Des bruits de verre cassé venaient de retentir. Bientôt, on entendait la panique des jeunes adolescents se trouvant dans la pièce. Et puis, les cris se généralisèrent. Les ampoules avaient éclaté, certains avaient des bris de verre légèrement plantés dans la peau. Et comme si ça ne suffisait pas, l’alarme assourdissante de la prévention incendie venait de se mettre en route. Elle sentait qu’on la tirait par la manche, le poignet. Les yeux vides, le regard livide, le visage pâle. Elle s’écroula au sol, le long du mur, comme si ses forces l’avaient quittée. Elle pouvait entendre une voix l’appeler. On essayait de l’aider. Sans émotions, elle se laissait trainer jusqu’au dehors. Les flammes s’étaient emparées du bâtiment. Assise par terre, elle ne comprenait pas réellement ce qu’il se passait. Mais lorsqu’elle entendit à nouveau son nom, elle leva la tête vers cette douce voix.
« Ku… rai ? »
Il lui tendait la main. Elle voulait la saisir. Mais c’était trop tard. Ils étaient « là-haut », sur le toit de ce temple qu’ils avaient visité et dans lequel ils étaient entrés pour se protéger. Ce même toit duquel Kurai venait de chute. Et elle était là, inerte, n’arrivant pas à bouger. Elle aurait tellement voulu être à sa place. Tellement souhaité pouvoir le rattraper… Mais au lieu de ça, elle déployait une colère et une puissance infinie. Un pouvoir qui l’effrayait, encore. Encore… Encore…
Un sursaut. Le cœur battant à vive allure, la brunette venait de se dresser sur son lit. Assise, elle mit quelques secondes pour reprendre ses esprits. Elle dégagea une mèche de cheveux qui la dérangeait. Ces cauchemars… ils ne la laisseraient donc jamais tranquille ? Elle devait bien avouer que, dernièrement, ils s’étaient faits plutôt discrets. Voilà maintenant une semaine qu’elle avait emménagée avec « lui ». Lui, Kurai, maître incontesté du royaume de son cœur ; seul possesseur de son corps ; seule personne avec qui elle partageait sa vie, son passé, et tellement de points communs. Elle rougit un instant en pensant à lui. Lorsqu’il était là, elle se sentait apaisée. Et depuis qu’elle avait emménagée avec lui, ses mauvais rêves étaient déjà plus discrets, ses nuits légèrement meilleures et parfois même plus longues. C’était sa présence qui faisait fuir les mauvais esprits, et ça, elle l’avait bien comprit. Ce matin-là, elle avait également bien comprit qu’il n’était pas auprès d’elle. Sa place était vide, et déjà froide. Ça faisait un certain temps qu’il était parti. Alors, Jess chercha le réveil pour enfin prendre conscience de l’heure. En vain, cet objet fascinant semblait avoir disparu. Sans réellement s’en soucier, elle se leva et ouvrit les rideaux rouges de la jolie chambre rouge dans laquelle ils dormaient. Sans réellement savoir quoi, elle savait que quelque chose clochait. Mais elle continua seulement de s’activer à ses tâches quotidiennes. Elle commença par se laver le visage, brosser ses dents et ses cheveux. Elle décora ses cheveux noirs corbeau d’un magnifique nœud rouge à la Minnie Mouse. En se regardant dans le miroir, elle haussa un sourcil. Etrange… Et puis, elle partit enfiler une de ses adorables robes rouges, qui ornée d’un tablier blanc et d’une longue cape rouge au mignon capuchon, lui allait si… mal. Non, décidément, c’était étrange. Sa penderie regorgeait de vêtements rouges. Que des robes. DES ROBES. DES ROBES VOUS ENTENDEZ ! DES ROBES BORDEL ! Jess ne mettait, pour ainsi dire, jamais de robe. Et encore moins rouges, bouffantes à souhait. A bien regarder, les objets, leurs places, la pièce… rien ne ressemblait à leur appartement d’Ikazuchi. Intriguée, elle se rendit à la cuisine, cherchant son bien aimée dans toute la… maisonnée ? Apparemment, ils avaient emménagé dans une petite maison de bois, au milieu des bois, avec des meubles en bois et une grand-mère à la jambe de bois avait pris la place de Kurai.
Jess fut prise d’un rictus. Elle s’assied à table et, le plus naturellement du monde, demanda à la grand-mère ce qui était au menu du petit déjeuné. La grand-mère paraissait sympathique. Paraissait seulement. Puisqu’en réponse à sa question, la jeune femme n’obtint qu’un grognement.
« Grand-Mère ? Allez-vous bien ? Vous sentez-vous mal ? »
« Hmf... »
« Grand-Mère, avez-vous besoin d’aide à la cuisine ? »
« NOOON ! JE VEUX QUE TU MEURES ! JE VEUX TE MANGER ! JE VEUX TON AMOUR, TON CŒUR ! TOUT ! HAHAHAHAHA ! »
Sans que Jess n’ai réellement comprit la situation, la Grand-Mère aux cheveux gris en bataille et qui ressemblaient à de la paille sorti une hache du four et commença à la poursuivre dans la maison de bois. Sans vraiment s’en rendre compte, elle créa un champ de force électrique pour se protéger de la hache. Bien qu’elle ne fût pas touchée, le champ éclata au contact de l’arme, dispersant les éclats de lumière dans la pièce. La brunette profita de cet instant pour fuir et, sans même prendre le temps de refermer la porte, se faufila dans le bois qui entourait la maison.
Là, elle courait. Ses bas blancs glissaient doucement le long de ses jambes, sa robe bouffante s’accrocha une fois ou deux. Mais c’était surtout ses souliers plats rouge vernis qui l’empêchait d’être libre de ses mouvements. Jess, d’habitude, c’était ses bottines à talon ou rien ! Tellement habituée à sa douzaine de centimètre de hauteur qu’elle ne savait plus marcher à plat. A un moment, elle trébucha. Elle se savait suivie par la folle à la hache, alors elle essaya de se défaire du terrier dans lequel elle s’était enfoncée le plus rapidement possible.
Le cri d’un loup retenti.
Pas rassurée, Jess commença à s’agiter. Elle entendait des pas s’approcher d’elle.
Elle se démenait pour se défaire, mais rien n’y faisait : elle était coincée.
L’ombre d’un animal aux longues oreilles pointues se manifesta.
Lorsqu’elle leva la tête, Jess se retrouva face à un loup.
Un loup sur deux pattes.
Un loup avec une étrange veste rouge.
Un loup… humain ?
Par réflexe de protection, elle croisa ses bras et créa un nouveau champ électrique. Lorsqu’elle écarta ses bras, les éclairs se dispersèrent pour aller frapper l’ennemi.
Foutez-moi la paix… Qu’est-ce que je fou là… Bordel ! Kurai ? Rai ? Quelqu’un ? Aidez-moi… Je veux sortir d’ici ! Veux pas mourir bouffée par un loup alors que je porte ces vêtements ridicules !
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