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| Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson | |
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Invité Invité
| Sujet: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Mer 27 Avr 2016 - 7:33 | |
| Six heures trente … Le réveil sonna, inondant le petit appartement de bord de mer d'un brutal mais mélodique hymne au café matinal, à la sauce Death Metal. Bref, rien de mieux pour qu'Atramédès commence une bonne journée. Le ciel apparaissait derrière les rideaux, clair, promesse d'un beau jour. - Café …Ce fut le premier mot du jeune homme en ce nouveau jour, un peu comme une réclamation … ou une érection matinale. Ses pas le guidèrent machinalement de son canapé clic-clac à la cafetière, quelques mètres plus loin, dans le coin cuisine, et il se versa une longue tasse bien noire, qu'il mit au micro-ondes. Il avait acheté ces appareils, plus quelques autres, la veille, afin de compléter ses meubles, se servant pour cela d'une grosse partie de la monnaie qui lui restait. Cependant, son réfrigérateur et ses placards étaient vide, et il allait devoir se servir du reste de ses économies pour les remplir … avant d'envisager de reprendre les compétitions de jeux-vidéos pour se refaire un peu. Malheureusement au mois d'avril-mai, cela risquait d'être un peu creux, car les compétitions majeures reprenaient surtout au début de l'été, du moins pour celles où il n'était pas nécessaire d'être licencié dans une équipe … Lorsque le vrombissement du micro-onde se termina enfin, Atra prit alors un sucre, et le mélangea dans sa tasse, avant d'en avaler une longue gorgée. La chaleur emplit son corps, et il la salua en un « Aaaaah ... » de plaisir. Ce café était le premier pas vers le réveil, car il avait la tête dans le cul, le cul dans le brouillard. - Désolé pour hier soir, pensa-t-il tout haut, en contemplant les cadavres de canettes de boisson énergisantes qui trônaient sur son bureau, et en pensant à ses voisins qui avaient du supporter le clac-clac incessant de son clavier ... Il se rappelait avoir joué pendant des heures et des heures avec ses sœurs, bien plus longtemps qu'il n'avait dormi à vrai dire … Mais il n'en avait que faire, pouvoir discuter à nouveau avec elles et savoir qu'elles allaient bien était une bénédiction. Une fois le café terminé, il attrapa un sac, puis sortit de son appartement. Le petit immeuble était assez austère, mais bien situé par rapport à l'océan. Manque de bol, le logis d'Atra était côté rue, et non coté mer, mais il s'en foutait, car si l'envie de piquer une tête lui prenait, il n'avait qu'une cinquantaine de mètres à faire pour se retrouver sur la plage. Le soleil commençait à chauffer, à mesure qu'il apparaissait à l'Est, et aucun nuage ne pointait à l'horizon. Il n'était vêtu que de son habituel maillot noir, assez peu sensible aux changements de température, et d'un jean déchiré, auquel pendant une chaîne en argent. Atra pris quelques instants pour contempler la mer, relativement calme, et sentir les embruns sur son visage. L'odeur salée de l'air lui rappelait celle du port de Thessalonique, où il allait parfois travailler pour subvenir aux besoins des jumelles, et lui donna une soudaine envie de poisson … De la morue frite à l'ail serait parfaite, avec des légumes farcis aux herbes, et du yaourt … Bon, en vérité, il se contenterait de ce qu'il trouverait au marché, mais on lui avait dit qu'il n'avait aucun soucis à se faire concernant la quantité et la diversité des produits disponibles. Le jeune homme prit donc la direction du marché, avec quelques sous en poche, espérant que tout cela lui suffirait pour acheter de quoi manger au moins les trois à quatre prochains jours ...
Dernière édition par Atramédès Diàmachi le Mer 27 Avr 2016 - 12:48, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Mer 27 Avr 2016 - 10:45 | |
| Accoudée à la fenêtre, j'observe le soleil se lever. J'ai passé toute la nuit ici, sans dormir. Je ne me suis même pas couchée, cela n'aurait servi à rien. En effet, je suis si tendue à l'idée de vivre jusqu'à la fin de ma vie sur cette île inconnue, loin de ma famille... C'est ce moment que choisit mon téléphone pour sonner. Je m'arrache avec difficulté à ma contemplation de la grosse boule rouge, pour chercher l'objet. Où est-ce que je l'ai mis ? Quand enfin je mets la mains dessus, la messagerie vocale s'est mise en route. Et le message commence : Je connais cette voix ! Heureuse, je décroche : C'est ma sœur aînée. - ¿ Cómo estáis, tú y papá ? Nous continuons à discuter pendant un long moment. Je suis heureuse de la retrouver, et cela semble réciproque. En effet, même si je ne suis arrivée sur cette île qu'hier, elle, âgée de deux ans de plus que moi, était déjà partie à l'étranger avant mon départ. Cela fait plusieurs semaines que je ne l'ai pas vue. Cependant, elle finit par briser la joie des retrouvailles, avec un : - No... Lo siento, ¡ hasta la próxima ! Je raccroche à la hâte, puis, ne désirant pas me casser la tête, je fouille dans les placards de la cuisine, prends la première chose que je trouve, soit un pot de confiture bien entamé et un peu de pain. eux tartines plus tard, je suis en train de faire ma vaisselle en me demandant quoi faire aujourd'hui. C'est samedi, il n'y a donc pas cours. Soudain, une idée me saisit : je n'ai pas cours, donc du temps libre. Et je suis perdue sur cette île. Pourquoi ne pas profiter du week-end pour visiter ? Quelques heures plus tard, je quitte la cité étudiante qui constitue la seule ville que je connais pour l'instant. Traversant une petite zone sauvage, je finis par arriver dans un village. Quand j'y entre, la nostalgie m'envahit. Ce village est semblable à n'importe quel autre, mais je me souviens que lorsque je vivais encore à Quito, malgré le statut de capitale de cette ville, j'aimais beaucoup me rendre dans un village voisin avec ma sœur. Tandis que je me promène dans les villes, d'autres souvenirs me reviennent. Je revois les activités auxquelles nous nous adonnions. Lorsque j'arrive sur la place du marché, Je ne peux empêcher les larmes de me monter aux yeux. C'est ma mère qui, la première, m'a fait découvrir ce qu'est un marché. Et je sais que je ne pourrai plus jamais lui reparler. Je ne pourrai certes pas non plus la voir, mais il en est de même pour ma sœur et mon père, avec qui je peux tout de même communiquer, comme me l'a montré ma sœur ce matin encore. Avec rage, je chasse mes larmes. Cela ne mène à rien de pleurer le passé. Il faut l'intégrer et en faire une force. Je lance un regard circulaire alentour. Il est encore tôt, donc peu de personnes présentes. Les commerçants ne semblent d'ailleurs pas être tous présents. Un mouvement à la limite de mon champ de vision attire mon attention. Ce n'est qu'un homme qui entre lui aussi dans le marché. Il semble décidé. Peu importe, c'est une personne comme une autre. Pourquoi m'intrigue-t-il ? Je verrai cela plus tard. Pour l'instant, je veux retrouver le calme. Ma mère m'a souvent conseillé, quand je me sens déprimée dans un marché, de me rendre là où ils vendent des fleurs ou des épices, puis de me laisser emporter par les odeurs. Il semble que c'est un parfait remède contre l'anxiété. Je n'ai donc plus qu'à chercher un tel endroit... Mais je marche sans conscience de ce qui m'entoure. Je ne savais pas que je pense encore autant à ma mère... |
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| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Jeu 28 Avr 2016 - 16:41 | |
| Atra flana toute la matinée dans le marché, démarchant quelques vendeurs pour du bon poisson et des légumes, mais s'arrêtant également sur les stands qui proposaient des produits moins utilitaires comme des objets de décorations par exemple. Il vit d'ailleurs un genre de sculpture de type tiki en bois flotté, qui attira un moment son attention, puis retourna à ses priorités. C'est ainsi qu'il arriva devant une poissonnière, assez petite et menue, proposant toute sortes de fruits de mer. Elle avait des sardines, des chinchards, de la roussette, de la daurade, du poulpe, des moules, des huîtres …
Le grec jeta son dévolu sur un beau rouget, avant de continuer son trajet vers le primeur, pour y acheter des pommes de terres et des tomates. Il était loin de son choix initial, mais le poisson était frais et lui donnait envie. Ce serait donc une bonne grillade de poisson à la grecque avec quelques légumes pourtant loin de son régime habituel. Atra termina alors ses courses par un tour chez un marchand d'épices pour récuperer ce dont il avait besoin pour sa recette : du fenouil, et quelques herbes méditerranéennes, ainsi qu'une bouteille d'huile d'olive. Il se fit pour le coup une réflexion intéressante : on trouvait vraiment de tout sur cette île, et surtout, on s'y adaptait vite.
