Himitsu no Kii
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Vient incarner un descendant des dieux de la mythologie japonaise et vivre des aventures avec nous !
 
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 Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)

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MessageSujet: Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)    Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)  EmptyVen 30 Oct 2015 - 10:00



Keep Calm and Start a New Life




Cela ne faisait que quelques jours que j’avais débarqué sur cette île et je ne m’y sentais vraiment pas à ma place. Même si je n’y avais pas laissé grand-chose, New York me manquait … Beaucoup … Je n’y avais pourtant pas vraiment de vie, simplement des cours et un job à mi-temps afin de pouvoir garder l’appartement de ma défunte mère. Je n’avais laissé derrière moi aucune famille, simplement un père inconnu qui n’avait jamais voulu de moi et quelques camarades de la faculté avec lesquels je me forçais de m’entendre pour ne pas être trop seule, mais pourtant en ces lieux, j’avais l’impression que la solitude me pesait encore plus. Ici, je ne pouvais plus me recueillir sur la tombe de ma mère adorée. Ce qu’elle me manquait, terriblement … Un manque qui écrasait mon cœur chaque jour un peu plus. Elle avait été mon pilier pendant des années et je l’avais perdue, la maladie me l’arrachant alors que je ne connaissais encore rien de la vie. A New York, je tenais encore à peu près le coup, vivant dans notre appartement de toujours, celui-ci me faisant ressentir encore sa présence, mais maintenant j’étais là, sur cette île, seule, vraiment seule et pourquoi ? A cause de mes pouvoirs, ces pouvoirs me permettant de créer n’importe quelle matière minérale … Parce que j’étais différente, anormale. Cette expérience était vraiment très déboussolante pour moi, j’avais envie de me blottir dans un coin en position fœtale et attendre simplement que le temps passe, mais j’étais forte et j’essayais tant bien que mal de prendre la chose comme l’opportunité de recommencer une nouvelle vie plus heureuse.

Durant ces quelques jours, j’avais simplement pris une chambre d’hôtel avec l’argent que j’avais eu à mon arrivée, mais j'avais ensuite assez rapidement trouver une annonce de collocation. Heureusement, j’avais eu une carte de l’île qui m’avait aidée à atteindre la ville d’Amishawa, j’étais bien trop timide pour aborder les gens par moi-même donc j’avais tout de même eu un minimum de repères avec cette carte. Sachant que forcément, il fallait travailler pour vivre, je m’étais rapidement entreprise dans la démarche de trouver un job, n’importe lequel tant que j’avais un minimum de revenu. Manque de bol, malgré le fait que j’avais passé une grande partie de la matinée à me démarcher dans divers endroits, je n’avais essuyé que des refus jusque-là. Pourtant, j’avais tout fait pour être présentable : une petite robe à manches courtes bleue ciel m’arrivant aux genoux, resserrée sous ma poitrine par un ruban noir, des petites ballerines noires. Mes allures de femme-enfant, mes yeux océans et ma chevelure d’un noir de jais tombant en cascade dans mon dos ne m’avaient pas aidée, même si j’avais parfois sorti le regard de chien battu. Il faut croire que je n’étais pas douée pour convaincre les gens. Je n'avais eu droit qu'à des regards compatissants, mais avec des refus catégoriques ...

Complètement dépitée, j’avais donc voyagé jusqu’à la cité de scolaire de Kousha. D’après mes renseignements, cette cité comportait une université nommée Tetteiteki où l’on pouvait y intégrer divers cursus, donc je m'étais dit pourquoi pas ? J’avais donc décidé de m’inscrire dans cet établissement afin de poursuivre mes études de lettres, c’était mieux que rien après tout.

Exténuée par mes démarches de la journée, je me laissais tomber sur un banc afin de m’y reposer quelques minutes, le temps de grignoter quelque chose. Je sortis donc un petit sachet contenant un beignet aux pommes de mon sac à main, le sucre étant quelque chose qui pouvait rapidement me remonter le moral. Je soupirais, à cet instant, j’avais surtout envie de pleurer en fait, je ne savais pas comment j’allais me débrouiller ici toute seule, surtout que comme j’avais du mal à aller vers les gens, je n’étais pas prête de me faire des amis. Je sentais les larmes me monter aux yeux. Abattue, je posais le sachet en papier et mon sac à main à côté de moi, juste pour prendre le temps d’enfouir mon visage dans mes mains pour ravaler mes larmes, j'y parvins en inspirant profondément. Allez, du calme, je devais rester forte, je réussirais à faire quelque chose de ma vie, ne serait-ce que pour rendre hommage à ma mère, pour la remercier de m’avoir élevée et de m’avoir aidée à devenir la femme que j’étais aujourd’hui.


Dernière édition par Elena Heart le Mar 29 Déc 2015 - 12:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)    Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)  EmptyMar 17 Nov 2015 - 1:20

Un bon mois, cela faisait un bon mois que Johan avait débarqué sur cette Île si étrange. Un mois déjà ? Le temps semblait devenu comme capricieux en ce lieu gorgé de mystère et de magie. Un mois…ce temps lui semblait à la fois extrêmement court et bien long à la fois. Cela faisait déjà un mois qu’il était rentré du Brésil, rentré de cette jungle vierge et fantastique, des rêves pleins la tête, un mois que ce destin facétieux l’avait arraché à sa seule famille, l’emmenant dans cet endroit toujours en mouvement. Encore maintenant, il ne savait pas qu’il devait se sentir chanceux de ça ou non.

D’un côté, l’Île était un endroit fabuleux ! Juste fabuleux ! Un véritable terrain de jeu pour le botaniste qu’il était. Cette forêt, toutes ces plantes, toutes ces espèces, toutes ces essences qu’il ne pensait voir d’en image, qu’il n’aurait même pas pu imaginer rencontré, oui, tout ça était désormais à portée de main, à portée de crayon, n’attendant que lui pour être étudiée, classées et répertoriées, comme il le devait. Certaines même, il en était persuadé bien qu’il n’en ait pas encore la preuve formelle, appartenait à ces espèces fossiles que le continent ne pouvait contempler qu’en pierre ou en images de synthèse. Son regard émerveillé, un sourire enfantin flottant sur ses lèvres, il prenait tant de plaisir à les dénicher, même dans les recoins les plus reculés. Il prenait tant de plaisir à être ici, juste ça. Pouvoir se tenir au plus près de la Terre-Mère, pouvoir sentir son pouls battre, enfler, pouvoir la sentir tout simplement vivre…c’était une expérience exceptionnelle de chaque instant pour le descendant de la terre qu’il était.

D’un autre côté, il ne pouvait s’empêcher de se sentir coupable, coupable d’avoir laissé sa grand-mère seule à Maastricht, coupable d’avoir laissé cette ancienne vie, coupable surtout de ne ressentir aucun remords. Pourtant, là-bas, aux Pays-Bas, il avait fini par trouver sa place, par trouver un certain équilibre dans sa vie. Il avait des amis, il avait un travail passionnant, il avait sa famille… Et pourtant…et pourtant…Malgré toute ces bonnes raisons, ces bonnes excuses pour se sentir mal, Il lui suffisait de laisser son esprit vagabonder vers les vastes étendues vierges de l’Île pour qu’il oublie totalement cette ancienne existence. Il n’arrivait pas à embrasser ce spleen qui aurait dû l’étreindre il y a longtemps déjà. Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-il tout simplement pas regretter sa venue ici ? Ne fusse que pour sa grand-mère…il avait l’impression de lui devoir, quelque part. De devoir à cette femme exceptionnelle, une parcelle de son existence. De la soutenir dans sa vieillesse, à chaque instant. D’être présent à ses derniers instants, de remplir ses dernières volontés…Il lui devait bien ça, non ? Pour célébrer sa vie, pour célébrer son soutien indéfectible, même dans les pires épreuves… Alors pourquoi ? Pourquoi n’était-il pas en train d’échafauder un plan pour partir d’ici ? Il ne s’était même pas renseigné sur la question, sur la possibilité de rejoindre le  « monde réel », non…il avait juste décidé de faire sa place ici, comme si il n’avait plus jamais l’intention de repartir, comme si son âme, son âme plus que son esprit, avait enfin trouvé un endroit où séjourner, un endroit qui le complétait.

C’était étrange quand il y pensait. Jamais il n’avait été plus seul que sur cette Île pleines de mystères, et ce, malgré tous ces descendants qui l’entouraient. Il faut dire que, même ici, la barrière de la langue faisait beaucoup. Le jeune scientifique n’avait pas vraiment de problème avec l’anglais, puisqu’il n’utilisait déjà quotidiennement dans son travail, sur le continent. Mais, il y avait toujours un certain décalage entre ce qu’il pensait et les mots qu’il prononçait, à cause de ça. Cela devait encore renforcer aux yeux des autres cette attitude étrange qu’il arborait en permanence. Pourtant, jamais il ne s’était senti plus apaisé qu’ici, à croire que l’endroit devait exercer son emprise sur lui.
D’ailleurs, depuis quelque temps, il se demandait sérieusement si l’Île ne commençait pas à avoir un quelconque effet sur lui…sur ses capacités, sur son don. Il ne savait pas très bien comment l’expliquer, puisqu’il n’avait jamais vraiment testé les limites de son pouvoir, mais il avait cette impression, cette impression tenace que quelque chose commençait à changer en lui. Il était extrêmement familier avec sa magie, ne pouvant même se souvenir d’un seul instant où il en était privé. Elle était née avec lui, s’était développée en lui, avait grandi avec lui…Il l’avait toujours connue, et dernièrement, elle semblait s’être développée, plus que durant toute sa vie. Puisqu’il ne l’avait jamais testée, puisqu’il n’en connaissait pas les réelles limites, il n’avait pas vraiment de preuves, juste ce sentiment.

C’est avec cet état d’esprit que Johan avançait, distrait, sur le campus de l’université de Tetteiteki. En vérité, il n’était pas en chemin pour l’un de ses innombrables treks en forêt, non, pas cette fois-ci. Il était en réalité en route initialement pour le lycée Danshi, avec une envie ferme d’avancer dans l’élaboration de ses cours… Envie qui, au fur et à mesure de sa balade, s’était étiolée, au profit de ses pensées. Cela faisait un bon moment qu’il avait dépassé l’enceinte du lycée, et il ne semblait même pas obliquer sa route pour en prendre le chemin d’ailleurs. Non, il avait trouvé quelque chose d’autre à faire, quelque chose de plus intéressant, tout simplement, et comme d’habitude, il avait oublié ce pour quoi il était sorti.

Puis, une odeur entêtante. Une odeur entêtante et délicieuse parvint jusque ses narines, le sortant de sa rêverie, réveillant son estomac ou plutôt, son envie de sucre. De suite, il stoppa sa marche, cherchant du regard la provenance du parfum de pomme. C’est alors qu’il la vit. Là, à peine à un mètre de lui, une jeune femme était assise sur un banc, le visage couvert par ses mains délicates. Avec ses longs cheveux noirs, sa petite robe bleue, presque vaporeuse, ses petites chaussures noires, il avait du mal à évaluer son âge. Loin de lui l’idée de la juger, ce genre de chose ne lui traversait même pas l’esprit, mais elle semblait bien grande pour n’être qu’une simple enfant. Quoiqu’il en soit, elle n’avait pas vraiment l’air d’aller bien et, parce qu’il n’avait pas besoin d’autres excuses pour aborder quelqu’un dans le besoin, il alla se planter face à elle.

« Mademoiselle… ? »

Voyant que son appel n’avait que peu d’effet, il s’accroupit, se mettant à sa hauteur. Il ne pouvait toujours pas voir son visage, ainsi caché derrière ses mains, mais sans trop savoir pourquoi, il le devinait harmonieux. Il cligna une ou deux fois des yeux, avant de retenter sa chance.

« Mademoiselle ? Pardonnez-moi si je vous dérange mais…est-ce que tout va bien ? »
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MessageSujet: Re: Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)    Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)  EmptyMar 17 Nov 2015 - 23:48



Keep Calm and Start a New Life




Inspirer ... Expirer ... Je pensais être assez forte, je pensais pouvoir retenir mes larmes, oublier la peine, oublier l'angoisse, mais ce n'était pas le cas. Une première larme coula sur ma joue droite, puis une deuxième sur la joue gauche, terminant leur course sur mes paumes de main, celles-ci cachant toujours mon visage au monde extérieur. Toute la tension accumulée retombait dans ces petites gouttes salées, une chose qui pouvait paraitre anodine, mais celles-ci pouvant contenir tout un lot de sentiments. Je me laissais aller silencieusement, le visage de ma mère en tête, prouvant encore une fois que je n'avais pas encore fait le deuil.

Je me retrouvais là, seule sur cette île... Heureusement, j'avais rencontré une colocataire super qui respirait la joie de vivre, j'avais hâte de la connaitre un peu plus, mais pourtant, je ressentais toujours un vide en moi, le vide que ma mère avait laissé, un vide que je pourrais peut être jamais combler. Je m'étais inscrite à la fac, comme à New York ... Je cherchais un job à mi-temps, comme à New York ... Mais je n'étais pas chez moi, j'étais loin de l'appartement qui abritait tous mes bons souvenirs, même si cela incluait les dernières années de ma mère malade. Malgré ses souffrances, j'étais tout de même avec elle, j'avais pu profité de ses derniers instants, lui prouvant ma reconnaissance jusqu'au bout. Et mes larmes coulaient encore ... De toute façon, qui se soucierait d'une femme aux airs de gamine qui pleurait sur un banc ? Personne ... Enfin jusqu'à cet instant.

J'entendis une voix, une voix masculine incroyablement douce. Non ce n'était certainement pas adressé à moi, j'avais bien trop l'habitude d'être transparente. De toute façon, j'avais beaucoup trop honte de la tête que je devais avoir pour retirer les mains de mon visage. Je devais avoir les yeux et le nez rouges, mes joues pâles inondées de larmes ... Tout pour me faire ressembler à une gamine pleurnicheuse. Peut-être que c'était ce que j'étais après tout ? J'entendis de nouveau cette voix, bien plus proche de moi à cet instant, cette voix douce qui me demandait de manière hésitante si tout allait bien. Quelqu'un se serait-il intéressé à moi ? Intéressé à mon état ?

Je baissais la tête, mes longs cheveux noirs cachant au mieux mon visage afin que je puisse essayer discrètement mes larmes. Je levais doucement le regard vers le jeune homme qui me surpris quant au fait qu'il était accroupi, son visage à hauteur du mien. Je rougis immédiatement, remettant une mèche derrière mon oreille de manière gênée. Je détaillais l'inconnu, mon regard innocent se posant sur son visage d'ange, en particulier sur ses yeux se balançant entre le vert et le brun, ils n'étaient que plus fascinants. Il était vraiment mignon ce jeune homme ... Le regard doux, les traits fins ... Jamais un visage ne m'avait autant intriguée. Je rougis un peu plus, me rendant compte que je devais le fixer bêtement et détournai le regard.

A cet instant, je m'affolai intérieurement, me disant qu'il m'avait posé une question et qu'il était impoli de ne pas répondre. Mais qu'est ce que je pouvais lui répondre ? Que tout allait mal ? Non je ne voulais pas passer pour une pleurnicheuse devant cet homme, enfin c'était pourtant ce qu'il devait penser en me voyant, sinon il ne serait pas venu me demander si tout allait bien. Je réfléchissais le plus rapidement possible pour ne pas laisser écouler trop de temps entre sa question et ma réponse. Je reportai mes yeux océans sur lui, ramenant de nouveau une mèche de cheveux derrière mon oreille, nerveuse. Je lui souris tant bien que mal, ne voulant pas avoir l'air triste. Etais-je simplement capable de parler face à de si beaux yeux poser sur moi ? D'habitude, j'étais timide ... Très timide ... Mais là, je battais les records, ce jeune homme me rendait aphone en quelque sorte, je ne comprenais pas trop ce qu'il m'arrivait. J'étais plus déboussolée que je ne le pensais. Je tentais de paraître la plus naturelle possible dans ma réponse.


"Je ... je vais bien ... Merci ..."

Je ponctuais cette phrase hésitant par un nouveau sourire cette fois plus sincère, je n'avais plus envie de pleurer à cet instant, mais je ne voulais pas non plus en rester là. Je ne devais pas me contenter d'une simple phrase. Il allait tout simplement reprendre sa route si je ne trouvais pas autre chose. Réfléchis Elena ... Qu'est ce que je pourrais bien lui dire ? Si possible sans paraître trop bizarre ... Nous sommes sur le campus de l'université, une question émergea enfin, histoire de lancer la conversation. Je faisais un effort surhumain à cet instant, et je ne savais pas pourquoi. Je ressentais cette envie étrange de lui parler, ne serait-ce que pour entendre de nouveau sa douce voix.

"Vous ... Vous étudiez ici ?"

Je rougissais un peu plus ... Pourquoi j'agissais comme une idiote ? Je veux dire ... pire que d'habitude ...


