Sujet: Depuis le premier jour ... (PV Johan N. Stern ♥) Jeu 21 Jan 2016 - 0:13
Depuis le premier jour ...
Déjà un mois … Un mois que je l’avais rencontré … Un mois que je travaillais pour lui au quotidien … Un mois que je tentais de lui faire comprendre mes sentiments … Sentiments qui bien sûr n’avaient fait que grandir au fil du temps, plus je le connaissais et plus je pensais que cet homme était fait pour moi. Johan Stern. J’espérais chaque jour un peu plus, chaque jour un signe, un simple signe qui me prouverait que je ne comptais au moins un minimum pour lui … Que j’étais plus que son assistante. Passer tout ce temps avec lui ne m’avait aucunement aidée à décrocher de cet amour qui ne cessait de croitre. Aussi, à celui-ci s’associait une profonde tristesse face à son manque de réaction. Ce manque de réaction qui me faisait petit à petit perdre cet espoir minime qui résidait au fond de moi, bien que bien enfoui, cet espoir m’avait suivi tout au long de ce dernier moi. Mais maintenant cet espoir … Où était-il ? Existait-il encore ?
L'hortensia ... L'hortensia blanc ... Il semblait n'avoir concrètement aucune signification pour lui ... Pas plus que le quartz rose ... Pourtant j'avais espéré ... Encore et encore ... En voyant qu'il était calé sur les plantes ... Voyant une sorte de timidité dans le fait qu'il n'avouait pas sa connaissance de la signification des fleurs ... Et pourtant, je lui avais même soufflé la signification de plusieurs minéraux, lui soufflant que cette petite pierre que j'avais fait apparaitre le premier jour, le quartz rose, était synonyme d'amour pur ... Quoique de plus pur qu'un amour déclaré par deux symboles similaires et pourtant si différents ? Mais tout ceci ne semblait n'avoir aucune signification pour lui ... Aucune ... Je devrais arrêter de lire des romans à l'eau de rose pour éviter de me bercer un peu plus d'illusions ... Je me sentais tellement idiote d'avoir cru en un signe alors qu'il ne s'agissait que d'un simple geste ... Il voulait simplement me montrer sa magie et l'hortensia blanc n'était qu'une pure coïncidence, et Johan me le prouvait de jour en jour ... L'amour rend aveugle c'était bien vrai ...
Accepter un job simplement parce que j'étais amoureuse de mon futur "patron", n'était-ce pas un acte idiot ? Un acte immature ? Pourquoi avais-je cru en une chose qui n'existait guère ? Pourquoi m'étais ainsi trompée à ce point ? Clairement cet homme ne ressentait pas de tels sentiments pour moi, j'étais une assistante ... Une amie tout au plus ... Le problème était que je ne me sentais pas prête de m'en contenter ... Je m'étais accrochée à lui si rapidement, me disant que faire connaissance ferait avancer les choses, mais non ... Rien ne changeait, si ce n'est mes espoirs qui s'évanouissaient, brisant doucement mon coeur un peu plus chaque jour, un peu plus à chaque signal que je lui lançais et que lui ignorait. Cela allait du simple effleurement de sa main, d'une simple petite question, d'un simple sous-entendu, mais rien ... Aucune réaction ... Ce que c'était douloureux ... Cette impression d'être transparente ... De plus en plus douloureux ... De moins en moins supportable ...
Mon coeur l'avait emporté sur ma raison devant ces douces illusions ... Devant ces doux rêves qui illuminaient chacune de mes nuits ... Devant ce doux visage au regard balancé de vert et de marron, ce regard où je ne me lassais pas d'y plonger le mien, cet océan qui devenait beaucoup trop salé de larmes de jour en jour, troublant mon sommeil un peu plus chaque nuit ... Toute cette tristesse, cette fatigue, cette perte d'espoir ... Je n'avais plus la force de patienter ... Encore fallait-il imaginer qu'il daigne me voir vraiment un jour ? Bon sang Ele, qu'est-ce qui t'a pris de croire en une chose pareille ? De croire qu'il pourrait t'aimer lui aussi ? Tout le monde ne tombait pas amoureux au premier regard ... Je ne pouvais plus continuer ainsi, il fallait que je remédie à ce problème, protéger mon coeur tant que je le pouvais encore ...De manière radicale ...
Mon moral ne faisait que décliner de jour en jour ... Comment m'étais-je retrouvée dans cette "prison" ? Prisonnière d'un amour non réciproque ? Après une journée entière à tourner et retourner mes pensées, ruminer cette idée qui m'assaillait depuis plusieurs jours, il était simplement temps pour moi de tirer ma révérence et de cesser de m'entêter, cesser d'y croire, et commencer ou plutôt "essayer" de guérir ... Guérir de ce mal dont il était inconsciemment responsable. Oh non il n'y pouvait rien, Johan n'y pouvait rien ... C'était moi ... Moi et mon coeur ... Siège de cette croyance en l'amour ... Une fois mon travail terminée, je pris quelques profondes inspirations avant de me lever et me diriger vers cet homme qui me faisait chavirer un peu plus chaque jour, qui me rendait à la fois heureuse et son contraire, je ne pensais pas que ceci était possible ... Je me plantais devant lui, me préparant à affronter ce si beau regard balancé qui m'avait dissuadée plusieurs fois de prendre cette décision sans même qu'il ne le sache. Rien que ses yeux ... Ce doux regard qu'il posait sur moi, démuni d'amour ... Contrairement à ces regards énamourés que je ne cessais de lui lancer ... Ce si beau sourire qui le caractérisait et qui avait pour don de faire battre mon coeur un peu plus vite, de mettre de la couleur sur mes joues de porcelaine, de me donner envie d'y poser mes lèvres ... Il était lui et c'était tout ce que je voulais ... Tout ce que j'aimé ...
Mais ce jour-là, la douleur était bien trop forte ... Bien trop pesante ... Si bien que ce jour-là, je pris enfin mon courage à deux mains, certainement pour une décision que je regretterais par la suite car sa présence m’était devenue indispensable. Un besoin de lui irrémédiable, presque addictif … Le coup serait certainement très difficile à accuser, mais je me forçais à penser que c’était un mal pour un bien. Je ne pouvais pas le forcer à m’aimer c’était tout simplement impossible … Les mains moites, la gorge serrée, je tentais de dissimuler un tremblement dans ma voix. Je m’éclaircis la gorge pour signaler ma présence.
« Johan ? Je … Je peux te parler ? C’est assez important. »
Mon cœur battait si fort que ça en devenait douloureux, comme s’il ripostait, comme s’il m’alertait que cette décision était la pire que j’avais prise de ma vie. Tout était tellement plus beau depuis que je l’avais rencontré, mais ce sentiment de bien-être se transformait peu à peu en mal être, en chagrin d’amour si l’on pouvait appeler ça comme ça … Le moment que je redoutais arriva … Ce moment où je croisais son regard … Ce moment où à ce simple contact visuel, mon cœur loupa un battement … Je me stoppais un instant, profitant pour contempler ces pupilles balancées une dernière fois … Juste un peu, je pouvais bien me permettre cela. Si seulement je pouvais y voir une lueur similaire à la mienne dans ces yeux si fascinants …
J’avais tout d’abord pensé à laisser une lettre sur son bureau avant de m’éclipser, mais j’avais voulu faire les choses bien même si je n’avais pas prévu d’être tout à fait honnête avec lui. Mon excuse ne serait pas cette douleur dévorante que je ressentais au quotidien face au besoin non assouvi de me rapprocher de lui … Non mon excuse serait simplement mon manque de temps … Excuse factice puisqu’à ce stade, mes cours étaient le dernier de mes soucis … Je ne rechignais pas sur les heures supplémentaires tant qu’elles me permettaient de passer du temps à ses côtés … Déglutissant difficilement, au dernier instant, je baissais les yeux, fixant un point invisible dans l’espace telle une enfant qui avouerait une bêtise.
« Je démissionne … Ne t’inquiètes pas, j’ai terminé tous les dossiers en cours … »
Les larmes menaçaient mais je les retenais, à tel point que j’en avais mal aux yeux. Je finis par relever la tête, lui lançant le sourire certainement le plus faux que je n’avais jamais esquisser … Mais s’il n’avait rien vu jusque ici … Rien vu de mes sentiments si difficiles à cacher … Il ne verrait pas que dans son sourire se cachait une détresse inévitable …
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Sujet: Re: Depuis le premier jour ... (PV Johan N. Stern ♥) Dim 14 Fév 2016 - 0:49
Depuis le premier jour…Depuis le premier jour de cette douce rencontre d’Automne, ce cœur meurtri et sclérosé avait recommencé à battre. Oui, il battait, fort, si fort en sa présence à elle, se rebellant à l’emprise maladive de cette raison sans queue ni tête. Oui, il voulait être entendu, à tout prix, par tous les moyens, pouvoir enfin battre à l’unisson avec un autre…ça, juste ça…Il voulait recommencer à vivre… car tout ça, ce n’était pas une existence, ce n’en était qu’une parodie. Une parodie cachée derrière ce sourire sincère et radieux qu’il offrait au monde. Car il s’agissait tout simplement de Johan, de lui et de son cœur. Johan qui semblait si heureux de vivre. Johan qui semblait si épanouis dans cet environnement de magie, sur cette île éloignée de tout. Johan… et sa gentillesse qui le poussait à aider son prochain…Johan et son empathie, qui pouvait être peiné de voir une autre personne mal en point. Johan et ses contacts avec les autres, assez pour attirer la sympathie, toujours retenus pour ne pas déclencher l’amitié ou l’attirance. Juste, rester à bonne distance pour ne plus se lier avec quelqu’un d’autre, pour ne plus souffrir quand celui-ci déciderait de le quitter. Simplement ça.
Son cœur s’était arrêté en même temps que celui d’une autre. Et depuis, il n’osait plus l’écouter, préférant le cacher sur le voile épais de sa raison. Et pourtant…et pourtant… Ce cœur en avait décidé autrement. En cette douce après-midi d’Automne, il rencontra celle pour qui il se remit à battre. Depuis le premier jour, depuis l’instant où il posa son regard sur l’impossibilité du sien, depuis que cet organe palpitant s’était serré sans qu’il ne s’en aperçoive…Oui, depuis cet instant, le poison courrait dans ses veines, réactivant une à une des fonctions qu’il pensait perdues à jamais. Lui qui pensait son cœur mort… dire qu’en réalité il n’avait jamais autant vécu… Elena…Elena… douce et tendre Elena… s’il n’avait voulu se lier avec elle, pourquoi la revoir si souvent ? Pourquoi tant de familiarité ? Pourquoi lui avoir proposé cet emploi ? Pourquoi, si ce n’était pour ce mot qu’il pensait désormais impossible à prononcer. Mais peut-être l’avait-il déjà fait, finalement… par ce simple cadeau, par ce simple hortensia.
Amour.
En cette journée d’Automne, son cœur morcelé s’était rebellé et, depuis ce jour, il n’avait cessé d’en vouloir plus. Toujours un peu plus. Jour après jour, il se battait pour avoir le droit de s’exprimer. Il hurlait, se tordait dans tous les sens, il voulait tant ! Il la voulait tant ! A chaque petite attention de sa part, à chaque simple sous-entendu que Johan ne semblait pas capter, à chaque effleurement de sa peau sur la sienne, il se tordait un peu plus, ne souhaitant que se libérer de ses chaines. Comme si…comme si il n’avait rien remarqué ! Ce livre, cette pierre si précieuse qui ne l’avait pas quitté depuis ce jour, comme si il ne l’avait pas vu ! Elle aussi…elle aussi…depuis le premier jour. Parfois, il gagnait une petite bataille, et alors, le néerlandais osait ce qu’il n’aurait imaginé auparavant. Regards perdus sur sa gracieuse personne lorsqu’il travaillait, avancement de réunions, juste pour le plaisir de la voir arriver plus tôt, main posée sur son épaule lorsqu’il se penchait sur son travail. Juste des gestes anodins, mais qui sonnait comme une petite victoire pour ce cœur meurtri.
Mais, cela n’était pas suffisant. Il étouffait toujours sous ce voile de raison. Si l’on devait illustrer cet étrange dialogue intérieur, il ressemblerait à une dispute de vieux couple.
Tu vas te briser, dit la raison. Tu ne te relèveras plus. Ça nous tuera. Je te protège. Je ne veux plus souffrir. Tu vas te briser…Tu es si fragile, reste tranquille, je t’en supplie, reste tranquille. Je ne m’en relèverai plus cette fois-ci.
Et inlassablement, le cœur étouffé sous elle répondait : Je sais. Je sais. Je sais…
Et pourtant, il continuait. Il le devait. Il voulait vivre. Elle était sa dernière chance.
Et chaque jour passant, cette pièce recommençait. Dès qu’Elena arrivait dans cet appartement étroit jusqu’au moment où elle quittait la pièce, le laissant seul avec ses recherches comme unique compagnie. Mais…et Johan dans tout ça ? Comment ne pouvait-il voir ce conflit intérieur ? Simplement, il lui préféra l’ignorance. Comme un petit garçon refusant ses responsabilités, il évitait de jeter un coup d’œil à tout ça, il évitait de se pencher sur ce combat qui le déchirait de l’intérieur. Comment ? Tout simplement de la même manière qu’il avait pu éviter de repenser à celle qui avait fait s’arrêter son cœur la première fois : en se plongeant dans le travail. S’occuper l’esprit pour ne pas à y penser. Depuis le temps, il y excellait tellement…
Mais la nuit, c’était autre chose. Quand, trop fatigué, il quittait son bureau pour rejoindre ses draps, il n’en trouvait plus le sommeil. Au début, les premiers jours, il se questionnait quelques minutes, pourquoi cette fleur, pourquoi si vite, pourquoi ce travail, pourquoi elle et pas une autre ? Mais rapidement, il éluait les réponses et laissait l’inconscience l’accueillir. Cela faisait plus d’un mois maintenant.
Plus d’un mois qu’ils se voyaient presque tous les jours.
Plus d’un mois qu’ils dépassaient allègrement le quota d’heures d’Elena.
Plus d’un mois qu’ils n’étaient tout simplement pas simplement patron et employée, connaissances de complaisance. Non. Plus…toujours un peu plus…
Depuis un peu plus d’une semaine, le botaniste n’arrivait plus à trouver le sommeil. Quand elle le quittait le soir, il restait seul avec une compagne qu’il n’avait jamais remarquée avant : la solitude. Seul…tout seul… dans son lit, essayant vainement de clore ses paupières ankylosées, il retournait la question dans tous les sens. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-il plus la sortir de son esprit ? Pourquoi attendait-il avec impatience son arrivée et appréhendait-il tant son départ ? Pourquoi l’hortensia ? Pourquoi n’arrivait-il pas à conserver cette distance ? Pourquoi plus proche ? Dire que la réponse, il l’avait déjà, caché sous ce voile épais. Dire qu’il le lui hurlait vainement depuis tout ce temps. Il était…épuisé. Il n’arrivait plus à trouver le sommeil. Et la journée, ses pensées finissaient toujours par dériver sur elle. Il faut dire que, depuis quelques jours, elle le préoccupait sérieusement. Au point qu’il ne remarquait même plus son propre état. Elena… c’était comme si elle avait tout bonnement perdu sa joie de vivre. Elle s’était…éteinte. Tout simplement éteinte. Oui, elle n’allait pas bien. Depuis plusieurs jours déjà. Et pourtant, et pourtant…Il l’avait vu…mais, il n’eut pas le courage de lui demander ce qui n’allait pas. Quelque part, il connaissait déjà la raison de ça. Et, pour ne pas briser cet équilibre instable qui les liait, il s’était tut. Pour ne pas l’entendre dire ces mots qui ne supporterait pas, il s’était tut. Pour ne pas la perdre, il s’était tût. Epuisé… attablé à son bureau comme d’habitude, il peinait à garder les yeux ouverts…C’est alors qu’elle était venue, hésitante, comme d’habitude, tremblante, comme…Non. Non. Pas comme d’habitude. Sa voix…sa si douce voix… quelle était cette teinte ignoble qui l’entachait ? Quelque chose, quelque chose n’allait pas. Il pouvait le sentir dans cette atmosphère. Il leva son regard vers elle et lui sourit, dans un espoir un peu vain que cette chose importante ne le serait pas vraiment. Il ouvrit la bouche, son ton se voulait rassurant, normal, mais, intérieurement, il s’affolait, sans trop savoir pourquoi. Comme si ce cœur étouffé venait d’identifier un danger. Un danger qui lui serait mortel.
« Je t’écoute, tu peux tout me dire, tu sais… »
Et c’était sincère…Lui qui n’osait pas tout s’avouer à lui-même, lui demandait de dire tout ce qui n’allait pas. Ça n’allait pas, il le voyait. Il le voyait depuis des jours et des jours, mais il n’avait rien fait. Et maintenant…et maintenant c’était le moment, l’instant charnière. Il avait trop repoussé cette discussion et elle lui revenait. Il était si…fatigué… son cœur battant si fort depuis des jours et des jours l’épuisait… ces nuits sans sommeil l’épuisait… son esprit dans les brumes de son questionnement l’épuisait… Il accrocha son regard à sa silhouette gracile, comme si c’était la dernière fois qu’il pourrait contempler sa peau blanche, ses mains fines et torturées, son visage harmonieux, ses cheveux d’onyx, ses yeux… ses yeux… ses yeux… bleus, si bleus… Cette couleur qui le hantait quand il fermait ses paupières. Bleu…Bleu…Bleu impossible. Bleu sans égale. Bleu sans nul autre pareil. Bleu… Bleu profond qu’il en était inconnu dans la nature. Bleu fascinant.
Il était…épuisé mais néanmoins, il se résolut à écouter ce qu’elle avait à lui dire. Il ne pouvait plus fuir désormais. Sa bouche rosée s’entrouvrit. Des mots s’en échappèrent. Son cœur s’arrêta.
Ce fut…Comme une décharge.
Ce fut…comme un coup de poignard en plein cœur.
Ce fut…comme si tout son sang s’était échappé de ses veines, ne laissant derrière lui qu’une terreur glacée.
Il écarquilla les yeux, perdant son sourire. Et lentement, articula.
« Non. »
Reprenant conscience de ses mots, de ses gestes, il cligna une ou deux fois des yeux. L’adrénaline s’empara alors de son corps, redémarrant puissamment son cœur à l’arrêt. Le faisant battre à l’en faire mal, si mal. Il détailla son visage à elle. Si elle avait bien réfléchis à cette décision, si elle provenait bien d’elle, pourquoi…pourquoi ne voyait-il que douleur sur son visage ? Pourquoi était-ce ce faux sourire qu’elle lui offrait en guise de cadeau d’adieu ? Pourquoi ? Pourquoi ? Non, pas possible, ça n’allait pas, ça n’allait pas. Quelque chose, il devait faire quelque chose. N’importe quoi. Mais il ne pouvait pas, simplement, il répéta, plus assuré.
« Non. » Il déglutit et chercha ses mots. « Pas temps que tu ne m’aura pas donné de raison satisfaisante, je ne l’accepterai pas, Elena. Je ne pourrais pas l’accepter. »
Il se leva. Pour une fois, il semblait extrêmement sérieux et paradoxalement, il était également à deux doigts de s’effondrer comme une poupée de chiffon. Il avait le cœur au bord de l’implosion. Il contourna son bureau. Proche plus proche d’elle et lui proposa d’un geste de la main, de s’installer dans le salon. De toute façon, il s’agissait de la même pièce. Cette unique pièce emplie de pantes en tous genres, où ils avaient passé tant d’heures rien que tous les deux…
« Je vois bien que ça ne va pas… raconte-moi. »
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Sujet: Re: Depuis le premier jour ... (PV Johan N. Stern ♥) Dim 14 Fév 2016 - 14:12
Depuis le premier jour ...
Que fais tu Elena ? Pourquoi vouloir te séparer du seul homme qui sache faire battre ton coeur de bonheur ? Pourquoi t'infliger cette douleur d'un adieu ? Pourquoi te priver de ce regard balancé, de cette douce voix, de ce beau sourire ? Son beau sourire ... Je devais y faire face ... A l'instant même où, de ma voix peu assurée, j'avais attiré son attention, son beau sourire était apparu. Il avait bien failli avoir raison de moi, comme d'habitude ... Il avait bien failli m'empêcher de faire ce que je me devais de faire. Mais pourquoi je le devais ? Pour atténuer la douleur ... Je n'en étais moi-même pas convaincue. Je souffrais de ce mur invisible qui nous séparait lorsque nous étions ensemble et je souffrais de son absence lorsque j'étais loin de lui. Alors que faire ? Mon esprit était indécis, mon coeur était indécis ... Comment savoir quelle douleur serait la plus supportable ? Comme savoir ce qui ferait le plus mal ? Continuer à le voir tout en espérant un jour qu'il pose son regard sur moi ? Ou tout arrêter ... Lui dire adieu ... Il me manquait tant quand il n'était pas là, j'avais tant besoin d'être proche de lui, mon coeur s'affolant au moindre petit contact avec sa personne. Contact qui n'allait pas plus loin qu'une relation amicale et ça ... Ca c'était douloureux ... Déchirant ...
Oui même si cette décision allait me faire souffrir, peut être était la plus sage ? La plus raisonnable ? Je souffrais chaque jour un peu plus ... Peut être que si je m'éloignais, la douleur allait s'atténuer ? L'amour allait s'atténuer ? Peut être ? Certainement pas. Qu'attendais-je ? De le voir s'enticher d'une autre ? Non, c'était bien trop difficile, trop douloureux ... Je devais m'éloigner, protéger mon coeur, enfin plutôt ce qu'il en restait. Lui ne savait pas, il ne savait pas à quel point le voir faisait mal, à quel point mon coeur battait follement pour lui, il ne savait pas, il ne le voyait pas. Ou peut-être ne voulait pas le voir ? C'était trop, beaucoup trop, mon coeur était bien trop fragile. Ainsi je prononçais ces mots, non sans une douleur lancinante dans ma cage thoracique : "Je démissionne". C'était dit et au moment même où ces paroles franchissaient mes lèvres, je les regrettais aussitôt ... Tandis que les larmes menaçaient je vis ce si beau sourire d'évanouir, je ne pus le supporter et baissai les yeux pour ne pas voir son visage se décomposer. Il tenait à moi oui, mais certainement d'une autre façon que la mienne.
Et pourquoi au lieu de prononces ces mots, je n'en avais pas prononcé d'autres ? Pourquoi je n'avais pas prononcé les mots que je retenais depuis plus d'un mois ? Ces mots que j'avais déjà murmuré, que j'avais déjà prononcé à son intention silencieusement, sans qu'un son ne franchisse mes lèvres, quand il avait le dos tourné ou qu'une porte se refermait entre nous ? Je n'avais pas assez de cran, pas assez ... Cette timidité me rongeait, m'empêcher de lui avouer. Peut être que ça aurait été plus simple ? Ou peut être pas ? Ce n'était pourtant pas si compliqué de prononcer des mots, mais ceux-ci étaient bien trop difficiles, j'avais bien trop peur de les prononcer, bien trop peur de sa réaction ... "Je t'aime" ... Des mots qui restaient bloqués au fond de ma gorge bien que je n'avais jamais été aussi certaine d'une chose. Mon esprit n'était préoccupé que par un seul homme ... Johan ... Johan Stern ... Ce botaniste au charme fou qui affolait mon coeur un peu plus ... Et pourtant, il l'avait dit ... Je pouvais tout lui dire ... Vraiment tout ?
Un simple mot qu'il prononçait me fit relever les yeux vers lui, rencontrant son regard balancé qui était maintenant dénué de joie. "Non" ... Non non non il ne pouvait pas me faire ça, il ne pouvait pas me retenir, c'était bien trop douloureux. Et ces larmes qui menaçaient toujours, toujours plus. Je déglutis, ne pouvant me détacher de ces yeux verts et marrons, ces beaux yeux ... Son visage avait changé, il était inquiet, il était pris au dépourvu, il était épuisé ... Ce sourire que j'avais sur les lèvres, bien sûr qu'il était faux et je ne le gardais pas longtemps, me mordant la lèvre assez fort pour m'empêcher de fondre en larmes. C'était comme une rupture alors que pourtant il n'y avait jamais rien eu entre nous. Encore une fois, il répéta son opposition. Il voulait une raison, une bonne raison ... Parce que je t'aime et que tu ne vois rien ... Depuis le premier jour ... Mais ça, j'étais bien trop dégonflée pour le lui dire. Pourquoi ne trouvais-je dont pas le courage ? Pourquoi ?
