Quand l'amour est au rendez-vous

Sayu accepta le choix d’Elina, et toutes deux entrèrent dans l’établissement. Elles n’eurent cependant pas le temps de découvrir la décoration des lieux que déjà deux employées se matérialisaient comme par magie devant elles. L’une d’elle était en tenue de maid, ce qui ne perturba pas la jeune russe outre mesure. En effet, elle avait déjà pu voir ce genre de tenue lors de soirée organisée dans des demeures luxueuses auparavant. Ce qui l’inquiéta davantage en voyant cet uniforme singulier, c’était que cela laissait craindre que le standing de l’établissement soit quelque peu hors budget… Mais un coup d’œil à sa partenaire fit s’évaporer cette théorie. En effet, celle-ci portait une tenue plus classique, mais portait des accessoires destinés à lui donner une allure plus féline. Aucun restaurant de luxe n’aurait jamais cautionné ce genre d’excentricité…

Cependant, cette même excentricité avait en soi quelque chose de suspect… Pourquoi donc une telle disparité dans les uniformes ? Elina était à peu près sure que ce n’était pas une chose courante… Et l’avenir lui donna raison lorsque, ni une ni deux, elle et Sayu furent emmenées vers des cabines sans que la jeune russe ne comprenne ce qu’il se passait. Par contre, sa petite amie, elle, semblait plus au fait de ce qui les attendait. Se déguiser ? Qu’est-ce qu’elle entendait par-là ? L’incompréhension gravée sur le visage, Elina fixait la porte par laquelle on venait de les faire passer, clignant des yeux comme si elle cherchait à vérifier qu’elle était bel et bien réveillée. Mais la voix de sa chérie qui résonna à ses oreilles ne manqua pas de lui prouver qu’elle était bel et bien sortie de son lit… Elle entreprit de lui expliquer le sens du mot « cosplay », qui consistait en réalité à se déguiser, en revêtant des habits censés nous faire représenter… diverses choses. Si elle pouvait comprendre que l’on se déguise en militaire ou en princesse, elle comprenait moins les raisons pour lesquelles on s’amusait à enfiler un uniforme scolaire… Un bref instant, elle eut l’innommable vision d’un barbu habillé dans un uniforme de lycéenne, et cela lui arracha un long frisson. Mais se secouant intérieurement, elle prit le temps de réfléchir à la proposition de Sayu de quitter l’endroit, et ainsi se soustraire à l’obligation de se déguiser.

Se prenant le menton dans une main, Elina se mit à peser le pour et le contre de cette proposition. Partir était sans doute la meilleure chose à faire… Ainsi, elle s’évitait une nouvelle séance de ridicule, et préservait un tant soit peu sa dignité aux yeux de sa chérie. D’un autre côté… le café le plus proche était dans une autre galerie, ce qui signifiait de retraverser la foule, sans savoir s’il y avait de la place de libre. Et puis… Cela lui donnerait l’occasion de voir sa bien-aimée dans une tenue dans laquelle elle ne l’avait jamais vu… Oui, ce dernier argument était très convaincant, même si elle préférait le garder pour elle.

- Ç-Ça ne me dérange pas d-de rester ici… Après tout, c-ce n’est qu’un déguisement, comme un bal costumé !

Disant cela, elle commença à chercher un costume qui lui conviendrait. Après un bref instant, elle tomba sur un ensemble qui l’interpella, d’une couleur dominante noire. Elle alla s’isoler dans une cabine, et entreprit de se changer. Il ne lui fallut guère de temps pour cela, et put alors se contempler dans le miroir. Un uniforme militaire, voilà ce qu’elle venait d’enfiler. Celui-ci se composait d’une robe noire cousue de fil dorée en divers endroit. Le tout surmonté d’un gilet de la même couleur, avec une sorte de cravate indigo. Pour compléter la tenue, il y avait une paire de bas noir, aussi qu’une casquette de la même couleur, à laquelle était accrochée une petite chaînette d’or. Elina s’observa sous toutes les coutures, et étrangement, elle se sentait satisfaite du résultat. Le costume avait ce petit côté cérémonielle des uniformes militaires, mais avait une petite touche mignonne qui le regardait agréable à regarder, et à porter. Et puis, cette dominance du noir, cela s’accordait bien à elle. Il n’y avait pas à dire, les couleurs sombres, c’était ce qui lui allait le mieux. Un rapport avec sa personnalité, peut-être ? Quoi qu’il en soit, elle sortit de sa cabine, jetant des regards frénétiques dans la pièce afin de voir si sa petite amie était déjà sortie. Malheureusement, il n’y avait aucune trace d’elle, elle se résolut alors à attendre, le dos tourné aux cabines, les bras croisés dans son dos.

Se tenant le menton telle la statue du penseur, Elina réfléchissait, elle semblait même tenir une profonde réflexion. Mais bon, le temps ne pressait pas, Sayuri laissait donc tout le temps qu'il fallait à sa petite amie pour se décider afin que la suijin soit sûre et certaine de faire le meilleur choix à ses yeux.
Après quelques minutes perdues dans ses pensées, la demoiselle donna son verdict. Ainsi donc, l'adolescente n'était pas dérangée par le fait d'être dans l'obligation de se déguiser pour manger dans ce café. « Un mal pour un bien » comme le dicton le disait si bien.

C'était donc sans plus attendre que la jeune fille à la coloration violette s'engouffrât dans sa cabine, Sayuri gloussant légèrement à l'idée que sa dulcinée puisse encore faire la même erreur que toute à l'heure. Mais, logiquement, se petit moment gênant devait largement lui avoir suffi pour ne plus le refaire !
Lorsque la blonde entendit le loquet du cabinet de sa chérie se verrouiller, elle fit de même et se tourna vers le coffret de déguisement plein à craquer. Il y en avait pour tous les goûts, de toutes les tailles, des tenues les plus farfelues aux plus sobres. C'était un sacré choix qu'offrait ce restaurant, les affaires devaient marcher du tonnerre avec ce thème hors du commun !

