Une étrange nouvelle [LIBRE]

Ce fut avec les écouteurs vissés dans les oreilles et quelques trous de mémoires que Leith descendit enfin du bateau. Elle prit soigneusement ses affaires et mit doucement le pied à terre. Le trajet lui avait semblé durer une éternité malgré qu’elle ne se souvienne que de la moitié. Elle mit sa guitare sur son dos et partit en direction d’Himitsu.
N’étant pas seule à arriver, Leith décida de suivre les autres, en se disant qu’elle finirait bien par trouver l’école.

Ce fut, en effet, quelques minutes plus tard qu’elle arriva devant le bâtiment. C’était un grand bâtiment sobre et accueillant qui se dressait devant elle. Elle resta là, devant l’entrée, à contempler ce nouveau chez-soi. Elle savait qu’elle y resterait et qu’elle trouverait un moyen de s’y plaire. Elle espérait aussi trouver un piano puisqu’elle n’avait pas pu emporter le sien, bien trop lourd.

Finalement, elle décida d’enlever ses écouteurs et de couper la musique. Rien n’apparut, il faisait toujours calme. Elle rangea son lecteur de musique avant d’entrer dans le bâtiment. Le hall était complétement désert. En regardant l’heure, elle comprit pourquoi c’était aussi vide : il était 10h35. Les autres devaient être en cours. Elle tâcha de s’orienter mais, ayant déjà envie de s’effondrer dans un lit pour piquer une sieste, l’empêcha de trouver son chemin.

Pour éviter de se perdre, elle resta dans le hall en attendant que quelqu’un passe. Vers 11h, il n’y avait toujours pas d’âme qui vive.

Pourquoi il n’y a personne quand on a besoin d’aide ! lâcha-t-elle, découragée.

Leith avait peur de se perdre, donc elle ne bougeait pas, mais il n’y avait personne pour l’orienter. Pour elle, cela signifiait qu’elle se retrouverait dans un endroit inconnu sans aucune aide possible, qu’elle resterait là pour toujours et qu’elle mourrait là, oubliée de tous, sans eau ni nourriture. Mais, heureusement, quelqu’un passa finalement dans le hall. Personne qu’elle ne remarqua pas puisqu’elle vit une âme qu’elle, seule, pouvait voir. Ce fut donc seule, devant la porte d’entrée, qu’elle se mit à questionner ce qui semblait être, pour quelqu’un d’autre, le vide.

Pouvez-vous me dire où se trouve l’accueil ?

Il régnait dans la salle de classe une ambiance studieuse. Seuls les grattements des stylos sur le papier et le tic-tac de l'horloge murale venaient rompre le silence. Mes étudiants étaient entrain de répondre à mon sujet de dissertation portant sur le dol. Assis à mon bureau, j'affichais un sourire satisfait devant autant de calme et de discipline. Pour l'instant, pas un seul élève n'avait tenté ne serais-ce qu'un rapide coup d’œil à la copie du voisin (le dernier en date qui avait été assez téméraire pour le faire ayant écopé de deux heures de colles mémorables). C'était une sensation très agréable de se sentir ainsi craint et respecté, peu importe si en contrepartie je n’étais pas un professeur adulé par ses élèves. Un jour, j’étais persuadé qu’ils me remercieraient de leur avoir ainsi inculqué le respect en plus de solides connaissances en droit.

"- Plus que 5 minutes."

Je sentis la pression augmenter et le visage de certains se mit à pâlir tandis qu'ils augmentèrent leur rythme d'écriture.

A 11h précise, toutes les copies me furent restituées et mes charmants étudiants quittèrent la pièce en commentant le sujet, d'autres en lâchant quelques jurons. Je rassembla calmement le tas de copies que je glissa dans mon sac puis me dirigea vers le hall. Mes cours de la matinée étaient maintenant terminés et je ne recommençais pas avant 13h. Je comptais donc profiter du soleil pour manger en ville. La plupart de mes collègues restaient en salle des professeurs ou mangeaient au réfectoire mais je n’aimais pas rester enfermé trop longtemps et encore moins dans ce genre d’endroit où l’on encourage des gamins naïfs à faire des tours de passe-passe.

