Home Sweet Home [Lyce/Shaporo]

Comme je le dis souvent, la chance était tout le temps avec moi. Même en m'étant perdu dans la galerie marchande de je ne sais plus quelle ville, j'arrivais à m'en sortir grâce à la fortune qui me sourit chaque jour. En plus, là-bas, j'ai rencontré une jeune demoiselle, Lyce, qui va m'o...Mais en fait, pourquoi je narre pour moi-même ? Bref, Lyce-san va m'offrir des crêpes chez elle ! Mhm. Le chez elle est sans importance, réellement.

Sur le trajet pour atteindre son domicile, plusieurs environnements, bâtiments et même trottoirs me semblaient familiers. Au début, je pensais que ce n'était qu'une simple impression, après tout, les villes se ressemblent tous. Mais la question me revint lorsque l'on arriva devant la grande bâtisse qui servait d'appartements. Arrivé devant le logement de la demoiselle, j'étais pratiquement sûr que l'on était à Kousha, là où j'étais sensé habiter, là où j'avais emménagé un peu plus tôt.

M'enfin, je n'allais pas avouer ça de suite, si je pouvais profiter d'un peu de sucreries avant, ça pouvait n'être que pour le mieux. Passant alors la porte d'entrée, je remarquais à quel point l'intérieur japonais était différent des autres. Pendant un moment, je ne faisais qu'observer les différences depuis l'entrée. J'effectuai alors un petit sourire, pensant que le tout n'était pas très bien rangé – ou pour être honnête, pas du tout – puis décidai enfin à me bouger.

Si Lyce-san avait balancé ses chaussures comme ça, dans un coin, je respectai quand même les premières règles que j'avais appris. J'enlevais délicatement mes chaussures et les posais tranquillement sur le sol, près du mur, pour ne pas salir le...Euh. L'intérieur...Elle demanda alors mon aide pour préparer ces crêpes. Et même si cette demande fut suivi d'une petite moquerie, je n'allais pas refuser.

De plus, la cuisine m'avait toujours calmé, quelque soit la confection qui en sortait. Cela pouvait être gâteau, simple dîner ou autre, j'avais toujours une attitude sérieuse, ou mi-sérieuse. Entre autre, mon comportement de gamin avait disparu dès lors où Lyce-san me proposa de venir en cuisine.

« D'accord, je vais t'aider. Tu as ce qu'il faut pour faire des crêpes flambées ? »

Je regardais alors brièvement le matériel et tout ce qu'il se trouvait à disposition pour cuisiner. Un léger sourire d'un rare franc se dessina sur mon visage. Dans ma langue, les mots sortirent tout seul.

« Ça fait longtemps...La dernière fois, je l'avais fait pour toi hein... »

Puis, mon esprit revint au moment réel, laissant sortir une faible expression d'exclamation.

« Ah, désolé. Laisse tomber pour les crêpes flambées alors, on va les faire normalement, d'accord ? »

Mon ancien sourire m'était revenu sur le moment. La cuisine me détendait vraiment plus que le reste...Ou peut-être un peu moins que le chant, mais en tout cas, lorsque je pratiquais ce loisir, tout le bien-être d'avant mon accident revenait. C'était l'un des rares moments où l'on pouvait me voir aussi...Joyeux. Bref.

La préparation de ces sucreries furent plutôt rapide, à deux, on allait plus vite que si j'étais seul. Et c'était toujours plus marrant d'ailleurs, m'enfin. C'était fini, je quittai mon poste de cuisinier pour revenir au salon. Je m’asseyais alors par terre, façon japonais, puis attendais le déluge.

« Je te laisse faire le reste, Lyce-san. »

La remarque de Lyce m'avait fait réagir. Quelqu'un qui me manquait...Je parlais beaucoup trop. Elle en savait sur moi, sur mes sentiments. J'veux dire, elle savait que je voulais quitter l'île à tout prix, que j'étais dingue de sucrerie, que j'avais quelqu'un de très important à mes yeux...Franchement, je parlais beaucoup trop, pour un type qui ne sait même pas placer deux mots anglais de son propre gré.

Cela dit, je n'y avais jamais pensé autrefois, mais elle était réellement importante à mes yeux. J'étais même prêt à donner ma vie pour elle, c'est étrange non ? Le pire, c'est que je ne parle même pas d'une petite amie, mais de ma grande sœur. Je devrais arrêter de parler pour rien, vraiment.

Sur ce, je ne dis pas un mot suite à l'intervention de Lyce. Je me contentais d'attendre, sans faire aucun bruit, aucun geste, tel une statue décorant le salon. Un peu plus tard, il me fut aisé d'entendre les mots qui sortirent de la bouche de la demoiselle. J'avais réussi à rendre l'atmosphère plutôt mélancolique. C'est vrai que je n'étais pas le seul coincé sur cette île, loin de là. Je dégageai ensuite un long soupir, repensant à mes propres actes.