La petite nippone était quasiment plongée dans le coffre, farfouillant un peu partout. Trop de choix, beaucoup trop de choix ! C'était si dur de se décider ! Plusieurs tenues avaient attiré le regard de la miss. Un kigurumi de lapin mauve, un splendide kimono fleurit de geisha, une tenue de maid qu'elle trouvait magnifique, mais, finalement, la trouvait aussi un peu trop osée et pour finir, une tenue de lapin blanc semblable au lapin blanc du compte de Lewis Carroll.
Vraiment, avec ça, la demoiselle ne savait plus où donner de la tête. Elle s'imaginait dans chacun des costumes et ne parvenait toujours pas à se décider. D'autant plus qu'elle ne cessait de se demander en quoi sera sa douce dans la cabine juste à côté...Hum...Qu'importe, elle sera splendide et à croquer dans tous les cas !

Rêvassant de sa chère Eli-chan, Sayuri se rendit bien vite compte que le temps passait et qu'elle ne s'était toujours pas décidée ! C'est alors que, jetant un regard vers le coffre, la miss tomba sous le charme d'une robe d'un rose pastel, surmontée d'une petite cape d'un rose plus profond et aux bords recouverts de coton blanc tout doux, le tout accompagné d'une jolie petite couronne de roses rouges, roses et blanches. Oui, c'était ce déguisement qu'elle voulait ! Il était superbe et...Il...Il plairait sûrement à celle qui devait être prête depuis maintenant un moment déjà.

Enfilant rapidement l'habit, se coiffant du serre-tête fleuri et se chaussant de petites bottines blanches, la voilà prête. Sayuri prit une grande inspiration, le stress l'envahissant quelque peu à l'idée qu'Elina puisse ne pas aimer son cosplay, puis ouvrit la porte. Une fois à la vue de tous, la demoiselle chercha du regard sa petite amie. Elle l'aperçut, dos tourné. Enfin, elle présumait que c'était elle, après tout, une charmante chevelure violette courte à l'arrière et aux longues mèches avant, il n'y en avait pas des masses !
La saruta se dirigea donc vers elle, tapotant sur son épaule pour signaler sa présence, les joues rougissantes à la vue de la magnifique tenue militaire de sa chérie. Une tenue aux couleurs sobres et sombres qui lui allait comme un gant...

-E-Eli-chan ? Tu es très jolie...J-J'espère que...J-Je n'ai pas l'air ridicule...

Une certaine nervosité commençait à gagner Elina, tandis qu’elle attendait que sa douce et tendre Sayu ne vienne la rejoindre. Peut-être aurait-elle dû davantage réfléchir à la tenue qu’elle devait enfiler ? Elle aurait peut-être dû en enfiler plusieurs, avant de se décider… Après tout, elle aurait peut-être pu trouver quelque chose de moins austère qu’un uniforme militaire pour lui tenir compagnie. Sayu, elle, trouverait surement quelque chose de mignon, capable de faire ressortir toute la gentillesse qui l’habitait. Et elle ne voulait pas faire tâche à côté de sa petite amie… Peut-être devrait-elle vite retourner dans la cabine et choisir une autre tenue ?

Il était cependant trop tard que pour rebrousser chemin. En effet, quelqu’un vint lui tapoter l’épaule, et lorsqu’elle se retourna, elle se trouva face à… une magnifique princesse. Une jolie robe avec différentes variantes de roses, des dentelles blanches, et une couronne de roses de diverses couleurs. Tout cela se retrouvait posé sur une splendide jeune fille, qui n’était autre que Sayu. Cela lui allait tellement bien, qu’elle n’aurait pas été surprise si la demoiselle lui confessait soudainement être l’héritière du trône d’un quelconque pays quelque part dans le monde. Elle se contenta cependant de la complimenter sur sa tenue, tout en manifestant son inquiétude quant à sa propre tenue et de l’impression qu’elle pouvait donner sur elle. Inquiétude qui n’avait pas lieu d’être, les battements du cœur d’Elina en était la preuve incontestable. Il serait cependant peut-être utile de le lui faire remarquer :

- T-Tu es loin d’être ridicule, tu es… magnifique là-dedans…

Elina se sentait légèrement gênée à cause de son léger bégaiement. Il fallait qu’elle reprenne contenance… Dans un geste nerveux, elle réajusta sa casquette, qui était pourtant déjà bien en place. Cela l’aida cependant à retrouver son calme, et elle afficha à nouveau un sourire, peut-être un petit peu crispé malgré tout. Bien que depuis qu’elle fut avec Sayu, elle reprenait l’habitude de sourire, les muscles de son visage semblaient encore avoir un petit peu de mal ave cet exercice, d’autant plus lorsqu’elle était nerveuse. Maintenant qu’elles étaient toutes deux fin prêtes, il ne leur restait plus qu’à quitter les vestiaires pour rejoindre le restaurant à proprement parler.

- Bon bin, on y…

Elina s’interrompit soudainement, une idée venant de lui traverser l’esprit. Une idée gênante… Jetant des regards autour d’elle, elle put constater qu’elles n’étaient plus que toutes les deux dans la pièce, et les cabines avaient l’air d’être vides… Elle n’aurait pu rêver meilleure occasion pour le faire ! Alors, elle inspira un bon coup, avant d’attraper la main de Sayu dans la sienne. Elle poursuivit en s’agenouillant devant elle, avant de lui dire :

- Ma belle princesse, me feriez-vous l’honneur et le plaisir de me laisser vous escorter jusqu’à notre table ?

