Les apparences peuvent être trompeuses [PV Xyumu]

Je poussais un long soupir.
J'étais enfin inscrit au lycée Danshi. Mais le système scolaire m'était encore inconnu : je n'étais jamais allé à l'école. Je n'en avais pas eu besoin jusqu'à aujourd'hui ! Mon... "très cher oncle" avait acheté pour moi les services d'un grand précepteur. J'avais toujours étudié à domicile et je me voyais mal apprendre en étant entouré de gens.

   Mais il fallait positiver, car autant d'individus de mon âge réunis au même endroit signifiait davantage de sources d'informations pour mon compte. Je ne manquerai pas de m'intégrer comme il se doit pour que, sur le long terme, ces jeunots finissent sous ma botte... La première étape était simple : marquer le coup. Si je faisais bonne impression dès le départ, jouant de mes charmes et de mes talents de comédien, je deviendrai rapidement le centre d'intérêt de ce troupeau de moutons, attiré par la nouveauté. Mes quelques recherches sur la sociologie et les mouvements de foule allaient m'être précieuses.

   Je me promenais maintenant dans le centre-ville de Koûsha, la cité scolaire. Je reconnaissais que l'agencement de l'Île était intéressante : chaque zone était spécifique à un besoin. Ici, tout était fait pour aider à l'élévation de l'individu, ce qui à grande échelle profitait à la société. De grands quartiers étudiants, des centres scolaires adaptés, des bureaux de formation... Et à côté de tout ceci, des commerces abordables, des lieux de divertissement et même un square.

   J'avais réfléchi à ce qu'il me fallait faire à présent : optimiser mon emploi du temps, me trouver un petit boulot, créer des liens avec d'autres détenteurs de pouvoirs et exploiter leurs connaissances et leurs capacités. Mais avant tout je voulais me divertir. Cette arrivée sur Awashima s'était accompagnée de nombreuses charges administratives et d'un grand nombre de déplacements que je jugeai inutile. J'étais tout à fait apte à me débrouiller seul ! Enfin... Je ne pouvais pas causer de problème dès mon arrivée. C'était contre-productif.

   J'arrivais devant une salle d'arcade. La devanture colorée et les nombreux néons éteints de-ci de-là attiraient le regard. Je trouvais cependant l'arbuste décoratif à droite de la double porte de très mauvais goût, vu l'ambiance du lieu. Mais cet endroit me rendait nostalgique : il m'était arrivé de me promener dans Kyoto et de passer devant ces petits bâtiments. Je m'y arrêtais, quand j'avais un temps, afin d'y exploser un score, par simple souci d'orgueil. Je me délectais ainsi de l'admiration que j'inspirais aux autres joueurs... Je rentrais à l'intérieur.

   Contrairement à ce que la taille laissait supposer de l'extérieur, il y avait énormément de bornes ici. Et il y avait même un étage ! Malgré moi je restai bouche bée un moment. Me reprenant enfin j'avançais dans les rangées, la plupart étant destinées à des jeux de tir ou de danse. Plutôt mystiques dans le concept d'ailleurs... Mais au bout d'un couloir, je tombais sur les jeux retro les plus anciens et, à ma grande surprise, les moins prisés. L'une de ces bornes m'attira davantage : celle du Duck Hunt. Le jeu consistait à tirer sur un canard à l'aide du curseur de visée. De temps à autre, notre chien moqueur venait pour nous déconcentrer, nous indiquer que nos munitions étaient épuisées, ou pour récupérer le canard à terre. Un concept simpliste mais efficace. Seulement la borne était occupée par quelqu'un.

   La personne en question était une jeune femme aux cheveux... roses ? Sans doute une teinture. Ce n'était pas inhabituel de nos jours. Les gens étranges se multipliaient, même parmi les êtres sans capacité. Élégante dans sa robe, une pièce noble de haute couture semblait-il, et avec ses quelques plumes de cristal en guise de barrettes. Je m'approchai un peu, de manière à mieux voir son visage. De profil, je remarquai la finesse de ses traits et la clarté de sa peau. Bizarrement, elle me fit penser à ces mannequins de cire, trop vivants pour paraître poupées, trop pâles pour sembler humains. Mais en y regardant à deux fois, je reconnus mon erreur : elle était au-delà du simple physique : elle dégageait quelque chose de... spirituel. Cette aura charismatique me touchait et cela me déplut fortement. Je ne pouvais pas accepter qu'une autre personne que moi puisse dépasser le commun des mortels, rien qu'en apparence.

   Pourtant, il me fallait me ressaisir : il était hors de question de faire du zèle dans le coin. Et si mon impression était la bonne, alors il me fallait maîtriser l'aura qui était la sienne. Pour ce faire, j'allais jouer au jeu que je préférais. Celui du serpent faisant croquer la pomme à Eve. Je me regardai dans la vitre à ma droite et m'y examinai : j'étais charmant à souhait. Je pris une petite inspiration, soufflai un coup, passai ma main dans les cheveux et m'approchai, feignant la gêne importune et l'innocence :

- Hum... bonjour, mademoiselle. Excusez-moi de vous déranger, mais je vois que vous aimez ce genre de jeu. Je n'ai pas pu m'empêcher de venir vous voir, étant moi-même assez fan.

