Je veux un perroquet. [Neigeline/Emily]

L’envie de compagnie s’était faite ressentie chez notre amie dès son quatrième jour dans son nouvel appartement. En Irlande, elle avait bien l’un ou l’autre ami prêt à lui rendre visite et à égailler l’une de ses soirées, mais ici Emily n’avait personne pour remplir ce rôle. Et il lui était pour le moment impossible de faire confiance à qui que ce soit sur cette île, tout cela était encore bien trop récent, bien trop frais dans son esprit pour qu’elle puisse le surmonter d’un coup de baguette magique. En parlant de magie, elle n’avait plus eu recours à sa maîtrise de l’air depuis le jour de son arrivée. Ce dernier avait été pour le moins assez traumatisant pour que notre jeune demoiselle tente un maximum de cacher l’existence de ses dons. Cette politique de vie lui avait ainsi permis de bien s’intégrer sur cette île, de se trouver un travail et de se relancer dans les études, et d’éviter surtout d’éventuelles confrontations avec des détenteurs un peu louche voie carrément dangereux.

Bref si elle avait tenu ses deux premières semaines en solitaire dans sa nouvelle demeure, Emily sentait qu’elle risquait de devenir folle si elle ne m’était pas un peu plus de vie chez elle. Mais pas question pour elle d’avoir une colocataire, elle appréciait certes ses camarades de classe et ses collègues de travail, mais elle ne souhaitait pas la cohabitation avec une habitante de l’île. Elle avait trop peur que cette dernière ne découvre sa magie et foute en l’air toute sa couverture. Et oui, Emily n’était pas de ces détenteurs qui se baladaient armés dans les rues de la ville, elle avait eu l’occasion d’en rencontrer quelques uns, et à chaque fois notre petite miss avait fait le maximum pour écourter leur rencontre. Nul ne doute que pour notre camarade le danger de cette nouvelle vie ne venait pas des habitants de l’île, mais plutôt de ces autres prisonniers dont les aspirations demeuraient fortes ambiguës pour Emily. Et l’envie de se tremper dans leurs histoires était bien loin d’occuper l’esprit de notre jeune femme.

Dès lors si une colocataire était hors de question, peut-être qu’un animal de compagnie irait. Mais étant donné l’horaire chargé de ses journées, elle pouvait déjà faire une croix sur un chien. Ce genre de bête était bien trop dépendant de l’homme pour passer plus de douze heures sans sa compagnie, qui plus est avec un chien bonjour les dégâts dans son appartement. Un chat était d’office déjà plus indépendant, mais le risque de dégâts collatéraux n’était pas des moindres non plus avec lui. L’idéal serait un animal pouvant tenir dans une cage : un lapin, un hamster, un rat, un iguane, un oiseau,… Ou dans un aquarium, mais Emily n’avait guère envie de poissons de compagnie. Dès lors elle passa en revue les différents animaux plausibles en éliminant ceux qui nécessitaient un trop grand temps d’entretien. Puis ce premier tri réalisé, elle en effectua un second en éliminant ceux qui étaient le moins susceptible de l’amuser. Il ne resta alors au final que le perroquet, cet oiseau avait tout pour lui plaire et la perspective de pouvoir lui apprendre à parler lui était follement amusante.

Bon son choix étant fait, il fallait voir si elle avait les moyens financiers de s’en occuper, car avec le paiement mensuel pour son loyer et sa voiture, son salaire se retrouvait déjà fortement diminué. Et notre demoiselle voulait veiller à ce que ses dépenses n’excèdent jamais ses revenus. Mais bon étant donné l’argent qu’elle avait avec elle lors de son arrivée sur l’île, il lui restait suffisamment pour acheter un perroquet en bonne santé ainsi qu’une cage assez spacieuse pour ce dernier agrémenté du minimum nécessaire à la satisfaction des besoins d’un tel volatile. Bon après une nouvelle vérification de ses comptes, Emily eut la confirmation que cela pouvait se faire. De plus elle ne regrettait pas son choix, une cage à nettoyer des crasses de son animal valait toujours mieux qu’un appartement tout entier, bien qu’elle se savait incapable de résister par la suite à l’envie de le sortir de temps en temps de sa cage. Mais chaque chose en son temps, il était désormais temps de se mettre en route. Direction la galerie marchande, il y aurait bien une animalerie là-bas susceptible de la contenter.