Elle termina sa phrase en déposant un baiser sur la main qu’elle tenait dans la sienne. Bien qu’elle eut dit cela d’un ton assuré, les rougeurs qui s’étalaient sur ses joues ne pouvaient tromper personne. Raaah, pourquoi donc avait-elle cédé à cette soudaine pulsion ? Oui, elles étaient toutes deux déguisées, et leurs déguisements s’accordaient plutôt bien. Un soldat et une princesse, une version moderne du chevalier servant protégeant sa princesse bien-aimée. Dès lors, elle s’était sentie l’envie de pousser l’expérience un peu plus loin, avec cette petite mise en scène. Seulement, elle ne s’était pas attendue à se sentir aussi gênée pour si peu… Les yeux rivés sur la main de sa petite amie, trop embarrassée que pour relever la tête, elle attendait une réaction de cette dernière. Bon sang, qu’est-ce qui lui avait pris !? Après coup, elle espérait que Sayu ne la prenne pas pour une folle, voire une fétichiste…

Alors que la nippone s'imaginait ridicule, enfantine, dans cette robe rose bonbon, sa petite amie pensait tout le contraire d'elle en ce moment même, soutirant ainsi aux pommettes de la princesse, des rougeurs. Elina, dans son costume de capitaine militaire, avait même bégayé en lui assurant sa beauté. Sayuri trouvait cela mignon et amusant de voir une charmante demoiselle en tenue d'officier bégayer pour une petite chose comme celle-ci. Si la suijin s'était avérée être une véritable soldate, on l'aurait sûrement surnommé « cœur d'artichaut » ou « fleur bleue », pour beaucoup, cela serait dit de façon péjoratif, toutefois pour la petite blonde, il n'y avait aucun mal à être fleur bleue, bien au contraire, elle trouvait ça craquant !
Réajustant sa coiffe, tel un chef de troupe voulant être présentable et en ordre, la violine se préparait à quitter les vestiaires en compagnie de sa dulcinée maintenant qu'elles étaient toutes deux vêtues d'un déguisement réglementaire.
Sayuri ouvrait la marche, mais ne fit que quelque pas en direction de la partie restauration du café en remarquant que sa petite amie ne la suivait pas, se retournant alors dans sa direction, la mine interrogative.

-Tu ne viens pas Eli-chan ? Tu as oublié quelque chose ? Demanda-t-elle de sa douce voix où une pointe d'inquiétude pouvait encore et toujours se faire entendre.

La Russe ne répondit pas, elle se contenta d'attraper avec délicatesse la main droite de la jeune fille et de s'agenouiller face à elle. Le feu montait aux joues de la nippone prise au dépourvu. Son visage affichait une gêne et une surprise extrême et devait être devenu aussi rouge qu'un camion de pompier. À l'intérieur d'elle, c'était la panique ! E-Etait elle en train de...Non...C'était trop tôt n'est-ce pas ? E-Elina était elle en train de la...Demander en mariage ?!
C-Ce n'est pas qu'elle ne le voulait pas, elle aimait plus que tout au monde sa compagne, mais...Se marier...Sayuri ne se sentait pas prête ! Pas du tout même, elle est jeune et encore un peu immature, une enfant dans l'âme alors...Une chose aussi sérieuse et solennelle que des fiançailles...

Fausse alerte, le cœur ralentit ses battements, les membres cessent de trembler comme des feuilles, Elina ne faisait qu'une mise en scène comparable à celle des contes de fées lorsque le prince tombait amoureux de la jolie princesse... Voilà la blonde rassurait et, bizarrement, à la fois déçus d'apprendre que l'adolescente ne lui demandait pas sa main.

La suijin jouait le rôle d'un véritable gentleman, demandant avec la plus profonde des courtoisie d'escorter la demoiselle jusqu'à sa table. La miss s'imprégnait tellement de son rôle qu'elle conclut son jeu théâtral par un baise main. Sayuri retrouvait une fois de plus ses teintes rosées colorant sa face.

Un léger silence s'installa, elles étaient comme dans un jeu de rôle, Elina avait finit sa réplique, elle ne pouvait parler que si son interlocutrice récitait la sienne. Cependant, l'interlocutrice en question était bouche bée et gênée, ne sachant pas du tout quoi dire à son aimée. Mais le silence se faisait lourd et la demoiselle ne voulait pas que sa chérie pense qu'elle avait mal agi avec cette petite pulsion.

-J-je...A-Avec grand plaisir ma lieutenante !

Elina releva avec honte la tête, Sayuri lui offrit l'un de ses plus beaux sourires, ceux qui semblent provenir d'un ange et lui tendis la main dans un geste gracieux, voire majestueux.

-Guidez-moi à notre table, belle demoiselle, si vous le voulez bien... Peut-être que je récompenserai votre bonne action par un baiser ?

Elle avait dit ses dernières paroles en riant légèrement, glissant sa main dans celle de son amoureuse, se laissant guider vers la table qu'Elina estimait la plus confortable.

Le silence… Lourd, pesant, et presque bruyant tant il semblait s’étirer en longueur. Quelques secondes, ou quelques minutes tout au plus, s’étaient écoulées depuis qu’Elina ait commencé sa petite mise en scène, cependant, cela lui paraissait avoir duré bien plus longtemps. Plus le temps passait, plus la jeune russe avait l’impression que la température de son visage grimpait à des hauteurs inquiétantes… Il lui était arrivé plus d’une fois d’émettre de la vapeur lorsqu’elle était particulièrement gênée, et cette situation pouvait sans problème provoquer ce genre d’émoi. Elina commençait à regretter doucement de s’être laissée aller à cette petite mascarade… Qu’est-ce que Sayu pouvait bien penser de ce qu’elle venait de faire ? La prenait-elle pour une idiote ? Voire même pour une folle ? Est-ce que son mutisme soudain était dû à une mauvaise impression à son égard ? Venait-elle de se tourner en ridicule devant sa petite amie ?

