♪♫ Barbecue, barbecue ♫♪ |Soliana A. Trior|

Ça fait pas très longtemps que j'ai débarqué en ces lieux et je suis toujours autant perdu. D'ailleurs, je me suis beaucoup trop éloignée de mon point de départ, mon appartement qui se trouve a Kousha si j'ai bien entendu le nom que les gens disent, bah, je me retrouve encore dans un endroit que je ne connais pas. Il pleut et les orages grondent depuis un certain temps... Je trouve ce phénomène fascinant, c'est celui qui m'a toujours plu ou que j'ai le plus admiré, la foudre fendant le ciel en l'illuminant. Je sais également qu'elle fait de sacrée ravages là ou elle touche le sol. C'est peut-être dû à mes capacités que je l'admire autant, j'ai un peu saisi, ce que j'ai en moi, mais je ne comprends toujours pas. Ce papier si énigmatique a mes yeux, ce morceau de papier que je garde toujours précieusement, me servira peut-être un jour à mieux comprendre avec le temps.

Ne sachant trop où je me trouve le ciel se dégage petit à petit quand je marche et puis ensuite, il se recouvre à nouveau dans le ciel, puis il décide de redevenir bleu, puis à nouveau noir, je ne comprends pas du tout ce que le ciel tente de faire. Est-il fou ? Puis je me rends compte que j'ai fait un chemin plus que farfelu, je décide de suivre le repère du ciel et de m'approcher du ciel bleu et non le noir. J'ai besoin de lumière, j'en peux plus de cette noirceur. Sur le chemin que j'emprunte, je percute une personne, celle-ci pas contente, je m'excuse illico.

Je suis arrivé dans une ville, elle ne ressemble pas à Kousha, je suis donc dans un nouveau lieu. Trop de peuple dans cette ville également, on a légèrement du mal a trouvé un chemin parmi tous ces gens. Mon ventre commence à grogner, je cherche donc un magasin pour me rassasier. Le soleil est au beau fixe et la chaleur est à peu près normale, celle que j'ai rencontrée de chaleur à mon arrivé m'a fait totalement perdre la tête. Mon dieu à l'aide, je veux oublier ! J'ai l'impression que je tourne en rond, ce bâtiment, je ne l'ai pas déjà vu ? Je pense que là, je ne suis pas prêt de trouver le magasin, je suis à nouveau à la périphérie de la ville !!! Mais au secours ! Après une bonne demi-heure, je franchis enfin la porte que je cherche temps, à l'intérieur, j'entends des gens papoter entre eux, parlant d'un barbecue dans un parc. Mmmh un barbecue en plein air ? Oui, je veux tenter !!! J'achète tout le matériel et le pose en bordel dans un sac en plastique du magasin. De là, je cherche à voir un truc qui pourrait ressembler a un parc. Je tourne en rond encore et encore, je commence vraiment à avoir du mal... Bon allez demandons son chemin, j'arrête une personne au hasard et lui demande un parc qui pourrait accueillir des barbecues ouverts au public. Il me sourit très calmement et m'indique le chemin. Il fallait que je passe la boutique de vêtements, que je tourne à gauche, que je passe un certain restaurant et qu'au bout de cette rue, le parc serait à ma portée. Je suis avec précaution le chemin indiqué, je mémorise bien tout et je vois enfin le parc au bout de la rue indiquée. Hourra !!!!! Je chantonne gaiement "♪♫ Barbecue, barbecue ♫♪

Ce matin, j'arrive en cours, juste pour me faire aborder par mon amie du cours de portugais, avec ce cruel manque de délicatesse qui la caractérise :

- Salut Soliana ! Qu'est-ce que tu fiches ici ?

- Ben... On a cours... Et s'il te plaît, ne crie pas comme ça dès le matin...

Elle rit, avant de répondre, comme s'il s'agissait d'une évidence :

- Eh non, pas de cours ! Tu n'as pas eu la nouvelle ? Les profs ont je sais pas trop quoi, aujourd'hui, une formation ou un truc du genre, donc, personne n'a cours. La fac reste ouverte pour ceux qui voudraient quand même venir étudier. Mais toi, tu ne vas pas rester enfermée dans tes bouquins ! Tu vas passer la journée avec moi !