Il faisait bon, et il n'avait pas franchement envie de rentrer tout de suite, aussi il s'assit un instant sur un petit banc en bois, seul, puis alluma son baladeur pour écouter un peu de musique. Il ferma les yeux, et se laissa emporter au loin. Soudain, son téléphone sonna :
- Grand frèèèèèèèèèèère !
- Kat ! Comment tu vas ?
- Crevée … On vient de se réveiller là ! Enfin … Moi oui, mais Ath est encore en train de ronfler dans le lit …
- Mais quelle larve … Elle bosse pas ?
- Nope, pas aujourd'hui.
Atramédès ne répondit pas tout de suite, son regard fut attiré par un mouvement bleu dans la foule qui venait chiner au marché …
- Grand frèèèèèèèère ?
- Euh … Oui désolé j'étais ailleurs. Tu prends soin de ta petite sœur d'accord ?
- Voui banane … Toi prends soin de toi sur ton île chelou là …
- Meh …
- Je voulais te demander ce que tu fais ce soir ?
- Euh pas grand chose pourquoi ?
- On jouuuuuuuuuuuuue ?
- Bah … Si tu veux.
- Vouiiiiiiiiiiiii !
Nouveau mouvement bleu. Atra vit cette fois-ci que cela venait d'une jeune femme, qui avait une longue chevelure bleue foncée … Il n'eut pas vraiment le temps de remarquer les détails des traits de la jeune femme, car Katarina la rappela à l'ordre :
- Grand frère !
- Euh …
- Laisse tomber, à tous les coups t'es en train de mater une minette. J'ai compris, allez à ce soir!
Et elle raccrocha. Atra ne comprenait pas pourquoi elle était jalouse à chaque fois qu'il était question d'une autre femme. Déjà quand ils étaient plus jeunes, elle ne supportait pas de partager les calins de son grand frère avec Athénais … Il continua de la suivre des yeux un instant, méditant sur cette pensée. |
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| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Jeu 28 Avr 2016 - 18:34 | |
| Après avoir cherché dans une bonne partie du marché, je finis par comprendre une autre chose que ma mère avait tenté de me faire comprendre ce jour-là, en un sous-entendu que je n'avais pas saisi à ce moment. Elle savait que j'aime les cultures étrangères. Et quoi de mieux pour voyager mentalement que d'observer des produits venant des quatre coins du monde ? Pour la première fois depuis mon arrivée sur l'île, au milieu des légumes et épices exotiques, je voyage de stand en stand et de pays en pays, sous le regard amusé des commerçants. L'un d'eux finit par m'interpeller, par chance, en espagnol : - ¡ Chica ! ¡ Por favor ! Je me retourne... Et ne peux retenir une exclamation de surprise. Je le connais, il venait vendre ses produits dans la capitale, alors que j'y vivais encore. Il était porté disparu... Probablement comme je le suis actuellement pour ceux qui ne sont pas de ma famille mais qui me connaissaient. Mais je n'ai pas le temps de pousser plus loin la réflexion, car, voyant que je ne réponds pas, il continue : - Te conozco, ¿ verdad ? Eres la hija menor de... - Si. Pero... Murió hace años, ahora. - No... No es nada. No puedo olvidarla, forzosamente, pero hoy en día, no me duele tanto... J'allais poursuivre, quand, ayant un peu détourné les yeux, je remarque l'homme que j'ai vu entrer dans le marché un peu avant. Il est assis sur un banc, jusque là, rien de plus normal. Mais ce qui me gêne, c'est qu'il ne me lâche pas du regard. Il semble aussi songeur. Serait-il en train de m'évaluer ? J'entends vaguement le marchand, qui était un ami lointain de la famille, me demander si je le connais. Sans réfléchir, je hoche la tête négativement. Seulement, j'avais oublié son côté protecteur. Avant que je ne puisse le retenir, il s'avance à grands pas vers l'inconnu, probablement pour le réprimander. J'en suis donc réduite à utiliser seulement les mots : - ¡ No ! ¡ Espera ! ¡ No es completamente culpa suya ! Il ne m'écoute pas et se plante devant l'autre homme : Je tente encore de le retenir, mais il me repousse, et je n'ose pas insister. - Que vous inspire cette jeune fille ? Je vous ai vu l'observer, avec votre air songeur. Alors, que ce soit bien clair : il s'agit de la plus jeune fille de l'une de mes amies, je ne laisserai personne lui faire le moindre mal ! J'espère que vous avez quelque chose à dire pour votre défense ! Je suis atterrée. Il s'agit bien du genre de personnes promptes à accuser sans preuve, ce qu'il vient de faire. Je finis par réussir à attirer de nouveau l'attention du marchand : - Solo me miraba... No me ha hecho daño. - Pienso que es hora de regresar a su comercio, señor. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai parlé à haute et intelligible voix, d'un ton ferme. En effet, l'homme un peu trop impulsif semble surpris, avant de m'obéir et de retourner à son étal. Cependant, je ne suis pas dupe. Je sais qu'il va nous surveiller de là-bas. Avec un soupir résigné, je me rapproche de l'inconnu, et parviens à lui adresser, avec un fort accent et beaucoup d'hésitation : J'ai oublié le mot. Comment le contourner ? - Il pense devoir protéger ses amis. Ne sachant trop comment poursuivre la conversation, je prends le parti de me taire et d'attendre de voir comment les choses vont évoluer. |
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| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Dim 1 Mai 2016 - 11:42 | |
| La jeune femme qu'il regardait finit par discuter avec un marchand, dans une langue qu'il savait européenne, sans tout à fait savoir si c'était de l'espagnol ou du portuguais. En vérité il était un peu loin pour comprendre ce que les deux interlocuteurs se disaient. De plus, il ne comprenait que très peu les autres langues de son continent, à part l'anglais bien évidemment, comme elle était la langue officielle de cette île. La jeune femme le regarde finalement aussi, et après un bref échange avec le marchand, ce dernier s'approche de lui avant de se planter devant et, d'un air sévère, de lui demander avec précision la raison pour laquelle Atra regardait avec insistance sa petite protégée. De son côté, la demoiselle semblait plus gênée et embarrassée qu'avoir réellement besoin d'être défendue par un tel énergumène.
- Ben … Euh ...
Mais Atramédès n'eut pas le temps de rétorquer quoi que ce soit pour sa défense, et à vrai dire il vallait mieux que ce soit le cas pour la santé du marchand, car il n'appréciait pas vraiment que l'on vienne l'agresser sans aucune raison. Cependant ce fut au tour de la fille de prendre sa défense. Il ne comprit toujours pas ce qu'ils disaient, mais lorsqu'il vit que l'homme se soumettait et commençait à s'éloigner pour retourner à son étal, il sut que la fille lui avait fait comprendre qu'il était allé trop loin. Atra se détendit un peu, quoi qu’impressionné par son assurance.