   Plus qu'à attendre sa réaction...

Ha la passion du pixel et des manettes ! Réellement, je vais être simple et vous dire qu'il n'y en a pas de plus grande, elle est géniale, créatrice, cathartique, compétitive et source à rite ! Oui, je suis certaine que dans le développement, ce genre de jeu nous permettent de passer les rites qui n'existent plus que de manière détourné dans nos sociétés... En soit, ça fait plaise de tuer (un) Dieu dans God of War ou Silent hill, par exemple ! Enfin vous m'avez comprit les lapins, ou plutôt les canards, car c'est entre deux idées pourries que mon créateur décida finalement de prendre le jeu Duck hunt ? Pourquoi lui et pas un autre ? Sachez qu'il a une obsession avec le fait que je sois une anomalie, alors il tenait à ce que je fasse quelque chose.

Pan. Dis-je en levant les sourcils et en plissant la lèvre de satisfaction en tirant sur cet insupportable chien, le faisant tomber dans les pommes accompagné par un visage -museau- noircit ! Enfin, ça, c'était surtout pour le fan service et rigoler un bon coup, parce qu'on peut se demander si cette blague n'a pas déjà été trop faite et si on devrait pas juste l'abandonner et passer à autre chose, comme demander quand il sortira un Half Life 3 !

Enfin bref, entre deux canards (Ou mon créateur pour les intimes) touchés, je fis une pause, ce genre de jeu me détendait, ils n'étaient pas dur en soit mais juste assez pour procurer un sentiment de satisfaction plein lorsqu'on y arrivait, un petit sentiment disant qu'on y est arrivé -on revient au rite !-. Au final, je me demande si rp pour vous fait aussi office de rite ? Avez vous besoin de vous prouvez quelque chose ou de passer une étape symbolique pas ce biais ? Question à creuser... N'hésitez pas à en parler à mon créateur, il se fera une joie de me faire passer vos réponses !

Enfin revenons au sujet qui nous intéresse voulez vous ? On est venu me déranger pendant une partie de Duck Hunt. Et sans parler du prix du génie niveau approche pour de la futur drague, c'était vraiment pas fin... Ou alors si, ça l'était tellement que c'était froid et sans aucune envie de le rejoindre, comme une main de glaçon pour te sortir de la boue, non merci, trop froid. Bien entendu, je lui souris, c'est une des bases de la politesse. Je fis tourner le pistolet que j'avais en main par le biais de mon doigt dans le sas de la gâchette. Vous êtes fan de ce truc ? Oh mon pauvre, quelle enfance horrible vous avez du avoir ! C'est juste par pur amour du retro que je suis ici ! Je ris. Mais je peux vous laissez la place, il y a plein d'autre jeu que je veux faire, j'ai tout un univers à revisiter comme on revisite un livre après l'avoir oublié à moitié.

La jeune femme faisait tourner le pistolet avec son doigt en me regardant, le sourire aux lèvres. Pas le genre de sourire qu'une demoiselle charmée ferait. Plutôt celui d'une personne pleine d'assurance. Elle possédait presque autant de fierté que moi... Elle me répondit :

- Vous êtes fan de ce truc ? Oh mon pauvre, quelle enfance horrible vous avez du avoir ! C'est juste par pur amour du retro que je suis ici ! *Rire* Mais je peux vous laissez la place, il y a plein d'autre jeu que je veux faire, j'ai tout un univers à revisiter comme on revisite un livre après l'avoir oublié à moitié.

   Je n'en revenais pas. C'était bien la première fois qu'une personne que j'interpellais de cette manière ne rentrait pas dans le jeu. Le pire était qu'elle me prenait de haut ! Je fulminais intérieurement, vexé par cette attitude inédite pour moi. Même auprès des yakuzas je n'avais reçu ce genre de réponse. "Mon pauvre" ? De la pitié ? Non merci. Là n'était pas ce que je souhaitais. Je gardais contenance, histoire de reprendre la main sur la situation. Toujours aussi souriant, quoi que de façon plus modérée, je réajustais mon expression afin de paraître moins entreprenant. Mais qu'elle soit rassurée : je ne draguais pas les femmes plus âgées que moi.

- Ne craignez rien, mon enfance a été des plus heureuses. Je suis juste un peu vieux jeu. D'après ma famille ! Mais puisque vous me le permettez...

  Je prenais place là où elle se trouvait auparavant, arme factice en main, partie prête à être lancée.

- Laissez-moi vous montrer ce que j'entend par "fan".

