Un seul mot et je laisse ton cadavre pourrir dans une poubelle [Kyle]

La nuit, la lune, la fraicheur.
Bien que la saison était encore douce, les nuits se faisaient plus fraîches. Le vent avait tendance à souffler, parfois. Il aimait jouer avec la peau des gens et leur extirper un frisson. Le nez rivé sur la lune, les cheveux dans le vent, une jeune femme aux longs cheveux bruns venait de quitter le bar dans lequel elle travaillait. Elle ne portait qu’un petit gilet, mais elle n’était pas frileuse. Elle n’avait pas froid. Elle n’avait pas peur, non plus. L’obscurité ne lui faisait pas peur. Elle se surprit à se remémorer son arrivée ici, ses chasses nocturnes lors des premières années. Elle avait d’ailleurs rencontré un de ses amants au cours d’une de ses chasses à l’homme. Non, elle n’était pas une prostituée, loin de là. Seulement insomniaque et assoiffée de vengeance. De vengeance envers elle-même. Alors, la nuit, elle sortait chasser les petits idiots qui profitaient de l’obscurité pour dépouiller les plus faibles. Ou du moins, elle le faisait avant « lui ».

Rares avaient été ses chasses depuis qu’elle n’habitait plus seule. Parfois, en rentrant du boulot, elle tombait sur un jeune un peu idiot et lui remettait les idées en place. Mais on était bien loin de ce qu’elle avait fait subir à ceux qui étaient présents lors de sa rencontre avec Ethan. Jess souriait légèrement. Juste assez pour qu’on puisse dire qu’elle souriait, en fait. Elle baissa lentement la tête pour regarder où elle marchait, laissant la lune seule dans le ciel. Ses yeux se posèrent sur un petit attroupement un peu plus loin, alors, elle s’approcha.

**********

Comment s’était-elle retrouvée embarquée dans une situation pareille ? Jess détestait courir, et pourtant elle courait. Armée de son épée, elle traversait les rues, poursuivie par deux types étranges qui lui en voulait pour une raison assez floue. Elle avait l’impression de les avoir déjà vus. Celui qui maniait l’eau tout particulièrement, mais cela restait lointain. Dans un rêve ? Impossible. Elle ne rêvait jamais. Alors qu’elle se torturait l’esprit, un passant surgit devant elle. L’idée même de le laisser sur le chemin des fous qui la poursuivaient était totalement à exclure ; alors elle l’avait embarqué, trainé sur cinquante mètres et ensuite, elle s’était caché avec lui dans une ruelle.

Sombre, glauque, étroite. Très étroite. Trop étroite même. Son visage était bien trop proche de celui de l’autre personne, tout comme son corps l’était. Alors qu’elle avait les yeux rivés sur la rue voisine, elle avait posé sa main sur la bouche de l’inconnu.

« Un seul mot et je laisse ton cadavre pourrir dans une poubelle. »

Belle entrée en matière. T’as pas mieux ?

Invité

Ce serait peu dire qu’affirmer que je suis coutumier des balades nocturnes. Particulièrement à l’automne, ma saison favorite. De belles couleurs dans les branches, des journées de longueur raisonnable et surtout, pas d’allergie car pas de pollen. Je sais, ce dernier argument est ridicule, mais quand on a un système immunitaire en carton, on s’adapte. Toujours est-il que j’apprécie les promenades aux seules lueurs de la lune, des étoiles et des néons, sous le souffle d’une brise rafraîchissante après les chaleurs estivales.

Je disais, il n’est pas rare de me croiser à des heures tardives dans les rues d’une ville. C’est dans l’ombre des rues qu’on découvre les secrets les plus croustillants et qu’on obtient les informations les plus importantes. En bon détective, j’en sais quelque chose, et la majorité de mes contacts vient de ce type de réseaux underground. Pas mal sont des types que j’ai déjà dépannés matériellement ou qui ont souhaités profiter de mes capacités d’investigations – en réalité largement perfectible. Peu sont des connaissances avec qui j’ai gardé de vrais contacts « amicaux ». On peut dire qu’à ma manière, je suis un chasseur.