Inconsciemment, je fis un pas en arrière lorsqu'il contourna son bureau pour me rejoindre, je baissais encore les yeux, impossible pour moi de le regarder, ça faisait mal, tellement mal ... Je ne pouvais pas ... Je ne supportais pas cette décision que j'avais prise. Comment pourrais-je partir ? Comment pourrais-je me passer de son regard, de son sourire, de sa voix, de sa présence ? Ah si j'avais le courage ... Le courage de simplement me laisser aller à mes envies, poser mes lèvres sur les siennes ... J'en avais tellement envie que je finis par relever mon regard sur celles-ci, me mordant encore un peu plus les miennes ... Mais non j'étais bien trop timide pour faire une chose pareille et pourtant cela semblait si simple, il était si proche, je n'avais qu'à avancer d'un pas et tendre le cou, tout simplement. Mais je n'en fis rien, bien trop peur ... Trop peur qu'il ne me repousse car ça je ne le supporterais pas. Déglutissant, je finis par de nouveau baisser les yeux pour lui répondre d'une voix faible.
"Ce n'est pas ta décision Johan ... Tu n'as pas d'autre choix que de l'accepter."
Mon coeur protestait, tambourinant avec force dans ma poitrine, comme s'il m'insultait de tous les noms. Mais c'était nécessaire, je devais me protéger de cette souffrance quotidienne. Non je n'avais pas d'explication autre que la vérité ... Mais je ne pouvais pas lui dire, impossible, toujours pas le courage ... Je levais un regard suppliant vers lui, comme si je le priais de me laisser partir sans un mot, mais dès lors que mon regard croisa le sien, que ce bleu s'accrocha à cette balance verte et marron, de nouveau, il eut raison de moi. Je finis donc m'asseoir, jouant nerveusement avec mes mains, tandis de trouver une quelconque échappatoire. Que dire ? Que je l'aime depuis le premier jour ? Je le devrais, mais à la place, je m'embarquais dans un mensonge, le regard fixé au sol, je ne pouvais lui mentir effrontément tout en le regardant dans le yeux. Intentionnellement j'eus un petit mouvement de la tête pour que des mèches non prises dans ma queue de cheval pour qu'elle vienne cacher mon visage. Une larme coula enfin, s'évanouissant dans cette mèche corbeau qui caressait ma joue.
"Je ... Je ne m'en sors plus entre mes cours et le travail ... C'est beaucoup trop difficile pour moi à gérer ... Je suis désolée de te lâcher comme ça, mais tu trouveras une autre assistante qui ... qui aura plus temps que moi ..."
Vils mensonges ... En réalité, je m'en fichais depuis bien longtemps de mes cours ... Depuis lui en fait ... Je ne mentais jamais, et mes paroles peu assurées le prouvaient ... Voulais-je vraiment partir sur un mensonge ? Etait-ce vraiment la meilleure chose à faire ? Mes yeux embués scrutèrent la pièce, se posant sur un livre que je reconnais sur le bureau. Il s'agissait d'un livre sur les minéraux que je lui avais prêté pour lui faire comprendre la signification du quartz rose. Si je n'avais pas le cran de parler, le libre le ferait pour moi. Je me relevais, m'avançant vers celui-ci, profitant d'avoir le dos tourné pour sécher mes joues et saisis le livre entre mes mains. Je le connaissais par coeur et n'eut même pas besoin de consulter le sommaire pour trouver la page qui m'intéressait. Je lisais un instant la page en question comportant en gros titre "Quartz rose" ainsi qu'une photo du minéral en dessous. Dès la première phrase on pouvait y lire ces mots : "Le quartz rose est l’une des pierres symbolisant l’amour.". Inspirant profondément, prenant mon courage à deux mains, je finis par revenir vers Johan, le livre en mains, dans une ultime chance, un ultime espoir qu'il comprenne enfin. Sans le regarder, je fixais le livre comme une enfant qui aurait commis une bêtise.
"En fait ... J'ai menti ... Je ... Je me fiche de l'université, mon travail avec toi a toujours été ma priorité. Je pars parce que ... Parce que ..." Je finis par lui tendre le livre toujours ouvert sur cette même page, finissant ma phrase. "Parce que toi, tu ne ressens rien ..."
Cette fois, ma voix se brisa, et je détournais rapidement le regard pour cacher ces larmes inévitable. Le laissant prendre connaissance de l'explication sur cette pierre qu'il possédait depuis un mois, cette pire qui était autre qu'une déclaration d'amour, je me rapprochais de mes affaires posées à côté de lui sur le canapé, sortant un trousseau de clés de mon sac. Ravalant au mieux mes larmes, mes yeux piquant comme jamais, la gorge serrée, je revins vers lui, lui tendant ses clés, concluant d'une voix faible, toujours sans le regarder.
"Je te rends tes clés, je n'en ai plus besoin ... Au revoir Johan."
Inévitablement, mes yeux revinrent vers les siens, voulant contempler une dernière fois ce magnifique regard balancé, dont je devrais maintenant me sevrer ... Me sevrer de lui, l'homme pour lequel je vouais déjà un amour inconditionnel, depuis le premier jour, que je croyais non réciproque. Et pourtant ... Dans ce dernier regard, je le suppliais de me retenir, les larmes sillonnant mes joues, affichant cette douleur qui me rongeait au grand jour ...
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Sujet: Re: Depuis le premier jour ... (PV Johan N. Stern ♥) Lun 29 Fév 2016 - 22:37
Affolement. Là, trop bien couvert sous ce voile lourd et épais, ce cœur s’était mis à battre à tout rompre. Rythme élevé, encore plus élevé que ces derniers jours sans sommeil. Rythme tachycarde. Tordant. Vrillant. Douloureux. Pompant le sang à une vitesse effrayante, le répartissant vite, si vite qu’il battait tout le long son cou, qu’il battait tout autour de sa tête. Réfléchir. Son esprit avait oublié tout le reste, se concentrant uniquement sur elle…Elle et seulement elle. Elena… son « assistante », son « amie », son A… Celle avec qui il passait la majorité de son temps, plus que n’importe qui d’autre sur cette île. Plus que n’importe qui d’autre ces dernières années. N’était-ce pas déjà ce qu’il l’affairait depuis des jours et des jours ? Si…Oh que si. Il s’était vidé un instant, essayant, choqué, paniqué, de comprendre ces mots horribles qu’elle lui avait jeté. Ces mots qu’il ne pensait jamais entendre. Ces mots qu’il n’aurait jamais souhaité entendre. Ces mots qu’il n’avait même pas osé imaginer sortant de ces lèvres rosées et douces. Douces ? Oui…douces, sucrées… Enfin, c’est ce qu’il imaginait. De toute façon, il n’en saurait sans doute jamais rien, persuadé qu’il était de ne pas mériter l’affection d’une autre personne. Ne pouvant se résoudre à s’isoler définitivement, ne pouvant laisser quelqu’un s’attacher à lui plus que de raison. Car ses propres actes étaient son fardeau. Car son passé était son poids. Car son cœur était mort le jour où celui d’une autre avait cessé de battre. Mais c’était faux, si faux. Ce cœur en morceau, qu’il protégeait jalousement du linceul de sa raison, avait fini par se recoller. Petit à petit. Morceau par morceau. Lambeau par lambeau. S’il restait fragile, telle une flute du cristal le plus fin, s’il restait nervuré de crevasses profondes, il était…entier. Il était Un. Il était redevenu capable, capable de battre pour une autre, capable de se triturer. Pour Elle. Même s’il restait de papier, il avait fini par retrouver sa fonction première : celle d’aimer. Pensait-il réellement qu’il passerait le reste de son existence ainsi ? En équilibre instable, perché sur le fil du rasoir, à s’empêcher de vivre, étouffant plus que de raison son propre cœur ? Oui, cela lui avait permis de tenir un temps, de ne pas sombrer définitivement dans l’abîme du désespoir, de pouvoir revenir de cet enfer dans lequel il s’était jeté sans hésitation. Mais désormais, ce mécanisme d’auto préservation était de trop. Ce qui aurait dû n’être que temporaire s’était accroché, s’était consolidé. Bien. Trop bien. L’enfermant dans cette parodie d’existence. Un sourire en étendard, un cœur battant enfermé, une raison maladive gardienne des clefs. Danger. Stimulé par l’adrénaline, la fatigue avait laissé place à une mise en alerte de ses sens auparavant ankylosés par l’appel de ses rêves. Cette conversation était dangereuse…dangereuse… une espèce d’instinct lui dictant doucement qu’elle serait un tournant, un instant clef, une charnière. Danger. Danger. Est-ce qu’Elena savait dans quel état elle le mettait ? Danger… mais danger pour qui ? Ou pour quoi ? N’était-il pas temps pour eux d’avoir enfin cette discussion qui était restée en suspens ? Flottant dans l’atmosphère depuis des jours, le rendant lourd et épais, presque irrespirable. Tout dépendait du point de vue, tout dépendait de l’issue. Mais ce cœur couvert savait. Il savait qu’il en réchapperait soit entier, soit en poussière. Plus de statu quo. Plus flottement. Il prit contrôle de la voix un instant, refusant sans réel détour cette démission qui lui serait fatale. Non…Non… Il n’avait pu dire que ça, la raison nuançant directement ses propos, les teintant d’inquiétude pour elle, pour sa situation. Ignorant sa propre détresse. C’était vrai. Ce n’était pas sa décision. Et normalement il n’avait pas à la retenir. Mais il le devait. Pas une seule seconde, il avait songé à la laisser quitter son appartement comme ça, dans cet état. Ça lui était… tous bonnement impossible, à peine concevable. A ces paroles qui lui semblaient tellement fausses, presque autant que ce sourire factice qui s’était envolé, il répondit par de simples gestes, simples mots. Johan l’invita à prendre place dans le salon, souhaitant savoir, comprendre cette détresse qu’il percevait mais qu’elle tentait si mal de lui cacher. Car s’il s’agissait réellement d’une décision de son cœur, pourquoi n’osait-elle-même pas le regarder dans les yeux ? Elle pouvait pourtant tout lui dire. Tout… Pourvu qu’elle lui dise tout. Pourvu qu’elle arrive à trouver le courage de le dire. Pourvu qu’elle parvienne à déchirer ce voile opaque. Finalement, elle s’installa dans le canapé et il l’imita, prenant place en face d’elle. Proche, si proche, et pourtant pas encore assez. Il pouvait contempler en détail les traits si harmonieux de ce visage qu’il semblait déjà connaitre par cœur. Car, elle les avait dégagés aujourd’hui. Ses longs cheveux corbeaux derrière lesquels elle était si prompte à se cacher. Un tic tellement flagrant quand la timidité s’emparait d’elle. Pas cette fois-ci. Cette fois-ci, ce n’était pas ce rouge, celui qui colorait parfois sa peau délicate de porcelaine, qu’elle essayait de masquer à sa vue, non, mais, cette simple larme roulant jusqu’à se perdre dans l’onyx. S’il avait eu besoin d’une preuve de son état de détresse, elle était là. Mais de ça, il n’en avait pas besoin. Il savait. Il savait et cela en saignait son cœur à blanc. Des mots, une excuse, un mensonge. De sa voix si hésitante, encore plus que d’habitude, elle lui donna ce qui aurait pu suffire à accepter sa démission. Manque de temps. C’est vrai… ils travaillaient tellement depuis qu’il l’avait engagée. Ils se retrouvaient si souvent dans cet appartement modeste et pourtant bien trop grand. Ses cours. Elle avait aussi sa vie scolaire à gérer. Etudiante en lettre, c’était son cursus. Il le savait, même si au final, elle en parlait si peu. C’était presque comme si cette formation n’avait plus aucune espèce d’importance à ses yeux. Une autre assistante. Il n’en voulait pas. Il n’en voulait pas d’autre qu’elle. Elle et juste elle. Car cette excuse, il l’avait inventé pour elle. Elle et uniquement elle. Son cœur flouant sa raison, lui donnant des arguments presque fallacieux comme quoi cette double casquette de chercheur et d’enseignant était trop pour un seul homme, promettant ce plaisir qu’il aurait à retourner plus souvent dans sa chère forêt, s’il se délestait d’une partie de son travail. Douce et nécessaire tromperie pour avoir encore le droit d’apercevoir ce bleu impossible. Sur l’instant, il ne put trouver les mots pour la confondre dans ses mensonges. Mais son visage parlait pour lui. Grave, sérieux, il n’avait pas les traits que quelqu’un qui aurait accepté ces mots comme étant la réalité. Non. Elle lui mentait et lui, attendit patiemment que sa droiture érode ce tissu de paroles sans fondement. Il attendit la vérité, car il n’accepterait pas qu’elle le laisse sur un mensonge. Elena se leva alors, et se dirigea vers son bureau. Il ne décrocha pas le regard de sa silhouette gracile. Un instant, elle porta une main à son visage. Johan serra la sienne. Fort, très fort. Pour s’empêcher d’aller la consoler dans ses bras. La frontière en devenait floue et, inlassablement, ses propres gestes alimentaient son flot d’interrogation. Pourquoi cette envie de la consoler de la sorte ? Pourquoi ce refus si catégorique de la voir s’en aller ? Pourquoi revenait-elle sans arrêt hanter ses pensées, transformant ses nuits en cauchemars sans sommeil ? Son cœur avait la réponse, qui tenait en un seul mot. Mais dès qu’il eut le malheur de vouloir l’imposer, le voile l’en empêcha, l’étouffant un peu plus.
Tu vas te briser. Je m’occupe de tout. Reste tranquille.
« … » Fut la seule réponse de son prisonnier.
Mais déjà, cette emprise se faisait moins forte, moins assurée, plus troublée. Car même Raison s’en interrogeait. Refusant en bloc la réponse, mais s’érodant à chaque fois qu’elle s’apprêtait à être prononcée à voix haute. Machinalement, et c’était un tic qu’il avait pris sans vraiment s’en rendre compte, il sortit cette petite pierre rosée de sa poche. Elle ne le quittait jamais, ce minerai qu’elle lui avait offert, celui qui l’accompagnait…Depuis le premier jour. Il prit la pierre entre ses doigts, jouant avec comme pour se rassurer. Elle finit par revenir vers lui, un livre ouvert dans les mains, son regard qu’il aimait tant rougi d’avoir laissé s’échapper quelques larmes salées. Comme ce premier jour. Ce livre, il le connaissait. Un résumé plus que complet sur les minéraux, emprunté depuis un certain temps déjà. Lu, lu et relu déjà une dizaine de fois. Pourquoi ? Il ne le savait pas. Peut-être pour le plaisir de la connaissance ...Peut-être parce qu’il venait d’elle, tout simplement. Elle amorça le début de sa phrase. Johan, retenant son souffle, ne fit rien pour la stopper. Ainsi, comme il le pressentait, elle lui avait bien menti… Son travail avait toujours été sa priorité ? Mais pourquoi ? Il n’était pas si passionnant que ça…si ? Alors pourquoi en laisser ses études de côté ? Une répétition, une coupure, il s’empara de ce livre ouvert qu’elle lui tendait. À peine eu-t-il posé le les yeux sur cette page qu’elle en termina sa phrase de la voix brisée. Avait-il bien entendu ? Avait-il bien compris ? Ou est-ce que son esprit lui jouait des tours, percevant ce qu’il souhaitait secrètement plutôt que la réalité ? Le néerlandais ne sut pas comment réagir, ses yeux, grand ouvert, scrutaient les mots d’encre sans les lire. Tout simplement, il connaissait déjà ce texte par cœur. Il posa son propre quartz sur son jumeau de papier, les superposant, emboitant cette pièce de puzzle qu’il possédait. Depuis le premier jour. ‘Lui’ ne ressentait rien… ? Cela signifiait que ‘elle’ oui… ? Des sentiments…envers lui ? Ce… n’était pas possible, pas concevable. Depuis quand ? Elle n’avait pas changé son comportement tout ce dernier mois écoulé. Elle n’avait pas changé, depuis… La réponse s’imposa alors d’elle-même : Depuis le premier jour. Elle ne pouvait pas, elle ne pouvait pas… Son cœur se serra, à la fois euphorique et inquiet. Inquiet de ce que ce voile lui ferait subir. Puis, il s’agitât. C’était sa chance ! Sa chance de hurler à l’extérieur ce qu’il savait depuis ce premier jour ! Une nouvelle fois, ce dialogue étrange s’enclencha.
Calme-toi.
« Laisse-moi parler ! Laisse-moi exister ! »
Tu vas te briser.
« Je m’en fiche ! Je veux vivre ! »
Ça nous tuera. Elle nous abandonnera, comme les autres.
« C’est faux ! C’est la voir partir maintenant qui nous détruira ! »
…
« … »
…Pourquoi ? Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ?
Là était la question qu’il se posait encore, encore et encore, sans jamais écouter l’évidente réponse de son cœur. Mais cette fois, troublé, épuisé, ce voile de raison osa enfin attendre la réponse. Petit à petit, et c’était d’autant plus vrai ces derniers jours sans sommeil, il s’effilochait.
« Tu sais pourquoi. »
N-non…
« Tu sais pourquoi. »
N-non…C-c’est faux ! Tu t’agites encore pour rien ! C’est faux !
« Dis-le… »
…
« Dis-le ! »
…Je…l’…
« Je n’ai pas entendu ! Dis-le ! »
Et il le hurla, dans un déchirement qui serait définitif.
Je l’aime ! Oui ! Je l’aime ! Depuis que j’ai vu ce bleu ! Depuis que tu t’es tordu en l’apercevant ! Je l’aime ! Tu es content ?! Je ne veux pas qu’elle parte ! Je ne veux pas qu’elle parte ! Je veux la toucher ! Je veux pouvoir la prendre dans mes bras ! La consoler ! Je veux la revoir sourire ! Je veux poser mes lèvres sur les siennes !
« … »
J’aime Elena… depuis le premier jour.
« Était-ce si dur à dire ? »
Mais cette phrase resta sans réponse.
C’est ainsi que Johan se rendit compte. Qu’il se rendit compte qu’il aimait déjà fort…si fort…Au point de ne pas supporter qu’elle puisse le quitter de la sorte. Non…Il ne le supporterait pas…Il avait besoin d’elle à ses côtés. Pas comme assistante. Pas comme simple amie. Mais comme Aimée. Il l’avait aimée à la seconde où il avait entraperçu ce regard bleu…Cette couleur qui l’obsédait dès qu’il fermait les paupières…C’était donc ça la réponse… Tellement évident et pourtant si dur à admettre pour lui. Trop tard…Bien trop tard…Il était sous son emprise. Alors, pour la première fois depuis des années, il se mit à espérer. Une toute dernière fois…Une dernière chance dans sa vie déjà si tourmentée. Juste une dernière fois…il allait essayer. Pour elle. Pour lui. Pour eux. Comme il avait pu être idiot durant tout ce dernier mois en sa compagnie. Car, en cet instant de plénitude, tout devenait…clair…limpide. Ces petites attentions, ces mots couverts, ces gestes innocents qui n’en étaient pas… Depuis tout ce temps, la belle américaine essayait désespérément de capter son attention, de capter ne fusse que son regard. Combien de fois ne l’avait-il pas prise à le contempler plus que de raison ? Combien de fois n’avait-il pas coloré ses joues par sa seule présence, par ses simples paroles ? Combien de fois n’avait-il pas répondu à ces tentatives ? Toutes…Il les passait toutes en revenue. Et à chaque fois, la même conclusion.
Imbécile.
Quel idiot il avait été pour ‘ne pas avoir remarqué’ tout ça ! Non…Ce n’était même pas ça…Remarqué, il l’avait fait, plus ou moins, sinon, il ne s’en souviendrait pas si nettement. Sinon, il n’en aurait pas perdu le sommeil. Non… Simplement, il n’avait pas voulu voir. De peur d’admettre ce qu’il savait déjà. De peur d’anéantir ce cœur fragile. Mais il ne pouvait plus… C’était trop tard, bien trop tard… Maintenant, il était juste terrifié à l’idée de la perdre. À l’idée qu’elle ne viendrait plus à son appartement. À l’idée qu’il n’entendrait plus sa voix si mélodieuse, avec ce doux accent du nouveau monde, prononcer son prénom…Parce qu’il l’aimait pour ça. À l’idée qu’il ne sentirait plus son parfum sucré de fleurs mêlées aux fruits…Parce qu’il l’aimait pour ça. À l’idée qu’il ne pourrait plus effleurer sa peau, elle qui était de soie et réconfortante...Parce qu’il l’aimait pour ça. À l’idée qu’il ne pourrait plus passer simplement du temps dans la même pièce qu’elle…en sa compagnie douce et apaisante… Simplement…être bien avec quelqu’un d’autre… sans se forcer à parler…Parce qu’il l’aimait pour ça. À l’idée qu’il ne pourrait plus contempler sa silhouette fine, ainsi habillée de ses robes de vapeurs pastel. Il n’avait jamais remarqué à quel point il se fichait qu’un vêtement dévoile ou non un peu plus de chair… Oui, elle n’avait pas ce style de ‘femme’…Parce qu’il l’aimait pour ça. À l’idée qu’il ne pourrait plus approcher cette jeune femme encore un peu enfant, tout comme lui, en réalité. A quoi bon ‘vouloir être adulte’ si l’on en perd son essence ? Elle semblait l’avoir compris…elle aussi…Parce qu’il l’aimait pour ça. À l’idée qu’il ne verrait plus ce si joli rouge parer son visage… Ce qu’il pouvait adorer cette couleur ! Ce qu’il pouvait aimer la voir apparaitre doucement sur ses joues !... Parce qu’il l’aimait pour ça. À l’idée qu’il ne contemplerait plus l’Océan impossible de ses pupilles, elles qui l’avaient fait craquer...Parce qu’il l’aimait pour ça. Et pour toutes ces petites choses, ces petits gestes anodins, ses petites manies, ce qui faisait d’elle ce qu’elle était aujourd’hui… Pour ça et ces milliers d’autres petits détails… Il l’aimait. Un tintement de clef, de faibles paroles qu’il perçut à peine tant qu’elles menaçaient de s’éteindre. La conclusion était là. Devant lui. Un choix. Celui de continuer cette parodie d’existence, celle, confortable, où il s’était enfermé pour ne plus jamais souffrir. Ou alors… choisir d’avancer. Choisir de vivre. Pour elle…Avec elle. Le choix vite fait. A vrai dire, il n’y en avait qu’un seul valable. Lentement, alors qu’elle attendait, face à lui, pour lui remettre ses clefs, il referma le livre, traçant son titre de relief du bout des doigts. Il le déposa à côté de lui avant de se lever. Il s’empara de sa main et la referma autour du trousseau. Il voulait qu’elle le garde. Puis, simplement, d’une tendresse infinie, il vint sécher ces larmes qui lui seyaient si mal. Il vint replacer ces mèches rebelles dernière ses lobes d’oreilles. Le sérieux de ses traits s’était envolé. Son sourire, éternel, radieux, refit alors surface alors qu’une lueur, nouvelle celle-ci, marquait son regard.
« Je t’ai menti, moi aussi. »
Il renferma ses mains en un calice et concentra sa magie. Même si le processus était plus difficile quand il n’avait pas son catalyseur en main, le simple fait de l’avoir sur lui suffisait. Ses yeux virèrent quelques instants au gris, avant de reprendre leur teinte habituelle. Lorsqu’il les ouvrit, une cascade de petites fleurs blanches s’en échappa, provenant de nulle part. Des petites fleurs immaculées pourvues de quatre pétales. Des fleurs d’hortensia. Certaines trouvèrent le chemin vers le sol, d’autre restèrent bien sagement dans ses mains. Etrangement, si son cœur battait à tout rompre, il était serein. Son propre malaise s’était envolé, puisque dû à sa méconnaissance sur ses sentiments.
