On ne peut pas sauver tout le monde [Hanna]

L'avantage de ce corps de métier était la diversité des interventions. Vous pouviez trouver de tout, allant bien évidemment du traditionnel et non pas moins cliché sauvetage de chat dans l'arbre, à l'accident de la route sans oublier les incendies. Aujourd'hui, il s'agissait d'un horrible accident de la circulation impliquant plusieurs véhicules. Lorsqu'Aaron était arrivé sur les lieux il avait eu le droit à une véritable vision d'horreur. Un deux roues, une moto, avait doublé par la gauche sans que le conducteur situé devant ne l'aperçoive. Tapant sur la moto, cette dernière heurta un monospace venant de la voie d'en face provoquant ainsi un carambolage monstre. La circulation était arrêtée et on ne comptait plus le nombre de blessés ou de voitures accidentées. Le natif de Leicester inspira profondément avant de donner les premières consignes, habillement il orientait ses hommes afin de prendre en charge de manière la plus efficace possible les blessés.

"Les SPV prenez en charge à l'aide du SMUR les blessés les plus légers. Orientez les cas les moins graves vers les hopitaux les plus éloignés." L'ancien basketteur universitaire se tourna ensuite vers ses collègues, ses hommes (et femmes) tous professionnels, ceux qui avaient la plus grande expérience du terrain. "Quant à nous, on s'occupe des blessés graves et de secourir les personnes encore prisonnières dans leurs véhicules. Allez Go !" Contrairement à ce qu'il était dans la vraie vie, Aaron avait donné ses consignes de façon claire et précise. Le jeune homme maîtrisant parfaitement son sujet. Il n'y avait que lors des interventions ou sur un terrain de basket qu'il était capable être si calme, sinon il n'y avait pas pire gaffeur que lui !

Le groupe de la cinquième division des pompiers d'Amishawa avançait avec leur leader croisant déjà des corps recouverts d'un drap blanc, personnes n'ayant malheureusement plus besoin de secours. Rapidement la division de quatre personnes se divisait en deux groupes de deux afin d'élargir le champ des recherches car lors de telles situations il fallait agir le plus vite possible. Ce fut totalement sur la gauche que le blondinet remarqua la carcasse d'une moto, à moitié encastrée dans la barrière de sécurité. Il grimaça. Les chances de survie du conducteur était très maigre mais elle existait ! Courant à grandes enjambés, il sauta par dessus la rambarde pour scruter les alentours. Par chance, si on pouvait appeler ça de la chance, c'était un immense champ qui bordait les deux cotés de la grande route et le commandant avait donc une parfaite visibilité.

"Les gars ! J'ai retrouvé le conducteur de la moto. Il a l'air encore vivant !" Cria-t-il à son équipe qui accourait déjà avec un brancard. Le conducteur de la moto était inconscient mais respirait toujours faiblement. Son casque était littéralement défoncé mais il ne semblait avoir que des blessures superficielles à la tête ce qui n'était pas le cas pour le reste de son corps. Le bras droit avait été arraché, sans doute à cause de l'impact avec la voiture venant d'en face et au vu de la position de sa jambe droite à la perpendiculaire celle-ci devait être cassée bien comme il faut. Aaron se tourna vers son second, Jean Philibert mais toute la caserne l'appelait Jean-Phi.

"Jean-Phi, appelles moi un hélicoptère tout de suite. Code d'urgence pour l’hôpital d'Ikazuchi. Dis leur de préparer une salle de bloc et un neurochirurgien, bras sectionné." Bien évidemment tu n'étais pas médecin et c'était au toubib du SMUR de prendre une telle décision mais tu ne voulais pas perdre de temps, juste au cas où. Et comme disait l'adage, il vaut mieux prévenir que guérir ! C'était habituel chez toi et c'était ce qui faisait ta force en un sens. Ton sens du devoir et du bien d'autrui.

"Claire ! Amènes la glacière, j'ai son bras !" Et oui il était primordial de glacer le membre sectionné le plus vite possible pour faciliter une éventuelle greffe bien que cela paraissait peu probable. Sur l'île, les experts réputés ne pullulaient pas comme en Europe ou aux Amériques mais dans le doute. Aaron déposait le membre de l'accidenté dans la glace alors que l'hélicoptère arrivait déjà. Voyant que son équipe se débrouillait bien et que l'ensemble des blessés graves avait été évacué, il grimpa avec le médecin du SMUR et le motard dans l'hélicoptère. Assister le médecin jusqu'au bout, voilà ce qu'il comptait faire. "Jean-Phi je te laisse le reste, on se retrouve à la caserne !" Puis le pompier tapa sur la carlingue de l'hélico indiquant à son pilote qu'il pouvait décoller, en route vers l’hôpital d'Ikazuchi !


Quatre heures plus tard Aaron était toujours dans les couloirs du centre hospitalier. La mine des mauvais jours, il venait d'apprendre après une interminable attente que le motard venait de décéder. Tout ça pour rien ! Frustré comme toujours lorsqu'un moment aussi terrible venait à arriver, il fixait le distributeur à boissons en face de lui. Le jeune pompier soupira avant de se lever et d'enlever ta veste pour fouiller dans la poche intérieure. C'est ainsi qu'il remarqua qu'il s'était entaillé l'avant bras et dans la précipitation il n'avait rien remarqué. Le blond déposa alors sa veste de pompier sur le fauteuil de la salle d'attente pour se retrouver en simple débardeur blanc. Toujours aussi dépité, il inséra la pièce dans la machine pour sélectionner sa boisson favorite, une eau pétillante aromatisée à la grenade pour constater que la machine était en panne ! Journée pourrie jusqu'au bout ! Légèrement en rogne il adressa une petite tape à la machine avant de couiner comme un homme viril.