En cette belle soirée, mes pas m’ont porté non loin de mon nouvel appartement, encore loin d’être complétement aménagé par ailleurs. Je me surprends à parcourir des rues plutôt fréquentées où se côtoient des airs de Tokyo, des inspirations de Paris, des immeubles new-yorkais. Cela donne à Amashiwa un air assez étrange, j’aurais bien dit comme si la ville en avait fusionné plusieurs pour se créer, mais avec un peu de réflexion, ça semble être exactement le cas.

J’attrape la petite boîte contenant mes cigarettes dans la poche de mon jean, coincée entre ma carte bleue et un papier contenant quelques notes, en attrape une et la porte à mes lèvres. Continuant mon chemin, je cherche dans mes autre poches mon briquet, avant de me souvenir que je n’en ai plus depuis que j’utilise mon pouvoir pour le même résultat. J’avais eu le temps de développer ce petit tour pas très compliqué qui consistait à créer un minuscule arc électrique entre mon index et mon pouce pour obtenir une étincelle suffisante à l’allumage de mes clopes.

Je m’apprêtais donc à embraser ma Lucky quand un tourbillon passa devant moi, me déconcentrant totalement. Avant que j’aie ne serait-ce que le temps de comprendre ce qu’il était en train de se passer, je me retrouve à courir à côté d’une jeune fille à moitié en train de me traîner par le col de ma chemise, sans trop savoir pourquoi ni comment, ma pauvre cigarette perdue sur le goudron. Et sans plus de ménagement, me voilà collée à elle dans une réelle beaucoup trop étroite pour laisser passer deux gabarits, pourtant pas si épais, de front.

Sans me regarder, l’ouragan ayant perturbé ma routine adresse d’une voix féminine, une menace qui semble m’être destiné. Je m’éclaircis la gorge avant de répondre, nullement intimidé : « Un bonsoir poli mériterait-il un tel traitement ? ». Faire de l’esprit dans une telle situation, fallait qu’il me manque des cases. Je tente de dégager ma main droite bloquée dans mon dos et de créer le fameux arc électrique entre mes doigts afin d’apercevoir les traits de mon agresseuse. « Tu m’expliques ? »

Il n’avait pas peur d’elle. Et non seulement il n’avait pas peur, mais en plus, il y avait ce « truc » entre ses doigts. Ce petit arc électrique. Ce truc qu’elle avait en horreur. Elle avait pu faire un pas en arrière, elle l’aurait volontiers fait. Hélas, la ruelle était bien trop étroite pour pouvoir faire un réel mouvement. Elle n’avait pas lâché la rue des yeux plus de quelques secondes. Et lorsque deux minutes furent passées, elle soupira avant de regarder ce qui semblait être un homme. Elle l’avait deviné au son de sa voix. Eh bien, oui, puisqu’elle n’était pas du genre à prendre des otages elle n’avait pas fait attention ni au sexe ni à l’âge de celui-ci. Elle eut un petit rire nerveux tant la situation sentait le vécu à plein nez. Elle relâcha son étreinte qui n’avait rien de doux jusque-là.

« Bonsoir. »

N’était-ce pas là ce qu’il avait souhaité entendre ? Un bonsoir poli et cordial ; même s’il n’y avait pas tellement de joie dans celui-ci. Enfin, comment pourrait-on ressentir de la joie quand on est poursuivie pour une raison qui nous échappe ? C’était difficile à imaginer, et pourtant ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait.

« Tu m’expliques ? »
« Non. »

Clair, net. Plus simple, tu meurs. La jolie brune soupira avant de laisse sa tête tomber contre le mur en face de sa tête.