Et mince, loupé ! Moi qui espérais une petite journée tranquille... Soit elle a lu dans mes pensées, soit elle me connaît (trop) bien. Peut-être un peu des deux, au final. Enfin, peu importe. Soupirant pour bien lui montrer que ça m'ennuie, je lui demande le programme de la journée. Question à laquelle elle ne répond pas, bien sûr, se contentant de m'entraîner à sa suite vers je ne sais quelle destination. D'accord, elle est sympa, mais être en sa compagnie devient vite épuisant, surtout pour quelqu'un qui, comme moi, a besoin de calme, dans sa vie.

Enfin bon. Il paraît que c'est bien aussi, de sortir avec ses amis. Je la laisse donc me guider, la priant quand même de ne pas passer son temps à courir. Il fait trop chaud pour faire du sport, franchement.

Et elle m'entraîne, plus calmement (à ma grande joie) vers... Amishawa (à ma soudain beaucoup moins grande joie). Mais elle m'emmène dans le parc, ce lieu que j'aime assez, et, bien sûr, elle le sait, elle la fouineuse qui trouve toujours le moyen de tout savoir sur tout.

Je m'assieds donc près du lac, en discutant tranquillement avec elle. Cependant, un peu avant midi, de l'agitation se présente. Je soupire. Bien sûr. Cette tranquillité ne pouvait pas durer. Redressée comme une pile électrique, ma compagne lance :

- Je crois qu'ils préparent un barbecue ! Tu disais pas que tu aimais cuisiner, non ? Je vais proposer ton aide !

-Attends !

Avant que j'aie pu dire quoi que ce soit, elle avait disparu de mon champ de vision, happée par la troupe d'organisateurs. Je soupire. Mais je ne me lève pas pour autant, bien décidée à lui faire comprendre qu'elle n'a pas à prendre des décisions, comme ça, à ma place.

Mais je finis par être appelée, et obtempère en souriant, du moins comme je peux. Après tout, ce n'est pas la faute de ces pauvres organisateurs si j'ai une amie survoltée qui croit pouvoir me contrôler comme elle le veut. D'ailleurs, où est-elle ? Je propose d'aller chercher quelques ustensiles oubliés du côté de l'entrée du parc, cela va me servir de prétexte pour la chercher. Je n'aime pas l'idée de ne pas savoir ce qu'elle fait. Peut-être que je la materne trop, après tout, elle est adulte, c'est vrai, ça... Mais tant pis.

Arrivée à ma destination, je ramasse ce que j'étais venue chercher, puis, au moment de repartir, je remarque un jeune homme, qui arrive en chantonnant. Je souris. Ce genre de visions a de quoi calmer même la plus noire de mes colères. C'est si agréable, de voir des êtres heureux ! Poussée par un élan de sociabilité, je le salue, lui souhaite la bienvenue, puis m'excuse et repars pour apporter mon chargement là où il est attendu.

Plus tard, je l'aperçois dans la foule. Bizarrement, j'ai envie d'aller lui parler. M'excusant auprès des autres cuisiniers, comme quoi il commence à faire trop chaud, par ici, je m'éloigne. Et, pour la première fois, j'aborde quelqu'un juste parce que je veux lui parler, et pas parce que je suis perdue :

- Bonjour ! Enfin, je vous l'ai déjà dit, vous vous souvenez ?

Et voilà, je vous présente moi, Soliana Amanda Trior, détentrice de la palme de la pire entrée en matière ! C'est pas possible, pour une fois que je faisais un effort et allais vers les autres...

En entrant dans le parc, je vois pas mal de monde dans un coin du parc, dont un gros très gros groupe de gens près d'autre gens qui ont l'air plus informé. Ils sont rassemblés sur un des plus gros barbecues en pierre, ils font de grands gestes avec des ustensiles de cuisine pour en extérieur. Juste à côté d'eux il y a des grosses caisses entourées de glacière, surement la nourriture pour la garder au meilleur de leurs formes et pour leurs cuissons. Ils sont la aussi pour un barbecue ? Ah, c'est cool, je pourrais peut-être m'intégrer un peu, ou pas, j'ai juste faim. Une petite demoiselle, prend deux trois ustensiles et file comme le vent, elle me salue au passage, je n'ai même pas le temps de lui rendre son bonjour que je ne la vois déjà plus, ce n'est pas un coup de vent, mais plutôt une rafale de vent a cette allure-là. Je souris et continue a mes occupations premières.