C’est donc en sifflotant gaiement que je m’apprêtais à quitter l’école lorsque je tomba sur un étrange spectacle. Une jeune fille était plantée au milieu du hall et semblait en grande conversation avec... avec personne en fait.  Je fronça les sourcils et l’observa quelques secondes. Ce devait être une nouvelle étudiante qui avait dû fraichement débarquer, au vu des sacs qui étaient posés autour d’elle. Ce n’était pas vraiment étonnant. De nouveaux élèves arrivaient régulièrement tout au long de l’année, envoyés ici par des recruteurs. Moi-même, lorsque j’étais étudiant, j’avais intégré l’établissement en plein mois de décembre. Sa tenue, en revanche, était à mes yeux un peu trop provocante. Elle semblait tellement prise dans sa conversation avec « l’homme invisible » (appelons-le ainsi) qu’elle ne me remarque pas le moins du monde. Je me décida finalement à couper cours à son petit numéro et m’éclaircit bruyamment la gorge.

« - Puis je vous aidez mademoiselle ? Vous êtes une nouvelle étudiante non ? Est-ce qu’on vous a déjà communiqué votre numéro de chambre au dortoir ? »

(Je me suis permis de répondre comme c'est un sujet libre... j'espère que ça te convient )

Leith essayait toujours d’avoir des informations sur là où elle devait aller de la part de l’âme. Le problème était que cette âme avait un caractère peu serviable et ne voulait pas aider la pauvre jeune fille.

Puis je vous aidez mademoiselle ? Vous êtes une nouvelle étudiante non ? Est-ce qu’on vous a déjà communiqué votre numéro de chambre au dortoir ?

Leith sursauta en entendant cette voie masculine derrière elle. En se retournant, elle vit, comme la voix l’annonçait, un homme. Celui-ci était bien vivant, pas comme l’âme qui n’avait pas voulu l’aider. Elle tâcha de répondre à la question qui lui avait été posée sans se rendre plus ridicule qu’elle croyait l’être déjà.

Je…euh… Oui, je suis nouvelle, monsieur.

Ce début de réponse avait suffi à la faire rougir et à lui faire baisser la tête. Comportement qui n’allait pas du tout avec son apparence. Elle chercha un bout de papier dans sa poche et le ressorti complétement chiffonné mais, heureusement, il était encore lisible.

On m’a dit que… euh… le numéro de la chambre… euh… Que je suis dans la chambre 1 annexe 2, monsieur.

La voix de Leith laissait trahir sa peur. Mais, elle avait peur que l’homme lui fasse du mal, qu’il essaye de la tuer, ou d’autres scénarios catastrophiques dans le genre. Pour elle, il était plus simple de parler en regardant ses pieds que de regarder son interlocuteur. Ce qui ne faisait pas bonne impression. Se rendant compte que l’homme pouvait, logiquement, l’aider, Leith réitéra sa demande à laquelle l’âme n’avait pas voulu répondre. Ce qu’elle fit en regardant ses pieds.

On m’a aussi dit que je devais aller à l’accueil. Je pense que c’est pour me donner mon horaire. Mais je sais pas où il est. Et je ne sais pas non plus où est l’annexe 2.

Leith continuait de regarder ses pieds, sans doute par peur, mais surtout car elle n’ose pas lever les yeux sous peine de rougir à nouveau.

[Oui, ça me convient. Et merci d'avoir répondu]

Visiblement, la jeune fille ne s'attendait pas à voir quelqu'un au vu du sursaut qu'elle fit en m'entendant. D'après son apparence générale, je m'attendais à parler à une de ses gamines un peu rebelles et arrogantes qui aboient fort et manquent souvent de respect aux autres. Aussi je fus plutôt surpris de la voir ainsi, toute intimidée et la tête baissée à répondre à mes question d'une voix tremblotante. L'espace d'un instant je me demanda même si j'avais l'air si effrayant... C'est vrai que j'intimidais la plupart de mes élèves mais dans ce cas là, je ne la connaissais pas du tout. Une grande timide donc qui me tendis d'un geste hésitant un bout de papier froissé.

On m’a dit que… euh… le numéro de la chambre… euh… Que je suis dans la chambre 1 annexe 2, monsieur. On m’a aussi dit que je devais aller à l’accueil. Je pense que c’est pour me donner mon horaire. Mais je sais pas où il est. Et je ne sais pas non plus où est l’annexe 2.

Je m'approcha en faisant la moue et redressa mes lunette pour lire ce qu'elle me tendait. La feuille était dans un état déplorable et autant de négligence avait le don de m'irriter. A certain endroit l'encre des caractères d'imprimerie avait coulé comme si on avait mouillé le précieux document mais l'essentiel restait lisible. Je réfléchis quelques seconde pour me situer la chambre, consulta ma montre puis acquiesça.