« Hydrangea macrophylla ou simplement hortensia. Selon la couleur, sa signification change. Rose, violet, bleu…ou blanc. » Délicatement, il saisit l’une des fleurs et se permit de l’accrocher à la chevelure noire d’Elena. « Mais ça, tu le sais, non ? »
Fleur bleue comme elle était, oui, elle le savait. Il referma alors brièvement ses mains, enfermant une nouvelle fois. Une seconde vague de magie, différente de la précédente. Il découvrit alors son trésor. Ces mêmes fleurs inchangées, si ce n’était leur teinte, leur teinte impossible. Chacune d’entre elle avait été dotée d’un cœur nouveau. Bleu… Mais pas ce bleu pâle que la nature se permet de créer. Non. Bleu profond. Bleu océan. Bleu « impossible ». Bleu, comme ses yeux, cette couleur qui l’obsédait tant. Les touches de couleur étaient d’un détail presque bluffant. Il ne les avait pas teintée entièrement, de peur qu’elle mésinterprète son message. Un bleu complet était synonyme de caprice, après tout. Il s’agit alors d’une toute nouvelle variété, crée par magie et qui était, dès lors, unique. Sans détour, ne pouvant se retenir plus longtemps, il sortit ces mots qui démangeaient sa gorge.
« Je t’aime, Elena.» Gardant la plupart des fleurs dans sa main gauche, la droite vint lui caresser tendrement la joue. Il la regardait dans les yeux, comme s’il contemplait la plus belle personne en ce monde…Et c’était vrai, pour lui. « Je t’ai aimée à la seconde où j’ai croisé ton regard… Excuse-moi d’avoir mis autant de temps à me l’avouer. »
Un pas de plus… Il en devenait proche, si proche. Il n’avait plus qu’une pensée obsédante qui tourbillonnait dans son esprit : celle de vérifier si, comme il le pressentait, ses lèvres étaient aussi douces. Sa main se déporta sur sa nuque et, peut-être lui-même un peu tendu, il demanda simplement la permission, d’une phrase en suspens, toujours ce même sourire radieux sur le visage.
« Je peux… ? »
Et lorsqu’il eut cet accord qui pouvait sembler superflu entre eux, il vint doucement poser ses lèvres sur les siennes. Premier baiser. Premier d’une longue, très longue série. Amour. Plus d’angoisse. Plus d’incertitude. Il avait fait son choix. Et ce choix, c’était Elle. Son aimée, Sa dernière chance.
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Sujet: Re: Depuis le premier jour ... (PV Johan N. Stern ♥) Mar 1 Mar 2016 - 20:30
Depuis le premier jour ...
Le mensonge ... Il n'était plus une possibilité ... Je ne pouvais quitter celui que j'aimais de tout mon coeur sur un mensonge. S'il fallait que j'évince l'ombre d'un instant ma timidité dans ce but, je le ferais. Il devait savoir mes sentiments, je devais savoir s'il y avait un espoir qu'il soit réciproque. Il semblait si perturbé par cette annonce, bien plus qu'un employeur ne devait l'être. Si seulement il pouvait ouvrir les yeux et voir l'évidence, l'évidence de cet amour, cette passion, qui marquait chacun des regards posés sur lui, chacun de ces regards plongés infiniment dans le sien, souhaitant ne jamais m'en détacher. Depuis le premier jour, ce regard balancé m'avait faite succombée, avait fait chavirer mon coeur comme jamais. IL était tout ce que je voulais, tout ce que j'attendais de la vie, simplement lui. Durant ce temps écoulé, je n'avais pu que comprendre à quel points mes sentiments était déjà incontournable, attendant un point de non-retour ... Tout ce que je voulais, le seul que je voulais, lui et pas un autre, lui tout simplement. Johan Stern.
Ce néerlandais à l'accent prononcé que je trouvais pourtant si unique, si adorable, ne me lassant pas de cette douce voix que j'avais appris à entendre quotidiennement, à écouter attentivement à la moindre parole. Une gentillesse à toutes épreuve, un botaniste passionné de recherches, un homme fascinant, si fascinant que l'on aimerait en savoir toujours davantage mais il était si secret ... Tellement secret que le cerner était d'une extrême difficulté. Il était en quelque sorte un défi à lui seul. Secrètement il était mon doux Johan, même s'il n'était pas à moi et qu'il ne serait peut-être jamais. Mais pourquoi ne pas tenter ma chance ? Pourquoi ne pas lui avouer avant de disparaître si cela lui inspire une gêne ? Je me décidai enfin tandis que je fixais ce livre regorgeant de significations, de la plus importante à cet instant, celle du quartz rose. Ainsi, je me levais pour saisir ces écrits, les ouvrant à la page voulu. Décidée ... Et s'il ne voulait pas de moi, s'il ne ressentait rien, je partirais, pour disparaître de sa vie, simplement ... Enfin "simplement" n'était clairement pas le mot à employer puisque cette épreuve serait une des pires de ma vie, même probablement comparable à la perte de ma mère, c'était dire à quel point je pouvais tenir à cet homme.
Voilà, le moment était venu, d'un pas mal assuré, je m'avançais vers lui pour cette révélation qui figurait en lettres capitales sur cette matière lisse qu'était le papier, cette encre indélébile, cette signification qui ne changerait jamais, tout comme mes sentiments pour lui, gravés au plus profond de mon être. Avouant mon piètre mensonge, enfin, cette fois, pour une fois, j'eus la force de lui faire part de mon ressenti ... Sans doute une seule fois avant de quitter définitivement sa vie. Certainement n'étais-je qu'une femme parmi tant d'autres à avoir croisé son chemin ? Certainement n'étais-je qu'une apparition dans sa vie ? Cette raison ... Parce qu'il ne ressentait rien ... Cette raison suffisant à former une boule dans ma gorge, mes yeux brûlant de ces larmes retenues, beaucoup trop retenues. Mon dieu ce regard balancé, si fascinant, si envoutant ... Ce sourire qui me hantait lorsque je me permettais de clore mes paupières ... Ce visage si doux, si bienveillant, si beau ... Parce qu'il ne ressentait rien ... Une phrase que j'aurais sans doute pu compléter par un "Et moi je t'aime ... Depuis le premier jour ...". Oui depuis cet instant même où il m'avait abordée sur le campus, s'inquiétant de mon état de tristesse prononcé, marqué de larmes et de détresse. Et en l'affaire de quelques secondes, il avait tout balayé de son regard, de son sourire, de son visage, de sa douce voix, de sa façon d'être, de sa simplicité ... Tant de choses qui faisaient qu'il était lui et pas un autre. Et si je devais partir définitivement, il me suffirait simplement de clore mes paupières pour revoir son visage et tout ce que j'aimais ... Dieu ce que ce serait difficile si c'était le cas ... Trop insupportable ... Les larmes montaient, menaçant de plus en plus ... Je l'aimais ... Si fort ... Tellement ...
Les larmes finirent par gagner alors que je fouillais nerveusement dans mon sac pour trouver ce trousseau de clés qu’il m’avait confié. Dans l’optique de lui rendre, je me plaçais devant lui, tendant ma main tremblante pour lui remettre le bien, geste qui sonnait comme un adieu. Mes mots se perdaient dans mes sanglots incontrôlables. J’aurais voulu ne pas afficher ma tristesse, j’aurais voulu lui épargner mes larmes, mais c’était tout bonnement impossible. Je tenais déjà tant à lui, persuadée qu’il était déjà mon tout, plus indispensable que l’était l’oxygène. Je savais que dès lors où je quitterais cet appartement, sa présence, à tout jamais, mon cœur éclaterait en mille morceaux. Je ne comprenais pas son silence, je ne savais pas … Incapable de prononcer des adieux, je me contentais d’un au revoir, même s’il serait définitif. Je commençais à me sentir vraiment mal, très mal, c’était à peine si ma main tendue supportait encore cet objet pourtant si léger. Baissant les yeux pour ne plus affronter ce regard balancé, je la vis … Cette petite pierre que je lui avais offerte le premier jour, copie parfaite de l’image qui illustrait les explications du livre. Elle était posée sur celle-ci, comme une symbiose parfaite. Il savait, il avait compris. Comme s’il ne battait pas encore assez, mon cœur décida d’accélérer encore un peu plus. Fermant un instant les yeux, je tentais de calmer mes larmes, inutilement, vainement. Puis un mouvement que je suivais du coin de l’œil … Il referma le livre, en caressant la reliure du doigt avant de le poser.
Lorsqu’il se leva, se retrouvant relativement proche de moi, mes larmes cessèrent et mes joues prirent cette teinte rosée habituelle. Je n’avais qu’une seule envie, me blottir contre lui, ne plus partir, être dans ses bras … Mon cœur s’affola encore un peu plus, il allait finir par exploser à ce rythme … Lorsqu’avec douceur sa main se posa sur la mienne, la forçant à se refermer sur le trousseau, je levais mon regard vers son visage, troublée, dans une totale incompréhension. J’eus soudainement honte de lui exposer mon visage humide de larmes mais je ne pus détacher mes yeux de son regard à la lueur nouvelle, de son sourire, sourire sincère qui était réapparu sur ce doux visage. Ce fut avec tendresse qu’il porta sa main sur mon visage pour y sécher cette eau salée qui marquait mes traits, j’avais presque envie de fermer les yeux un instant et de me laisser aller à cette douce caresse, mais son regard était si fascinant que je ne pouvais m’en détacher. Il dégagea définitivement mon visage en replaçant mes mèches derrière mon oreille. Son sourire si radieux me faisait fondre, me faisant rougir de plus belle tandis que je finis par moi aussi esquisser un sourire un peu enfantin pendu aux lèvres. Et cette lueur dans ces yeux, quelle était-elle ? En fait, je le savais … Mais je ne pouvais tout simplement pas y croire, c’était beaucoup trop beau pour être réalité. Cette lueur j’en étais certaine, reflétait celle de mon regard, cette lueur tout simplement allumée par cet amour que j’éprouvais pour lui. Un amour réciproque ? Etait-ce possible ? Il semblait bien mais je laissais mon bonheur en suspens, attendant en confirmation de sa part qui pourtant était explicite par ses gestes tendres, son regard, son sourire. Un frisson me parcourut lorsqu’il avoua lui aussi avoir menti. Je restais plantée là, attendant la suite. Sur quoi m’avait-il menti ?
Ses yeux changèrent soudainement de couleur, signe qu’il se servait de son pouvoir et instinctivement, je baissais les yeux vers ses mains, celles-ci jointes en un calice, découvrant en suite de petites fleurs blanches parfaites. Mon cœur fit un bond. Des hortensias blancs … Elle était là ma confirmation, sous mes yeux. Le symbole d’amour naissant, ce symbole qui tourmentait mon cœur depuis le premier jour … Je les contemplais un instant, souriant plus largement à la vue de ces petits trésors blancs. Je relevais les yeux lorsque, comme le professeur qu’il était, lança des explications sur cette fleur si particulière. J’aimais quand il faisait cela, quand il me faisait partager ses connaissances. Il s’interrompit pour saisir l’une des fleurs et la placer dans mes cheveux. Je détournais un instant le regard, rougissante, toujours un peu plus, avant de me reporter sur ses yeux comme si j’étais attirée irrémédiablement vers eux. Je pris une moue un peu innocente, l’air amusé. Bien sûr que je le savais, depuis le début, j’en connaissais la signification. Je repensais au spitch que j’avais fait à Sasha là-dessus, la pauvre avait dû supporter mes états d’âme depuis ma rencontre avec Johan, cet homme qui semblait beaucoup trop parfait pour moi.
Une nouvelle fois, cette teinte grise repassa dans son regard et une nouvelle fois, je me concentrais sur ses divines mains, si fines, me donnant envie d’y entrelacer mes doigts. Le résultat était juste spectaculaire, les petites fleurs immaculées étant désormais doté d’un cœur bleu, un bleu qui me rappelait étrangement la couleur de mes yeux. J’en restais bouche bée avant de lui adresser un sourire, radieux cette fois, comme le sien. Mon cœur s’agitait joyeusement, toute tristesse s’étant dissipée comme neige au soleil, jusqu’à ce qu’il loupe un battement, lorsqu’il prononça ces trois petits mots que je n’avais osé dire, ces trois petits mots que j’avais parfois lâcher sans les prononcer, ces trois petits mots qui eurent pour effet de réchauffer mon cœur, le faisant exploser de joie. Je devais certainement sourire béatement, mais j’étais si heureuse que je ne pouvais m’en empêcher. J’imaginais bien les couleurs qu’avaient prises mes joues à cet instant, cet effet qu’il me faisait continuellement. Il m’aimait … Tout comme moi je l’aimais également … Sa main vint apporter un peu de fraicheur sur ma joue et je soutenais son regard intense, emplis d’amour. J’en restais sans voix et il poursuivit m’avouant que cet amour était né lui aussi dès le premier regard, tout comme moi, il ne s’en était tout simplement pas rendu compte plus tôt. Etrange, mais apparemment d’après ma meilleure amie, c’était typique chez les hommes …
Il s’approcha un peu plus, ne laissant qu’une très courte distance entre nous, c’était comme si je pouvais entendre son cœur battre, même s’il s’agissait clairement du mien qui tambourinait de plus belle. Mon océan contemplait cette balance de couleurs magnifiques et fascinante, océan marqué d’un regard énamouré, émerveillé. Mon souffle était presque court sous cette soudaine « tension » entre nous. Juste cette envie d’approcher mes lèvres des siennes, de savoir ce que cela faisait d’embrasser l’homme que j’aimais. Mais encore bien trop timide pour en prendre l’initiative. Un nouveau frisson parcourut mon échine lorsque sa main vint se placer derrière ma nuque. Je me mordis la lèvre devant ce sourire … Une phrase laissée en suspens pour me demander la permission, un petit hochement de tête pour ma part, je souris doucement lorsqu’il approcha ses lèvres des miennes. Le feu me monta aux joues, mon cœur ne me laissait plus aucun répit, je pris l’initiative de franchir avec lui cette distance qui nous séparait jusqu’à ce que mes lèvres rencontrèrent les siennes, se scellant dans un doux baiser. Je fermais les yeux pour apprécier l’instant, ce premier baiser que l’on échangeait, le premier de toute ma vie pour ma part, c’était si doux, si agréable. Lentement, je levais une main encore tremblante sur sa joue, osant la caresser de mon pouce.
Juste un rêve éveillé, tout simplement … Ma main glissa sur sa nuque à son tour et je me permis d’appuyer un peu plus ce baiser si délicieux, sentant le gout sucré de ses lèvres. Malheureusement, il fallut bien rompre le contact à un moment puisque l’air commençait à manquer. Malgré le fait que nos lèvres se décollèrent, je ne pus me résoudre à m’éloigner de son visage, ni de retirer ma main sur sa nuque que je caressais presque instinctivement. Je me reculais juste assez pour pouvoir plonger mon regard dans le sien, certainement aussi rouge qu’une pivoine à l’heure actuelle, un sourire timide flottant sur mes lèvres. Désormais, il n’était pas que mon Johan dans mes rêves, il l’était en réalité. J’avais l’impression d’être l’une de ces princesses dans les contes qui rencontraient leur prince charmant, celui qui venait la sauver d’un profond sommeil. Et bien c’était comme si Johan venait de réveiller quelque chose en moi, un bonheur inespéré. Le moment restait en suspens, nos lèvres si proches, je remontais ma main dans ses cheveux, geste que j’avais eu envie de faire de nombreuses fois, et de nouveau, après un court instant d’hésitation, je scellais de nouveau mes lèvres aux siennes, le ressentant déjà comme un besoin, une addiction, je lui rendis tout simplement le baiser qu’il m’avait donné. Lorsque celui-prit fin, me laissant plus souriante que jamais, je pris enfin le courage pour me déclarer de façon plus explicite.
« Depuis le premier jour … Je … je t’aime depuis le premier jour … Depuis que tu as posé les yeux sur moi … Je n’ai pas eu le courage de te le dire … J’avais trop peur … que tu ne veuilles pas de moi. » Mes yeux s’emplirent de larmes mais cette fois-ci, elle ne reflétait aucunement le chagrin mais plutôt l’émotion. Gênée, je souris, un peu confus tout en me reculant un peu, enlevant ma main de son cou pour sécher cette larme intruse. « Pardon … Je suis juste un peu … émue … Je ... Je n'y croyais tout simplement plus ... »
J’expirais doucement pour calmer ces émotions qui me submergeaient : amour, joie, soulagement, émerveillement, … Et bien plus encore. L’euphorie de savoir que cet homme si beau, si parfait, si adorable, avait des sentiments pour moi … Moi, Elena, cette femme aux allures enfantines, si transparentes aux yeux des autres habituellement, trop timide pour exposer ce qu’elle ressent et pourtant, cet homme avait réussi à me faire dépasser cette timidité, juste assez pour lui présenter ce livre sous les yeux au moment où tout semblait perdu, juste assez pour lui rendre ce baiser si tendre, juste assez pour enfin dire ces mots à voix haute. Je l’aimais si fort déjà, tellement … Cet amour me poussa encore un peu plus, guidant presque mes gestes tandis que mes bras enlacèrent sa taille et que ma tête vint reposer sur son cœur pour écouter sereinement les battements de celui-ci. Sereinement oui, loin de tout ce stress qui était à son paroxysme encore quelques minutes auparavant. Comme si ce n’était pas une évidence, je repris la parole.
« Tu veux bien … me serrer dans tes bras … s’il te plait … » J’attendais ceci depuis tellement longtemps, espérant chaque jour que tout ceci se produise, et je m’en voulais maintenant presque d’être aussi hésitante. Ce besoin de douceur, d’amour et de tendresse que je refoulais depuis notre rencontre, je le laissais se déverser, me poussant certainement à des requêtes un peu idiotes. Tout contre lui, je souris. « Et … ces fleurs que tu as créées, elles sont magnifiques … » Sans me détacher de lui, je finis par relever la tête, en manque de contact visuel, pouvant enfin exprimer toutes ces pensées qui tourbillonnaient dans ma tête. « Magnifiques … Comme toi … »
Puis je me souviens d'une chose, d'une chose si chère à mon coeur, je m'éloignais un instant de lui pour retrouver mon sac posé non loin de là, j'y rangeais le trousseau de clés, il ne me quitterait plus désormais ... Je fouillais un instant, attrapant un objet que je gardais entre mes mains comme un mystère et revient vers mon bien aimé, en souriant, le rose perdurant sur mes joues. De ma main libre, je pris l'une des siennes et me mit à réciter comme une leçon.
"Rose pour témoigner son amour et son attachement à une personne ... Bleu pour montrer un caprice ... Blanc pour avouer un premier amour ou un amour naissant ..." Je levais enfin cet objet mystérieux prit dans mon sac et Johan pouvait y voir une petite fiole de verre bouchonnée. Cette fiole contenait quelque chose de très important ... Quelques petites fleurs blanches, provenant de la pousse d'hortensia qu'il m'avait offert le premier jour ... Et depuis ce jour, je tentais de développer un peu mes dons pour les plantes, simplement pour maintenant ces quelques fleurs en vie ... Eternellement ... Hors de question pour moi qu'elles ne se fanent ... Elles ne me quittaient jamais ...
"Je ... je ne suis pas douée comme toi pour les plantes ... Comme tu le sais, j'ai une affinité avec les minéraux, mais je ne pouvais pas rester à rien faire tandis que ce cadeau que tu m'avais fait se faner un peu plus de jour en jour ... Je n'ai pas réussi à sauver toute la pousse, c'est tout ce qu'il me reste, mais je parviens maintenant à exercer un peu de mon pouvoir sur les fleurs ... Je les maintiens en vie ..."
Lâchant sa main, je m'abaissais pour y ramasser quelques fleurs au coeur bleutée, enlevant le petit bouchon de liège de la fiole pour y glisser quelques petites fleurs. Me relevant, je contemplais cet objet si banal, mais pourtant si précieux à mes yeux avant de lever les yeux vers Johan, clignant des yeux avant de m'adresser de nouveau à lui.
"Tu as gardé mon quartz rose ... J'ai gardé tes hortensias ..." Je m'approchais de lui, un peu hésitante pour de nouveau poser mes lèvres sur les siennes et dans un élan de sincérité, lui avouant ce que je pensais depuis le premier jour. "Je ne pourrais jamais assez remercier cette île de t'avoir fait entrer dans ma vie ... Je t'aime tant ..." Mon coeur continuait à battre à un rythme effréné de par notre proximité que j'aimais déjà tant, dont je ne pourrais déjà plus me passer ... A cet instant, j'aurais tant aimé que ma mère me voie, elle aurait tant aimé Johan ... Johan Stern ... Cet homme qui changerait tout simplement ma vie ...
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Sujet: Re: Depuis le premier jour ... (PV Johan N. Stern ♥) Mer 30 Mar 2016 - 19:19
Après un long et épuisant mois de déni, enfin, Johan eut le courage de se confronter aux hurlements étouffés de son cœur morcelé. Enfin, après un long mois à faire semblant de ne pas voir, à faire semblant de ne pas sentir, à taire cet organe palpitant qui détenait les réponses à toutes ses questions nocturnes et lancinantes, à se plonger à corps perdu dans le travail, à s’ignorer, tout simplement, enfin, après tout ce temps, il avait découvert à quel point il pouvait aimer cette douce femme… Elena. Juste Elena. Et cet amour, loin d’être nouveau, s’était épanoui sur les cendres de son cœur réunis, depuis ce beau jour d’automne, ce jour exceptionnel où il avait fait sa connaissance. Depuis cet instant de plénitude où, l’espace d’un instant infini, il s’était serré à la vue de ce bleu si profond, si magnifique, ce bleu où, désormais, il ne voulait plus que s’y noyer, depuis cet instant, son amour n’avait fait que grandir. Encore, encore et encore… Sans même qu’il n’en prenne connaissance. Sans même qu’il puisse faire quelque chose pour l’en empêcher. Trop tard, bien trop tard. Ce doux poison avait déjà fait son œuvre bien avant qu’il ne s’avoue que, enfin, il était prêt à reprendre contact avec la réalité, avec la « vraie » vie. Pour elle, pour eux, il s’autoriserait de nouveau à faire entrer quelqu’un dans son existence. Parce qu’il lui était impossible de refuser ce simple souhait à son assistante qui était devenu tellement plus pour lui. Parce qu’il lui était impossible de la voir quitter cette pièce sans en avoir le cœur éclaté en un millier d’échardes. Un puzzle qui ne se reformerait plus jamais.
Les mains emplies de petites fleurs blanches, il avait vu ce visage mouillé passer de la plus profonde tristesse à l’incompréhension. Puis, enfin, un sourire se fit apercevoir, un sourire d’enfance qui, plus les minutes passaient, plus ses mots, qui le démangeaient, sortaient de sa gorge, se faisait large et radieux. Invariablement, il s’accompagna du retour du rouge sur ses joues. Cette couleur qui lui allait si joliment au teint, cette couleur qu’il ne se lasserait jamais de faire apparaitre, juste pour le plaisir des yeux. Refermant le calice de ses mains, concentrant une seconde fois son pouvoir, il dota les petits trésors blancs de la nature d’un cœur nouveau et exotique. D’un cœur inédit qui, plus jamais, ne changerait, un cœur bleu…Bleu impossible, comme ce regard qui hantait ses paupières closes, qui hantait la noirceur de ses rêves sans sommeil depuis des jours et des jours. Le cœur à cent à l’heure, le visage serein et le sourire si radieux, il laissa s’échapper ces trois petits morts doux qui lui brulaient les lèvres. « Je t’aime ». Quelle plus belle déclaration que celle qui provient du cœur ? Que celle qui a mis tant de temps à s’imposer ? Que celle qui se voulait vraie, si éclatante de vérité ?
Simplement, Johan ne faisait qu’énonçait ces paroles que son propre cœur n’avait cessé de hurler vainement, là, tout blottit sous le voile épais de sa raison. Mais il n’était plus question de déni. Il n’était plus question de conflit intérieur. Maintenant, il savait. Maintenant, il ressentait. Maintenant, il acceptait cette femme superbe comme partie de sa vie. Parce qu’il l’aimait. Et il l’aimait, parce qu’elle était-elle. Elle et pas une autre. Pour toutes ces petites manies, pour chacune de ces petites habitudes, chacun des traits de cette personnalité douce et fascinante. Pour chaque chose qu’il avait appris à découvrir au fil des jours, chaque de ces choses qui avait fait gonfler son cœur, il l’aimait. Rien n’était plus sûr en cet instant.