Quelques minutes plus tard le temps de faire la route d’Ikazuchi à Amishawa, Emily garait sa voiture sur l’immense parking faisant face au gigantesque espace commercial. Une galerie marchande entière couverte comportant facilement une bonne cinquantaine de magasin si pas plus. Emily y avait déjà fait un tour à plusieurs reprises afin de s’acheter certains objets de première nécessité, mais ses visites antérieures n’étaient guère suffisantes pour lui permettre d’avoir une bonne connaissance des lieux. Qui plus est, elle ne se souvenait guère y avoir repéré une quelconque animalerie, dès lors l’heure était à l’exploration et à la découverte. On était samedi après tout, l’un des jours de la semaine où notre demoiselle était déchargée de toute obligation vis-à-vis de son travail et de son école, de ce fait Emily était libre de disposer de son temps comme elle le souhaitait. Et pour l’occasion, elle s’était vêtue assez simplement : un pantalon violet, une paire de baskets, une chemise grise en lin et une bonne humeur affichée sur le visage. Sur elle, Emily portait également un petit sac beige en bandoulière, ce dernier contenait ses papiers, son argent, ainsi que diverses petites choses dont un parapluie. En effet le soleil avait beau être présent en cette excellente journée, le temps restait toute fois assez lourd, et vu le climat assez changeant de l’île, le risque d’un orage éclate en fin d’après-midi n’était pas des moindres. Emily avait donc pris ses précautions, même si elle restait persuadée d’avoir fini ce qu’elle avait à faire avant que la pluie et le mauvais temps viennent lui annoncer une fin de weekend pourrie.

Un quart d’heure de recherches infructueuses venait de s’écouler et Emily commençait à en avoir marre de ne pas trouver ce qu’elle cherchait. Dans pareilles situations il ne lui restait plus qu’à demander à quelqu’un s’il ne pouvait pas l’aiguiller sur la localisation d’une éventuelle animalerie dans ce complexe commercial. Mais à qui s’adressait pour augmenter ses chances d’obtenir la réponse tant convoitée ? Ce fut alors que baladant son regard, Emily repéra une jeune femme se promenant avec deux chiens, une personne avec deux bergers blancs suisses ne pouvait que connaître la localisation d’une animalerie. Dès lors notre demoiselle décida d’aller l’aborder, elle dut pour cela trottiner un peu afin de la rattraper, ce qui ne manqua alors pas d’attirer l’attention des deux compagnons à quatre pattes.

« Excusez-moi. »

Une seule appellation avait visiblement suffit à attirer son attention et à la faire s’arrêter, la rattraper fut donc beaucoup plus facile, et une fois arrivée à sa hauteur, Emily ne tarda pas à en venir directement au fait. C’était qu’elle ne voulait pas importuner plus longtemps une inconnue qui avait sans doute d’autre chose à faire que de lui venir en aide.

« Je cherche une animalerie, je pensais en trouver une dans les environs. Mais je ne la trouve pas, vous ne sauriez pas me renseigner ? »

Après avoir exposé ainsi sa demande, Emily ne put s’empêcher de jeter un regard vers les deux canidés, ces derniers étaient assez imposants et se ressemblaient énormément. Nul ne doute qu’en les regardant qu’Emily restait fixée sur son idée qu’un chient ne pouvait convenir à une vie en appartement, surtout pas à la sienne. Relevant les yeux, elle regardait à présent la jeune fille, elle s’était adressée instinctivement à elle en anglais, mais est-ce qu’elle le comprenait ? Si elle n’était pas une habitante, mais une descendante comme elle, il y avait des risques qu’elle n’ait pas compris ce qu’elle venait de lui dire. Emily n’allait pas tarder à être fixée sur ce point.

Emily fut surprise en entendant la jeune femme lui répondre, notre demoiselle ne s’était pas du tout attendue à ce que cette dernière ait un accent si… particulier. Mais grâce à cela notre camarade était déjà fixée sur deux choses, elle n’était pas une habitante de l’île et l’anglais n’était décidément pas sa langue maternelle. Enfin elle arrivait à se faire comprendre assez facilement, c’était là le principal même si la sonorité foirait un peu, pour ne pas dire beaucoup. Question d’habitude, enfin bref si les mots qu’elle disait étaient compréhensible, mis ensemble ses indications étaient franchement pas des plus simples à suivre. D’ailleurs à force de lui expliquer, la jeune femme ne semblait plus savoir où elle en était, vu comme c’était parti, Emily allait juste la remercier et continuer de chercher par elle-même sans se fier aux consignes de la jeune femme. Ce fut alors que cette dernière lui proposa la solution la plus simple : l’accompagner jusqu’à l’animalerie. Emily lui afficha alors un sourire soulagé et lui répondit tout en gardant sa jovialité.

