce n'est pas du tout mon genre. Je me contente de garder mon visage impassible.

« Vous seriez d’accord ? Je … Je ne veux pas abuser de votre temps. Je suis sûre que vous aviez des projets pour la journée et je vous ai causé assez de souci comme cela … Et pour répondre à votre question, j’ai conscience de mon pouvoir, le pouvoir de la terre mais … Je ne sais pas en quoi il pourrait m’aider … »

- Si je vous le propose c'est que je peux me permettre de vous donner un peu de mon temps. Vous ne m'avez causé aucun ennuie puisque je vous ai débarrassé de votre agresseur sans encombre. Je viens en aide par choix, pas par obligation alors ne vous souciez pas de ce vous pensez me devoir. La terre hein ... cependant, je ne peux vous aider en quoique ce soit qui a un rapport avec la magie. Ce sera à vous de vous entraîner à utiliser vos pouvoirs pour vous défendre, ou du moins à oser les utiliser. Votre magie peut vous aider, pour votre propre sécurité. Je ne vous dis pas d'agresser des gens avec, mais si elle peut être un sauf-conduit pour vous, utilisez-là.

« D’accord … Apprenez-moi à me défendre, je ne veux plus être vulnérable … S’il vous plait … »

Je hoche la tête affirmativement. Très bien, c'est déjà un grand pas en avant si elle accepte, mais je lui signifie que c'est sa volonté qui va compter le plus. Je balaye du regard les alentours et indique à Elena un coin d'herbe où nous pouvons nous installer pour faire ça tranquillement, surtout pour ne blesser personne. Je compte apprendre à la jeune fille, ce que j'ai pu apprendre dans la rue. Savoir utiliser son corps et surtout sa tête, même face à un adversaire plus fort.

- Au fait, je crois ne pas m'être présentée convenablement ... je m'appelle Hope Knight. Et tu peux me tutoyer à présent, si ça ne te gêne pas bien sûr. On va commencer par une mise en situation. Imagines que je suis un agresseur qui t'aborde comme tout à l'heure et que tu es consciente que j'ai de mauvaises intentions, que fais-tu ?