Event Noël Elina-Sayuri (3ème partie)

Le village de noël se trouvait raisonnablement proche de l’endroit où était organisé le buffet. Il fallut cependant une bonne demi-heure à notre duo de jeunes filles pour l’atteindre. Si cela restait une durée relativement courte, pour Elina, cela ressembla à une éternité… Durant tout le trajet, elles n’avaient échangé aucun mot. La jeune russe avait beau être une adepte du calme et du silence, même pour elle ce dernier s’était montré particulièrement pesant. Quitter le lieu où « cela » s’était passé n’avait donc eu aucun effet sur la morosité qui régnait en maître désormais… Bien qu’elle eut essayé de se concentrer sur autre chose, les pensées d’Elina ne cessait de la ramener sur le baiser que lui avait donné Sayu. La sensation de ses lèvres sur les siennes… Son souffle sur son visage… La douce odeur naturelle qu’elle dégageait… Toutes ces sensations étaient aussi claires dans sa tête que si elles étaient encore en train d’échanger ce contact si particulier. Et pourtant, jamais elles n’avaient été aussi éloignées l’une de l’autre qu’en cet instant. Pas au sens physique, bien sûr, vu qu’elles marchaient côté à côte, mais bien au sens émotionnel. Elles auraient pu être de parfaites étrangères l’une pour l’autre que personne n’y aurait vu de différence…

Finalement, leurs pas les amenèrent à destination. Et effectivement, il aurait été difficile de nier à quel point l’endroit était agréable à visiter ! Plusieurs rangées de chalets, dont les toits étaient décorés de guirlandes lumineuses, semblaient exercer une étrange attraction lorsqu’on les regardait. Des haut-parleurs installés un peu partout diffusaient différentes musiques de noël, ce qui rappela douloureusement à Elina l’endroit qu’elles venaient de quitter… Cette musique ne rappelait cependant pas de souvenirs douloureux au reste des badauds qui parcouraient les différentes allées, l’air enchanté de ce qu’ils découvraient. Mais la chose qui retint le plus l’attention de la jeune russe, ce fut l’énorme sapin qui trônait dans ce qui devait être le centre du village de noël. Ce dernier, haut de plusieurs mètres, brillait de mille feux, sans pour autant empêcher de distinguer la verdure éclatante de ce conifère. Les lumières clignotaient, comme s’il ne s’agissait pas d’une simple décoration lumineuse, mais plutôt comme s’il s’agissait de petites fées qui avaient décidé d’élire domicile dans l’arbre. Le spectacle valait le détour… mais elle ne put cependant l’apprécier à sa juste valeur… Elle aurait tant voulu pouvoir aller le contempler de plus près, en tenant la main de Sayu… Mais ce genre de petits plaisirs lui avait à présent été retiré, peut-être même à jamais, si l’atmosphère entre elles ne se réchauffait pas quelque peu. Et ce n’était pas en restant simplement les bras ballants que cela arriverait, aussi fallait-il s’y mettre sérieusement !

Se joignant à la file de nouveaux visiteurs, Elina s’apprêtait à se diriger vers les premiers chalets lorsqu’un individu les interpella, elle et Sayu. Celui-ci les invitait à se rapprocher, si bien qu’elles s’exécutèrent. Une fois arrivées, il leur tendit deux gobelets en cartons, dont se dégager une légère fumée indiquant que son contenu était chaud :

- Un verre de vin chaud gratuit, jeunes filles ?

- Ah, désolée, mais nous ne sommes pas…

- Pas de soucis. Il n’est pas alcoolisé !

Elina attrapa les deux gobelets, et remercia l’homme d’un simple hochement de tête. Elle en tendit alors un à son amie, qui s’en saisit sans commentaire. La jeune russe, elle, décida d’essayer d’engager la conversation :

- Tu as déjà bu du vin chaud ?

Presque aussitôt, elle regretta sa question… Car cela l’obligeait à se rappeler sa vie d’avant son arrivée sur l’île, et ce n’était vraiment pas le moment de rajouter un nouvel élément pouvant assombrir davantage l’atmosphère morne qui régnait… Comment pouvait-on gaffer à ce point en une seule soirée ? Plutôt que de lui apporter de cette joie qu’elle s’était pourtant promis de lui offrir, tout ce qu’elle faisait, c’était la torturer… Tandis que son amie répondait, Elina repéra du coin de l’œil une pancarte qui lui fournissait une information dont elle avait bien besoin :

« Tour en traineaux gratuit »

En dessous de ces quelques mots, une flèche indiquait la direction à emprunter pour bénéficier de cette petite attraction singulière. Désormais forte de cette information, Elina but une gorgée de son gobelet, essayant d’y puiser le courage qui lui faisait cruellement défaut, avant de dire :

- O-On va par-là ?

Le tout en indiquant l’allée qui permettrait d’atteindre son but. En chemin, elles auraient le temps d’observer un peu les différents chalets, et qui sait, peut-être de faire l’acquisition de l’une ou l’autre chose, si le cœur y était…

L'épaisse couche de neige se faisait piétiner par les pas des deux demoiselles silencieuses. L'ambiance était lourde, Sayuri en avait conscience et aimerait bien faire en sorte que cela s'arrête mais, elle ne savait pas quoi dire pour détendre l'atmosphère. Elle redoutait tant de faire pire que mieux, alors, elle préfère restait aphone et en payerait le prix de créer une tension permanente, une crevasse s'élargissant entre elles deux... Fort heureusement, le trajet fut court et l'ambiance morne s'apaisa un peu à la vue de la splendeur des lieux, le village de Noël. Cependant, l'ambiance n'était toujours pas détendue, pas assez pour que les deux adolescentes s'y sentent bien.
La nippone admirait donc le paysage magique qui s'offrait à elle, elle avait l'impression d'être dans un nouveau monde, dans un conte de fées, cependant elle ne parvenait pas à se réjouir complètement... Car le fait qu'elle se soit disputé avec sa camarade lui pesait encore et toujours sur la conscience...
Habitats de bois magnifiquement décorés, chants de fête, tout était ici beau et convivial. Le plus joli restant l'arbre immense trônant au cœur du dédale de chalets-stands, le sapin de noël orné de son étoile et parés de ses boules et guirlandes lumineuses. C'était vraiment un endroit enchanteur... Sayuri se disait que dans un tel endroit, elle pourrait essayer de faire un effort et reprendre la parole, mais elle ne trouvait ni les mots ni le courage de le faire...

C'est alors qu'elles firent interpeller, curieuse, la blonde se demandait bien pourquoi l'homme dans le premier chalet venait de leur demander de se diriger vers son comptoir. Lorsqu'elles furent face à lui, ce dernier leur proposa sa spécialité, le vin chaud, précisant que celui-ci n'était pas alcoolisé étant donné qu'elles étaient encore mineures. Elina s'empara alors des deux récipients et en tendit l'un d'eux à sa compagne.

Sayuri contempla longuement le contenu de son gobelet d'un air dubitatif. Mais, elle n'osait pas rendre le verre sans avoir goûter mais en même temps, le liquide ne lui donner pas envie, tout comme l'odeur qui sans échapper dans la vapeur démontrant sa chaleur. Son amie lui demanda alors si elle en avait déjà but par le passé, la nippone lui répondit aussitôt que non, tentant de ne pas se remémorer quoi que ce soit de sa vie d'avant.

-Non, jamais...