"- Il vaut mieux aller d'abord à l’accueil. C'est un peu plus loin. Vous voulez que je vous y conduise ? Ils vous donneront les clefs de votre chambre au passage. Vous allez réussir à porter tous vos sacs ?"

Même si je n'aimais pas particulièrement cet endroit, je restais un professeur. Me montrer courtois et disponible auprès des étudiant était une obligation dont je ne pouvais me soustraire, même si très peu venaient me voir en cas de problème. Idem pour l'accueil des nouveaux étudiants bien qu’habituellement, les groupes étaient guidés par des surveillants. Mais celle-ci c'était peu être égarée et avait perdu le reste du groupe... Je l'invita donc à me suivre.

La jeune fille semblait tellement angoissée que j’essaya de la détendre un peu.

"- Ne soyez pas aussi inquiète, on s'habitue vite à la vie ici. Bientôt vous n'aurez plus aucun mal à vous repérer. Quelle section avez vous choisi ? Peut être que je vous aurais dans ma classe prochainement. "

L’homme prit la feuille des mains de Leith. Le voir consulter sa montrer fit croire à la jeune fille qu’il était pressé.

Il vaut mieux aller d'abord à l’accueil. C'est un peu plus loin. Vous voulez que je vous y conduise ? Ils vous donneront les clefs de votre chambre au passage. Vous allez réussir à porter tous vos sacs ?

Leith hésita avant de répondre. « Allez, cet homme ne va pas te manger, il te propose de t’aider, accepte avant de te perdre encore ! » Reprenant confiance en elle, Leith réussit à parler sans regarder ses pieds.

Je veux bien que vous me conduisez à l’accueil, monsieur. Merci. Je pense que je saurais me débrouiller avec mes sacs. Mais je ne veux pas vous mettre en retard si vous devez aller quelque part.

Leith trouvait qu’elle n’avait pas tellement de sacs : il y avait sa guitare (ça, il était hors de question de la confier à quelqu’un, même ses parents ne pouvaient pas la toucher), une valise à roulette (facile à transporter et assez légère) ainsi qu’un gros sac à dos qu’elle pouvait caler facilement sur son dos avec sa guitare. Aussi, elle ne voulait surtout pas embêter les gens dès son arrivée. Mais, elle se détendit un peu lorsqu’il l’invita à le suivre. Ce qu’elle fit sans se poser trop de question.

Ne soyez pas aussi inquiète, on s'habitue vite à la vie ici. Bientôt vous n'aurez plus aucun mal à vous repérer. Quelle section avez vous choisi ? Peut être que je vous aurais dans ma classe prochainement.

Merci. J’espère que je ne perdrai pas trop avant de pouvoir me repérer.

« Finalement, ce professeur n’est pas si méchant, il essaye de me rassurer. C'est plutôt une bonne chose, je ne me ferrai pas manger. »

Comme section, j’ai choisi la musique avec une spécialisation en composition d’œuvre. Vous enseignez quelle matière ?

Au moins, comme Leith était accompagnée d'un professeur, elle était sûre de ne pas se perdre tant qu'elle ne le perdait pas de vue. Ce dont elle était encore capable, c'est pourquoi elle jetait régulièrement des coups d’œil en direction du prof. Leith bâilla discrètement et essaya de se tenir attentive malgré son envie (quasi éternelle) de dormir. Seule une bonne tasse de café lui permettrait de tenir jusqu'au soir.

La jeune fille refusa mon aide et chargea ses sacs sur son dos avant de me suivre docilement. Je n'insista pas plus et après mettre assuré qu'elle me suivait, je me dirigea vers l’accueil d'un pas rapide. Je sentis qu'elle se détendait petit à petit et elle fini même par répondre à mes questions sans contempler ses pieds.

Comme section, j’ai choisi la musique avec une spécialisation en composition d’œuvre. Vous enseignez quelle matière ?