"Aie ! Mais c'est pas vrai !" Un empoté jusqu'au bout ! Il n'était plus en intervention et encore moins sur un terrain de sport alors autant reprendre les bonnes habitudes non ?

Hanna était heureuse car depuis peu, la jolie interne avait été affectée dans le service de pédiatrie de l'Hôpital d'Ikazuchi. S'occuper d'enfants à longueur de journée était un réel plaisir pour la belle finlandaise, bien que certains cas l'attrister plus que de raison. Elle était une jeune médecin empathique, à l'écoute de ses petits patients et de leurs familles. Ce jour, elle assurait les consultations de pédiatrie générale, notamment pours les petits bobos de la vie quotidienne. Le sourire de la blonde avait tendance à rassurer nombre d'enfants inquiets de leur petit séjour hospitalier. Bien sûr, elle avait toujours son lot de sucettes dans la poche de sa blouse  pour récompenser les plus sages. Non en fait, elle les récompensait tous sans exception.

La jeune femme était appréciée par le personnel et les "habitués", donnant une touche de joie et de dynamisme au sein du service. Elle était réputée pour être d'une bonté et d'une gentillesse inégalables. Mais au cours de la journée, par manque de main d'oeuvre, elle avait été appelée aux urgences pour terminer son service. Un service qui s'éternisa jusqu'au bout de la nuit suite à un accident plutôt grave et conséquent de la route. La blonde n'était pas du genre à compter ses heures, elle qui était tant passionnée par son futur métier. Malgré la fatigue, la blondinette conservait son sourire radieux.

Pendant que les chirurgiens s'occupaient des patients les plus lourdement blessés, la belle gérait le reste avec quelques uns de ses collègues dont le lèche-botte qui passait son temps à la draguer. Elle n'y prêtait plus réellement attention à force, mais elle pouvait en être parfois agacées. Et après de multiples examens cliniques, quelques points de suture et plâtrages, ce fut vers quatre heure du matin qu'Hanna put prétendre à rentrer chez elle. Observant sa montre, elle grimaça, il serait peut-être plus simple pour elle de dormir sur place puisque dans à peine quatre heures, elle serait de nouveau de service.

Réajustant son ruban carmin, la jolie Rajin décida qu'il était temps pour elle de recevoir un apport en caféine. Toujours vêtue de sa blouse, les quelques sucettes restantes dépassant de sa poche située au niveau de sa poitrine, elle se dirigea donc vers les machines à café et autres boissons et sucreries. Ses pupilles d'océan se posèrent sur le seul individu présent dans le couloir, un grand jeune homme à le chevelure des blés vêtu d'un débardeur blanc qui laissait voir ses muscles saillants et un pantalon prouvant son appartenance à la caserne de pompiers. Le voyant frapper la machine avant de couiner, la blonde pouffa de rire, s'approchant de lui avec un sourire joyeux.

"Allons, c'est pas en la maltraitant qu'elle vous donnera ce que vous voulez."

Ce n'était aucunement une reproche, seulement une petite boutade sympathique pour apaiser l'humeur du jeune homme. Lorsqu'il posa les yeux sur elle, Hanna rosit, il était tout de même incroyablement mignon ce pompier. Se tournant vers la machine qui semblait une énième fois en panne, elle soupira. Comme elle le pouvait, autant aider cet homme en détresse qui semblait crever de soif. Ce qu'elle s'apprêtait à faire ne l'enchantait pas réellement, mais Oliver, son jumeau, l'encourager à parfois se servir de cette magie qui l'effrayait.

Posant sa paume avec précaution sur la panneau de contrôle de la machine, elle y insuffla quelques étincelles, juste assez pour la faire redémarrer. Son coeur s'était emballé l'ombre d'un instant, de peur que quelque chose ne se déroule pas comme elle le souhaitait. Mais la boisson que son interlocuteur avait choisi finit par tomber dans le compartiment visant à réceptionner les cannettes. Satisfaite, un sourire jusqu'aux oreilles, elle lui tendit sa boisson. Mais c'était sans compter qu'avec Hanna, il y avait TOUJOURS un imprévu.

Avant que le jeune homme n'ait eu le temps de tendre la main pour récupérer son "trophée", une étincelle s'échappa des doigts de la blonde, petit joute qui suffit à faire sauter la capsule de la canette alors que tout son contenu explosa pour les arroser tous les deux assez généreusement. Les voilà, là, tous les deux trempés de limonade à la grenade. Piquant un fard, la jeune interne s'affola.

"Mon dieu, je suis désolée ! Je ... Je vais arranger ça !"

Jetant la canette dans la poubelle la plus proche, elle fouilla dans ses poches pour constater qu'elle n'avait rien pour essuyer le pauvre malheureux qu'elle venait d'aggresser malgré elle. Alors, ne voyant aucune autre solution, elle sortit les deux dernières sucettes qu'elle tendit au beau blond.

"Prenez les, si vous voulez, ce sera en dédommagement ..."