Je me rapproche de la foule et essaye de comprendre ce qu'il se passe, c'est un groupe d'étudiant qui se repose et qui prépare un grand barbecue sur le plus grand d'après l'un des instructeurs, ça ne m'intéresse donc pas de me fondre dans cette masse... Je m'en éloigne un peu et la petite demoiselle scintillante de bleu que se soit ses vêtements que sa longue chevelure. Je pense qu'elle doit réellement aimer cette couleur, pour en avoir autant sur elle. J'aime bien, ça lui va bien et c'est le principal. Enfin non, c'est qu'elle l'aime après le reste, je pense qu'elle ne doit pas se soucier du regard des autres. Attends ! Ça s'est moi espèce de crétinus, ne met pas tout le monde dans le même panier !! Elle m'aborde maladroitement, je lui souris parce qu'elle me fait rire.

Salut, oui et je me souviens aussi que tu as vite filé dans la masse de peuple là

Je lui montre d'un signe de doigt la foule près du barbecue et des instructeurs. Je regarde au loin et un peu partout dans le parc s'il n'y a pas un endroit où je pourrai faire cuire ma viande sans être chevauché de trop près par d'autres étudiants. Hourra ! J'en vois un, un peu plus éloigné des gens, il y a plusieurs arbres qui l'entourent, mais pas de trop près non plus pour y arriver, il faut faire un petit bout de chemin, un chemin avec des dalles enfoncé dans la terre, ça lui donne un charme magique. En plus de cela il y a de beaux et majestueux chênes fleuris à la perfection autour du barbecue. Le petit plus est qu'il y a une table de pic nique libre et juste à côté du barbecue que je souhaite utiliser. Je fais signe à la demoiselle de me rejoindre si l'envie lui souhaite. Je pose tranquillement mon sac et en sort du bois, du charbon et un ou deux allume-feu.

Tu veux manger avec moi ? Je ne connais personne ici.

Je me rapproche du barbecue en pierre et regarde la grille de plus près, ça va, elle n'est pas trop sale, je pourrais m'en servir sans trop que le goût change, de toute manière, je n'ai rien pour la nettoyer et puis ça ne rendra malade personne puisque les flammes la stériliseront un peu. Je fais une petite pyramide de bois et pose un allume-feu en dessous laissant ressortir un petit morceau de plastique inflammable et dépose le deuxième à son opposé, avec un briquet, j'allume les petits bouts laissés avec soins en dessous du bois et les flammes débarquent enfin. Elles grandissent petit à petit et s'imposent dans le petit rectangle de pierre, le bois se noircit et se transforme en cendres à ce moment précis, j'y mets mon charbon et laisse le temps au feu de s'accaparer et s'enlacer autour du charbon et d'en obtenir des braises parfaites. Je me retourne vers la demoiselle, ah ben, elle est plus là, mine triste, je me retourne vers le feu et la vois, je sursaute et souris.

Ce n'est pas gentil de me faire peur. Sinon, je suis Ichijou, ravie de faire ta connaissance.

Je le suis, comme il me l'a proposé. Mais je ne peux néanmoins pas m'empêcher de regarder autour de moi à tout moment, ne sachant pas où a disparu mon amie. Je le vois commencer à tout préparer... D'accord, pour lui, j'ai déjà accepté son invitation. Il serait bien malpoli de refuser maintenant. Alors, je décide de lui faire une petite farce, en disparaissant du lieu où il s'attendrait à me voir. Lorsqu'enfin il me remarque, je souris en retour :

- Simple petite vengeance pour ne pas vraiment m'avoir laissée choisir de vous suivre ou non.

Je vais m'asseoir là où je trouve quelque chose qui pourrait faire office de siège, puis je réponds tranquillement :

- Moi, c'est Soliana, enchantée. Ah, et... C'est une amie qui m'a traînée ici, avant de disparaître...

Je ne lui dis pas que je m'inquiète, après tout, il s'en est certainement déjà rendu compte. Je reste là un moment, puis, finalement :

- Puisque visiblement, j'en suis réduite à manger avec toi, est-ce que je pourrais t'aider à préparer ?

Cette formulation est voulue. Je dois avouer que je lui en veux un peu de ne pas m'avoir laissé le choix. C'est vrai, quoi, depuis ce matin, on ne me laisse pas le loisir de choisir ce que je voudrais faire ou ne pas faire. Si, avant d'arriver ici, ce genre d'attitude m'arrangeait, maintenant, ça m'embête un peu. J'entends déjà ma soeur qui me féliciterait de prendre ainsi un semblant d'indépendance... Et ne peux donc me retenir de rire. Avant d'immédiatement m'excuser :

- Désolée... Un souvenir.