La musique hein ? Je ne pu m'empêcher de lâcher un petit rire méprisant en entendant sa réponse. Je ne considérait pas vraiment la musique comme une matière sérieuse. En fait je ne la considérait même pas du tout comme une matière mais comme un loisir. A mes yeux, l'élever au même rang que les mathématique, l’étude des langues ou le droit était un sacrilège. Ce n'est pas que j'étais contre la pratique régulière d'un instrument, il s'agissait d'un loisir comme un autre après tout. Mais vouloir en faire un métier me semblait aberrant et irresponsable. Pour le commun des mortels, gagner sa vie ainsi se révélait souvent être un rêve inaccessible, une chimère que poursuivait beaucoup trop de jeunes à mon gout. Je m'était toujours opposer à ce que cette école propose une option musique. C'était encourager de jeunes imbéciles naïfs à foncer droit de le mur...

Enfin c'était son choix et je restais persuader qu'un jour elle se rendrais compte de son erreur... La vraie question étant de savoir si elle s'en rendrait compte avant qu'il ne soit trop tard. Au moins cela expliquait pourquoi elle avait emporté sa guitare avec elle. Je répondis néanmoins à sa question.

"- J'enseigne le droit ici. Une matière exigeante mais au combien passionnante si vous voulez mon avis. Mais vous n'aurez hélas pas la chance de vous y essayer. "

Je lui répondit à la fois avec fierté et une pointe de mépris. Je n'insista malgré tout pas plus, ayant une autre question en tête.

" - Vous étiez en grande conversation quand je suis arrivé, pourtant je n'ai vu personne... Vous étiez au téléphone ? Si c'est le cas, sachez que l'utilisation des portable n'est pas tolérée à l’intérieur des locaux. "

J'enseigne le droit ici. Une matière exigeante mais au combien passionnante si vous voulez mon avis. Mais vous n'aurez hélas pas la chance de vous y essayer.

En effet, ça peut être très intéressant.

Leith prenait doucement confiance en elle, ce qui était une bonne chose. Même si elle n’osait pas encore dire tout ce à quoi elle pensait.

Vous étiez en grande conversation quand je suis arrivé, pourtant je n'ai vu personne... Vous étiez au téléphone ? Si c'est le cas, sachez que l'utilisation des portable n'est pas tolérée à l’intérieur des locaux.

La question, pourtant anodine et parfaitement normale vu la situation dans laquelle le professeur avait trouvé Leith, eut néanmoins l’effet d’une gifle en pleine figure. Leith y répondit tant bien que mal.

Non, je n’étais pas au téléphone, il est dans mon sac. Je suis consciente que l'on se trouve dans une école, c'est pourquoi je l'ai mis dans mon sac, en silencieux. Comme ça, s'il sonne, je ne le saurais que si je sors pour le regarder. En fait, je…

Leith marqua une pause avant de continuer. Elle voulait trouver la meilleure façon de l’expliquer et être sûre de ne risquer aucun problème surtout qu’elle ne connaissait pas le professeur. Mais celui-ci avait touché une corde sensible, sans le savoir. Des souvenirs de ses conversations avec Lenny refirent surface. Leith dût se concentrer pour garder son calme et ne pas se mettre à pleurer et donner malgré tout, l’explication à laquelle le professeur avait droit.

En fait, il y avait quelqu’un. Mais je… je suis la seule à pouvoir le voir. Je ne suis pas folle mais… je… je peux voir l’âme des personnes décédées.

Leith avait dit cela d’un trait, et d’une voix tremblotante. Parler de son pouvoir n’était pas toujours facile, elle le niait toujours. Sauf qu’ici, elle était avec des personnes comme elle, avec des dons différents, comme le lui avait expliqué le recruteur. C’est ce qui lui avait permis de le dire. Aussi, elle espérait qu’enfin, on cesse de la prendre pour une folle et que quelqu’un puisse la comprendre. De plus, parler de cela lui permettait d'éviter de penser à plonger dans un lit pour y dormir. C'est fou ce que cette fille pouvait avoir besoin de dormir !

La jeune fille qui avait semblé se détendre un peu quelques secondes auparavant devenu livide après que j’eus posé ma question. Elle semblait complètement paniquée, presque au bord des larmes. Ce brusque changement d'attitude me pris complètement de court. Je voulais simplement lui rappeler le règlement intérieur, pas la terroriser. Tous cela n'allait pas arranger ma côte de popularité...

Non, je n’étais pas au téléphone, il est dans mon sac. Je suis consciente que l'on se trouve dans une école, c'est pourquoi je l'ai mis dans mon sac, en silencieux. Comme ça, s'il sonne, je ne le saurais que si je sors pour le regarder. En fait, je…

Elle marqua une pose et pris de grandes inspirations, un peu comme si elle venait de courir le 500 mètre, tout en cherchant ses mots. Je voulu l'interrompre pour lui demander de se calmer un peu. Je n'avait aucune envie qu'une nouvelle élève fraichement débarquée face un malaise au milieu du couloir devant moi et qui plus est, pendant ma pause repas...  