Hésitant un instant, elle tenta au mieux de tamponner le débardeur avec sa propre blouse, mais il semblait qu'elle faisait pire que mieux. A cet instant, sans doute à cause de la fatigue, Hanna éclata de rire.

"Je suis désolée, je pense que c'est nerveux. La journée a été très longue. Trop longue."

Levant les yeux vers lui, elle poursuivit.

"Je peux ... vous montrer la salle de bain des internes si vous voulez vous débarbouiller. Et après ça, je vous paie un café."

Voulant attraper le pompier par le bras, elle se figea lorsqu'elle vit l'entaille.

"Oh mais ... vous êtes blessé ! Il faut soigner ça !"

Et là voilà, qu'elle attrapait le pauvre jeune homme par la main pour l'emmener directement dans la première salle de consultation ouverte.

Aaron sursauta lorsqu'il entendit cette voix féminine l'interpeller. A peine eut-il le loisir de croiser le regard de la jeune femme qui, au regard de sa tenue, devait appartenir à l’hôpital que ses joues virèrent au rouge cramoisi. Le jeune homme avait un mal fou à contenir sa timidité en présence de personne appartenant à la gente féminine. Même au sein de sa caserne il lui avait fallu énormément de temps et de patience pour ne serait-ce qu'interpeller Claire, la petite nouvelle. Heureusement Jean-Phi avait grandement contribué à faire l'intermédiaire entre les deux et petit à petit Aaron était capable de la traiter comme un membre à part entière du groupe. D'une voix timide, il tâcha de s'expliquer : "Veuillez m'excuser, une mauvaise journée et je..." Le blondinet stoppait ses paroles, voyant que la jeune femme se dirigeait à son tour vers cette satané machine. "Vous embetez pas, elle est en panne." Bredouillait-il avant d'assister à une scène assez particulière.

Cette fille venait de poser sa main sur la machine, machine qui redémarra au quart de tour ! Interloqué par cette scène, son cerveau chercha comment elle avait fait et ce fut lorsqu'il crut apercevoir une petite étincelle qu'Aaron eut la réponse. La blondinette était une descendant des Rajins et avait utilisé de sa magie tout comme lui lors des incendies par exemple. Futée ! Toujours aussi rouge, et alors que l'inconnue lui tendait sa boisson il glissa un tout petit "Merci", bafouillant plus qu'autre chose. L'ancien basketteur universitaire était prêt à prendre sa boisson detox à la grenade lorsqu'une nouvelle étincelle s'échappa des doigts de son interlocutrice pour faire exploser la canette ainsi que son contenu.

Les deux jeunes gens étaient trempés et plus que son état à lui c'était surtout celui de la jeune femme qui le préoccupait. En effet, l'inconnue ne portait qu'une simple jupette en jean et un débardeur blanc sous sa blouse ouverte. Débardeur qui était dorénavant transparent avec la boisson dévoilant son dessous à quiconque assistait à la scène. Heureusement, ils n'étaient que tous les deux devant cette machine et devant cette vision pour le moins étonnante Aaron oublia de répondre à la proposition de la jeune femme concernant les sucettes.

Toujours aussi rouge, le pompier eut un mouvement de recul lorsque l'inconnue venait attraper son débardeur pour essayer de le nettoyer. "C'est... c'est indécent couvrez-vous." Il recula d'un pas encore lorsqu'elle proposa de le conduire jusqu'à une salle d'eau et d'un autre lorsqu'elle lui proposa de prendre un café par la suite. Jamais personne, surtout une femme n'avait été aussi gentille avec lui. Et déjà elle l'emmenait dans une salle à part mais il se stoppa subitement, agissant avec précision pour ce qui suivit....

D'un geste rapide et précis le jeune homme venait attraper sa veste d'intervention pour la poser sur les épaules de la dénommée Hanna, s'il se fiait à son badge. Mais plus que ce geste, il gardait un bras autour des épaules de l'interniste comme il le faisait avec les victimes qu'il secourait pour attraper ses mains. Déformation professionnelle oblige, Aaron voulait s'assurer que la jeune femme ne souffrait d'aucune séquelle à cause de sa magie, d'aucune blessure ou autre. C'était son job, sa raison d'être. Il apparaissait à cet instant nettement plus sur de lui, totalement en confiance, on retrouvait le commandant de la cinquième division d'Awashima.

"Vous avez mal au doigts ? Vous ressentez une sensation de chaleur ? Vous pouvez les bouger normalement ? Ne vous inquiétez pas pour ma blessure, vous d'abord. Désolé pour le manteau crasseux sur vos épaules mais il vaut mieux qu'on ne voit pas vos... enfin vous savez quoi. Les pervers sont légions même dans un hôpital à quatre heures du matin." Finissait-il par dire, complètement différent du jeune homme maladroit de tout à l'heure.

Le beau blond se stoppa alors qu'Hanna ne put avancer au vu de son poids de moineau. Elle sursauta lorsqu'elle sentit quelque chose de lourd se poser sur ses épaules et rosit de plus belle lorsqu'il passa un bras autour de ses épaules. Elle qui le pensait timide semblait soudainement bien entreprenant. Puis, sans qu'elle puisse réagir, il saisit ses mains tout en débutant son charabia de pompier. Une sensation de chaleur ? Oui, exactement. Mais pas au niveau des doigts, plutôt au niveau de ses joues en réalité. Les rôles avaient été inversés, le médecin devenait patient. La jolie finlandaise observait le jeune homme, la bouche semi-ouverte, totalement abasourdie par cette soudaine assurance.

