Entre deux livres... [Lyce/Kurai]

Pour une fois que je peux bosser...

Pour une fois, Kurai avait réussi à aller au travail. Pas de convocation de la banque, pas de congé parce qu’il était blessé, pas de gêneurs à mettre K.O, pas de rencontres impromptues qui l’empêchaient à chaque fois d’aller travailler… Rien ! Il semblerait que l’année commençait bien.

En effet, à l’heure actuelle, le jeune homme ne se retrouvait pas dans les ennuis jusqu’au cou, puisqu’il venait de franchir le seuil de la librairie. Non, ce qui l’attendaient, maintenant, n’étaient que quelques heures de travail avant que sa journée ne se termine. Rien de bien folichon, certes, mais au moins, pour une fois, tout se déroulait comme prévu.

Ceci étonna d’ailleurs fortement le patron de l’étudiant, qui, en le voyant arriver à l’heure, ne put s’empêcher d’émettre une plaisanterie teintée d’ironie, mais pas blessante.

-Hé bien, Kurai, qu’est-ce qu’il t’arrive, aujourd’hui ? Il va y avoir un miracle, c’est ça ? Tu es sûr qu’un forcené ne va pas apparaître pour t’emmener à la banque pour que tu sois à nouveau blessé et incapable de travailler ?

Le jeune homme sourit à la remarque du propriétaire, qui n’était finalement pas beaucoup plus vieux que lui, mais qui possédait une incroyable capacité de dédramatiser n’importe quoi. Et, en guise de réponse, le raijin se contenta de hausser les épaules et de saluer.

-Bonjour, patron. Ouais, aujourd’hui, c’est un miracle, alors profitez-en. Ça risque de pas se reproduire souvent.

Le patron eut un petit rire et s’écarta pour libérer le passage. Le jeune homme entra dans la boutique et s’empara d’un livre sur les rayonnages avant de se glisser derrière le comptoir et d’ouvrir le livre, reprenant sa lecture à l’endroit où il s’était arrêté la dernière fois. Le patron ne s’en formalisa aucunement, puisqu’il avait même été celui qui avait conseillé à Kurai, lorsqu’il l’avait embauché, de ne pas hésiter à lire les livres qui l’intéressaient. Aussi le jeune homme ne s’était évidemment pas fait prier et depuis, à chaque fois qu’il venait travailler ici, il se plaçait en caisse et lisait.

Il avait ainsi découvert plusieurs sagas intéressantes et était d’ailleurs en train de lire le dernier tome sorti d’une de ces sagas. Cependant, il arrêta de lire lorsque son patron l’interpella.

-Kurai ?
-Oui ?
-Aujourd’hui, normalement, une lycéenne qui cherche un mi-temps va venir pour son premier jour. Donc aide-la au besoin, d’accord ?
-Pas de problèmes.

Après ce bref échange, le jeune homme reprit sa lecture. Il était bien entendu curieux de savoir qui était cette lycéenne, mais pour l’instant, elle n’était pas encore là, donc il pouvait prolonger sa lecture.

La fameuse lycéenne arriva peu de temps après. Alors, le patron lui présenta la boutique et son fonctionnement, sans préciser que Kurai était à l’origine d’un bouleversement dans le système de rangement car, avant son arrivée, autant dire les choses simplement : c’était le bordel. Kurai avait donné un coup de main et les rayonnages méritaient à nouveau leur dénomination…

Mais le jeune homme, qui écoutait d’une oreille distraite, ne s’en formalisa pas. Il était à un passage intéressant du livre, donc ne voulait pas s’arracher à sa lecture pour émettre une remarque somme toute peu importante. Heureusement, le patron continua de décrire à la jeune femme les tâches qu’elle aurait à accomplir, avant de terminer en précisant que, si elle avait des questions, elle n’aurait qu’à demander au jeune homme, puisqu’elle travaillerait avec lui.

Puis il partit, laissant les deux jeunes gens seuls. Et, visiblement, elle ne savait pas trop quoi faire. Alors, elle s’avança vers lui et se présenta sous le nom de Lyce. Kurai se contenta au début d’un hochement de tête et d’un signe de la main pour lui demander de patienter un peu puis, une fois qu’il eut terminé le chapitre, ce qui fut assez rapide puisqu’il ne lui restait qu’une page à lire, il referma le livre et le posa sur le comptoir. Puis il se tourna vers la jeune fille et afficha un air légèrement surpris en voyant son cache-œil, mais il se reprit bien vite.