En fait, il y avait quelqu’un. Mais je… je suis la seule à pouvoir le voir. Je ne suis pas folle mais… je… je peux voir l’âme des personnes décédées.

Sa réponse me laissa pantois quelques seconde. J’essaya de choisir mes mots avec soin. Il était inutile de la paniquer d'avantage, le résultat pouvant être fâcheux. Et puis quelque parts sa réaction me rappela un peu la mienne à son âge, lorsque tous le monde, y compris ma famille, me prenait pour un dangereux schizophrène. Même aujourd'hui, je n’arrivais toujours pas à accepter ce pouvoir qui était le mien, cette tare comme je l’appelais. Je pouvais donc parfaitement comprendre sa gène et sa panique lorsque j'avais aborder sans le vouloir ce sujet.

"- Je ne pense pas que vous soyez folle... Et même si c'était le cas alors tous ceux sur cette ile le serait aussi. Je suis désolé de vous avoir obligé à évoquer le sujet, ce n'était pas mon intention. Je n'aime pas non plus parler de cette "tare" qui nous affecte tous... Mais à l'avenir essayez au mieux de vous abstenir de converser avec l’au-delà ou, si sa vous est impossible, d'au moins vous montrer discrète. Une des missions de cet établissement est, après tout, d'apprendre à ses pensionnaire à vivre de façon normale."

Mon ton était plus froid que ce que j'avais voulu mais au moins l'essentiel était dit. Je m’arrêta et la jugea du regard avant de finalement pointer de doigt une porte.

"- L’accueil est ici. Dois je vous attendre pour vous montrer ensuite le dortoir ou arriverez vous à vous débrouiller seule ?"

Je ne pense pas que vous soyez folle... Et même si c'était le cas alors tous ceux sur cette ile le serait aussi. Je suis désolé de vous avoir obligé à évoquer le sujet, ce n'était pas mon intention. Je n'aime pas non plus parler de cette "tare" qui nous affecte tous... Mais à l'avenir essayez au mieux de vous abstenir de converser avec l’au-delà ou, si sa vous est impossible, d'au moins vous montrer discrète. Une des missions de cet établissement est, après tout, d'apprendre à ses pensionnaire à vivre de façon normale.

Je comprends. Je ferais de mon mieux pour être plus discrète.

Bien que le ton du professeur lui avait semblé froid et distant, Leith avait bien compris le message. « Chose qui risque de ne pas être très facile sans avoir recours à mon lecteur de musique. J’ai déjà du mal à différencier les âmes des vivants, mais je dois faire de mon mieux. Au moins, il ne m’oblige pas à voir un psy comme les autres, avant. C’est déjà ça. Et puis, je ne comprends pas pourquoi il appelle ça une tare, moi je trouve ça plutôt utile de voir les âmes. ‘Fin, ça dépend pour quoi. »

L’accueil est ici. Dois je vous attendre pour vous montrer ensuite le dortoir ou arriverez vous à vous débrouiller seule ?

Merci. Si cela ne vous dérange pas, j’aimerai que vous m’attendiez. Mais si cela vous dérange, j’essayerai de me débrouiller seule. Je ne veux pas vous importuner.

Leith était consciente qu’elle prendrait plus de temps à trouver les dortoirs en y allant seule mais elle ne voulait absolument pas embêter le professeur qui, d’après son point de vue, avait déjà fait beaucoup en acceptant de l’accompagner jusqu’ici.

Elle déposa ses affaires contre le mur et entra dans la pièce après avoir frapper à la porte. Elle n’avait juste pas entendu la réponse du professeur. Tant pis, elle saura ce qu’il a décidé, une fois sortie.

Dans l’accueil, elle resta polie et demanda les renseignements dont elle avait besoin et répondait aux questions qu’on lui posait. Leith ressortit assez rapidement avec en plus, la clef de sa chambre ainsi que son horaire. Elle rangea le papier dans l’une des pochettes de son sac à dos, là où elle pourrait le retrouver facilement, récupéra ses sacs mais garda les clefs en main, pour être sûre de le retrouver quand elle devra ouvrir sa porte.