Regardant autour d'elle, il n'y avait rien dans lequel elle pouvait laisser son verre qui de toute façon resterait plein. Même pas une poubelle... La jeune fille soupira alors, elle allait devoir garder le gobelet en plastique rempli dans les mains jusqu'à ce qu'elle tombe sur une corbeille... Tant pis !

Survolant du regard les nombreux stands, Sayuri se demandait par quoi commençait, il y avait largement le choix ! Cependant, pas besoin de se demander à droite ou à gauche, car Élina lui proposa une direction. Pourquoi par là et pas par là-bas, elle n'en savait rien mais bon, il fallait bien commencer par quelque part alors... Hochant la tête, la nippone suivit la suijin qui guidait ses pas.

Elles avancèrent droit devant elles ainsi durant plusieurs minutes puis, Sayuri se stoppa, émerveillée. Des rennes ! Il y avait des rennes ! Un élevage de rennes ! Ils avaient tous des jolis colliers à clochettes rappelant ceux des rennes volants du père Noël. Il y en avait même un au museau rouge comme Rodolf ! Ils devaient être une bonne dizaine et attendaient tranquillement, leurs cols attachés à un superbe traîneau rouge flamboyant.

Voir ses bêtes lui rappela les daims et cerfs qu'elle voyait chaque année au printemps, c'était des animaux qu'elle adorait, elle les trouvait magnifiques ! Et en voir d'aussi près était merveilleux, peut-être même pouvait-elle les caresser ? Enfin, elle n'osa pas trop car s'ils étaient liés au traîneau, c'est qu'ils devaient être prêts pour un déplacement.

Sayuri se contenta d’un simple signe de la tête pour montrer son accord. Certes, elle aurait préféré entendre sa douce voix afin d’obtenir sa réponse, mais bon, le principal était qu’elle ait accepté. Ainsi, elle pouvait garder un minimum de surprise ! Dès lors, les deux jeunes filles se mirent en route, arpentant l’allée dont les côtés étaient garnis de différents chalets. Elina jetait des regards frénétiques de chaque côté, essayant de voir s’il y avait quoi que ce soit qui soit digne d’intérêt. Mais la plupart des stands qui se trouvaient dans cette allée n’offraient que de la nourriture, or non seulement elles venaient de manger, mais en plus, même sans cela, elle n’avait pas beaucoup d’appétit. Alors, il était inutile de leur accorder davantage qu’on rapide coup d’œil curieux.

Finalement, la chose qu’Elina guettait entra dans son champ de vision : des rennes ! Tout un attelage attendait, tranquillement, un petit peu plus loin. Harnachés tels les fidèles compagnons du Père Noël, ils semblaient n’attendre plus que l’arrivée de leurs futurs passagers… Eh bien, ils n’allaient plus avoir à attendre longtemps ! Se tournant vers Sayu, Elina constata qu’elle aussi avait remarqué les cervidés. Et d’après son regard, elle éprouvait un certain intérêt pour ces braves bêtes. Aussi, la jeune russe ne manqua pas de profiter de l’occasion :

- On s’approche ?

Sous le regard perplexe de son amie, Elina s’approcha des animaux, jusqu’à ce qu’ils soient à portée de bras. Alors, une voix grave se fit entendre, et elle en chercha l’origine. Alors, elle vit… le Père Noël. Enfin, un type déguisé comme tel, bien évidemment. Celui-ci les invitait à s’approcher davantage, et cette fois encore, elles s’exécutèrent :

- Oh oh oh ! Un petit tour en traîneaux, les filles ?

Face à cette proposition, Elina ne put s’empêcher de ressentir une brusque bouffée d’excitation. Elles allaient pouvoir monter dans le traîneau ? Maintenant ? Et seulement en tête à tête ? C’était… C’était parfait ! Tout ce qu’il fallait pour passer un moment enchanteur était réuni… Il ne restait plus qu’à en profiter ! L’excitation qu’elle ressentait n’eut pas vraiment grand-chose à voir avec la promenade en traineaux à proprement parler, mais bien avec le résultat qu’il pouvait apporter. Il n’en restait pas moins que son engouement était sincère. C’est pourtant prise d’un doute qu’elle se tourna une nouvelle fois vers Sayuri :

- Tu as envie de faire un tour… Ç-Ça peut être sympa, non ?

Elina s’était mise en tête que Sayu aimerait cette petite promenade. Mais, maintenant qu’elle y pensait, peut-être qu’elle s’était un peu avancée en se persuadant de cela… Si maintenant cela ne l’intéressait pas, alors… Elle avait basé toutes ses chances de réconciliation sur cette promenade, dès lors, si elles n’y prenaient pas part, autant dire que tout était perdu… Ou bien… Il y avait encore un dernier recours, mais cela, elle préférait ne pas y penser. Car si cela chasserait définitivement la culpabilité que devait ressentir son amie, cela ne manquerait pas de la faire fuir…

Contemplant de loin l'attelage avec l'admiration d'un enfant, Sayuri éprouvait à la fois l'envie de s'approcher, mais aussi, elle éprouvait de l’abstinence. Peut-être que le propriétaire des rennes ne souhaitait pas que l'on les caresses ou les nourrissent comme dans beaucoup de zoo et parcs animaliers ? Elina lui proposa cependant de se rapprocher. Avec elle, la nippone ne risquait rien, elle accepta donc la proposition d'un pas tout de même hésitant. La demoiselle sursauta lorsque quelqu'un les interpella de vive voix alors qu'elles étaient à proximité des cervidés. Cette voix était celle du... Père Noël ? Oui, il n'y avait aucun doute, vêtu de sa tenue et son bonnet rouge et blanc et chaussait de ses bottes de cuir brunes avec son énorme ceinturon autour de la taille... Ainsi que sa longue barbe blanche, ça ne pouvait qu'être un père Noël, même si Sayuri savait que ce n'était pas le vrai. Elle était naïve mais avait tout de même un minimum de logique et de bon sens... Celui-ci leur fit signe de la main de venir le voir. Une fois face à lui, il leur proposa une promenade à bord de son traîneau.
Si Sayuri avait eu un miroir devant ses yeux, elle aurait pu voir ses grands yeux pétillants d'envie, aussi scintillants que ceux des enfants émerveillés par la magie de ce village spécial Noël. Il fallait dire que grimper dans un traîneau ce n'était pas une activité qu'elles avaient l'occasion de faire tous les jours, mais en plus un traîneau tiré par des rennes... C'était un véritable rêve d'enfant ! Mais, ce rêve allait-il se réaliser ? Suite à la dispute qu'elles avaient eue... Il était probable qu'Élina ne souhaite aucunement passer un si bon moment avec la petite blonde...

Heureusement, Élina vient à lui demander si elle souhaitait monter... Cela voulait-il dire qu'elle ne lui en voulait plus . Sayuri hocha alors doucement la tête en guise de réponse.
Le propriétaire du traîneau ayant vu leur décision les laissa s'installer tandis qu'il prenait place à l'avant, tenant fermement les rênes (ironique vu que là c'est des rennes et pas des chevaux xD), prêt pour le départ. Une fois que les deux adolescentes étaient confortablement assise, le père Noël donna un coup de cravache sur le sol pour signaler le départ à ses cervidés, en route pour une magnifique promenade !

Assises l'une à côté de l'autre, Sayuri hésita longtemps avant de glisser avec appréhension sa main dans celle de sa compagne, bégayant tout bas.

-M-Merci Élina... Je... Je suis encore désolée... Pour tout à l'heure... T-Tu veux bien...faire la paix ?...