Avec un léger sourire, il détailla rapidement la jeune femme aux cheveux argentés, puis porta deux doigts à sa tempe, qu’il releva rapidement, pour saluer.

-Enchanté, Lyce. Je crois que le patron m’a déjà présenté, je m’appelle Kurai. Bienvenue ici. Si tu as des questions, hésite pas. Et hésite pas non plus à bouquiner un peu quand tu n’as rien à faire, le patron s’en formalise pas, tant que tu abîmes pas les livres et que tu les remets en place.

Il attendit avec un léger sourire, au cas où Lyce aurait des questions à lui poser. Mais, avant qu’elle ne puisse lui demander quoi que ce fût, il eut un nouveau sourire.

-Mais si tu n’as pas de question, que dirais-tu d’un petit test, pour voir si tu arriveras à t’en sortir ? Vu que je ne serais pas toujours là, autant que tu apprennes vite, tu es pas d’accord ?

En faisant cette proposition, il voulait avant tout rendre service. En effet, quoi de mieux pour apprendre à tenir la boutique que de faire une simulation ? D’autant plus que, cette fois, Kurai pouvait l’aider pour qu’elle se débrouille rapidement toute seule…

Let the test begin...

La jeune femme releva ses manches, manifestement prête à relever le défi, déclarant qu’elle était d’accord pour un petit test. Avec un petit sourire, Kurai l’invita donc à passer en caisse, ce qu’elle fit tandis qu’il passait de l’autre côté du comptoir. Puis, avec amusement, il déposa son badge sur le comptoir.

-Bon, pour le test, je vais jouer le client. Mais pas n’importe quel client. LE client. Celui que n’importe quel vendeur redoute plus que tout. Le client insupportable et odieux. Si tu arrives à gérer cette situation, tu devrais réussir à gérer n’importe quel type de situation. Et vu que j’aime pas faire des choses trop faciles… Pour cette simulation, tu devras en plus affronter une catastrophe… Le patron qui aura fait un gros doigt au système de classement que je lui ai fait mettre en place, ce qui a ramené cette boutique à son état précédant mon embauche : le bordel sans nom.
-Je t’entends, Kurai !
-Je sais, patron, je sais ! Et j’espère bien !
-Oui, bon, je reconnais que tu as fais des merveilles avec le classement, t’es content ?
-Bien sûr, merci !

Kurai rit. Il savait parfaitement que le patron allait entendre ce qu’il disait puisque, malgré tout, la boutique n’était pas gigantesque, même si elle n’était pas non plus minuscule. Puis il se dirigea vers les rayonnages et enleva quelques livres par-ci par-là. Il en déplaça d’autres et, en quelques manipulations, les rayonnages bien distincts s’étaient fondus en un agglomérat presque informe. Le jeune raijin eut un sourire rassurant vers Lyce.

-T’inquiète pas, je remettrais tout en place après. Je suis celui qui l’a fait, je sais comment le défaire et le refaire rapidement. Bon, pour ce petit test, tu as droit à 20 erreurs avant d’être hors-jeu, et tu as un joker si tu bloques à un moment. Et, ne t’inquiète pas, c’est normal si tu grilles rapidement tes 20 erreurs, parce que ce genre de client est véritablement la pire catégorie. Si tu utilises ton joker, je t’aiderais. Sans ça, ça ne serait pas très juste… Tu me dis quand tu es prête ?

Il sortit de la boutique, attendant le signal de sa nouvelle collègue avec un petit sourire. Ce qu’il ne disait pas, c’était que le patron lui avait fait à peu près la même veine lors de son premier jour.

Kurai, t’es un sadique !

Pas du tout, enfin !

Si, tu transfères un bizutage que tu as subi sur quelqu’un d’autre !

Sauf que le bizutage, comme tu dis, est mille fois plus soft que la simulation que m’avait faite le patron. Donc elle devrait plutôt s’estimer chanceuse que son sempai soit là pour l’aider. Je te rappelle que moi, j’avais droit qu’à 10 erreurs, sans joker, et que son bordel est quand même mille fois pire que le mien. Donc, la ferme !

N’empêche que t’es sadique !

J’ai dit : LA FERME !