Et puis, je me dis qu'il faudrait démarrer la conversation, alors, j'entame un sujet banal, pour ne pas changer :

- Alors, qu'est-ce qui vous amène ici ?

Le feu commence à bien prendre, je suis content que j'y arrive, je dois vous avouer qu'un barbecue ce n'était jamais moi qui utilisais la pyrotechnie, même si a chaque fois ça m'en démangeait. Je l'écoute parler et je fronce les sourcils dont un qui remonte légèrement pour lui montrer que je réfléchis a ses propos. Je ne l'ai jamais forcée... Quand est-ce que je l'ai forcée ? Je lui ai juste demandé après ça n'en tient qu'à elle si elle veut rester... Moi, je prépare mon barbecue, j'ai un sac que je dois poser sinon je ne peux pas correctement allumer mon feu et préparé ma viande. Ça n'a pas de sens ce qu'elle me raconte ... Ah au secours, je suis perdu !!! Que faire !!! Ça y est, j'ai du trop m'ébouriffer les cheveux, ils sont maintenant en pagaille. Ah bah bravo je, vous ne félicite pas ma demoiselle.

Mais, mais, mais, mais, mais, je ne saisis pas ? Je vous ai laissé le choix ! J'ai faim, il est normal que je prépare mon repas... J'en suis désolé pour votre amie, vous la retrouverai, j'en suis sûr ? Elle ne doit être pas loin dans la foule près d'une autre compagnie sûrement.

Les filles, ça vient et sa part. Dès que ça, une ouverture, elle file ; tu m'as déçue, je suis en colère contre toi, tu me conviens plus, tu me sers a plus rien, j'ai envie de m'amuser sans toi, etc. Certaines arrivent à passer au-dessus de tout cela, mais j'en ai rarement vu des comme ça. Elle devient un peu bizarre et s'excuse de cela, moi, j'aime bien, ça montre bien le fond d'une personne, si elle préfère vivre dans le présent ou le passé. Beaucoup jugent le monde et le peuple que par le passé. "Tu m'as fait ça donc je me vengerai." Bah si je devais faire ça moi aussi, je serais en guerre contre tout mon village sauf mes amis et mes deux parents adoptifs. Ah oui, j'oublie le gérant de l'orphelinat et ma vieille grand-mère défunte. Est-ce que je serais encore vivant si elle ne s'était pas baladée ? Pouarf ! Allez, on s'en fout, je suis là, je suis vivant et c'est grâce a elle, ne radote pas cela ne sert strictement a rien ou dirais-je a que dalle !!

Et bien pour tout t'avouer rien, j'étais très bien dans mon village et puis je ne sais pas comment on m'a forcé à être ici. Ça ne me plaît pas, on ne m'a pas laissé le choix et on me laisse un petit mot doux aussi !

Je le sors de ma poche et lui montre rapidement. En revanche, je ne veux pas qu'elle touche au repas, je cuisine tout seul ! Je le faisais bien tranquillement dans le restaurant alors ici, ça ne changera pas non plus. D'ailleurs pourquoi elle veut cuisiner ? Elle doit être encore une de ses étudiantes qui savent cuisiner la cuisine traditionnelle de maison et penser que je ne suis qu'un garçon qui ne sait rien a rien à la cuisine. Je lui souris et lui montre gentiment que je ne veux pas.

Je suis cuisinier, laisse moi faire.

- Non, ne la retrouvez pas, elle s'en sortira...

C'est sorti tout seul. Et puis, c'est vrai, quoi, même si je ne l'ai pas dit, elle serait bien capable de se moquer de moi par la suite, dire que je ne sais pas profiter de la vie sans elle, et d'autres choses du même genre. C'est vrai, quoi, ça devient stressant, à force, de toujours être jugée sur tout ! Enfin, là n'est pas la question. Il me montre un bout de papier... Que je reconnais immédiatement. Celui qu'on nous remet à notre arrivée. Je le lui rends avec un soupir, en ne l'ayant presque pas lu :

- Si je peux me permettre un conseil, n'y faites pas trop attention. Vivez votre vie, et c'est tout.

