Regarde au-delà de ce que tu vois [soliana]

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Après ma rencontre dans les ruines d'une ville, j'ai récolté les quelques matériaux nécessaires afin d'avoir un abri potable dans le manoir que j'avais élu comme mon nouveau domicile. Je me suis affairée pendant quelques jours à construire avec ce que j'ai trouvé quelque chose de vivable, me nourrissant avec les maigres fruits que je trouvais et remplissant ma gourde d'eau dans une rivière non-loin du manoir. . C'est loin d'être le grand luxe, mais ça me suffit, habituée à vivre dans des conditions précaires. Au moins maintenant, je peux dormir à l'abri de la pluie.

Oui mais voilà, je commence à avoir faim. La nourriture que je trouve ne suffit plus à me redonner des forces mais contribue juste à ce que je puisse encore un œuvrer autour de mon domicile. Il faut que j'aille réellement chercher plus loin. Du coup, fouillant le manoir, je suis tombée sur un sac en mauvais état, mais pouvant accueillir un peu d'aliment. Après l'avoir nettoyé, je le met au dos et commence mon voyage. Après tout, je ne connais rien de cette nouvelle île, alors partir à la découverte n'est pas une mauvaise chose non plus, et maintenant, j'ai des pouvoirs, je ne suis plus vulnérable.

Je marche pendant quelques heures avant de tomber sur un marchand croisant mon chemin. Il passe en me faisant un simple signe de tête en guise de salutation, auquel je réponds. Je profite du petit temps du croisement pour jeter un œil dans sa charrette. Elle est pleine de denrée très intéressante. N'ayant pas d'argent, je sais que je dois me débrouiller pour me nourrir. Je laisse alors un instant se dérouler, pour le marchand s'éloigne, avant de claquer des doigts. Je vois alors le pauvre homme ralentir la cadence. Je réitère la manœuvre deux fois pour le voir à genoux, essoufflé. Je profite alors de ce moment de faiblesse pour rapidement me poster à l'arrière de la charrette et lui dérober une partie de sa marchandise. Puis sans demander mon reste, je m'enfuis avec le butin.

Je le vois tenter de m'en empêcher, mais trop affaibli par mon pouvoir, il est impuissant. Je continue donc ma marche, contente d'avoir pu trouver un premier point de ravitaillement.

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Regarde au-delà de ce que tu vois [soliana] Soleli10

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Quel est cet endroit ? Quelle est cette personne ?

J'ai enfin trouvé un ami, un vrai ! Comment pourrais-je être plus heureuse ? J'ai maintenant un soutien dévoué... Trop dévoué, mais bon... Je suppose que je ne peux pas changer le caractère de ce cher Eiki...

Avec un sourire (oui, il a réussi à me refaire découvrir comment sourire !), je m'éloigne de l'université. Je n'ai pas cours, aujourd'hui. Autant en profiter... Pour... Rencontrer de nouvelles personnes... Mouais. Je ne suis pas très motivée, c'est peu de le dire. Mais bon, j'ai promis à ma sœur que je le ferai. Et, la connaissant, elle m'appellera, dès ce soir, si ce n'est plus tôt, pour vérifier que j'ai bien tenu ma promesse. Je n'ai donc pas vraiment le choix.

Mais alors... Pourquoi est-ce que je vais là-bas ? Dans les terres inexplorées, absentes de ma carte ? Tant pis. Je soupire. Mes jambes ont décidé à ma place, cette fois. Et il est inutile d'essayer de faire demi-tour, autant continuer et voir ce qui va se passer.