Dernière édition par Elena Heart le Mar 29 Déc 2015 - 12:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)    Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)  EmptyMer 25 Nov 2015 - 23:13

Sur ce campus loin d’être bondé en cette heure de la journée, comment avait-il fait ? Comment avait-il fait ne pas remarquer plutôt cette jeune femme, seule, visiblement au plus mal, et assise sur ce banc, son visage enfouis dans ses mains ? Johan était quelqu’un d’un naturel très ouvert aux autres, toujours à l’écoute de leur problème, toujours présent quand il le faut. Mais cette fois-ci, loin de lui l’idée d’ignorer la souffrance des gens qui l’entourait, il s’était presque barricadé dans ses pensées, y trouvant une activité bien plus intéressante que celle de préparer ses cours ou de tout simplement profiter du temps, remarquablement clément en ce milieu d’automne. Pourtant, cette saison était l’une de ses préférées. Malgré qu’elle soit synonyme de mort et associée à une disparition lente, une agonie de la flore et une diminution de l’ensoleillement, il adorait l’automne.

Il adorait toutes ces couleurs dont se paraient les arbres et arbustes, du jaune flamboyant au brun-rougeâtre, ce dégradé enchanteur invitant à la contemplation, ce dégradé, comme un ultime cri de la Terre-Mère avant de de sombrer dans les abysses du sommeil pour trois longs mois. Il adorait l’automne, même s‘il avait vu le jour à la fin du printemps, à la fin de la renaissance. Il ne voyait pas en elle que ce ralentissement de la vie, que ce froid qui tombait peu à peu, que cette bise parfois glaciale qui vous obligeait à vous emmitoufler un peu plus, non… Il voyait en l’automne ce qu’elle hurlait au monde entier, à croire que nombre de ses contemporains étaient sourds pour ne pas entendre ce chant, cet ultime requiem. Il voyait une symphonie de teintes, d’essences et d’odeurs, une invitation aux plaisirs des sens, un peu comme un ultime cadeau offert par la nature à la faune, offert aux Hommes,  une dernière allégresse  avant l’hibernation nécessaire.

Il adorait l’automne, et pourtant, il s’était enterré dans son esprit, sans vraiment s’en rendre compte. Déambulant lentement, cette apparition vaporeuse, accompagnée de cette douce odeur de pomme, était venue perturber le coin de son champ de vision. Et pourtant, cela avait suffi, cela avait suffi à stopper ses pensées, à le sortir de cette torpeur. Il avait trouvé autre chose à faire. Quelque chose de plus, de bien plus intéressant. Pour dire vrai, il aurait très pu la laisser là, non pas au nom d’une espèce de gêne, celle qui empêche de s’intéresser aux inconnus, mais plutôt pour pouvoir enfin profiter du chatoiement de couleurs ocre et brique...après tout, il adorait tellement l’automne. Mais, non, pas cette fois-ci. Il ne s’en était pas encore rendu compte, mais en cet instant, Johan avait placé le bien-être de la belle inconnue avant cette saison qu’il adorait, et ce, sans aucune raison apparente.

Et, sans avoir besoin d’autres excuses que ce que lui dictait son cœur en cet instant, il l’avait abordée, d’abord simplement, puis avec une pointe d’insistance ne changeant pas la douceur de sa voix. Toujours cachée par ses mains, la jeune femme, interpelée, cacha un peu plus son visage derrière un rideau de cheveux. Sans doute ne voulait-elle pas qu’il remarque, qu’il remarque qu’en réalité, elle pleurait. Mais le botaniste n’était pas dupe, il n’avait pas besoin de voir son visage pour comprendre, sa forte empathie devinant ce que ces simples gestes tentait de dissimuler. Son cœur se serra à cette constatation. Si lui vivait plutôt bien son arrivée sur l’Ile, si son intégration semblait déjà en bonne voie, il n’en était pas forcement de même pour tout le monde. Ecoutant çà et là les brides de conversation, il commençait à se rendre compte que, pour la majorité des descendants, ce changement était assez mal perçu, du moins, dans un premier temps. Sans compter que ce bouleversement majeur s’accompagnait dans certains cas de la découverte de leur don…tout ça aurait suffi à abattre beaucoup de gens. Peut-être était-ce le cas de cette jeune femme, du moins, c’est ce qu’il se disait.

Lentement, elle finit par relever sa tête, dévoilant enfin à son regard ce qu’elle lui voilait. Rougissante et visiblement à la fois étonnée et gênée de le constater aussi proche d’elle, elle ramena une de ses mèches de cheveux derrière son oreille, dégageant définitivement son visage. Sa première impression avait été la bonne…Dieu, ces traits fins, cette peau blanche, presque pâle, rehaussée de ce rouge à mi-chemin entre tristesse et timidité, le tout encadré par ces cheveux corbeaux, contrastant superbement…Et ces yeux…Ces Yeux ! Sans qu’il ne s’en aperçoive, sans qu’il ne s’en formalise, lorsqu’il aperçut l’océan de son regard, encore humide de ses larmes, son cœur manqua un battement et durant de longues secondes, il en resta muet, contemplant la couleur impossible.
S’empourprant d’avantage, elle finit par détourner son regard, plus nerveuse que jamais. Clignant une ou deux fois, il attendit sa réponse, à la fois attentif et bien aveugle aux signes. Celle-ci n’arriva cependant pas tout de suite, la belle inconnue, cherchant ses mots se disait-il, bouffée par la timidité en réalité, replaça une nouvelle mèche rebelle derrière son oreille. Au moins, il avait réussi à lui arracher un faible sourire bien que s’il trouvait qu’il lui seyait, il le savait forcé.

« Je ... je vais bien ... Merci ... »

Cette petite phrase hésitante qu’elle lui souffla avec sa voix douce et chantante…Aurait-elle pu sonner plus fausse en cet instant ? Il était normal qu’elle ne veuille pas se confier à un simple inconnu, mais cette simple phrase, confirma ce qu’il savait déjà : Elle n’allait pas bien. Et pourtant, alors qu’il s’attendait à la voir fondre de nouveau en larmes, elle sourit de plus belle, bien plus sincèrement. Lorsqu’il le constata, légèrement étonné, son propre et éternel sourire s’étira un peu plus. Il était réellement content de voir qu’une simple phrase de sa part avait suffi à stopper ce marasme, au moins temporairement. Parfois, les gens avait juste besoin de ça, de savoir qu’ils n’étaient pas seuls, de savoir que quelqu’un s’intéressait à eux… Mais Johan ne comptait pas en rester là, ce n’était tout simplement pas dans sa nature. Cette jeune femme avait un problème, alors il chercherait la solution, peu importait le temps que ça lui prendrait. Devançant ses propres questions, elle prit la parole.

« Vous ... Vous étudiez ici ? »

Alors là, il s’attendait à tout, sauf à cette question. Une explication sur cet état de tristesse, peut-être, une remarque lui demandant de se mêler de ses affaires, pas impossible, même s’il en doutait, une présentation en bonne et due forme, il l’espérait. Pris au dépourvu, il resta une ou deux secondes muets, un air interloqué flottant sur son visage. Puis, reposant sa tête dans le calice formé par ses mains, ses coudes sur ses genoux, il sourit de plus belle. Cherchant ses mots un instant, voulant retranscrire au mieux sa langue en anglais, il finit par lui répondre, un petit rire dans la voix.

« Oh, non…ça fait même une éternité que je n’ai pas ouvert un cours…En fait, je suis professeur de Biologie au lycée Danshi, pas très loin d’ici. Et toi ? »

En fait, au départ, Johan avait prévu de la vouvoyer, comme il en était l’usage quelque part dans une discussion entre deux adultes. Mais non, à la dernière minute, il avait opté pour le tutoiement. Oh, ce choix n’avait pas été conscient, mais sans doute qu’une part de lui ne voulait pas s’encombrer inutilement avec cette distance que le « vous » pouvait engendrer. A moins que le « vous » néerlandais, n’avait pas d’équivalent en anglais, tout simplement. Et puis…une « discussion entre adultes », c’est un peu trop pompeux, n’est-ce pas ? D’après ce qu’il voyait, ils avaient plus ou moins le même âge, alors, pourquoi s’embêter avec ça ? Ne détachant pas son regard balancé de l’océan de ses yeux, il se présenta.

« Au fait, je suis Johan, Johan Stern. Je suis arrivé il y a un peu plus d’un mois maintenant, mais je suis originaire des Pays-Bas. »
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MessageSujet: Re: Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)    Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)  EmptyJeu 26 Nov 2015 - 11:16



Keep Calm and Start a New Life




Par sa simple présence, par ses simples mots, ma tristesse s’évaporait progressivement. J’avais tout d’abord été gênée face à cette proximité, face à l’intérêt qu’il me portait, rougissante comme à mon habitude, mettant un peu de couleur sur mes joues habituellement si pâles. Cette proximité était si inhabituelle, si perturbante. Si seulement il n’y avait que cette proximité qui l’était … perturbante … Mais ce n’était pas le cas … Son regard vert-brun sur moi l’était tout autant, la douceur de voix l’était tout autant, ce jeune homme me perturbait tout simplement. Pas d’une mauvaise manière comme s’il m’avait mise dans l’embarras non, d’une toute autre façon que je ne saurais définir. C’était étrange … Nouveau … J’étais fascinée par son regard plongé dans le mien jusqu’à ce que ma timidité eut raison de cette fascination, me faisant rompre ce contact visuel pourtant si agréable. Je sentais à la chaleur de mes joues que mes couleurs s’accentuaient un peu plus, remettant une mèche rebelle derrière mon oreille, l’air gêné. Je ne savais que répondre à cette douce voix. Je me balançais entre deux solutions : dire la vérité et lui révéler que tout va mal ou bien mentir et lui dire que tout va bien. Etait-ce bienvenu de conter ses malheurs à un inconnu qui passait par là par hasard, surtout un inconnu si plaisant à contempler. Non je ne devais pas passer pour une enfant perdue même si l’on pouvait parfois avoir l’impression d’être au pays imaginaire. Je n’étais pas dans un conte de fées ou dans une histoire pour enfant dans laquelle le prince charmant sauvait la princesse en détresse, j’étais dans la vraie vie, sur une île inconnue, seule, sans repère.

Je finis enfin par me décider, esquissant un sourire un peu forcé pour cacher ma tristesse apparente, cette tristesse qui se reflétait certainement dans mon regard, dans mes yeux rougis par les larmes. Je me plongeais de nouveau dans la fascination de ses iris à la couleur indéfinie afin de répondre à sa question avec hésitation. Malgré tout, un sourire sincère se dessina sur mon visage, mon chagrin faisant place à un certain bonheur d’avoir attiré l’attention de ce jeune homme. Je me surpris à réfléchir, réfléchir à ce que je pourrais ajouter à cela, trouver un sujet de conversation pour pouvoir poursuivre la contemplation de ce si beau visage. Je ne comprenais pas vraiment cette envie qui me poussait à le retenir, ce besoin que je ressentais d’en savoir un tout petit peu plus sur lui. Ma curiosité commençait petit à petit à prendre le pas sur ma timidité et je lui posai la première question qui me venait à l’esprit, à savoir s’il étudiait dans cette université ou moi-même j’étais inscrite. Peut-être avais-je une opportunité de le croiser de nouveau sur le campus, peut-être même dans une salle de cours ? Mes joues se teintèrent un peu plus, impatiente d’entendre de nouveau cette voix masculine mais pourtant si douce.

Son expression changea en réponse à mes paroles, avais-je été trop indiscrète ? Peut-être se disait-il que j’avais un sacré culot de lui poser une question sur sa vie … Il réagit au bout de quelques secondes qui m’avaient paru être une éternité, éternité dans laquelle j’angoissais de le voir se relever et reprendre sa route. Mais au bout de moi, j’étais pourtant certaine que ce ne serait pas le cas, il semblait si attentionné, si intéressé par ma personne ou en tout cas par mon état. Son sourire s’élargit et je le lui rendis timidement, me disant qu’il n’y avait pas que ses jolis yeux qui étaient agréables à regarder. Mon dieu Elena qu’est ce qui te prend ? Pourquoi cette fascination ? Pourquoi cette envie d’en savoir plus ? La curiosité peut être ? Oui mais pourquoi ? Je ne pus réfléchir plus à mes interrogations intérieures puisque l’inconnu répondit à mon étrange question. Je remarquais un certain accent dans sa voix, différent du mien, il n’était certainement pas américain. Il était donc professeur de biologie au lycée non loin d’ici. Je me disais à cet instant que j’aurais pu être beaucoup plus attentive à mes cours de biologie à l’époque si j’avais eu un professeur comme lui. Encore une fois, je détournais le regard à cette pensée, fixant le sol un instant le temps de reprendre une couleur plus normale. Son tutoiement m’avait interloquée quelque peu, mais je ne pus m’empêcher d’en être satisfaisante, amoindrissant la distance social entre nous. Je me livrai un peu plus, jouant avec mes mains moites, me rendant compte que ma timidité était différente de celle qui me hantait jusque-là. Pourquoi ?


« Je suis étudiante en lettres, je viens justement de rendre mon dossier d’admission … Puisque je ne trouvais pas d’emploi, il fallait bien que je reprenne le cours de ma vie … »

Bravo Elena, sans bégayer cette fois, bien que je ne donnais pas l’image d’être sûre de moi, au contraire … L’inconnu ne cillait pas, continuant à fixer mes yeux des siens, rompant simplement le contact par des clignements « obligatoires ». Lorsqu’il se présenta, je me rendis soudainement compte de mon impolitesse … Quelle cruche ! J’avais cherché un sujet de conversation au fin fond de mon esprit alors que j’aurais pu commencer par quelque chose de basique : me présenter … Johan, un bien joli prénom qui saillait parfaitement au personnage, à cette douceur qui le caractérisait. Il venait donc des Pays-Bas, d’où son accent. Déjà un mois qu’il était sur cette île et il n’en semblait pas malheureux, peut-être fallait-il simplement un temps d’adaptation ? Démarrer une nouvelle vie dans un lieu inconnu n’était pas tâche aisée. Affichant toujours un sourire timide un peu enfantin sur mon visage de porcelaine, je me présentai enfin à mon tour.

« Je suis enchantée de faire … ta … connaissance. Je suis Elena Heart. En ce qui me concerne, je ne suis arrivée que depuis quelques jours, j’ai d’ailleurs un peu perdu la notion du temps avec tout ce … changement. Je viens des Etats-Unis, de New York plus précisément. »

J’étais parvenue à aligner plusieurs phrases à la suite et à le tutoyer, c’est qu’il y avait déjà du mieux. Je sentais simplement mon cœur qui tambourinait joyeusement dans ma poitrine. J’étais prise d’une euphorie particulière et incompréhensible. Si je paraissais si joyeuse après avoir versé tant de larmes, c’était grâce à Johan. Celui-ci allait certainement se dire que quelque chose ne tournait pas rond chez moi pour passer d’une émotion à une autre, sachant que celles-ci étaient aussi contradictoires. Ayant la ferme intention de bavarder un peu avec lui si possible, je me décalai sur le banc, me souvenant du beignet aux pommes qui m’attendait encore dans son petit sac en papier. Peut-être devrais-je lui proposer de le partager ? Il était clairement impossible de refuser un beignet aux pommes, en tout cas pour moi … Etait-ce idiot de proposer à une personne que l’on venait de rencontrer de partager un petit délice sucré ? Autant tenter, on ne sait jamais, peut-être qu’il finirait par prendre place à côté de moi sur ce banc qui me paraissait étrangement vide d’un coup. Je sortis le trésor sucré de son paquet et le coupa en deux parties plus ou moins égales, dégageant une douce odeur de pommes, en tendant une à Johan.

« Tu aimes les beignets aux pommes ? C’est tout ce que je peux faire pour te remercier pour ce que tu as fait pour moi … Je veux dire … Pour m’avoir simplement demandé comment j’allais alors que d’autres auraient passé leur chemin sans hésitation … »

Je lui souris, mais me disait intérieurement que j’agissais de plus en plus bizarrement …



Dernière édition par Elena Heart le Mar 29 Déc 2015 - 12:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)    Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)  EmptySam 5 Déc 2015 - 18:34

En ce doux début d’après-midi, le clément soleil de l’automne réchauffant encore suffisamment cette atmosphère, une scène à la fois incroyablement banale et pourtant si particulière se déroulait, là, sur le campus de l’université. Ce n’était que l’histoire d’une rencontre. Une si simple rencontre entre deux personnes solitaires, deux personnes étant tantôt volontairement, tantôt forcés, de rejoindre le ban de la société, juste à l’écart de celle-ci, y appartenant sans jamais vraiment en faire partie pleinement et qui, même ici, avaient gardé cette habitude. Pouvait-il seulement en être autrement quand d’un simple geste, d’une simple volonté, on était capable de déchaîner des forces insoupçonnées ?