Enfin, le silence fut brisé, chassé par la voix cristalline de l’élue de son cœur. Avec un léger bégaiement, elle accepta son offre, et avec grand plaisir de surcroît ! Cependant, malgré ce fait rassurant, Elina n’en restait pas moins gênée de ce qu’elle venait de faire… Si bien qu’elle releva la tête avec une légère hésitation, et de profondes rougeurs étalées sur son visage. Elle rencontra alors le sourire angélique de Sayu, celui qui lui donnait l’impression de sentir son cœur sortir de sa poitrine pour s’envoler vers le ciel lorsqu’elle avait le bonheur de pouvoir le contempler. Elle lui tendit également sa main, dans un geste digne de la princesse qu’elle était. Il ne restait plus qu’à quitter ces vestiaires, et de guider sa belle princesse jusqu’à la table qu’elles choisiraient une fois sorties. D’autant plus que la demoiselle venait de lui faire miroiter une récompense des plus motivantes : un baiser. Comment trouver plus belle motivation que celle-ci ? Certes, il n’était pas rare qu’elles en échangent, cependant, chacun d’entre eux était aussi magique que le précédent, si bien qu’Elina ne se lassait jamais de ce simple contact entre leurs lèvres. Ce fut donc enchantée qu’elle attrapa la main de sa bien-aimée et qu’elle se dirigea en sa compagnie vers la salle de restaurant à proprement parlé.

La pièce semblait étrangement colorée. En effet, les costumes des différents clients et des serveuses donnaient de l’éclat à ce lieu, où la bonne humeur et les rires étaient au rendez-vous. Cette formule originale avait le mérite d’amener avec elle la joie des consommateurs, ce qui rendait les lieux particulièrement vivant. Les deux demoiselles allèrent s’installer à une table libre près d’une grande plante en pot, à laquelle une serveuse avec une queue et des oreilles de chat ne tarda pas à venir les voir.

- Bonjour nya ! Que désirez-vous commander nya ?

Nya ? Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Mais alors qu’elle se posait cette question, son regard fut invariablement attiré par les oreilles de la serveuse. Est-ce que c’était elle, ou bien elle venait de les voir bouger ? Le regard fixé sur ces attributs animaliers, Elina essayait de voir si son esprit lui avait joué un tour, jusqu’à ce que la voix de la serveuse ne la tire de sa contemplation :

- Nya, si vous me fixez ainsi, je vais finir par rougir

Le tout accompagné d’un clin d’œil taquin. Elle n’avait pas dit ça sérieusement, mais Elina ne put s’empêcher de se gratter la joue d’un air embarrassée, tout en balbutiant que ce n’était pas du tout cela. Afin de mettre un terme à ce moment gênant, elle demanda à Sayu :

- T-Tu sais déjà ce que tu veux prendre ?

Le tout, avec son nez plongé dans le menu qu’elle tenait dans ses mains. Il ne manquerait plus que l’on croit qu’elle avait essayé d’une quelconque manière de draguer cette serveuse… Certes, ces attributs félins étaient mignons, mais cela n’avait rien à voir avec la demoiselle elle-même… Dans le cœur d’Elina, il n’y avait de place que pour une seule personne, et cette place était déjà prise par celle qui se tenait en face d’elle.

Les vestiaires désormais quittés, le jeune couple se trouvait maintenant au cœur des « festivités ». En effet, l'ambiance détendue, les rires et discussions joviales donnaient à ces lieux un côté soirée entre amis, une soirée passée à un bal masqué où costumes colorés créaient une ambiance magique, féerique.
Une fois installées à leur table, où l'odeur délicate de la plante en pot à leur droite venait chatouiller leur narines, il ne leur fallut attendre que quelques minutes, deux tout au plus, avant d'être abordée par l'une des serveuses. Cette serveuse avait des oreilles, une queue et des gants à coussinets, formant ainsi une hybride féline. Une « neko » en japonais, neko signifiant « chat ». Les attributs félins ainsi que la tenue de maid de la jeune femme lui offrait une élégance particulière, le mélange faisait un joli résultat !

Lorsque cette dernière demanda ce que les deux tourterelles souhaitées, en imitant un petit miaulement de chaton, Sayuri se plongea dans sa carte de commande, lisant avec attention les propositions du restaurant. Ainsi concentrée dans sa lecture, elle n'avait pas prêtait attention à ce qui l'entourait et fut alors surprise de l'intonation gênée de l'employée qui parlait de rougir sous un regard fixe, le regard d'Elina.
La saruta releva alors la tête, étonnée. Elle vu alors l'air embarrassé de sa petite amie ainsi que le discret clin d'oeil lancé par l'hybride dédié à la suijin. À la vision de cette scène, la jeune fille ne comprit pas pourquoi, mais une forme de frustration, de mécontentement naquit en elle. Elle n'appréciait pas du tout ce clin d'oeil furtif. Quelle était sa signification ? Ce genre de choses, on les fait à des personnes avec qui on est complices ou que l'on aime bien... Elina connaissait-elle cette jeune femme ? Ou alors cette jeune femme tentait de faire plus « amples connaissances » ? … Une chose était sûre, la nippone portait soudainement une méfiance maladive envers l'inconnue. Sans même le vouloir, Sayuri avait légèrement froncé les sourcils et gonflé ses joues, le tout donnant une certaine mine boudeuse.

La blonde se ressaisit lorsque sa bien-aimée bégayant une question : ce qu'elle désirait prendre.
Sans quitter la serveuse du regard, Sayuri ne jeta aucun coup d'oeil à sa carte est répondit.

-Je vais prendre une gaufre et un tapioca lacté à la banane...Et toi ma chérie ?

« Ma chérie » Sayuri avait rarement osé dire des surnoms affecteux de ce genre, malgré le fait qu'Elina et elle était ensemble, elle se contentait les trois-quarts du temps de prononcer son surnom « Eli-chan ». Mais, là, ce mot doux, ce mot amoureux, était sortit tout seul. Sa prononciation ayant peut-être était légèrement aidée par le fait que la demoiselle c'était si soudainement imaginé des choses à cause de ce précédent clin d'oeil. Peut-être que sayuri avait au fond besoin de dire cela en présence de la serveuse aux propos quelque peu douteux...Était-ce là... De la jalousie, naissant dans le frêle corps de la petite adolescente ?