Un simple geste de la tête apporta la réponse qu’Elina souhaitait entendre. Sayu acceptait de faire un tour en traineau à ses côtés, ce qui voulait dire qu’elle n’en avait pas encore assez de sa compagnie. Certes, une fois encore, elle se languissait de sa voix, cependant, elle était déjà heureuse d’avoir eu cet accord. Aussi, ce fut sans se faire prier qu’elle grimpa dans le traîneau, s’installant sur le siège, et son amie ne tarda pas à l’imiter. Une fois confortablement calées, le Père Noël donna le signal de départ, et l’attelage se mit en route, non sans un léger cahot qui ne manqua pas de les secouer un peu. Alors, le paysage se mit à défiler, et bien qu’il s’agisse toujours de la ville d’Amishawa, le côté magique de cette promenade ne s’estompa pas pour autant. Cependant, Elina avait du mal à se concentrer entièrement sur le décor qui filait sous ses yeux… Elle était assise juste à côté de Sayu, légèrement collée à elle. Depuis l’épisode du baiser, elles n’avaient plus partagées une telle proximité, et cela réchauffait le cœur de la jeune russe… et le serrait en même temps. Ce soudain rapprochement lui faisait plaisir, et en même temps la faisait souffrir… Sensation qui ne fit que s’intensifier lorsque, contre toute attente, la main de Sayu vint se glisser dans la sienne. Elina se crispa soudain, surprise de ce geste qu’elle n’avait pas osé espérer… Mais cela ne gêna pas la jeune nippone, qui lui demanda, non sans difficulté, si elle voulait bien faire la paix avec elle. Le tout précédé d’excuses et de remerciement, qui laissèrent perplexe la petite Suijin. Sayu n’avait pas à s’excuser, elle n’avait rien fait de mal ! Toute cette situation était née de sa réaction à elle… Cependant, il ne fallait pas s’arrêter sur ce genre de détails, car ce qu’elle espérait se présentait à elle : une chance de réconciliation ! Aussi, ne rata-t-elle pas cette occasion :

- Bien sûr ! Je n’aime pas qu’on soit… en froid, comme ça… Alors, profitons de cette soirée entre amies !

Enfin, enfin c’était fini… Fini cette sombre atmosphère entre elles, fini cette ambiance maussade si peu en accord avec l’esprit de la fête qu’elles étaient censées fêter ensemble… Enfin, elles allaient pouvoir se comporter comme à leur habitude ! Elina était si contente en cet instant qu’elle en oublia le mal-être qu’elle avait ressenti lorsque ses sentiments s’étaient dévoilés. Malheureusement, les émois de la jeune fille n’étaient pas finis… À peine venait-elle de dire ces quelques mots, que le traîneau passa sur un obstacle quelconque, probablement un petit tas de neige tassée. Le résultat fut un léger cahot, qui envoya Elina sur Sayu… Elles se retrouvaient à présent collées l’une sur l’autre, la tête d’Elina posée contre la poitrine de son amie. Lorsqu’elle se rendit compte de ce fait, elle ne manqua de se reculer vivement, percutant même le rebord du traîneau. Une réaction excessive, elle-même s’en rendait compte… Si bien qu’elle ne manqua pas de s’empresser de dire :

- NON ! Ce… Ce n’est pas ça ! C-C’est juste que…

Avec un frisson, Elina avait la douloureuse que ce geste allait blesser son amie. Et pourtant, il ne s’agissait pas d’un réaction de rejet, et encore moins de dégoût ! Non, ce n’était pas ça… Mais cette proximité soudaine et inattendue… Elina ne s’y était pas attendue. Or, vu le tourbillon d’émotions qui sévissait toujours dans son cœur, ce genre de contact était à éviter sans un minimum de préparations psychologiques… Résultat, l’angoisse avait repris sa place dans le cœur de la jeune fille, craignant la réaction de son amie face à ce geste blessant…

Suite à la question de la petite nippone, un court instant de silence s'installa entre elles. Moment où seul le bruit des sabots percutant la neige se faisait entendre dans une symphonie de « cataclop, cataclop, clops ». Le cœur de Sayuri se serrait, ce silence voulait-il dire qu'Élina refusait sa demande . Est-ce que leur amitié allait vraiment finir par s'émietter jusqu'à disparaître ? Non... Cela ne pouvait pas finir comme ça... Elle ne voulait pas que cela se termine ainsi...
Fort heureusement, l'angoisse s'évapora aussi vite que le verdict de sa compagne fut donné. Elina lui pardonnait, elle disait même que la tension précédente lui pesait tout autant sur le cœur que cela ne pesait sur le sien. Sayuri lui offrit alors un grand sourire. Cela lui semblait faire une éternité qu'elle ne lui avait pas montré un tel visage radieux, mais cela ne datait pas tant que ça, juste depuis cette après-midi où... Non, il ne fallait pas repenser à ce qui fut la cause de cette tension alors qu'elles venaient de se réconcilier ! La nippone ne pouvait à présent que profiter du moment ainsi que du paysage splendide défilant devant leurs yeux ébahit.
Le simple fait d'être dans un traîneau donnait l'impression d'être dans un nouvel endroit, dans un rêve merveilleux, merveilleux depuis que les deux jeunes femmes s'étaient mutuellement pardonnées.

Alors que Sayuri regardait le panorama, sa main solidement liée à celle de sa camarade, une petite bosse fit se soulever légèrement le traîneau qui buta contre cette dernière. Ceci se passa si vite que Sayuri n'euteu pas le temps de comprendre ce qui s'était passé. Ils ont heurté la petite bosse et... Elina était tombé contre elle, le visage sur sa poitrine. Une énorme bouffée de chaleur envahit alors le corps de la demoiselle, la gêne lui montait, et ses joues étaient écarlates. C'était embarrassant mais... Sayuri... Voulait que son amie reste contre elle... Elle voulait garder ce contact physique, ce rapprochement... Hélas, Élina fit un bond en arrière, se cognant contre le rebord du véhicule.

La violine s'excusait, elle ne disait rien de mal mais... La blonde se sentait... Triste ? Ce rapprochement n'était pas voulu, il n'aurait pas dû avoir lieu et donc... Elina n'avait pas agi ainsi exprès, pas comme elle qui l'avait volontairement embrassé... Lâchant la main de son amie, Sayuri baissa la tête et fixa du regard ses mains qu'elle venait de joindre, les triturant nerveusement. Droite, immobile, la demoiselle venait à nouveau de se renfermer sur elle-même...

Elle n'a pas les mêmes sentiments... Elle resserra ses poings dans les plis de sa jupe se répétant à nouveau mentalement, ces paroles douloureuses...Pas les mêmes... Que moi...Pourquoi ça fait si mal...L'amour?