Un pas de plus… Sa déclaration finie, il ne lui restait plus qu’à la conclure de la plus douce des façons. Obsédante, depuis qu’il s’était rendu compte des sentiments hantant son cœur, une envie ne souhaitait plus qu’à s’imposer à la réalité : ressentir le goût de ces lèvres rosées, pouvoir enfin sceller en un baiser le début de leur relation. Il pouvait le sentir, il pouvait le voir dans l’océan de ce regard enamouré. Elle aussi… Elle aussi. Ce moment étrange de flottement où chacun semblait déceler les pensées de l’autre puisqu’elles étaient les semblables aux siennes. Ce moment court et pourtant étrangement long où chacun n’attendait plus qu’une seule et unique chose. Leur envie de ressentir le souffle de l’autre était presque palpable. Cette main qu’il avait utilisée pour effacer ces larmes, pour replacer ses cheveux, il la fit glisser lentement sur sa nuque. Tous deux savaient où ce simple geste les emmènerait. Et tous deux ne semblaient plus attendre que ça. Une phrase laissée en suspend, il ne pouvait juste lui voler la douceur de ses lèvres. Il attendit cette confirmation, ce hochement de tête qui réchauffa son cœur. C’est alors que lentement, les paupières mi-closes, il approcha son visage du sien, sentant du bout de son pouce resté sur sa joue ce feu rougeoyant qui s’emparait de sa tendre amie. Toujours cette timidité. Cette timidité qui l’avait fait fondre. Cette timidité que pourtant, elle combattit, écourtant de son propre chef cette distance si ridicule. Osant enfin s’avancer pour pouvoir gouter à ce baiser qui les faisait languir tous deux. Douceur. Johan ferma complètement les yeux, pour mieux savourer cet instant, pour mieux savourer ces sensations agréable qui le parcourait. Un frisson lui parcourt l’échine alors que le bout de ses doigts en contact avec sa peau délicate lui semblait devenu piquant. Si…agréable. C’était comme si un petit soleil venait de naître dans sa poitrine, apportant chaleur et réconfort, diffusant ses bienfaits à ses membres auparavant glacé, à son ventre se tordant d’un millier de papillons en cage, à son cœur auparavant en sursis. Son cœur à nouveau battant. Son cœur qui battait pour elle. Il sentit la caresse incertaine de sa main rejoindre sa joue, répandre sa soie rosée sur lui, colorant presque imperceptiblement sa peau. Puis, elle quitta son visage pour rejoindre sa nuque, laissant derrière elle une légère trainée d’étincelles. Comme il l’avait pressentit sans se l’avouer, ses lèvres avaient le goût de la douceur sucrée qui s’accordait si bien avec sa fragrance de fruit et de fleur. Celle qu’il avait perçue depuis ce premier jour. Pourrait-il seulement se passer de cette saveur maintenant qu’il y avait gouté ? Sa dernière chance… Savait-elle à quel point elle venait de changer sa vie ? Savait-elle que désormais, elle détenait dans ses mains fines de quoi autant le rendre heureux que de le détruire ? Peut-être que oui. Peut-être que non. C’était un pari risqué. En refermant sa main autour de ce trousseau de clef, c’était un peu comme si il lui avait confié celle de son cœur. A jamais. Une toute dernière fois, il allait espérer pour l’avenir. Il allait croire à ce bonheur habillé de cette robe de vapeur pastel. Une toute petite fois. Un dernier espoir, aussi ténu qu’une soie d’araignée.
N’y avait-il pas droit, après toutes ses années ? Juste un peu. Alors qu’il sentait petit à petit ses poumons perdaient de leur oxygène, il formula un souhait pour l’avenir, un souhait silencieux et si lourd de conséquence. Un souhait, ou plutôt, une supplique, lancée au hasard comme l’on lance un message à la mer déchaînée. Que jamais rien ne le sépare d’elle. Lourd, si lourd, surtout pour cet embryon de relation qui venait à peine de naître, aussi décida-t-il de ne pas part à sa bienaimée. C’était presque comme une promesse entre lui et l’univers, entre lui et son propre cœur. Doucement, leurs lèvres se décollèrent, sans pour autant s’éloigner. Chacun rendant le sourire radieux de l’autre, chacun plongé dans le regard de l’autre. Ô, il se noierait volontiers dans ce bleu profond. D’ailleurs, n’était-ce pas ce qui tenta de faire, en déposant avec délicatesse son front sur le sien, regrettant un instant de ne pouvoir s’enfoncer plus loin dans cet océan de promesse. Nul mot n’était nécessaire en cet instant, c’était l’évidence même. Ils s’aimaient, tout simplement. Et c’est avec la joie dansant sur ses lèvres qu’il accueillit les siennes une nouvelle fois. Avait-il besoin d’autre chose que de la caresse de sa main dans ses cheveux ? Que du contact sucré de sa personne ? Non… En cet instant de plénitude, il n’avait pas besoin d’autre chose. Et c’est avec regret qu’ils durent se séparer une seconde fois. Mais cette épreuve lui fut largement récompensée lorsque sa tendre amie dépassa sa timidité si maladive pour oser se déclarer à lui. Depuis le premier jour. Fallait-il qu’une douce folie de s’empare d’eux pour tomber sous le charme de l’autre d’un regard ? Sans même en savoir plus, juste de l’instinct, ou du destin. Pour toujours, l’Automne serait sa saison préférée. Pourtant, celui-ci avait fait place à l’hiver, et depuis tout ce temps, c’était à cause de l’appréhension, à cause de la peur, qu’elle avait retenu ses mots au fond de son cœur, à la faire souffrir, à n’en pas douter. Avec douceur, dans le souffle de sa voix, il lui confirma ce que son cœur lui avait susurré.
« Je sais… Je sais. » Chacune de ses petites attentions avaient été gravé au fer rouge sur lui. « Pardon d’avoir été si aveugle. »
Quand ses yeux embuèrent une nouvelle fois de larmes, l’émotion les faisant naitre invariablement, elle se détacha de lui, pour les sécher du bout de ses doigts de poupée. Le néerlandais sentit comme une fine aiguille percer sa poitrine. Tout ce temps… Tout ce temps à essayer de le lui faire comprendre. Et lui, tout ce temps à essayer de se voiler la face, à essayer de faire taire ses propres sentiments, sans réussir à les étouffer, sans réussir à empêcher leur croissance. S’il s’en voulait ? Un peu, tout en sachant pertinemment que si elle s’était déclarée bien avant que le poison ne s’amplifie dans ses veines, il se serait sans doute enfuit. Avant qu’elle ne s’attache, avant qu’ils ne s’attachent, refusant le bonheur auquel il ne pensait pas avoir droit. La différence maintenant ? Le temps, simplement. Trop tard, bien trop tard… Il s’était attaché à elle sans même s’en rendre compte. Mais, au vue des battements incessant et euphorique de son être, il ne regrettait en rien son choix. Ce choix si facile. Le choix de la vie. Avec elle. Pour elle. Si cette belle américaine avait pu trouver le courage de se dépasser pour lui, peut-être que lui aussi le pourrait ? Avancer. Pour elle. Avec Elle. A cause d’Elle. Elle et juste Elle. Il la laissa calmer les soubresauts de son cœur euphorique, lui-même perclus des mêmes sensations. Il en profita pour refermer ses mains autour des pétales de blanc et de bleu, les faisant disparaitre aussi simplement qu’ils étaient apparus. Cela n’enlevait en rien la profondeur de ses sentiments. Certains avaient eu l’opportunité de rejoindre le sol, il ne s’en formalisa pas. Amour, joie, sérénité, le tout agrémenté de ce cœur battant si fort sans pour autant lui faire mal. Non, juste des doux battements de bonheur. Il lui semblait déjà loin le temps de la souffrance et de la détresse. De l’incompréhension et de l’interrogation. Et pourtant, ce temps ne datait que de quelques minutes.
Le plus naturellement du monde, même s’il savait que cela demandait un effort considérable à Elena pour s’avancer de la sorte, elle vint enlacer sa taille, posant sa tête à l’emplacement de cœur, sans doute pour mieux écouter les battements effrénés de celui-ci. Une requête étrange. Comme si lui-même ne crevait pas déjà d’envie de refermer ses bras autour de sa personne. Il sourit, amusé par cette retenue dont elle faisait preuve, avant de l’imiter, déposant ses membres sur sa taille fine, l’amenant juste à ce qu’ils se serrent l’un contre l’autre. D’instinct, il se mit à caresser tendrement son dos alors qu’il déposa l’effleurement de ses lèvres sur le sommet de son front. Elle reprit alors la parole, le complimentant sur ces fleurs qu’il avait créées spécialement pour elle. Variété unique au nom encore inconnu, ayant vu le jour uniquement pour symboliser l’obsession d’un homme envers les yeux d’une femme. Pour lui, il n’avait rien fait de spécial. La magie était si naturelle dans son existence. Ce n’était ni la première ni la dernière fois que de doux pétales s’épanouissant entre ses doigts, provenant du néant de sa peau. Juste…Il ne se serait pas cru capable d’en changer la teinte, pas aussi parfaitement, pas de façon aussi profonde. Mais n’avait-il pas remarqué le développement de son don, dernièrement ? Si, bien sûr que si. S’il y avait une explication rationnelle, elle devait être là. L’autre étant l’envie de voir l’émerveillement s’allumer sur son visage à elle. Ce visage qu’elle releva pour continuer ses propos. Magnifique comme lui…cependant, ce n’était pas à son image qu’il les avait voulues. Un léger rose. Il n’était pas un grand habitué des compliments, encore moins sur son physique. Lui qui ne faisait rien de particulier pour se rendre attractif auprès des femmes. IL en voulait comme preuve sa coiffure si peu travaillée et son pull informe, certes confortable, mais depuis longtemps hors des standards de la mode. Et pourtant…Elle s’en semblait s’en ficher. Son regard accroché au sien, sa main revenant se poser sur sa joue, il lui répondit.
« Et pourtant…C’est à ton image qu’elles sont. »
Enigmatique, elle fit par rompre cette douce étreinte pour rejoindre son sac à main posé non loin. Et pourtant, il était déjà trop loin. Silencieux, le botaniste contemplait sa silhouette gracile, constatant avec allégresse qu’elle rangeait les clefs de son appartement. Elle ne comptait plus les lui rendre. Plus jamais, espéra-t-il. Elle s’empara également d’un autre objet, qu’elle garda cachée entre ses doigts, avant de revenir lui faire face. Sa main vint rejoindre la sienne qu’il lui offrit avec joie et doucement, elle récita cette leçon qu’il connaissait par cœur pour avoir littéralement été élevé dedans. Cela pouvait paraitre étrange et désuet, mais la parole des fleurs était comme un second langage comme lui. Un langage qu’il utilisait peu, faute d’interlocuteur avec qui le partager. Était-ce seulement encore « à la mode » d’offrir des fleurs ? De s’exprimer à travers elles ? Le néerlandais ne le savait guère. Un peu trop coupé de la modernité, n’avait-il pas essentiellement été élevé par une personne âgée ? Dans son cœur, oui. En temps réel, pas vraiment.
Ce n’était peut-être que des fleurs, que des couleurs, que des significations fabriquées par des êtres en manque d’amour, mais pour lui, mais pour elle, mais pour eux, cela signifiait tellement plus. Ça lui faisait tellement plaisir de voir qu’elle pouvait user de ce même langage, même si, à cause de ça, elle en avait souffert plus que de raison. Si bien que, quand elle dévoila cette petite fiole cristalline, mais également son contenu immaculé à son regard, il en fut immédiatement touché. De petites fleurs blanches, identiques à celle qu’il avait fait apparaitre juste un peu plus tôt, peut-être juste un peu fatiguées. Les mots de l’étudiante virent confirmer son hypothèse. Ces gracieux pétales provenaient de cette pousse d’Automne qu’il lui avait offerte. Tout ce qu’il en restait…c’était déjà beaucoup. Lui prouvant à quel point il avait pu hanter ses pensées à elle, tout comme elle avait hanté ses pensées à lui. Une idée émergea, une envie plutôt, qu’il garda pour lui, préférant écouter les mots de sa bienaimée, préférant la contempler s’abaissant pour ramasser quelques fleurs à cœur de bleu, les enfermer à leur tour dans le piège de cristal. Preuves d’Amour. Elle souhaitait juste les garder auprès d’elle, le plus longtemps possible, ne supportant pas les affres du temps. Tout comme lui avait gardé ce minéral rosé, celui qui s’emboitait si bien dans cette encyclopédie. Si touchant, chacun n’avait pu se détacher du cadeau de l’autre.
Que dire ? Que faire d’autre que de lui sourire, cet air enamouré marquant ses traits ? Il n’avait rien à ajouter, ses gestes étaient la preuve éclatante de ce qu’il pensait, de ce qu’il ressentait. Lorsqu’elle vint poser une nouvelle fois ses lèvres sur les siennes, lui offrant cette douceur qui lui manquait, il passa sa main sur son visage avant de rejoindre sa longue chevelure d’onyx. Pourquoi se mentir ? Il appréciait sans doute plus que de raison le simple effleurement de sa bouche, l’incitant seulement à s’appliquer dans chacune de leur rencontre. Proche, si proche, plus qu’aucune autre personne avait été ces dernières années. Si proche, comme lorsqu’ils rejoignirent les bras l’un de l’autre, il pouvait clairement sentir son cœur battant si vite, synchrone au sien. Le simple fait de sentir sa chaleur le réconfortait. Aussi, quand elle se déclara une fois encore, acceptant enfin cette Île à laquelle elle semblait avoir tant de mal à s’habituer auparavant, il en fit de même, en ressentant comme un besoin.
« Je t’aime. Je savais que je parviendrais à te faire aimer cet endroit »
Un vœu secret qu’il avait formulé, ce temps où il l’avait aperçu, hurlant silencieusement sa détresse au monde aux travers ses larmes salées et amères. Il en avait fait sa mission, il pouvait dire qu’il avait réussi au-delà de ses espérances. Lui aussi, ne pourrait jamais assez remercier cette Île et ce destin facétieux de l’avoir enlevé à sa seule famille, à sa chère grand-mère. « Oma Stern »… Que dirait-elle en le voyant ainsi ? En le voyant se remettre à vivre ? Que dirait-elle à cette femme qui avait réussi là où elle-même avait échoué ? Réussi à faire redémarrer le cœur de son si cher petit fils ? Quelque part, il le savait sans même à avoir à le lui demander. D’abord, elle accueillerait Elena les bras grands ouverts, la serrant de ses bras affaiblis par l’âge et la remercierait. Puis, elle l’inviterait à entrer, comme n’importe quel membre de sa propre famille, et lui proposerait de rester dîner, de rester pour le thé qu’elle agrémenterait de biscuits de son cru. Mais… Cette douce scène n’arriverait sans doute jamais, puisqu’ils étaient coincés sur cette Île. Johan eut un pincement au cœur en y songeant, mais ne voulut pas laisser ce spleen l’embarquer. Il lui suffisait simplement de contempler la couleur impossible pour l’oublier. Une idée derrière la tête, Il prit ses mains dans les siennes et en caressa doucement le dos avec ses pouces. Puis, il se détacha d’elle, non sans lui subtiliser cette petite fiole auparavant. La tenant délicatement entre ses doigts, il l’amena à la lumière, face à son visage, pour mieux observer les pétales maintenu en vie par magie. Doucement, il lui promit.
« Ça me touche beaucoup que tu les ais gardé, tu sais… » Souriant, Il décala un peu cette fiole cristalline qui lui bloquait la vue de sa tendre amie. « Je ne les laisserais jamais s’éteindre » Tendre promesse sonnant comme une preuve d’éternité. « Je t’apprendrai aussi, si tu veux, seulement si tu me montres comment tu fais avec les minéraux. »
Une seconde chance. Il voulait donner une seconde chance à la maitrise de la pierre. Si elle pouvait faire apparaitre de si doux symbole, si elle pouvait ne pas user de son don pour répandre la souffrance…Peut-être le pourrait-il, lui aussi. Juste une seconde chance… Sans être certain qu’il puisse un jour atteindre son niveau à elle, ce degré de pureté dans sa maitrise. Néanmoins, il se devait d’essayer. Puis, il déboucha la fiole, un doux secret flottant sur ses lèvres. Voyant que les pétales ne pourraient passer le goulot étroit dans l’autre sens, il usa de sa magie, juste d’une pointe, pour faire venir à lui une fleur blanche et une autre à cœur bleuté, il en restait d’autre, loin de lui l’idée de lui enlever tout son joli trésor. Un simple tour ressemblant un peu à de la télékinésie. A peine eurent-elles effleuré sa peau que, directement, elles reprirent une fraicheur éclatante. Ceci fait, il reboucha le récipient et le lui rendit, en profitant pour s’emparer longuement de ses lèvres. Ces douces lèvres dont il ne se lassait guère. Dans un long et doux baiser. Quand ils durent se séparer, il pinça brièvement ses lèvres pour retenir la saveur des siennes et lui demanda doucement.
« Attends-moi ici. »
Et, emportant les deux petits trésors de sa bienaimée, il s’éloigna un peu d’elle pour se rendre dans sa verrière. Oh, pas bien loin, puisqu’il s’agissait du prolongement de son salon, mais également de l’endroit où il avait installé son bureau de travail. Une véritable petite serre, qui lui avait incité à choisir cet appartement plutôt qu’un autre. En plein été, il allait sans aucun doute regretter son choix, les rayons du soleil donnant directement sur ses fenêtres, mais, pour l’instant, il en était pleinement satisfait. Toute cette lumière…C’était parfait pour ses chers végétaux qui proliféraient de manière légèrement anarchique, empiétant largement sur son espace de vie. Même si déjà, le soleil avait bien entamé sa course, descendant pour s’octroyer un repos bien mérité. Le soir tombait, mais ce n’était pas pour ça que Johan s’était aventuré dans la demi-jungle de son laboratoire de fortune. Dans un coin de la pièce, il trouva ce qu’il était venu chercher. Un simple pot de fleur, de taille moyenne. Il ne possédait aucun ornement particulier mais avait au moins un double fond pour empêcher l’eau d’arrosage de s’échapper. Une chance pour lui, il était déjà en partie empli de terre. Pourquoi ? Et ben il s’agissait de l’un des échantillons qu’il avait ramené de la forêt de l’Île, celui qu’il souhaitait analyser pour en comprendre la composition. Pour comprendre ce qui rendait la végétation si particulière ici. Une simple pointe de magie et il en augmenta la quantité, tout en rendant cette terre apte à faire pousser des plantes d’appartement. C’était bien moins compliqué pour lui de procéder ainsi plutôt que de synthétiser de la matière. Il revint alors vers Elena et lui donna le récipient, sans rien ajouter de plus que son large sourire.
Bien en évidence face à elle, il creusa un trou de quelques centimètres à l’aide de ses doigts et y déposa les deux petites fleurs avant de le reboucher. Pour la suite, il allait avoir besoin de canaliser plus de force, aussi tira-t-il son fidèle portemine de sa ceinture. Ses yeux reprirent la teinte de la grisaille, oscillant légèrement vers l’argent. Bien sûr que sa magie s’était amplifiée, même décuplée, mais les vieilles habitudes avaient la vie dure. Dirigeant le flux de magie vers son catalyseur, il le planta simplement dans la terre meuble puis posa ses mains sur celles de son aimée. Directement, une pousse émergea timidement. Puis, elle croît d’une dizaine de centimètre, de scindant en deux branches principales. Des feuilles nombreuses s’épanouirent et, au milieu de tout ce vert, quelques bougeons de fleurs, encore clos. Un minuscule pied d’hortensia. Normalement bien trop petit pour porter des fleurs, pour porter autant de feuilles, mais n’est-ce pas une autre variété généré par sa magie, après tout ? Doucement, une par un, les bougeons s’ouvrirent, révélant un nombre équivalent de pétales blancs et bicolores. Immaculés et à cœur bleuté. Une véritable combinaison des deux petits trésors qu’il avait subtilisés à Elena.
« Comme ça, tu ne manqueras jamais de fleurs. » Il récupéra son portemine et le rangea. Ses yeux repassèrent à sa leur teinte naturelle. Puis, il continua son raisonnement. « Je te l’offre, nomme la comme tu l’entends. Emmène-la chez toi, si tu le souhaites ou…Tu peux la laisser ici aussi.» Secrètement, il préférait qu’elle choisisse la seconde option, comme si elle allait avoir besoin d’une excuse pour revenir à son appartement. Il passa ses doigts sur les fleurs, les effleurant comme l’on s’empare des doigts d’un enfant. C’était un peu le cas. «Je compte sur toi pour en prendre soin, c’est une variété que j’ai rendu sensible à la magie, elle en aura autant besoin que d’eau et de lumière pour survivre. » Il était certain que sa belle américaine en prendrait soin, quitte à développer plus rapidement ses dons avec les plantes. Et puis…Il pourrait l’aider aussi à la maintenir en vie, au cas où elle n’y parviendrait pas. Détachant son regard de la variété neuve pour le reporter vers celui de l’étudiante, il lui sourit. «Je te fais confiance pour lui permettre de s’épanouir. »
C’était un cadeau un peu simple, un peu idiot aussi peut-être, mais il provenait de son cœur. C’était ainsi qu’il s’exprimait le mieux et l’une des nombreuses raisons du pourquoi il se sentait comme en décalage avec l’univers moderne qui l’entourait. Il n’avait pas honte de ce qu’il était, mais il se savait un peu désuet, comme sorti du siècle passé, d’une époque un peu moins compliquée. Une époque où un homme pouvait demander à une femme de l’accompagner chez lui sans aucun sous-entendu d’aucune sorte. Une époque où l’on ne rejette pas l’inconnu en bloc, sans apprendre à le connaitre. Avait-elle seulement déjà existé, cette époque ? Un peu hésitant, pour la première fois de cette fin de journée, il regarda au travers de la verrière. Le soleil menaçait de s’éteindre à chaque instant, l’excuse idéale pour sa demande. Mais serait-ce trop tôt ? Il ne savait pas… Il ne savait pas quels étaient les délais entre chaque évènement important qui rythmaient la vie d’un couple normal, puisqu’il n’avait jamais vraiment été dans un couple ‘normal’.
« Il commence à se faire tard… » Bien que peu sûr de savoir si elle allait accepter, il continua, revenant sur elle. « Si tu veux, tu peux rester ici pour la nuit. »
Était-ce déjà trop tôt ? Allait-elle l’éconduire ou se réfugier derrière le rideau de ses cheveux ? Il espérait que non, mais se plierait également à sa décision. C’est à son rythme qu’ils avanceraient.
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Sujet: Re: Depuis le premier jour ... (PV Johan N. Stern ♥) Dim 3 Avr 2016 - 9:02
Depuis le premier jour ...
Un long mois, j'avais attendu un long mois avant de me déclarer et enfin, j'avais pu entendre ces trois petits mots franchir ses lèvres, enfin je pouvais apercevoir cette lueur d'amour dans son regard, cette impression d'être la plus belle personne de l'univers entier à ses yeux. Car oui, c'était cette impression là qu'il me donnait à l'instant où il posa ses yeux sur moi durant sa déclaration. Joie, bonheur, euphorie, mon coeur avait décidé d'entamer une danse folle et incontrôlable. Son regard était encore plus beau agrémenté de cette émotion nouvelle qu'il reflétait si bien. Enfin, il me regardait comme je le regardais depuis le premier jour, moi qui pensais tout espoir perdu. Ce moment semblait tout simplement intemporel, nos regards plongés l'un dans l'autre, nos coeur battant à l'unisson, s'accordant de façon synchrone et cette envie qui semblait nous brûler tous les deux, l'envie de connaitre le goût de l'autre.
Johan, doux Johan, l'avoir si proche de moi était à la fois perturbant et enivant. Cette douce main posée sur ma joue, les faisant rosir quelque peu, finit par venir se loger sur ma nuque, m'arrachant un frémissement palpable, annonçant ce moment tant attendu, ce moment où enfin nos lèvres allaient tendrement se rencontrer. En parfait gentleman, il demanda la permission, tout simplement. Comment pouvait-il être si parfait ? Il s'assurait de ce que je voulais avant de céder à ses propres envies. Impossible pour moi de lui refuser notre premier baiser et je me permis même d'avancer mon visage vers le sien, beaucoup trop impatiente de provoquer cette promesse de douceur. Ce premier baiser fut tout simplement parfait, à un tel point que j'osais remonter ma main sur sa joue pour ensuite la faire doucement glisser sur sa nuque comme empêcher cet échange de prendre fin. Ce don qu'il avait d'affoler mon coeur s'amplifia par ce contact. J'étais tellement sûre de mes sentiments pour lui, encore plus à cet instant. Je sentais que je n'avais besoin que de lui à partir de ce moment précis. Non je ne m'étais pas trompée, il m'avait en effet voler mon coeur dès le premier ... Et je lui offrais maintenant sans concession.