L'endroit ne me plaît pas vraiment. Je ne sais jamais sur quoi je vais tomber. Je n'aime pas être ainsi privée de mon peu de repères. C'est donc de plus en plus prudente que je m'approche. Mais, alors que je ne sais plus du tout comment m'orienter, je rencontre quelqu'un. Tiens, ce n'était pas habituel, ça ! On dirait un marchand... Parfait. Ce genre de personnes est toujours bien renseigné. Il pourra peut-être me donner quelques informations sur cet endroit et, pourquoi pas, le moyen de retourner à l'université. Mais, quand je m'approche, je remarque que quelque chose ne va pas. Et, en effet, avant même que je n'aie le temps d'ouvrir la bouche, il tente de me convaincre de faire demi-tour. Une voleuse maîrtisant une magie puissante rôderait dans les environs... Il ne tarde pas à partir avec sa marchandise, ne m'ayant pas laisser le temps de dire ne serait-ce qu'un seul mot. Bon. Au moins, me voilà prévenue. Cet endroit n'est vraiment pas sécurisé.

Redoublant de prudence, je poursuis mon chemin. Et je finis par remarquer, devant moi, une silhouette fine et élancée. Qui est-ce encore ? Néanmoins, n'ayant aucune certitude, je me contente d'avancer plus lentement, tentant de faire le moins de bruit possible.

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Après un long moment de marche pendant lequel je répète une nouvelle fois la manœuvre de vol, je finis par faire une pause à l'ombre d'un arbre. Mes jambes réclament leur répit et c'est bien normal. Cela fait une bonne demi-journée que j'ai quitté mon manoir. J'espère qu'il sera dans l'état que je l'ai laissée quand je reviendrai. Pour une fois que j'ai un petit coin rien qu'à moi...

Je pose mon sac sur mes genoux et en sort une pomme que je croque, un sourire aux lèvres. Finalement, cette soi-disant prison s'avère particulièrement agréable. Les marchands sont naïfs et tellement facilement bernable, je n'avais jamais obtenu de la nourriture si facilement. Il faut dire que maintenant, j'ai un pouvoir, la tâche m'est bien plus confortable désormais.

Je vérifie que mon couteau est toujours sur moi, puis regarde les personnes qui passent, l'air un peu rêveur. Je ne me suis jamais sentie aussi bien depuis longtemps. Plus de maître qui me surveille, plus de mioche pour m'emmerder, je suis enfin peinarde. Bien plus peinarde apparemment que la fille que j'aperçoit soudainement parmi les passants.

Elle a les cheveux bleus et un regard vert peu assuré. Elle me repère, croise mes yeux un instant, mais décide de ne pas engager la discussion. Du moins à ce que je comprends. Cela m'arrange, je n'aimais pas les contacts et les conversations inutiles. Je l'observe simplement marcher d'une façon étrange, comme si elle redoutait quelque chose. De quoi avait-elle peur ? Il n'y a rien de menaçant pourtant. Mon sourire s'agrandit pour vêtir une apparence moqueuse. Cette fille est amusante. A-elle quelque chose que je pouvais lui voler ? Ce serait marrant, et tellement divertissant.

J'ai dès lors une raison de plus de l'observer: détecter les potentiels biens que je pourrais acquérir.

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Parfaite entrée en matière...

Et la voilà qui semble se moquer de moi ? J'ai la désagréable sensation d'avoir fait une erreur. Mais laquelle ? Impossible de le savoir. Mais pitié, qu'elle arrête de me fixer comme ça ! Cela me met mal à l'aise !

Et c'est à ce moment précis, alors que je ne regarde pas où je vais, que je rentre dans quelqu'un. Sans trop savoir comment, je vois soudain un tronc d'arbre se précipiter vers moi. Paniquée, je place mes bras en position protectrice devant mon visage et ferme les yeux à moitié... Avant de les écarquiller. Je suis sur le point de tomber sur cette femme. Je tente de la prévenir :

- ¡ Cuidado !¹

Trop tard ! Je tombe, et elle n'a pas le temps d'esquiver. En plus de tomber sur elle, je me cogne violemment la tête en plein sur le tronc de l'arbre. Sonnée, j'ai la tête qui tourne, mais pas trop cependant pour m'empêcher de m'écarter. Par contre, pour les excuses, ça attendra que ma tête aille mieux.