« Oui, ce sera plus simple de faire comme çà. »

Emily laissa alors la jeune demoiselle ouvrir la marche et se mit à marcher à ses côtés en prenant soin de ne pas empiéter dans les pattes des deux chiens qui se pavanaient à ses côtés. Un certain silence venait de s’installer, bien qu’il mettait quelque peu mal à l’aise Emily, cette dernière ne désirait pas le rompre, car encore à l’heure actuelle elle voulait éviter au maximum tout contact avec d’autre détenteur de pouvoir. Même si au final, la jeune femme ne lui semblait pas particulièrement dangereuse, au contraire elle semblait assez posée et moins immature que d’autres personnes qu’Emily avait pu rencontrer. Dès lors pourquoi ne pas risquer un sujet de conversation tout à fait banal ?

« En fait, vous devez vous y rendre pour quoi ? »

Et hop une question de posée, et une aucunement indiscrète, dès lors notre jeune camarade pouvait fort bien espérer une réponse. Dans tous les cas, elle espérait ainsi obtenir quelques renseignements sur cette fameuse animalerie avant d’y mettre enfin un pied.

La réponse ne se fit pas attendre longtemps, et sa simplicité prit un peu de court notre jeune amie, mais en même temps à quoi s’attendait-elle d’autre ? Acheter des croquettes dans une animalerie allait du bon sens, surtout lorsqu’on avait comme elle des chiens au palais difficile. Quoi qu’il en soit, Emily devait tendre l’oreille plus que d’habitude pour être certaine de bien comprendre tout ce que lui disait son interlocutrice. A entendre cette dernière l’animalerie d’Amishawa était gigantesque, dès lors Emily avait de forte chance d’y trouver elle aussi ce qu’elle désirait. Quoi qu’il en soit à l’entendre parler de manière si posée malgré son handicap linguistique laissait entendre qu’elle était une personne assez mature. Dès lors Emily se sentait déjà plus à l’aise en sa compagnie, elle n’appréciait juste pas trop que ses chiens viennent se frotter contre son pantalon violet en y déposant leurs poils blancs on ne peut plus visible. D’ailleurs Emily se surprit à faire quelques pas en cloche pied afin d’épousseter les pillosités canines de son pantalon. Ce fut ce moment là que la jeune femme choisi pour lui indiquer qu’elles étaient finalement arrivées à destination. Et bien cela aura été bien plus rapide que prévu.

« En effet, je vous remercie pour m’avoir guidé jusque là. Par contre, regardez un peu de ce côté. »

Emily pointa de son index un petit panneau situé à l’entrée de l’animalerie, ce dernier indiquait ironiquement l’interdiction d’animaux à l’intérieur du magasin. Une consigne sans doute due au risque de réactions inattendues que pouvaient avoir certains animaux lorsqu’ils en rencontraient d’autres. C’était sans aucun doute pour cette raison que dans les animaleries on ne rencontrait en général que des petits animaux de cage tels que des lapins, des hamsters, des oiseaux, ainsi que quelques reptiles dont les réactions étaient clairement moins spectaculaires que celles de chiens ou de chats. Mais bon ce panneau n’était en tout cas pas un problème pour Emily, dès lors notre amie n’allait pas s’attarder d’avantage devant l’entrée.

« Enfin bref, encore merci, je vais vous laisser à présent. »

Et sur ses paroles, Emily pénétra à l’intérieur de l’animalerie, direction les volières. Ces dernières furent faciles à trouver, le gazouillement des oiseaux se faisait entendre dans toute l’animalerie. Et arrivée sur place, Emily eut la chance de tomber nez à nez avec un vendeur qui eut toute la bonté de répondre à ses questions et à la guider vers un choix. Il y avait foule de perroquets et de perruches, et chacun était vendu avec leur propre cage contenant un bac pour les graines, un réservoir pour l’eau, ainsi qu’un jouet permettant au volatil de se limer le bec et les serres. Emily n’eut pas à chercher longtemps avant de trouver l’oiseau qui lui plaisait, il s’agissait d’un perroquet au plumage fort orangé, le vendeur l’informa que ce dernier était tout jeune et donc tout à fait apte à apprendre à parler plus tard.