"Qu'on ne voit pas ... quoi ?", dit-elle naïvement avant de baisser le nez vers son T-shirt.

Oh. Bien sûr. Un T-Shirt blanc, mouillé, avec des sous-vêtements rouges vifs. L'équation était vite fait. Extirpant doucement ses doigts des mains de son interlocuteur, elle couvrit sa poitrine en croisant les bras, les joues en feu.

"Je ... je vais bien. Et merci pour la veste."

Subitement intimidée, elle détourna le regard en réfléchissant à comment gérer cette situation. Au pire des cas, elle remettrait sa blouse détrempée le temps de pouvoir se changer. Mais le vêtement lui assurait une chaleur agréable et réconfortante. Levant timidement les yeux vers le pompier, elle crut bon de lui donner quelques explications.

"L'étincelle ne m'a rien fait. C'est juste ma magie qui a tendance à me jouer des tours. Je n'aime pas y avoir recours en réalité." D'instinct, elle s'était blottie dans la veste lourde et chaude avant de poser les yeux sur le torse également trempé du grand blond. "Mais ... vous, vous risquez d'attraper froid sans votre veste."

Elle se sentait bête et maladroite. Sans doute que l'inconnu la trouverait idiote. Il fallait qu'elle reprenne contenance malgré tout. Alors, elle finit par lui adresser un sourire, un large sourire comme à l'accoutumé, passant un bras en dehors de la veste pour lui serrer la main.

"Je ne me suis pas présentée. Je suis Hanna Hiroven, interne en pédiatrie, et vous ? Monsieur le ... Capitaine ?"

Très observatrice la jolie blonde, n'est-ce pas ?

"Et maintenant ... Vous voulez bien inverser les rôles pour que je puisse vous soigner ? Votre blessure m'inquiète. J'ai passé la nuit à suturer des plaies, je ne suis plus à une heure près."

Lâchant un petit rire, elle tourna les talons, l'encourageant à la suivre. S'il le voulait bien, elle l'emmènerait dans la salle de repos des internes qui serait certainement vite à cette heure-ci. La belle pourrait en profiter pour rapidement se changer avant de s'occuper de cette vilaine plaie.

Et voilà que les joues de la jeune femme étaient aussi rouges que ceux d'Aaron, Aaron qui reprenait déjà ses habitudes de timide maladif en reculant de nouveau. Cette Hanna avait sans doute très mal pris son intervention cavalière même si celle-ci n'avait eu lieu uniquement que pour la protéger et la soigner en cas de pépin. Les étincelles, même minimes étaient tout de même impressionnant et s'il pouvait aider la petite blonde comme elle comptait l'aider avec le distributeur, il ne se priverait pas. "Désolé pour mon intervention cavalière, c'est juste que j'avais peur pour vous... de ma faute vous avez risqué votre santé et...." Tout cela il l'avait presque murmuré et déjà la future doctoresse lui coupé presque la parole, sans doute n'avait-elle pas entendu les bafouillements d'Aaron. Ce dernier n'en croyait pas ses oreilles, finalement elle le remerciait de son attention et ce fut donc tout naturellement qu'il bredouilla de nouveau : "Je vous en prie c'est normal." Le capitaine de la cinquième division ne savait plus où se mettre et il devait être actuellement rouge pivoine si ce n'est plus.

Hanna, si elle s'appelait bien ainsi, crut bon de donner au jeune blond quelques explications concernant les événements. Bien sûr il avait parfaitement bien compris que l'étincelle était liée à sa magie mais par exemple il avait déjà vu des Kagutsuchis se brûler alors qu'ils maîtrisaient très bien leurs magies ! "Pourtant vous aviez semblé très sereine à l'utiliser Mademoiselle." Il avait répondu d'instinct avant de reculer d'un nouveau pas, à ce rythme il allait se retrouver dehors, les bras nus, sans rien comprendre au film ! Jamais depuis sa vie sur le continent il n'avait parlé aussi longtemps avec une femme et cette conversation commençait à le déstabiliser plus que de raison.

L'interniste déclara ensuite qu'il risquait d'attraper froid ainsi vêtu et surtout trempé. Aaron eut alors pour seule réponse un sourire forcé avant de placer la paume de sa main vers le ciel et de faire jaillir de celle-ci un minuscule jet d'eau. "Vous c'est l'explosion des canettes et moi c'est d'éteindre les explosions. Ne vous inquiétez pas." Aaron avait toujours bafouillé bien qu'il devenait de plus en plus compréhensible, chose rare chez lui lorsqu'une femme était dans les parages. Il n'y pouvait rien, les demoiselles l'avaient toujours effrayé en un sens, la faute à ces meutes de filles au collègue qui n'avaient de yeux que pour sa beauté et ses prouesses au basket.

La scène qui suivit fut assez comique dans le genre, la demoiselle se présentait enfin et comme il avait pu le voir, en plus de la couleur de son soutien gorge, elle s'appelait bien Hanna et était donc interne au sein du centre hospitalier. Au lieu de lui serrer la main, Aaron n'eut que pour seule idée de s'incliner respectueusement, peut être un peu trop puisque son front "tapa" maladroitement la main de son interlocutrice. Surpris, il sursauta et manqua de tomber sur la jeune femme avant de se rattraper presque miraculeusement. Pour une fois qu'il avait un peu de chance dans son malheur, il avait bien failli provoquer une catastrophe.