Dans cette société du « réel », là-bas, loin, très loin de cette Île enchanteresse, quel était la place réservée aux personnes différentes, vraiment différentes ? Peut-être aucune, peut-être juste une toute petite, on ne pouvait jamais vraiment savoir comment les « profanes » réagiraient à la découverte du monde de la magie, après tout. Certaines personnes, s’en fichaient, d’autres prenaient peurs, le panel de leur réaction pouvait très bien aller du désintérêt à la violence extrême, au rejet le plus total. Il en allait de la nature même de l’être humain, ni plus, ni moins. Pour Johan qui s’était familiarisé avec cet univers si particulier dès son plus jeune âge, il s’était toujours un peu senti en décalage avec le monde dans lequel il vivait, cachant en permanence ce qu’il était vraiment, même aux plus proches de ses amis. En décalage, sans pour autant rejoindre pleinement cette solitude. Cette conclusion, il n’y était pas arrivé du jour au lendemain, loin de là. C’était la réponse qu’il avait trouvé a posteriori pour expliquer le pourquoi de son intégration parfois laborieuse parmi les « profanes ». Ce drôle d’état, à mi-chemin entre l’acceptation et l’exclusion, entre l’intérêt et la peur, il l’avait expérimenté mainte et mainte fois, souvent douloureusement, les évènements finissant par tourner en sa défaveur. Il ne leur en voulait pas. Ils ne faisaient que réagir conformément à leur instinct de conservation, après tout. Il trouvait juste ça dommage, le déplorant, trop las pour le combattre lui-même.
Si l’on devait trouver une explication à cet état d’apaisement qu’il ressentait sur cette Île étrange, elle était sans doute là. Ici, il était hors de cette société du faux-semblant, il avait le droit d’exister pleinement, d’être tout simplement lui, avec cette petite particularité qui l’avait emmené ici. Il n’avait pas à cacher ce ‘don’ qui lui avait parfois valu l’intérêt des mauvaises personnes, quand ce n’était pas juste de la peur ou de la haine qu’ils ressentaient. Oui, si l’on devait chercher une explication, elle se trouvait là.

Et en ce doux début d’après-midi, le vent soufflant sur les feuilles mourantes de l’automne, l’histoire d’une rencontre entre deux solitaires commença. L’histoire d’un jeune homme peiné de voir une si jolie fille cacher sa peine derrière ses mains délicates, se cacher du monde l’entourant, ce monde qui avait tant à offrir. Accroupi face à elle, reposant sa tête sur ses mains en partie couvertes par les manches de ce pull bien trop long, le cœur serré devant ses larmes, il décida, dès qu’il aperçut l’océan salé de ses yeux qu’il était de son devoir de l’aider, quelques soit son problème, quelques soit le temps que cela lui prendrait. Son doux sourire plaqué sur son visage, il engagea donc la conversation avec cette belle apparition vaporeuse, répondant à cette innocente et étrange interrogation qu’il avait suscité dans son esprit, lui demandant à son tour ce qui occupait ses journées. Si elle aurait pu se sentir offusquée de ce ton familier, elle n’en fit rien, préférant jouer inconsciemment avec ses mains. Sans peut-être qu’elle ne s’en rende compte, elle lui fournit l’une des clefs de ce mal être qui l’avait poussé à se retrancher sur ce banc. Ainsi, elle était en recherche d’un emploi et, puisque ses démarches avaient apparemment été infructueuses, elle s’était tournée vers la reprise de ses études de lettre. Sans trop savoir pourquoi, il assuma être en face d’une anglophone pure souche, sans doute à cause de cette absence d’autres accents, ou peut-être à cause de l’intitulé de ses études. Cela devait être bien agréable d’apprendre et de comprendre toutes les subtilités d’un langage, surtout aussi complexe que pouvait-être l’anglais à ses yeux. S’il n’avait pas été déjà si occupé par ses autres activités, peut-être que…

La fin de sa phrase en particulier interpella Johan, sans que cela ne se répercute sur ses traits. « Reprendre le cours de sa vie »… Un souhait tellement légitime lorsqu’on savait que tous autant qu’ils sont étaient partis pour rester dans cet endroit mouvant un bon moment. Quand il y pensait, il lui avait fallu bien deux bonnes semaines pour se réinstaller dans une routine acceptable, trouvant un bon moyen d’intégration grâce à ce nouvel emploi pourtant accepté sur un coup de tête. Mais elle…ce n’avait pas l’air d’être le cas. Peut-être était-ce l’un des nœuds du problème, peut-être pourrait-il trouver un moyen de le résoudre. Il essayerait, même si cela pouvait paraître trop intrusif de sa part.

Brisant un peu plus la glace entre eux, il finit par se présenter en bonne et due forme, précisant son origine, histoire qu’elle ne lui tienne pas rigueur de cette latence entre ses réponses. Tenir une conversation complète hors de la langue maternelle n’était pas chose aisée, après tout. Attentif à ses paroles, il écouta sa réponse, qu’elle lui donna le sourire aux lèvres. Ce si joli sourire dont il ne pouvait s’empêcher de se réjouir de son apparition. Définitivement mieux que des larmes, et rehaussant la beauté naturelle de son visage. Du moins, c’est ce qui tourbillonnerait dans son esprit, si seulement il osait relâcher le contrôle maladif de son cœur, s’il osait jeter un coup d’œil aux emballements de celui-ci. La belle inconnue aux habits vaporeux portait le doux nom d’Elena, et tout comme ce dernier, elle avait désormais la joie de l’éclat du soleil dans les yeux. C’était bien mieux ainsi.

Elle était originaire de New-York, cette grosse pomme cosmopolite située de l’autre côté de l’Atlantique. Une américaine, donc. Être catapultée d’un environnement aussi urbain, continuellement en mouvement et ne dormant jamais à celui de l’Île, bien plus calme, bien moins condensé, cela avait dû être un changement fort drastique pour la jeune femme, surtout que celui-ci était très récent. Une fois encore, il toucha à l’un des nœuds du problème du bout des doigts. Le mal du pays devait être ancré en elle, tout simplement. Ce même mal qui refusait d’entrer dans le cœur du néerlandais, à son regret. Il ne put s’empêcher d’être étonné de sa provenance. Comment pouvait-elle venir d’une ville aussi bruyante ? Elle semblait si douce, presque fragile, bien loin de cette image tronquée que l’on avait souvent sur les New-Yorkais. Un instant, Johan se demanda même si elle avait réussi à resituer son tout petit pays européen dans la carte de son esprit. Ayant, par le passé, assez régulièrement côtoyé des américains durant diverses conférences scientifiques, il savait à quel point il était parfois difficile de leur faire comprendre que cette ‘bonne vieille Europe’ n’était pas uniquement composée de la France et de l’Allemagne. Peut-être ne verrait-elle en lui que ce qu’on disait sur son pays. Il s’amusa de ces a priori avant de les écarter de ses pensées. Les clichés avaient parfois la vie dure, il était bien placé pour le savoir.

Se décalant pour lui faire une place sur le banc, Elena s’empara de cet énigmatique sac de papier qui trônait près d’elle jusqu’à présent. Interloqué, le botaniste se demandait ce qu’il contenait. La réponse ne se fit pas attendre, puisqu’elle en sorti un beignet sucré qu’elle rompit en deux, faisant éclater cette douce effluve de pomme qui n’avait cessé de chatouiller les sens du jeune homme. Elle lui en proposa un morceau, l’invitant à prendre place près d’elle pour ce moment de partage qui ferait office de remerciement. C’était donc ça qui avait réveillé son envie dévorante de sucre… Sans le savoir, elle n’aurait pas pu trouver de cadeau plus approprié pour lui. Le sucre était sa grande faiblesse, une tentation auquel il cédait bien volontiers. Si bien que lorsqu’il aperçut la si tentante viennoiserie, il en eut l’eau à la bouche, son visage tout comme ses yeux s’illuminant comme celui d’un enfant face à un présent similaire. Il se releva et accepta cette moitié de beignet, ne pouvant s’empêcher de répondre avec un enthousiasme certain.

« Merci beaucoup ! J’adore ça !...Mais il n’y a pas de quoi, tu sais… »

Il prit place aux côtés d’Elena, tourné complètement vers elle, une jambe pliée sur banc et un bras passant par-dessus le dossier de bois et commença à manger avec gourmandise l’aliment sucré. Il avait beau être sur l’Ile depuis plus longtemps, il n’arrivait pas à savoir où elle avait bien pu dénicher une boulangerie préparant d’aussi bonnes viennoiseries. Elle allait devoir lui dire son secret.

« C’est trop bon ! Il faut que tu me dises où tu l’as trouvé ! »

Définitivement, du côté de Johan, la glace était brisée. Très à l’aise, il s’était adressé à elle le plus naturellement du monde. Il n’était plus question de concept stupide de ‘distance sociale’ ou de ‘retenue adulte’. Elle l’avait attaqué sur son point faible, après tout. Une fois son présent avalé, il put reporter toute son attention sur la jeune femme, remarquant alors avec amusement ce petit morceau de beignet entachant le coin de ses lèvres. Loin de lui l’idée de la gêner ou d’empiéter sur son espace personnel, mais il n’avait pas de serviette sur lui.

« Attends, tu as... » Il approcha une main de son visage. « Tu permets ? »

Du pouce, il frotta le bord de sa bouche, s’emparant alors du fragment de pâte sucré qu’il ne pût s’empêcher de manger, un grand sourire s’épanouissant alors. Simple geste anodin pour lui, simple geste qu’il ne se serait cependant pas permis avec n’importe qui et pourtant, avec elle, il osait. « L’incident » passé, il se sentit comme redevable. Puisqu’elle semblait elle aussi trouver un certain réconfort dans le sucre, peut-être accepterait-elle ce qu’il avait à lui proposer. Fouillant dans les poches de son pull vert et presque informe, il en sorti une barre chocolatée d’une marque très particulière puisqu’on en trouvait rarement hors des Pays-Bas. Bien évidemment, Johan en avait tout un stock qu’il avait emporté avec lui dans sa valise, au milieu de ses vêtements et de son matériel de dessin. C’est simple, il en avait toujours sur lui, que ce soit au beau milieu de la jungle ou en ville, que ce soit au laboratoire où il travaillait sur le continent ou en pleine expédition au Brésil. Souvent, ses collègues le taquinaient sur ça, le comparant à un gamin toujours en manque du sucre, mais il s’en fichait. Il aimait ça, alors, pourquoi s’en priver ? Il la proposa à l’Américaine.

« C’est peut-être un peu bizarre mais…quand j’ai un coup de blues ou le mal du pays, il me suffit d’en manger et ça va tout de suite un peu mieux. » Il marqua un temps d’arrêt reprenant un air un peu plus sérieux, gardant toujours son regard doux. « Je ne peux pas te forcer mais…si tu veux en parler, n’hésite pas. »
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MessageSujet: Re: Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)    Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)  EmptyDim 6 Déc 2015 - 9:08



Keep Calm and Start a New Life




Etrangement en un instant, mes opinions sur cette île changeaient du tout au tout. Simplement en l'ombre d'une seconde ... Cette seconde correspondant au moment où j'avais levé les yeux vers ces pupilles d'une couleur particulièrement jolie, limite envoutante. Avant cet évènement, j'étais en pleurs, maudissant cette île pour de nombreuses raisons, la seconde qui suivit la rencontre de mon regard avec le sien, je bénissais ce lieu. Je le bénissais de m'avoir donné l'opportuné de contempler un tel regard, suivi quelques minutes plus tard d'un large sourire tout aussi beau, tout aussi apaisant. Ce regard, ce sourire, cet inconnu, m'avaient perturbée plus que de raison, sans que je ne comprenne pourquoi. Je ne savais pas s'il existait plusieurs types de timidité, mais celle-ci était différente de ma timidité habituelle. Cet homme avait spontanément changé mes larmes en sourire, en un sourire sincère.

Immédiatement, au lieu de m'adonner aux commodités habituelles, c'est à dire me présenter, je le questionnais, supposant qu'il étudiait ici. En fait, pour être honnête, je ne faisais pas que supposer ... J'espérais qu'il étudiait ici ... Pour le revoir ... Régulièrement ... Chaque jour si possible ... Mais pourquoi ce besoin ? Pourquoi ? Pourquoi cette envie de revoir un parfait inconnu ? Pour ses beaux yeux ? Son beau sourire ? Sa douce voix ? Cette jolie voix réhaussé d'un accent étranger ... Tout ceci à la fois ?

Il était donc professeur ... Dans le lycée non loin de là ... Une chance de le revoir donc ... J'enregistrai un maximum d'informations à son sujet. Je lui en donnais également, mais qu'allait-il donc en faire de son côté ? Peut-être que pour lui ce n'était que de simples mots qu'il aurait déjà oublié le lendemain ? J'espérais que non ... Pourquoi ? Je ne le savais pas encore une fois. Tous ces petits éléments inexplicables trottaient dans ma tête, me faisant oublier tout le reste ... Même les soucis perpétuels ... Même les raisons pour lesquelles je pleurais quelques minutes auparavant. Il était apaisant, fascinant ... Tellement que je pourrais le comparer à une pierre d'améthyste. Etrange comparaison en effet, mais lorsque l'on sait qu'il s'agit de ma plus grande passion, on fait tout de suite le rapprochement.

L'inconnu s'avérait être Johan Stern ... Un si joli prénom pour un si beau garçon, avec un accent trop mignon ... Mes propres pensées m'étonnaient, comme si quelqu'un d'autre venait de s'immiscer sans permission dans ma tête, mais pourtant, ces songes venaient bien de moi, plus précisément de mon coeur en fait ... Coeur qui battait à un rythme relativement élevée, tachycarde ... Pourquoi ? Je ne le savais pas ... Toujours pas non ... Je lui révélais mon nom à mon tour ainsi que mon origine américaine.

La distance sociale qui nous séparait était aussi courte que la distance physique à cet instant. Le vouvoiement de rigueur était passé aux oubliettes autant pour lui que pour moi. En fait, en y repensant, je ne lui avais pas vraiment menti en disant que tout allait bien ... Car c'était le cas depuis qu'il était face à moi, depuis qu'il avait posé son regard doux sur moi ... Depuis qu'il avait teinté mes joues de rose, voire même de rouge ... Depuis qu'il avait augmenté mon rythme cardiaque ... Depuis que ... En fait je ne savais pas trop ...Tout ce que je savais pour l'instant, c'était que je ne voulais absolument pas qu'il s'éloigne de moi, je le voulais "proche" de moi ... "Proche" comment ? Je ne savais pas ...

Me décalant sur ce banc pour lui laisser potentiellement une place, me souvenant de ce petit sachet de papier contenant un délice sucré, ce délice sucré qui était censé me réconforter, mais j'avais bien mieux sous les yeux ... Mais quelles sont ces pensées ... Ne sachant que dire, ne sachant que faire pour le retenir, sans vraiment réfléchir, je sortais le beignet aux pommes de l'emballage, le découpant en deux, lui proposant la moitié de mon trésor sucré. Immédiatement, je trouvais cela idiot ... Offrir une moitié de viennoiserie pour remercier quelqu'un, c'était complètement naze ... Il allait trouver ce geste complètement idiot ... Pourtant, une lueur s'éveilla dans ses yeux, les rendant encore plus beau, une lueur d'envie face à ce simple plaisir sucré.

Mon sourire s'élargit, le soulagement s'emparant de moi lorsqu'il accepta mon présent. Il adorait ça ... Comme moi ... Un point commun pour commencer et j'en fus heureuse ... Pourquoi ? Je ne savais pas ... Toujours pas ... Il vint enfin prendre place à côté de moi pour déguster sa moitié, tandis que je me mis également en quête de ce délice de pommes. Dès la première bouchée, il me fit une remarque, me faisant rougir encore alors que pourtant il n'y avait pas de raison ... Mais c'était moi tout simplement. Je lui souris, amusée par autant d'enthousiasme.


"En fait ... Je l'ai pris à la cafétéria de l'université ... Mais oui c'est un délice ..."

Je pouvais maintenant non seulement remercier cette île, mais également cette université où je m'étais pourtant inscrite à contre coeur ... Imitant Johan, je finissais silencieusement mon beignet, réfléchissant à un autre sujet à aborder, mais rien ne me venait en fait ... Je le regardai, lui souriant, ne sachant toujours pas quoi dire, plongée encore une fois dans ses yeux verts-bruns. Après une phrase amorcée avant la fin, il approcha sa main de mon visage, me demandant la permission. Permission de quoi ? Instinctivement, je hochais la tête de haut en bas, rougissante. Ce simple contact de son pouce sur le coin de ma lèvre fut une décharge de douceur, faisant battre mon coeur à tout rompre. Juste un tout petit contact suffisant à me mettre dans un état de gêne ... Enfin était-ce vraiment de la gêne ? Je compris le sens et le but de ce contact lorsqu'il porta une simple miette à sa bouche. Pourtant mon coeur continuait sa symphonie, regrettant même de ne plus avoir de beignet sous la main pour laisser un peu de pommes sur mes lèvres ...