Au bout d’un moment, Elina se décida à lever le nez de son menu, jetant un regard discret vers Sayu. Peut-être était-ce un effet de son imagination, mais quelque chose dans son expression semblait indiquer une pointe d’agacement ? Après tout, elle avait dû croire, à tort, qu’elle avait des vues sur la serveuse… Fichues oreilles ! Et en plus, avec tout ça, elle n’avait pas pu voir si oui ou non elles avaient vraiment bougé…

Cependant, les propos que tint sa petite amie juste après remirent en doute les conclusions auxquelles était parvenue la suijin…Et surtout, lui firent replonger le nez dans le menu afin de dissimuler les abondantes rougeurs qui s’étalaient à nouveau sur son visage. Ma chérie… Elle venait de l’appeler  « ma chérie », rien que ça ! E-Et devant quelqu’un d’autre, en plus !! C’était la première fois qu’elle employait un terme de ce genre pour lui parler, et elle le faisait en public ! Q-Qu’est-ce qui avait bien pu lui prendre, d’un coup !? Ne sachant pas trop comment réagir, elle resta cachée derrière le menu, répondant à la question que Sayu venait de lui poser en bégayant légèrement :

- L-La même chose que t-toi…

Pour peu, on finirait par croire qu’elle était bègue… Elina avait été vaguement tentée de l’appeler elle aussi pour un petit nom doux, mais n’avait pas trouvé le courage de le faire devant la serveuse… Peut-être que Sayu s’attendait à ce qu’elle le fasse, à son tour ? Qu’elle l’appelle « mon cœur », ou bien « mon amour » ? Ces pensées lui faisaient rater quelques battements de cœur… Cependant, à bien y réfléchir, la jeune russe doutait des raisons pour lesquelles elle s’était soudain mise à la nommer ainsi… Pour être tout à fait honnête, elle avait l’impression que ce petit surnom n’était pas tant dû à l’affection qu’elle lui portait qu’à un autre sentiment, qu’elle ne parvenait toutefois pas à identifier… Mais si ce n’était pas pour lui faire plaisir, pour qu’elle raison l’avait-elle donc fait ?

La serveuse s’en alla chercher leur commande, sans se départir de son sourire, pas le moins du monde perturbée par ce qui venait de se passer. Des couples tout frais, comme le leur, elle devait en avoir vu passer par dizaines… Pas étonnant alors qu’elle reste stoïque face à ce genre de situation. À moins que ce ne soit Elina qui réagissait de manière disproportionnée ? Cela aussi, c’était bien possible… Maintenant qu’elles avaient passé leur commande, il n’y avait plus de raisons valables pour que la suijin continue de se cacher derrière son menu, si bien qu’elle se résigna à le poser sur la table. Avec la serveuse partie, il ne restait plus que nos deux amoureuses autour de la table, en tête à tête et sans trop de personnes autour d’elle aux tables voisines. Cela aurait pu être un motif de réjouissance, et pourtant, quelque chose dans l’air rendait cet instant moins agréable qu’il n’aurait dû l’être… Est-ce que Sayu lui faisait la tête ? Anxieuse à cette idée, Elina se décida d’en avoir le cœur net. Et quel meilleur moyen de le faire que de directement poser la question à la principale intéressée ?

- D-Dis Sayu… Est-ce que… tu es fâchée ?

Si tel était le cas, il faudrait qu’elle trouve un moyen de se faire pardonner… Bien qu’elle ne savait pas trop comment faire pour lui prouver que son regard insistant n’était pas tant dû au physique, avantageux ou pas, Elina n’aurait su le dire, de la serveuse que d’une curiosité peut-être un tant soit peu trop poussée pour son déguisement… Et si elle n’y parvenait pas, elle trouverait le moyen de faire réapparaître ce beau sourire qui est le sien sur son visage qui ne l’est pas moins !

Tout en plongeant son regard dans le menu, le feu aux joues, la suijin bégaya une réponse. La demoiselle désirait la même chose que sa petite amie, c'était à dire un tapioca saveur banane accompagné d'une gaufre. La jeune fille était vraisemblablement gênée, ayant probablement remarqué la réaction jalouse de la petite blondinette face à la remarque de la serveuse fait précédemment.
Cette dernière était partie comme elle était venue, pas le moins du monde amusée par la situation. Il fallait dire que des scènes de ménage et des jeunes couples, ce ne devait pas être rare dans des lieux comme celui-ci.

Attendant l'arrivée de leurs commandes, les deux tourterelles restaient là, assise, dans un silence des plus profonds et des plus désagréables. Sayuri avait, semblait-il, une fois de plus plomber l'ambiance de son humeur quelque peu impulsive. Elle n'y pouvait rien la petite nippone si elle demeurait très émotive. Encore plus émotive au sujet de sa dulcinée, la Japonaise avait put le remarqué de nombreuses fois. Sa petite amie, Elina... Elle y tenait plus que tout au monde. Elle en devenait ainsi possessive et jalouse sans même le vouloir. Encore plus émotive au sujet de sa dulcinée, la Japonaise avait put le remarqué de nombreuses fois.

Sous le poids de cette atmosphère tendue, Elina craqua et brisa ce douloureux silence en posant la question suivante : est-ce que la saruta était en colère. L'adolescente redressa la tête, plongeant son regard dans celui de sa chérie, les sourcils froncés en une mine désolée.

-Je...

Elle se tut un instant. Comment expliquer ce qu'elle ressentait ? Devait-elle dire clairement les choses ? Sayuri craignait qu'en disant être jalouse, la suijin lui en veuille en pensant que cela démontre un manque de confiance envers elle... Mais d'un côté, mentir n'était jamais la meilleure des solutions...