"Euh Aaron, Aaron Rodgers et pas besoin de m'appeler capitaine, ce n'est qu'un titre ronflant que la mairie m'a attribué lors de la création de ma caserne rien de plus." Déclara-t-il presque solennellement avant d'entendre la jeune femme lui proposer de soigner son bras. Il est vrai qu'à cette heure ci le médecin de la caserne ne serait sans doute pas disponible pour le soigner et qu'il ferait perdre du temps à tout le monde en cas de nouvelle intervention. Piégée et ne goûtant guère de rester enfermer avec une femme dans une pièce il accepta d'un signe de tête, une nouvelle fois gênée, la proposition.

Gardant ses distances comme le ferait un animal apeuré, animal apeuré de presque deux mètres précisions le, Aaron suivit donc Hanna jusqu'à la fameuse salle des internes, entrant donc à l'intérieur. Tout était calme, la pièce était même vide, rien d'étonnant à cette heure aussi tardive de la nuit ou aussi tôt le matin ? Et oui l'horloge tournait et il était déjà quatre heures trente du matin. Il crut cependant bon d'argumenter.

"Vous savez, je pense qu'un simple pansement suffira. Pas besoin que je ne vous fasse perdre votre temps." Avec ceci il espérait que la belle baisse le pavillon blanc et qu'il puisse donc quitter l'établissement.

Le jeune homme était donc un descendant de Suijin, mais elle ne connaissait toujours pas son identité. Poliment, Hanna se présentait, tendant la main en signe de salut. Pourtant, il ne la saisit pas, s'inclinant plutôt respectueusement. Tellement que son front percuta ses doigts avant qu'il ne recule brusquement, manquant de s'étaler au sol. La blonde sourit, il semblerait qu'elle ne soit pas la seule maladroite dans le périmètre. Elle acquiesça d'un signe de tête.

"D'accord. Aaron. Je suis enchantée."

Il était temps pour elle de remplir son devoir de médecin et de s'occuper de cette vilaine plaie qui trônait sur le bras du pompier. Sans doute se l'était-il fait durant son service. Alors qu'elle déambulait dans les couloirs déserts, elle haussa un sourcil en se rendant compte de la distance qu'il mettait entre eux. Regardant de nouveau droit devant elle, la douce eut un sourire en coin, il était plutôt adorable cet homme. Timide en temps normal et sûr de lui lorsqu'il exerçait ses fonctions. La finlandaise le trouvait clair comme de l'eau de roche.

Une fois arrivée devant la porte de la salle des internes, la jeune femme s'assura qu'Aaron la suivait toujours avant d'ouvrir la porte. Elle entra avant de lui faire signe de faire de même, refermant la porte derrière elle. La pièce était déserte et la belle à la chevelure des blés alluma la lumière afin d'être plus à l'aise dans sa prochaine "intervention". Elle se permit une petite plaisanterie à l'attention de sa nouvelle connaissance.

"Vous savez, Aaron, je ne vais pas vous manger, pas besoin de mettre autant de distance entre nous." Lui offrant un clin d'oeil taquin, elle tira sur une chaine, lui faisant signe qu'il pouvait s'assoir. "Installez-vous, je vais juste changer de haut avant de m'occuper de vous. Enfin ... de votre bras."

Elle s'était sentie obligée de le préciser après la petite boutade qu'elle lui avait lancée. Otant la veste du pompier pour la reposer soigneusement sur le dossier d'une autre chaise. Un papier s'échappa de sa poche. La belle le ramassa illico, y jeter un coup d'oeil discret. Un match de basket ? Faisait-il parti d'une équipe ? Elle se retint de poser la question, de peur d'être trop intrusive envers lui.

Elle se détourna de lui pour rejoindre son casier. Composant le code, elle l'ouvrit avant de se débarrasser de son T-Shirt sale. Elle n'était pas spécialement pudique, en tout pas concernant seulement son dos au vu des vestiaires mixtes.

Au même moment, la porte s'ouvrit. Tournant simplement la tête, elle constata avec dépit que le nouvel arrivant n'était autre qu'Owen, le dragueur lourd de ces dames ou plutôt d'elle-même plus précisément. Elle n'eut aucun mot pour celui-ci, ne l'ayant que trop supporté durant la journée. De taille et de morphologie normale, il avait plutôt du charme mais pas réellement au goût de la jeune Rajin. Le type s'avança dans la pièce, dévisageant Aaron sans lui adresser une parole avant de se planter aux côtés de la petite blonde qu'il dépassait d'une tête. Heureusement, elle avait eu le temps de repasser un haut noir sur son corps.

"Ca va Hanna ?" Sa voix se fut plus basse. "Ca te prend souvent de te désapper devant des mecs comme ça ?"

"Fiche-moi la paix, Owen, ça te regarde pas...", lui répondit-elle haut et fort alors qu'elle refermait son casier.

Ignorant son "coéquipier", elle fit mine de revenir vers le pompier. Mais le brun l'avait déjà rattrapée par le bras tout en lançant un regard de défi au jeune homme blessé.

"T'es qui toi ?"
"D'abord, tu me lâches et encore une fois, ça te regarde pas. Quand vas-tu comprendre que tu ne m'intéresses pas !"