« Difficilement, disons plutôt. »

Elle essaya, en l’espace de quelques secondes, de reformer l’histoire dans son esprit. Non, vraiment, elle ne le remettait pas ce type. Elle savait qu’elle l’avait déjà vu ; mais elle n’avait aucun souvenir de la circonstance qui l’avait menée à sa rencontre. Elle haussa les épaules.

« Désolée, je n’ai aucune explication en fait. »

Elle lui offrit un sourire Colgate digne d’une publicité sur-photoshopée en ricanant un court instant avant de se ressaisir. Vous savez, les nerfs, quand ça lâche… Et bien ça lâche et puis c’est tout. Pourtant, ce n’était pas du genre de Jess de se laisser aller ainsi. Elle s’étira comme elle le pouvait avant de mettre son nez hors de cette ruelle étroite. Rien à gauche. Rien à droite. Elle finit par en sortir, remettant les pieds dans la rue principale, les mains derrière la tête. Elle se retourna vers le jeune homme qu’elle avait kidnappé et lui fit signe de sortir. Elle pointa également son doigt vers sa main.

« Tu peux éteindre ça ? je n’ai pas trop envie de finir électrocutée parce que tu ne le maîtrises pas. »

Ah tient, ça aussi ça sentait le vécu. Elle avait un petit air de mystère, avec ses cheveux dans le vent et ses yeux jaunes qui brillaient à la lueur de la nuit. Pourtant, elle esquissait un sourire.

« Je t’offre quelque chose pour me faire pardonner ? »

Invité

Le « bonsoir » blasé qu’elle me répond est au moins poli, comme je le souhaitais. En revanche, je ne m’attends pas forcément au coup d’œil inquiet et au léger mouvement de recul que je perçois lorsqu’elle voit l’étincelle qui se balade entre mes doigts. Il me semble pourtant avoir compris que tout le monde possède un talent du même type sur cette île ? Est-elle l’exception qui confirme la règle ?

Je ne cherche pas à approfondir plus ma réflexion et la regarde réfléchir à quel type d’explication elle pourrait me donner. Après quelques secondes, elle me réplique que je n’ai finalement pas le droit à des éclaircissements et m’offre son plus beau sourire commercial. Bon. « Tant pis. » Je hausse les épaules en signe de désintéressement. Je suis curieux, mais pas suicidaire au point d’insister face à une fille armée d’un sabre, surtout lorsque son ton indique clairement que le sujet est clos.

L’ouragan décide finalement de se dégager de la ruelle, et j’en profite pour la suivre et regagner la rue principale. Ça fait du bien de pouvoir respirer, on était vraiment à l’étroit là-dedans. Je ne veux pas imaginer à quel point je l’aurais était encore plus si elle avait eu l’idée de mettre sa menace à exécution, et de me plonger le nez dans une poubelle. Elle désigna l’étincelle qui voyageait toujours entre mon pouce et mon index.

« Tu peux éteindre ça ? je n’ai pas trop envie de finir électrocutée parce que tu ne le maîtrises pas.
- Hein ? Bah si, je le maîtrise ce truc ! »

Le grésillement inquiétant survenu après que je réussis à, finalement, m’allumer une clope, me tire un sourire gêné et me force à éteindre mon « briquet ». « Bon okay, peut-être pas encore complètement… »

La jeune fille, que je voie enfin complètement, esquisse cette fois un sourire qui semble un peu plus sincère que celui de tout à l’heure. Puis me propose de m’offrir quelque chose pour se faire pardonner de m’avoir agressé. Je réponds, en rigolant à moitié : « Bah déjà tu me dois une cigarette. » Avant d’enchaîner, à peine plus sérieusement : « Mais si tu connais un endroit où je peux encore boire une bière à cette heure-ci, tu seras toute pardonnée ! »

« Tu peux éteindre ça ? je n’ai pas trop envie de finir électrocutée parce que tu ne le maîtrises pas. »
« Hein ? Bah si, je le maîtrise ce truc ! »

La demoiselle le regardait avec un petit air de « tu te fous de moi ? » avant qu’elle n’entendre un petit grésillement qui força le manieur à éteindre ses doigts. C’était assez étrange dit ainsi, mais c’était plus ou moins le cas en réalité.