Aussi éphémère qu’une étincelle, la chaleur qui avait envahi le corps et le cœur d’Elina s’était volatilisée. Leurs brèves réconciliations venaient de voler en éclats… La main de Sayu s’échappa de la sienne, pour aller se consoler auprès de sa sœur jumelle. Et avec elle, la jeune russe avait l’impression qu’elle avait emporté tout le bonheur qu’elle était capable de ressentir… Non, ce n’était pas le soulagement prévu que ressentait la demoiselle, mais bien l’horreur. L’horreur d’avoir agi de façon… stupide… Afin de se protéger elle-même, elle venait de blesser celle qu’elle aimait… Le regard rivé sur ses mains, elle donnait l’impression d’être sur le point de pleurer. Cette réaction, elle pouvait bien la comprendre… Elle devait croire qu’elle la rejetait, que de se tenir contre elle était une chose qu’elle ne pouvait pas supporter, alors qu’elles s’étaient à de nombreuses reprises retrouvées dans les bras de l’autre. Et ainsi, juste après ce baiser, il se passait ça… Comment diable avait-elle pu faire ça !? Faire du mal à son amie, encore et encore ? Non, pas son amie… son aimée ! C’était, si pas pire, au moins tout aussi détestable…

Elina sentait comme si elle pouvait la voir la distance qui se créait entre elles. Comme si un gouffre sans fond les séparait, avec aucun moyen de le franchir… C’était fini… Elle et ses réactions stupides venaient de mettre un terme à l’une des plus belles choses qui lui soit jamais arrivée : l’amitié avec cette demoiselle si merveilleuse… Quelle ignoble personne elle pouvait bien être ! Elina continuait à fixer le visage triste de Sayu, et chaque seconde passée à contempler ce spectacle douloureux lui donnait l’impression de recevoir des coups de couteaux en plein cœur, tant ce dernier lui faisait mal… Par sa faute, une fois encore, elle souffrait… Elle devait avoir l’impression d’être responsable de cette réaction, alors que c’était elle la coupable… Cette pensée était de trop ! Elle ne pouvait pas laisser les choses telles qu’elles étaient ! De toute façon, tout était fini… Alors, quitte à mettre un terme à cette relation à laquelle elle tenait tant, elle ferait au moins en sorte que Sayu s’en sorte avec le moins de blessures possibles. Il était temps pour elle de chasser cette culpabilité qui rongeait son amie, d’enfin lui dire la vérité sur les raisons de son comportement. Même si cela devait provoquer la colère de la jeune nippone à son égard. Quel que soit le ressentiment auquel elle devrait faire face, elle subirait les conséquences de cette confession…

- Sayu…ri. Je… Je suis désolée…

Elle n’était plus en droit de l’appeler par ce petit nom affectueux, pas après les tourments qu’elle lui causait. Elle aurait aussi volontiers prit ses mains dans les siennes, mais de quel droit pourrait-elle donc avoir l’audace de le faire ? Si bien que ce fut les mains posées sur ses propres genoux qu’elle poursuivit :

- Je suis désolée… Je t’ai blessée, tout ça à cause de… C’est tellement stupide, en plus ! Ce n’est pas ta faute, c’est de la mienne…

Il lui était difficile de trouver les mots justes, ceux qui exprimeraient ce qu’elle ressentait vraiment. Si ses sentiments étaient clairs, le moyen de les formuler ne l’était pas autant… Finalement, le déclic se fit, et elle se lança :

- Je ne t’en veux pas pour le baiser, je ne t’en ai jamais voulu. La seule à qui j’ai des reproches à faire, c’est… moi-même. J’ai été tellement stupide ! Tellement stupide… Pendant un bref instant, j’ai… j’ai imaginé des choses. Une chose. J’ai cru que, peut-être, comme moi…

Prenant une profonde inspiration, Elina prononça ces mots si douloureux, et tellement libérateurs à la fois :

- Je suis attirée par les filles. Non, c’est faux… Je suis attirée par UNE fille. Par toi, et seulement toi… Je… J’ai réalisé, pendant ce baiser, que je t’aimais. Et après, j’ai bêtement imaginé que… peut-être, toi aussi… tu ressentais ce genre de sentiments. Et quand j’ai compris que non, j’ai… j’ai été assez stupide que pour le montrer ! Et à cause de ça, tu as souffert, tu t’es sentie coupable, et moi j’étais tellement lâche que je n’ai pas pu me résoudre à te dire la vérité ! J’avais tellement peur que le dire te fasse fuir à jamais ! Au lieu de quoi, je t’ai laissé te morfondre, tout ça pour me protéger moi et mes désirs égoïstes… Et encore maintenant… Parce que me tenir contre toi me faisait réaliser à quel point je désirais que ce contact revête une toute autre signification, je l’ai rejeté, et… je t’ai une fois de plus blessé…

Marquant une courte pause le temps de reprendre son souffle, Elina prononça ces dernières paroles :

- Tu n’as rien à te reprocher, je suis coupable de tout… Coupable d’avoir voulu que tu partages mes sentiments, et de ne pas avoir su les gérer comme il le fallait… Tu peux me détester, comme l’horrible personne que je suis, et… et…

« Me quitter à jamais », voilà les seuls mots qu’elle ne put se résoudre à prononcer. Car bien qu’elle se soit doutée que c’était ce qui arriverait, le dire rendrait ce fait tellement concret qu’elle aurait du mal à le supporter. Or, elle se devait d’éviter d’accabler encore plus la jeune nippone, et se montrer impassible. Cependant, l’idée de la perte imminente de cette personne si chère à son cœur était trop pour son cœur blessé, et des larmes commencèrent à perler dans le coin de ses yeux. Non, elle ne devait pas pleurer… Elle s’était montrée suffisamment pathétique pour la soirée, il ne fallait pas qu’elle donne une image d’elle encore plus mauvaise, si c’était toutefois possible, à celle à qui elle s’adressait… Le corps froid, le cœur broyé, Elina n’attendait plus qu’une chose : savoir à quel point Sayuri la rejetterait maintenant qu’elle eut avoué la véritable nature de ses sentiments…

Pourquoi était-ce si dur, de se réconcilier ? Pourquoi était-ce si simple de se séparer ? Ce n'était pas juste, pas juste du tout. Elles venaient de faire la paix et cela ne dura qu'un instant si court...la joie ressentie quelques minutes seulement auparavant fut tout aussi brève, redevenant la nostalgie ambiante de tout à l'heure. Pourquoi Élina devenait si distante ? Avant elle prenait dans ses bras la nippone pour n'importe quelles raisons affectueuses et maintenant... Elle semblait l'éviter, la fuir comme la peste... Ce baiser était si mal que ça... Était-ce si mal que ça, d'avoir des sentiments pour une personne du même sexe ? Pourquoi tant de personnes ne comprenaient-ils pas le fait d'être libre sentimentalement ? Pourquoi Élina...Pourquoi semblait-elle comme ces gens ne comprenant pas cela ?...Sayuri se sentait si mal... Toutes ses questions sans réponses, cette amitié s’émiettant sans s'arrêter... Son agissement méritait-il vraiment un tel châtiment ? Celui de perdre une personne chère. Non... La personne la plus chère que la demoiselle possédait sur cette île . Si les deux adolescentes venaient à se séparer... Comment la vie de la blonde allait-elle devenir ? Bien moins belle en tout cas, voire même cauchemardesque, le simple fait d'imaginer sa camarade s'éloigner d'elle lui brisait le cœur, la brisait tout entière... C'était une chose qui lui semblait inimaginable, infaisable et qui pourtant était en train de se produire, aujourd'hui, en cet instant même... Se disputer lors d'un jour où l'on était censé être heureux... C'était d'une tristesse mordante...Un jour de Noël aurait dû être un beau jour... Et le cadeau alors ? Qu'allait faire Sayuri de la surprise qu’elle avait prévu pour celle qui la fuyait progressivement ? Elle ne voulait pas le garder pour ne pas garder un souvenir douloureux... Elle ne voulait pas l'offrir à quelqu'un d'autre, non, ce cadeau n'était que pour Élina, personne d'autre... Mais, elle ne pouvait pas non plus se résoudre à le jeter... Ce qu'elle souhaitait à tout prix était de lui donner... Mais comment donner un cadeau à quelqu'un qui semble souhaiter s'effacer de votre vie ?...