En effet c’était là une des conditions que notre demoiselle lui avait énoncé précédemment. Bref  Emily prit dès lors la cage contenant l’heureux élu à bras, et le vendeur très professionnel lui amena un chariot afin d’en faciliter le transport jusqu’à la caisse. Ce dernier n’hésita pas à proposer à Emily les graines de meilleures qualités pour les jeunes perroquets, ainsi qu’une petite brochure afin de tout savoir sur nos amis les perroquets. Et soucieux de lui faire acheter encore plus, il l’invita à flaner dans le rayon accessoire, afin de trouver l’un ou l’autre ustensile susceptible de capter son intérêt. Mais l’intérêt de notre demoiselle était focalisé sur son portefeuille, elle avait un peu sous-estimé le prix de tout cela, néanmoins elle était encore dans sa marge de sécurité, dès lors pour les accessoires supplémentaires, elle repasserait une autre fois.

« Bon, ben comment je vais t’appeler toi. Le vendeur m’a dit que t’étais un garçon en tout cas. Çà, je n’aurais franchement pas su le deviner toute seule avec toutes tes plumes. Pijako ? Non, je ne vais quand même pas te donner le nom d’un pokémon. »

Mais bon sur le coup, elle n’avait pas d’autres idées lui venant à l’esprit. Elle décida alors qu’il aurait droit à son nom une fois arrivé dans son appartement, en attendant direction la caisse. Et arrivée à cette dernière, qu’elle ne fut pas sa surprise de retrouver la jeune femme de toute à l’heure, cette dernière avait finalement trouvé ses sacs de croquettes. Mais est-ce que ces dernières allaient convenir ? Etait-ce la même marque qu’elle leur donnait d’habitude ? Emily n’allait pas tardé à le savoir car tout en déposant la cage de Pijako – nom provisoire – sur  le comptoir de la caisse, elle alla aux nouvelles.

« Vous avez su trouver ce que vous cherchiez ? »

Puis tout en écoutant la demoiselle lui répondre, elle plaça à côté de la cage son sac de graines spéciales pour perroquet ainsi que sa petite brochure.

En regardant le sac de croquette éventré, Emily ne put s’empêcher de se demander ce qui avait bien pu se passer. Mais à en voir la bonne humeur qui se lisait sur le visage de la jeune femme, cela ne devait être rien de grave, que du contraire. Puis lorsqu’elle ajouta que l’une de ces chiens semblait apprécier ces croquettes, il n’en fallut pas plus à notre petite demoiselle pour comprendre ce qui avait dû se passer. Mais où étaient donc à présent ses chiens à présent ? Elle balaya alors rapidement les alentours et vit dès lors un vendeur poster à l’entrée tenant en laisse les deux bergers.  Emily ne put s’empêcher de sourire en voyant l’air penaud du vendeur, et en s’imaginant parfaitement la scène qui avait dû se dérouler. Mais elle fut vite ramenée au présent car c’était désormais à son tour de passer à la caisse. La vendeuse qui s’en occupait scanna alors son sac de graine, sa brochure et sa cage ; le piaf lui échappa à ce petit traitement. Son prix à lui était répertorié dans un petit catalogue que la vendeuse consulta avant d’annoncer le montant des achats à notre jeune camarade. Celle-ci faillit déglutir de travers, dépenser autant d’argent d’un coup cela faisait toujours un peu mal, mais bon çà signifiait juste qu’elle ne se ferait pas d’autre plaisir ce mois-ci tout simplement. Emily règle rapidement le paiement à l’aide de sa carte, et rechargea Pijako et son attirail sur son chariot, elle comptait bien garder ce dernier jusqu’à sa voiture. Si elle pouvait transporter tant bien que mal la cage dans ses bras, rajouté le sac de graine rendait tout simplement la tâche impossible.