Je m'écarte un peu, le temps de reprendre mes esprits. Puis, je m'adresse à ma piste d'atterrissage improvisée, sans réaliser tout de suite que ça sort en espagnol :

- Lo siento mucho.²

Après un temps, je me rends compte que quelque chose ne va pas. Je me corrige donc, dans un anglais rendu approximatif par mes idées pas encore totalement remises en place :

- Je.. Excusez.. Moi.

Je me masse la tête. Mais ça fait mal ! En même temps, tomber sur un arbre n'est pas recommandé si on veut éviter la douleur...

__________

Traductions :
1 : Attention !
2 : Je suis vraiment désolée.

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Plus je l'observe, plus je trouve son itinéraire bizarre. Il n'y a apparemment rien à voler sur elle, et en plus, elle a l'air empotée. C'est à se demander ce qu'elle fait là... Aucun intérêt donc.

Mais le destin me pousse apparemment à la connaître mieux, car contre toute attente, elle se rapproche de plus en plus de moi et je me demande pourquoi. Elle n'a pas l'air de le faire volontairement en plus. Haussant un peu les sourcils, je constate que plongée dans ses pensées elle ne voit pas qu'elle fonce contre un arbre. Le mien. Je me décale un peu de côté pour l'éviter mais quand elle se cogne, elle tombe sur moi.

Hey ! att...

N'ayant pas d'assez bon réflexe, je me la reçois, mon sac se fait écraser, et ça m'énerve. Et quand je dis que ça m'énerve, c'est que je n'écoute même pas ces excuses, et la repousse violemment.

Hey là, faut pas t'gêner ! Pousse-toi de là !

Plus qu'agacée, je porte ma main à ma poche en sort à moitié le couteau que je portais toujours sur moi. Mes yeux prennent une teinte rouge brillante une fraction de secondes avant de redevenir orange. En soupirant, je range mon couteau et continue ma pomme. ça ne servirait à rien de la tuer...

Allez, c'est bon, j'ai pas de temps à perdre avec des gamines... Regarde où tu vas la prochaine fois, pigé ?

Je croque une nouvelle fois, de mauvaise humeur.

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Un traumatisme, un vrai

Après quelques instants passés à tenter de retrouver mes esprits, je peux à nouveau connecter mes neurones à peu près correctement. Et je remarque alors que je n'ai pas bougé depuis ma chute... J'écrase donc la jeune femme. Elle sort un couteau avec une expression assassine. Quoi ?! Mais elle est folle ! Me relevant d'un coup, je fais plusieurs pas en arrière. Elle est sérieuse ? Visiblement non. Heureusement. Elle continue son repas comme si de rien n'était. Mais je me méfie, maintenant. Cependant... Je dois parler avec les habitants pour améliorer ma langue. Alors... Parlons avec n'importe qui, elle en fait partie. Oui, mais... Elle n'a pas l'air très encline à m'aider... J'ai l'impression qu'elle me tuera si je fais la moindre erreur. Ce n'est pas vraiment ça qui m'encouragera à progresser... En effet, c'est en corrigeant nos erreurs que l'on s'améliore... Mais si l'on ne nous permet pas de faire des erreurs, comment s'améliorer, dites-moi ?

Je suis idiote. Je vais me mettre à parler toute seule, si ça continue. Bon, alors, la vraie question est : que dire ? Mais je ne trouve rien. Je reste donc là, debout devant elle, comme une idiote, sans parler, mais sans oser partir non plus... C'est donc cela qu'on appelle souffrir d'un traumatisme ? Mais être traumatisée si vite... Est-ce seulement possible ? Cependant, je trouve soudain quoi dire :

- Désolée, encore.

Puis je commence à m'éloigner, ce qui est visiblement la meilleure chose à faire dans une telle situation.