  Et j'appuyais sur la gâchette.
  Je retrouvais ces sensations qui me rendaient nostalgique : le toucher d'un pistolet, même faux ; l'impression de puissance qui se dégageait de ma personne quand je braquais cette chose sur ma cible ; le léger cliquetis annonçant la sortie de la balle et l'impact... Le pouvoir de blesser, de se faire maître de la vie d'un individu. En l’occurrence ici, un canard pixelisé dont les battements d'ailes se faisaient par saccade. Je touchais la bestiole qui s'effondra, déplumée, pour atterrir entre les pattes de cet idiot de corniaud. J'en toucha un autre. Même sort pour le troisième. Mon viseur s'arrêtait toujours au même endroit, entre le bec et l’œil unique du volatile. Autant de précision... Où s'arrêtait mon talent ?

  Je me sentais bien. J'oubliais également la frustration d'il y a deux minutes. Je n'étais pas spécialement adorateur des jeux vidéos, qui n'offraient pas assez de "réalisme" à mes actions, mais une enfance au sein d'un organisme considéré comme illégal dans bien des pays, avec un apprentissage précoce des différentes manières de survivre dans le milieu, m'avait rôdé pour le restant de mes jours. Mon pouvoir me permettait déjà l'amélioration de mes sens, il ne me manquait plus qu'à entraîner mes réflexes ! J'étais très vite devenu d'une précision redoutable. La confiance que je m'accordais devait y être pour beaucoup.

   Je regardais de temps à autre la jeune femme, assise à une autre borne, espérant attirer son attention, la surprendre d'une quelconque manière. Je me surpris à faire - presque - des pieds et des mains pour obtenir une réaction quelque peu satisfaisante de sa part. Le score ne cessait de grimper. Pourtant je finis par m'arrêter, baissant le pistolet. Ce faux-semblant de tuerie m'avait lassé.

- Ma foi... ce genre de jeu a une faille : au moment où l'on sait comment gagner à tous les coups, il devient sans intérêt. Ce qui est excitant au final, c'est de savoir que le risque de perdre existe. Vous ne pensez pas ?

Autant être honnête chers lecteurs, ce n'est pas vraiment le premier qui essaie de me draguer, enfin, si c'est le cas hein... Mais faut dire que c'est assez maladroit comme manière, plutôt que de jouer devant moi il serait mieux de jouer avec moi. M'impressionner avec un jeu aussi basique que Duck Hunt sera dur ! Enfin, je vais pas lui donner des conseils non plus, qu'ils se débrouillent un peu ehe. -Même si au fond, il n'a pas vraiment une chance avec moi, je préfère le dire êê-.

Mais voila donc une philosophie intéressante qu'on a ici, le plaisir de jouer viendrait donc du fait qu'on peut perdre lamentablement ? Je ne saurais pas vraiment répondre à cette question, dans un sens, je sais que tout à une faille, une logique, une propriété propre et caché qu'on peut cerner pour la comprendre et la résoudre. Qu'en pensez vous, lecteurs ? Je pense qu'il a raison dans le fond, c'est cette peur de la défaite qui nous donne une telle dose d'adrénaline dans le sang et qui fait tout l'enjeu. C'est vrai que je me suis bien fait chier à regarder One punch man, je n'ai rien trouvé de plus chiant, aucun enjeu, il est bien trop fort pour que ce soit intéressant à regarder.

Je ne pensais pas le dire à un jour, mais One punch man vous donne raison jeune homme !

Enfin j'en profite pour le préciser ici, mais appart ce sourire en coin innocent que j'arbore toujours, il n'a rien su me tirer de sa performance certes très bonnes mais insuffisantes.

- Je ne pensais pas le dire à quelqu'un un jour, mais One punch man vous donne raison jeune homme !

    Et comment ! Quel ennui que ce manga-là... Non pas que j'apprécie particulièrement les mangas, mais un héros invincible à la nature pourtant imparfaite ne méritait pas d'être connu. "Chacun ses goûts" ? Ne me faîtes pas rire. Ce type était l'exemple même de tout ce que je méprisais. Nous ne sommes pas venus au monde pour n'éprouver aucune difficulté. Au moins une chose pour laquelle j'étais d'accord avec les êtres inférieurs.

    Pour en revenir à nos affaires, j'obtenais enfin un semblant de réaction de la part de la jeune femme. Ce n'était pas vraiment la folie, mais il fallait bien commencer quelque part. Je la fixais un temps, en réfléchissant à ce qui pouvait bien motiver ce genre de personne. Comme je l'avais déjà fait remarquer, je la percevais comme une extravagante, une étrangeté. Mais ce côté mystérieux me dérangeait autant qu'il m'inspirait. Ce divertissement m'attirait bien plus qu'un canard en boîte, avouons-le.

- Que diriez-vous, dans ce cas, de jouer une partie avec moi ? Je vous laisse choisir l'arcade qu'il vous plaira. Oh n'y voyez aucune obligation, je ne cherche pas à me montrer... envahissant.

    J'espérais sincèrement me renseigner sur ces lieux. En apprendre davantage sur l'Île et son fonctionnement, ainsi que sur les principaux endroits à connaître. Je pouvais très bien me débrouiller tout seul pour obtenir ces informations, mais pourquoi se priver d'une aide extérieure ? Surtout quand celle-ci possédait également un don. J'espérais créer le dialogue à travers cet échange.