Constatant que Lyce était prête, il pénétra à nouveau dans la boutique avec l’air de prendre de haut la terre entière. Il s’avança vers le comptoir et prit la parole d’une voix hautaine.

-Hé bien, quel désordre horrible ! J’espère pour vous que vous livres sont mieux que le rangement de cette… porcherie ! Et j’espère aussi que vos tarifs sont abordables. Après tout, dans votre langage particulier, vous autres démarcheurs, vous dites bien que le client est roi, n’est-ce pas, jeune fille ?

Mais même le « jeune fille » du Kurai snob semblait presque insultant. Oui, Kurai jouait le client de la haute-bourgeoisie, celui qui prenait le reste du monde pour un ramassis de détritus qui ne pouvait rien lui apporter et qu’il valait mieux éviter de côtoyer. En bref, le genre de personnes que Kurai ne supportait absolument pas… Et que peu de personnes supportaient, d’ailleurs…

François-Xavier de Montherland

Le Kurai qui jouait un rôle pouvait parfaitement ressentir la tension soudaine qui s’empara de sa collègue. Et il ne la comprenait que trop bien. Il avait presque l’impression de l’entendre haïr François-Xavier de Montherland. Euh… Hein ? D’où venait ce nom ? Il avait presque l’impression de l’avoir entendu de la bouche de Lyce, mais pourtant, elle n’avait pas utilisé ce nom, n’est-ce pas ?

Bah, peu importait, après tout. Car ce nom semblait adapté à merveille au rôle interprété par le jeune raijin. Et, au fond de lui, il sentait la tension de Lyce comme un bon signe, car elle s’était déjà retenue de le frapper, un bon point. Kurai n’avait pas été aussi tendre lors de son test et il avait ainsi perdu trois points d’un coup. Cependant, lorsqu’elle dit ses premiers mots, elle perdit directement un point, puisqu’elle bafouilla en souhaitant à la bienvenue au faux client.

Et, alors qu’elle lui demandait si elle pouvait l’aider et s’il cherchait un livre en particulier, elle contourna le comptoir dans le but évident de réduire la distance. Avec un client normal, l’idée était bonne, mais l’un des rôles du vendeur était de savoir jauger de chaque client et du comportement à adopter.

Déjà deux erreurs…

Peut-être pensa-t-il ces mots trop fort, car il eut l’impression que Lyce avait eu un léger sursaut, ce qu’il ne s’expliquait évidemment pas, puisqu’il n’avait pas vraiment conscience des nouvelles capacités qu’il avait récemment acquises... Mais peu importait. Toujours dans le rôle de François-Xavier de Montherland, il eut un mouvement de recul digne du personnage et s’insurgea, de sa voix de bourge insupportable.

-Ne vous approchez pas, malheureuse ! Contentez-vous de me procurer l’œuvre d’art qu’est le livre « De l’art et la manière d’élever son surmoi » avant que je ne prenne racine ! Ce qui, vu l’état déplorable des lieux, ne m’étonnerait même pas ! Et je refuse de rester dans ce… taudis plus longtemps que nécessaire ! Voyez-vous, les personnes de mon rang ne peuvent côtoyer trop longtemps la vile populace, nous sommes beaucoup trop élevés pour vous. Malheureusement, il se trouve que votre taudis est la seule échoppe où je puisse avoir une infime chance de tomber sur ce trésor que vous ne comprendriez sans doute même pas. Hé bien, allez, plus vite que ça ! Vraiment, les gens embauchent vraiment n’importe qui, de nos jours, même des idiotes ! C’est à croire que ce monde est devenu trop vulgaire pour le raffinement que j’exprime. Mais bien entendu, vous êtes condamnée à arborer un sourire stupide, sans quoi, vous perdriez votre moyen de subsistance, donc je suppose que vous être trop limitée intellectuellement pour comprendre ce que je vous dis, aussi vrai que je m’appelle François-Xavier de Montherland !

Il se recula encore un peu et tapa du pied d’un air impatient. Il ne lui aurait plus manqué qu’un miroir de poche et une montre à gousset pour être, finalement, parfaitement crédible dans son rôle de jeune aristo-bourgeois snob hipster autosexuel arrogant insupportable…

Et l’oscar du meilleur acteur revient à… Kurai Spark Ikazuchi, pour son rôle de François-Xavier de Montherland, dans « La Librairie ». Cette performance d’acteur est si forte que l’on arrive instantanément à détester le personnage !