-Je...Non. Je ne suis pas fâchée... Enfin, pas vraiment...Je... Je suis juste un peu...Hum...J-Jalouse ?... Je croyais que...Tu avais des vues sur cette serveuse durant un fragment de secondes...Désolée...

Elle tendit le bras afin d'agripper la main de sa petite amie dans la sienne.

-Je t'aime Eli-chan...Et...J'ai peur que tu te mettes à t’intéresser à d'autres filles que...Moi...

La jeune fille sentait ses joues chauffer, elle devait surement être rouge écrevisse en ce moment même. Rouge de honte. Honteuse, car dire cela donné une impression assez désagréable de vouloir passer pour le « centre du monde » alors que se faire remarquer était une chose que la demoiselle n'aimait pas du tout, bien au contraire ! Quoi que... Dans le fond...Elle aimait être le rayon de soleil de sa chère et tendre Eli-chan

Bien qu’elle ait posé la question, Elina n’était pas sure de vouloir connaître la réponse à celle-ci… Si Sayu était vraiment fâchée, comment ferait-elle pour se faire pardonner ? Il serait dur de ramener le sourire sur son beau visage si elle croyait vraiment qu’elle essayait de draguer d’autres filles… Le temps qu’il fallut à la demoiselle avant de prendre la parole sembla durer une éternité aux yeux de la suijin, qui avait l’impression d’attendre une mise à mort. Enfin, elle parla… pour dire un seul et unique mot. « Je »… Sayu cherchait ses mots… Cela n’annonçait rien de bon… Sinon, elle aurait directement contesté ce qu’elle avait dit ! S’attendant au pire, Elina écouta la suite des propos de son aimée…

Elle n’était pas fâchée, tels furent ses premiers mots. Ressentant une pointe d’espoir resurgir, la suijin s’accrocha aux lèvres de la blondinette en attendant la suite. Les mots tombèrent, alors… Ce n’était pas de la colère, mais de… la jalousie. Sayu était jalouse ? C’était là un sentiment qu’elle ne connaissait que trop bien… En effet, elle-même se montrait relativement souvent jalouse à l’école… C’est que sa petite amie avait pas mal de succès auprès des garçons, et il n’était pas rare que l’un ou l’autre ne lui tourne autour avec des intentions malsaines. Enfin, il n’y avait pas grand-chose d’autre à attendre de la part d’un représentant de la gente masculine, après tout… Mais voir tous ces loups rôder autour d’elle ne l’enchantait guère… Elle se rappelait très bien la fois où elle avait surpris une conversation entre un garçon de sa classe et d’autres garçons. Ce dernier parlait de sa petite amie avec des termes un peu trop élogieux à son goût… Résultat, elle avait fixé son dos d’un regard intense tout le reste de la journée, à la grande frayeur de ce dernier qui n’avait rien tenté pour finir, probablement de crainte de se faire maudire… Toujours est-il que le succès de Sayu avait déjà fait naître ce désagréable sentiment dans sa poitrine à plus d’une reprise, si bien que la demoiselle en était familière… Si bien qu’elle ne pouvait reprocher à sa petite amie d’en faire à son tour l’expérience, même si à son sens, elle n’avait aucune inquiétude à avoir…

Mais dans le cœur de la blondinette, cette certitude était absente. Et c’est en lui saisissant la main qu’elle lui confia sa crainte de la voir s’enticher d’une autre qu’elle… Avouer cela lui arracha de vives rougeurs, preuve qu’elle n’était pas fière de ce genre de pensées. Mais Elina ne lui en voulait pas. Elle s’en voulait plutôt à elle de l’avoir laissé éprouver ce genre de sentiment… Elle devait chasser ce dernier, pour qu’à nouveau, un beau sourire ne vienne éclaircir le visage de son adorable petite amie. Mais comment faire ? Elle décida de simplement laisser parler son cœur :

- T-Tu sais, tu ne dois pas être jalouse… Pour moi, il y a deux personnes qui tiennent une place toute particulière dans mon cœur… Et il s’agit d’Emily et de toi. Et ces places, personnes ne pourra jamais vous les prendre ! E-Et ce, parce que… j-je t’aime moi aussi… m-m-ma… chérie…

Les derniers mots d’Elina s’étaient accompagnés de quelques rougeurs discrètes sur ses joues. Elle espérait qu’elle avait su se montrer sincère, et que ses sentiments avaient été transmis à sa bien-aimée. Même s’il n’avait pas été facile de lui donner un petit nom doux, d’autant plus qu’elles étaient dans un lieu public… Heureusement qu’elles n’étaient que toutes les deux ! Ou du moins, était-ce qu’elle avait cru… Car une petite toux discrète leur signala qu’une tierce personne se trouvait là… La serveuse rencontrée un peu plus tôt était de retour, un plateau sur lequel était disposée commande, au grand dam d’une Eli qui vira au pivoine en une fraction de seconde… Pourquoi diable avait-il fallu qu’elle débarque, pile à ce moment-là !? Mais, très professionnelle, la demoiselle se contenta de déposer la commande sur la table et de s’éclipser discrètement, laissant les deux jeunes filles en tête à tête avec la gêne de ce qui venait de se dire…

L'espace entre l'instant où Sayuri avait joint leurs mains et la réponse de sa petite amie suite à cette sincère confidence sembla durer une éternité. Si bien que la nippone regrettât presque amèrement d'avoir dit tout cela, craignant de vexer sa dulcinée. Car oui, par le passé, la petite blonde avait déjà créé ce genre de tensions nostalgiques entre elles deux... Elle se haïssait pour ce point d'ailleurs ! Pourquoi mettait-elle toujours mal à l'aise sa chère Elina au point de créer une atmosphère lourde ? Franchement... Elle détestait faire cela, le problème étant que cela se faisait inconsciemment à chaque fois. Car il est évident que jamais, ô grand jamais, Sayuri ne souhaiterait volontairement blesser psychologiquement ou physiquement sa compagne. Si une telle chose venait à se produire, la miss s'en voudrait horriblement. Peut-être même qu'elle n'oserait plus regarder en face celle qui, depuis le commencement, fait battre son cœur.