Le premier baiser dut être rompu pour cause d'un manque d'air flagrant, mais pourtant nous restions proches, j'étais tout simplement incapable de m'éloigner de lui, incapable de détourner mon regard du sien, incapable de lâcher sa nuque. Je fermais les yeux juste l'affaire de quelques secondes lorsque son front se posa délicatement sur le mien, me permettant de contempler plus en profonder cette balance de couleurs que je n'avais pu voir de si près jusqu'à maintenant. Sourire aux lèvres, je n'eus qu'une courte distance à franchir pour goûter de nouveau à ses lèvres, fermant les yeux pour plus de sensations, pour amplifier cette chaleur qui s'emparait de tout mon être, faisant palpiter mon coeur toujours un peu plus. Jamais plus, je ne voudrais m'éloigner de lui. Depuis qu'il avait porté sur moi ce regard énamouré, depuis qu'il avait prononcé ces mots doux, depuis qu'il avait posé ses douces lèvres sur les miennes, j'eus cette confirmation que sa présence était de plus en plus indispensable. Mais comment le lui dire sans qu'il ne prenne peur ? Il valait mieux le garder pour moi pour l'instant. Non pour l'instant, il fallait enfin prononcer ces trois petits mots si chaleureux, si difficile à prononcer lorsque l'on avait pas connaissance des sentiments de l'autre, mais maintenant, maintenant qu'ils avaient franchis ses lèvres, je me dépassais pour les lui offrir à mon tour. Depuis le premier jour, je l'aimais depuis le premier jour et cet amour s'était développé au fil du temps, allant jusqu'à hanter chacune de mes pensées. Je sentis ce besoin de justifier cette déclaration tardive par la peur d'être repoussée, même si cela ne semblait pas tellement nécessaire.
Je souris à ses paroles, à ses excuses qui n'avaient pourtant pas lieu d'être, et ne pus empêcher les larmes de monter, larmes d'émotion, de soulagement, de bonheur. Toute la pression de ce dernier mois s'était évacuée, fondant comme neige au soleil, laissant place à une sérénité sans égal. De toutes les fois où j'avais tenté de me faire remarquer, ce fut mon ultime tentative qui paya, la dernière ... S'il n'avait pas réagi à celle-ci, j'aurais disparu de sa vie, avec une grande souffrance certes. Mais non, cette fois, ma déclaration détournée avait fonctionné, suffisant à l'aider à prendre conscience de ses propres sentiments. La question était : pourquoi avait-il mis autant de temps à s'en rendre compte ? Peut-être était-ce plus facile pour certaines personnes et moins pour d'autres ? Mais je ne lui imposerais bien entendu pas cette question qui resterait donc sans réponse. Le plus important était le moment présent, le plus important était nos sentiments réciproques et cette nouvelle idylle qui venait de naitre entre nous.
J'avais tellement hâte de me confier à ma meilleure amie, d'exploser littéralement de bonheur et de joie devant elle car j'étais malheureusement trop réservée pour le faire devant Johan, il m'avait fallu un temps d'adaptation avec Sasha et la franchise de la jeune femme m'avait aidée à inhiber une grande partie de ma timidité avec elle. J'espérais de tout coeur qu'il en serait de même avec lui, que je puisse être moi-même avec une autre personne sur cette île et surtout avec lui. Mais la nouveauté de notre relation me laissait hésitante, il me faudrait du temps et j'espérais qu'il pourrait le comprendre. Je n'en doutais pas un instant, il était si merveilleux ...
Je dus m'éloigner de lui à contre coeur pour sécher ces larmes salées qui coulaient sur mes joues, m'excusant pour celles-ci. Elles étaient tout simplement incontrolâbles, symboles de bonheur. Mais à peine eurent-elles cessées que je m'avançais timidement vers lui pour l'enlacer, cherchant de nouveau ce contact si doux, si chaleureux. Puis je prononçais de vive voix une requête si évidente, sachant pertinemment qu'il l'aurait réalisée de toute façon. Je me blottis avec plaisir contre lui, profitant de ses bras autour de moi, écoutant avec attention le rythme des battements de son coeur, de ce coeur qui m'appartenait maintenant depuis quelques minutes. Je souris contre lui lorsque je me rendis compte que son coeur dansait aussi joyeusement dans sa poitrine que le mien. Un frisson parcourut mon échine lorsque je sentis cette douce caresse dans mon dos, fermant les yeux au contact de ses lèvres sur mon front, un sourire serein aux lèvres. Je finis par relever la tête vers son visage, son air toujours énamouré contrastant un peu avec ses traits tirés.
Je me rendais bien compte qu'il s'était inquiété pour moi ces derniers jours. Ces cernes étaient-elles dûes à mon comportement de ces derniers jours ? A cette distance que j'avais tenté de mettre entre nous pour protéger au mieux mon coeur de la souffrance d'un éventuel rejet de sa part ? Intérieurement, je me promis de ne plus lui infliger cela, je me promis de toujours faire de mon mieux pour qu'il se sente bien, pour qu'il reste souriant, pour que ses joues soient toujours un peu teinté de ce faible rose qui était apparu sur ses joues lors de notre baiser, car oui, je l'avais remarqué, bien que cette couleur était bien plus discrète que celle qui régnait toujours sur mes joues, apportant une certaine chaleur sur mon visage. Inlassablement, mon regard océan vint trouver le sien, le complimentant sur son don sur la flore, repensant à ce coeur océan qu'il avait ajouté à ce symbole d'amour naissant, à cette petite fleur immaculée la rendant encore plus magnifique ... Oui magnifique comme lui car à mes yeux, il l'était. Je n'oublierais sans doute jamais ce premier jour, ce moment où, mes yeux embués de larmes avaient croisé ce doux visage, aux traits si fins, au sourire si beau. Cette image était tout simplement gravée depuis ce premier jour, réapparaissant régulièrement dans mes songes. Ce bonheur de moi de nouveau ce faible rose réapparaitre sur son visage harmonieux. Ces paroles me valurent la caresse de sa main sur ma joue et cette fois, je ne pus que poser la mienne sur celle-ci pour la garder auprès de moi. Une fois de plus, ses mots sincères me touchèrent, m'arrachant un large sourire et teintant mes joues un peu plus. Encore un instant où le temps semblait s'arrêter, à se contempler calmement.
L'amour était un sentiment si pur, et il était à présent flagrant entre nous. Je découvrais cette nouvelle sensation de mon côté, ne sachant pas ce qu'il en était du sien. Nous n'en avions à vrai dire jamais discuté, certainement car ce n'était pas le genre de sujet que l'on abordait entre un employeur et son assistante, bien que pour moi nous étions devenus amis durant ce mois passé ensemble. Sans doute ma timidité qui avait empêché ma curiosité de s'étendre sur ce domaine ? Certainement.
Je rompis cet instant de sérénité afin de gagner l'endroit où était posé mon sac, y rangeant le trousseau de clés et récupérant un objet des plus précieux pour moi, une petite fiole contenant quelques fleurs de ce premier jour, naquise du pouvoir de Johan. Revenant vers lui, je lui pris doucement la main, récitant le langage des fleurs que je connaissais moi aussi. Et ces petites fleurs immaculées que je lui dévoilais, je les maintenais en vie grâce à mon pouvoir de terre qui se développait, car jamais je ne pourrais me résoudre à les laisser se flétrir, elles étaient un symbole plus que de simples fleurs. Tout comme lui avait gardé cette petite pierre de quartz rose. Et je souhaitais également garder un souvenir de ce moment, de cette journée exceptionnelle. Je m'abaissais afin de recueillir quelques petites fleurs blanches à coeur océan pour les emprisonner avec les autres entre les parois de verre. Puis cette envie de poser de nouveau mes lèvres sur les siennes se fit ressentir et toujours avec une pointe d'hésitation, je cédais à cette envie pour un nouvel apport de douceur et de tendresse avant de lui faire part du fait que j'avais accepté cette île grâce à lui. J'esquissais un nouveau sourire à cette nouvelle déclaration et lui répondit dans la plus grande sincérité.
"J'aimerais tous les endroits du monde tant que tu y es avec moi ..."
Je le laissais s'approprier mes mains, toujours incapable de me détacher de ses pupilles fascinantes, n'ayant besoin de rien de plus et ne cherchai pas à l'empêcher de s'emparer de mon trésor de verre. J'avais confiance en lui, je savais qu'il y ferait attention en sachant l'importance que cette petite fiole pouvait avoir à mes yeux, enfin pas vraiment le récipient mais plutôt le contenu. Une valeur sentimentale tout à fait inestimable. Peut-être un peu déçue qu'il ne s'éloigne, je continuais tout de même à l'observer tandis qu'il examinait la fiole. Dans quel but ? Je ne le savais pas vraiment, mais je restais attentive à ses gestes, ayant toujours un peu de mal à croire que cet homme était désormais le mien. Pour toujours ? Je l'espérais de tout mon coeur. Comme je le pensais, il m'avoua être touchée par mon geste, ce n'était pas pourtant très étonnant pour quelqu'un qui connaissait mon côté romantique. Ces petites fleurs semblaient également lui tenir à coeur au vu de cette promesse que je savais vraie venant de lui. Qu'entendait-il comme "jamais" ? Etait-ce un sous-entendu de sa part quant au fait que lui aussi, il ne voulait plus que l'on se quitte ? Sereine, je lui répondis avec beaucoup plus d'assurance.
"Bien sûr que je peux t'apprendre, je suis même certaine que tu réussiras. On fait ça quand tu le voudras. Et toi ... tu m'apprendras comment faire pour que ces petites fleurs ne s'éteigne ... jamais."
Jamais ... Pourquoi n'osais-je pas ajouter "tout comme notre amour" ? Trop tôt peut-être ? Mais pourtant ce sous-entendu de sa part prouvait qu'il le pensait lui aussi non ? Maintenant que j'avais goûté à cette tendresse dont il était doté, j'étais certaine de ne plus pouvoir m'en passer de toute façon. Je le regardais attentivement débouchonner la fiole et subtiliser une fleur de chaque couleur de façon plutôt étonnante. J'ignorais que nous avions un tel pouvoir. J'eus certainement un regard enfantin en voyant les pétales se raviver au simple contact de ses doigts fins. Puis il me rendit mon trésor, non sans m'accorder un nouveau baiser que je savourais aussi longuement que possible, venant flatter sa joue d'une douce caresse. J'avais l'impression que les miennes avaient gardé leur couleur depuis notre premier baiser. Je le regardais intensément lorsqu'il rompit le contact, hochant de la tête lorsqu'il me demanda de l'attendre. Je le suivis du regard pendant qu'il gagnait sa petite "serre", m'interrogeant sur ce qu'il avait en tête. Je pus me rendre compte que le soleil commençait déjà à se coucher. Déjà ? Oh non, il serait bientôt l'heure de se quitter. Je baissais la tête, mon coeur se serrant un peu à cette idée, passer des heures loin de lui ... Mais il le faudrait bien, ne serait-ce que pour son travail et mes cours ... Et la nuit ... Cela faisait beaucoup trop de temps sans lui ...
Il me tira de mes pensées en revenant et je lui adressais un sourire tout en prenant le pot de fleur qu'il me tendait. J'en examinai le contenu et ne put constater que de la terre, mais dans ses mains étaient toujours logées les deux petites fleurs précieuses et je me doutais enfin de où il venait en venir. Mes pensées furent confirmées rapidement lorsqu'il creusa un petit trou dans la terre pour y déposer les pétales. Mon sourire s'élargit en fixant cette petite étendue de terre qui allait bientôt voir naitre une jolie pousse en son sein. Mon coeur battait étrangement vite, excité à l'idée d'un nouveau spectacle comme celui du premier jour. Puis, ses mains vinrent recouvrir les miennes dans une douce chaleur. Je levais un instant mes pupilles océans pour contempler les siennes qui étaient maintenant d'une couleur grisâtre. Honnêtement, je lui préférais cette balance de couleurs, mais il la retrouverait bientôt. Reportant mon attention sur le pot, une petite pousse avait déjà fait son apparition. Je fixais le phénomène qui, en temps normal, aurait dû prendre plusieurs semaines et me réjouissais de voir enfin apparaitre des petites fleurs, certaines blanches, certaines à coeur océan. C'était divinement beau ...
Sous mes yeux, il venait simplement de créer une pousse inédite d'hortensia, à mon image ... Existait-il plus belle preuve d'amour ? Depuis le premier jour, j'avais fait de lui un idéal, mais en réalité, il l'était encore plus que je ne le pensais. Johan ... Ce simple prénom qui répandait une douce chaleur dans mes pensées et dans tout mon être. Je pus voir ses yeux reprendre leur couleur habituelle, buvant toujours ses paroles de cette douce voix accentuée de ses origines. Il me proposait de l'emmener chez moi ou de la laisser ici, dans son appartement. Mon esprit penchait irrévocablement pour l'une des deux solutions. Je le laissais finir, comprenant qu'il venait de me confier l'un de ses trésors, m'accordant sa confiance pour la maintenir en vie. Souriante, je vins humer le parfum floral, fermant les yeux pour mieux l'apprécier et m'éloigner à mon tour vers la réserve de plantes. Je cherchais une petite place pour cette pousse afin qu'elle puisse bénéficier d'un maximum de lumière et la posa donc à un endroit bien choisi. Je caressais doucement l'une des fleurs à coeur bleutée, touchée par ce cadeau, avant de revenir vers lui, plus heureuse que jamais.
"Je pense qu'elle a trouvé sa place, elle sera bien là non ?" Je repris possession de ses mains, en manque de cet infime contact et continuai. "Je te promets de la soigner chaque jour et de ne jamais la laisser s'éteindre ... Tu me montreras ? Promis ?" Un instant de silence. "Merci pour ce cadeau magnifique ... Je lui ai trouvé un nom ... Que penses-tu de Ocean Heart ?"
Son regard se détourna vers le monde extérieur, constatant lui aussi l'heure tardive. Je déglutis difficilement à l'idée de devoir quitter mon bien aimé alors que nous venions seulement de nous déclarer. J'avais envie de profiter de lui, de rattraper le temps perdu, d'enfin me rassurer dans ses bras. Je tentais de cacher mon air triste derrière un sourire timide lorsqu'il posa les yeux sur moi. Mais je n'eus pas à garder cette tristesse très longtemps, abasourdie par sa demande. La surprise fit rapidement place à un large sourire et un joli rose sur ma peau de porcelaine.
"Vraiment ? Tu ... Tu voudrais que je reste ? Ici avec toi ?"
Rester pour la nuit. Comment dire ? Oui, mille fois oui ? L'euphorie s'empara une nouvelle fois de mon coeur, si heureuse que lui aussi, avait ce souhait de ne pas me quitter ne serait-ce que pour quelques heures. Laissant parler mes envies et mon instant, je vins timidement passer mes bras autour de son cou, remarquant une fois de plus la fatigue qui se lisait dans ses traits, sans doute dans les miens également. D'une voix douce et timide, l'air amoureuse, je répondis à sa demande.
"Oui, je veux rester ... Enfin si tu es sûr que cela ne te dérange pas ..." J'eus simplement un flash, me rendant plus rougissante que jamais, me faisant détourner le regard, sans pour autant m'écarter de cette douce étreinte. "Mais ... Je n'ai pas ... de quoi me changer ..." Embarrassée, je cherchais mes mots, revenant vers son visage. "Tu aurais quelque chose à me prêter pour la nuit ? S'il te plait ..."
Prise d'un accès de tendresse, je vins effleurer ses lèvres des miennes, happant doucement sa lèvre inférieure toujours avec une petite réserve de timidité. "Je me sens bien avec toi ..." Je l'embrassais tendrement, voulant évincer ma timidité maladive pour profiter pleinement du moment. Ayant peur d'être trop étouffante, je finis par m'écarter de lui, jouant nerveusement avec mes mains, mais faisant mon possible pour toujours m'adresser à lui en le regardant dans les yeux.
"Tu as l'air épuisé ... Tu ... Enfin ... On devrait peut-être ... Aller dormir ?"
Dormir dans ses bras ... Blottie contre lui ... Je n'osais formuler ce souhait à voix haute, mais supposais que lui aussi y pensait. Malgré ma naïveté, je savais ce qu'il se passait la plupart du temps entre un homme et une femme amoureux, dans le même lit, mais j'étais certaine que mon bien aimé ne me brusquerait pas de la sorte. Je n'étais de toute façon pas prête à cela, c'était beaucoup trop tôt, beaucoup trop angoissant ... J'avais confiance en lui et étais certaine qu'il n'avait pas ce type de pensées en tête. Juste une envie d'être dans les bras l'un de l'autre, de profiter de la chaleur de l'autre, de la sérénité de la proximité de l'autre ... Juste dormir dans ses bras sécurisants, tout simplement, rien de plus.
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Sujet: Re: Depuis le premier jour ... (PV Johan N. Stern ♥) Lun 22 Aoû 2016 - 23:34
Comme le destin peut parfois se montrer facétieux et farceur. Imprévisible, il avait montré à celui qui pensait son cœur mort en même temps que celui d’une autre une autre voie. Un second chemin, une bifurcation à laquelle il ne pensait pourtant avoir droit, à laquelle il ne pensait aspirer un jour. Face à lui, deux choix, si lourds et pourtant si facile à prendre. Il avait eu le choix entre continuer son existence de faux-semblant, s’engouffrer dans ce faux-bonheur pour tenter d’oublier ce qu’il ne pourrait, pour tenter de se repentir de fautes trop anciennes et pourtant trop présente, et choisir la vie. Une autre vie, tout simplement. Accepter de nouveau quelqu’un à ses côtés. Accepter de nouveau que l’on tienne à lui. Accepter de nouveau de tenir à quelqu’un. Un choix si important, et à la fois si facile... Comment aurait-il pu en être autrement ? Comment aurait-il pu refuser ce doux bonheur qu’elle lui offrait ? Comment aurait-il pu refuser ce cadeau de la fortune ? Ce choix si simple, il sut à l’instant où il posa ses lèvres sur les siennes, il ne le regretterait jamais. Cette douce chaleur, les battements effrénés et joyeux de son cœur, ce regard impossible allumé de cette lueur qu’il ne pensait plus jamais pouvoir contempler. Oui, il ne pourrait jamais regretter ce choix. Et chaque jour qui passerait, il l’assumerait. Chaque jour, il ferait en sorte de ne plus jouer ainsi avec les nerfs de sa gracieuse assistante devenue tellement plus. Pour qu’elle non plus, elle ne regrette son choix.
Malgré tout, Johan ne pouvait changer ce qu’il était, sa nature profonde. Il ne le cachait pas, il n’était pas le plus moderne des hommes et ne le serait sans doute jamais. Non pas qu’il se sentait trop âgé pour changer, plutôt qu’il s’aimait ainsi. Calme et hors du temps. Serein et doux. L’agitation ne lui allait pas, elle ne lui allait plus. Pour avoir testée une autre existence à cent à l’heure pouvant cesser à chaque coin de rue, il savait qu’il préférait largement la sienne. Et maintenant qu’elle serait agrémentée d’une compagnie sucrée, elle ne pourrait en être que meilleure. En un instant, il venait de repenser son avenir. Juste en ce laps de temps si court, tout avait basculé. Et comme pour marquer cette journée de la même manière que celle d’Automne, cette première et inoubliable journée, il décida de créer de toute pièce une variété de fleur. Mais ce ne serait pas n’importe laquelle, bien sûr que non. Il la voulait exceptionnelle, magnifique et parfaite. Que sa naissance soit un ravissement pour celle qui avait volé son cœur. Que son épanouissement fasse naitre la joie et l’euphorie. Marquer de doux pétales la naissance que quelque chose de plus grand qu’eux. Un défi qu’il était certain de réussir, sans même à avoir à y penser. Ses gestes avaient suivi la simple idée qu’il avait eu en apercevant le trésor de sa bienaimée, ainsi piégé dans une fiole de cristal. Un pot de terre, deux ou trois boutons végétaux, un peu de magie, et un hortensia minuscule vit le jour entre leurs mains réunies. A la fois immaculée et bigarrée, la nouvelle espèce avait tout pour être plus que singulière, véritablement précieuse. Ce n’était que de simples fleurs, comme il pouvait en faire naitre par millier s’il le souhaitait, mais pour lui, c’était bien plus que cela. C’était tout simplement lui. Ce qu’il était profondément. Ce qu’il ne pourrait jamais changer. A défaut de toujours pouvoir s’exprimer par des mots, il le faisait souvent par la parole des fleurs. Une langue presque éteinte qu’il lui avait été inculquée par la force de l’habitude. Tellement plus mélodieuse, tellement plus symbolique, tellement plus belle selon lui que l’éloquence. Et ce langage, il le partageait avec Elena, pour son plus grand plaisir. C’est pour cela qu’il se permit ce cadeau désuet, une peu idiot aussi peut-être : car il savait qu’il lui ferait plaisir.
Une nouvelle variété pour symboliser la naissance de leur amour, quoi de plus pur que cela ? Il l’avait voulu à son image en capturant ce bleu profond de ses yeux, c’est pourquoi il souhaita que ce soit elle qui la nomme. Même s’il n’en disait rien, c’était important pour lui. Le néerlandais avait pris cette habitude étrange avec sa grand-mère de donner quelques petites dénominations au règne végétal hantant leur jardin de Maastricht. Une coutume digne d’un enfant, et ridicule de surcroit pour ceux qui ne croient pas en l’existence d’une vie végétale, et pourtant elle lui était importante. Même si c’était quelque chose qu’il gardait pour lui. En confiant cette responsabilité à la belle américaine, il la fit un peu entrer dans un de ses rituels familiaux. Mais elle ne pouvait le savoir. Il la regarda se pencher légèrement pour humer le parfum nouveau, ce parfum fleurit qu’il avait aussi voulu à son image, se demandant une fois encore comment avait-il pu ignorer tous ces signes qu’elle n’avait cessé de lui envoyer depuis ce premier jour. Ne pouvant détacher son regard de sa silhouette gracile, il poursuivit sa contemplation de sa personne. Doucement, comme si le mot brusquerie lui était tout simplement inconnu, elle glissa vers la verrière singulière terminant le salon. Invariablement, le sourire du botaniste s’élargit un peu plus en devinant ses intentions. Ainsi, elle avait choisi la seconde option -celle qu’il préférait- : Elle laisserait ce plant ici, dans son appartement. Même si elle n’avait plus besoin d’aucune excuse pour venir ici, rien que de savoir qu’elle venait d’installer une de ses possessions dans son lieu d’habitation le mettait un peu plus en joie. Au moins un objet lui appartenant resterait ici, même quand elle partira, ne fusse que pour ses cours, ou pour rentrer chez elle. Déjà, il pressentait qu’il passerait de longs moments à contempler cette pousse, à défaut de pouvoir le faire avec la belle américaine. Celle-ci revint enfin vers lui, et il lui offrit avec plaisir le contact de ses mains. C’était déjà si... naturel alors que peu avant elle avait eu la chance de toucher une parcelle de son corps. Ses mots confirmèrent ce qu’il avait compris en la voyant déposer le pot de terre dans sa serre.