- Désolée. Il est … Il pense devoir protéger ses amis.
Elle avait un accent fortement prononcé, de type latin, rien d'étonnant. Cela rendait sa voix même plutôt agréable à écouter. Malgré cette remise en place dans les règles, elle semblait apprécier cet homme, au moins un peu. Il se demanda alors quel genre de fille elle était.
- Bah … C'est pas bien grave. J'ai l'habitude avec ma tronche …
Et c'était vrai. Il a toujours eu ce regard agressif, et cet air menaçant, si bien qu'on le prenait souvent pour un malfrat, voire un violeur. Cette pensée le mit un peu en colère, car il ne voulait surtout pas être associé à ce genre de sous-race immonde que sont les violeurs. Le monde était peuplé de plusieurs types de personnes : les vermines dégueulasses de ce genre, les moutons qui fermaient les yeux, bien attachés à leurs oeillères, et les gens qui portaient leurs couilles, comme lui, qui ne regrettait absolument pas d'avoir tué le type qui avait violé sa sœur.
Atramédès sortit une cigarette de son paquet, et l'alluma en claquant des doigts, faisant apparaître une petite flamme verte qui lui gratta un peu le dos. Ce tatouage … Il revint à la jeune femme en tirant une bouffée de fumée sur sa cigarette. Elle avait l'air désorientée.
- Dis moi, ça fait longtemps que tu es arrivée ici ? Tu as l'air un peu perdue ... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Dim 1 Mai 2016 - 19:43 | |
| J'ai compris l'idée développée par sa phrase. Je n'en ai en revanche pas saisi l'intégralité des mots qu'il a utilisés. J'ai vraiment hâte de commencer mes cours ici, cela me permettrait peut-être de m'en sortir un peu mieux avec l'anglais... Bien que je ne me fasse pas d'illusions. En effet, au niveau comportemental, j'ai toujours été une élève modèle, mais les résultats ne suivaient pas toujours. Et il n'y a aucune raison pour que cela change ici. Soudain, une lumière à la limite de mon champ de vision attire mon attention. L'homme s'allume une cigarette. Même si je n'ai jamais vraiment aimé ce genre de conduite, cela me semble cependant familier, et j'esquisse un sourire... Qui se fige bien vite, alors que je remarque que la flamme a une couleur peu naturelle et que mon vis-à-vis n'utilise pas de briquet. Mes yeux s'écarquillent quand je réalise, quelques secondes plus tard, qu'il ne peut s'agir que de magie. Effarée, je fais plusieurs pas en arrière et laisse échapper un petit cri de terreur. On dirait que ma phobie de la magie n'a pas décidé de guérir, bien au contraire. Quand la flamme disparaît, je me concentre sur ma respiration et reprends mes esprits, puis je reviens à ma place précédente, au moyen de quelques pas en avant. Gênée d'avoir montré aussi clairement un sentiment, je chasse une mèche rebelle imaginaire pour me donner une contenance, alors que je murmure de nouveau : Cependant, il m'a posé une question... Qu'était-ce, déjà ? Un tel relâchement est intolérable. Je l'ai entendu, évidemment. Pourquoi lui demander de répéter ? Depuis combien de temps je suis ici... Je suis arrivée hier, même s'il me semble que cela fait plus longtemps, en raison de ma nuit blanche. Je suis en train de chercher les mots pour le dire, quand la méfiance me rattrape. Cet homme est un parfait inconnu, après tout. En quoi une telle information lui serait-elle utile ? Alors, je lui réponds par une autre interrogation : - Pourquoi cette question ? Je veux lui demander à quoi cela pourrait lui servir de savoir combien de temps j'ai passé sur cette île, mais j'ai peur de ne pas trouver les mots pour une aussi longue phrase. Vivement le début des cours, vraiment... Je me contente donc de planter mon regard dans le sien, vouant me donner un air inflexible, tentant de paraître plus forte et inflexible que je ne le suis en réalité. |
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| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Lun 2 Mai 2016 - 1:31 | |
| Et là, le drame. Il ne s'attendait pas du tout à ce que son interlocutrice espagnole (ou latine hein, c'est pas tout pareil mais presque !) devienne toute blanche, déjà qu'elle était pas bien colorée, à la vue des flammes d'Atra. Il lui semblait pourtant que c'était tout à fait normal pour tous les gens qui vivaient ici, ce qui le conforta dans sa théorie qu'elle venait tout juste d'arriver. Plus encore, elle avait l'air terrifiée par ces histoires de magie. A vrai dire, quand il avait allumé pour la première fois sa cigarette avec des flammes sorties tout droit de claquements de ses doigts, il n'avait pas franchement su comment réagir. Il avait même pris un peu peur en imaginant ce qu'un accident causerait, où quand les filles apprendraient ça. L'idée d'être repoussé par la seule famille qui lui restait le répugnait et l'effrayait.
Une fois l'effarement passé, il semblait que la demoiselle essayait de reprendre son souffle et de retrouver son calme. Atra ne savait pas trop où se mettre, ni ce qu'il devait faire. Devait-il la rassurer dans ce moment là, ou lui foutre la paix ? Il s'imagina alors la tronche du marchand si il avait vu cette scène …
* Eh bah putain, je vais encore me faire un max de potes ici aussi … *
Il eut toute fois pitié d'elle, car sa nouvelle vie risquait d'être éprouvante pour elle. Cependant, elle finit par se reprendre et se rapprocher de lui. Elle semblait désolée, et il ne put s'empêcher de lâcher un sourire triste et compatissant. Mais très vite, elle revint sur la défensive, et planta un regard dur dans ses yeux verts, que celui-ci soutint sans broncher. Elle essayait probablement plus de se rassurer elle-même vis à vis de lui que de l'effrayer, et il n'avait aucune raison d'aller contre ce sens. Il resta assis sur son banc et tira sur sa cigarette avant de souffler la fumée inhalée sur le côté, pour qu'elle n'arrive pas dans la tronche de la fille. Il soupira avant de répondre :
Parce que comme je te l'ai dit, tu as l'air paumée. J'en déduis donc que tu es pas là depuis très longtemps. Te braque pas, je vais pas t'agresser … T'es un poil trop maigrichonne pour moi …
La sonnerie de son téléphone l'interrompit, et il le sortit de sa poche. C'était encore Katarina. Atra sourit. Même d'où elle était, elle avait deviné qu'il était en train de dire une connerie à une demoiselle. Cette fille était vraiment son bijou le plus précieux, elle et sa sœur … Il se mit en occupé, et rangea à nouveau le téléphone dans sa poche.