HRP :

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La jeune fille reste là avec son caractère de guimauve énervant. Qu'elle pouvait être molle, c'était soulant. Néanmoins, je prends le laps de temps qui est à ma disposition pour me calmer un peu. Croquer dans ma pomme déjà bien entamée me calme les nerfs, et je recommence à réfléchir. Après tout, elle ne m'avait rien fait de mal, à part se ridiculiser et me tomber dessus. C'est juste que je déteste les contacts humains. J'aime bien quand on e fout la paix. Tout s'est passé si vite, j'ai répondu à mes premiers réflexes...

Pendant que miss nunuche cherche de quoi répliquer, ce dont je n'avais absolument pas besoin en passant, mais bon, ça avait d'y tenir à cœur, un détail me revient en tête. Les premiers mots qu'elle a utilisés étaient clairement de l'espagnol. Je le sais, car c'est les seuls que j'ai compris et c'est surtout la seule langue que je maîtrise. Et ouais, personne n'a été foutu de m'en apprendre une, on préférait me lancer des seilles. Pourtant, j'ai déjà souvent entendu les marmots du maître répéter leurs leçons. Je n'en ai malheureusement rien retenu, parce-que j'avais autre chose en tête... Ce qui fait que quand la fille a changé de langue, je n'ai plus rien saisi. Je me demande alors pourquoi elle a subitement changé. Croyait-elle que je ne comprenais pas l'espagnol ? Etait-ce une langue rare ici ?

L'autre finit par parler. À nouveau je ne comprends rien, mais de ce que je la connais, elle a dû s'excuser, et comme elle commence à s'éloigner, j'en déduis avec satisfaction que ce n'était pas une question à laquelle je devais répondre, heureusement. Mais cette question de langue me taraude, du coup, malgré moi, je m'entends la retenir, en espagnol, ça va de soi.

Hey la petiote, j'ai un truc à te demander.

Je lance ma pomme finie dans l'herbe un peu plus loin et me relève pour faire face à miss nunuche.

Dis, je t'ai entendu parler en espagnol avant, et maintenant, tu parles dans une autre langue dont je ne pige pas un traître mot. Pourquoi tu changes comme ça ?

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Comment est-il possible que vous ne compreniez pas l'anglais ?

Tiens, elle me retient ? Pourquoi donc ? Elle n'avait pas envie de me tuer ou de me voir déguerpir, il n'y a pas vraiment si longtemps ? Mais quand elle s'explique, ça s'éclaircit. D'accord. Problème de langue, encore une fois. Cependant, c'est bien la première fois que je rencontre quelqu'un qui comprend parfaitement l'espagnol et pas du tout l'anglais, et non l'inverse. Rien que pour cela, j'ai envie de rester un peu plus. Me retournant vers elle, je fais quelques pas, puis m'arrête. Oui, bon... Elle possède la même langue maternelle que moi, mais ce n'est pas une raison suffisante pour que je lui fasse confiance. Pas après ce qu'il vient de se passer. C'est donc avec toujours autant de méfiance que je daigne répondre, en espagnol, évidemment, cédant à la facilité :

- Tout le monde parle anglais, ici.

Et c'est tout. Je n'ai aucune envie de développer. Si elle ne me montre pas que je peux lui faire confiance, elle peut toujours courir pour que je lui dise plus d'une phrase par minute. J'ai déjà beaucoup de mal à discuter même avec les personnes qui m'inspirent confiance, alors, elle... Si je lui parle, c'est uniquement pour m'entraîner niveau relationnel. Elle ne me permettra même pas de m'améliorer en anglais, je sens donc que cette rencontre ne m'apportera rien... À part peut-être la certitude qu'à l'avenir, je devrai un peu plus me méfier des nouvelles personnes que je rencontrerai. C'est vrai que, parfois, j'ai tendance à un peu trop me relâcher... Il va falloir y remédier.

Je me promets de mettre un terme à cette conversation le plus tôt possible. En effet, cette femme me met mal à l'aise, comme si j'avais besoin de ça...