Il était bien rare de voir Hanna dans un tel état, mais son comportement avait été la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. D'un coup sec, elle dégagea son poignet qu'elle massa. Il l'avait serré un peu fort, mais peu importe.

Aaron déglutissa quand Hanna mentionna le fait qu'elle ne comptait pas le manger. Il n'était pas totalement idiot quand même ! Néanmoins un homme et femme, seuls à une heure aussi tardive, les gens pourraient se poser des questions. D'ailleurs le jeune capitaine manque de s'étrangler quand l'interne déclara qu'elle allait s'occuper de lui avant de se reprendre, quel lapsus ! Tirant une chaise, le blondine s'installa pour regarder droit devant lui. Les secondes défilèrent et la jeune femme n'était toujours pas revenue, aussi Aaron décidait de se retourner pour voir où elle en était. Et là, il crut défaillir en voyant le dos nu de la blonde. Hanna ne devait pas être spécialement pudique et ne devait pas avoir peur de lui si elle s'osait à ce type de fantaisie. Désarçonné, le basketteur tomba même de sa chaise dans un bruit sourd avant de se rasseoir, faisant comme si rien ne c'était passé.

Ce fut à cet instant que la porte s'ouvrit, laissant apparaître dans l'encadrement un jeune qui, directement, n'inspirait pas le pompier. Il semblait "spécial", arrogant et sur de lui, typiquement le type d'homme qu'il ne supportait pas. Aaron se laissa dévisager, jugeant bon de ne pas répliquer mais il se leva instinctivement quand cet énergumène s'approcha de l'interniste. Étaient-ils proches tous les deux ? Curieusement, il n'y pensa pas le moins du monde car pour le peu qu'il avait pu voir de la jeune femme celle-ci ne collait absolument pas avec cet homme. Du moins il l'espérait sinon cela voudrait dire qu'il s'était déjà trompé sur elle. Entre temps elle avait déjà passé un nouveau maillot et le soldat du feu se permettait de pousser un léger ouf de soulagement. Seulement les propos qu'il entendit par la suite ne lui plaisaient absolument pas. Et cette attitude... lui prendre le bras comme ça. Aaron était déjà intervenu auprès de femmes qui se faisaient battre par leurs maris et ce mec avait tout d'une future pourriture dans la gestuelle.

"Qui je suis ?" Répéta-t-il innocemment tout en s'approchant du duo. Il levait les mains en signe d'apaisement avant qu'un jet d'eau d'une bonne intensité ne vienne percuter le visage de ce Owen. Sonné, le malotru était tombé sur les fesses avant qu'Aaron ne lui adresse une nouvelle salve d'eau tout en se rapprochant et s'agenouillant devant le jeune homme.

"En tout cas moi, je sais très bien qui tu es. Tu es le gros lourd qui drague ma copine tous les jours et là tu te permets de lui faire mal au bras ? Pas de chance pour toi je viens de terminer mon service et j'étais venu la chercher." Le regard d'Aaron ne laissa cette fois plus de place au doute et il envoya une troisième salve d'eau dans la figure de ce Owen. "J'espère que ça suffira à te rafraîchir les idées. Si jamais tu recommences avec ma petite amie c'est toute la cinquième compagnie d'Awashima qui te tombera dessus compris ?"

Owen hocha nerveusement la tête, trempé jusqu'aux os. Et si Hanna faisait bien attention, elle pourrait voir que cet idiot n'avait rien trouvé de mieux que de s'uriner dessus de peur. Qu'il était beau le fils à papa plein aux as sans aucune once de personnalité. Un abruti fini, rien de plus. Ne voulant pas attendre d'avantage et sans doute sous l'impulsion de la situation, Aaron attrapa le sac de la jeune femme qu'elle avait laissé tomber, sa main et l’entraîna à l'extérieur de la pièce tout en prenant soin d'attraper son manteau. Vu la peur qu'il avait eu, l'abruti d'Owen ne risquait pas de porter plainte.

Le duo progressait ainsi main dans la main à travers les couloirs de l'établissement hospitalier avant qu'Aaron ne se rende compte de la situation et ne relâche subitement la main d'Hanna. De nouveau rouge comme une pivoine, le pompier professionnel recula de plusieurs pas pour se prendre les jambes dans la table passe de la salle d'attente et tomber les fesses dessus.

"Désolé... je ne voulais pas paraître trop intrusif dans votre vie privée. C'est juste que ce type d'homme me rebute particulièrement." Disait-il tout en se relevant, se massant les fesses endolories.

Cette fois, cet abruti avait été trop loin. Il avait tout de même eu un sacré coup de chance que le pouvoir de la belle blonde ne se déclenche pas sous la colère. Il avait de plus manqué de respect au pompier ici présent. Hanna lui présenterait certainement des excuses lorsqu'elle se serait débarrassée du gêneur. Mais contre toute attente, Aaron s'était levé pour intervenir, voulant apparemment calmer le jeu. Mais il avait été plutôt mâlin, un jet d'eau valsa dans la figure du jeune interne qui fut projeter au sol par la pression. Abasourdie, elle voulut attraper le bras du grand blond, mais n'en eut guère le temps, celui s'étant déjà rapproché de sa "victime" pour une nouvelle douche forcée.