Cette pensée fut le déclic ... Je détournais le regard, perturbée par mes sentimens actuels, perturbée par son visage, perturbée par tout ce qu'il était ... Cette timidité différente, ce besoin et cette envie de le revoir, de le retenir, ces battements de coeur accélérés, ces rougissements répétés ... Par ce simple geste , ce simple contact, cet effleurement, je compris enfin le fond de ma pensée, je compris enfin d'où me venait cette fascination que j'avais pour lui ... Depuis que j'avais posé mes yeux larmoyants sur lui, depuis qu'il avait transformé mes larmes en sourire, mon coeur tentait vainement de me faire comprendre quelque chose. Me faire comprendre quoi ? Simplement des sentiments naissants, des sentiments naissants pour cet homme que je connaissais depuis quelques minutes ... Pas n'importe quel sentiment ... A ce stade, pouvait-on parler d'amour ? Je ne savais que très peu de choses sur lui ... Peut-être avait-il quelqu'un dans sa vie ? Sans le savoir, il avait brisé la glace, m'exposant à tout un flot de sentiments nouveaux, une chose que je n'avais encore jamais ressenti pour quiconque. Dans les romans, ce phénomène s'explique par une simple expression : "un coup de foudre" ... Je m'identifiais à cet instant à tous ces protagonistes de romans à l'eau de rose que je lisais, que je lisais dans mon coin, me laissant dans ma bulle. Comment allais-je pouvoir le regarder dans les yeux maintenant ? En sachant que je me perdrai dans ses pupilles ? En sachant que j'éprouvais des sentiments certainement non réciproque ? On ne pouvait pas lui en vouloir, tomber amoureux d'une parfaite inconnue n'était certainement pas dans ses projets de vie ... Remarque ça ne l'était pas dans les miens non plus et pourtant ...

Je fus détournée de mes pensées en le voyant chercher quelque chose dans sa veste, en sortant ce qui ressemblait à une barre chocolatée. Il me tendit celle-ci et je la fixai un instant, relevant ensuite mes yeux innocents vers lui, explorant de nouveau ses pupilles. Un sourire se dessina de nouveau sur mes lèvres. Il voyait en cette barre de chocolat un réconfort. Je tendis une main tremblante, effleurant le bout de ses doigts en prenant le cadeau, contact suffisant à me faire rougir, à faire battre mon coeur un peu plus fort. Je lâchais un merci timide.

De quoi parlait-il ? Parler de quoi ? De ce que je ressentais ? Non, ne dis pas de bêtise Elena, il ne savait rien de ce qu'il se passe dans ta petite tête ... Et il ne devait pas savoir ... Il parlait certainement du pourquoi je pleurais tout simplement ? Je n'étais même pas certaine de me souvenir pourquoi je pleurais ... J'étais passé à autre chose ... Autre chose de plus plaisant ... Cette chose qui m'avait complètement déboussolée sans que je m'en rende vraiment bien compte. Je lui répondis en me forçant de le regarder dans les yeux, dans un défi océan contre terre et végétation.


"Ca va ... Je ... Je ne veux pas t'ennuyer avec mes soucis, ce n'est rien ..."

Distraitement, je rangeais la barre de cacao dans mon sac, me disant que la manger maintenant serait peut-être inconvenant mais dieu ce que j'en avais besoin actuellement ! Ce n'était tellement pas évident de prendre conscience des sentiment qu'on éprouvait pour une personne, surtout lorsque cette personne nous était totalement inconnue le matin même. Mais mon coeur ne trompait pas ... Il ne pouvait y avoir d'autre réponse à cette question que je me posais de puis notre rencontre, le pourquoi du comment, la raison pour laquelle j'avais des réactions si inhabituelles, pourquoi ma timidité et mes rougeurs étaient plus prononcées en sa présence. En tant normal, je me serais précipitée sur la tombe de ma mère afin d'en "discuter" avec elle. Oui ... Malgré le fait qu'elle ne soit plus, j'avais pris cette habitude de me rendre sur cette dalle de marbre, toujours fleurie par mes soins, pour simplement parler ... Raconter ma vie à ma mère comme je le faisais de son vivant ... Sans n'avoir aucune réponse ... Aucune ... Les derniers mois, je ne faisais que lui faire part de ma solitude, cette solitude qui me pesait, avec cette impression qu'un fantôme me hantait continuellement. Quoi de plus difficile que de perdre la personne à qui on tenait le plus ? Son repère ? Son pilier ? Elle aurait su ... Elle aurait su exactement comment j'aurais dû procéder avec cet homme ... Elle m'aurait conseillée, comme une mère le faisait pour sa fille connaissant son premier amour ... Mais ce n'était pas le moment de penser à ça, les larmes pourraient revenir d'une minute à l'autre et ce n'était pas ce que je souhaitais en présence de l'homme de qui, je ne pouvais le nier, j'étais tombée amoureuse en quelques minutes. C'était tellement idiot ... Je n'étais plus une enfant, les coups de coeur n'étaient pas de mon âge ... Enfin peut-être que si ... Sauf que là, ce n'était pas un simple coup de coeur, je le ressentais, c'était bien plus que ça.

Mes pensées divaguèrent vers d'autres horizon, une question me brûlant les lèvres, mais je n'aurais jamais la force de la poser. On ne demandait pas à un homme que l'on connaissait depuis quoi ? Dix minutes ? Si une femme avait la chance de partager sa vie ... Je serais rapidement grillée si je faisais ça ... Peut-être valait-il mieux que je coupe court à notre échange ? Le connaitre ne serait que plus douloureux si je n'avais aucune chance, et pour moi ... Je n'en avais aucune, n'ayant rien d'exceptionnel ... A ma connaissance, aucun homme ne s'était vraiment intéressé à moi jusque là. Sans doute étais-je trop enfantine pour eux ? Ou peut-être que je n'avais tout simplement rien remarqué ...

Je pensais très fort à cet instant au fait de me lever, de le remercier une dernier fois, trouvant une excuse quelconque pour m'éloigner de lui ... M'éviter de développer ces sentiments pourtant si apaisant, si réconfortant ... Ces sentiments qui, je le savais, réchauffaient mon coeur meurtri. Non ... Je devais lui parler ... Encore ... En savoir un peu plus sur lui, me donner l'opportunité de le revoir d'une quelconque façon. Pour l'instant, je ne devais tout simplement rien laisser paraître, simplement apprendre à le connaître afin d'être sûre de moi. Il n'était pas exclu que j'en parle à Sasha, peut être que celle-ci me donnerait des conseils ? Par sa nature directe et totalement différente de moi, j'avais peur qu'elle me lance tout simplement un "dis-lui", mais ce n'était pas dans ma nature, je n'avais pas assez de cran pour le faire, surtout si je me prenais un refus de plein fouet. Enfin ... Les chagrins d'amour faisaient eux aussi parti de la vie, mais tant que je pouvais éviter ...

Inspirant, prenant une décision, je finis par me confier. Pour l'instant, je décidai d'omettre la raison principale qui avait fait couler mes larmes : le manque que j'éprouvais depuis la mort de ma mère, ce manque s'étant accentué depuis que j'avais quitté cet appartement débordant de souvenirs. Je ne voulais pas qu'il ait pitié de moi ...


"En fait, c'est simplement que je souhaitais construire ma vie différemment sur cette île ... Prendre un ... nouveau départ ... J'ai passé la matinée à essuyer les refus pour différents emplois ... Et je me suis retrouvée à m'inscrire dans le même domaine d'études que je suivais à New York ... Je voulais quelque chose de ... différent ... Oublier cette ancienne vie pour ... une nouvelle ... M'adapter ..."

Je souris, le regardant encore dans les yeux, ne pouvant me détacher de ce regard, profitant un maximum de celui-ci en sachant qu'il était possible que je ne le revois jamais ensuite. Cette simple perspective me fendit le coeur, mais je ne laissais rien paraître ... Encore une fois.

"Tu as l'air heureux sur cette île je me trompe ? Ton ancienne vie ne te manque pas ?"


Je devenais bien indiscrète en fait ... J'espérais que cette question ne lui donnerait pas envie de me remettre en place ou de m'envoyer promener.


Dernière édition par Elena Heart le Mar 29 Déc 2015 - 12:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)    Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)  EmptyJeu 10 Déc 2015 - 0:03

Fallait-il qu’il soit aveugle, si aveugle à tous ces signes éclatants, si flagrants que le destin lui lançait, sans doute un peu vainement ? Fallait-il qu’il ignore si superbement ce que Fatalité lui réservait, douce partenaire de son existence, maitresse parfois cruelle de sa destinée ? Pourtant, pour une fois, une toute petite fois, elle lui réservait ce qu’il avait toujours attendu, sans jamais osé le formuler, toujours attendu, sans jamais osé se l’avouer. Elle lui offrait enfin peu de réconfort. Après l’avoir emmené en ce lieu d’apaisement, elle lui offrait de quoi recommencer sa vie, de quoi recommencer enfin à vivre. Faire de nouveau avancer ces aiguilles du temps, sclérosées, définitivement bloquées en lui depuis tant et tant d’années.

Tout d’abord, elle était venue, attendant son retour du Brésil, attendant la fin de cette dernière soirée avec la si sage ‘Oma Stern’, une soirée d’adieu, pour le prendre par la main, l’emmenant dans ce champ, à la rencontre de sa providence. Puis elle l’avait fait embarquer dans cette nouvelle aventure, loin, très loin de ces soucis habituels. Non, pas ceux du quotidiens, les autres, ceux qui ne pourraient plus jamais venir se rappeler à son bon souvenir en cet endroit lointain, en cet endroit interdit aux profanes. Ces lourds, trop lourds soucis qui le faisaient regarder sans cesse par-dessus son épaule lorsqu’il sortait en ville. Ceux qui l’avaient amené à craindre les véhicules bleus et blancs lancés à toute vitesse, toute sirène dehors. Ceux qui l’avaient amené à redouter ce jour, ce jour certains où les hommes de loi viendraient pour le chercher, lui et pas un autre, ce jour où il briserait sans doute définitivement le cœur déjà fragilisé de sa si chère grand-mère. Ces soucis-là, ceux qui lui avaient forcé à mettre sa vie entre parenthèse, dans l’attente imbécile d’une quelconque punition pour ses actes passés.

Combien de temps s’était écoulé depuis son retour de cet endroit ? Combien de temps cette culpabilité lui dévorait-il les entrailles ? Oh, elle n’était plus aussi forte qu’avant, de l’eau avait coulé sous les ponts depuis ce jour de flammes et de sang, le temps était passé, érodant, soignant petit à petit les plaies à vifs, aussi bien psychiques que physiques. Mais elle restait bien suffisante, assez puissante pour le contraindre à fermer son cœur. A moins que ce ne soit simplement plus profond que ça ? Plus antérieur ? Comment un jeune garçon peut se construire quand une faucheuse mécanique à 4 roues était venue s’emparer des deux seuls piliers de son existence ? Est-ce la raison ? Ou juste une partie du problème ? Une partie d’un tout tortueux, enraciné si profondément dans sa psyché…

Il était difficile comprendre ce qui, inconsciemment, hantait le jeune homme…Car s’il fermait son cœur, pourquoi ne s’isolait-il pas plus que ça ? Pourquoi était-il autant à l’écoute des autres, à l’écoute des problèmes, personne serviable par excellence ? Pourquoi ne pouvait-il simplement rejeter la compagnie des autres ? S’enfermer dans son marasme, juste rester seul. Il n’y avait pas de réponse à tout ça. Il ne le pouvait tout simplement pas. Il ne pouvait pas passer le reste de son existence seul, coupé du monde, coupé des gens composant son univers. Alors, lorsqu’il voyait une personne dans le besoin, il ne l’ignorait jamais, apportant cette simple main tendue, celle qui l’aurait tant aidé à l’époque. Oui, c’était dans sa nature de venir en aide à autrui, ça l’était moins de laisser autrui lui venir en aide. Ainsi, cette simple réciproque n’était pas vraie dans son cas.

Johan aidait les gens. Il était sympathique, poli, serviable, toujours à l’écoute et d’une douceur…d’une douceur… Ce sourire toujours aux lèvres, tel l’étendard de son être, cachant en réalité la rouille couvrant son âme. Il aidait les gens, mais ne les laissaient pas entrer dans sa vie pour autant. Personne n’avait été proche de lui depuis des années et des années. Jamais il ne se confiait, préférant être l’épaule réconfortante plutôt que de la chercher. Jamais, jamais il ne parlait de lui, vraiment de lui. Et pourtant, il avait des amis, là-bas, dans son pays lointain. Et pourtant, il avait une famille, certes réduite, mais elle était toujours présente. Mais même elle, même elle ne pouvait sans doute jamais affirmer avec certitude ce que cachait cette éternelle euphorie. Ce n’était pas important, après tout.

Il ne sentait pas important.

Révoltée par ce comportement, Fatalité avait guidé ses pas hasardeux vers ce campus où il n’allait cependant jamais. Pourquoi s’y rendrait-il après tout ? Il n’était plus étudiant, pas plus que professeur d’université. Elle l’avait fermé à cette saison qu’il aimé tant, l’empêchant quelque part de rejoindre sa si chère forêt. Elle l’avait fermé à l’Automne. Et, poussant un peu sa vraie nature, l’avait conduit en face de ce banc où flottait une douce odeur de pomme sucrée. Sans doute pensait-elle la partie gagnée… puisque en cet instant infini, son regard balancé plongeant dans l’océan salé du sien, son cœur avait osé se rebeller à son emprise. Ce cœur ne la trouvait-il pas à son goût ? Si plaisante à regarder, si plaisante à contempler…avec son teint blanc rehaussé si joliment de rouge, ses mains si fines et graciles, sa chevelure d’onyx, son doux visage et son regard…ce regard de la couleur impossible. Oui, elle l’était. Ce cœur ne l’avait-il pas vu ? Tous ces rougissements, ces hésitations de sa part à elle, l’entortillement de ses doigts. Si, il l’avait vu. Ce cœur n’avait-il pas influé un peu sur la décision de son esprit ? Le rapprochant d’elle d’abord socialement, voyant balader le tutoiement, donnant son nom, alors qu’elle ne lui avait pas demandé, puis physiquement, guidant ses gestes comme jamais auparavant, approchant ses mains, osant effleurer la peau de porcelaine. Si, il l’avait fait.

Mais Johan n’en voyait rien. Ou plutôt, il s’obligeait à ne rien voir.

Le savait-il seulement ? Avait-il seulement prit conscience de son propre comportement ? Savait-il seulement qu’il se retenait depuis toutes ces années ? Depuis quand s’interdisait-il ce genre de sentiments ? Depuis quand s’interdisait-il de s’attacher ainsi, de profiter de ce que le monde avait à lui offrir ? Ce monde magnifique qu’il semblait tant adorer.

Depuis quand s’interdisait-il de vivre ? Et quel était le pourquoi de cette étrange punition qu’il s’infligeait ?

Parce qu’à chaque fois qu’il percevait de la peine, il ne pouvait s’empêcher d’y répondre par un réconfort sucré, le néerlandais lui proposa simplement une barre de chocolat. Geste enfantin le caractérisant si bien, accompagné cependant de cette phrase bien moins innocente. Il ne voulait pas seulement effleurer le nœud de problème d’Elena, il voulait qu’elle lui en parle. C’était étrange, voire singulier. Quelque part, cela ne regardait pas un simple inconnu comme lui et rien ne lui disait qu’elle oserait se confier. Elle devait avoir une foultitude d’autres gens à qui parler, amis, voisins, connaissances, collègues, famille…n’importe qui, mais sans doute pas à un inconnu, si sympathique pouvait-il être. Elle emporta la douceur de cacao, la rangeant dans son sac, et, comme il l’avait pressenti, elle déclina son offre. Cependant, il n’en resta pas là. Il ne pouvait pas en rester là. Il ne voulait pas en rester là. Il voyait bien dans son regard. Mais, que voyait-il, en fait ? Hésitation? Certainement. Timidité ? Sans aucun doute. Trouble… ? Eclat… ?

Sentiments…nouveaux ?

Définitivement.

Mais il se refusa de le voir, préférant l’ignorance.

Insistant silencieusement, il attendit patiemment. Quelque part, il savait qu’elle n’avait pas fini de parler. Il savait, il voyait sa décision première vaciller pour finalement basculer. Elle inspira et, souriante, elle finit par se confier. Une fois encore, cette histoire d’emploi revint sur la table. Elle semblait vraiment peinée de n’avoir pas réussi à décrocher un emploi. Mais derrière tout ça, elle lui fit également part d’autre chose : son désir de changement. Une rupture avec son ancienne vie, celle du continent. Si elle savait à quel point cette envie pouvait résonner en lui… Résonner, encore, s’amplifier sans cesse… Il comprenait très bien de quoi elle voulait parler, puisqu’il était déjà passé par là, il y a de nombreuses années. Sans doute, le contexte était différent. Il en était même persuadé, il voyait mal une jeune femme de son genre tremper dans de sales affaires… Mais en même temps, il savait qu’il ne fallait pas sauter sur des conclusions trop hâtives. Après tout, Elena s’écarterai sans hésitation de lui si elle avait le malheur de posé son regard sur ces messages d’encre et de violence. Mais son instinct lui disait qu’elle n’était pas du genre à trainer avec des personnes louches et son instinct sur le sujet se trompait rarement.
Elle voulait changer de vie et pour ça, il lui fallait simplement un nouvel emploi ? Simplement du changement ? Une idée encore floue émergea dans l’esprit du néerlandais. Floue et indéfinie, mais une idée qui pourrait l’aider. Alors qu’il tentait d’appréhender ce début de solution, elle lui posa une simple question, formulée un peu comme une affirmation.