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Je lève un sourcil. Ce mot me dit quelques chose. Anglais...anglais... oui je l'ai déjà entendu chez Fedrojo... il était utilisé par ses marmots... alors c'est ça qu'ils apprenaient chaque après-midi, assis à une table pendant que je nettoyais les vitres. Les drôles de mots qu'ils énonçaient avec tant de fierté et qu'ils ont finalement emportés dans leur tombe... c'était de l'anglais... Et comble de mon malheur, je suis la seule ici à ne pas le piger.

Pourquoi être venue sur une île ou on me comprend pas, c'était illogique... Je m'en foutrai moi de ces gars qui se permette de m'amener où ils veulent, ils auraient pu réfléchir...Si je les retrouve, je promets qu'ils vont passer une sale quart d'heure, ils vont voir ce que ça coûte de me trimballer sur un coin paumé et me laisser galérer.... Quel bordel... J'ai vraiment pas été gâtée. Moi qui croyais être peinarde ici...

L'anglais... mais je ne le sais pas... je connais que l'espagnol... lâché-je d'un ton morne

Je regarde autour de moi l'esprit contrarié. Même si je savais m'adapter à pas mal de situation désagréables, celle-là allait être impossible si je ne trouvais pas une solution. J'allais devoir l'apprendre. Dans ma vie, j'ai jamais étudié, j'ai juste appris les bases chez Linda, mais c'est tout. Cela me fit tout drôle de penser que j'allais peut-être être à la place des bambins de mon ex-maître. Je me mis à réfléchir quelques instants. En soupirant, je demandai.

Ya quelqu'un qui apprend aux autres cette langue ? Quelqu'un qui accepterait de me montrer...

Je déteste demander ce genre de chose, parce-que ça impliquait de se frotter à ces enfoiré d'humain, mais je sentais bien que si je voulais vivre ici, me nourrir et m'offrir un petit cadre de vie confortable, ça devenait inévitable....

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Comment débuter un apprentissage ?

Ne savoir parler qu'espagnol, pas anglais... Cela me révulse de l'admettre, mais ça nous fait un point commun. Enfin... Plus ou moins. Depuis le temps, j'ai quand même appris à me faire comprendre par les habitants de cette île. En même temps, l'inverse serait plus qu'étonnant. Enfin. Je ne vais rien lui dire à ce sujet, autant rester la seule à savoir que nous ne sommes pas aussi différentes que je le voudrais. Mais elle me pose une question... Ah, d'accord. Elle veut apprendre. Que répondre ? Prétendre que, comme tout le monde parle anglais ici, personne ne l'enseigne ? Je dois avouer que c'est tentant... Très tentant... Mais déloyal. Donc, non. Mais je n'ai pas spécialement envie de l'aider... Comment faire ? Je sais très bien que, si je prétends ne rien savoir et que je passe mon chemin, ma mauvaise conscience me poursuivra. Mais, d'un autre côté... Elle ne s'est pas vraiment montrée aimable, depuis notre rencontre. Que faire ?

Avec un soupir résigné et ostensiblement ennuyé, je me force à répondre, ironique, du moins autant que je le peux, ce qui doit donner quelque chose de... Bizarre :

- Nooooooooon, pas du tout ! On peut étudier tout ce qu'on veut à l'université de Kousha, mais non, on ne peut pas apprendre l'anglais, que n'importe quelle école enseigne !

Mouais. Bof. Je pense que le sarcasme et l'ironie, ce n'est pas mon fort. Je préfère largement le silence. Mais il semble que je n'ai pas le choix. Soupirant à nouveau, sans daigner la regarder, je complète :

- J'étudie moi-même les langues. On peut dire que vous êtes bien tombée, je connais des professeurs d'anglais... Mais ils enseignent à un niveau universitaire, je ne suis pas sûre qu'une totale débutante y arriverait !

Je n'ai pas pu m'en empêcher. L'occasion était trop belle pour l'enfoncer. Mais je m'attends à une réaction violente, puisque je l'en sais capable. Je dois trouver quelque chose. Après tout, qu'y a-t-il de mal à vouloir apprendre la langue officielle du lieu où on se trouvait ? Mais le problème est là, justement : si je connais bien plusieurs professeurs d'anglais de l'université, je ne connais pas du tout ceux du lycée ou des niveaux inférieurs. Je pourrais peut-être l'emmener à Kousha, mais ensuite, elle devra se débrouiller seule.