Soudainement, la voix de la violine retentit. Elle s'excusait, sincèrement, elle voulait se faire pardonner. Sayuri n'était pas quelqu'un se laissant ronger par la rancœur ni la rancune lorsque l'on était méchant avec elle, toutefois, elle avait du mal à accepter cette demande de pardon, elle n'arrivait pas à l'avaler... Elle savait que malgré cela, ça n'allait pas suffire pour récupérer une amitié normale, jamais plus elles ne s'apprécieraient comme autrefois...

Toutefois, le discours suivant ne pouvait laisser indifférente la petite nippone. Oui, Élina avait pris son courage à deux mains et avait vidé son sac, libérant ainsi tout ce qui lui pesait sur le cœur. Mais, une profonde incompréhension brouilla l'esprit de Sayuri. Incompréhension se mélangeant à la tristesse elle-même mélangeait au soulagement en entendant que... Elina l'aimait.
Ce surplus d'émotions, il fallait bien que la petite demoiselle l’extériorise... Elle se mit alors à fondre en larmes, se jetant dans les bras d'Élina en frappant son poing contre sa poitrine.

-IDIOTE !...Si tu m'aimes alors... Pourquoi tu étais comme ça ?! J-Je croyais que... Je croyais que tu ne voulais plus de moi ni de mon amitié à cause de mon baiser... Pourquoi tu l'as pas dit avant ?! Je pensais que tu me détestais... Tu étais si distante...

Ses coups perdaient au fur et à mesure de leurs puissances, elle finit par s'arrêter de frapper sa camarade, resserrant ses mains sur le manteau de cette dernière.

-J'ai cru... Que tu avais peur de moi... Peur de mes sentiments... Je croyais que tu voulais arrêter d'être amie avec moi parce que... Parce que... Une fille en aimant une autre ce n'était pas bien...

Elle ne parvenait pas à arrêter de pleurer, reniflant bruyamment, la respiration sans cesse entrecoupée par ses sanglots.

-Je veux pas te perdre Élina... Je t'aime...

Mortifiée, Elina attendait. Chaque seconde qui s’écoulait lui semblait comme autant d’éternités. D’un instant à l’autre, la réaction de Sayuri lui parviendrait… Elle aurait alors la confirmation d’à quel point elle la rejetterait… Enfin, ça ne pouvait pas être pire qu’en cet instant, alors que leur relation était en train de se brise. Et pourtant, même si elle savait comment ça allait se finir, savoir ce qu’elle allait entendre… Mais, contre toute attente, la demoiselle ne se mit pas à la rejeter. Par contre, elle ne se priva pas pour l’insulter… Vinrent ensuite les reproches, et les coups. Mais peu lui importait la douleur… Car Sayuri se trouvait dans ses bras, et pleurait à chaudes larmes. Même le Père Noël jeta un regard en arrière, interpellé par les bruits que faisaient ses passagères. Mais Elina était toute entière concentrée sur son amie, dont elle ne comprenait pas le chagrin… Pourquoi est-ce qu’elle pleurait ? Est-ce que c’était parce qu’elle lui en voulait d’éprouver ce genre de chose ? De l’avoir trompée, en se disant son amie, alors qu’en fait, elle souhaitait une relation d’un tout autre genre ? Ou bien était-ce parce qu’elle lui reprochait de lui avoir laissé croire qu’elle était responsable de son malheur, alors qu’elle n’y était pour rien ? Tout cela était possible, mais cela n’expliquait pas pourquoi elle avait choisi de venir se réfugier dans ses bras… La logique aurait voulu qu’au contraire, elle cherche la distance ! Alors, pourquoi…

Un semblant de réponse lui parvint, en même temps que les coups que lui portait Sayuri se faisaient moins forts, comme si toute la force de son corps était drainée. Est-ce que le désespoir prenait enfin sa place ? Réalisait-elle seulement toute l’ampleur de ses paroles ? Peut-être qu’elle n’avait eu droit qu’au calme avant la tempête… Mais les mots de la jeune nippone vinrent bouleverser toutes les idées qu’Elina avait pu se faire… Elle pensait qu’elle avait peur de ses sentiments. Mais quels sentiments ? Pourquoi aurait-elle eu peur de son désir de réconfort ! Sauf si… Ce n’était pas cela… Le doute qui naissait dans le cœur de la jeune russe ne fit que se renforcer lorsque Sayuri évoqua l’amour entre deux filles, et sa crainte qu’elle n’accepte pas cela. Est-ce que… NON ! Elle ne devait pas commettre la même erreur encore une fois ! Car si elle se prenait encore à imaginer, à espérer, alors cette fois, la blessure resterait à vif, à jamais… Et pourtant, l’espoir s’insinuait peu à peu dans son cœur, comme des cendres qui, soudainement, laissaient apparaître à nouveau une petite flamme…

Et finalement, la barrière de doute entourant son cœur vola en éclats… Trois mots, quelques lettres tout au plus, résonnèrent à son cerveau. Était-ce un écho ? Car elle aime les avait prononcés plus tôt. Non, ce n’était pas exactement la même chose… Mais leur signification était claire. « Je t’aime ». Avait-elle bien entendu ? Ou bien avait-elle déformé les dires de son amie pour satisfaire ses désirs profonds ? Ou alors… Parlait-elle de cet amour-là ? Pouvait-elle avoir mal interprété ? Il fallait que ça cesse… Trop d’indices convergeait vers la solution si simple, et pourtant si difficilement croyable à ses yeux. Est-ce que Sayu… Est-ce qu’elle ressentait la même chose qu’elle ? Ses sentiments étaient-ils de la même nature ? Elina décida de le croire… De croire en les sentiments de son amie. De croire en ce qu’elle avait dit, et en ce qu’elle en avait compris.

Le cerveau d’Elina, jusque-là gelé, se remit en marche. Alors, ni une ni deux, elle attrapa le menton de son amie, et sans un mot, elle fit cette chose qui avait jeté la confusion et la douleur dans le cœur des jeunes filles : elle scella les lèvres de Sayuri des siennes. Un baiser léger, plus léger que ne l’avait été le précédent. Mais qui réveilla à la jeune fille des sensations bien plus intenses, et plus agréables qu’auparavant. Car cette fois, elle profita. Profita pleinement de ce contact, de ce geste, par lequel elle essayait de transmettre toute la puissance de ses sentiments. Une fois encore, les secondes parurent s’allonger, comme si le temps ralentissait. Mais cette fois, ce n’était pas désagréable… Au contraire, si elle pouvait passer le restant de sa vie ainsi, Elina ne s’en serait pas plaint. Mais finalement, leurs lèvres se séparèrent, et elle en profita pour glisser ces quelques mots :

- Je t’aime Sayu… Je t’aime, et je veux qu’on reste ensemble…

Alors, elle passa ses bras derrière elle, et alla enfouir sa tête dans le creux du cou de son aimée. Était-ce de la gêne, du soulagement ? Surement les deux… Mais en cet instant, le sentiment qui prévalait sur les autres était incontestablement la joie… Bien que celle-ci était encore trop confuse pour qu’elle puisse véritablement la ressentir telle qu’elle était vraiment.