« Bon okay, peut-être pas encore complètement… »

Elle venait d’esquisser un nouveau sourire qui, cette fois, voulait dire « tu vois, je te l’avais dit ». Jess savait reconnaitre quand une personne de son « élément » ne maîtrisait pas ses pouvoirs. Certainement parce qu’elle était la première à ne pas savoir maîtriser les siens totalement. Ou du moins, elle maîtrisait assez bien ceux du quotidien. Il n’en était pas vraiment de même lorsqu’elle dévoilait cette… sorte de forme particulière. Elle frissonna rapidement avant de secouer la tête pour se sortir ces souvenirs vagues de l’esprit.

« Bah déjà tu me dois une cigarette. Mais si tu connais un endroit où je peux encore boire une bière à cette heure-ci, tu seras toute pardonnée ! »

Alors qu’elle haussa d’abord un sourcil pour la cigarette, elle finit par faire semblant de réfléchir un instant. Bien sûr qu’elle savait où boire un verre à cette heure-ci. Il y avait bon nombre de bar à Amishawa. Outre celui où elle travaillait, dans lequel elle ne ramènerait pas un nième garçon sous peine de se faire encore arrosée d’alcools divers, il y avait bien ceux dans lesquels elle avait été trainée par ses amis de l’université. Elle réfléchit –vraiment cette fois- un petit instant en se grattant la tête et d’indiquer une direction avec sa main droite.

« Par-là. Il y a un petit bar sympa. Je te dois bien ça après t’avoir menacé de mort pour pas grand-chose. »

Elle se positionna à côté de lui et commença à avancer en direction du bar dont elle parlait qui se situait quelques rues plus loin. Elle avait encore cet arrière-goût de déjà vu qui la faisait bien rire. Elle avait les yeux rivés sur le ciel, comme si elle avait peur qu’il disparaisse. Et puis, elle finit par à nouveau ouvrir la bouche plusieurs secondes plus tard.

« Au fait, c’est quoi ton nom ? ça fait longtemps que t’es là ? »

Ah, Jess. La curiosité est un vilain défaut, tu devrais le savoir.

Invité

J’eu le temps de tirer deux fois sur ma cigarette avant que mon étrange rencontre ne se décide et m’indique la direction d’un, selon ses termes, petit bar sympa. Et maintenant voilà qu’elle s’excuse pour ses paroles. Je m’exclame, moitié surpris, moitié amusé :

« Pas de problème pour les menaces, je me suis déjà retrouvé dans des situations encore plus bizarres que ça ! »

C’est bien vrai d’ailleurs. Ma double casquette de journaliste et détective m’a déjà entrainé dans des scénarios encore plus abracadabrantesques que celui de ce soir, qu’il s’agisse d’une guerre de yakuzas, d’harcèlement scolaire ou de vulgaires histoires extra-conjugales. Et aller récolter des informations quand deux bandes de drogués s’affrontent pour le contrôle de quartiers à coup de fusils mitrailleurs tout en essayant de récupérer une petite fille égarée au milieu du bordel, ça met clairement plus vos jours en danger que de se retrouver bloqué dans une ruelle avec une demoiselle, aussi armée et possiblement puissante soit-elle. Bien que je ne sois pas certain à cent pourcents de cette affirmation au vu de l’île où j’ai atterri…

Je me retrouve à marcher tranquillement à côté de la demoiselle et porte mon attention sur elle, profitant qu’elle soit occupée à admirer les étoiles. Mélange de noir foncé et de brun pour les cheveux, des fringues pas beaucoup plus colorées – du moins elles ne le semblent pas à la simple lueur des lampadaires – et approximativement le même âge que moi d’après le peu de fois où j’ai pu observer son visage. Si on excepte le sabre qu’elle porte, elle semble quand même sympathique et n’a pas l’air d’une dangereuse psychopathe. Je l’entends me questionner, sans baisser les yeux dans ma direction.