Kurai ignora la parodie de discours de cérémonie des Oscars d’Akane, préférant rester concentré pour continuer à jouer son rôle et compter les erreurs de Lyce. En un sens, il espérait que la jeune femme arriverait rapidement au bout des vingt erreurs autorisées, pour qu’il puisse laisser tomber le masque et redevenir normal. Car, si ce personnage était si insupportable, c’était aussi parce que Kurai détestait rien que le jouer. Et il arrivait tout de même à détester le personnage qu’il jouait, ce n’était pas rien, non plus !

La pause, merci le joker !

A peine avait-il commencé à parler qu’il avait peu à peu senti s’accumuler une aura noire, dans la pièce, qui n’était pas loin de l’effrayer, lui qui n’était pourtant pas du genre à reculer devant n’importe qui. Il parvint néanmoins à réprimer un mouvement instinctif de recul et à garder son masque de François –Xavier de Montherland. Mais pour que lui-même fût effrayé, cela montrait assez bien l’aura que la jeune fille dégageait… Surtout lorsqu’elle était combinée à son sourire qui, du sourire du commercial, passa à un sourire qu’on pourrait presque qualifier de psychopathe.

Même la personne la plus obtuse au monde pouvait percevoir la tension qui l’habitait à cette tension par divers signes pas forcément très discrets, comme cette aura et ce rictus effrayants… Ou sa voix devenue soudainement très aigue tandis qu’elle s’efforçait de rester aimable, mais rappelait le faux client à l’ordre en le priant de rester poli.

Cependant, même si elle réussissait plus ou moins à rester égale, le clavier de l’ordinateur était la pauvre victime de sa fureur, à en juger par la force avec laquelle elle frappait les touches pour rechercher les références du livre. Puis, une fois qu’elle eut noté ce qu’elle avait cherché sur un bout de papier, elle avait annoncé aller chercher le livre.

Cependant, Kurai savait bien que cela ne serait pas si simple, car il avait fichu un bazar monstrueux dans le rayonnage qui, comme par hasard, abritait le livre que François-Xavier avait demandé. Et c’est là que l’on voyait tout le travail qu’avait fourni le jeune homme lorsqu’il avait rangé les rayonnages à son arrivée. Car, ce qu’il avait fait en si longtemps, il pouvait certes le défaire en quelques secondes… Mais, malgré tout, tout tenait encore. Il avait juste causé un gros déséquilibre. Et c’était sur cela que reposait ce rangement : sur l’équilibre.

Il sentait ce qu’il pouvait percevoir comme un savant mélange d’agacement et de stress de la part de sa jeune collègue. Et il savait la raison. Le livre était la seule base d’un équilibre instable. Donc, si elle retirait le livre, tout s’effondrerait. Dans tous les cas, elle était coincée. Alors, toujours dans son rôle, Kurai tapa du pied dans un signe d’impatience.

Lyce, tu peux demander un joker, n’oublie pas… Allez, demande-le… J’ai besoin de faire une pause, pitié…

Encore une fois, il avait pensé trop fort mais, bien entendu, encore une fois, il ne s’était pas rendu compte qu’il avait envoyé un message télépathique à la jeune femme… Même si la coïncidence lui sembla tout de même très grosse… Car, juste après qu’il eut émis cette pensée, la voix de Lyce s’éleva.

-Euh… Joker ?

Ouf ! Merci !

Il s’avança calmement, se départissant un peu de son rôle, vers l’endroit où se trouvait le livre.

-Ouf, merci, Lyce ! J’avais vraiment besoin d’une pause… Ce rôle est insupportable ! D’ailleurs, je pense que, pour finir sa plus vite, je vais modifier un peu les règles… A partir de maintenant, tu n’as plus droit qu’à cinq erreurs. Ne t’en fais pas, c’est normal de faire des erreurs avec des clients comme ça… Bon, passons à ce livre.

Arrivé au niveau du livre, il se positionna devant les rayonnages et commença à en soulever quelques uns, après avoir adressé un sourire à Lyce.

-Vois-tu, l’astuce, dans ce genre de cas, c’est de répartir l’équilibre ailleurs et autrement. Vu que là, c’est comme un château de cartes, le truc, c’est de poser un autre livre qui servira de fondation à la place de celui que tu vas prendre. Et bien sûr, il faut avoir le bon timing. Donc tu prends un autre livre et, en même temps que tu l’insères, tu retires l’autre.