Les larmes coulaient à flots, rien ne pouvait arrêter ce torrent, cependant, ce n'était plus les mêmes larmes. Elles ne coulaient pas pour les mêmes raisons, là, maintenant, Sayuri pleurait par besoin d'évacuer mais aussi pour une sorte de soulagement. Soulagement de savoir que son amie, non, plus... Son aimée partagée les mêmes sentiments. Certes, son comportement froid et distant précédemment n'allait pas être pardonné comme ci de rien était mais, elle ne lui en voulait plus qu'à moitié. En cet instant présent, la nippone agrippait à Élina, comme pour se raccrocher à une bouée, s'assurer que cela soit bel et bien la réalité. Mais aucun doute, c'était vrai, sa camarade avait bien dit ce qu'avait entendu la blonde, dires qui furent soudainement intensifiés par un baiser. Cette fois-ci, ce n'était pas Sayuri qui avait voulu ce geste, non, c'était la violine qui, passant un bras autour de la taille, l'autre sous le menton de sa compagne avait déposé ce doux gage d'amour. Gage dont se délecta la demoiselle, fermant les yeux, se laissant emporter par les nombreuses sensations étranges mais agréables qui naissaient en elles. Les deux adolescentes venaient de goûter à la partie douce et belle de l'amour après avoir subi son côté de noirceur...

Suite à ce geste, la suijin fit par oralement de son amour avant de se loger contre Sayuri, enfouissant son visage au niveau de sa nuque ce qui parcourra d'un léger frisson l'échine de la demoiselle.
Un rapide coup d’œil sur ses passagères et le père Noël eut un sourire amusé, sincère avant de regarder de nouveau droit devant lui comme pour vouloir laisser les deux tourterelles en privé. Ceci gêna un peu la miss mais, son attention se reporta bien vite sur celle pour qui son cœur s'emballait, confortablement blotti contre elle. Sayuri resserra alors un peu son emprise sur elle, déposant un léger baiser sur le front de sa dulcinée avant de venir lui chuchoter des paroles sincères à l'oreille.

-Ton amour est le plus beau cadeau de Noël du monde Eli-Chan... Je t'aime... Merci pour tout Eli-Chan...

Confortablement calée contre Sayu, Elina n’osait pas relever la tête… Elle s’était montrée si audacieuse ! Certes, elle-même avait fait la même chose, mais… entre recevoir un baiser, et le donner, c’était différent, bien que tout aussi agréable. Mais finalement, les dires de son aimée l’arracha à cette gêne, bien que les propos tenus n’aidaient pas à cela. Ainsi, cette confession, cette preuve de l’amour qu’elle lui portait était le plus beau cadeau qu’elle aurait pu lui offrir… Cadeau… Oui ! Elle avait un cadeau à lui offrir ! Mais soudain, ce dernier lui semblait bien pathétique… Une simple écharpe, c’était… un peu simpliste. Bleu marine et pourvue de flocons de neige bleu clair, Elina avait pensé qu’il s’agissait d’un cadeau utile. Mais était-ce vraiment ce genre de cadeau que l’on offrait à Noël ? C’était la première fois qu’elle offrait un cadeau qu’elle avait elle-même choisi… Et maintenant, avec ce qui venait de se passer, elle avait l’impression de devoir marquer le coup ! Mais malheureusement, elle n’avait que ça…

Le temps passa, les deux jeunes filles restaient collées l’une à l’autre, en silence. Peut-être était-ce la gêne de ces soudaines déclarations, ou bien le simple désir de vouloir profiter de ce qui venait de se passer. Pour Elina, en tout cas, c’était un doux mélange des deux… Mais vint le temps de la fin de la promenade, et une fois de retour à leur point de départ, elles descendirent du traîneau, et le Père Noël leur souhaita une agréable soirée. La façon sur laquelle il avait insisté sur ces derniers, et le grand sourire perceptible à travers sa fausse barbe ne laissait aucun doute sur ce qu’il sous-entendait. Il faut dire que, mine de rien, elles s’étaient quelque peu données en spectacle à l’arrière du traîneau… Si bien qu’il ne devait pas avoir manqué une miette de ce qui s’y était passé. Quelque chose disait à Elina qu’en rentrant, il ne manquerait pas de raconter cette drôle de promenade à sa famille, s’il en avait une. Le rouge semblait ne plus vouloir quitter les joues d’Elina, qui s’inclina maladroitement devant leur chauffeur afin de le remercier. Sans le vouloir, grâce à lui, elle venait de passer la meilleure soirée de sa vie. Si l’on faisait abstraction, bien sûr, de tout ce qui c’était passé avant… Mais vu le résultat, Elina se disait que, peut-être, cela en valait la peine. Certes, elle aurait largement ne pas avoir à passer par cette épreuve émotionnellement éprouvante. Et elle aurait largement préféré subir ces douloureuses émotions deux fois plus encore pour épargner à Sayu d’avoir à les subir elle aussi. Mais en cet instant, elle avait du mal à se concentrer sur autre chose que le bonheur qu’elle ressentait. Elle glissa timidement sa main dans celle de… de sa petite amie. Du moins, c’est bien ce qu’elle était, non ? Après tout ce qu’elles venaient de se dire, et ce baiser… Elle pouvait légitimement considérer que c’était le cas, n’est-ce pas ?

Inconsciemment, Elina se dirigeait vers le centre du village, bien qu’elle n’eut pas jeté le moindre regard vers les chalets à côté desquels elle passait pourtant. Elle était trop perdue dans ses pensées, dans ce bonheur qu’elle venait de gagner, que pour pouvoir se concentrer sur autre chose. D’ailleurs, mieux valait éviter qu’un poteau ou quelconque autre obstacle ne vienne se dresser sur son chemin, car il n’était pas sûr qu’elle parvienne à l’éviter… Finalement, elle parvint à reprendre ses esprits lorsque de vives lumières entrèrent dans son champ de vision. Elles se trouvaient à présent devant le grand sapin qui brillait de tous ses feux, presque comme si il était composé de lumière. Machinalement, Elina cessa de marcher, les yeux rivés sur l’arbre illuminé. Pouvait-elle rêvé meilleur endroit pour offrir son piètre cadeau ? Au moins, le climat enchanteur aiderait peut-être à lui donner plus de… valeur ? D’intérêt ? De sa main libre, elle alla chercher le petit paquet qui était caché depuis tout ce temps dans son sac. Peut-être qu’il n’était pas encore minuit, ou peut-être même que l’horloge avait déjà dépassée cette heure. La perception que la jeune russe avait du temps était quelque peu faussée, alors… Mais même si ce n’était pas l’heure à laquelle on s’offrait habituellement les cadeaux, Elina sentait que c’était maintenant qu’elle devait le faire. Une sorte d’instinct, peut-être… Si bien qu’elle finit par tendre le paquet devant elle, le regard gêné :

- Je… C’est pour toi…

Étrange de constater que fixer un point du décor était beaucoup plus facile que de croiser le regard de Sayu… Pour cacher ce moment de gêne, Elina eut recours une fois encore à la parole :

- C-Ce n’est pas grand-chose, mais… J’espère que ça te plaira. Je… Tu as vécu des moments difficiles ce soir, à cause de moi, et ça ne suffira pas à effacer mes bêtises mais… Je te promets qu’à partir de maintenant, je ferais en sorte que ça n’arrive plus… Je ferais mon possible pour que tu affiches en permanence ce beau sourire que j’aime tant… en tant que… petite amie ?

La fin de sa phrase avait un côté interrogatif, et c’était voulu. Non pas qu’elle doutait des sentiments de la jeune nippone, mais… Elle pouvait l’aimer, mais peut-être que ce qu’elle lui avait fait subir ce soir pourrait la dissuader d’officialiser cette relation ?