Et puis, le voilà qui refuse mon aide... Je dois faire une mine boudeuse, je me connais si bien... Il sort son métier comme une excuse comme quoi cela devrait suffire à ce que je le laisse faire. Mais je ne vais pas me laisser dominer aussi facilement :

- Vous êtes cuisinier ? Parfait, ravie de l'apprendre ! Mais je voulais juste aider, j'aime cuisiner, moi...

Oui, ça y est, j'ai décidé de m'imposer un peu. Me laisser guider, ça suffit ! Et je dois profiter du fait qu'il s'agisse d'une nouvelle connaissance pour lui montrer l'image que je veux donner de moi. Je ne suis pas sûre d'y arriver, et encore moins de pouvoir sembler naturelle, mais peu importe. Au moins, j'aurais essayé, c'est mieux que rien.

Elle n'a plus trop l'air de vouloir retrouvé son amie, pourquoi ? Elle ne l'aime plus ? Elle s'en fous d'elle ? Enfin soit, ça ne m'intéresse pas, si je commence, ça va partir en vrille pour moi, je ne connais pas son état actuel avec cette fille. Si ça tombe, elles sont en froid entre elles ou bien, elle a des soucis avec elle. Non, de plus je ne connais rien de cette fille qui à l'air toute jeune en regardant son visage, je lui donne pas loin de 15 ans. Après l'habit ne fait pas le moine mais bon, j'en sais rien, je viens de débarquer. Je ne sais même pas si ces gens sont comme moi. J'ai des pouvoirs que je ne maîtrise pas, la seule chose que je fais bien avec, c'est de courir plus comme un lapin ou que dis-je comme un lièvre.

Je ris a ce qu'elle me dit, vivre ma vie. Okay, je veux bien, mais je ne veux pas la vivre ici ! Je ne connais rien de cet endroit ni du peuple qui y habite et encore moins des brutes de services. Oui parce qu'il en a partout de ces petites sales bêtes-là. Je vous le dis, ça pousse comme des lierres et ça se reproduit comme des rats... Il y en a trop !

Je tique rapidement et ne fais pas attention à sa bouille de pas contente. L'ignorant totalement sur ce sujet, de sa grimace et elle ne tient totalement pas compte de ce que je lui ai dit. Elle n'a pas l'air de vouloir comprendre que pour moi la nourriture est plus que sacrée et que si elle aime cuisiner, c'est super bien pour elle, mais je veux que toute ma viande soit parfaite, ce n'est pas avec de l’assaisonnement de païens qui va me ravir. Non, je préfère m'occuper de ça, même chez moi, j'ai pris possession de la cuisine et mes parents en étaient plus que ravis de manger ma nourriture tous les jours.

Non, tu n'as pas l'air de comprendre... La nourriture pour moi est une passion, je ne veux pas manger un truc que tout le monde puisse faire machinalement, un truc de tous les jours sans les doses qui doit correspondre.

Je suis un passionné des épices, c'est la base de tous les plats, vous mettez trop de poivre et c'est trop pimenté, vous mettez trop de sel et vous viderez votre bouteille d'eau en quatrième vitesse. Je serais le meilleur de toute la population pour ce qui est de connaître et de comprendre les épices. Lesquelles vont dans chaque plat et ma recette au curry jalousera les meilleurs chefs !

Pendant ce temps, je prends deux trois pommes de terre et les enveloppes dans du papier aluminium en prenant le soin de doser parfaitement le sel. Et les poses directement sur les braises. Avec ça, elles prendront au moins une demie heure pour cuire. Je reste un peu près de mon feu pour vérifier que les flammes ne se meurent pas et rajoutent un peu de charbon, quand elles seront blanches, je pourrais enfin les étaler et commencé la cuisson. Au même moment, mon ventre hurle famine et fait un bruit horrible que les quelques personnes les plus proches purent entendre et sourient. L'un d'entre eux me regarde avec un sourire amusé et s'exclame "Heureusement que tu vas bientôt pouvoir manger !" Un petit sourire de ma part et dans un murmure : oui, heureusement...
Je me retourne à nouveau et reviens près de la table de pic nique.