« Elle est parfaite là. C’est promis, je te montrerai comment faire. Tu verras, ce n’est pas bien sorcier. » Un doux silence s’installa. Juste quelques secondes, quelques secondes où il la devina pensive. Enfin, elle reprit la parole. ‘ Ocean Heart ‘ .... Il n’aurait pu donner meilleur nom à sa création. Ce nom alliait à la fois le nom de la jolie étudiante et la profondeur de son regard. Il opina du chef avant de répondre. « Ce nom lui va comme un gant. Je ne pense pas que j’aurai pu faire mieux. »
Mais la douce euphorie du moment se devait malheureusement de connaitre une tache sombre. Ar, petit à petit, l’obscurité se faisait de plus en plus palpable Déjà... Déjà, Elena devrait rentrer chez elle. Loin, si loin de lui et pour de trop longue heure. Trop tôt. C’était bien trop tôt. Peut-être un peu égoïstement, Johan voulait juste profiter un peu plus de sa présence à ses côtés. Pouvoir faire ce qu’il n’avait jamais vraiment fait auparavant : passer une soirée normale avec la femme que son cœur avait choisi. Rien d’extraordinaire, rien d’extravagant, ce souhait était des plus simple. Juste pouvoir gouter à une vie normale, à quelques heures loin de tous, juste quelques heures avec elle sans aucune barrière de bureau ou de paperasse entre eux. Il fit donc sa demande, celle de lui proposer de rester à ses côtés pour lui nuit. Il ne savait comment elle pourrait réagir à telle offre. Il la savait timide et réservée, tout comme il savait que ce serait sans doute bien trop tôt. Mais il ne pouvait faire autrement. Il ne pouvait juste la raccompagner comme ça, sans avoir essayé. Si le pas était trop grand à faire pour elle, il comprendrait, non sans une pointe de déception dans le cœur. Un temps, à la vue de ses interrogations, il crut s’être précipité trop vite pour elle. Mais son large sourire, les mots qui en suivirent, eurent tôt fait de le rassurer et d’illuminer son visage également. Heureux. Il était juste heureux de la voir si enthousiaste, de la voir accepter sa folie venue de son désir. Elle passa ses bras autour de son cou, il l’imita en passant les siens autour de sa taille fine. Comme si cela avait toujours été leur place. Ah, comme elle lui paraissait fatigué. Tout comme lui l’était. Il n’était pas le seul à n’avoir pu trouver le sommeil ces derniers jours après tout. Mais même avec ces cernes de lassitude, elle restait la plus belle à ses yeux. C’est alors qu’elle souleva ce qui pourrait paraitre comme un problème de taille, sans véritablement en être un. Ni l’un, ni l’autre n’avait pensé au fait qu’Elena n’ait aucune affaire personnelle avec elle. Aucun vêtement de nuit, aucun soin, pas la moindre couverture ou même une serviette de bain. Sa couleur pivoine et son embarras amusa beaucoup le néerlandais. Comme s’il la laisserait sans rien cette nuit. Il était évident pour lui qu’il lui prêterait volontiers deux ou trois affaires... En attendant patiemment qu’elle amène et laisse les siennes chez lui.
« Bien sûr, ne t’en fait pas pour ça. »
L’appel de ses lèvres, parvenues si proche des siennes qu’il en sentait distinctement son souffle, devint si fort qu’il n’ajouta rien d’autre à part ce tendre baiser. Ce qu’il pouvait déjà aimer ce contact... Ce qu’il pouvait déjà aimer cette chaleur de chaque de leur rencontre provoquait à son cœur, à sa peau piquante sous ses doigts. Et pourtant, toute bonne chose avait une fin, que ce soit le contact de ses lèvres ou même son étreinte. Il le regretta un peu, mais savait qu’elle faisait d’énorme effort en cet instant. Pour lui. Pour eux. Pour l’instant, il savait qu’il devrait se contenter de ces courtes étreintes sans vraiment en être frustrer. Soudain, elle lui parut plutôt nerveuse, le tic qu’elle avait avec ses mains ressortant alors. Sa proposition suivante coupa court à toutes interrogations. Dormir... Elle sous-entendait clairement -et c’était d’ailleurs bien son intention dès le départ – qu’ils partageraient le même lit ce soir. Serait-ce sa première nuit dans les bras d’un homme ? Voire même d’une autre personne simplement ? Le néerlandais l’imaginait sans mal, tout comme il devinait sans mal quel sujet hantait son esprit. Il n’était juste pas ce type d’homme, ou plutôt, il ne l’était plus. Il ne serait pas question de profiter de cette relation fort trop récente, de l’inexpérience d’Elena pour arriver à une quelconque fin. Non, juste non. Il souhaitait seulement l’avoir dans ses bras cette nuit et rien d’autre. La suite arriverait bien assez tôt, et surtout, bien plus naturellement. Il décida cependant de ne surtout pas aborder ce sujet maintenant, même ne fusse que pour la rassurer sur ce point. Après tout, il avait autre chose en tête pour les prochaines heures. Il serait stupide, selon lui, de les perdre à dormir, alors qu’ils pouvaient les passer à deux. Apprendre à agir comme un couple était important pour lui.
« Pas question. » Il passa doucement sa main dans ses longs cheveux noirs, prenant soin à ne pas déranger la petite fleur immaculée qu’il y avait installé. Il ne cessait de contempler ce regard impossible. « La soirée ne fait que commencer, que dirais-tu qu’on en profite un peu plus avant ? » Jusqu’au bout, un maximum, il tenterait de lutter contre sa fatigue pour gagne ne fusse que quelques minutes avec elle. De ses cheveux, sa main descendit sur son épaule puis suivit la courbure de son bras pour rejoindre sa main qu’il saisit à la manière d’un adolescent transit. « Je vais te donner quelques affaires. Suis-moi. »
Sans qu’il n’ait perdu une seule seconde son sourire, le botaniste l’incita à la suivre au travers son modeste appartement. Il est vrai qu’il n’avait jamais montré ces pièces plus privées à qui que ce soit. Après tout, Elena ne devait venir que pour le travail au départ. Une fois le salon traversé, il passa une porte et rejoignit un très court couloir. Il tenait plus du rectangle percé de trois portes, mais n’avait d’autre fonction que le passage. Il s’engouffra dans l’une des ouvertures, sa chambre. Si elle aussi possédait son lot d’espèces végétale, elle n’était pas envahie que le salon. Le lieu était assez modeste, sans être trop petit, et une certaine luminosité se devinait aisément par les larges fenêtres qui se faisait voir. Après tout, à cet étage, il n’avait aucun vis-à-vis, juste une vue vers l’horizon infini. Au centre de la pièce, son lit, et deux-trois vêtements qui trainaient dessus. Rapidement, il les remit en ordre, les envoyant rejoindre un bac fermé de linge sale. Pour sûr, s’il avait su ce qu’il allait se passer, il aurait fait le ménage, changer les draps et toute sorte d’autres choses. Il ne put masquer une pointe de gêne.
« Excuse-moi pour le rangement, je n’avais pas prévu de compagnie cette nuit. »
Gêne qui se dissipa d’un léger rire de sa part. Johan la laissa prendre possession des lieux pendant qu’il rejoignait son armoire, à la recherche d’un habit de nuit pour sa demoiselle. Il fit une petite pile avec une grande serviette de bain et un de ses pyjamas. Un haut à manches courtes bleu nuit accompagné d’un pantalon long assorti. Evidemment, il était bien trop grand pour elle, mais au moins, il était propre. Revenant vers elle, il les lui offrit.
« Si tu as besoin de quoique ce soit, n’hésite pas surtout. » Il se recula jusque l’encablure de la porte. « Si tu veux de te rafraichir, ou prendre une douche, tu peux aller à la salle de bain, elle est juste là. » Joignant le geste à la parole, il désigna une deuxième porte, menant vers ledit lieu. « Je vais te laisser un peu, j’ai une petite surprise à préparer. »
Un clin d’œil énigmatique de sa part, et il quitta la pièce pour rejoindre le salon à nouveau. Son cœur battait encore si vite, alors même qu’il n’était plus en sa présence. Simplement, il était euphorique de la tournure des évènements, et son largue sourire béat n’allait pas dire le contraire. Il allait passer une soirée en compagnie qu’une femme plus que charmante, et qu’il aimait par-dessus tout ! Il se stoppa au milieu du séjour et posa sa main sur sa poitrine. Il ne s’était pas senti comme ça depuis... depuis des années ! Lui-même ne savait pas très bien depuis quand d’ailleurs. Il savait ce qu’il manquait pour que tout soit parfait, un petit diner en amoureux. Malheureusement, il savait aussi son frigo désespérément vide. Puisqu’il n’avait pas vraiment prévu de manger ce soir. Réalisant cela, il pesta une seconde entre ses dents. Mais rien ne pouvait entamer sa bonne humeur. Il n’avait rien à manger ? Qu’à cela ne tienne, il irait chercher de quoi à l’extérieur, voilà tout. Dans la citée étudiante, il y avait des échoppe et superette littéralement partout, certaines mêmes restaient ouverte toute la nuit. Ne voulant énoncer son plan à l’américaine, ou même la surprendre alors qu’elle se dévêtait, le néerlandais décida de néanmoins laisser un mot, au cas où. Il prit une feuille sur son bureau et y inscrivit ‘Je reviens bientôt’. Ni plus, ni moins, le mystère serait entier jusqu’au bout. Il laissa l’inscription en évidence sur la table, prit son portefeuille et ses clefs, puis sortit de l’appartement. Il en ferma la porte à clef et partit à la quête d’une supérette. Il ne revint qu’une trentaine de minutes plus tard. Il était parti plus longtemps qu’il n’aurait cru, mais, aux vues de ses trouvailles, il se dit que cela valait le coût. Dans ses deux sacs modérément emplis se trouvaient un large assortiment de sushis pour deux, sur lesquels il était tombé un peu par hasard, mais également, bien cachés dans leur boite du pâtissier, une douzaine de macarons. Il n’avait juste pas pu résister à cette envie de sucre. Il avait également acheté quelques boissons, alcoolisées ou non ne sachant pas très bien ce qu’Elena préfèrerait, et un nécessaire de toilette. Une brosse à cheveux, une à dent, une peu de démaquillant, de quoi rendre le séjour de son aimée un peu plus confortable.
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Sujet: Re: Depuis le premier jour ... (PV Johan N. Stern ♥) Sam 27 Aoû 2016 - 19:13
Depuis le premier jour ...
Un premier cadeau en ce début de relation, plus qu'un plant, un véritable symbole, le symbole de ce premier jour où Johan lui avait offert cette première pousse d'hortensia blanc. Bien qu'elle pensait s'être trompée lourdement, il semblerait qu'en ce jour d'automne, le coeur du botaniste s'était bien manifesté à traversa sa magie de terre. Simplement, il avait mis quelques temps à se rendre compte de ses sentiments pour la belle américaine. Ses larmes avait définitivement quitté son regard d'océan, laissant place à un sourire plus que radieux, à une joie qui n'avait jamais été égalée lorsque leurs lèvres s'étaient scellées en un premier baiser.
Le temps des doutes étaient bien loin, ses simples mots et gestes avaient suffi à la rassurer et ce fut sans hésitation qu'elle déposa la précieuse pousse, prénommée Ocean Heart, sur un meuble de la serre de son bien aimé. A cet endroit, les rayons du soleil traversant la vitre lui apporteraient la lumière nécessaire à son développement en plus de l'eau et de la magie dont elle bénéficierait de sa part. Elle en prendrait soin, elle ne la laisserait jamais s'éteindre, la soignant comme elle le mérite. Le nom de sa création semblait plaire au botaniste, ce qui ravissait Elena.
Mais ce merveilleux moment menaçait de se terminer beaucoup trop tôt, l'heure commençant déjà à se faire tardive. Les deux amoureux en semblaient peinés tous les deux, mais Johan en trouva la solution, lui proposant de passer la nuit chez lui. Bien que leur relation était beaucoup trop récente, la Saruta ne put qu'accepter cette requête, ne voulant pas le quitter pour rentrer chez elle. Tout comme lui, elle voulait profiter de cette idylle naissant bien qu'elle ne savait pas réellement comment s'y prendre. Elle se doutait que le néerlandais avait déjà connu plusieurs relations, au vu de son âge, mais ce n'était pas son cas à elle.
La jeune brune fut quelque peu embarrassée en réclamant quelques affaires pour la nuit, mais malgré sa réserve, elle ne put s'empêcher de se rapprocher de nouveau de lui, en profitant pour lui voler un nouveau baiser, appréciant l'étreinte de ses bras autour de sa taille. Encore à cet instant, elle avait du mal à croire qu'elle était enfin parvenue à se déclarer à lui. Comme elle le pensait, il était doux et attentionné avec elle, tout ce qu'elle imaginait d'un petit ami. Un petit ami parfait. Peut-être allait-elle un peu vite en besogne, mais pourtant elle avait confiance en lui, elle savait qu'il ne la décevrait pas.
Se séparant de lui, voyant les traits tirés du néerlandais, elle lui proposa, non sans rougir, d'aller se coucher. Oui elle souhaitait partager le même lit pour la première nuit qu'elle passerait chez lui, mais elle ne pouvait que ressentir une légère appréhension en se demandant ce que lui avait en tête. Elena sous-entendait simplement se blottir et s'endormir dans ses bras, et espérait qu'il avait la même vision de leur nuit. Elle n'osait pas lui expliquer de vive voix que tout ce qu'elle vivrait avec lui serait une première, première étreinte, premier baiser, première nuit. Au fond d'elle, elle avait tellement hâte de le connaître plus en détails, même de le connaître sur le bout des doigts, car en y réfléchissant elle ne savait pas tellement de choses sur lui. Elle espérait également que sa timidité ne serait pas un obstacle dans leur relation. Elle aurait tant aimé lui dire tout ce qu'elle pensait à cet instant, mais elle avait bien trop peur de gâcher cette première soirée.
Surtout que Johan n'avait guère l'intention de la gâcher à dormir, il semblait avoir quelque chose en tête. La douce était plutôt curieuse, mais ne le questionna pas, fermant un instant les yeux en savourant la douceur de ses caresses dans ses cheveux. Lorsqu'elle rouvrit ses pupilles d'azur, elle se permit de contempler une nouvelle fois cette balance de couleurs de nature. Ce regard, elle l'aimait tant, elle ne s'en lassait pas. L'air énamouré, elle ne put refuser sa proposition une fois de plus, comme si elle ne pourrait jamais rien lui refuser. Un doux sourire aux lèvres, les joues toujours colorées par la présence de son aimé, elle lui répondit.
"Oui, je veux en profiter moi aussi. Depuis le temps que j'attends ce moment."
Elena frissonna légèrement en sentant sa main rejoindre son bras puis sa main pour la saisir avec douceur. Elle en profita pour entrelacer ses doigts aux siens et le suivit docilement dans cet étroit couloir qui, elle se doutait, donnait vers la chambre de son botaniste. Etrangement, avant qu'il ne lui dévoile cette pièce intime, elle se demanda si celle-ci comportait elle-aussi des plantes, cela lui ressemblerait tellement. Lorsqu'elle entra dans la pièce, son regard se posa immédiatement sur la vue qu'offrait les fenêtre de la chambre, plutôt agréable d'avoir une vue sur le paysage et non sur l'appartement d'un inconnu. Pour tout dire, elle n'avait guère remarqué le linge trainant sur le lit de son adoré, mais s'amusa de cette gêne qu'elle put remarquer sur son visage.
"Il n'y a pas de mal, ne t'en fais pas ..."
Le laissant s'occuper des affaires promises, la belle rosit un peu en scrutant la pièce de curiosité. Il y avait en effet quelques plantes ci et là, mais la végétation était beaucoup moins présente que dans la pièce principale. Elle aimait également son côté amoureux de la nature et trouvait cela même très mignon. Paradoxalement, elle ressentit un léger mal aise, sans doute parce qu'ils s'apprêtaient tous les deux à passer leur première soirée en amoureux sans réellement se connaitre, chacun voulant faire de son mieux pour l'autre, pour tenter de rester l'idéal de l'autre. Mais quoiqu'il puisse penser, l'américaine savait que Johan ne ferait rien pour lui déplaire. Faute de confiance en elle, elle reposait une totale confiance, presque aveugle, en lui.
Il revint avec une pile de linge, un pyjama bleu nuit, sans doute la couleur qui allait de mieux à la belle brune et une serviette de bain. Elle les saisit dans ses bras, aimant assez l'idée de porter les vêtements de son petit ami. "Merci Johan. Ca ira très bien." Ne bougeant pas, ou même n'osant pas réellement s'aventurer plus loin dans sa chambre, elle l'observa tandis qu'il s'apprêtait à quitter la pièce, l'informant du fait qu'elle ne devait pas hésiter si elle avait de quelque chose. Elle prit connaissance de la localisation de la salle de bain et hocha la tête lorsqu'il lui signala qu'il s'absenterait quelques temps pour une surprise. Une surprise ? Déjà ? Bouffée par la curiosité, elle ne posa pourtant aucune question. De plus, elle n'en aurait certainement pas eu le temps puisque le néerlandais avait déjà quitté la pièce.
Peut-être non intentionellement, Elena afficha une moue un peu déçue, son aimé s'absentait sans même lui offrir ses douces lèvres, mais elle se doutait qu'elle ne pourrait passer tout son temps collée à lui. Peut-être que lui aussi était quelque peu stressé quant au déroulement de la soirée ? Bien entendu, elle ne lui en tiendrait pas rigueur, mais ne put que remarquer à quel point il pouvait déjà lui manquait au bout de quelques minutes. Calmement, le linge dans les bras, elle se dirigea vers la salle de bain, modeste mais relativement propre. Posant ses affaires sur un siège mis à disposition, elle promena son regard à travers la pièce.
Elle prendrait une douche, mais se rendit compte qu'elle n'avait ni gel douche, ni shampoing, ni brosse à cheveux. Deux flacons trônaient dans la cabine de douche, mais elle se demanda simplement comment elle démêlerait sa longue chevelure d'ébène. Peut-être n'était-ce pas le moment de faire d'un léger problème, une montagne ? Elle se passerait de peigne pour ce soir, sa crinière étant assez soignée pour cela. Alors, après s'être assurée d'avoir bien fermé la porte, trop pudique pour s'exposer si tôt au regard balancé, elle se dévêtit, pliant soigneusement ses vêtements avant d'ôter le ruban retenant ses cheveux qui descendirent en cascade dans son dos, chatouillant sa peau pâle au passage. Elle profita quelques minutes de la chaleur de l'eau coulant sur sa peau, imprégnant sa peau des produits d'hygiène de son aimé, lavant soigneusement sans faire de nœuds sa chevelure corbeau.
Une fois sortie, après s'être séchée et avoir bien essoré ses cheveux, elle les remonta en chignon, les maintenant par ce même ruban qu'elle avait porté toute la journée. Puis elle enfila le haut de pyjama. Se regardant un instant dans la glace, elle se rendit compte que celui-ci avait une longueur correcte arrivant à mi-cuisse, puis, rosissante, enfilant le pantalon bleu nuit, beaucoup trop grand pour elle. Elle dut serrer un maximum le cordon pour être certaine de ne pas le perdre et remontant les bords beaucoup trop long pour elle. La belle espérait ne pas être trop ridicule dans cet accoutrement, en sachant que Johan la verrait ainsi.
Une fois prête, et sa serviette étendue, elle sortit de la salle de bain, revenant dans la pièce principale, encore vite. Sur la table, un petit mot, Johan était donc sorti pendant qu'elle se douchait. Restant debout au milieu de la pièce, elle ne sut trop quoi faire pour l'attendre. Se dirigeant vers son sac, elle en sortit son téléphone dans le but de prévenir sa colocataire et amie de l'endroit où elle se trouvait. Ainsi, cherchant le prénom de Sasha dans son répertoire, elle tapa quelques mots sur son clavier, des rougeurs apparaissant encore une fois sur ses joues. "Coucou. Je passe la nuit chez Johan. On se voit demain !". Bien qu'elle mourrait d'envie de raconter les évènements récents à sa meilleure amie, elle s'abstint, n'osant pas raconter plus de détails pour le moment. Rangeant l'appareil, elle se dirigea vers la cuisine, cherchant un récipient à remplir d'eau pour commencer à bichonner son cher cadeau.
Elle huma une nouvelle fois la fragrance de l'hortensia avant d'imbiber la terre d'eau afin qu'elle n'en manque pas. Elle avait hâte d'apprendre de son aimé à maintenir ses fleurs en vie. Durant quelques minutes, elle resta là, à caresser quelques pétales, puis à observer les autres plants entourant le sien. Certains avait déjà leur place dans le carnet à croquis de Johan, elle se souvenait les avoir déjà vu. Revenant dans la cuisine, elle déposa le récipient dans l'évier où elle trouva quelques mugs sales, ayant servi pour leur café ou thé quotidien. Elle pouvait bien les laver pour lui en attendant son retour.
Cherchant dans ses placards le liquide vaisselle et un torchon, elle espérait qu'il ne lui en voudrait pas d'avoir ouvert les portes de ses meubles et s'attela à la tâche qui ne lui prit pas plus dix minutes. Lorsqu'elle eut terminé, elle entendit un bruit de clé dans la serrure, celui-ci lui arrachant un sourire joyeux. Elle pourrait revoir ce regard balancé et le contempler toute la soirée. Rien qu'à cette perspective, elle se sentit plus légère, moins angoissée et vint l'accueillir d'un sourire timide.
"Te voilà ? ... C'est quoi cette surprise ?"
L'étudiante en lettres n'avait finalement pas pu retenir cette curiosité apparente tandis que ses yeux se posèrent sur les sacs que tenaient Johan. Elle devinait que celui-ci était simplement sorti dans le but de faire quelques achats, sûrement pour un petit repas en tête à tête ? L'air malicieux, elle profita du fait qu'il pose les sacs sur la table pour en vérifier le contenu, sans réel discrétion. Elle s'exclama en voyant le contenu de l'un des sacs.
"Des sushis ! J'adore ça !" Se rendant compte de son euphorie soudaine, elle rosit en regardant Johan, affichant une fausse moue honteuse. "Je suis désolée ... Je suis trop curieuse, je n'ai pas pu m'en empêcher ... Tu m'en veux pas ?"
Déjà elle se sentait plus à l'aise en sa présence, déjà elle voulait se dépasser pour lui, dépasser sa timidité.
"Ma mère en commandait souvent le vendredi soir pour fêter le week end qu'on était certaine de passer ensemble. Je n'en ai pas mangé depuis ... Depuis longtemps."
En réalité, depuis la découverte de la maladie de sa chère mère. Mais au lieu de se laisser emporter par la tristesse et la nostalgie que lui imposaient les souvenirs de sa mère défunte, elle continua à sourire joyeusement. Car elle voulait profiter de ce nouveau bonheur. Elle n'était plus seule, elle ne passerait plus de longues heures de solitude à pleurer sa mère dorénavant. Lorsqu'elle aurait un coup de blues, elle pourrait se réfugier dans les bras de l'élu de son coeur. Avec ce même ton léger, elle lui proposa son aide.
"Tu veux que je t'aide à préparer ?" S'avançant vers lui, elle se mit sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue. "J'adore cette surprise ..."
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Sujet: Re: Depuis le premier jour ... (PV Johan N. Stern ♥) Mar 1 Nov 2016 - 17:04
A peine sorti de l’appartement, les pensées du néerlandais commençaient à se bousculer dans sa tête. Il se retrouvait seul pour la première fois depuis sa déclaration d’amour à son assistante, devenu en l’espace de quelques minutes sa petite amie. Tout avait été soudain, très soudain, surtout pour lui. Même si depuis plusieurs jours, il avait remarqué que la belle américaine avait pris une place importante dans son esprit, au point qu’il ne puisse plus en ferme l’œil de la nuit, il ne s’était juste pas attendu à....ça. A l’amour. A un amour sincère et réciproque. Le néerlandais avait déjà aimé par le passé, et cet amour c’était pour ainsi dire mal terminé. Il en connaissait parfaitement les symptômes, oui, même si la dernière fois qu’il les avait ressentis, il n’était juste pas lui-même. A cette époque, il était un autre, un autre secret qu’il gardait masqué au su de tous. Et les sentiments de ce « lui » d’avant n’étaient... n’étaient pas pareils. Différents, puisque appréhendés au travers d’un prisme mauvais. Un mélange entre colère, violence et flou. Le flou de ne jamais vraiment savoir ce que l’on fait, qui dirige son corps et ses pensées, où aller et de quoi sera fait le lendemain. Un flou confortable durant quelques temps, insupportable rapidement. Et désormais, l’euphorie de son cœur, la douce chaleur s’y lovant…ça et tant d’autres sensations nées depuis ce premier baiser, tout ça lui semblait nouveau et en même temps déjà connu. Ou plutôt, déjà entraperçu. Tout ce qu’il ressentait actuellement était comme amplifié, amplifié comme jamais. Peut-être... Peut-être était-ce parce que c’était différent ? La situation était différente, la personne était différente, l’époque était différente, le lieu était différent, les circonstances étaient différentes. Lui. Lui était différent.