Un seul instant, il apparut troublé par sa question, avant de masquer ce trouble par son sourire. Heureux ? C’était ça qu’il dégageait ? L’était-il ? En fait, quand il y pensait, quand il pensait à sa réponse, elle ne pouvait qu’être affirmative. Même si il avait une impression de flottement, une impression de vide, de manque, oui, il l’était. Il ne le méritait pas, mais il l’était. Sans doute était-ce pour ça qu’il n’arrivait plus à se projeter hors de l’île, qu’il n’arrivait pas à embrasser ce spleen qu’il aurait dû ressentir. Tout simplement, il était heureux ici. Elle ne semblait pas l’être. Peut-être que s’il lui montrait pourquoi il était si bien ici, cela enlèverait une partie de ce voile sombre sur ses épaules ? Sans trop savoir pourquoi, alors que ce n’était tellement pas dans ses habitudes de se confier, il commença à parler de lui, vraiment.

« Oui, on peut dire ça je pense… C’est vrai que ma grand-mère me manque un peu, mais, à part elle, je n’ai laissé personne d’autre sur le continent. »

L’information pouvait faire mal au cœur, mais elle était vraie. Il n’avait pas d’autre famille. Oh, il lui restait bien une partie de famille du côté de sa mère, mais il ne les avait jamais rencontré. Sa mère devait avoir honte…ou peur de ce qui l’était. Il ne le saurait jamais. Il n’avait pas d’autre famille et aucun véritable ami qu’il pourrait regretter. C’était triste mais c’était comme ça. Loin d’en paraitre affecté, il lui sourit de plus belle. Il avait commencé à se confier mais, il n’alla pas plus loin. Un air presque enfantin sur le visage, il détourna la conversation.

« Tu veux savoir ? Tu veux voir pourquoi je suis bien ici ? »

Sans attendre sa réponse, il se leva et s’empara de la main de son interlocutrice, l’entrainant avec lui un peu plus à l’écart, près de l’un des parterres de plantes décharnées en cette saison. La lâchant, il s’approcha d’un des petits bosquets. Fouillant à sa taille, il sortit son portemine de sa ceinture bardée de matériel de dessin. Sans même penser à regarder aux alentours ou à s’assurer que personne ne les voyait, il libéra sa magie, ses yeux virant alors au gris. Concentrant son don dans son catalyseur, il piqua les tiges robustes et vides qui presque immédiatement, se parèrent de fleurs magnifiques. Des hortensias. Des hortensias blancs. Son père était fleuriste, il en connaissait la signification, mais il l’ignora. Johan cueillit l’un de ces petits amas de fleurs immaculées qu’il tendit à l’américaine, puis il rangea son portemine, son regard métallique retournant à sa couleur originelle. D’un geste de la main, son sourire radieux sur les lèvres, il présenta la foule des passants autour d’eux. Aucun n’avait daigné se détourner de sa route ou s’arrêter, une curiosité malsaine pouvant les étreindre. Mais rien de tout ça. Certains avaient bien levé les yeux un instant, mais rien de plus.

« Tu vois ? Ici, on peut être ce qu’on est vraiment, sans devoir se cacher aux yeux des autres. C’est pour ça qu’on peut dire que je suis heureux. »
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MessageSujet: Re: Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)    Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)  EmptyJeu 10 Déc 2015 - 11:47



Keep Calm and Start a New Life




Jamais … Jamais dans ma vie je n’avais ressenti une telle chaleur dans mon cœur … Jamais il n’avait battu à ce rythme effréné … Et ce, par un contact anodin, un simple contact, un effleurement de son pouce sur la commissure de mes lèvres. Comment un toucher d’à peine un millième de seconde pouvait ainsi lancer une étincelle de douceur ? Comment pouvait-il embarquer un cœur si calme dans un rythme si soutenu ? Ce simple geste de la part de Johan me suffisait à vouloir en redemander, ne serait-ce qu’un nouvel effleurement, ne serait-ce qu’un millième de seconde à nouveau. Ce léger contact suffisait à me faire oublier ma tristesse. Ce flot de symptômes ne pouvaient pas trompés, mais je n’en étais pas moins déboussolée … Etait-ce possible ? Enfin je veux dire … Etait-ce possible de ressentir une telle chose envers un parfait inconnu ? Je ne savais rien de lui, simplement qu’il s’appelait Johan Stern, qu’il était originaire des Pays-Bas et professeur de biologie au lycée et qu’il adorait les beignets aux pommes. Je savais aussi qu’il avait un visage doux et très agréable à contempler, des yeux magnifiques dans lesquels je me perdais très facilement, un sourire bien dessiné qui était contagieux, ses fines lèvres m’incitant à y poser les miennes, mais je ne pouvais pas … Il y avait aussi … Cette voix douce et masculine, avec ce petit accent néerlandais qui ponctuait chaque phrase, cette voix que je ne me lassais pas d’entendre, surtout lorsqu’elle s’adressait à moi … Je ne pouvais m’empêcher de me penser idiote d’être tombée amoureuse de cet homme en si peu de temps, surtout sans savoir qui il était vraiment, si son cœur était déjà pris … En plus, qui pourrait aimer une jeune femme de 22 ans aux allures de gamines comme moi … Avec ma robe volante et mes ballerines … Pourquoi je ne m’habillai pas comme une femme de mon âge ? Enfin même avec ce critère, il ne serait peut être intéressé à moi non plus. Au fond de moi, je ne pensais pas que quelqu’un puisse éprouver quelque chose pour moi, qu’un homme puisse tomber amoureux de moi … Je ne pensais pas trouver un jour chaussure à mon pied pour ainsi dire, bien que mon cœur venait de faire un choix, mais malheureusement, il n’y avait pas que mon cœur qui comptait, il y avait le sien, et peut être que le sien n’était en aucun cas perturbé par notre rencontre qui semble si banale, mais pourtant si exceptionnelle pour moi, peut être que son cœur continue à battre de son rythme calme et régulier. J’avais presque envie de me rapprocher pour pouvoir entendre ce cœur battre, le sentir battre … J’allais beaucoup trop loin dans mes pensées … Mais je ne pouvais pas nier ce « coup de foudre » … Je ne pouvais pas ne pas espérer qu’il soit réciproque et je ne voyais aucun signe qui pourrait confirmer cet espoir minime …

Ce geste si adorable qui suivit me fit sourire, il m’offrait une simple barre chocolatée, comme un petit garçon le ferait à une petite fille en pleurs suite à une mauvaise chute. Je n’étais pas la seule à avoir cette allure d’enfant, et je craquais un peu plus pour cet homme, perturbant un peu plus mon rythme cardiaque lorsque mes doigts effleurèrent les siens en acceptant le présent. Quoi de plus beau et de plus pur qu’un amour naissant … Le premier d’une jeune femme … Le plus beau serait un amour réciproque tout simplement. Je profitai un maximum de sa présence à mes côtés, cherchant toujours son regard du mien, devenant certainement un peu trop insistante, mais ces yeux fascinants … Ils était tellement … Tellement fascinants … Ce regard qui déposait du rose sur mes joues pâles, son sourire faisant passer ce rose au rouge … Lorsqu’il me demanda mon problème, je décidai de ne pas l’ennuyer avec ma vie monotone, mais tout bien réfléchi, je finis par lui exposer une partie de mes soucis, une infime partie, omettant la mention « ma mère me manque » … J’enchainais sur une question plutôt directe, un peu trop même. Je vis l’ombre d’un instant un certain trouble sur son visage qui se fendit rapidement en un sourire … Ce sourire … Je me reconcentrai rapidement lorsqu’il prononça une phrase de sa douce voix. Je me sentis vraiment confuse en entendant sa réponse … Il avait donc laissé quelqu’un derrière lui à son arrivée sur cette île … A cet instant, je supposais que mon visage était dépourvu de toute couleur, revenant à mon teint pâle habituel, si ce n’est plus … Je me confondais en excuses.


« Pardon … Je … Je suis trop indiscrète … Je ne voulais pas … »

J’allais dire « te faire souffrir » mais pourtant je voyais ce sourire éternel flottant sur son visage, imperturbable. Prenait-il donc tout du bon côté ? Je devrais peut-être l’imiter pour ma part … Non pas pour me mettre en avant, non pas pour lui montrer qu’il y avait pire situation que lui, je continuais mes confidences, les yeux baissés sur mes mains s’entortillant toujours de nervosité.

« Je suis désolée pour ta grand-mère … J’espère que tu pourras la revoir un jour … Je n’ai laissé personne derrière moi pour ma part, enfin … Seulement des souvenirs … »

Je regrettais rapidement mes paroles, me disant que j’allais l’ennuyer en lui racontant ma vie … Mon attention fut captée par ses nouvelles paroles, il voulait me montrer ce qui le rendant heureux et je levai les yeux vers lui, lui lançant le même sourire enfantin que lui. Je n’eus pas le temps de formuler ma réponse qu’il me prit par la main, certainement sans vraiment se rendre compte que son geste me faisait piquer un fard monstrueux. J’en profitais pour serrer un peu plus sa main dans la mienne, le suivant docilement. Il m’emmena devant un parterre de fleurs, bien entendu non fleuri en cette saison et me lâcha la main à ma grande déception. Je le regardai fouiller au niveau de sa ceinture et je pus apercevoir tout un attirail permettant de dessiner. Il aimait le dessin ? Comme moi … Je me demandais bien ce qu’il dessinait … Je sortis rapidement de mes songes en le voyant effectuer quelques manipulations, ses yeux ayant pris une teinte grise, ayant perdu cette si jolie couleur … De façon magique, je vis de simples tiges fleurir sous mes yeux, fleurir en de magnifiques hortensias blancs … Je les regardais avec émerveillement, ils étaient sublimes, parfaits … Je fus frappée par deux choses : les hortensias étaient mes fleurs préférés, mais en plus de cela, j’en connaissais la signification. Ces fleurs blanches symbolisaient un amour naissant, on pouvait les offrir en déclaration d’amour. Je remuais mes pensées me demandant si Johan l’avait fait intentionnellement ou non. Je repoussais cet espoir, les hommes ne devaient pas s’intéresser aux significations des fleurs … Il fallait décidément que j’arrête de me faire des films … Je le regardai s’abaisser, en cueillant une pour me l’offrir. Je restais un instant immobile, contemplant ses yeux gris qui reprenaient doucement leur couleur habituelle, je pris les fleurs avec une certaine lenteur, le feu aux joues, ne pouvant réprimer un sourire suivi d’un mordillement de lèvre. Instinctivement, je la portais au niveau de mon nez afin d’humer cette délicieuse effluve florale, si douce, si enivrante … Timidement, d’une voix relativement douce, je m’adressais à lui, malgré tout aux anges.

« Merci … Johan … »

Mon regard à cet instant ne devait pas tromper, il était tout simplement énamouré, cette simple fleur venait de me faire totalement succomber sous son charme, je ne pouvais le renier … Et je n’en avais pas envie non plus. Ce qui le rendait donc heureux, c’était le fait que les gens ne se retournent pas lorsque quelqu’un usait de sa magie, que nous n’étions pas des … monstres … sur cette île. Il avait raison …

Nous contrôlions en fait tout deux le même élément, nous avions plusieurs points communs à notre actif. Je sentais que c’était à moi de montrer mes pouvoirs, comme si je me sentais redevable de cette fleur magnifique qu’il venait de créer sous mes yeux, qu’il m’avait donné sans doute sans aucune arrière-pensée, à mon grand dam. Je réfléchissais un instant, voulant répondre à un potentiel signe par un autre … Je me remémorais donc la signification de toutes les pierres minérales, étant incollable sur le sujet. Peut-être comprendrait-il ? Je finis par faire apparaitre au creux de ma main, une petite pierre de quartz rose, aux contours joliment lisses et réguliers. Pourquoi ce minéral ? Tout simplement par ce qu’on la surnommait « l’amour doux ». Allait-il se formaliser de ce symbole ? Je finis par lui tendre la pierre trônant dans le creux de ma main. Je lui souris, l’encourageant à la prendre.


« Tiens c’est pour toi … C’est un quartz rose … Ce minéral a des vertus … apaisantes … »

Rougissante, je venais en quelque sorte de lui faire une déclaration d’amour détournée, très détournée, c’était le plus que je puisse faire, étant beaucoup trop timide pour exposer mes sentiments autrement. Surtout qu’exposer ses sentiments aussi rapidement ne se faisait certainement pas … Mon cœur tambourinait joyeusement dans ma poitrine.

Me souvenant d’un autre détail soudainement, avec un grand sourire, je lui posais une nouvelle question.

« Tu dessines ? J’ai vu le … matériel que tu as accroché à ta ceinture … J’adore dessiner, c’est une de mes plus grandes passions après les pierres minérales d’ailleurs … Tu voudrais bien me montrer tes œuvres ? »

J’avais dit tout ceci avec une petite moue timide et enfantine, les mains derrière le dos, continuant à gigoter nerveusement.


Dernière édition par Elena Heart le Mar 29 Déc 2015 - 12:09, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)    Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)  EmptyDim 27 Déc 2015 - 15:49

Qu’était-il en train de faire… ? Qu’était-il en train de faire ? Si la question devait lui être posée directement, sans doute dirait-il qu’il ne fait que rendre service, que se pencher sur les problèmes et soucis d’une autre personne, semblant tellement seule…tellement désemparée… Oui, il ne faisait que ce que sa nature lui dictait et rien d’autre…n’est-ce pas ? Juste agir conformément à ce qu’il était profondément, conformément à sa gentillesse innée, conformément à sa forte empathie… Joli mensonge à se raconter à soi-même… Il avait pourtant ‘vu’ sans voir vraiment… il avait vu ce que le moindre de ses effleurements, la moindre de ses paroles provoquait chez elle…

Rougissements…hésitations…

Extérieurement, lui n’en semblait pas affecté. Ses joues ne se paraient pas de couleur pourpre, la paume de ses mains restait définitivement sèche, il ne sursautait pas, pas plus que le contact de sa peau de porcelaine ne semblait lui faire quoique ce soit… Non…C’était bien plus subtil que ça, tellement plus subtil qu’il fallait l’avoir côtoyer durant de nombreuses années pour se rendre compte des changements minimes dans son comportement. Simplement, il était bien plus familier avec elle que ce qu’il n’aurait dû être. Il faut dire qu’il avait tellement l’habitude de freiner ses envies, de freiner ses ressentis… Tout ça dans cette optique de contrôle maladif de sa propre vie…Contrôler pour ne plus jamais retomber dans ses anciens travers…

Mais alors…pourquoi…pourquoi ne s’apercevait-il pas de cette douce évidence ? De cette douce évidence qui éclatait si superbement entre eux deux ? Pourquoi ne voyait-il pas, ne sentait-il pas les battements de son cœur rebelle ? Emballement soudain, presque tachycarde… et pourtant… apparemment encore trop discret pour qu’il daigne s’y pencher plus sérieusement. Pourquoi, pourquoi ne s’attardait-il pas sur…sur…mais sur quoi ? Sur ses gestes délicats en faveur de l’américaine ? Cette étrange envie de contact, de partage ? Sur elle ? Sur sa personne toute entière ? Ainsi habillée, telle une enfant qui aurait grandi trop vite, encore coincée entre ce monde d’innocence et celui de l’âge adulte. Même ainsi, il n’avait que d’autre choix que de se l’avouer. Elle…Elena… était si jolie sous la lueur de ce soleil d’Automne… Sur ses paroles ? Tous ces mots qui dévoilaient plus qu’il n’en avait jamais dit à personne sur cette île ? Tous ces simples petits mots pour une belle inconnue… Il semblait presque prêt à lui en dire plus, si sa réserve ne l’obligeait pas à se retenir, sans cesse, encore et toujours, retenir son cœur morcelé dans ses mains… éviter… éviter à tout prix de s’attacher… éviter à tout prix qu’elle ne s’attache…

Trop tard.

Bien trop tard…

Il ne le savait pas encore, mais ce poison insidieux courrait déjà dans ses veines… ensorcelé… juste ensorcelé par ce regard impossible… Sans doute déjà sous son charme, même s’il s’obligeait à ne pas le voir, il répondit à chacune de ses questions, même celle concernant son passé quelque part… son passé avant cette île, les gens qu’il avait laissé derrière lui. Il détestait parler de son passé… Simplement, il en avait horreur et l’évitait comme la peste…mais ce n’était qu’une simple question innocente, et non un interrogatoire en bonne et due forme… et puis…comment refuser quoique ce soit à ces yeux… ?

Alors, même si un instant, il sembla troublé, il lui confia n’avoir laissé derrière lui qu’une seule personne, sa grand-mère… celle pour qui il aurait dû se sentir mal…mais il ne le pouvait simplement pas. Il le savait, elle comprendrait, elle comprendrait son choix si jamais il avait un jour la chance de la revoir…avant qu’il ne soit trop tard. Il n’était pas triste, d’ailleurs, son éternel sourire était véritablement sincère. Néanmoins, lorsqu’il mentionna cette information, Elena en perdit ses couleurs. Quel dommage… il aimait bien cette teinte de rouge… Son cœur l’appréciait tellement… Puis, elle amorça quelques excuses qu’il trouva inutiles, et lui offrit des paroles d’encouragements. Cela lui réchauffa tout même un peu le cœur. Elle ne le connaissait pas le moins du monde et, il y a si peu de temps, c’était elle qui pleurait sur ce banc, en détresse… et pourtant, elle avait voulu le réconforter… Quelle empathie !