Sa copine ? Venait-il de prétendre qu'il était son petit ami pour la défendre ? La jeune finlandaise était passée par toutes les couleurs pour finalement terminer écarlate. Elle baissa les yeux, tout de même touchée par l'attention de cet homme qu'elle connaissait pourtant à peine. En tout cas, ses menaces semblaient fonctionner du tonnerre au vu de l'air apeuré du dragueur. Silencieuse, ne sachant que dire à un tel moment de peur de trahir ce qu'avait avancé le jeune homme, elle l'observa avec curiosité tandis qu'il attrapait son propre sac à dos, sa main ainsi que sa veste. Se laissant entrainer à l'extérieur de la pièce, toujours aussi rouge, elle lança un dernier regard au gêneur qui pestait entre ses dents.

Se mordant la lèvre, gênée, la douce se laissa guider par Aaron, main dans la main. Sa main était grande, chaleureuse, et si douce. Elle se sentait comme en sécurité aux côtés de celui qui était pourtant un parfait inconnu une heure auparavant. Se stoppant, se rendant sans doute compte de la situation débordante d'ambiguïté, le bel homme relâcha les doigts de la Rajin avant de reculer de quelques.

"A...Attention !"

Mais trop tard, le voilà assis de force sur la table basse. Portant une main à ses lèvres, Hanna réprima un rire. La situation était tout de même comique, lui qui venait de soumettre un autre homme faisait maintenant preuve d'une maladresse presque exceptionnelle. Elle leva ses pupilles d'océan vers ses perles d'ambre lorsqu'il s'excusa. Elle secoua la tête, sa crinière des blés suivant le mouvement.

"N-non. Ne vous excusez pas. C'est plutôt à moi d'être désolée ... Vous m'avez sauvé la mise." Elle détourna le regard, un peu gênée. "Je ne savais plus quoi faire pour qu'il me lâche enfin la grappe ... J'avais beau lui répéter sur tous les tons, il revenait toujours à la charge. Ca fait des semaines que ça dure, mais il n'a jamais été ... aussi loin."

Elle se permit de prendre doucement son sac des mains du pompier avant de lui sourire, les mains derrière le dos.

"Vous êtes un véritable héros, Aaron. Je n'aurais pas pu m'en sortir sans vous. Merci ... encore."

Elle se gratta la tête en réfléchissant, avant de ressentir une légère douleur au niveau de son poignet. Elle s'abstint de grimacer, reprenant un air tout à fait naturel pour ne pas inquiéter son interlocuteur.

"Avec tout ça, je ne vous ai même pas soigné et je ne veux pas prendre le risque de recroiser cet imbécile. V-vous pourriez ... venir chez moi, le temps que je m'occupe enfin de cette vilaine plaie ? S'il vous plait, acceptez, je ne veux pas vous être redevable. Je n'habite pas très loin."

Mais quel gaffeur ! Un véritable empoté, deux mains gauches et le pire c'était qu'il est pompier ! Voilà à peu près ce qu'Aaron se disait dans sa propre tête, pensant qu'Hanna partageait certainement son mode de pensée. Le pompier s'excusait s'en attendre, préférant éclaircir la situation auprès de la jeune interne afin qu'elle ne se fasse pas d'idée. Sur le coup il avait été quand même très présomptueux d'agir de la sorte mais de vieilles images de femmes battues lui étaient revenues à l'esprit et il avait agi instinctivement. Même si ce Owen n'était qu'un gros lourd il avait été brut, trop brut. Personne ne méritait un tel traitement. Hanna lui répondait alors que ce n'était pas la première fois, que cet individu revenait sans cesse à la charge pour son plus grand désespoir. Certaines personnes étaient vraiment sans gene quand même. Inspirant profondément afin d'être le plus parfaitement audible possible, Aaron prenait la parole.

"Maintenant vous avez un alibi avec moi. Si jamais il continue vous devriez en informer votre direction ou alors contactez moi. Je me ferais un plaisir de lui faire prendre une nouvelle douche froide. Il y a des limites à ne pas dépasser." Il marquait une pause avant de reprendre. "Au début ce genre de type agisse comme ça puis après.... Non n'hésitez pas à en parler à la direction ou à m'en faire part Mademoiselle. Je connais ce genre de chose et ça ne doit pas rester sous silence." Et voilà que le capitaine de la cinquième retombait dans ses travers, jouant les pompiers secouristes auprès de la jeune femme qui ne tarda pas à reprendre son sac timidement. Se rendant compte que ce n'était pas très poli de garder le sac à dos d'une dame de la sorte, il lâchait un timide "Désolé" avant qu'Hanna ne reprenne la parole pour le complimenter.

Rouge de timidité, le blondinet baissa la tête bafouillant encore une fois : "Mais non je ne suis pas un héros, j'ai fait ce qui me semblait juste rien de plus." Relevant la tête pour regarder son interlocutrice car s'adresser à une personne pouvait s'avérer mal poli c'est là qu'il vit cette petite raideur presque imperceptible au niveau de sa main. Cet Owen avait eu la main lourde et bien que ce n'était pas trop son style Aaron aurait aimé le recroiser ne serait-ce que pour le doucher une nouvelle fois. Quel crétin !

Le sportif resta interdit quelques secondes devant la proposition d'Hanna qui voulait vraiment s'occuper de sa blessure. Cherchant un moyen poli de se défiler, le jeune homme n'en trouva pas et devait se résoudre à accepter la proposition avant qu'une idée ne lui passe par la tête. "J'accepte, ce serait malvenu de refuser votre aider mais en contre partie vous me laissez regarder votre poignet et m'en occuper. C'est donnant donnant Mademoiselle." Il souriait un peu nerveusement, à tel point que cela lui donnerait presque des allures de psychopathe. Non mais sérieusement, aller chez une fille ! Aussi tard dans la nuit en plus !