Oh au fait, je m'appelle Atramédès, et toi ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Lun 2 Mai 2016 - 17:56 | |
| Je n'aime pas trop ce genre de plaisanteries, monsieur. Mais bon, j'ai l'impression que cette discussion est encore bien partie... Je soupire le plus discrètement possible. Je suis décidément nulle en relationnel. Cette fois, pas de gaffe, je dois répondre. J'ouvre la bouche, quand son portable sonne. Parfait. J'aurai ainsi peut-être le temps de trouver de quoi faire une vraie phrase. Tandis qu'il regarde l'écran, toujours avec cet air songeur, semblant se demander si oui ou non il devrait répondre, je me concentre, afin de ne pas bégayer, tout en espérant qu'il accepte l'appel. Si cela est le cas, je m'écarterai pour réfléchir, et pourrai lui dire une phrase tout à fait acceptable, pour une fois. Quoi ?! Il range le téléphone ! Mince ! Bon, tant pis : - Hum... Je suis arrivée... Hier, peut-être. Pourquoi est-ce que c'est ça qui est sorti ?? Il va me prendre pour une idiote, à ne pas savoir quand je suis arrivée ! Oh, et puis, après tout, tant pis. Il n'a pas non plus à connaître les détails de ma vie privée. Que je n'aie pas réussi à dormir me regarde. C'est alors qu'intervient un changement de sujet bienvenu. Oui, sauf que... Il faut se présenter. J'hésite. Mais il semble évident qu'on ne peut pas connaître une personne sans son nom. Ce n'est donc qu'après l'avoir longuement étudié et jaugé du regard que je consens finalement à lâcher un petit : Soudain, je m'interrompt. Non. Amanda, c'est pour la famille et les intimes. N'oublions pas que je ne le connais pas. Pour lui, ce sera mon premier prénom : J'esquisse un timide sourire. Après tout, quelqu'un dont on connaît le nom est une connaissance, non ? Donc, quelqu'un que l'on connaît un minimum. C'est vraiment la toute première fois que je noue seule une relation avec quelqu'un. Je suis consciente de la fragilité de ce lien, et ne veux surtout pas le briser... Du moins, avant de savoir un peu mieux qui il est, et si je peux vraiment lui faire confiance. Soudain, une idée parasite me traverse l'esprit. Devrai-je le vouvoyer ou le... tutoyer ? Hum, non, cela ferait trop familier. Ou alors, je continue à parler par simples mots et phrases raccourcies et impersonnelles, sans ce problème ? C'est encore le plus simple. Ne sachant plus trop que faire, mais consciente que cette conversation commencée ne s'arrêtera peut-être pas trop abruptement, maintenant que les présentations sont faites, je m'approche doucement du banc, et, toujours aussi doucement, presque dans un murmure, les yeux toujours dirigés vers lui, mais ne le fixant plus autant et n'étant plus aussi agressive, je demande : - Excusez-moi, mais... Je peux m'asseoir ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Mer 4 Mai 2016 - 9:12 | |
| Enfin, elle finit par avouer : elle était arrivée la veille. Atra eut un petit sourire satisfait. D'une part parce qu'il avait raison, et d'autre part parce qu'elle s'était laissée aller à lui dire depuis combien de temps elle était arrivée dur l'île. Même s'il s'en doutait, il comprenait mieux pourquoi elle avait l'air si perdue. Lui même l'avait plutôt bien vécu, mais il se doutait que ce n'était pas forcément le cas pour tout le monde, et puis cette jeune fille semblait encore effrayée par la magie. Il se demanda alors à quoi ressemblait sa propre magie à elle, et s'il aurait l'occasion de le découvrir. Il ne lui demanderai pas de but en blanc, évidemment, ce serait un abus qu'il ne se permettrait pas. Mais peut être en rusant un peu …
Cependant elle resta froide, et distante. Peut être que sa magie avait un rapport avec son caractère ? Avec des cheveux d'une couleur pareil, il lui semblait assez évident qu'elle avait un rapport avec la magie de l'eau. Et vu son caractère, peut-être même avec la glace ou quelque chose dans le genre, mais tout ceci n'étaient que suppositions bien évidemment … jusqu'à ce qu'il ait la réponse. Lorsqu'il lui demanda son prénom, elle eut à nouveau un long moment d'hésitation, et Atra se demanda alors si elle n'était pas une gosse de riche, ou quelque chose dans le genre. Après tout elle était plutôt bien habillée, et le fait qu'elle semble aussi secrète et renfermée pourrait indiquer qu'elle a peur que l'on découvre qu'une fille comme elle était capable de choses … non naturelles. Ou peut être était elle croyante, et pensait elle être possédée par le diable. Puis, elle finit par ouvrir la bouche :
- A …
Tes souhaits ?
- Soliana.
C'était plutôt joli. Elle lui fit un sourire tout timide, et Atra ne put s'empêcher de lui répondre. Elle semblait toujours aussi mal à l'aise, alors que lui, très peu habitué à la compagnie des autres, avait visiblement bien changé depuis qu'il était lui même arrivé sur cet île, et pourtant cela ne faisait que deux ou trois jours … Ou peut être un peu plus ? Il n'en était plus vraiment sur. Enfin, elle finit par lui demander si elle peut s'asseoir à coté de lui. Il lui aurait bien proposé de lui même, mais avec une fille aussi timide, il n'était pas sur que ce soit réellement la chose à faire.
- Bien sur !
Il se décala donc d'une demie-fesse, lui laissant toute la place dont elle avait besoin pour le rejoindre sur le banc de pierre. Le soleil était presque à son zénith, et l'heure de préparer le repas arrivait à grands pas. Le ventre d'Atra se mit à gargouiller discrètement (du moins, il l'espérait assez pour qu'elle ne puisse l'entendre malgré sa proximité), et il jeta un œil dans son panier où traînaient ses produits. Il préparerait le poisson dès l'instant où il retournerait chez lui, sans faute. Il reporta à nouveau son intention sur Soliana.
- Tu sais, moi même, je ne suis arrivé qu'il y a quelques jours. J'ai découvert que je pouvais faire ça avec mes mains, tu sais, ces flammes. Et puis je suis arrivé ici. Je me rappelle pas du tout comment j'ai fait … Enfin bon … Oh j'y pense, tu as faim ? Si tu veux, il y a un barbecue commun en bas de chez moi, à tout juste cent mètres d'ici. J'espère juste que tu aimes le poisson et les légumes grillés ...