« Au fait, c’est quoi ton nom ? ça fait longtemps que t’es là ? »

Sensation un peu étrange, d’habitude c’est moi qui pose les questions. Considérons que je suis encore nouveau sur cette île et qu’une personne qui semble être là depuis plus longtemps ne sera pas de mauvaise compagnie pour cette soirée, et voilà une bonne raison de répondre. J’hésite un peu en répondant :

« Sat... Enfin… Kyle Satō. »

Vieux réflexe que celui de me présenter à la japonaise, ce malgré plusieurs séjours dans la ville de Big Ben et que mon prénom ne soit nullement écrit en kanji – merci papa d’avoir choisi un nom étranger.

« J’suis arrivé y’a un peu moins de trois semaines. »

Pas très précis mais même moi j’ai oublié la date précise. Faut dire que je n’étais pas du tout prêt à me retrouver dans un tel environnement et que je commence à peine à finir de m’adapter.

« Et toi ? »

Il s’appelait donc Kyle. Il avait un nom particulier : un nom japonais et un prénom qui n’avait rien à voir avec son nom. Etrange, cela ne dérangea pas plus Jess que cela. Elle avait déjà rencontré tellement de monde sur cette île, qui venait de tellement d’endroits différents, que peu de choses arrivaient encore à l’étonner. Elle se contenta de hausser légèrement les épaules en attendant la suite de sa réponse. D’ailleurs, elle eut un petit rictus lorsqu’il évoqua la date de son arrivée. Trois semaines. Trois petites semaines seulement qu’il était présent ici. Lorsqu’il lui retourna la question, Jess ne put s’empêcher de soupirer.

Sa vie ici avait été longue et mouvementé. Bien sûr, elle savait que cela n’était pas près de s’arrêter et que les mystères de cette île allaient continuer à ronger le petit bonheur qu’elle construisait. Elle devrait commencer par arrêter de jouer aux justicières la nuit… et apprendre à faire ses nuits ! Elle se tourna vers le jeune homme. Ses cheveux avaient l’air tellement doux, qu’elle avait envie de glisser ses mains dedans. Depuis quand était-elle devenue comme ça ? Les cheveux, les yeux, le visage même des gens, elle s’en fichait complètement d’habitude. Mais depuis qu’elle avait découvert Kurai, tout ça, c’était différent. Elle offrit à Kyle un petit sourire pincé, comme elle le fait généralement.

« Jess. Je m’appelle Jess. Et je suis ici depuis quatre ans maintenant. »

Quatre ans. C’était long. C’était même très long.
Ils avançaient d’un pas rapide vers le petit bar où Jess allait parfois trainer. Elle ouvrit la porte et laissa son compagnon entrer dedans. A cette heure, c’était encore assez calme. La décoration du bar vous donnait envie de vous installer et de ne plus jamais en bouger. Un moyen d’inciter à la consommation, imaginait-elle. Elle indiqua deux places sur le côté gauche du bar. Ils s’installèrent.

« Salut Mat’. Tu nous sers deux bières ? »

Jess était une habituée des lieux, le barman la connaissait bien et il ne lui fallut pas longtemps pour leur servir leur consommation. Elle but une gorgée et se tourna de nouveau vers l’étranger.