Toutefois, et forte heureusement, la blonde se faisait, une fois de plus, un sang d'encre pour rien. La suijin ne lui en voulait pas. La violine disait qu'être jalouse s'avérait inutile, car seules deux personnes comptaient plus que tout au monde à ses yeux : premièrement, sa grande soeur adoptive, Emily. Puis, la jeune fille se trouvant assise en face d'elle, la prunelle de ses yeux, sa « chérie ».
Les joues de la campagnarde prirent, de plus belles, de vives couleurs. Non, elle n'avait pas rêvé. Elina venait de la nommer ainsi « ma chérie »... Tout comme elle l'avait fait quelques minutes plutôt sous le coup de la jalousie et le besoin de montrer sa possession à la serveuse qu'elle voyait alors telle une rivale amoureuse.

En parlant de cette pseudo-rivale, la demoiselle était là, silencieuse face à la table, ayant simplement marqué sa présence d'un toussotement avant de déposer les collations précédemment commandées et, de nouveau, s'en aller.
Regardant en direction de sa belle, Sayuri put remarquer la gêne de cette dernière. Et, bien qu'elle sût que cela n'arrangerait en rien cette gêne, vint se pencher sur la table et déposer un doux baiser sur les lèvres de sa partenaire. L'acte fut bref, mais des plus... Exquis... Oui, Sayu avait savouré ce simple petit bisou comme si celui-ci était le dernier.

- Si nous avions était toutes seules, en tête-à-tête, sans aucune autre personne autour de nous... J'aurais aimé que ce baiser soit plus long... M-Mais... Les embrassades en publique c-ce n'est pas convenable...

Le feu aux joues, l'adolescente chercha quelque chose sur quoi poser son regard gêné et fut donc bien ravie d'avoir était servit. Plongeant ainsi son attention sur son verre et la petite assiette contenant une gaufre encore fumante.

Elina se demandait des fois si elle n’était pas vouée à se retrouver dans des situations gênantes… Combien de fois ne s’était-elle pas retrouver face à ce genre de scènes ? Que ce soit un pantalon qui tombe juste devant ses yeux, elle-même se retrouvant à moitié nue sur sa meilleure amie, ou bien, plus récemment, sortir en petite tenue en plein milieu d’un magasin, on aurait pu croire qu’elle était abonnée ! Et une fois encore, il avait fallu qu’une tierce personne apparaisse au moment où elle appelait sa petite amie par un petit mot doux…

Mais rapidement, ces sombres pensées furent chassées par un doux baiser de sa tendre Sayu. Bien que surprise par ce geste plein d’audace, vu qu’elles étaient entourées par bon nombre de personne, Elina ne manqua pas d’apprécier ce dernier pour autant. Malheureusement, ce baiser fut bref, presque comme un baiser volé, mais non moins agréable pour autant. Le cœur de la suijin manqua quelques battements, tandis qu’elle écoutait sa petite amie lui confier que si elles avaient été en tête à tête, ce baiser aurait duré bien plus longtemps, et cette perspective laissa Elina désireuse de se retrouver seule en compagnie de sa chérie. Mais ce n’était pas le moment de chercher à s’éclipser pour aller se bécoter discrètement, étant donné que leurs gaufres se trouvaient devant elles. E-Et puis, c-ce genre de chose pourrait laisser croire qu’elle avait d’autres intentions que de simplement profiter des lèvres de la demoiselle…

Elina se contenta donc d’imiter Sayu et donc de se concentrer sur sa collation. Elle commença donc à grignoter sa gaufre tout en avalant quelques gorgées de son verre à l’occasion. Son regard, par contre, ne manquait pas d’aller se poser sur la jeune fille en face d’elle. Une sorte de contemplation silencieuse… Et finalement, alors que son assiette était presque vide, des mots franchirent les lèvres d’Elina sans qu’elle ne puisse les retenir :

- Je t’aime…

La jeune russe ne savait même pas pourquoi elle avait ressenti ce soudain besoin d’exprimer ces mots. Peut-être parce qu’à chaque fois qu’elle posait ses yeux sur le beau visage de sa petite amie, son affection pour elle grimpait en flèche ? Peut-être parce qu’elle était tout simplement heureuse de se trouver en sa compagnie, à se balader tout simplement comme le ferait deux adolescentes normales ? Peut-être parce qu’elle était reconnaissante à la blondinette d’être venue éclairer sa vie ? En tout cas, elle n’avait pu les retenir… Et cette fois, elle ne se sentait pas gênée d’avoir tenue pareilles paroles ! Malgré tout, elle reporta son attention sur son assiette, pressée de finir sa gaufre…

Ce précédent baiser avait laissé Sayuri sur sa faim. Il en paraissait de même pour Elina qui, suite à ce gage d'amour inattendu, fit comme sa petite amie : porter son attention sur le contenu de son assiette. Pour une fois, les deux jeunes amoureuses semblaient avoir échangé cette embrassade sans perdre leurs moyens, bien que, comme toujours, elles n'osaient plus se regarder dans les yeux. Pour une fois, les deux jeunes amoureuses semblaient avoir échangé cette embrassade sans perdre leurs moyens, bien que, comme toujours, elles n'osaient plus se regarder dans les yeux.
C'était baignées dans le plus grand calme que les tourterelles dégustées leurs gaufres légèrement saupoudrées de sucre. Il était incroyable de voir à quel point une simple petite douceur, comme celle-ci, pouvait faire ressurgir de merveilleux souvenirs au sein de la mémoire de la petite nippone. Ce petit délice lui rappelait le premier jour passait en compagnie de la Russe, celui de leur rencontre sur cette île qui à l'époque était inconnue de la blondinette. Bien qu'aujourd'hui encore, elle demeure loin, très loin, de connaître chaque recoin de l'archipel !