"Capitaine Rodgers, Capitaine !" Cette voix était celle de l'aide soignant des urgences, un homme d'une cinquantaine d'années avec qui l'anglais avait sympathisé. Aaron se retourna donc et l'homme lui lança amicalement un sac à dos, son sac à dos.

"Cadeau de Jean-Phi ! Il est passé il y a une petite heure. Il savait très bien que vous alliez passer la nuit ici et vous a préparé des affaires propres ainsi que le nécessaire de toilette. Comme d'hab quoi ! Par contre la prochaine fois viens chercher ton sac directement, je ne suis pas ta mule Aaron.... Oh mais Monsieur ne s'emmerde pas à ce que je vois !" Il ne laissa pas le temps au capitaine de répondre qu'il lui adressa une tape amicale dans le dos ainsi qu'un clin d’œil appuyé lorsqu'il remarqua Hanna avant de prendre la poudre d'escampette. Rouge de honte, Aaron n'osait plus regarder la jeune interniste et ne savait pas du tout quoi faire dans ce genre de situation.

Il était plutôt amusant, ce capitaine, avec ses airs solennels soudains. Comme si les procédures s'immiscaient soudainement dans sa tête. Il avait une sorte de "double personnalité" entre son sérieux, sa timidité et sa maladresse. Hanna devenait déjà bien curieuse le concernant, mais elle n'en était pas pour autant impolie. Il lui faisait penser à un super héros. Celui qui débarque lorsque l'on a un problème. Cet homme avait le coeur sur la main, à n'en pas douter. Mais elle se sentait tout de même redevable envers lui. Têtue comme une mule, elle réitéra sa proposition de le soigner, mais cette fois dans son appartement.

C'était ambitieux, mais la belle n'était pas de celle à inviter régulièrement de jeunes hommes qu'elle venait de rencontrer. Elle s'inquiétait simplement de cette blessure qui, même si elle était superficielle, pouvait faire des dégâts en s'infectant. Il accepta, malgré sa nervosité palpable, mais lui demanda une contre-partie. Son poignet. Il avait donc remarqué qu'il lui était douloureux. A première vue, il semblait rouge et légèrement gonflé, sans doute aurait-elle droit à un hématome d'ici quelques heures.

"Très bien, j'accepte. Mais une dernière condition. Appelez-moi Hanna."

Les deux jeunes gens furent d'interrompus par des interpellations. La jolie blonde en profita pour sortir une petite veste de son sac, l'enfilant pour éviter d'attraper froid en cette heure matinale. Elle grimaça en passant son poignet douloureux dans sa manche. Il n'y avait pas été de main morte. Il avait bien mérité le traitement que lui avait infligé le capitaine. La jeune interne connaissait l'aide soignant de vue simplement et lui adressa un simple sourire lorsqu'il posa les yeux sur elle. Malgré les rougeurs qui perlaient sur ses joues aux sous-entendus de celui-ci, elle pouffa de rire devant la réaction du pompier.

"Remettez-vous, Capitaine." Elle se posta à ses côtés pour lui tapoter gentiment l'épaule, lui offrant un nouveau sourire. Cette jeune femme débordait réellement de joie. "On y va ? Oh ... J'espère que ça ne posera pas de souci à votre petite amie ... Vous voulez peut-être l'appeler ?"

Il était logique qu'un homme comme lui ait quelqu'un dans sa vie, la jolie finlandaise n'en doutait pas une seule seconde. Et soudainement, elle rougit, espérant ne pas paraître trop incorrecte de le ramener chez elle.

Aaron n'en revenait pas, il avait osé ! L'aide soignant des urgences avec qui il avait sympathisé avait osé ! Rouge de honte ! Le basketteur était rouge de honte et s'il avait été une autruche il aurait sans doute fourré sa tête dans un trou pour ne plus jamais en sortir. Son esprit faisait des calculs interminables pour trouver la meilleure façon à adopter envers Hanna car oui maintenant l'appeler Mademoiselle était prohibé quand il sursautait. C'était Hanna qui en plus de lui tapoter l'épaule se plaisait à le taquiner. Maintenant même si les femmes s'y mettaient notre capitaine n'allait plus jamais s'en sortir ! D'autant que la jeune interne faisait mention d'une petite amie. Non mais elle l'avait bien regardé ? Il était incapable de se conduire normalement en sa présence alors avec une petite amie....

"Euh non... je n'ai personne, absolument personne. Mon travail me prend beaucoup alors je n'ai pas beaucoup de temps pour le reste." Expliqua-t-il à la jeune femme bien que techniquement il était en train de lui raconter le plus grand bobard de l'univers. Certes son boulot était prenant mais s'il n'avait pas de petite amie s'était peut être à cause de sa timidité non ? En plus il avait bien le temps de jouer au basket dans un club donc....

"D'accord on y va." Finissait-il par dire avant de porter son sac à dos... dans son dos justement. Enfilant sa veste d'uniforme, toujours aussi rouge, il entreprit de suivre la jeune femme jusqu'à son domicile. Les deux jeunes gens prirent un taxi pour se rendre jusqu'à l'appartement, taxi qu'Aaron régla après de multiples négociations auprès de l'interne, Hanna.