Puis, elle lui avoua. Elle lui avoua n’avoir laissé personne derrière elle. Immédiatement, il en parut peiné de l’apprendre, un trou se creusant dans cet organe palpitant qu’il excellait si bien à ignorer. Personne… juste des souvenirs… C’était des paroles qu’il aurait pu lui-même prononcer… des souvenirs… Cela fit écho avec sa propre situation. Il ne put s’empêcher de faire des suppositions… Des souvenirs… Est-ce que sa famille… ? Comme…comme lui ? Mais elle était si jeune…comme lui… Si jeune et déjà si seule… Seule sur une Île inconnue emplie d’étrangers avec personne, personne d’autre sur qui compter que soi-même… Même Johan avait encore sa si chère ‘Oma Stern’ et, avec une connexion internet adéquate, il pouvait encore garder contact avec elle… Mais…pas l’Américaine… Elle n’avait personne… personne sur qui se reposer… Était-ce l’une des raisons de l’apparition de ces larmes salées en ce début d’après-midi ? Était-ce l’une des raisons de ce désir de changement ? Une nouvelle fois, ce début d’idée émergea dans son esprit, encore peu concrète, mais définitivement présente… Oui… Il n’était peut-être qu’un inconnu, peut-être qu’elle ne souhaiterait plus jamais le revoir après ça… mais il voulait l’aider, il le devait même ! Même au risque de paraitre trop insistant, même au risque qu’elle se méprenne sur ses intentions, à moins qu’elle ne voit juste, il comptait bien sur faire une toute petite place dans sa vie, juste histoire de soigner ce cœur avant qu’il ne se noie de larmes… juste histoire de la remettre sur les rails, et puis… elle trouverait d’autres gens sur lesquels se reposer. Eviter de s’attacher…Eviter qu’elle ne s’attache…

Trop tard.

Bien trop tard…

Pour effacer ce sujet dangereux, pouvant les emmener tous deux sur des contrées trop douloureuses de leurs esprits, le néerlandais eut alors une idée. Une idée pour changer de conversation. Se parant de son sourire d’enfant, il s’empara de sa main, encore un geste trop familier, et l’emmena face à ce parterre bien trop vide à son goût. De suite, ses joues reprirent cette teinte lui seyant tellement…Par ce simple contact. Sortant son catalyseur de son attirail de dessin, déversant sa magie de la terre à l’intérieur de celui-ci, il redonna vie à un pied d’hortensia. Des hortensias blancs. Ces fleurs étaient tout simplement parfaites, regorgeant d’énergie comme aux plus belles heures du printemps. Car c’était ce qu’il faisait de mieux…redonner vie à la flore fauchée en pleins éclat… Même si son pouvoir s’accompagnait de multiples facettes, minéraux, terre… Il avait toujours, toujours eu une affinité plus particulière avec les plantes. D’ailleurs, il avait presque exclusivement développé cette partie de sa magie, au détriment des pierres… Non pas qu’il ne les trouvait pas intéressant, au contraire, mais plutôt qu’il n’avait jamais eu assez de temps pour s’y consacrer vraiment. Et puis…Les minéraux… cela faisait des années qu’il n’avait plus osé en convoquer…En réalité, c’est plutôt une espèce de blocage qui l’empêchait d’y consacrer du temps. Il n’osait pas…Il n’osait plus… c’était trop lié à ‘ce’ passé…beaucoup trop… Au moins, avec les fleurs, il ne pouvait pas faire de mal à autrui. Il ne le pouvait plus.

Des hortensias blancs… il venait de lui offrir des hortensias blancs… prétextant de vouloir lui montrer par des gestes ce que de simples mots auraient pu expliquer. Que sur cette Île, il ne se sentait plus exclu, il ne se sentait plus étrange, il ne se sentait plus monstrueux…Sur cette Île, il était quelqu’un de normal, ces pouvoirs ayant à la fois une importance minime et une part importante dans la vie des habitants. Il aurait très bien pu simplement le lui dire… mais… il avait voulu le lui montrer… Des Hortensias Blanc… Il n’était peut-être pas épris de roman à l’eau de rose mais il en connaissait parfaitement la signification. Amour naissant. Amour pur et naissant… cadeau idéal pour une simple déclaration… Il le savait parfaitement et l’information, qu’il avait auparavant ignoré, lui revint à l’esprit d’un seul coup, le laissant perplexe. Pourquoi ces fleurs-ci en particulier ? Il aurait très bien pu faire renaitre n’importe quel autre plan, il aurait très bien pu changer leur teinte…leur donner une signification moins lourde de sens et de conséquences. Oui, il en était capable, mais son cœur n’avait tout simplement pas voulu qu’il le fasse. Se rebellant une nouvelle fois, s’échappant à son contrôle, espérant secrètement que ce simple végétal lui ferait comprendre… comprendre ce merveilleux cadeau que le destin lui avait déposé d’une simple caresse. Oh oui… secrètement, inconsciemment, ce cœur espérait que ce serait suffisant, que la douce Elena comprendrait, qu’elle l’aiderait enfin à pouvoir s’exprimer pleinement… Si seulement… si seulement… Mais ça…Ce n’était que le souhait de cet organe aphone qui aurait dû gouverner ses gestes… Ce que son cerveau lui signalait, lui, c’était plutôt l’étrangeté de la situation. Ça ne se faisait pas vraiment d’offrir ce genre de fleurs à une inconnue… Mais, il y avait peu de chance qu’elle en comprenne ce sens caché. Peu de gens s’intéressait au langage des fleurs, alors, il trouva juste étrange de sa part qu’il ait choisit ce plan au milieu de tous les autres…et rien d’autre.

Un instant cependant, il crut qu’elle ne refuse ce simple présent innocent, mais elle l’accepta, soufflant un doux ‘merci’, le rassurant. Alors qu’il s’attendait à la voir rebondir sur cet aveu, sur la raison de ce bonheur qu’il exhalait en cet instant, elle ouvrit simplement sa main. Curieux, Johan s’approcha, interloqué même. Sous son regard étincelant, elle fit apparaitre une petite pierre lisse et harmonieuse, joliment rosée. Lorsqu’il se rendit compte…compte qu’elle venait de lui dévoiler à son tour sa magie, compte de ce qu’elle avait fait, sans trop savoir pourquoi…Il sentit, durant un instant et pour la première fois, les accélérations de son cœur. Il ne savait pas pourquoi, mais…il était content…vraiment content. Elle…elle était comme lui…Une saruta… C’était la première fois qu’il en rencontrait une, en dehors de sa grand-mère évidemment. Même sur cette Île, il n’en avait encore jamais rencontré d’autre. Au bout d’un mois, c’était presque comme s’il était le seul à posséder ce don mais, en même temps, il n’avait que peu côtoyé les autres descendants et certains cachaient leurs pouvoirs de façon maladive. Il était tout à fait possible qu’il en ait rencontré l’un ou l’autre sans le savoir. Il accepta cette pierre offerte avec joie, écoutant les explications d’Elena alors qu’il regardait l’éclat du soleil à travers elle, contemplant ce monde avec cette petite touche de rose supplémentaire. D’une voix enjouée, son éternel sourire s’étirant comme celui d’un enfant, il la remercia.

« Merci, je te promets de la conserver précieusement. »

Quel dommage qu’il ne comprenait pas grand-chose au langage des minéraux… Une lacune qui l’empêchait de se rendre compte qu’elle répondait favorablement à la déclaration détournée de son cœur. Alors qu’il était occupé à la regarder distraitement, se servant du quartz comme d’une barrière entre eux deux, elle l’interpela une nouvelle fois, pointant ce matériel qu’il emportait partout avec lui dans ses mots. Rangeant la pierre délicatement dans sa poche, pour être sûr de ne pas la perdre, il passa une main dans ses cheveux, soudainement gêné. Il n’avait pas honte de ses œuvres, mais il n’avait pas vraiment l’habitude de les partager avec les autres. Surtout qu’il ne se trouvait pas tellement doué en fait. Il décrocha cependant le carnet et le lui tendit, le sourire aux lèvres.

« Ce n’est pas très intéressant, tu sais, je m’en sers essentiellement pour mes recherches. » Se rendant compte qu’il ne lui avait pas du tout parlé de son activité parallèle, il reprit, se disant qu’il lui devait une explication. « En fait, je suis chercheur en botanique avant d’être professeur. Et, depuis que je suis ici, je m’intéresse beaucoup à la flore de l’Île. » Il soupira. « Je n’aurai peut-être pas dû accepter un second emploi, ça me bouffe un temps dingue de préparer mes cours en anglais… enfin… Ce n’est pas très important. »

Il laissa à Elena tout le loisir d’observer son ‘travail’… Révélant, qu’en plus de son talent indéniable en dessin, il était également d’un naturel très modeste. Sur chacune des pages, des croquis aux détails bluffant de nombreuses fleurs, plantes, etc…Le tout était généralement annoté de l’un ou l’autre commentaire ou observation qu’il avait fait à l’époque. C’était véritablement un trésor incroyable de recherche. Néanmoins, sur ces feuilles, il n’y avait nulle place pour autre chose. Aucun autre dessin. Pas d’animaux, ni d’humain, ni de bâtiment…même pas le moindre insecte. Juste sa chère flore. Cela pouvait passer pour de l’obsession, ou de la passion, mais de toute façon, il était devenu incapable de dessiner autre chose que des végétaux. Mais ça…il le garda évidemment pour lui.

Tandis qu’elle parcourrait le carnet, il vint se caler derrière elle, observant ce qu’elle regardait par-dessus son épaule, lui donnant quelques commentaires, ou informations complémentaires, répondant aux éventuelles questions qu’elle aurait pu avoir. Il n’avait même pas réfléchis au fait qu’il envahissait vraiment beaucoup son espace personnel. Ça ne lui avait pas traversé l’esprit, mais il était si près qu’il pouvait même sentir la douce odeur de son parfum.

Ça se voyait, il adorait son travail et semblait même presque incollable sur le sujet. Plutôt inhabituel pour un jeune homme de s’être autant spécialiser dans un domaine habituellement réservé aux femmes, mais il s’en fichait. C’était ce qu’il était et, sur cette Île, il avait le droit de faire ce qu’il voulait, sans redouter les jugements d’autrui. Tant pis s’il passait pour quelqu’un de bizarre. Après tout, Ce n’était qu’un moyen pour lui de se rappeler de toutes les espèces de végétaux qu’il avait pu rencontrer dans sa carrière. Il est vrai que depuis qu’il avait mis les pieds ici, il ne lâchait plus du tout son carnet, le remplissant, page par page, de croquis floraux, de cette flore si familière et pourtant totalement inconnu à son âme de scientifique.
Il avait déjà deux-trois théories sur la question… mais…trop peu de temps et de connaissances pour les mettre en pratique. Pour lui, l’hypothèse la plus plausible était tout simplement que ces plantes avaient subies une modification lente et progressive de leur structure, les faisant dériver de leur nature première pour se voir doter de capacités nouvelles. Meilleure adaptation au climat changeant de l’Île, reproduction et dissémination extrêmement efficace, résistance et même moyens de défense, le tout poussé à son paroxysme…et pourtant, paradoxalement, tout ce beau monde vivait en parfaite harmonie. Jamais une espèce ne se développait de manière anarchique, empiétant sur le territoire d’une autre. C’était véritablement bluffant, extrêmement intéressant mais aussi quelque peu dangereux…Si l’une de ces hybrides se retrouvaient sur le continent… Pour éviter cela, il s’était mis à les étudier, en parallèle de son projet de recherche en collaboration avec Maastricht. Et, au bout de quelques temps et après de nombreuses expériences sur les spécimens qu’il avait emportés dans son petit appartement, il en était arrivé à une conclusion… Qu’il n’était pas prêt de trouver. Peu à peu, il se disait qu’il  devrait se pencher sur la Terre qui les nourrissait…mais il n’y avait que 24h dans une journée. Il était déjà complètement débordé par ses recherches ‘officielles’ et par son emploi au lycée… en plus…il avait tellement de lacunes dans le domaine !

C’est alors cette idée, si peu concrète auparavant, vint s’imposer dans son esprit. Ce dont il avait besoin, c’était d’aide, tout simplement. Quelqu’un qui prendrait en charge une partie de son travail, pour qu’il puisse m’aménager une vie à l’emploi du temps un peu plus tenable, contre rétribution, évidemment. Et, là, près de lui, il avait quelque part, déjà trouvé la candidate idéale. A condition qu’elle accepte… C’était tellement étrange, mais plus il y réfléchissait, plus il se disait qu’il ne voyait pas une autre personne plus qualifiée que l’américaine. A moins tout simplement que ce rebelle de cœur n’ait décidé d’influer un peu plus sur ses décisions… Il attendit néanmoins qu’elle en ait fini avec ses ‘œuvres’ pour lui en parler. Au pire, que risquait-il ? Elle pouvait refuser et lui se mettrait en recherche de quelqu’un d’autre, tout simplement. Alors, se plaçant une nouvelle fois en face d’elle, avec un ton se voulant rassurant, il lui fit part de sa proposition.

« Ça va te paraitre un peu étrange mais… je m’en sors pas vraiment avec mes deux jobs, j’aurai bien besoin de l’aide d’un assistant de recherche, au moins à mi-temps. Ce serait pour m’aider à préparer mes cours, taper mes rapports mais aussi m’assister dans mes recherches… Qu’en penses-tu ? »

Quel part, il n’y avait pas de personne mieux qualifiée qu’elle pour ce ‘poste’. Un anglophone en étude de lettre, qui pourrait donc l’aider à améliorer son anglais écrit et oral pour ses cours, une saruta semblant s’y connaitre un minimum sur les minéraux, pour pallier ses propres lacunes et en plus, elle n’avait pas d’emploi. Après rien ne lui disait qu’elle ait envie d’accepter…Un inconnu qui vous aborde, presque tombé du ciel pour vous proposer un job, c’était plutôt louche comme histoire, mais il était prêt à prouver sa bonne foi.

« Tu n’es pas obligée de me répondre tout de suite, mais, si tu veux, on peut en parler autour d’un verre ou chez moi, j’habite près du lycée. »

Est-ce qu’il venait vraiment de lui proposer d’aller dans son appartement ? Sur le coup, cette proposition ne lui parut pas si étrange que ça, après tout, il habitait dans le bâtiment réservé aux professeurs qui était effectivement proche du campus, alors, pourquoi s’en priver ? Même s’il n’avait pas vraiment prévu de recevoir de la visite aujourd’hui et que celui-ci, envahie de plantes du sol au plafond, pourrait très bien la faire s’enfuir. Et puis, si elle ne voulait pas, ils pourraient tout simplement aller à la terrasse de l’un de ces cafés-bar qui s’étaient installés près de l’université, profitant de la concentration en étudiants pour faire leur chiffre d’affaire.
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MessageSujet: Re: Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)    Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)  EmptyDim 27 Déc 2015 - 19:50



Keep Calm and Start a New Life




Que signifiaient donc toutes ces familiarités ? Ces gestes qui semblaient si anodins mais qui pourtant avaient tant d'importance à mes yeux ? Ce simple contact au coin de mes lèvres ... Le simple fait qu'il me prenne innocemment la main pour m'entrainer devant ce parterre de fleurs ... Ce présent sous la forme d'une fleur qui signifiait tant de choses, reflétant mes propres sentiments ... Mais quand était-il des siens ? Avait-il cherché à lui passer un message à travers cet hortensia blanc ? Ce symbole, synonyme d'un amour naissant ... D'une déclaration d'amour ... Je ne voulais pas y croire, voulant éviter une nouvelle souffrance, souffrance qu'induirait un espoir impossible ... Souffrance qu'induirait un amour à sens unique ... Cette simple pensée suffit à comprimer mon coeur ... Quelque part, je voulais quand même y croire ... Croire que ce geste n'était pas irréfléchi ... Qu'il avait une certaine signification ... Mais que devais-je faire pour y répondre si c'était le cas ? J'étais totalement incapable d'y répondre de façon explicite ... Mais implicitement oui ... Les rougeurs qui s'emparaient de mes joues ne trompaient pas ... La lueur de mon regard sur lui ne trompait pas ... Ce regard qui montrait que, déjà, je m'adonnais totalement à cet amour ... Je laissais mon coeur s'emparer de ma raison ... Je le laissais m'envahir de ce doux sentiment ... Un sentiment qui pourrait autant faire mon bonheur que mon malheur ... Mais ceci ne dépendait pas de moi, mais de lui ... Uniquement de lui ... Définitivement de lui ... Je serrais doucement entre mes mains la tige de cette fleur magnifique, la chérissant comme un objet précieux, le considérant comme un premier cadeau, même si elle ne signifiait peut être rien pour lui ... Peut-être que pour lui, il s'agissait d'une simple fleur ... Rien de plus ... Peut-être une simple coïncidence ... Pouvais-je me permettre d'y croire ? D'espérer ?