« Toi mon vieux, si tu tombes malade juste après et que tu me comptes des frais de véto en plus, tu vas voir. »

A cette mise en garde, le volatile se contenta de pencher sa petite tête sur le côté sans émettre le moindre son. Ouais, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’il soit bavard dès les premières minutes. Avec tout le brouhaha qui avait dans cette galerie marchande, le pauvre n’aurait pas su quoi dire. D’ailleurs c’était à présent quelqu’un d’autre qui s’adressait à elle, la jeune femme venait de la rejoindre à l’entrée après avoir elle aussi réglé ses achats. Elle avait qui plus est retrouvé ses deux chiens qui semblaient ravis de ses nouvelles acquisitions. A sa remarque, Emily lui adressa un sourire avant de lui répondre.

« Ouais, je cherchais un animal pour égayer ma vie en appart, je me suis dit qu’un perroquet pouvait être bien. Cela ne demande pas beaucoup de temps pour s’en occuper, et avec mon travail et mes études, c’est tout ce que je demande : un peu de compagnie lorsque je rentre. »

Finalement à force de l’entendre, l’accent de la jeune femme n’était plus si dérangeant à écouter, bien sûr il requérait toujours une certaine attention afin de saisir parfaitement le sens des propos qui lui étaient tenus. Par contre à présent qu’elle zieutait un coup les environs, Emily n’avait pas la moindre idée de la direction à prendre pour repartir. Précédemment, elle avait suivi sa jeune guide sans prêter plus d’attention que nécessaire au chemin, résultat elle était bonne pour se perdre une fois encore, à moins que…

« Dites, je peux vous déranger encore un moment ? Ce serait pour m’amener jusqu’à la sortie. »

Aujourd’hui était décidément le jour où notre demoiselle découvrait qu’elle n’avait pas un sens de l’orientation des plus aiguisés. Mais était-ce si important d’en avoir un lorsqu’on avait une personne si serviable à ses côtés ?

La jeune femme était d’accord de lui servir une fois encore de guide, un véritable soulagement pour notre jeune amie qui n’avait pas envie de perdre inutilement du temps à errer parmi les allées marchandes. Et afin de pouvoir l’aider au mieux, la jeune femme lui demanda de quel côté de la galerie commerciale Emily s’était garée. En voilà une bonne question,  notre camarade n’y avait pas prêté d’attention particulière en arrivant. Mais bon faisant confiance à sa mémoire visuelle, elle essaya de se remémorer son arrivée. Elle revit alors dans son esprit l’image d’un panneau lui indiquant qu’elle s’était garée sur l’aile C du parking de l’espace commercial. Contente de s’être souvenue de cette information cruciale, Emily la relégua aussi tôt à cette bonne âme charitable qu’elle venait de rencontrer.

« Je suis garée dans l’aile C. »

L’aile C était située dans le premier parking du centre commercial,  dès lors c’était avec cette information que deux jeunes demoiselles purent se mettre en route. Et cette fois-ci, la jeune femme ne laissa pas un nouveau silence s’installer, elle questionna dès lors Emily sur le travail qu’elle exerçait. Cette dernière qui n’avait aucune honte à parler de ses activités se fit une joie de lui répondre.

« Pour le moment je travaille comme aide soignante à l’hôpital d’Ikazuchi, mais je poursuis en parallèle mes études pour devenir infirmière. »

Emily ne pensait pas que l’annonce de son travail allait susciter une quelconque réaction au sein de son interlocutrice, mais en cet instant elle était loin de s’imaginer qu’elles travaillaient toutes les deux dans le même hôpital. Certes à des postes complètement différents mais qui avaient chacun leur importance dans l’engrenage de cet institut de soin. Peut-être que ce point commun allait leur permettre de plus se rapprocher et faire enfin connaissance ? Qui sait, il suffisait parfois de peu de chose.

Surprise, surprise, la jeune femme travaillait bel et bien à l’hôpital Ikazuchi tout comme elle. Comme quoi le monde était petit, et lorsque ce dernier ne se limitait rien qu’à une simple île à la latitude inconnue, ce petit dicton était encore plus véridique. Bon elles ne travaillaient pas dans le même service, et leur rôle à chacune étaient même complètement différents. Si Emily était au chevet des patients pour les aider à satisfaire leurs besoins,  celle qui lui tenait en ce moment la conversation travaillait plutôt dans toute la sphère administrative. Sur son élan, elle lui avoua que les grandes études n’étaient vraiment pas pour elle, et qu’elle était admirative de la savoir lancée dans de telles études. Ce fut en tout cas de cette manière là qu’Emily interpréta ses propos, et cela ne manqua pas de la ravir de se sentir ainsi valoriser par quelqu’un d’autre. Des compliments, cela faisait toujours plaisir après tout. Même si le compliment qu’elle lui avait adressé à la fin était pour le moins particulier et inattendu, mais bon elle avait décidé de bien le prendre.