En fait, la gaufre était en quelque sorte l'emblème du bonheur de Sayuri sur cette île. La chose qui fait qu'elle ne se remémore que de bons souvenirs, des souvenirs partagés avec la femme de sa vie. Awashima avait, dans le fond, ses avantages. Certes, se retrouver ici signifié être coupé du monde, de vos terres natales, de vos familles... Mais, chaque demi-dieu de l'île devait avouer une chose : s'ils n'avaient pas été embarqués de force en ce lieu, ils n'auraient jamais rencontré les personnes qui, désormais, leur servent de familles, d'amis, d'amour... Oui... La saruta remerciait sincèrement, du fond du cœur, son ancêtre divin pour lui avoir transmis ses dons et lui avoir permis la rencontre de si belles personnes au sein de cet îlot.

Soudainement, la prise de parole de sa dulcinée mit fin à son flashback. La suijin avait prononcée une phrase simple, connue de toute. Une phrase qu'elle répétait souvent à la Japonaise qui lui renvoyé la pareille : Je t'aime. Toutefois, ce « je t'aime » était venu d'un coup, sans raison apparente, comme si la violine avait ressentit un brusque besoin de rappeler la teneur de ses sentiments. Cela arracha, bien sûr, des rougeurs à l'adolescente à qui ces jolis mots doux étaient destinés.

Sayuri porta alors son regard attendri en direction de sa compagne, fendant ses lèvres en une esquisse sincère.

-Moi aussi Eli-chan, énormément…

Posant ensuite les yeux sur la commande de sa partenaire, elle sirota le restant de boisson de son gobelet avant de reprendre la parole :

-Tu as fini ? Tu veux que l'on reste un peu ici, ou tu aimerais aller autre part ?

Sayu ne tarda pas à lui confesser ses sentiments à son tour, et l’ambiance autour de la table changea agréablement. Un peu bizarre, certes, après avoir prononcé de tels mots, mais fort appréciable malgré tout. Malgré tout, ce fut en silence que se termina cette petite collation, ce qui ne dura pas bien longtemps, les assiettes et verres étant déjà presque vides. Cela avait été un petit interlude fort agréable, si l’on mettait de côté bien sûr le petit moment tendu s’étant déroulé après l’arrivée de la serveuse… Mais le malentendu ayant été réglé, Elina avait su pleinement apprécier le reste du temps passé dans cet endroit en compagnie de sa merveilleuse petite amie ! Elle avait même l’étrange impression que leur relation venait de se renforcer après cet instant passé en tête à tête… Une simple impression de sa part ? Peut-être… Ou peut-être pas ! Pour elle, en tout cas, les sentiments qu’elle ressentait pour sa petite amie n’avait fait que s’accroître en la voyant manifester cet étrange sentiment qu’était la jalousie… Cela était la preuve qu’elle tenait vraiment à elle, et cela lui faisait chaud au cœur ! Ce fut donc avec un regard brillant d’émotion qu’elle l’écouta demander comment allait se dérouler le reste de leur sortie…

Elina prit le temps de la réflexion avant de répondre. Pour être tout à fait honnête, elle en avait un peu marre de la galerie marchande… Non pas qu’elle avait quelque chose en particulier à lui reprocher, mais c’était juste qu’elle et la foule… Oui, bien qu’elle ait évolué à ce niveau-là, Elina restait malgré tout encore quelqu’un qui n’appréciait pas particulièrement d’être entourée d’une masse de gens… Et puis, si elle devait se montrer complètement honnête, elle devait avouer que ce qu’elle voulait, là, c’était se retrouver seule avec sa chérie. Pouvoir profiter pleinement de se trouver à ses côtés, loin des yeux d’éventuels curieux ou importuns qui briseraient le plaisir d’être avec elle… Aussi, finit-elle par proposer :

- On pourrait peut-être aller au parc Hinan Jo, non ? On serait plus tranquille…

Oui, cela lui semblait être une destination fort intéressante. Certes, elles ne seraient pas seules, mais il y aurait moins de gens agglutinés les uns sur les autres. Et puis, ce petit coin de nature était le genre d’endroit que sa chérie appréciait, si bien qu’elle apprécierait certainement plus de se trouver là-bas plutôt que dans une jungle de béton ! Et rien au monde ne faisait plus plaisir à Elina que de faire plaisir à Sayu… Et puis, pour elle, rien que d’être avec elle suffisait à la rendre heureuse ! Si bien que, quelque que soit l’endroit où elles pouvaient bien être, elle s’en accommoderait. Elle ignorait cependant que, bientôt, la présence de sa petite amie allait revêtir une importance bien plus importante encore qu’elle n’aurait pu le croire… Car le destin s’apprêtait à jouer un bien vilain tour à la jeune suijin, qui en avait déjà connu plus d’un au cours de sa courte vie…

Le parc naturel d'Ikazuchi. Voilà le lieu où se poursuivrait cette journée de tête-à-tête des plus agréable et quelque peu romantique par moments.
Les demoiselles ainsi d'accord sur la suite des événements, elles firent signe à une employée afin de régler l'addition puis quittèrent le centre-ville bondé de monde.

Elles passèrent donc le restant de la journée au milieu de verdure et de chants d'oiseaux. Un cadre des plus relaxant et merveilleux en compagnie de la plus belle des créatures. Sayuri ne pouvait rêver mieux !
Ensemble, elles se promenèrent, profitant du calme et de la beauté des lieux. Elles restèrent assises sur un banc du jardin pour admirer le couché de soleil et conclure cette magnifique journée par un doux baiser lorsqu'il fut l'heure de se quitter.

À ce moment, Sayuri ne savait pas qu'une chose, quelques jours plus tard, bouleversera sa petite amie, lui arrachant des semaines entières ce tendre sourire de son doux visage...

FIN