Je restais distraite lorsqu'il me présenta la foule indifférente à ce qu'il venait de faire ... Et pourtant il venait de faire beaucoup ... Bien entendu, je ne parlais pas forcément du fait qu'il venait de faire fleurir une fleur en quelques secondes ... Non ce fait, tout le monde avait pu le constater s'ils avaient tourné leur regard vers eux au bon moment ... Ce que personne n'avait vu, même pas lui, le principal concerné ... C'était qu'à cet instant même, à cet endroit précis, par une simple fleur, un homme venait définitivement de voler le coeur d'une femme ... De la faire succomber à ce charme dont il ne semblait pas avoir confiance. Cette homme c'était lui ... Cette femme c'était moi ... La seule personne s'étant rendue compte de l'importance de cet instant n'était autre que moi ... Seulement moi ... Pas lui ... Je l'aurais tant voulu ... Un souhait si légitime de vouloir des sentiments réciproques ... Quelque part, ce simple manque de réaction, aussi peu important soit-il pour lui, suffit à briser un minime fragment de ce petit coeur qui battait à un rythme accéléré depuis plusieurs minutes, rien qu'une petite douleur presque imperceptible mais qui était pourtant bien là ...

Pourtant, même séparée de ce micro-fragment de celui qui logeait tous ces sentiments ... Je répondais favorablement à cette potentielle déclaration par une simple petite pierre rosée que je fis apparaitre au creux de ma main ... Simple petite pierre qui signifiait beaucoup ... Un quartz rose ... La pierre de l'amour en soit ... J'avais choisi cette pierre pour sa douceur, elle symbolisait l'amour doux, favorisant les blessures émotionnelles. J'avais pourtant le choix entre l'opale associée à l'amour, la passion, ou encore le rubis, symbole d'amour et d'amitié, il y avait tant de choix parmi les minéraux, tant de propriétés pour chacun d'eux, propriétés toutes bien encrées dans ma tête. Peut-être était-ce tout simplement idiot, mais ils étaient le fondement de mon pouvoir ... Quel était l'intérêt de pouvoir maitriser les minéraux sans pour autant croire en leurs possibilités ? Beaucoup pourrait trouver cela idiot, mais pas moi ... Ces minéraux étaient ma passion, une passion comme une autre ... Je n'avais jamais vraiment osé admettre ma croyance en ceux-ci à quiconque et je n'osais pas non plus l'admettre à Johan. Je lui offris donc cette petite pierre rosée, ce symbole ... L'informant de seulement une partie de ses propriétés, omettant la plus importante à cet instant ... Omettant que ce petit minéral n'était qu'une déclaration d'amour détournée ... L'ombre d'un instant, j'avais cet espoir qu'il puisse s'en rendre compte ... Juste l'ombre d'un instant ...

Le jeune homme semblait plutôt se réjouir de ce cadeau que je lui faisais, mais pourtant j'eus de nouveau un petit pincement au coeur lorsque je compris qu'il n'avait pas la moindre idée de ce que cette petite pierre signifiait. Mais après tout si l'amour était si facile, cela se saurait ? Tout de même, un sourire se dessina sur mes lèvres en le voyant contempler la petite pierre sous toutes ses facettes, tel un enfant à qui l'on offrait quelque chose de nouveau. Je le contemplais ... Je contemplais ce beau visage au sourire enfantin ... Je souris un peu plus à ses remerciements, humant de nouveau le parfum de l'hortensia. Mon sourire s'accentua, me souvenant de ce matériel de dessin que j'avais pu apercevoir, accroché à sa ceinture. J'aimais dessiner à mes heures perdues ... Toutes sortes de choses ... Ma mère me disant toujours que j'avais un coup de crayon fabuleux, ce qui m'avait poussé à développer ce talent. Quel dommage, elle n'avait pas d'exemple sur elle pour le lui démontrer. La moue timide, je lui demandais de me montrer ses oeuvres, fortement intéressée de voir ce qu'il pouvait bien dessiner. Il sembla gêné face à cette requête mais finit par me tendre son carnet que je pris doucement de ma main libre. Pour plus de liberté, je déposai avec précaution la fleur que je tenais toujours dans la main, glissant la tige dans une poche de mon sac à main pour éviter de l'abîmer. Au contraire de ce qu'il pensait, j'ai certaine que ses croquis ne serait que plus intéressant, cet homme me fascinait tant ... Que tout ce qu'il pouvait entreprendre me fascinerait tout autant. Alors que j'allais ouvrir la couverture du carnet, je me stoppai, préférant lui porter toute mon attention lorsqu'il m'adressait la parole, buvant chacun de ses mots.

Il m'en révéla donc un peu plus sur lui, il avait donc deux activités professionnelles à gérer alors que moi je n'en avais aucune. Le pauvre ne devait certainement pas avoir beaucoup de temps pour lui ... Il était donc chercheur en botanique, s'intéressant beaucoup à la flore ... Il me confirma ensuite ce manque de temps que j'avais supposé. Je lui répondis par un sourire avant de commencer à contempler ses œuvres. Je tournais les pages avec délicatesse, m'émerveillant de tous ces détails, de tous ces tracés fins et précis ... Il n'y avait que des fleurs et des plantes, rien d'autres, de temps en temps quelques annotations à côté des croquis. C'était juste magnifique ...


Plongée dans cet art, je fus surprise de le sentir derrière moi, relativement proche. Je m'empourprai de nouveau à cette proximité, accélérant de nouveau les battements de mon coeur ... Il était si proche qu'un seul petit mouvement aurait suffi à me coller contre lui, juste un petit pas en arrière, mais entendu, je n'en fis rien, restant un instant bloquée sur la même page, trop perturbée par cette distance si courte entre nous. Ne sachant pas s'il s'agissait de la réalité ou d'une simple fabulation de mon esprit, j'avais pourtant l'impression de percevoir les battements de son coeur qui s'affolaient, battements relativement similaires aux miens ...Voulant y croire, je m'accrochais à cette pensée ... D'une main tremblante, je me remettais à tourner les pages, l'écoutant commenter certains croquis, lui posant quelques questions sur ceux-ci, le sourire aux lèvres. Ce que je pouvais aimer cette proximité ... Si bien que je tentais de prolonger cet instant anodin pour lui en observant plus longuement chaque dessin. Même si ceux-ci étaient aussi magnifiques les uns que les autres, mon esprit divaguait, occupé par autre chose ... Mon coeur me poussait à faire ce petit en arrière tandis que ma timidité empêchait mon corps d'effectuer ce simple geste. Comment était-ce possible ? Comment pouvais-je avoir cette envie de me blottir contre lui ? Sans doute parce que plus il m'en révélait sur lui, plus je l'appréciais ... Ou plutôt ... Plus je l'aimais ...

C'est en tournant chaque page, en découvrant à chaque fois une nouvelle fleur, une nouvelle plante, qu'une évidence me frappa soudainement, évidence que j'avais pour le moment ignorer jusqu'à ce qu'elle vienne s'insinuer dans mon esprit ... Il était botaniste ... Il s'intéressait de très près à la flore jusqu'à les dessiner avec précision ... Jusqu'à les étudier ... Il devait certainement connaitre la signification de ces plantes, tout comme elle connaissait la signification des minéraux, ce étant sa propre passion. L'hortensia blanc ... En connaissait-il finalement la profonde signification ? Je ne pouvais passer à côté de cette opportunité, il fallait que je sache ... Que je sache aux dépends de ma timidité maladive ... Que je tente de "récupérer", recoller ce petit fragment de coeur que j'avais perdu face à son manque de réaction ... Inspirant, déglutissant, je finis par trouver le courage de poser cette simple question, soigneusement dissimulée au milieu d'autres mots.


"Ces croquis sont tout simplement magnifiques ... C'est si beau ... Si détaillé ... Je suppose que tu dois connaître le langage des fleurs puisque tu t'intéresses autant à celles-ci ? Moi-même, je m'y intéresse quelque peu ... Mais j'avoue avoir quelques lacunes ... Il y a tant de choses à savoir sur la flore ... Tout comme il y en a à savoir sur les minéraux ..."


Mon coeur tambourinait dans ma poitrine à cette évocation ... Cette façon plus que détournée de savoir s'il avait conscience de la signification de son présent ... Cette façon détournée de lui prouver que j'en avais moi-même conscience ... Cette façon d'insinuer qu'il y avait également un symbole dans mon simple cadeau ... Et puis cette envie de me rapprocher un peu plus de lui qui me taraudait ... Cette envie de simplement effleurer sa main de la mienne ... Cette envie d'accentuer cette proximité qui me permettait déjà de sentir son souffle près de moi ... Je continuais à tourner lentement les pages, pour arriver à cet instant ... A cette page blanche qui marquait la fin de l'instant ... Je refermais à regret le carnet que je lui rendis, tandis qu'il revint face à moi.

J'écoutais de nouveau ses mots avec attention, écarquillant mes grands yeux bleus, plus qu'étonnée par cette proposition. Il me proposait un travail ... Un travail avec lui ... Etre son assistante ... Une assistante travaillait toujours en étroite collaboration avec son patron ... En l'occurrence lui ... Mon coeur s'emballait tandis que je le fixais sans répondre ... Que faire ... Que faire ? ... Et Sasha qui m'avait proposé un stage en archéologie ... Si j'acceptais ce job, je ne pourrais pas cumuler le job, le stage et les cours ... Sasha m'en voudrait-elle ? ... Tandis que ce cruel dilemment balançait dans ma tête, il ajouta une nouvelle phrase qui eu pour effet de me perturber un peu plus, me faisant m'empourprer comme lorsqu'il avait effleuré ma peau ... Comme lorsqu'il s'était placé derrière moi ... Aller dans son appartement ... Ou boire un verre ... Définitivement, cruel dilemme ... Après tout, si j'expliquais toute la situation à ma colocataire, elle comprendrait certainement ... Ou peut-être pas ... Mince ... Mais si j'acceptais ce job, je pourrais ... Le revoir ... Chaque jour ... Le connaitre ... Peut-être lui montrer au fil du temps ce que je ressentais ... Me rendre compte si il y avait une possibilté entre nous ... J'allais ouvrir la bouche pour accepter directement sa proposition, mais je me ravisai rapidement, me disant que le fait d'en discuter non seulement m'éviterait de prendre une décision irréfléchie, mais également ... me permettrait de prolonger ce moment passé avec lui ... Restait maintenant à savoir dans quel endroit allait se poursuivre notre discussion ... La terrasse d'un café serait certainement bondée à cette heure-ci, mais dans son appartement nous serions ... Seuls ... Tous les deux ...

J'avais comme l'impression que ma tête allait exploser face à ce flot de pensées, à ce flots d'émotions, pourtant mis à part mes rougissements, mon expression restait calme. Pour m'aider, discrètement, je matérialisai une petite pierre d'améthyste dans mon poing serrée ... Ce simple minéral d'une magnifique couleur mauve qui avait pour propriété d'apaiser, de calmer les émotions. Ne sachant pas vraiment si elle avait vraiment ce pouvoir ou si cela était simplement dû au fait que j'y croyais, mon esprit s'apaisa un tantinet, jouant doucement avec la petite bille mauve au creux de mon poing. Se mordillant nerveusement la lèvre, elle finit par prendre une décision, s'empressant de lui répondre pour ne pas qu'il se rende compte de l'état dans lequel il l'avait mise.


"Euh ... Oui ... Nous pouvons en discuter ... Et si ... Si nous allions tout simplement chercher un café à emporter avant ... Avant de nous rendre à ton appartement ?"

Oui, j'avais donc décidé d'accepter son invitation ... Directement à son appartement ... Un peu curieuse. Je réfléchissais à l'endroit où nous pourrions prendre nos boissons et ne mis pas longtemps me décider. Il y avait un salon de thé non loin de là, il y servait des boissons divines. Je lui souris timidement avant de me laisser guider pour la première fois par mon petit coeur énamouré ... Lui qui avait osé quelques familiarités à mon égard, je décidai dans faire de même dans un effort que l'on pourrait qualifier de surhumain venant de moi. Le coeur battant, je lui pris doucement la main tout en m'adressant à lui, plus rayonnante que jamais.

"Je connais un endroit ... Viens ..."

Rougissante, je l'entrainais par la main, restant un peu devant lui pour guider ses pas pour le conduire jusqu'à l'endroit prévu qui n'était qu'à quelques mètres de l'endroit où nous nous trouvions. Je lâchais sa main à contre coeur, arrivée devant le bâtiment en question, dans lequel j'entrais pour me glisser dans la file d'attente. Je lui souris, soudainement emballée à l'idée de passer un peu plus de temps avec lui ... Une question flottait dans mon esprit ... Pouvait-on être ami avec la personne qu'on aimait si celle-ci n'éprouvait pas la même chose ? Je chassais cette pensée en me reportant sur ses yeux ... Ses jolis yeux balançant entre deux couleurs fascinantes ...

"Que prendras-tu ? Leur chocolat chaud est juste divin si tu veux savoir ... Enfin ... Peut-être que tu connais l'endroit ... Puisque tu es là depuis plus longtemps ..."

Qu'est-ce que mes paroles pouvaient être maladroites ... Si seulement je pouvais être plus assurée ... Si seulement j'avais le courage d'être plus explicite concernant ces sentiments qui m'envahissaient ... Si seulement je pouvais oser poser ma main sur son doux visage ... Si seulement cet amour pouvait être réciproque ...


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MessageSujet: Re: Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)    Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)  EmptyMer 20 Jan 2016 - 23:24

Un jour, il se souviendrait de cette douce journée d’Automne. Un jour, il regardera enfin en arrière, se penchant sur ce qui avait été dans le passé. C’était certain, tout être humain arrivait un moment de sa vie à cette époque, ce moment où l’on ‘fait un bilan’, bon comme mauvais, de nos actions, de sa propre personne. Un jour, quand il sera devenu vieux, il jettera un coup d’œil sur cette vie, sur cette jeunesse passée si vite, sur laquelle il n’a pas vraiment pu s’arrêter. Et qu’y verrait-il ? Quelles conclusions tirerait-il sur cette époque de sa vie ? Seraient-elles bonnes ou mauvaises ? Seraient-elles en accord avec lui, avec son ‘moi’ profond ou pas ? Ou seraient-elle en accord avec cet ‘ancien lui’ ? Celui de violence et de la haine ? Seraient-elles suffisamment satisfaisantes pour qu’il puisse tranquillement fermer les yeux une dernière fois, fermer les yeux sur ce ciel, sur ses gens qui la composent. Fermer les yeux et rejoindre la Terre-mère, pour un dernier voyage, le plus long, l’éternel. Pour le moment, il ne pouvait pas vraiment dire qu’il remplissait tous les critères pour effectuer ce dernier voyage de façon sereine. Il n’était même pas sûr d’être assez digne pour rejoindre cette déesse qui lui avait confié une étincelle de magie, à lui et à sa famille. Non, il n’en était pas digne… pas encore… pas tout à fait. Qu’avait-il fait si ce n’était faire du mal autour de lui, après tout ? Il avait blessé autrui, et ça, même encore maintenant, il s’en voulait terriblement. Il avait brisé des os, répandu le sang sur cette terre si chère à ses yeux. Il avait fait de la peine, angoissé si profondément la seule personne qui avait toujours été de son côté. Non, il n’était pas prêt à se sentir digne d’un tel honneur.

Lourdes…Si Lourdes étaient ces chaines qu’il se mettait lui-même sur les épaules. Mais il le devait, il se devait d’avoir ce contrôle maladif sur son existence, pour être de glisser, pour éviter de retomber dans cet enfer, pour éviter de faire du mal. Lourdes, si lourdes…Elles l’empêchaient de bouger, elles l’empêchaient de respirer, elles l’empêchaient de tout simplement vivre, mais tant pis, elles lui étaient nécessaire pour l’instant. Elles lui seraient nécessaires sans doute toute sa vie si rien de changeait. Lourdes, trop lourdes…Plus que son âme, elles enserraient surtout son cœur. Ce cœur morcelé qui avait déjà tant de mal à rester fonctionnel. Ce cœur qui avait tant aimé, qui en avait tant souffert déjà, mais ce cœur qui ne voulait plus être ignoré. Peut-être l’étouffaient-elles, ces chaînes, peut-être l’empêchaient-elles de vivre vraiment depuis ce jour, ce jour qui aurait un poids considérable quand viendrait le temps de l’introspection. A moins que justement, elles étaient là pour maintenir ce champ de ruine en un seul morceau… comment savoir ? Peut-être maintenaient-elles cet organe palpitant pour éviter qu’il ne tombe en poussière. Pour éviter qu’il ne se désagrège à chaque battement.  Et pourtant…et pourtant… Malgré sa fragilité plus que flagrante, ce cœur avait commencé à se rebeller. Il était sorti de son long sommeil, de cette stase qui l’avait peu à peu couvert de rouille et il s’était remis à battre à l’instant où il avait croisé l’impossibilité de ce regard salé. Car pour lui, ces chaines étaient de trop…Elles ne le maintenaient pas, elles ne faisaient que l’empêcher de guérir. Serrant seulement assez fort pour laisser ces plaies à vif, pour l’empêcher de se soigner. Il ne supportait plus cette situation. Ce cœur en avait tout simplement marre de devoir s’en vouloir pour ces faits si lointains maintenant. Et depuis, il n’avait cessé…n’avait cessé de manifester sa présence. Oui… Il voulait tant qu’on le remarque ! Il voulait tant pouvoir se remettre à battre pour deux, il voulait tant…il le voulait tant…Et qui voulait-il ?