« Merci, sinon ce n’est pas si dur que cela, vu que travailler fait partie de ma formation. Je suis payée et également formée sur le terrain, c’est franchement l’idéal pour moi. Car si j’aurais dû prester des stages pratiques bénévolement, je ne sais vraiment pas comment j’aurais fait pour payer le loyer de mon appart et l’emprunt de ma voiture. »

En effet, la vie était loin d’être facile, et il était primordial de ne jamais lâcher prise et de toujours se donner au maximum dans tout ce que l’on faisait. Bien sûr, il était par moment de ne pas trop en faire et de s’accorder un peu de temps pour soi. Et c’était d’ailleurs ce qu’elle faisait aujourd’hui, Helen s’était faite un petit plaisir en s’achetant un petit animal de compagnie qu’elle allait cajoler excessivement. C’était que son perroquet était tout mignon, et elle avait hâte de lui apprendre à dire quelques mots, c’est que c’était loin d’être bête ces oiseaux là.  Enfin pour l’heure, Emily avait à présent bien envie de connaître d’avantage la jeune femme qui l’accompagnait bien aimablement jusqu’au parking. Dès lors le moment des présentations était enfin venu.

« Je m’appelle Emily Pybirth, je travaille dans les ailes gériatriques de l’hôpital au cinquième étage. »

Et voilà l’invitation à faire plus ample connaissance avait été lancée, Emily en avait déjà mine de rien pas mal sur elle. Il restait à voir si la personne qui partageait sa compagnie allait accepter d’en faire autant. En tout cas, elle était ravie que les chiens de la demoiselle ne prêtent guère attention à son oiseau, il n’aurait plus manqué qu’ils se mettent à le stresser inutilement. Déjà qu’Emily le trouvait étonnement calme exposé ainsi au brouhaha de la foule de clients.

La jeune femme se présenta alors à son tour, elle s’appelait Neigeline Dewulf, un nom aux consonances étrangères pour les oreilles de notre demoiselle. Mais cela ne surprenait guère Emily, durant ses premiers jour notre amie avait pu constater que l’île rassemblait tout un tas de gens issus des quatre coins du monde. Quoi qu’il en soit s’étant présentées l’une à l’autre, elles purent ainsi faire plus ample connaissance. A un point tel qu’elles s’échangèrent leur numéro et leur adresse mail une fois arrivées sur le parking. C’était désormais là que leur route se séparait, Emily salua alors sa nouvelle connaissance et partit de suite retrouver sa voiture qui avait dû bien chauffer au soleil Et comme prévu, c’était une fournaise à l’intérieur de celle-ci, Emily ouvrit alors ses portières afin de laisser circuler l’air et d’entreposer son précieux petit compagnon sur les sièges arrières de son auto. Elle referma ensuite les portières mais pris soin de laisser les carreaux de ces dernières baissées. Il pouvait mal qu’on lui vole quelque chose, tout ce qu’elle avait de valeur, Emily l’avait sur elle, et quant à la cage de son perroquet, elle était bien trop grande pour passer par l’ouverture que laissait ces vitres baissées.

Emily partit donc remettre son chariot avec d’autres, et zieutant un moment autour d’elle, elle se rendit compte qu’elle ne voyait plus du tout Neigeline. Cette dernière était sans doute déjà repartie de son côté. Bah qu’importe, elles auraient sûrement l’occasion de se croiser encore sur leur lieu de travail. Et ravie de s’être fait une nouvelle connaissance féminine, Emily retourna à sa voiture. Et une fois installée au volant de cette dernière, elle enclencha la climatisation et ferma tous ses carreaux. En l’espace de quelques minutes, il ferait bon vivre dans sa voiture, et le trajet jusqu’à son appartement n’en serait que plus agréable. Emily avait hâte de pouvoir s’occuper de son perroquet une fois chez elle, et plus elle y réfléchissait, et plus elle se disait que le nom de Pijako lui allait plutôt bien. Dès lors, son choix était fait, et désormais elle appellerait son oiseau ainsi.

« Allez Pijako, je compte sur toi pour mettre un peu plus de vie dans mon appart. »