Il espérait qu'elle accepterai, malgré sa réticence et crainte apparente, car il ne lui voulait aucun mal, et d'une il voulait lui prouver, et de deux, il souhaitait lui montrer qu'elle pouvait vivre une vie tout à fait normale sur le plan relationnel ici ... |
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| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Mer 4 Mai 2016 - 15:36 | |
| Il m'autorise à le rejoindre. Bien. Je hoche la tête, reconnaissante, avant d'obtempérer. Peut-être que je pourrai m'en sortir un peu mieux ici que durant le reste de ma vie, après tout. En effet, d'aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours eu du mal à aller vers les autres, me cachant derrière ma sœur. À présent qu'elle n'est plus là, et, surtout, que je suis victime de... ce que j'ai l'habitude d'appeler une malédiction plus qu'un pouvoir, je pense que je vais être obligée à me débrouiller seule. Et cela commence par tenter de me forger quelques relations, et, pourquoi pas, des amis. Cependant... J'ai peur. De cette magie en moi sans que je comprenne pourquoi, de mon inexpérience quant au relationnel, de la possibilité que je commette un impair sans m'en rendre compte, et la liste est encore longue... C'est alors que, me tirant de mes pensées, cet homme, qu'il faudrait que j'apprenne à appeler par son prénom, commence à me parler. Presque sans y penser, je soupire : - Vous parlez de tout cela, la... Magie, votre arrivée ici, avec tant de naturel... Cela doit vous sembler normal, après tout. C'est moi qui dois être hors norme... Juste le temps de me rendre compte, avec surprise, que je n'ai pas eu de difficultés pour dire tout cela, à croire que ma chère mère avait raison en disant que le fait d'entendre parler une langue autour de soi aide à l'apprendre, mon voisin change totalement de sujet, me prenant au dépourvu. Il parle de nourriture. Tiens, c'est une idée, ça, quelle heure est-il ? Fixant le soleil, concentrée, je remarque qu'il approche du zénith. Il est étrange que je n'aie pas faim, puisque j'ai déjeuné tard, et ce n'était pas vraiment consistant... Je me concentre alors sur le sens de ses dernières paroles. Un barbecue ? Des légumes grillés ? Bonne idée, cela me rappellerait de bons souvenirs. Seulement, je ne veux pas paraître trop enthousiaste, je veux me laisser une chance de me désister après réflexion, car discuter avec quelqu'un est une chose, suivre la personne en question dans un lieu inconnu en est une autre. Je cherche alors à esquiver l'invitation, sans l'accepter ni la refuser, en soulignant deux évidences, tout en essayant de ne pas me concentrer sur les mots, puisqu'il me semble que cette méthode est plus efficace pour converser en anglais : - Vous me demandez si j'aime le poisson... À vous dire vrai, je n'en ai jamais mangé. Ma mère n'aimait pas ça. Et durant les dernières années, mon père, ma sœur quand elle était là et moi avons continué à ne pas en manger, pour honorer sa mémoire... Je lui lance alors un regard craintif. Je crains de m'être trop confiée. Seule une inconsciente parlerait ainsi de sa famille à un inconnu. Suis-je donc assez naïve pour me confier ainsi à une personne dont je ne connaît que le nom et quelques autres choses mineures ? Cependant, je sens que je peux lui faire un minimum confiance. Au moins pour lui confier une autre chose qui me freine quant à prendre une décision au sujet de sa proposition : - Et puis, je ne connais pas le lieu où vous voudriez m'emmener. Je me fais soudain plus agressive, la barrière de la langue semblant tomber : - Désolée, mais vous n'êtes pas mon ami. Ou, du moins, je ne vous considère pas comme tel. Pour moi, vous êtes une simple connaissance. On ne va donc pas chez quelqu'un qu'on ne connaît pas vraiment. Si vous me précisez que ce n'est pas "chez vous", mais "près de chez vous", je vous répondrai que c'est la même chose ! Puis, dès que j'ai terminé ma tirade, je me rends compte de l'agressivité de mes paroles. Je panique aussitôt : - Pardon... Je ne voulais pas être aussi dure. Mais vous comprendrez que je me méfie. Je n'ai pas l'habitude de discuter avec des personnes n'étant pas déjà proches d'un membre de ma famille. Bon, les excuses sont faites, pour ce qu'elles valent. Sûrement pas grand-chose, mais on s'en moque. Si cela ne lui convient pas, qu'il s'en aille, et je reviendrai à ma solitude, ce qui, tout compte fait, ne serait pas plus mal. Immédiatement, je me réprimande : non, ce serait la solution de facilité. Je me lance alors le défi de me faire un ami de cet homme. Allons-y, essayons : - Cependant... Je suis consciente qu'étant livrée à moi-même sur cette île, je dois me débrouiller pour me forger autrement un entourage. Je prends donc le risque d'accepter votre invitation. Mouais. Un peu trop artificiel, comme tentative de réconciliation, après l'avoir sans doute attaqué dans son amour-propre. Je suis alors tentée de lui donner un avertissement : - Tâchez de vous montrer digne de cette confiance que je vous accorde. On verra bien où cela nous mènera. |
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| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Dim 8 Mai 2016 - 20:57 | |
| En y réfléchissant, Atra se rendit compte qu'il avait dit une connerie assez évidente, même pour quelqu'un de peu attentif. La demoiselle, Soliana, semblait phobique de la magie, de façon plutôt remarquable. Atramédès possède une magie du feu, dont elle semble avoir très peur, et lui propose d'aller manger des grillades. Le sous-entendu se faisait tout seul : il allait probablement allumer le barbecue avec des flammes magiques, et elle aurait du mal à accepter de manger une telle nourriture. En vérité, le barbecue était à gaz, et s'allumait avec un contact électrique, ne nécessitant absolument pas d'utiliser ses pouvoirs. A vrai dire Atra ne les avait jamais utilisés pour faire cuire de la nourriture, et ne pouvait donc pas dire si ces flammes étaient bonnes ou mauvaises pour la santé et les aliments cuits avec étaient comestibles.
Cependant, il n'eut pas le temps de répondre à cela, car Soliana, qui semblait pensive jusqu'ici, lui répondit dans un anglais relativement maîtrisé, à sa plus grande surprise, qu'elle n'avait jamais mangé de poisson, pour une obscure raison de mémoire à honorer. C'était fort dommage pour elle … Rien n'était meilleur qu'un poisson frais délicatement grillé sur un feu de bois le tout accompagné d'ail et d'olives …
L'instant suivant, elle semblait apeurée, plus farouche, comme si elle en avait trop dit. Atra lui ne se souvenait pas de ce que mangeaient ses parents … En revanche Athénais et Katarina raffolaient des pizzas, en particulier celles au poisson justement. Atra préférait au thon, tandis que Kat était plus saumon. Ath, elle préférait l'hawaïenne. En revanche, Soliana devint plus agressive, elle se leva, et le regarda les sourcils froncés, et les poings fermés. D'un ton sec, elle lui répondit comme à un agresseur qui tentait de la séquestrer pour la violer.
Et allez, rebelote …
De dureté en dureté, elle semblait lui reprocher des tas et des tas de choses, vomissant des vociférations comme autant de crachats de venin, qui voulaient dire tant de choses et leurs contraires. Elle lui en voulait pour sa magie, d'être là pour elle alors qu'elle ne le connaissait pas, d'être moche, d'être musclé, d'être grec, d'écouter du métal, de ne pas la connaître … Du moins, c'est ainsi qu'il interpréta ses paroles. Après tout, il avait l'habitude qu'on lui crache à la gueule.
L'instant d'encore après, elle retourna à son attitude apeurée, comme si elle s'en voulait d'être allée trop loin. Atramédès n'avait pas franchement le temps d'en placer une au milieu de tout cela, et il se contenta d'observer la jeune fille, savoir à quel moment il devait dire quelque chose, et surtout qu'est ce qui pouvait la rassurer. Certes ces changements incessants de caractère le gonflaient un peu, mais il ne pouvait pas lui en vouloir. Elle était perdue dans cette nouvelle vie qui allait être la sienne pour le restant de ses jours, et son premier contact avec ce nouveau monde était un homme dur, et plutot moche … C'était peu encourageant. Et puis à vrai dire, Atra était doué pour les sautes d'humeur … Finalement, elle tenta de présenter ses excuses, et accepta son invitation.
Avec un sourire amusé, il la regarda un instant, conscient d'être dominé par la taille en étant assis. Il se leva alors en silence, retrouvant son impressionnante taille, et pris son sac dans la main. D'un geste de la tête, il lui indiqua la route.
- Très bien, alors allons-y, mademoiselle Soliana.
Il s'était voulu légèrement piquant dans ce sobriquet, car il tenait à ce qu'elle comprenne que quelle que soit la naissance dont elle avait été gratifiée par le passé, ici elle n'était qu'une personne parmi les autres, et Atra n'était pas du genre à accepter quelqu'un au dessus de lui, que ce soit dans les manières où les possessions. Mais ce n'était pas très important pour le moment. Autant passer un bon moment. Ils marchèrent seulement quelques minutes, avant d'arriver sous l'immeuble où il vivait. Le barbecue était libre, ainsi que les tables et bancs en bois tout autour. La mer jetait ses vagues sur la plage de sable fin à seulement quelques centaines de mètres, en contrebas d'une petite falaise, leur permettant d'apprécier tout le spectacle. Il y avait plusieurs baigneurs à cette heure-ci, bien que ce ne fut pas prudent au vu de l'intensité du soleil. Atra posa son sac sur un des bancs, avant d'indiquer du doigt une fenêtre au deuxième étage de l'immeuble, dans le coin opposé, où pendait une serviette rouge aux couleurs de la Horde dans World of Warcraft.