Elle.

Il la voulait elle.

Elle qui était si jolie sous ce beau ciel d’Automne…

Elle qui avait ce rouge qui lui allait si joliment au teint

Elle qu’il avait voulu sauver de ce marasme.

Elle qui lui avait souri à la seconde où elle avait levé son regard impossible sur lui.

Elle qui lui semblait d’une si grande empathie, peut-être même comparable à la sienne.

Elle qui lui semblait avoir les mêmes goûts que lui.

Elle qui ne le trouvait ni étrange, ni monstrueux.

Elle qui avait un don semblable au sien.

Elle…Juste elle.

Et depuis cette simple seconde où il avait manqué un battement, ce cœur n’avait cessé de contraindre cet homme à plus de familiarité, n’avait cessé de le forcer à agir pour lui et non pour cette raison trop forte. Quelle douce folie…Il ne ferait que précipiter sa propre perte, à vouloir ainsi s’affranchir de ses chaines, à vouloir vivre de nouveau, à vouloir répondre favorablement à tous ces signaux qu’envoyait Elena, il ne ferait que s’autodétruire. Du moins, c’est ce que sa raison lui soufflait, inconsciemment, par réflexe, elle essayait de protéger l’être qu’était ‘Johan’. L’empêcher de sombrer…l’empêcher de replonger…c’était sa seule et unique mission. Car il ne s’agissait que de ça, que d’un conflit entre ces morceaux d’organe et cet inconscient, ce simple conflit millénaire qui réagissait les histoires de l’Homme. Un conflit entre un humain qui avait déjà trop souffert à cause de son propre cœur. Et c’est pour ça, qu’inconsciemment, il repoussait toujours toute possibilité. Offrir ce cœur morcelé à quelqu’un d’autre faisait trop mal…trop mal…Il ne supporterait pas qu’il soit brisé de nouveau. Il ne le supporterait plus. Il en était revenu une fois. Il ne le ferait pas deux fois. Peu lui importait la solitude, temps qu’il pouvait éviter de se briser, temps qu’il pouvait éviter de blesser…

Non.

Non.

Son cœur avait choisi le risque plutôt que cette parodie d’existence. Il avait choisi de faire entendre son choix. Encore fallait-il qu’il arrive à se débarrasser de ses chaines, à exprimer sa voix si faible. Oui, lui voulait essayer…Une dernière fois…juste une toute petite fois… Ce serait toujours mieux que ce semblant de vie éternellement cachée derrière ce sourire… Il voulait essayer… Essayer de répondre à tous ces signaux qu’il avait bien entendu aperçus. Il voulait battre à l’unisson avec cette femme. Celle qu’il avait choisie, celle qui l’avait choisi. Il voulait se consumer pour elle. Ce serait toujours mieux que taire son existence.

Ce n’était qu’une simple histoire…

Juste une rencontre entre deux solitaires un magnifique jour d’Automne.

Une simple rencontre, rien de plus.

Et pourtant, elle changerait leur vie.

Et Quand viendrait ce temps de l’introspection, comment se souviendrait-il de cette journée ? De cette douce rencontre ?

Peut-être n’y verrait-il qu’un acte manqué. Qu’une possibilité que ce ‘jeune lui’ aurait dû saisir.

Peut-être n’y verrait-il qu’une douce rencontre, qu’un acte d’empathie, rien de plus.

Peut-être s’en souviendrait-il comme le premier jour du reste de sa vie. Celui où il avait recommencé à vivre. Celui où il avait rencontré son aimée, cette femme qui serait là jusqu’à ce dernier jour, jusqu’à ce dernier instant avant de fermer les yeux.

Il l’espérait. Oui, secrètement, il l’espérait. Mais rien n’était moins sûr. Combien de temps cet organe allait devoir lutter avant qu’il ne puisse se rendre compte de cette dualité entre deux parts de sa propre personne ? Car la lutte avait commencé tout de suite. Ce cœur lui avait offert cette douce fleur, cet hortensia blanc, ce symbole ultime, dans l’espoir un peu vain qu’elle y réponde. Et quelque part, elle l’avait fait. Répondant à cette plante par un minéral aux teintes rosées que Johan ne put s’empêcher de contempler un long moment avant de le ranger précieusement. Si seulement il avait pris connaissance du langage de ces pierres…Si seulement… Un bel acte manqué, sans doute l’un d’une très longue série.
Puis, elle avait voulu en savoir plus sur ce carnet à dessin qu’il trimballait avec lui à longueur de journée. C’était un travail personnel, c’était quelque chose de personnel, lié à tant de souvenir, lié tellement à ce qu’il était, mais il ne lui refusa pas, lui tendant ces feuilles liées ensemble en un tout, ces feuilles couvertes de ses recherches et de rien d’autre. Il lui avoua donc pour cette seconde activité, celle qui était plus secrète que l’autre, plus exotique aussi. Il aurait pu juste la laisser regarder distraitement ces dessins de fleurs, il aurait pu juste attendre qu’elle termine avec ça… mais non, non, ce cœur en voulait plus, tellement plus… Il guida ses pas jusque dans son dos, s’approchant près, si près…Il pouvait même sentir son parfum de fleur et de sucre… Il avait tout le loisir de le humer longuement, de s’en enivrer complètement, tout en prenant ce simple prétexte de vouloir lui fournir des explications. Oui, pour ce cœur, ce n’était qu’un prétexte. Mais pour Johan, cela avait été perçu uniquement comme un acte naturel de sa part. Après tout… Elena semblait réellement intéressée par son travail, il en voulait pour preuve ces nombreuses questions qu’elle lui posait tout en parcourant ces pages griffonnées avec soin. Jusqu’à ce qu’elle lui pose une autre question, plus étrange, plus sibylline, presque comme une affirmation teintée d’espoir.
Est-ce qu’il connaissait le langage des fleurs ? Oui, parfaitement même. Sur le bout des doigts. C’est son père qui le lui avait enseigné, au milieu de tant d’autres choses. Pourquoi lui posait-elle cette question ? Et pourquoi ce sous-entendu concernant les minéraux ? Quelques lacunes ? Voulait-elle qu’il lui en dise plus sur ces plantes qu’il ne cessait de dessiner ? Pour sur une seule en particulier…Ce simple cadeau…Cet hortensia. A cette constatation, ce cœur se serra, sentant enfin l’opportunité d’en dire plus, beaucoup plus…Voyant qu’il s’agissait presque d’une occasion en or pour se manifester au grand jour. Il tenta de s’agiter, de juste répondre par un simple ‘Oui’, de pouvoir continuer en mentionnant cet amour naissant. Il tenta…en vain. Ça… c‘était trop personnel. Il ne pouvait en parler sans penser à son père. Et ça, il ne le voulait pas. C’était au-dessus de ses forces et permis tout simplement d’alourdir ces chaines de mutisme.

« Merci, mais ce n’est pas grand-chose. » Il porta un instant une main à son cou, toujours un peu gêné face à ces compliments. « Oh, je l’ai su, mais j’en ai oublié une grande partie… Il existe quelque chose de semblable pour les minéraux ? Tu pourrais m’apprendre. »

Alors… Il lui mentit, le sourire aux lèvres, il lui mentit, sous couvert d’une quelconque modestie, minimisant ses propres connaissances, alors qu’il savait parfaitement la signification de ces fleurs immaculées. Le cœur manqua cette occasion, la raison gagna cette bataille et, comme à son habitude, Johan détourna la conversation de lui. Reprenant possession de son carnet, le rangeant parmi ses effets, il lui fit cette proposition saugrenue. Cette fois-ci, ce fut son cœur qui gagna la bataille, même si Johan pensait sincèrement avoir besoin d’aide. Tout comme il pensait sincèrement qu’elle était la personne la plus qualifiée pour ce travail étrange qu’il lui proposait. Dans une seconde rébellion, Il agrémenta ses paroles d’une innocente proposition : celle de prolonger cette rencontre autour d’un café, attablé ou bien chez lui, elle déciderait. Oui…dépasser le simple stade ‘ d’étranger’ pour passer au suivant et…peut-être plus ? Elle y répondit favorablement, proposant tout simplement d’aller chercher leur boisson à emporter puis de se rendre chez lui. C’est vrai que s’ils devaient rédiger un contrat de travail, ou discuter des modalités d’emploi, ce serait tellement plus simple chez lui qu’à la terrasse surchargée d’étudiants.

« D’accord, faisons ça ! »

S’emparant de sa main comme lui l’avait fait, elle l’emmena juste un peu plus loin, juste à quelques mètres de là, à l’intérieur d’un salon de thé. Un tel trajet ne justifiait pas cette familiarité, loin de là, mais il ne s’en formalisa pas, il avait pareil après tout et même, il osa serrer cette main douce et gracile. Mais, se fondant dans la file, elle finit par le lâcher, commençant à discuter de leur future commande. Non, il ne connaissait pas cet endroit, si bien qu’il laissait allégrement son regard vagabonder un peu partout dans la boutique, scrutant chaque recoin, humant les effluves de thé et de café mêlés ensemble. Pourquoi aurait-il eu connaissance de cet endroit ? Il ne venait presque jamais sur le campus de l’université. Ce jour avait été une exception dans son planning, une exception qui allait changer sa vie à tout jamais.

« Non, je ne connais pas du tout, je ne viens jamais sur le campus d’habitude. » Il reporta son attention sur elle, cessant de promener son regard curieux. « J’essaierai bien leur café, j’espère qu’il est aussi bon que leur chocolat chaud. »

Rapidement, leur tour vint et, puisqu’il connaissait ce qu’elle comptait prendre, Johan se permit de commander pour eux deux. Un chocolat chaud pour elle, s’assurant évidemment si elle voudrait l’agrémenter de sucre ou d’autre chose et un café noir sucré pour lui, de quoi lui donner sa dose de caféine nécessaire pour faire fonctionner son cerveau. Il commanda et se permit même de payer. Ce n’était pas grand-chose après tout et comme toute réponse à ses éventuelles protestation, il répondrait par un grand sourire. Sortant de cet endroit un fois leurs consommations obtenues, ce fut à son tour de la guider vers son petit chez lui. Il espérait qu’elle ne le trouve pas trop étrange, ainsi empli de plantes et de fleurs presque du sol au plafond. Un vrai appartement de célibataire où même lui avait à peine sa place. Une fois à l’extérieur, et dans un dernier sursaut de son cœur qu’il excellait si bien à ignorer, il lui proposa son bras pour qu’elle s’y accroche. Etrangement c’est d’un pas extrêmement lent qu’il la guida à l’extérieur de ce campus, prolongeant plus que de raison cette promenade jusqu’au logement des professeurs. Parlant de tout et de rien, ne laissant jamais un ‘blanc’ ou une gêne s’installer entre eux, il la guida et la fit entrer de son appartement du dernier étage.

Ce n’était que l’histoire d’une simple rencontre un jour d’Automne et pourtant, elle signifiait déjà tellement.
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MessageSujet: Re: Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)    Keep calm and start a new life (ft. Johan N. Stern ♥)  EmptyJeu 21 Jan 2016 - 20:51



Keep Calm and Start a New Life





Il était une fois un jour d'automne ... Ce jour d'automne qui marquait un amour naissant ... Ce jour d'automne où pour la première fois de ma vie, j'étais tombée amoureuse ... Johan était apparu au bon moment, au bon endroit, faisant disparaitre les larmes qui roulaient sur mes joues pour les remplacer par de nombreux sourires plus radieux les uns que les autres. Il y avait d'abord eu ce geste anodin lorsqu'il me débarrassa d'une simple miette au coin de ma lèvre, ensuite il y avait eu cet hortensia blanc et puis ces croquis, ... Toute cette connaissance qu'il semblait posséder sur les plantes ! Cet indice qui me poussa à quelques sous-entendus, certainement troublée par tant de proximité, par son souffle chaud sur mon cou. Dans un élan de courage, repoussant légèrement ma timidité maladive, j'osais exprimer ma supposition à voix haute, afin d'en avoir le coeur net et savoir s'il connaissait le langage des fleurs ... S'il connaissait la signification de cet hortensia blanc ... J'enchainais ensuite sur les minéraux, essayant de lui faire comprendre que ceux-ci aussi signifiaient certaines choses, peut être pour attiser sa curiosité ? Car oui, même si je venais à peine de le rencontrer, le fait qu'il soit d'un naturel curieux se voyait comme le nez au milieu de la figure. En tout cas, le plus fascinant était que je me sentais déjà changée à son contact, c'était étrange ... D'un côté, j'étais plus rougissante, plus hésitante, encore plus que d'habitude. D'un autre côté, je repoussais cette timidité qui me caractérisait pour tenter de subtiles approches. Vint enfin sa réponse, cette réponse tant attendue, mais malheureusement pas vraiment à hauteur de mes espérances. Il en avait oublié une grande partie de ce fameux langage des fleurs ... Avait-il oublié aussi la signification de l'hortensia blanc ? Je fixai toujours le calepin pour ne pas qu'il remarque cette once de déception sur mon visage. Je ne savais pas ... Toujours pas ... Mais j'eus un nouvel espoir lorsqu'il s'intéressa aux minéraux, une occasion à ne pas rater. Ne lâchant pas ses esquisses des yeux, je lui répondis sur un ton relativement calme, loin de refléter les battements de mon coeur fou.

"Oui si tu savais ... Les minéraux ont eux aussi leur langage et je serais ravie de t'apprendre la signification de chaque pierre. J'ai quelques livres sur le sujet si tu es intéressé."

Je souris discrètement, peut être allait-il bientôt comprendre que le quartz rose n'était pas un choix au hasard, mais bien ce qu'il signifiait. Lorsque les pages ne se tournaient plus que sur des espaces blancs et vides, je lui rendis le carnet à contre-coeur, sachant que la proximité prendrait fin également et en effet, il vint de nouveau se planter face à moi, mais avec une proposition des plus intéressantes. Un travail ... Il me proposait un travail ! Avec lui ... Me proposant ensuite de prendre un café chez lui ou ailleurs ... Peut être étais je atteinte d'une douce folie, mais j'acceptai cette seconde proposition, j'acceptai de me rendre à son appartement. Alors que j'aurais du me sentir comme un petit chaperon rouge piégé par un loup, au contraire, mon coeur s'allégea. Après tout, Johan n'avait pas le profil d'un profiteur à première vue.  Je me rebellais de nouveau face à ma timidité en lui prenant la main pour l'emmener dans un endroit où j'étais allée déjà plusieurs fois. Mon coeur fit un bond lorsqu'il me serra un peu la main, ne cherchant aucunement à s'évincer. Je ne le lâchais qu'une fois dans le bâtiment, conversant sur les boissons délicieuses qu'ils servaient en ce lieu. J'étais si heureuse d'avoir cette opportunité de faire un peu plus connaissance avec lui ... Je remarquai son regard qui se promenait un peu partout, souriant discrètement en pensant que j'avais vraiment raison à propos de sa curiosité. Tandis qu'il m'informa n'être jamais venu, son regard revint vers moi, me faisant rougir de nouveau, me demandant s'il s'était rendu compte que je profitais de son regard détourné pour contempler son si beau visage, détaillant ses traits fins. Pourtant, je ne détournais pas le regard, laissant mes joues s'enflammer tout en profitant de ces yeux si magnifiques que j'avais devant moi.  

"Oui ... Il est tout aussi bon ! Mais je préfère le chocolat !"

J'étais d'humeur si joyeuse que j'en oubliais de bégayer ... Alors que nous nous avancions vers le comptoir, le jeune homme prit les devants en prenant notre commande à tous les deux. Je cherchais de la monnaie dans mon sac tandis que celui-ci n'y prêta pas attention, payant ma consommation. Je restais silencieuse tandis que nous ressortions du salon de thé avec nos boissons chaudes. Je finis par m'adonner aux politesses habituelles.

"Merci ... Pour le chocolat ... Mais la prochaine fois, ce sera pour moi ..."

La prochaine fois oui ... Car je comptais bien sur le fait qu'il y en aurait une, je ne pouvais pas en rester là avec lui ... Si bien que sans même savoir qu'elle serait le job qu'il me proposait réellement, je m'étais mis en tête de l'accepter ... Simplement pour lui ... Il me présenta son bras et je restais un instant interdite, m'empourprant tandis que je passais doucement mon bras au tour du sien. Vu de l'extérieur, on aurait pu nous prendre pour un couple qui se promenait tranquillement et je ne pus que m'en réjouir même si mon cerveau me disait de ne pas me faire trop d'espoir. Nous discutions de tout et de rien, mon sourire ponctua chacune de mes paroles. J'adorais être avec lui ... J'adorais sa compagnie ... J'adorais qui il était ...

Son appartement était plutôt étrange, empli de plantes diverses et variés. J'étais plutôt observatrice et fut rassurée d'une chose ... Il n'y avait au moins de pas de photo d'une quelconque femme dans son appartement, pas de notion de présence féminine ... Après avoir longuement discuté, j'acceptais de vive voix sa proposition, devenant son assistante ...

Il était une fois un jour d'automne ... Le début d'une belle histoire ?


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