Pourtant, Il aurait mille fois dû se douter que tout ce qu’il avait fait ce mois n’était que symptômes de son amour retenu. Cette poussé d’hortensia immaculée -déjà si tôt ? Oui, la réponse était oui, il le savait désormais-, sa trop grande inquiétude, le fait que ses pensées et songes dérivaient sans cesse vers un même sujet commun, le fait que la voir si mal comprimait son cœur dans un étau, sa tendance à toujours vouloir prolonger leur réunion de travail, tous ces petits gestes, toutes ces petites attentions provenant de l’un comme de l’autre... Tout reflétait ce que son cœur avait tenté en vain de lui dire. Evidemment, le néerlandais le savait. Il avait déjà constaté avant ce jour que son propre comportement était étrange mais... il n’avait voulu le voir, il n’avait voulu y croire et avait préféré tout repousser dans un coin sombre de son esprit, et laisser le temps y déposer une couche de poussière de l’oubli. Jusqu’à ce qu’une certaine américaine ne souffle la tempête dans ses certitudes, jusqu’à ce qu’elle ne saisisse doucement ses sentiments avec ses mains fines et délicates pour les lui exposer. Juste en osant se déclarer à lui. Juste en osant repousser sa timidité maladive. Accompagné du rythme joyeusement effréné de son cœur, un sourire presque béat aux lèvres, il partit en chemin vers l’épicerie la plus proche. Le jour et le soleil avaient fait place à un délicieux début de soir et au levé de l’astre lunaire. Les rues étaient calmes, bien que, çà et là, des promeneurs, des groupes d’étudiants universitaires ou quelques badauds étaient visibles. Mais tous ces gens, Johan ne les voyait, submergé par son nouveau bonheur. Il descendit la rue menant à son appartement jusqu’à rejoindre l’épicerie la plus proche. Une certaine hâte se lisait dans sa démarche, mais nulle urgence. Il pénétra dans la boutique ouverte relativement tard et salua le gérant. En quelques mois, Il était entré dans le cercle de la clientèle habituée du lieu. Sans trop attendre, il se saisit d’un panier de course et partit en recherche de ce dont son aimée et lui auraient besoin pour cette soirée exceptionnelle. Bien que totalement improvisé, il avait une petite idée de ce qu’il voulait pour ce diner et son choix se fixa sur un assortiment assez large de sushi. Une « Lover box » -ce nom le fit sourire- contenant deux exemplaires de chaque sushi, de la sauce soja en quantité et deux paires de baguette. Il n’était pas rare de trouver de tel met même dans les plus modestes boutiques, simplement parce que nombre de descendants présent sur l’île possédait des origines japonaises. Quoi de plus normal quand on savait que chacune des divinités tutélaires provenait de l’archipel d’orient. Quelque part, Johan et Elena devaient, eux aussi, posséder des ancêtres asiatiques. Son choix d’assortiment fait, le néerlandais passa ensuite au rayon des boissons. Il devait bien se l’avouer, il resta de longues minutes interdit devant le choix à faire. Est-ce qu’Elena buvait de l’alcool ? Il... il n’en savait juste rien. Lui-même n’en était pas friand, et évitait d’en boire au cas où certaines habitudes referaient surfaces mais... qu’en était-il de l’américaine ? Faute de certitude, il décida de choisir plusieurs bouteilles. Il prit du vin blanc, du crémant -c’est ce qui s’accordait le mieux avec le poisson cru, non ? - ainsi que de l’eau et quelques softs. Au moins, ils ne mouraient pas de soif ce soir ! Avant de passer à la caisse, il fit un tour au rayon des soins pour le corps. L’étudiante portait un discret maquillage et ses cheveux devaient demander un soin particulier. De son côté, Johan ne possédait pas démaquillant et l’attention qu’il portait à sa coiffure était... plutôt sommaire. Aussi, il décida d’acheter également un nécessaire de salle de bain -combien de marque de produit pour femme existait-il au juste ? Ce rayon n’avait pas de fin ! - qu’elle pourrait laisser chez lui si elle en avait envie. Le choix fut encore plus compliqué mais il fut fait et le botaniste put se rendre à la caisse du magasin.
Il en ressortit avec bien trois sachets à commission, encombrant et assez lourd -surtout à cause des bouteilles- mais portables. Constatant qu’il était déjà parti depuis un bon vingt minutes, il se hâta à rentrer chez lui. Il fut accueilli par le timide sourire d’Elena, apprêtée pour la soirée. Elle avait abandonné sa queue de cheval pour un chignon mettant tout autant son visage et sa grâce en valeur. Surtout, elle était désormais vêtue d’un pyjama bleu nuit d’homme, bien trop grand pour elle. En la voyant ainsi, Johan dut se retenir de pouffer de rire. Non parce qu’elle était ridicule dans ce vêtement, mais parce que malgré ça, il ne pouvait que la trouver magnifique. Un de symptômes de l’Amour à ne pas douter. Tout de suite, bouffée par la curiosité, Elena réclama la surprise. Encore ce petit côté d’enfance qui ressortait chez elle, tout bonnement adorable.
« Attend un peu, tu verras ! »
Le néerlandais déposa les sacs sur la table de la pièce principale. Sacs qui furent presque instantanément fouillé par une certaine personne, sous son regard amusé. Il adorait la voir ainsi, pleine de vie et moins timide, même s’il adorait également quand sa réserve refaisait surface. Un paradoxe dont il s’accommoderait parfaitement. Il fut heureux de constater qu’il avait bien choisit le menu du repas, un peu moins quand l’embarras s’empara d’Elena. Comme s’il pouvait lui en vouloir pour ça. Au moins, il avait pu revoir cette moue adorable qui le faisait fondre. Un rire léger s’échappa de ses lèvres.
« Je ne t’en veux pas. Tu n’as pas à être gênée pour ça. »
Puis, Elena rajouta une autre remarque sur le menu du soir. Et presque immédiatement, Johan se sentit stupide. Ah ! Quel crétin ! Sur tous les menu possible et imaginable qu’il aurait pu rapporter, il avait fallu qu’il ramène celui lui rappelant sa défunte mère. Il ne le savait pas et réfléchit à une solution de remplacement si cela était dur pour l’américaine. Comment aurait-il pu le savoir en premier lieu ? Pour ça... Il aurait fallu qu’ils se connaissent un peu mieux. Mais ce genre de sujet de conversation ne s’invitait pas dans les ‘réunions de travail’. Oui, ils se connaissaient peu au final, mais cela n’avait pas empêcher leurs cœurs de s’accorder sur un tempo commun, produisant une mélodie des plus purs. Et cela rendait leurs sentiments plus exceptionnels encore. Johan afficha une mine peinée, pensant même à s’excuser pour son erreur, mais ne le fit pas. Parce que contrairement à ce qu’il avait anticipé, Elena portait toujours son sourire des plus radieux. Un sourire des plus communicatif aussi. Il fut soulagé de constater que ce repas ne l’atteignait pas de trop. Elle lui proposa même son aide. Ce baiser était la meilleure des récompenses qu’il pouvait recevoir pour avoir porté des kilos de boissons.
« Ça me fait plaisir... » Il réfléchit un instant. « Hm, tu peux aller chercher les verres si tu le veux bien. » Il commença à sortir les boissons du sac à commission, exposant tour à tour, le vin, le crémant -une espèce de champagne-, les softs et l’eau. « Je ne savais pas très bien quoi prendre alors, j’ai pris un peu de tout. Les verres sont dans l’armoire au-dessus du plat de travail, il y a aussi des verres à vin normalement. » Qu’il n’avait pas acheté de lui-même, mais qui faisait partie de ce qui était fourni par le propriétaire des appartements pour professeurs. « Oh ! Si tu pouvais trouver des serviettes, ce serait extra aussi ! »
De son côté, le néerlandais installa le plateau de sushi préalablement ouvert sur la table, entre deux chaises se faisant face. Il versa également la sauce soja dans deux récipients prévus à cet effet et les disposa de part et d’autre du plateau en compagnie des baguettes. Mais il manquait quelque chose à ce cadre. C’était peut-être un peu stupide et désuet, mais dans son esprit, une soirée romantique s’associait avec des bougies et des fleurs. Pour les fleurs, il y en avait pour ainsi dire partout autour d’eux. Quant aux bougies... il s’en voulut de ne pas y avoir songé dans la boutique, avant de se souvenir soudainement qu’il possédait quelques bougies chauffe-plat dans les tiroirs de son « laboratoire de fortune ». Juste par précaution, au cas où le gaz lui était coupé un jour. Il se rendit donc dans la serre constituant l’extension de son salon et ouvrit un des tiroirs de l’imposante table de bois. Il prit trois bougies qu’il disposa sur la table à manger, un peu sur côté. Il les alluma ensuite à l’aide des allumettes trouvées dans ce même tiroir. Bien, cette soirée prenait un peu plus forme, même s’il aurait préféré un véritable chandelier plutôt que cette solution de fortune. Il espéra également ne pas en faire de trop, tout en se disant qu’il ne pouvait cacher son envie de faire les choses bien. Pouvoir s’adapter à la situation d’un « couple normal » était quelque chose d’inédit et d’important pour lui. Quand Elena revint de la cuisine avec les verres, il était plutôt fier de lui présenter cette première soirée en amoureux.
« J’espère que ça te convient, c’est un peu improvisé mais bon... » D’accord, il était peut-être un peu stressé mais qui ne le serait pas à sa place ? Il invita sa belle américaine à s’installer -il lui tira même la chaise, digne des films romantiques les plus mielleux- avant de prendre place en face d’elle. « En fait... » Était-ce gênant d’avouer ça ? « Je n’ai jamais vraiment manger de sushi ou même utilisé des baguettes... » En y repensant, peut-être aurait-il dû prendre cette donnée en considération avant de choisir ce menu. Et avec sa maladresse légendaire en plus... Terrain glissant en perspective. « Donc, j’ai pris un assortiment. Au moins, je ne pouvais pas me tromper comme ça. » Son attention se porta alors sur les nombreuses bouteilles trônant à l’autre bout de la table. « Qu’est-ce que je peux te servir ? Il y a du vin et du crémant -c’est comme du champagne, je crois. Mais si tu n’aimes pas l’alcool, il y a autre chose aussi. »
Dieu, il était peut-être plus stressé qu’il le pensait être. C’était... littéralement leur premier rendez-vous et d’ailleurs, c’était aussi le premier vrai rendez-vous amoureux de sa vie, quelque part.
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Sujet: Re: Depuis le premier jour ... (PV Johan N. Stern ♥) Sam 26 Nov 2016 - 0:01
Depuis le premier jour ...
Cette poignée de quelques minutes passées loin de l'autre avait déjà créé chez Elena un certain manque, manque qu'elle dut combler d'une occupation lorsque celle-ci avait terminé sa toilette. Mais le temps qu'elle ne termine sa tâche, le botaniste au sourire sans doute aussi béat que le sien revint dans son champ de vision. Aussitôt, le regard d'océan s'illumina un peu plus qu'il ne l'était déjà. Le début de leur relation ne se comptait guère encore en heures que le néerlandais ravissait déjà la vie de la jeune étudiante, serrant doucement son coeur de soulagement au croisement de son regard balancé. Ses joues ne purent que se teinter de nouveau de rouge lorsque Johan l'observa un instant dans cet accoutrement peu glorieux, mais la belle ne pouvait que se réjouir de porter sur elle l'odeur de son aimé, celle qu'elle aimait tant humer en secret auparavant.
Mais cet élan de timidité fut rapidement balayé par la curiosité tout aussi maladive de l'américaine qui questionna le professeur, allant jusqu'à mettre son nez dans les paquets devant la réponse peu satisfaisante de celui-ci. Une exclamation non retenue, et une moue enfantine se dessina sur le visage d'Elena, faussement honteuse d'avoir fouiné dans les courses de l'homme de son coeur, presque assurée qu'il ne pourrait lui en vouloir, et c'était bien le cas. Déjà, la new-yorkaise semblait tester ses charmes cachés sur celui qu'elle avait choisie, souriant de plus belle au petit rire qu'elle provoqua chez lui. Bien que le repas qu'il avait apporté était loin de déplaire à la jolie brune, celui-ci la fit évoquer quelques souvenirs inévitables concernant sa défunte mère n'entâchant pas pour autant sa bonne humeur.
Il était temps pour elle de rejoindre son botaniste, ne manquant pas de lui proposer son aide ainsi que de le remercier d'un doux baiser déposé sur sa joue. L'enthousiasme se lisait sur son visage, acquiesçant à la requête de Johan tout en se dirigeant vers les nombreuses armoires de la cuisine, se stoppant en fronçant un peu les sourcils. Trop enthousiasme, elle ne savait même pas où se trouvaient les verres ... Mais alors qu'elle ouvrit la bouche pour lui poser la question, il le lui répondit avant même qu'elle ne prononce un seul mot. Eternelle fleur bleue, la belle américaine prit ceci comme une transmission de pensées, s'avérant être pourtant une simple coïncidence, ou plutôt une évidence.
"D'accord !"
Se mettant sur la pointe des pieds, elle ouvrit l'armoire en question, restant quelque peu interdite en voyant les différents types de verres. Elle ne buvait pas d'alcool, mais lui si ? Se mordant la lèvre, elle réfléchit un instant. Elle le connaissait si peu, cela en était presque décevant. Légèrement agacée contre elle-même, elle saisit deux verres à pied, pouvant pour elle contenir diverses boissons. Peu douée, elle n'était même pas certaine qu'il s'agissait de verre à vin, mais tant pis, cela ferait l'affaire, l'important était d'avoir un récipient dans lequel s'abreuver. Les posant sur le plan de travail, Elena se retourna un instant vers Johan qui lui confiait une nouvelle mission, beaucoup plus périlleuse qu'elle n'y paraissait.
"Des serviettes ... Hm ... D'accord, je pense que je peux trouver ça."
Afin de ne pas déranger l'européen dans ses préparatifs, la jeune étudiante se permit d'ouvrir plusieurs tiroirs avant de prendre un air triomphal lorsqu'elle vit des serviettes en papier, simples, de couleur blanche. Elle en saisit quelques une avant d'attraper les verres d'une main, veillant à bien coincer les pieds entre ses doigts pour éviter toute maladresse. Un peu stressée par cette petite soirée improvisée, elle inspira et expira lentement, ne pouvant détacher ce sourire de ses lèvres rosées. Elle était là, avec lui, à préparer leur premier repas en amoureux. Peut-être l'avait-elle déjà rêvé, mais elle était bien loin de se douter qu'une telle scène aurait un jour lieu.
Revenant aux côtés de son aimé, lui tendant les objets, la brune fut particulièrement émerveillée par ce que celui-ci avait préparé. Certes, la table était totalement improvisé, mais on ne pouvait que constater l'effort du néerlandais dans le dressage de celle-ci. Elena en fut presque amusée, trouvant cela particulièrement adorable de sa part, comprenant ainsi que cette soirée était aussi importante et spéciale pour lui que pour elle. Ne détachant son regard des petites flammes dansantes, elle souffla quelques mots sincères, émue.
"C'est juste ... parfait. Ne changes rien."
Et elle le pensait réellement, littéralement aux anges face aux projets de la soirée. Suite à son invitation à prendre place autour de la table, Elena s'exécuta, se dirigeant vers la première chaise, lançant un regard énamouré à celui qui lui tirait la chaise de façon des plus galantes pour l'aider à s'installer. La table était parfaite, la soirée était parfaite, lui était parfait, tout était parfait. Sauf peut-être un détail que la jeune femme avait malheureusement oublié ... Sa tenue.
Alors que son bien aimé s'asseyait face à elle, l'étudiante en lettres baissa les yeux sur ce pyjama qui ne la mettait pas réellement en valeur, regrettant de ne pas avoir pensé à l'éventualité d'un repas. Premier rendez-vous et la belle s'y présentant en habit de nuit, qui plus est, beaucoup trop grand pour elle. Sans doute aurait-elle mieux fait de garder cette petite robe bleue qu'elle mettait régulièrement, qui pour elle était le sommet de sa garde-robe. Bien que le moment ne s'y prêtait guère, Elena songea d'ailleurs à la renouveler. Dispersée ... Beaucoup trop dispersée durant ce moment si important.
Distraitement, posant les coudes sur la table tout en joignant ses mains devant son menton, elle se tritura les doigts, tentant d'évacuer son stress, loin de se douter que ce sentiment était bien présent chez le jeune homme au regard balancé. Celui-ci lui avoua qu'il n'avait jamais utiliser de baguette, ni même mangé de sushi. Au moins une chose qu'elle était certaine de bien connaître, même s'il ne s'agissait que de nourriture.
"Ne t'inquiètes pas, tu as très bien choisi et ... je peux t'apprendre pour les baguettes. Tu verras c'est facile !" Portant son attention sur les nombreuses bouteilles, elle rosit, un peu gênée, le regard fuyant. "En fait, je ne suis pas très fan des boissons alcoolisées ..." Reprenant, une moue enfantine, ses pupilles d'azur revinrent trouver les siennes. "De l'eau, s'il te plait."
Laissant son aimé les servir tous les deux, Elena en profita pour souffler une nouvelle fois afin de reprendre ses esprits, le remerciant poliment. Elle ne voulait paraître trop timide, ou ridicule, devant lui. Ainsi, pour occuper ses mains, l'américaine attrapa ses baguettes, les séparant et les positionnant de sorte à ce que Johan puisse faire de même sans trop de difficulté. "Comme ça ..." Puis, elle choisit ce qui était sa recette de sushi préférée, l'attrapant habilement entre les deux baguettes pour le tremper dans la sauce soja. Un peu hésitante, elle finit par le porter à la bouche du botaniste. "Goûtes celui-ci, c'est mon préféré ... Un maki ! C'est un mélange de saumon, de concombre et d'avocat. Et bien sûr de riz." Attendant le verdict, elle en mangea un ensuite, fermant les yeux un instant pour en apprécier le goût avant d'essuyer ses lèvres de sa serviette.
"C'est un délice ! Et toi, tu aimes ta première expérience sushi ?" le taquina-t-elle gentiment.
Bien que la douce se posait énormément de questions, comme par exemple si les sushis était la seule "première fois" pour lui en cette soirée débordante de nouveautés pour elle, Elena s'abstint de tout commentaire. Aborder le sujet de potentielles ex n'était guère appropriée pour un premier rendez-vous, encore moins que le pyjama qu'elle portait. Mais la belle américaine ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu maladroite, ne sachant réellement comment se comporter maintenant qu'ils étaient passés subitement d'amis à couple. Timidement, sa main libre vint effleurer celle de son Johan, décidant de garder ses appréhensions pour elle.
"La prochaine fois, je pourrais même les préparer moi-même ! J'aime beaucoup cuisiner ... Enfin, avec ma mère, nous avions tendance à beaucoup essayer des recettes de pâtisseries. Ce n'était pas toujours une réussite d'ailleurs, elle était plutôt maladroite, ce que j'ai d'ailleurs hérité d'elle ... Mais maintenant, je suis capable de faire un gâteau sans en brûler le fond avec l'expérience !"
Riant quelque peu, la nostalgie s'empara un instant d'elle. Puis souriant de plus belle, elle le fixa un instant, cet homme avec lequel elle avait décidé de partager sa vie. Mis à part sa passion pour tous végétaux, sa gourmandise concernant le sucre et son attrait pour le café, elle ne savait pas grand chose ... Mais, elle savait bien au fond d'elle que rien ne pourrait lui déplaire chez ce doux néerlandais.
"Et toi, qu'aimes-tu faire à part explorer la forêt ? Je me rends compte qu'on ne sait pas grand chose l'un de l'autre et je voudrais ... en savoir plus sur toi. Ce soir j'ai déjà découvert ton talent d'improvisation et un côté romantique semble-t-il ... et ça me plait beaucoup je dois avouer ..."
A défaut de lui avouer qu'elle voulait tout savoir de lui, jusqu'à connaitre chacune de ses passions, chacune de ses manies autres que les plus flagrantes. Leurs coeurs s'étaient unis avant même de réellement savoir qui ils étaient, ce qui rythmait leur quotidien, et pour elle, il était temps qu'ils remédient à cela, patiemment, profitant de chaque instant passé ensemble pour ce faire. Après tout, ils passeraient leur première nuit dans les bras l'un de l'autre, se questionner était quelque chose de légitime.
"Je suis désolée, je parle sans doute un peu trop mais ... je suis un peu nerveuse. C'est la première fois que l'on me prépare ce genre de surprise et je pense que je pourrais vite m'habituer ..."
Histoire d'échapper à cette aveu, elle piocha de nouveau malicieusement dans le plateau de sushi, tout en observant avec un brin de malice son amour. La belle new-yorkaise ne pouvait réprimer ce côté innocent et enfantin qui la caractérisait, peut-être beaucoup trop présent lorsque Johan était dans les parages, mais elle n'était pas sans savoir qu'il l'appréciait au vu des sourires qu'elle avait pu percevoir suite à ces diverses moues. Dans la hâte, l'étudiante n'avait pu réellement choisir son met, se mordant la lèvre en ressentant cette saveur piquante qui lui brûlait la langue. Rougissante, elle attrapa son verre d'eau pour en boire une gorgée, non sans une pointe de honte, s'abstenant de tout commentaire sur cet erreur de débutante. Elle savait pourtant que cette recette contenait un peu de wasabi ...
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Sujet: Re: Depuis le premier jour ... (PV Johan N. Stern ♥) Jeu 22 Déc 2016 - 17:57
Il était difficile à croire à la vue de son âge, mais cette soirée romantique était littéralement une première pour Johan. Son adolescence, cette période où l’on sort et où on l’apprend temps de choses sur cet aspect de la vie, il l’avait passée loin, très loin de ce que l’on peut qualifier du monde réel. Dans cet univers qu’il avait rejoint à l’époque, les rapports entre humains, entre hommes et femmes étaient brouillés et mêlés à celui de la force. On ne pouvait avouer de sentiments d’attachement ou les assumer, au risque d’y voir un aveu de faiblesse flagrant. Et, avec son jeune âge, il partait déjà avec un handicap de ce côté. S’il avait aimé à l’époque ? Johan pensait que oui. Une forme d’amour étrange et tronquée, un peu salie aussi peut-être, mais s’en était. Sinon, pourquoi serait-il parti ? Pourquoi aurait-il quitté ce milieu si ce n’était par réaction à la perte de cette femme ? Surtout après avoir enfin réussi à y faire sa place et à y être plus ou moins accepté. Parfois, quand ce tragique évènement lui revenait en mémoire, il ne pouvait s’empêcher de se poser une seule et unique question : aurait-il pu s’extraire de ce milieu si n’avait pas assisté à ce décès. Et à chaque fois, la même réponse : il ne le savait pas. Juste à cause de ce flottement, de ce non-savoir, de cette non-assurance, il n’arrivait pas toujours à sentir comme un « homme bien ». Il avait commis tant de terribles erreurs, des erreurs pour lesquelles il n’avait pas été puni par une quelconque forme de justice, qu’il n’arrivait pas à se conformer à cette idée. Une idée que pourtant, tous autour de lui avaient. Il dégageait pour le monde tellement de bonté, de douceur et de sérénité, qu’il était difficile de penser que cela n’avait pas toujours été le cas. C’est ce qu’Elena devait penser également, qu’elle était tombée sur un « homme bien », sans réellement se rendre compte qu’il n’y a pas si longtemps que cela, il avait été un « homme mauvais ». Quant à « l’après », le néerlandais ne s’était plus réellement essayé à la romance, de peur de recommencer les mêmes erreurs. Ses meurtrissures au cœur l’en empêchaient, sa culpabilité l’en empêchait. Il s’était donc plongé corps et âme dans ses études et dans son travail par la suite. Il s’était efforcé à se faire pardonner auprès de sa seule famille pour cette incartade, en se montrant des plus exemplaire dans tous les domaines. C’est durant cette période, les deux-trois premières années après son retour, qu’il avait appris plus ou moins seul tout un tas de compétence ménagère. Nettoyage, lessive, repassage, cuisine, de quoi se débrouiller seul d’une part mais d’autre part, de quoi expier ses fautes en allégeant le travail quotidien d’Oma Stern. Et même si sa chère grand-mère ne cessait de lui rappeler que ce n’était pas nécessaire, qu’il était enfin redevenu celui qu’il était réellement, avant toute cet interlude dans la rue, il n’arrivait pas toujours à s’en convaincre. Au moins s’était-il préparé à cette vie en solitaire qu’il avait embrassé en débarquant sur l’Île. Voilà d’où provenait le stress certain étreignant le néerlandais. Quelque part, il s’agissait de sa première et véritable soirée de couple, mais, en même temps, il ne pouvait montrer ce stress, de peur d’amener des soupçons ou de devoir s’expliquer. Et même s’il ne pensait guère à son passé actuellement puisque tout son être était focalisé sur la belle et douce américaine de son cœur, les faits étaient là : il était un novice en romance. Et quand on connaissait la passion pour les textes et livres à l’eau de rose d’Elena, on pouvait deviner aisément quels seraient ses standards. Pour l’instant, et même s’il se trouvait complètement désuet, d’un autre siècle, Johan trouvait qu’il s’en sortait plutôt bien. Cette soirée plus qu’improvisée plaisait beaucoup à son aimée et c’était tout ce qui comptait pour lui. Après qu’il se soit installé à table, il avoua à demi-mot n’avoir jamais utilisé de baguettes de sa vie ou même déguster de sushi. Il était persuadé d’en aimer la saveur néanmoins, puisqu’aucun des ingrédients entrant dans la composition de ce plat japonais ne le rebutait. Par chance, Elena ne s’en amusa guère et lui promit de lui montrer la marche à suivre. Puis, il se proposa de les servir en boisson. Au magasin, il s’était bien rendu compte qu’il ne connaissait pas assez l’élu de son coeur pour savoir ses goûts en matière d’alcool. En consommait-elle seulement ? La réponse lui fut vite donnée puisqu’elle avoua ne pas en raffoler. Il aurait pu le deviner, mais le stress le rendait moins sûr de lui. Parfait, au moins, il n’aurait pas lui aussi à en consommer. Par ‘convention sociale’, il n’était pas toujours bien vu de refuser d’agrémenter ce genre de soirée de célébration d’un verre de vin ou de champagne. Mais de son côté, Johan évitait absolument toutes substances pouvant provoquer une accoutumance malsaine. Pour ne pas tenter le diable, pour ne pas être tenter de reprendre ce qu’il avait eu tant de mal à abandonner. Sa résolution était peut-être des plus drastiques, mais elle le rassurait. Une barrière supplémentaire qui lui permet de rester cet « homme bien » le plus longtemps possible.