Il en fit une démonstration rapide, puis remit en place le livre que la jeune fille devait prendre. Puis il lui tendit l’autre.

-A toi d’essayer. T’inquiète pas, vu que là, c’est ton joker, tu n’as pas à te presser. Donc tu peux prendre ton temps pour essayer quand tu seras prête.

Télépathie ?

Quoi ? Supplier ? Mais je… Oh… J’ai peur de comprendre…

Quoi, qu’est-ce que tu as peur de comprendre, Kurai ?

Plus tard. Je réfléchis…

Les derniers mots de Lyce l’avaient pour le moins choqué. Car le jeune homme savait qu’il n’avait pas supplié sa collègue, à part dans un recoin de son esprit. De plus, il l’avait très clairement entendue demander s’il se foutait d’elle… Mais il doutait tout de même du fait qu’elle l’ait vraiment prononcé. Il restait néanmoins une possibilité… Et pas des moindres. Celle qui impliquait que le jeune avait tout à coup développé la capacité d’émettre et de ses recevoir des pensées… Hors de son crâne… Ou bien que la jeune femme possédait cette même capacité.

Dans tous les cas, depuis que cette matinée avait commencé, plusieurs cas de télépathie s’étaient produits… Et ils étaient beaucoup plus facilement compréhensibles lorsque l’on se penchait sur ces petites coïncidences en prenant ce fait en compte… Et bien sûr, tout devenait logique… Sauf une chose : comment lui ou Lyce pouvaient-ils avoir développé des dons de télépathie ? C’était rigoureusement impossible !

Impossible ? T’es sûr, Kurai ? Alors que tu descends d’un Dieu japonais et que tu contrôles la foudre ?

Oui, bon, il devait bien admettre qu’il n’était pas dans la meilleure situation pour juger de ce qui était impossible et ce qui ne l’était pas. Après tout, si les divinités Shintoïstes existaient vraiment et que des humains pouvaient manipuler les éléments, pourquoi ne pourraient-ils pas être, en plus, des télépathes ?

Le jeune homme sortit de sa réflexion alors que Lyce encaissait le livre et lui annonçait le prix. Il se replongea alors dans le rôle de François-Xavier de Montherland et s’avança d’un air méprisant et hautain vers le comptoir.

-Hé bien, ce n’est pas trop tôt. J’ai failli attendre, jeune femme ! Mais oh seigneur ! Mais c’est affreusement cher ! Vous devriez avoir honte de pratiquer de tels prix alors que vous êtes censés être au service du client.

En même temps, il se concentrait sur la jeune femme, pour pouvoir tester un peu ce nouveau pouvoir qu’il avait débloqué. Alors, il chercha la pensée la plus incohérente qu’il pouvait trouver et, lorsqu’il eut trouvé son idée, alors qu’il était au bon milieu de sa tirade, il essaya de projeter sa pensée vers Lyce.

Le soleil, de couleur verte, se couche au Nord !

Incohérence bonjour, il voulait voir si la jeune femme allait ou non réagir. Car, entendre une phrase aussi décalée au milieu d’un discours aussi hautain que celui de François-Xavier de Montherland ne pouvait pas laisser indifférent. Et il eut confirmation de son doute lorsqu’il la vit réprimer un sursaut, sans doute se demandant ce qu’il se passait.

J’ai compris… Télépathie, hein ?

Cette pensée, il avait tenté de la garder pour lui, même s’il ne savait pas encore comment fonctionner cette étrange capacité. Mais, normalement, la télépathie fonctionnait toujours de la même manière, que ce soit dans la réalité ou dans les livres de Fantasy. Et il avait lu suffisamment de ces derniers pour ne pas être trop embêté par les détails…

Reprenant le rôle de François-Xavier de Montherland, il paya le livre, toujours en protestant à grands cris sur le manque de respect envers le client dans cette boutique, puis il se dirigea vers la porte pour sortir. Il l’ouvrit et fit mine de quitter la boutique. Puis il se retourna vers Lyce et, reprenant son attitude normale, il lança :

-FIN DU TEST ! Bravo, tu as réussi à terminer le test avec un score positif, bien joué. Maintenant, tu veux savoir tes erreurs ?