La voilà qui arrive, avec le plat et tout ce qui pouvait servir de garniture pour la crêpe. Si j'étais enthousiaste en premier temps, m'être remémoré de tout m'avait un peu freiné. Je pris alors une part, silencieusement, puis la fournit de confiture délicatement. Enfin, j'amenai doucement la crêpe à ma bouche pour y croquer un léger morceau, et...Oh.

« Les crêpes c'est les meilleurs, yeah ! »

Le goût m'avait fait réagir. Rien ne pouvait détruire l'image du véritable Shaporo, un incontestable goinfre lorsqu'il s'agissait de petites douceurs. L'atmosphère de la salle changea du tout au tout, je marquai l'ambiance, une nouvelle fois.

« Dis dis, c'est vraiment bon, ça ! Tu veux goûter ? Tu veux ? »

En même temps que je disais ça, j'agissais comme un enfant en lui tendant ma crêpe déjà à moitié mangé. Cependant, je remarquais qu'elle me regardait étrangement, ce qui me fit croire qu'elle n'en voulait pas.

« Mhm...Pas grave ! Tout est pour moi du coup, ahah ! »

La première finit, j'en attaquai une autre, puis une autre. Enfin, sur la suivante, j'en vins à mon tour à effectuer une remarque sur l'une des phrases qu'avaient prononcé Lyce-san.

« Dis, je te fais penser à quelqu'un ? »

Un petit sourire moqueur s'était introduit sur mon visage. En vrai, je voulais juste lui demander, par simple curiosité, mais mon caractère fit que cela ne semblait pas être le cas. Provocateur ? Mhm...Intéressant, je suis intéressant, moi !

C'était parti. Il était temps de découvrir de nouveaux caractères. Étrangement, cela m'amusait. Quelque fois, cela faisait du mal aux autres, mais cela restait amusant. C'était un sentiment étrange qui réussissait à exciter mon côté maléfique. Était-ce de la curiosité ? L'envie de réapprendre à se connaître ? Ou justement, était-ce un de mes nouveaux traits de caractère ? Je ne savais pas, mais je tentais tout de même de me retenir un minimum, je ne souhaitais pas réellement devenir offensant, même si ça pouvait déjà être le cas.

M'enfin, Lyce-san avait présenté le type qui se trouvait sur le cadre de photo, là-bas. Swann, c'est ça ? Il débordait vraiment de joie de vivre lui. Je ne pus m'empêcher de laisser fuir un petit rire déplacé. Lorsqu'elle ajouta une précision plutôt importante, un léger soupir souriant – oui ça existe – s'échappa de moi. Alors, il était mort. Il n'avait pas eu de chance, vraiment. Il faut dire que Dieu n'était pas avec lui. Sachant cela, mes yeux se fermèrent automatiquement. Néanmoins, je gardais un petit sourire ineffaçable.

Puis, je refis surface lorsqu'elle vint à me parler d'elle. Enfin, si elle me faisait penser à quelqu'un. Elle n'avait pas envie de parler de ce Swann ? Je comprends, il est un peu...Mort en même temps. Difficile de parler des défunts, mais ça m'intriguait réellement, ou du moins en surface. M'enfin soit, j'allais en rester là pour le moment. Malgré tout, j'avais bien noté dans un coin de ma tête, comment embêter Lyce-san, je pouvais le refaire à tout moment.

« En vérité, non. Tu ne ressembles pas vraiment à...Non. C'est plutôt l'air...Euh...L'atmosphère ? Oui c'est le mot. C'est comme le temps où j'étais au japon. Avec ma sœur. Grande sœur. »

J'essayais de trouver une image quelque part mais j'avais oublié qu'elle ne me laissait jamais en prendre. Puis au final, je mimais des mouvements pour la taille, touchait mes cheveux pour en expliquer la couleur et ainsi de suite.

« Mhm...Oui, ma sœur était grande comme ça, elle avait des cheveux bruns, elle portait souvent...M'enfin, elle aussi était plutôt joyeuse. Quoique, ces derniers temps...Nan rien. En tout cas, ça me rappelle ma sœur tout ça. »

Je ne savais que dire ensuite. Mon cœur voulait s'excuser pour Swann, mon âme voulait s'excuser, mes pensées voulaient encore plus embêter Lyce en parlant de lui. C'était comme une lutte contre moi-même. Du coup, un silence s'installa quelques minutes. Ensuite, je préférai le briser pour ne pas alourdir l'atmosphère.

« En tout cas, j'te remercie pour ces crêpes. La prochaine fois, c'moi qui te ferai quelque chose. »

Au final, je n'avais pas tant appris sur moi. Juste deux trois choses en plus d'avant.