Avec ce sourire qui ne le quittait plus depuis sa déclaration, il leur servit à tous les deux de l’eau. Les bouteilles d’alcool resteront non-touchées pour ce soir, et sans aucun doute ne seront-elles jamais ouvertes. Il observa ensuite Elena avec attention. Avec précision, il essaya de l’imiter et se saisit de ses propres baguettes pour les positionner comme elle le lui montrait. Sa prise était encore largement très incertaine mais il allait devoir s’y habituer rapidement, au risque de faire tomber beaucoup de sushi. Un petit défi en plus en somme. Il avança sa main et essaya de se saisir de la première boule de riz à portée. Encore tremblant, ses efforts ne produire que fort peu de résultat. A peine soulevait-il le met d’un ou deux centimètres qu’il retombait à sa place. Du moment qu’il ne se fracassait pas dans le récipient de sauce soja. Sans doute l’américaine avait-elle remarqué son désarroi, puisque, adroite, elle décida de lui permettre d’enfin gouter à son premier sushi. Johan en fut d’abord interloqué en comprenant qu’il lui fallait tout engloutir en une seule bouchée mais il se saisit doucement de la main de son aimée pour l’aider à guider l’aliment dans sa bouche. Ceci fait, il la relâcha. C’était... c’était plutôt bon en fait. Le mélange des saveurs était pour ainsi dire parfait, et l’ajout de la sauce soja ajoutait ce petit plus qu’il ne saurait décrire. A son tour, Elena mangea son premier sushi avant de le questionner sur cette ‘expérience’.
« Eh bien, c’est vraiment très bon ! Je ne regrette pas mon choix, même j’aimerai surtout réussir à les prendre moi-même. »
Il eut un petit rire nerveux avant de tenter un nouvel essai. Ses baguettes lui semblaient tellement placée de manière moins élégante que celles d’Elena qu’il se demandait s’il y arriverait. Mais il essaya. Il referma sa prise autour d’un deuxième sushi, enroulé d’une couche de graines de sésame, et le souleva avec précaution. Il plaça sa deuxième en dessous, un peu avec regret puisqu’il dut rompre ce timide contact avec celle de l’américaine, et le dirigea très lentement jusque sa bouche. Bien, Johan, pas encore de gaffe. Si sa maladresse pouvait le laisser tranquille ce soir et éviter de gâcher sa soirée, il en serait très heureux. Il mâcha consciencieusement tout en venant reprendre la main lire de son aimée dans la sienne et écouta Elena parler de ses talents culinaires. Maladroite, hm ? Comme lui en somme, même s’il faisait de gros efforts pour le masquer. Il ne put s’empêcher de sourire en constatant ce point commun, puis de rire, synchrone à son aimée et à ses déboires pâtissiers. Cuisiner quand on n’est pas très adroit, il connaissait plutôt bien, et le sol de la cuisine de sa grand-mère s’en souvenait douloureusement.
« Je vois parfaitement ce que tu veux dire, j’ai moi-même des souvenirs de préparation de gâteau qui ont fini par terre plutôt que dans le four. Et le parquet, ce n’est vraiment pas facile à nettoyer. »
Est-ce que ce genre d’anecdotes avait de l’intérêt pour elle ? En tous cas, il lui sembla que oui, vu qu’elle ne le coupa pas. Elle semblait même intéressée, avide d’en savoir plus sur lui. De plus petite histoire sans intérêt aux plus grosses révélations. C’était bien de parler de ça et de pouvoir le faire en caressant doucement et distraitement la main d’une personne aimée. Il pourrait s’y habituer, à ce contact, très rapidement même. Il eut la confirmation de cette impression quand l’étudiante reprit la parole, lui avouant qu’elle connaissait très peu de choses sur lui. Et pour cause, Johan ne parlait pour ainsi dire jamais de lui. Il n’aimait pas ça, vraiment pas. Après tout, comment lui avouer qu’il découvrait lui aussi ce « côté romantique » de sa personne ? Qu’il n’avait pour ainsi dire jamais vraiment diner en amoureux de la sorte avec une autre personne ? Comment avouer tout ça sans les lier à son passé ? Pourtant, sa question était bien innocente et fort légitime. S’ils devaient désormais se comporter comme un couple des plus normal -ce que le néerlandais voulait par-dessus tout-, ils allaient devoir apprendre à se connaitre. Mais il n’aimait juste pas parler de lui, de peur de devenir trop intime avec quelqu’un, de peur de révéler sans le faire exprès des bribes de son passé noir et sale. Il resta alors plusieurs secondes complètement interdit. Peut-être s’en rendit-elle compte, peut-être pas, mais presque immédiatement, elle revint sur ses paroles, et s’en excusa. Elle avoua sa nervosité et il hésita à son tour à le faire, mais ne le fit pas.
« Non, non, ne t’en fait pas, c’est normal de se poser des questions. C’est juste que j’ai rarement l’occasion de parler de moi et que... » Il marqua un très léger temps d’arrêt. « Je ne sais pas vraiment quoi dire. »
Est-ce que sa gêne était aussi flagrante qu’il le pensait ? Il espérait que non, vraiment. Mais il ne pouvait s’empêcher de penser qu’Elena avait raison. Elle plus que quiconque était en droit désormais d’en apprendre plus sur lui. A vrai dire, et elle ne pouvait pas le savoir, elle en savait déjà beaucoup plus que n’importe qui sur cette Île et même que n’importe qui du continent, à l’exception de sa grand-mère, évidemment. Difficile à croire ? Par vraiment, puisque le néerlandais était passé maitre dans l’art d’éviter les questions personnelles et de les détourner à son avantage. De quoi ne jamais se sentir proche de lui et cela l’arrangeait à une certaine époque. Mais plus maintenant. S’il voulait faire durer cette relation naissante, il devrait se faire violence et apprendre à parler de lui... sans pour autant dévoiler ce qui était encore trop lourd à dire pour lui. Il prit sa décision, il lui parlerait de ses quelques passions et... Il fut stoppé dans son élan et par le visage fort rougi d’Elena. Rougi, mais pas à cause de lui pour une fois, mais à cause du sushi au wasabi qu’elle venait de manger. Honteuse, elle lâcha sa main pour se saisir de son verre d’eau et dissiper le gout trop fort pour elle. Johan ne put s’empêcher de s’amuser de la situation, même s’il savait qu’il ne devrait pas. Au su de la timidité maladive de l’américaine, il ne ferait qu’aggraver sa gêne. Aussi décida-t-il d’agir pour la dissiper. Il repéra le second sushi au wasabi, jumeau de l’autre et s’en saisit avec ses baguettes. Sans la moindre crainte, puisque très conscient de ce qui allait se passer, il le mangea. Le gout était vraiment, vraiment très piquant, surtout qu’il était plus habitué aux douceurs sucrées qu’aux épices. A son tour, quelques couleurs parèrent son visage. Il avait chaud et sa gorge s’asséchait de seconde en seconde. Il avala d’une traite le mets responsable de son état.
« Ah ! C’est vraiment très fort ! » Il se saisit de son verre d’eau et en but tout le contenu. Puis, il remplit les deux verres d’eau et vida le sien une seconde fois, puis une troisième. Au moins, maintenant, ils étaient tous les deux dans le même état. Plus de honte à avoir alors. Le déluge d’épice passé, il souffla doucement. « Ok, la prochaine fois, on évite le wasabi. Ce n’est clairement pas pour nous. » Et repris son sourire. « Ça va, toi ? Une chance que le rouge t’aille bien au teint. » Pris par un élan de tendresse, il se releva légèrement et se pencha par-dessus la table. Sa main vint rejoindre la joue de son aimée, qu’il guida jusqu’à pouvoir poser ses lèvres sur les siennes. Il l’embrassa avec délicatesse, très simplement et ajouta, tout sourire, quand le baiser se rompit. « Tes lèvres piquent maintenant. »
Et il se rassit. C’était vrai. Le rouge lui allait superbement et s’harmonisait parfaitement avec le grain de sa peau. C’est ce que son cœur lui soufflait, tout comme il lui avait soufflé qu’Elena était magnifique dans ce pyjama deux fois trop grand pour elle. Il joua distraitement avec le pied de son verre à vin, pour s’occuper les mains, mais aussi pour relâcher un peu la pression et le stress. ‘Calme, Johan, calme, elle ne t’a pas demandé toute ta vie en détail’. Il prit son courage à deux mains.
« Pour en revenir à ta question, j’ai assez peu de passion en dehors de mon travail. Mais quand j’ai un peu de temps, j’aime lire, m’occuper de mes plantes et faire un peu de pâtisserie, même si j’ai dû arrêter faute de personne pour les gouter. A l’occasion, je dessine, mais c’est surtout pour mes recherches. » Il rit un peu nerveusement, se rendant bien compte que sa vie n’était pas des plus passionnante. Il avait eu assez d’excitation pour toute une vie dans son adolescence et n’aspirait plus qu’au calme désormais. Mais il avait peur de paraitre ennuyeux. Ennuyeux et désuet. Trop hors du temps. « J’aime aussi voyager, mais ça risque d’être plutôt compliqué maintenant. » Avec l’île, pour sûr qu’il n’était pas près de repartir en voyage en Amérique du sud. Dommage d’ailleurs. « Sinon... j’ai un peu de mal avec les nouvelles technologies -mais ça, tu as dû t’en rendre compte. Je pense que c’est parce que j’ai été élevé par ma grand-mère. Aussi adorable soit-elle, elle n’en est pas fana non plus. »
C’était à son tour de la taquiner avec ses compliments. A vrai dire, il ne ressentait pas ce besoin impérieux de tout savoir sur elle, simplement parce qu’il avait déjà l’impression de la connaitre par cœur.
« A ton tour maintenant ! Je sais que tu es douce et adorable et que tu aimes les romans à l’eau de rose, les sucreries et les minéraux. » Il se retint d’ajouter qu’elle parvenait même à lui paraitre des plus splendide dans ce vêtement de nuit mais il ne put retenir la remarque suivante. « Je sais aussi qu’un rien te fait rougir et que c’est très loin de me déplaire... j’aimerai savoir ce que tu fais quand tu n’es pas en cours ou ici, et aussi si tu comptes toujours démissionner ou pas ? »
Il rit un peu. Après tout, il n’avait pas la confirmation qu’elle comptait rester à ses côtés comme assistante ou non. Il espérait que oui, évidement. Tout en attendant sa réponse, il se saisit de ses baguettes et attrapa un sushi. Toujours pas des plus à l’aise, il commençait cependant à prendre l’habitude. Au saumon et au fromage frais, une adaptation au palais européen à n’en pas douter. Un délice.
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Sujet: Re: Depuis le premier jour ... (PV Johan N. Stern ♥) Mer 4 Jan 2017 - 17:12
Depuis le premier jour ...
Depuis le premier jour. La douce américaine n’avait attendu que cela depuis ce jour-là, imaginant divers scénarios concernant une éventuelle vie de couple avec le botaniste. Si elle l’imaginait doux, attentionné et inventif, Elena avait constaté que le néerlandais était tout ce qu’elle pouvait rechercher, et même bien plus parfait en réalité. Si elle avait déjà ressenti cela pour quelqu’un ? Jamais. Ces sentiments si forts étaient une première pour la jeune étudiante, il était si facile de s’y adonner, de lâcher prise. Alors que la belle avait pensé tant d’années à penser avant tout aux autres et surtout, à sa chère mère défunte, cette fois, elle avait décidé de tenter sa chance. Et pour ce faire, silencieusement, la new-yorkaise à la crinière d’ébène s’était permise une promesse silencieuse : celle de dépasser au mieux sa timidité maladive afin de plaire à son aimé, afin d’alimenter encore un peu plus les sentiments qu’il avait pour elle. Si novice en histoire d’amour, mais pourtant si cultivée par les divers romans qu’elle avait pu lire, la brune avait déjà perçu quelques-unes de ses manies qui avaient tendance à illuminer le regard balancé du néerlandais, à faire épanouir un sourire sur ses lèvres. Et déjà, elle savait qu’elle pourrait se permettre d’en jouer, de façon taquine, bien loin de l’idée de ‘provocation’.
Cette petite soirée improvisée par l’élu de son cœur, afin de célébrer cette relation naissante, ravissait la jeune étudiante. Elle ne tenait aucune rigueur des souffrances que l’indifférence de Johan avait pu provoquer chez elle, après tout, il n’en était pas réellement responsable, il n’en avait pas été conscient. Il était temps pour elle de penser uniquement à l’instant présent. Profiter de ce temps passé ensemble, de ces premières heures précieuses suivant leur déclaration, certainement des moments qu’elle pourrait se remémorer dans plusieurs années. Car la belle à la chevelure d’onyx ne se voyait avec aucun autre que lui, se permettant de croire que cette intention était réciproque.
Un léger sourire amusé marqua ses traits lorsque l’américaine observa son aimé tentant désespérément de se saisir d’un met, mais elle vint rapidement à son secours d’une façon des plus délicates. Ainsi, choisissant sa recette de sushi préférée, elle le lui avait permis de goûter à même ses propres baguettes. C’était ce que faisaient les couples durant des soirées de ce genre, enfin c’était surtout sa vision des choses. Le simple fait de sentir la main de Johan saisir la sienne suffisait à la faire rosir de nouveau. Scrutant la réaction de celui-ci face à cette nouveauté, elle mangea à son tour, légèrement impatiente de savoir s’il partagerait les mêmes goûts en matière de cuisine. Et ce fut le cas, malgré son regret de ne parvenir à se servir des baguettes. Un rire cristallin accompagné celui du professeur à cette remarque. Si anodin, mais pourtant, rire en cœur avec celui qu’elle avait choisi rendait Elena encore plus euphorique.
La belle se sentait de plus en plus détendue en présence de celui avec qui elle allait maintenant partager sa vie, plus à l’aise, même si ses rougissements fréquents et intempestifs ne se stopperaient guère de sitôt. Bien qu'elle avait parfaitement conscience du fait que la plupart des gens n'aimaient guère être épiés lorsqu'ils mangeaient, elle la première, Elena ne pouvait s'empêcher de contempler son botaniste. Si avide de le connaitre un peu plus, la belle américaine n'hésitait pas à conter quelques anecdotes, lui faisant ainsi part de ses talents de cuisinière parfois entâchés par sa maladresse, tout comme sa chère mère. Et de nouveau, elle put profiter du rire du néerlandais qui semblait lui aussi avoir son lot de maladresse, petite histoire de sa part qu'elle trouva bien sur adorable. Si la brune le pouvait, certainement l'écouterait-elle parler de lui toute la soirée.
Ce fut à cet instant sa chance d'embrayer sur son désir d'en savoir plus sur l'être aimé. Envie légitime puisqu'ils allaient maintenant partager bien plus que des cours et des dossiers de recherche. Pour ce faire, la Saruta crut bon de s'en justifier pour ne pas paraitre trop curieuse, quelque peu effrayée à l'idée de le faire fuir. Peut-être s'emballait-elle un peu trop vite sur cette relation naissante ? Aussitôt, elle s'en excusa, prenant pour prétexte sa réelle nervosité, avouant ainsi que personne ne lui avait préparé une telle soirée. Comprendrait-il qu'il était son premier amour ? Johan lui avoua ne pas avoir l'habitude de parler de lui et ne pas savoir réellement quoi dire. Etait-ce de l'ennui ? N'était-elle pas assez intéressante pour qu'il lui révèle ses passions et quelques parcelles de sa vie ?
Restant quelque peu interdite à cet instant de gêne, elle ne trouva rien de mieux que de détourner l'attention en attrapant un autre sushi qu'elle goba sans réellement se rendre compte de ce qu'elle faisait. Bien rapidement, la jeune new-yorkaise regretta son geste, ressentant l'élan d'épices qui la fit rougir de plus belle. Dans un effort considérable pour paraitre normale, elle relâcha la main de Johan, n'osant lui jeter le moindre regard. Bien sûr qu'il se rendrait compte que quelque chose n'allait pas, mais elle se contenta de vider son verre d'eau, honteuse. Tentant de faire au mieux fît de son mal-être, ses pupilles d'océan se fixèrent sur le second sushi au wasabi dont le beau néerlandais se saisissait. Déglutissant, la belle aurait souhaité le prévenir, bien que la logique voulait que le jeune homme savait ce qu'il faisait, mais elle ne put que se contenter de l'observer manger le met "dangereux" à son tour.
Alors que la sensation de brûlure commençait à s'estomper sur la langue d'Elena, elle ne put s'empêcher de s'amuser de la situation, de voir les joues de son aimé se parer des mêmes couleurs que les siennes, spectacle qui ne lui avait pas encore été donné de voir. Bien qu'elle aurait aimé que cette teinte apparaisse à cause d'elle, l'américaine trouva son geste plutôt chevaleresque, lui qui n'avait hésiter à braver les épices pour ... elle et juste elle. A son tour, il vida son verre, les resservant tous les deux. La Saruta en profita pour en boire tout le contenu une seconde fois. Aux dires de Johan, elle pouffa légèrement de rire tout en le contemplant de ses yeux larmoyants, acquiesçant à ses mots. Ce qui aurait pu gâcher sa soirée n'avait fait que l'améliorer d'un instant inédit de complicité.
Un compliment de la part de l'élu de son coeur et ses iris d'azur se baissèrent de gêne, non qu'elle n'appréciait pas, bien au contraire, elle n'y était simplement pas habituée. Sourire aux lèvres, elle lui répondit timidement. "Ca va merci ..." Le contact de sa main sur sa joue la fit relever la tête, constatant avec joie qu'il souhaitait la flatter un nouveau baiser qu'elle lui rendit sans aucune hésitation, sa main venant brièvement s'aventurer dans sa chevelure en bataille. Se pinçant les lèvres, son sourire s'élargit. "Les tiennes aussi !"
Ce sushi épicé était délibérément le dernier de la soirée pour Elena, elle qui voulait éviter une nouvelle bourde pour leur premier dîner en amoureux. Et lorsqu'il revint à sa question précédente, l'étudiante l'écouta avec attention, buvant ses paroles. Tout ceci, la belle avait pu s'en rendre compte, mais elle était tout simplement heureuse de les entendre de sa bouche et ce fut en venant caresser doucement cette main joueuse qu'elle commenta ses dires.
"Personne pour goûter tes pâtisseries ? Je pense que je pourrais me sacrifier pour tenir ce rôle maintenant."
Puis elle le laissa poursuivre, comprenant cette nostalgie quant au fait qu'il ne pourrait plus voyager comme il le souhaite maintenant qu'ils étaient coincés sur cette île. Aussi, elle lui lança un regard désolé, ne sachant que dire pour alléger ces propos. Et elle ne pouvait révéler au beau milieu de leur premier rendez-vous que résider sur cette île l'empêchait de se recueillir sur la tombe de sa mère. Mais le spleen ne tarda guère à s'estomper, Elena souriant largement aux aveux du botaniste hors du temps.
"Ce n'est pas forcément une tare de pouvoir se passer de la nouvelle technologie ... Je trouve ça plutôt mignon ..." Puis, elle enserra un peu plus la main de son aimé. "Ta grand-mère a l'air d'être quelqu'un de vraiment fabuleux ..."
Puis la jeune femme à la crinière d'ébène finit par ôter sa main, pour effleurer un peu nerveusement la nappe, lorsque le sujet se reporta sur elle. Instantanément, ses joues se teintèrent de nouveau, Elena commençait à elle-même se lasser de cette timidité prononcée, mais cela était apparemment au goût de l'élu de son cœur. Une moue timide et elle finit par revenir sur ce magnifique regard balancé. Gentil et adorable. Ce qu'elle pouvait déjà l'aimer ... Et puisqu'il se permettait de la taquiner, pourquoi n'en ferait-elle pas de même ? Jouant avec ses baguettes, elle réfléchit quelque peu avant de lui apporter une réponse.
"Etrangement, entre mon travail ici et mes cours, je ne fais pas grand chose ... Tout simplement parce qu'un beau néerlandais a tendance à hanter toutes mes pensées depuis plus d'un mois ..." Repoussant un peu plus sa réserve, malicieuse, elle risqua un coup d'oeil vers lui, une moue amusée sur le visage. "Il s'avère qu'il a regard envoûtant et un sourire à tomber, je ne trouve rien donc de mieux à faire que de ... penser à lui ..." Peut-être parviendrait-elle à son tour à le faire rougir ? Puis elle reprit quelque peu son sérieux. "La plupart du temps, je lis, il m'arrive de cuisiner pour ma colocataire aussi ou de faire du shopping avec elle ... Et si tu es d'accord, j'aimerais revenir sur ma démission et ... poursuivre mon rôle d'assistante. J'apprends beaucoup de choses avec toi et je trouve tes recherches passionnantes."
Et c'était vrai, en apprendre un peu plus sur les plantes, les fleurs, surtout en compagnie de son beau néerlandais était bien loin de lui déplaire. Et maintenant que les sentiments de l'un et de l'autre avaient été dévoilés, Elena ne pouvait que vouloir passer un peu plus de temps avec celui qui ravissait son coeur. Posant ses baguettes, elle chercha ses mots, voulant évoquer un souhait peu commun de sa part.
"Ce repas était vraiment délicieux. J'ai vraiment adoré. Je suis contente que tu sois le premier à me faire découvrir ce qu'est un premier rendez-vous ... Est-ce que ... Est-ce que cela t'ennuie si nous allons nous coucher ?" Hésitante, elle ajouta quelques mots, comme pour préciser ses intentions. "Je suis un peu fatiguée, les derniers jours ont été éprouvants autant que pour moi que pour toi je suppose ..." Ce qu'elle lui cachait là était simplement son envie de se blottir dans ses bras et de s'y endormir sereinement. La belle finit par se lever, examinant sa propre tenue avant de rire un peu. "La prochaine fois, je tenterais de m'habiller en conséquence pour la soirée !" Et ce fut vêtue de son pyjama beaucoup trop grand pour elle que l'américaine s'approcha de Johan, venant poser tendrement ses lèvres sur les siennes, désireuse d'une petite étreinte. Une fois le baiser rompu, elle vint lui souffler quelques mots à l'oreille. "Merci ... Mon amour ..."
Se détachant de lui, elle lui adressa une dernière question, un peu embarrassée. "En fouillant les sacs, j'ai vu que ... tu avais acheté quelques affaires pour moi ... Je peux monopoliser encore un petit peu ta salle de bain ?" Bien qu'assez curieuse pour laisser traiter ses prunelles d'océan dans les paquets de son néerlandais, son savoir-vivre l'empêchait encore de s'y servir de son propre chef.
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Sujet: Re: Depuis le premier jour ... (PV Johan N. Stern ♥)