Sa réponse me blesse. Ainsi, il ne me croit pas capable de faire quelque chose de bon ? Quel manque d'ouverture d'esprit, quel égoïsme... Mais tant pis. S'il veut être seul, il sera seul. Je ravale ma frustration et retourne m'asseoir, me demandant d'ailleurs pourquoi je reste ici. Mais peu importe, le fait est que c'est ce que je fais. Je reste là, frustrée mais sans le montrer, déçue, refusant de le regarder. Oui, je sais, bouder ne résoudra rien, mais quand même, il m'a quasi insultée ! Alors qu'on ne se connaît même pas !

Mais bon ! De toutes manières, soit je reste avec lui, soit je me retrouve seule... Ce qui ne me dérangerait pas plus que ça, mais bon... Comme le disent tous mes proches, il ne faut pas que je reste autant seule. Alors, faisons un effort. Et, tant qu'à faire, autant s'expliquer :

- Je peux comprendre que vous aimiez autant ça, mais j'aimerais simplement apporter ma contribution, faire ce que vous me demandez...

Oui, parce que bon, passer son temps à ruminer, ce n'est peut-être pas ce qu'il y a de mieux. Bien sûr, je ne vois pas la cuisine que comme un simple passe-temps, j'ai bien trop de souvenirs heureux liés à ça.

Elle boude encore, c'est une enfant ou bien ? Enfin soit, je ne suis pas là pour m'occuper de petites filles, je veux juste manger et si ça peut l'arrêter, elle n'a qu'à faire les légumes. Je n'aime pas avoir des gens qui veulent m'aider dans des tâches si insignifiantes que je le peux faire rapidement moi-même, je suis habitué qu'on me laisse tranquille à faire mes plats et mes desserts. Dans mon village, tout le monde a vite compris que la cuisine est mon domaine de prédilection et qu'il ne faut pas m'embêter, c'est quand je suis dans une cuisine a préparé de la nourriture que je me sens le mieux. Mais je suis dans un nouvel endroit et faudra vite que j'impose ma loi.

Pourquoi les gens ne veulent-ils pas laisser un cuisinier de formation et qui sait ce qu'il fait et tentent de vouloir mettre leur grain de sel. Les gens cuisinent pour eux et ce n'est bon parce qu'ils aiment ça bêtement. Je ne veux pas que se soit simplement bon, je veux que se soit meilleur que bon ! Que leurs papilles gustatives frissonnent à chaque bouchée de mon plat. Là est mon but de cuisinier. Mon chef m'a d'ailleurs appris comme cela ; "tu ne cuisines pas pour toi, tu cuisines pour les autres, ça doit être impeccable ! Ichijou"

Je lui tends les légumes et lui fais comprendre qu'elle ne peut toucher qu'a ça et rien d'autre. Je prends les viandes à mon tour et y ajoute les épices. Ce que j'ai acheté, c'est des tranches de filet mignon et deux trois brochettes de poulet. Oui, le poulet, c'est mon gros péché a moi, avec le chocolat, mais ce n'est pas du tout la même chose. Je place les filets dans un plat, en même temps, j'émince assez rapidement l'ail et hache le thym ainsi que le romarin. Une fois cela fait, j'arrose la viande d'un peu d'huile d'olive, j'y ajoute les épices avec précaution et avec une perfection parfaite d'après mon point de vue. Je sel et poivre également au-dessus de la viande cette fois-ci et l'abandonne un petit moment.

Je retourne près des flammes et à ma grande surprise, les flammes ont disparu et les braises sont rouges. Je souris et trouve cela parfait, je dépose la grille sur les braises et attends encore quelques minutes. La grille, une fois à peu près stérilisé, je reviens près de la table et prends les brochettes déjà préparées, entre-temps, je prends un mortier et pose 4 épices bien distinctes, le gingembre, la cannelle, le clou de girofle et la noix de muscade et les concasse pour en obtenir de la belle poudre homogène. Je les verse sur les brochettes et les pose ensuite sur la grille de barbecue.

En revenant vers la table pour prendre les ustensiles de cuisson des brochettes, je regarde où en est la demoiselle.

Est-ce que ça va ? Sinon, et si nous repartions sur des bonnes bases ? Je deviens vite irritable quand il s'agit de cuisiner.

Tu es ici depuis combien de temps ? Parce que tu m'as posé cette question, mais je n'ai pas pu te la retourner à ce moment-là. Je la regarde un moment et repense au papier. Est-ce que tu sais la signification de ce papier ? Je ne me souviens même pas du pourquoi du comment je suis arrivé ici. C'est très flou, j'étais poursuivi et hop me voilà... Je suis perdu.