Elle descend de la colline à renard ♪... Tiens ? Le ciel s’est un peu éclairci, aujourd’hui.
C’est ton imagination Ly’, je sais que c’est ce qu’elle dirait, mais bon... ça fait partie de moi, ces petites habitudes. Chercher un sens derrière les choses sans importance, tenter d’expliquer ce qui n’a pas d’intérêt à l’être. Je suppose que c’est juste un moyen de tromper l’ennui.
Marchant lentement le long des ruelles du quartier, j’avais pensé profiter de la douceur du temps pour une petite balade. Il était déjà tard le temps de rentrer du café, mais je n’avais pas pu me résoudre à abandonner l’idée... dernièrement, je ne faisais que ça, renoncer.
Ça s’appelle devenir adulte, elle disait – et je ne pouvais m’empêcher de l’imaginer avec une moue sévère et un ton acariâtre qui ne lui allait pas du tout. Je sais qu’elle était comme ça pour me charrier, mais j’aurais aimé la voir plus honnête une fois de temps en temps. Malgré cela, Hafu avait été là pour m’épauler, et elle m’a redonné espoir. Depuis ce jour où Kirio a cessé de répondre à mes appels, la flamme de kagutsuchi semblait m’être devenue hostile et sa chaleur douce disparue n’avait laissé qu’un froid glacial pour la remplacer. Finalement, je m’y suis habituée, comme si ce n’était pas si différent d’avant elle. Mais j’étais devenue incapable d’oublier cette sensation.
« Je crois que j’ai entendu des histoires là-dessus. Un esprit et sa magie ne peuvent pas être séparés, donc elle ne peut pas avoir disparu complètement.
- Comment ils peuvent le savoir ?
- Bah, ils ont dû essayer, je suppose... »
Dans un moment d’égarement, je m’arrêtai auprès d’un muret pour regarder passer les nuages dans le ciel, perdant l’écho des voix de mes souvenirs dans mes propres pensées.
«
J’espère que tu as raison... »
J’étais sur le point de rebrousser chemin, je m’étais un peu éloignée du trajet habituel. Peu de monde venait par ici, c’est pour ça que j’aimais bien cet endroit. Vérifier que rien n’avait changé, tout est comme avant. Peut-être que je reviendrai jouer avec Nera un de ces jours, ça me manque. Et ainsi, je me lançai au pas de course dans la ruelle descendante, espérant pouvoir rentrer au bercail un peu plus tôt pour me réchauffer.
C’est alors que des éclats de voix ont brisé ma bulle de tranquillité. Le ton provocateur me fit tiquer de loin, même sans avoir compris le propos, ça sentait mauvais ; encore un badaud venu chercher des emmerdes ? Au moins cette fois, je ne l’avais pas percuté en tombant du ciel... mais j’avais beau regarder tout autour, il n’y avait pas un chat. Cependant, les bruits de la ville étaient étranges, dans ce coin. Un mauvais présage, comme une chose pleine de pattes tapie dans les ténèbres... c’était la première chose qui me venait à l’esprit, et ça n’était pas rassurant.
«
Effectivement de loin t’es horrible mais de près tu l’es encore plus et puis cette poitrine… on dirait deux vieux gants de toilettes, les caches tétons tu connais pas ? Je connais une ou deux stripteaseuses qui pourraient te conseiller ! »
La réplique fut rapidement suivie de bruits de ferraille stridents, laissant imaginer que la concernée avait attrapé le premier objet sous la main pour l’envoyer à la figure de l’enfoiré... attend, il faut intervenir là, non ? Appelle les flics, le samu... dans la panique, mon téléphone me glisse des mains, et –
*PAN* – plusieurs coups de feu en chaine détonnent dans la rue adjacente.
Et là, je suis sous le choc, tombe contre le mur et me ramasse sur les fesses. Un frisson glacé me court le long du dos alors que la brume vient m’envelopper, étouffer le bruit de ma respiration et je me change en un petit nuage, tout petit nuage dans le coin de la ruelle. Je n’ai pas envie de me battre... mais j’ai peur, je me demande si la personne va bien. J’attends un peu et tends l’oreille, pour écouter les bruits. La voix de l’homme se lève encore, il n’a pas l’air d’avoir été touché...
une manucure, mais de quoi il parle ?« Je ne peux pas juste rester cachée... attaque furtivement, comme à l’époque. »Silencieusement, je me redresse contre le mur et me déplace à pas feutrés jusqu’à l’angle de la rue. Si j’utilise marche-nuage, il est pratiquement impossible de m’entendre approcher... alors je me glisse doucement sur le côté, et là, la vision me fait sursauter d’horreur.
Eeek !! Putain d’araignée géante ?! Au moins, elle n’a pas l’air de m’avoir remarquée... mais le gars étendu par terre sous sa gueule, lui elle l’a bien en vue. Il va se faire dévorer si je ne fais rien ?! Putain, réfléchis– Non, pas le temps !
Ça ne peut pas être empêché. Alors, dans un réflexe purement mécanique, mon bras se tend devant moi et ma main, dans une position assez étrange, braque la créature en tirant une nuée de flammèches sur elle.
«
Woopsie... réflexe. »
Je suppose que ça a attiré son attention sur moi...
et après ? C’est un petit peu tard pour le réaliser, mais je me suis encore embarquée dans une situation dangereuse. Plantée au milieu de la rue, quelques brasillons encore fumants au creux de la main. Brûlons cette chose et rentrons à la maison...