Mhm. J'ai trop parlé. Je n'en aurai même pas dit autant à un ami...Yare yare, les sucreries ont vraiment un contrôle total sur moi hein ? Pour l'instant, ce n'était pas si dérangeant, mais plus tard, ça pouvait m'attirer des problèmes, de gros problèmes même. Maintenant, je savais quoi corriger en urgence. Je n'avais aucune piste pour le faire, mais c'était une obligation. Même si ces douceurs sont vraiment délicieuses, ils me changent beaucoup trop.

A ce moment, un fou rire intérieur me prit. Me changer ? Était-ce vraiment cela, ou plutôt un retour aux origines ? A force de changer et de changer, j'en pourrais même oublier qui je suis réellement. C'était comme si le type que je suis devenu après l'accident était le véritable moi, j'étais déjà persuadé de ce cas. Jusqu'où pourrais changer ? Ça pouvait être amusant à observer...

M'enfin, je devais répondre à cette question. La vérité ? Un mensonge ? Je ne savais quoi raconter. Ce n'était pas comme si j'étais méfiant, que j'avais encore des soupçons sur elle, après tout j'avais déjà bien parlé à propos de moi. C'était plutôt que je me demandais comment elle allait réagir si je lui révélais que j'habitais la porte d'à côté. Je pris alors une dernière crêpe avant de tout lui dire.

« En réalité, tu sais que je suis étudiant à Kousha aussi hein ? Ma maison est ici, héhé. J'veux dire, là, à côté. »

Après avoir dit ça, je ne savais pas quoi ajouter. Je me contentais uniquement de la regarder, de regarder son visage, voir quelle attitude elle avait. Je cherchais le moindre amusement qu'il pourrait y avoir en la fixant. Puis, un soupir se fit.

« Si tu veux, tu pourrais...Visiter ? M'enfin, voir l'intérieur. C'est complètement différent d'ici. Mais bon, le mieux serait que tu viennes pour l'heure du dîner non ? Je te ferais quelque chose pour toi. »

De plus en plus, je remarquais que mon anglais était loin d'être le meilleur. Il était peut-être même le pire sur l'île. Qu'est-ce qu'un génie s'il ne pouvait pas apprendre au moins ça ? Je devais vraiment faire des efforts. Mais bon, apprendre seul une langue n'a jamais été mon point fort. Si seulement je...Oh.

« En fait...Tu vois bien que mon anglais est nul non ? Tu peux m'aider à ça ? J'veux dire, à apprendre l'anglais... »

Bon c'était dit. J'avais ravalé le peu de fierté qui me restait afin de demander de l'aide. Bien évidemment, ça n'allait pas se faire aujourd'hui, non...On avait d'autres trucs à faire, que ce soit Lyce ou moi. Elle, elle devait par exemple nettoyer tout ça, et moi, bah moi je devais...Je devais...J'avais un tas de chose à faire.

Le problème, ce n'était pas qu'elle avait refusé ma demande. Le véritable problème, c'était l'endroit où elle voulait qu'on étudie. Le lycée. Je n'avais mis les pieds là-bas qu'une fois en vérité, et c'était étrange que je n'étais pas plus rappelé à l'ordre. En effet, on était dans le même lycée, mais personnellement, je n'allais jamais à cet établissement, je devais découvrir plein de choses sur l'île et ce n'était pas en travaillant en cours que j'allais savoir comment je pourrais m'en aller.

Cela dit, je pouvais bien faire un effort, le temps d'apprendre la langue du moins. Mais quand, je ne savais pas, fallait déjà que l'on se croise là-bas, et Dieu sait que si j'y allais, ce serait pour roupiller sur le toit. En tout cas, il fallait quand même que je lui réponde, et honnêtement...

« Eh bien...Oui, on pourra faire ça là-bas...Mais quand on se retrouve là-bas ? Faut mettre une date non ? Euh...Une heure... »

Quoi ? Je n'allais quand même pas participer aux cours ? Je n'avais pas menti, ni dévoiler la vérité, c'était super non ? Bref, après cela, il commençait à se faire tard et sincèrement, j'avais quelques petites choses à régler chez moi, avant de pouvoir l'inviter.

« Mhm...Je crois que je vais rentrer maintenant. Merci pour les crêpes ! Oh...Et je te paierai ça un autre jour, là, j'ai rien chez moi ! A une prochaine ! »

D'un signe de la main, je commençais à partir, puis ouvrit la porte et sortit de la salle. Deux secondes après, je revins puis mis mes chaussures sans dire un mot, puis repartit aussi silencieusement, afin de rentrer dans mon appartement, deux mètres plus loin. Une fois à l'intérieur, je marquais tout ce qui me semblait important. Tout ce que j'avais vu, tout.