- C'est ici que je vis, là où il y a la serviette. Tu as déjà trouvé un logement toi ?
Sans attendre de réponse, il s'affaira à allumer le barbecue en réglant l'intensité du gaz, et en appuyant sur le bouton pour y sortir une étincelle. Le gaz s'embrasa et la grille se mit à crépiter. Atra sortit le poisson et commença à le vider sur le plan de travail à droite du gaz. |
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| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Lun 9 Mai 2016 - 14:18 | |
| Mon agressivité semble contagieuse... D'accord. J'ai compris le message. J'essaierai de me montrer un peu plus... Amicale ? Diplomate ? Je ne suis pas sûre d'y arriver, mais on peut toujours essayer... Dis-toi que tu commences une toute nouvelle vie, sur de nouvelles bases. Personne net connaît, ici, il va falloir s'y faire... Cependant, je n'ai pas vraiment le temps de poursuivre ma réflexion. Il semblerait que nous soyons arrivés. Et, sincèrement, je ne regrette pas d'avoir accepté l'invitation. Le point de vue est magnifique... Instinctivement, je lâche : Oups. Il fallait s'y attendre, j'ai fait du spanglish. Comment dit-on ça ? Tant pis, utilisons un synonyme : La mer est magnifique, scintillant d'un éclat entre argenté et doré sous les rayons du soleil. Quelques personnes, se baignant, semblent de petites taches noires. Mais je détourne rapidement les yeux. Il n'est en effet pas prudent de fixer longtemps une étendue d'eau réfléchissant une lumière aussi vive que celle du soleil. À la place, je lève les yeux dans la direction indiquée. Je hoche la tête, signe que j'ai compris. Puis une question suit. Alors que je suis sur le point d'hésiter de nouveau, je me sermonne mentalement et décide de répondre, voire même d'en dire un peu plus que ce qu'il m'a demandé : - Oui... J'ai un... logement ?... Etudiant. Puisque j'étudie dans l'université. Puis, ne sachant plus vraiment que faire, je décide de m'asseoir timidement sur le banc le plus proche et l'observe préparer le poisson. Au bout d'un moment, commençant à me sentir un peu comme un poids inutile, je prends une nouvelle initiative. Je me lève et me rapproche de l'homme : - Vous avez besoin d'aide ? Je ne suis pas sûre de pouvoir vraiment l'aider, en tout cas pour le poisson, mais s'il me guide un peu, je pense être capable de faire une chose ou deux. Par exemple : - Je sais cuisiner les légumes... |
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| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Lun 9 Mai 2016 - 17:53 | |
| Elle semblait être plus sereine, et puis c'est vrai que la vue était magnifique. Certes, Atra avait l'habitude de vivre à deux pas de la mer, mais il aimait toujours autant le bruit des vagues, des mouettes et des gens qui s'amusaient sur la plage. Il y avait la chaleur du soleil qui tapait, et puis les embruns de la marée. L'odeur des algues fraîches, et la fraîcheur du poisson.
Le temps semblait vouloir rester au beau fixe, bien qu'un léger vent frais commençait à s'installer. Mais cela ne découragerait pas Atra d'aller faire une baignade digestive après le repas. Il se demanda si Soliana avait un maillot de bain sur elle, pour l'accompagner … Boarf, il lui demanderait après, le repas restait à préparer.
Il se concentra sur le rouget, ouvert, et vida ses viscères dans une poubelle à coté du barbecue. Une fois sa besogne accomplie, il se saisit d'une large assiette bleue, et posa le poisson entier dedans. Il coupa quelques gousses d'ails en morceaux, puis en saupoudra le poisson, ajoutant également un filet d'huile d'olive. Puis, une fois ceci fait, il débita le poissons en filets, qu'il posa sur la grille. Ils se mirent alors à crépiter sous la chaleur des flammes. Il se retourna alors auprès de la jeune fille, soucieuse d'aider.
Hum … Tu pourrais couper les aubergines et les courgettes en tranches si ça te dit ? Je vais m'occuper des poivrons, des tomates et des oignons si cela ne t'ennuie pas.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Il attrapa les tomates qu'il équeuta, avant de les couper en deux. Il prit alors le cœur de chaque moitié et le jeta, avant de poser les tomates ainsi coupées sur le feu, à un coin où elles ne brûleraient pas. Ensuite, vint le tour des oignons. Il les éplucha, puis les coupa également en deux, tout larmoyant à cause de leur effet, et en retira le germe. Il coupa également la base et le sommet de chaque moitié, avant de les poser, face plate sur le feu. Atra prit ensuite les poivrons, qu'il coupa en tranches assez épaisses, avant de les poser également sur le feu. Une fois terminé, il se retourna en direction de Soliana pour voir comment elle s'en sortait.
- Ainsi tu es à la fac … C'est comment ? Je n'ai jamais eu aucun diplôme. Je suis allé quelques années à l'école, mais j'ai du arrêter pour m'occuper de mes sœurs. Il faut croire que c'était la chose à faire vu qu'elles ont eu leur diplôme de fin d'études du lykeio.
Il marqua une pause …
- Tu fais quoi donc comme études ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Jeu 12 Mai 2016 - 16:34 | |
| Hochant la tête après qu'il m'aie dit quoi faire, je trouve un couteau et m'exécute. Je mets tout mon cœur dans cette tâche pourtant banale, mais cela importe peu. Non seulement, cela me permet de faire quelque chose, mais ce serait également, peut-être, l'occasion d'en profiter pour le connaître un peu mieux. Il a l'air plutôt sympathique, tout compte fait. Le fait que nous cuisinions sans échanger un mot me donne le temps de réfléchir. Il va bien falloir, un jour, que j'abandonne cette méfiance vis-à-vis de tout le monde, si je ne dois compter que sur moi... Quitte à me durcir plus tard si jamais la personne rencontrée se révèle indigne d'amabilité. Oui, peut-être agirai-je comme cela à l'avenir... Du moins, dans la mesure du possible. Soudain, l'odeur et le grésillement des oignons en train de cuire me tire de mes pensées. Je remarque alors qu'elles m'ont fait m'arrêter. Mince, alors ! Je termine donc rapidement, réduisant les courgettes restantes en tranches aussi fines que les précédentes. Posant doucement mon couteau, je prends mon temps avant de répondre à la question qui m'a été posée plus tôt. Puis je tourne mon regard vers lui avant de lui parler. Il me semble impoli de dire quoi que ce soit à quelqu'un sans regarder la personne en question. Et je réponds finalement, hésitante, réfléchissant tout en parlant : - L'université... Comment dire... C'est un lieu d'études. Oui, c'est une évidence. Ce que je veux dire, c'est que... C'est tout à fait banal. Un bâtiment... Non, un édifice... Non, attendez. Comment le définir ? Qu'est-ce qu'une université ? Quels mots utiliser pour quelqu'un qui ne connaît pas ce genre d'endroit ? C'est vrai que je ne me suis jamais posé la question auparavant, ne connaissant évidemment que des personnes s'étant déjà rendues en un tel endroit. Je finis par tenter, pour la toute première fois, la franchise : - En fait, je ne sais pas vraiment comment vous le décrire. Je dirais que c'est... Une sorte d'immeuble de dimensions... Très... Imposantes, où tout montre la fonction du lieu. Ce type d'endroit se décompose en divers quartiers, correspondant au genre d'études qu'on y suit. Ne poursuivons pas, cela risquerait de rendre encore plus confuse une description qui, j'en suis consciente, est déjà loin d'être claire. Je m'empresse donc de changer de sujet : - Vous avez des sœurs ? Pouvez-vous m'en dire plus ? Et voilà. Je me suis sûrement montrée trop curieuse. Et il est certainement du même avis que moi, puisqu'il ramène la conversation sur le premier sujet. - D'accord... J'ai compris. Puis elle lâcha d'un ton plus sec que ce qu'elle aurait voulu : M'en voudra-t-il de sembler lui reprocher ses questions ? Oh, et puis, après tout, je m'en moque. Il peut bien penser ce qu'il veut, en quoi cela me concerne-t-il ? Dans le pire des cas, il me chassera. Ce ne sera pas la mort. - HRP :
Je m'excuse pour le retard, je n'avais juste pas vu que tu avais répondu. Mea culpa.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Mar 24 Mai 2016 - 19:28 | |
| Atramédès profita de la pause qu'il s'était imposé pour attrapé une moitié de tomate ayant échappé à la calcination sur la grille brûlante, et croqua dedans. Le jus et les pépins coulèrent le long de son menton, avant de retomber sur le sol sableux, entre deux brindilles séchées par l'air chaud et salé. Il s'essuya ensuite la bouche avec le revers de la main, négligemment, avant de reporter son attention sur la jeune fille qui expliquait son train de vie scolaire, alors qu'elle venait de terminer de couper les courgettes. Elle avait posé son couteau sur l'établi en bois de façon soigneuse. Elle n'était clairement pas aussi bordélique que lui, mais en même temps c'était un niveau difficile à atteindre.