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Le ton que miss nunuch prend lors de sa première réplique me surprend un peu et me fait froncer les sourcils. Il est clairement moqueur, et je ne pensais pas qu'elle en serait capable, vu la timidité dont elle a fait preuve jusqu'à maintenant. Mais en plus de me surprendre, ça m'énerve. Je fais l'effort de lui poser une question que je répugne à formuler, et c'est comme si elle m'envoyait chier. Mon regard se durcit.

Prends pas ce ton-là avec moi la mioche, tu risques de le regretter.

Mes yeux rougissent une fraction de seconde avant de revenir à la normal. Mon dure regard toujours posé sur elle, j'écoute ce qu'elle me dit de sérieux. Selon elle, seuls ceux qui connaissent déjà un peu la langue peuvent trouver des professeurs pour leur enseigner. C'est un peu con quand on y pense, car c'est bien ceux qui la connaisse pas qui en aurait le plus besoin. Les habitants de cette île sont-ils aussi stupides que ça ? ça promet si c'est le cas... Je regarde mis nunuche avec un air plutôt dominateur.

T'inquiète pour moi, je me débrouillerai, comme depuis toujours. Indique-moi par quel chemin je peux trouver des prof's et je f'rai le reste. Et dépêche-toi.

Apparemment, elle n'a plus rien à m'apprendre, si ce n'est la direction à prendre. Plus la peine alors de rester causer avec elle. Il faut mettre un terme à cette conversation qui commençait à devenir trop longue.

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Adieu, ne cherchons pas à nous revoir

Décidément, c'est le genre de personne qui n'apprécie pas les plaisanteries, on dirait... Bien. Très bien. Puisque c'est comme ça... Sans compter tout ce qui s'est passé depuis que je l'ai rencontrée, je ne vois pas ce que je pourrais retirer d'une conversation avec elle. En plus, elle ne peut même pas m'aider à travailler l'anglais... Il est temps de se dire au revoir, je pense... Euh, non, pas au revoir. Adieu. Ce serait bien mieux. Et, visiblement, elle est d'accord avec moi... Pour la première et la dernière fois. Je ne compte pas la revoir. Jamais. Cependant... Je rêve ou son "dépêche-toi" résonne comme un ordre ? Attendez, là, ça ne va pas du tout ! Je veux bien qu'elle ne m'apprécie pas, c'est totalement réciproque. Mais cela ne l'autorise pas à me traiter comme un chien ! Alors, par simple esprit de contradiction, je prends tout mon temps pour répondre. Et encore, je suis tentée de ne pas répondre du tout. Après tout, peut-être l'absence de réponse pourrait-elle lui faire payer ses actes d'aujourd'hui ? Quand quelqu'un vient nous voir, la moindre des choses est de lui répondre poliment, non ? Et ce n'est pas vraiment ce qu'elle a fait avec moi... D'autant plus que je ne lui ai pas parlé. Enfin, autant finir sur une note plus ou moins positive. Si je lui donne l'information qu'elle recherche, elle sera contente, et moi, je serai tranquille, débarrassée d'elle... Ce qui sera sans doute réciproque. Double avantage, d'accord. Elle a gagné, sans rien avoir fait. Je lui répondrai. Prenant un papier et un crayon que j'ignorais avoir dans mes affaires, je dessine grossièrement une carte de l'île. Puis je lui montre mon esquisse :

- Nous sommes ici, dans les terres inexplorées. La cité scolaire est ici. Elle s'appelle Kousha.

J'inscris "Kousha" à l'emplacement désigné, puis, sans plus de cérémonie, je lui laisse le papier dans les mains et m'éloigne. Inutile de rester avec elle plus longtemps que nécessaire.

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