Cet amour naissant agissait tel un pansement sur une blessure, il apaisait doucement les cœurs meurtris des demoiselles, les soignant, les faisant battre progressivement à l'unisson. Le temps semblait s'être figé pour Sayuri, la chaleur que dégageait Élina, ces étreintes... Durant cette journée cela lui manqua énormément mais, désormais tout était comme avant. À une exception près. Pouvaient-elles encore se considérer telles des amies ? Ou plus ?Peut-être un peu des deux ? Enfin, cela était bien égal à la petite nippone. Le plus important à ses yeux c'était qu'elles étaient réconciliées et qu'aucune ne fuyait l'autre à cause de ses sentiments.
Perdus dans ce qu'il lui semblait être le paradis, Sayuri retrouva les pieds sur terres en entendant les sabots se stoppaient, la calèche restant ainsi immobile. La balade touchée à sa fin et les deux adolescentes n'avaient, en fin de compte, pas profité du paysage défilant devant elles. Mais... Il fallait dire que ce baiser avait été tellement mieux... Oui, vraiment, c'était un beau Noël. Pensait Sayuri qui, depuis peu, avait retrouvé le sourire.

Descendant du traîneau, elles saluèrent leur chauffeur qui repartit aussitôt en compagnie de ses rennes, laissant derrière son sillage neigeux les deux... Amoureuses. 
Désormais de retour au village de Noël, Sayuri s’apprêtait à demander ce qu'elles aillaient pouvoir faire lorsque, d'un geste hésitant, Élina vint loger sa main dans la sienne, prenant une direction, droit devant elle. La blonde ne savait pas où elle l'emmener ainsi mais elle se laissa entraîner, veillant bien à ce que leurs mains restaient jointes. Elle ne voulait plus être séparée de la violine, jamais...

Leur marche les mena au pied de l'immense sapin orné de lumières, guirlandes et boules multicolores. Vu d'aussi près, le conifère était encore plus éblouissant, encore plus magique.
Contemplant le regard remplit d'étoile la beauté du sapin, Sayuri fut surprise de voir un emballage rouge devant son nez. Tournant la tête vers Élina, cette dernière était aussi rouge que le paquet et bégayer d'un air gêné comme quoi c'était pour elle... La suijin chercha une fois de plus à s'expliquer mais Sayuri ne l'écoutait pas, elle la fixait en souriant. « Elle s'inquiète trop... C'est mignon... » Elle tilta cependant à la fin de la phrase. Ses joues se teintant de rouges, elle l'embrassa sur la joue avant de lui répondre en prenant doucement le paquet.

-Merci beaucoup Eli-chan...E-Et...Je...

Elle se stoppa, fouillant son sac, en sortant un petit paquet.

-Je...U-une...Une pe...Tite amie d-doit...
La demoiselle n'arrêtait pas de bégayer et finit par devenir rouge tomate avant de prononcer rapidement la suite, tendant le paquet à sa destinataire.
-E-Enfin..C-Cadeau !

Pourquoi n'avait-elle pas réussi à dire « petite amie » ? elle ne savait pas trop mais... Enfin bref ! Sayuri porta son regard sur le présent de sa compagne, histoire de changer de sujet.
Elle était heureuse de voir qu'Élina avait aussi pensé à elle. Vu qu'elles ne se connaissaient pas depuis si longtemps que ça c'était...touchant. Elle arracha alors un bord du papier cadeau, glissant doucement une main hésitante à l'intérieur. Ses doigts touchèrent une matière agréablement douce. Agrippant ce mystérieux objet soyeux, Sayuri le sortit de son emballage, dévoilant un foulard d'un bleu magnifique saupoudrer des petits flocons d'un bleu pastel. C'était là un cadeau magnifique ! Déposant le tissu contre sa joue, la nippone profiter de la douceur de celui-ci avant de regarder en direction d'Élina, appréhendant un peu.

-J-J'espère que...T-Tu trouveras pas ça nul...C-C'est pas grand chose...

Comme Sayuri ne connaissait pas les goûts de son amie... Euh... P-Petite Amie, elle avait choisi un cadeau qui lui semblait bon à ses yeux. En gros, quelque chose qu'elle connaissait c'était à dire une amulette porte bonheur japonaise. Ce petit porte-bonheur était de couleur vive principalement rouge orangé avec des inscriptions japonaises brodées en fil doré. Une petite ficelle était reliée à l'amulette pour qu'Élina puisse l'accrocher à ce qu'elle voulait. Aussi, un petit porte-clé en forme de Maneki-neko était lié à la ficelle. Chat étant un emblème pur du bonheur...

La réponse de Sayu ne fut pas verbale, du moins pas dans un premier temps. Certes, ce furent ses lèvres qui lui délivrèrent ses premiers remerciements, mais ce fut sous la forme d’un baiser sur la joue, et non de quelques paroles qu’elles le firent. Elina ne s’y était pas attendu, ce qui ne gâcha rien au plaisir qu’elle ressentit. Si bien qu’elle entendit plus qu’elle n’écouta les mots que prononça sa… sa petite amie. Car bien qu’elle ne l’ait pas dit clairement, la jeune russe avait réussi à déchiffrer ces mots lorsqu’elle lui tendit à son tour un petit paquet doré. Un cadeau, pour elle ? Ainsi, elle aussi avait eu l’idée de lui faire un cadeau… Sans même savoir ce que contenait le paquet qu’elle venait de lui remettre, Elina sentit une bouffée d’émotions l’envahir… Et il était étrange de voir que toutes deux avaient eu cette même idée. Cela voulait-il dire qu’elles avaient les mêmes attentions envers l’autre ?

L’heure était cependant à la découverte des présents qu’elles s’étaient offert l’une l’autre, non sans qu’Elina n’ait prononcé un timide merci. Les derniers cadeaux de Noël qu’elle avait reçu… Mieux valait ne pas en parler. Ouvrant délicatement l’emballage, elle découvrit… que ce que c’était, au fait ? Un petit objet, avec un caractère d’origine japonaise, du moins le supposait-elle. Celui-ci lui était vaguement familier, cependant… La réponse lui vint alors, grâce à un souvenir pas si ancien que cela… Asami lui avait montré un objet similaire, une fois en classe. Elle lui avait dit qu’il s’agissait d’une sorte de porte-bonheur, bien que leurs effets changeaient de l’un à l’autre. Elle ignorait alors sur quel domaine il était censé lui porter chance, cependant, l’attention de Sayu était claire : elle voulait son bonheur. Et apparemment, l’objet marchait à merveille, car avant même de le recevoir, il lui avait permis de recevoir la plus belle chose au monde : l’amour de la jeune nippone. À cela était ajouté un petit porte-clés en forme de chat, bien qu’elle en ignora la signification. Dès lors, elle n’hésita pas à répondre aux inquiétudes de… de sa petite amie :

- Je trouve que ton cadeau est génial, Sayu. Et j’espère pouvoir partager avec toi le bonheur qu’il m’apportera !

Alors, elle lui offrit à son tour un baiser sur la joue, ce qui ne manqua pas de faire resurgir les couleurs rosés sur les siennes. Elle accrocha alors son cadeau à la lanière de son sac, avant de reporter son attention sur celle qui le lui avait offert. Se grattant la joue d’un air gêné, elle lui demanda :

- E-Et mon cadeau, tu… tu en penses quoi ?