Soliana semblait confuse dans ce qu'elle disait. Elle avait certes un peu de mal avec la langue anglaise, mais elle semblait toutefois mieux s'en sortir qu'un peu plus tôt. Elle lui décrivit tantôt un édifice banal, tantot un immeuble de dimensions très imposantes, avec différents quartiers. Il était vrai qu'il avait complètement oublié de demander à Katarina à quoi cela ressemblait … C'est alors qu'elle tenta timidement de lui en demander un peu plus à propos de ses sœurs … Avant de se raviser sèchement.
Un sourire tendre se dessina sur son visage. Soliana lui rappelait un peu Athy par certains côtés, tout en ayant certaines caractéristiques physique de Kata … Elle paraissait tellement indécise, qu'Atra en avait presque envie de lui poser la main sur l'épaule et de lui dire de se détendre …
-Eh bien … J'ai deux sœurs. Elles sont jumelles, et ont 18 ans. Athénais est l'ainée, et Katarina la dernière. Elles te ressemblent un peu à vrai dire.
Atra croisa les bras et son regard vague parcourut l'horizon en direction de la mer.
-Athy … Est plus douce et réservée on va dire, alors que Kata est plutôt intenable. Elles me manquent tant toutes les deux. Je ne les ai pas vu depuis tellement longtemps. Avant on était inséparables. On a pas eu une enfance facile …
L'image atroce du viol d'Athénais ressurgit en lui, et il serra fort les poings, comme le soir où il avait massacré le violeur, ne laissant de sa tête qu'un tas d'os et de cervelle en bouillie.
-J'espère qu'elles vont bien …
Il soupira, et ferma les yeux, essayant de voir mentalement où se trouvaient ses deux sœurs. Bien sûr, cela ne faisait pas partie de ses pouvoirs, mais parfois lorsqu'il pensait fort à elles, il les voyait, l'une à l'université, l'autre travaillant dur ses partitions de basse. Elles semblaient heureuses … Un sourire se dessina sur son visage et il se détendit.
-Bon ! Le poisson est pratiquement prêt, on va passer à table ?
Il sortit deux assiettes en bois de son sac, et de la vaisselle jetable, avant de sortir le plat du feu. Lorsqu'il remplit les assiettes, il se rendit compte que tout cela serait bien frugal, et il espérait qu'elle ne lui en voudrait pas ... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Jeu 26 Mai 2016 - 16:50 | |
| Je remarque sa façon pour le moins... Je ne sais pas... On va dire inqualifiable... de manger sa tomate. Bon. Passons. Techniquement, nous sommes chez lui, je ne ferai pas de commentaire. Concentrons-nous sur autre chose : ses paroles. Je me suis encore trompée ? Il ne m'en veut pas de lui demander des informations sur sa famille ? J'ai vraiment des progrès à faire en relations humaines... Il va falloir, un jour, que j'apprenne à mieux cerner mes interlocuteurs... Enfin, j'ai encore un peu de temps, celui-ci étant mon premier interlocuteur sur l'île... Voire même le premier tout court. Cependant... Attendez... Des jumelles ? Mais alors... - Mais... Pourquoi, euh... une... aînée ? Elles sont... jumelles, non ?
Et c'est à ce moment que je me rends compte de l'absurdité de ma question. Même dans le cas de jumeaux, ou de jumelles, dans ce cas, l'un(e) des deux doit toujours naître avant l'autre. Mais bon, on va le laisser réagir, et on verra ce que ça donnera. Puis il laisse transparaître souffrance et nostalgie. Etrangement, je me sens proche de lui, à ce moment. Après avoir hésité, tergiversé, je finis par prendre la parole, ma retenue ajoutée à mes difficultés langagières n'aidant pas à la compréhension du message : - Je... Comprends... Igual... Non, pareil...
Je respire un grand coup, agacée, avant de lâcher d'une traite : Il comprendra s'il le peut. Tant pis. Et à présent, je remarque qu'alors que lui se détend, pour moi, c'est plutôt l'inverse qui se passe. La scène serait comique pour un regard extérieur... Cependant, il faut penser à autre chose. Il commence déjà à servir. Me reprenant, je prends silencieusement place, donnant ainsi une réponse affirmative à sa question rhétorique. Cependant, je n'ose pas commencer à manger avant lui. Je me contente donc d'un simple commentaire, bien préparé avant que je ne le prononce : Je le regarde, un peu perdue. J'avoue que je ne sais pas vraiment ce que je suis sensée faire. Pour le savoir-vivre en société, on repassera, vraiment... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Mer 1 Juin 2016 - 19:52 | |
| Pauvre Soliana. Elle semblait lutter contre ses problèmes d'élocution, et contre une bonne dose de timidité. Son conflit intérieur commençait à gêner Atra, qui ne savait plus trop comment l'aider à s'ouvrir par rapport à la discussion, et au reste. Mais il avait toutefois remarqué qu'elle s'était appliquée à préparer le repas. Peut être avait elle l'habitude de le préparer quand elle était avec sa famille. Il apprit ainsi que Soliana avait une sœur, et qu'elle lui manquait à elle aussi. Il pouvait bien évidemment le concevoir, la pauvre … Un élan de compassion s'empara de lui, et il soupira. Il ne savait pas franchement quoi faire une fois le repas terminé. Certes, un bon bain leur ferait probablement du bien, mais elle n'avait probablement pas son maillot de bain sur elle. Peut être une promenade digestive au bord de la plage ?
C'est alors qu'ils s'installèrent à table, et que le repas commença. Enfin, il aurait pu commencer, mais ni Atra, si la jeune femme n'osaient débuter avant l'autre, et ils se retrouvèrent comme deux cons à attendre que l'autre commence à manger, par politesse. Atramédès n'était pas pressé, bien qu'il eut un peu faim, mais il fit le choix de prendre l'initiative, et découpa un morceau d'oignon, et fit de même avec une tranche de courgette et d'aubergine, avant de prendre un morceau de chair bien cuite du poisson et le porta à sa bouche. Tout ceci était plutôt bon, mais il regrettait de ne pas avoir ajouté deux trois épices … Il avala ensuite sa bouchée.
- J'ai cru comprendre à la langue que tu parles que tu viens du Portugal ? Non, plutôt d'Espagne ? Enfin, tu parles espagnol, donc je suppose que tu viens de là-bas. Et tu as l'air un poil trop blanche pour venir d'Amérique Latine, mais je me trompe peut-être.
Il espérait qu'elle ne prendrait pas mal sa remarque sur la blancheur de sa peau, car elle n'était en rien une insulte ou une critique, c'était une tout ce qu'il y a de plus simple remarque, un moyen de lancer la conversation qui était désormais au point mort.
- C'est comment là bas ? Ton pays, ta ville, ta région … Ma sœur a fait un voyage scolaire à Barcelone il y a quelques années, mais cela ne lui avait pas trop plu. Pourtant ça a l'air intéressant. C'est le pays d'origine de la guitare telle qu'on la connaît aujourd'hui. J'adore la guitare !
Peut être après tout qu'elle n'avait pas envie de parler d'elle …
- Moi je viens de Grèce. De … Salonique ? Non Thessalonique … Au bord de la Méditerranée.
Il avala une nouvelle bouchée de poisson et de légumes, et soudain, se rendit compte qu'il avait soif, et qu'il avait complètement oublié de prendre quelque chose à boire … Cela l'agaça, car il n'avait pas été assez prévoyant, et il se le reprocha. Tant pis, il irait chercher de l'eau lorsque la jeune fille demanderait à boire. Pour le moment, elle n'était pas plus loquace.
- Peut être tout simplement que tu ne veux pas parler …
Il baissa les yeux sur son assiette. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Et ta nouvelle vie commencera avec du café ... et du poisson Ven 3 Juin 2016 - 13:07 | |
| Visiblement, lui aussi hésite à être le premier à manger. Décidément, cette situation est de plus en plus embarrassante. Je commence à vraiment me sentir mal à l'aise, ignorant ce qu'une fille dans ma situation devrait faire, quand il prend l'initiative. Je soupire un peu. Bon, je n'ai peut-être pas pris la bonne décision tout à l'heure, mais on va essayer de réparer ça... Essayer, le succès est loin d'être garanti. Me morigénant au sujet de mes scrupules, je finis par goûter ce fameux poisson. C'est... Etrange, ça ne ressemble à rien de ce que je connais. Mais ce n'est pas mauvais. Puis l'homme prend la parole. Je repose donc mes couverts, afin de me concentrer sur le sens de ses mots. Il me questionne sur mon pays natal. Mais il ne me laisse pas le temps de répondre, avant de poser de nouvelles questions. Ma ville ? C'est la capitale, je pense donc que tout le monde doit connaître un minimum d'informations à son sujet... Mais il m'empêche de nouveau de parler. Lui. Son origine. Tiens donc, un Européen ? Intéressant, même si j'aurais pu m'en douter... Mais je remarque alors qu'il recommence à manger. Je dois saisir ma chance, avant qu'il ne reprenne la parole ! Courage, Soliana, ne réfléchis pas trop ! - Eh bien... Euh... En fait...
Il parle de nouveau. Mince ! Pourquoi je n'ai pas été capable de sortir quelque chose qui, même sans être intéressant, veut dire quelque chose ? Mais ma colère envers moi-même s'évanouit vite : il croit que je ne veux pas parler. Pardon ? Je veux dire, oui, en temps normal, je n'aurais pas voulu parler, mais s'il ne me laisse pas le temps d'au moins répondre à ses questions, comment veut-il que je le fasse ? Je me relâche un peu, au point de laisser échapper un petit rire : - Si vous... M'en laissiez... Le temps !
Je commence à en avoir assez de chercher mes mots en continu ! Ca brise l'élan de la conversation ! - Pourquoi est-ce que ma sœur n'est pas là ?
Je me rends compte après coup que, sous l'effet du désespoir, j'ai lancé ça à voix haute... Et en anglais ? Quoi ? J'ai vraiment réussi ? Super, on dirait que, malgré tout, le parfait multilinguisme de ma sœur a fait effet ! Il faudra que je lui dise ça, un jour ! Bref. Il est temps de répondre. - En fait... Je viens de... euh... Ecuador ?
Me creusant la cervelle, je ne parviens pas à me rappeler le mot anglais pour mon pays. Tant pis. Je vais devoir faire autrement. C'est alors que je remarque un planisphère mondial dans mes affaires. Comment a-t-il atterri ici ? Mais bon, passons. Ce sera utile. Déplaçant mon assiette, je la remplace par la carte, avant de montrer à mon vis-à-vis un petit pays d'Amérique Latine. Mon pays. L'Equateur. Puis je cherche un moyen de décrire cet endroit d'où je viens. - El Ecuador... Comment est-ce que... Comment on dit... Non ! Comment...
Attends. Je dois réfléchir, là. Puis, après réflexion, prenant un temps pour me calmer, je finis par reprendre ma carte et désigner de nouveau le pays : - Comment on appelle ce pays... En anglais ?
J'attends sa réponse, puis prends un temps pour l'enregistrer. Après quoi je répète, le plus fidèlement possible : - Equateur... Equateur.... Equateur... ¡ Hay que aprenderlo !
Je regrette de ne pas avoir pris mes affaires de cours, ou simplement de quoi écrire, histoire de ne pas l'oublier. Mais tant pis. Je me contente de le répéter mentalement jusqu'à ce que ça devienne machinal. Maintenant, ça devrait aller. Bon ! Je dois parler de mon pays. Mais que dire ? Je ne l'ai presque jamais quitté, que peut vouloir savoir un non-équatorien à son sujet ? Bon, essayons quelques petites choses de base : - Quito est la capitale de... L'Equateur. J'y ai vécu toute ma vie... Sauf... Pour, euh... Accompagner ? Ma sœur. Elle a toujours aimé voyager. Et elle parle très bien... Plusieurs... langues. Dont anglais est espagnol... bien sûr. Elle veut... être professeur... D'anglais.
Oui, mais le problème, c'est qu'il m'a demandé des informations sur moi et mon pays, pas sur ma sœur. Donc, allons-y, essayons : - L'Equateur... N'est pas un grand pays. Mais, pour moi, il est bien meilleur que les autres. C'est lui, ma vraie maison. Je viens d'une famille modeste de la capitale. Nous vivions de manière simple, mais ça suffisait. Ma sœur et moi avons pu étudier, dans le même... Domaine. J'allais souvent dans l'Oriente, c'est le nom de la partie de la forêt... Amazonia ? qui se trouve en... Equateur. J'ai toujours vécu près de la plus grande forêt du monde ! D'accord, je vivais ... Comment ça se dit ? De.. l'autre... côté... Du pays, mais ce n'était pas grave...
En fait, je ne lui ai donné aucune des informations qu'il a demandé. Et je pense ne pas avoir fait grand-chose d'autre que de lui écorcher les oreilles avec mon anglais plus qu'approximatif. Je pense que je vais me taire, ou continuer les phrases courtes, ça vaudra mieux pour tout le monde. Autant m'entraîner à la compréhension, plutôt. Posons-lui donc des questions : - Vous aimez la musique ? Pouvez-vous... M'en dire plus... à ce sujet ? Et... Vous pourriez aussi parler de votre pays ? Il... euh... Il... semble....... que beaucoup de mythes grecs... anciens... sont... Enfin. Je connais des mythes grecs. J'aimerais connaître leur pays... de... leur pays.
Je suis nulle, c'est pas possible ! Incapable de sortir une phrase un peu longue sans buter ! J'aurais envie de hurler. Mais je ne suis pas seule. Donc, je me retiens, et me contente de m'occuper un peu l'esprit et les mains à ranger la carte. Puis, tandis que mon interlocuteur laisse passer encore un peu de temps, je récupère mon assiette et extériorise ma frustration en déchiquetant le pauvre poisson, qui n'a rien demandé. |
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