Pour sa part, il n’avait rien d’exceptionnel, d’autant plus que Sayu avait déjà une écharpe. Dès lors, son utilité était compromise, ce qui était pourtant son point fort. Avec une légère anxiété, elle attendait la réponse de… de sa p-petite amie. Il lui faudrait encore un moment avant de pleinement réaliser que c’était désormais bel et bien ce qu’elles étaient l’une pour l’autre.

Alors comme ça, le cadeau qu'avait choisi Sayuri lui plaisait . La voilà bien rassurée ! Elle avait peur que la suijin trouve cela inutile, remplaçable... Mais, Élina semblait savoir ce que l'objet était car elle parla de bonheur. Avait-elle déjà vu ce genre d'amulette ? La nippone se demandait bien comment car, elle doutait fort que dans le pays natal de sa compagne, ce genre de grigris japonais courraient les rues. Mais bon, le principal était que cela lui faisait plaisir, et il n'y avait pas meilleur récompense qu'un doux sourire venant de la demoiselle aux yeux de la blonde.

L'adolescente accrocha le petit porte-bonheur à son sac et demanda d'une voix tout aussi appréhendante que celle de Sayu quelques minutes plus tôt, si le son cadeau lui plaisait.
Dénouant le foulard qui protégeait son cou du froid, la jeune fille lui sourit, lui tendant l'écharpe bleutée.

-Elle me plaît énormément ! Merci ! Tu... Tu veux bien me la mettre autour du cou ?

Cette demande pouvait paraître bizarre étant donnée que se paraît d'un cache-nez était une chose simple, mais Sayuri voulait qu'Élina le fasse. Pourquoi ? Eh bien ça, il fallait attendre que la russe se manifeste pour vous dire les raisons.
Elina accepta et enroula le tissu autour du cou de sa petite amie qui profita de cette légère proximité pour l'embrasser. Un baiser plus long que l'autre fois, plus tendre, plus amoureux en quelque sorte. Bien évidemment, sa compagne ne s'y attendait absolument pas et ses joues s’empourprèrent alors très rapidement. Voilà ce que voulait la nippone, voir le visage si craquant d'Élina se teinter de rouge. Elle pourrait faire ça tous les jours uniquement pour contempler sa tête toute gênée !

-Joyeux Noël Eli-Chan...Lui dit-elle tendrement avant de la serrer contre elle.

Son regard se porta ensuite sur les horloges de bois sculpté d'un chalet, mine de rien le temps passait vite ! Mais, il n'était pas encore trop tard, les demoiselles pouvaient encore profiter de cette journée en tête à tête, journée ayant pris une tournure romantique quand on y repensait...

-Tu veux faire quelques choses en particulier ? O-Ou tu veux peut être rentrer ? A-Après tout il se fait un peu tard, Émily t'attend peut-être pour faire un dîner de Noël ?

Soulagée, Elina le fut lorsque Sayu lui dit que son cadeau lui plaisait énormément. Ce simple vêtement suffisait à la satisfaire… Elle qui trouvait ce dernier passablement pathétique contrairement à celui que lui avait offerte sa… petite amie. Cependant, tant que cela lui convenait, alors elle était heureuse… Oui, heureuse, il n’y avait pas meilleur terme pour la décrire en cet instant. Si elle avait pu se douter, ou même simplement imaginer que la soirée se terminerait de cette façon… Mais c’était une conclusion heureuse, et Elina était sure que, jusqu’à la fin de ses jours, elle s’en souviendrait comme l’un des plus beaux moments de sa vie. Il ne leur restait plus qu’à s’arranger pour en créer d’autres qui pourraient rivaliser avec celui-ci, et la jeune russe était impatiente de s’y atteler.

Mais dans l’immédiat, elle devait s’occuper de la demoiselle face à elle, qui lui demandait de l’aider à enfiler son cadeau. C’était surprenant, car ce n’était pas très compliqué à faire soi-même, mais peut-être s’agissait-il simplement d’une demande d’attention, et… d’affection ? Comme elle était toute disposée à offrir l’un comme l’autre, elle n’hésita pas plus longtemps à faire passer le tissu autour de son cou. Et alors qu’elle s’apprêtait à l’enrouler délicatement, Sayu se pencha vers elle et l’embrasse. Et cette fois encore, Elina ne s’y était pas attendue, si bien que les rougeurs qui semblaient ne plus vouloir la quitter vinrent une fois encore s’imposer sur ses joues. Cependant, bien que surprise, cela ne l’empêcha pas de savourer la douce sensation que cela lui procura. Lorsque leurs lèvres se séparèrent, elle eut droit à son premier Joyeux Noël de cette année. Malgré l’instant privilégié qu’elle vivait en cet instant, Elina ne put s’empêcher de se surprendre à avoir cette pensée. Car considérer cela comme les premiers bons vœux qu’on lui souhaitait impliquait qu’elle s’attendait à en recevoir d’autres… Sur cette joyeuse pensée, elle passa ses bras autour de la jeune fille, afin de renforcer l’étreinte qu’elle venait de lui offrir.

Au bout d’un court instant, bien trop court à son goût, Sayu lui demanda qu’elle serait la suite de leur soirée. Devaient-elles poursuivre leur exploration des lieux, ou bien… rentrer ? En effet, la jeune nippone s’inquiétait du fait qu’Emily puisse l’attendre pour un repas de Noël en tête à tête. Emily… Pendant un bref instant, Elina sentit une brusque panique l’envahir. Emily ! Qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir faire à son sujet ?! Comment allait-elle réagir en apprenant l’évolution de sa relation avec Sayu ?! Quelque chose lui disait qu’elle ne se limiterait pas à de simples félicitations… Il était même fort à parier qu’elle ne se gênerait pas pour profiter de cette occasion de la charrier quelque peu. Voulait-elle vraiment subir cette difficile épreuve ? D’un autre côté… Il lui serait difficile de faire comme si rien ne s’était passé, ses compétences en matière de visage neutre s’étaient quelque peu effritées depuis son arrivée sur Awashima. Alors, quelque chose d’aussi intense, elle risquait d’avoir du mal à le dissimuler… Et puis, au fond d’elle, elle… elle voulait lui dire. Partager ce moment important de sa vie, comme elle l’aurait fait… avec sa famille… Oui, de plus en plus, elle se rapprochait de sa grande sœur, qui avait su gagner sa confiance et son affection. Décidemment, malgré cette étrange façon d’arriver ici, cette île ne s’était pas montrée avare de moments joyeux à son égard. Pas un seul instant, elle ne regrettait d’être arrivée ici, d’autant plus maintenant que… qu’elle avait su se lier de cette façon avec Sayu. Finalement, elle en vint à partager ses intentions à sa petite amie, qui attendait patiemment qu’elle lui en fasse part :
 
- Emily travaillait aujourd’hui, alors, on n’avait rien prévu de tel. Alors, s-si ça te va, on pourrait… continuer à se promener, toutes les deux ? J’aimerais bien… rester un peu plus longtemps avec toi.

Oui, en cet instant, elle voulait plus que tout savourer davantage la présence de la demoiselle, maintenant que leur relation avait évolué à ce stade. Était-ce faire preuve d’égoïsme, ou bien sa réaction était naturelle ? En tout cas, Sayu accepta, et elles passèrent ainsi encore un moment l’une à côté de l’autre, main dans la main, de la joie dans le cœur. La soirée était devenue si belle depuis la fin de cette balade en traîneau… Le retour à l’appartement, lui, risquait d’être tout aussi fort en émotion… Mais ça, c’est une autre histoire !