« Ça fait longtemps, que tu les as découverts ? »

Elle parlait de ses pouvoirs. Elle avait un regard à la foi curieux, inquiet et fatigué. Comme souvent chez elle, d’ailleurs. Elle avait toujours ce regard parfois perdu, qui s’étend au large sans vraiment vouloir signifier quelque chose. Avant qu’il ne lui réponde, elle frotta son index et son pouce de la main gauche. Lorsqu’elle écarta les deux doigts, un petit arc électrique apparu entre les deux. Elle le monta à hauteur des yeux avant de la faire disparaitre.

« Je suis du même… élément, disons. Tu m’intéresses. »

Invité

Jess ? Va pour ça. Son seul prénom ne m'en apprendra pas plus sur elle, d'autant plus que ça ressemble plus à un diminutif. La suite me surpris un peu plus. Quatre ans c'est long, je suis tombé sur une habitué de l'endroit on dirait. Je continue de la suivre jusqu'à ce bar, ma foi fort bien décoré et à l'ambiance plutôt agréable. Qu'il n'ait pas était pris d'assaut par la jeunesse étudiante de l'île semblait relever du miracle. Le serveur servit rapidement les bières commandées par la dénommée Jess après que l'on se soit installés.

La boisson était fraîche et remplit avec efficacité son effet désaltérant. La demoiselle ne me laissa pas le temps de boire plus de deux gorgées avant de reprendre la parole. J'ai perdu l'habitude qu'on me pose des questions, vraiment, et encore plus d'en poser depuis que je suis arrivé à Awashima. Mettons ça sur le compte du changement brutal d'environnement et à ma capacité d'adaptation inhabituellement lente.

Je ne compris pas la question immédiatement, un peu perdu dans mon verre. Je réponds seulement à son regard curieux par le mien, exprimant l'incompréhension. Je ne sais si elle le compris, mais Jess frotta ses doigts avant de les écarter pour laisser apparaître le même arc électrique que celui que j'utilise pour allumer mes clopes. Bien que le sien ait l'air bien moins instable que le mien.

« Je suis du même… élément, disons. Tu m’intéresses.

- Ah, tu parles de mes pouvoirs... Ça remonte à quatre ans maintenant je crois. D'une manière un peu surprenante d'ailleurs ! »

Je finis ma phrase en rigolant. Il est vrai que découvrir qu'on peut contrôler l'électricité en prenant des coup de jus c'est plutôt comique.

« Et je pense que ton intérêt pour moi est de plus en plus réciproque ! »

Ôtez-vous toutes idées perverses ou sentimentales de la tête, il n'y a strictement rien à voir. La demoiselle est ici depuis longtemps et semble avoir une bien meilleure maîtrise de ses pouvoirs que moi si j'en crois mes impressions et l'assurance qui semble se dégager d'elle. Le genre de personne avec qui il est, à mon avis, bon d'entretenir des relations amicales plutôt que l'inverse. Je désigne mon verre, maintenant vide, et lève le bras en direction du serveur.

« Du coup vu que je sens qu'on va parler encore un peu je me permets d'en commander une deuxième, t'es partante ? Elle est pour moi celle là. »

Elle avait descendu la première avec un vitesse digne d’une personne qui n’avait pas bu depuis cent ans. Entre deux gorgées, elle l’écoutait bien évidemment répondre à sa question. Alors, comme ça, ça faisait quatre ans. La brune retomba un moment dans ses souvenirs : il y a quatre ans, c’était à peu près à ce moment-là qu’elle était arrivée sur cette île. Mais Jess n’avait pas découvert ses pouvoirs aussi « tard » qu’à son arrivée. Elle les avait découvert un peu plus tôt, et même pendant son enfance, bien que sa mémoire eut un intérêt certain à ne pas lui rappeler ce don qu’elle possédait. Alors, lorsqu’il évoqua une manière surprenante de découvrir cette étrange magie, ainsi qu’un intérêt réciproque, la suédoise n’avait plus aucune raison de lui refuser un second verre.

« Partante à cent pourcents ! Je crois qu’on a plein de chose à se raconter toi et moi. »

La jeune femme avait attendue qu’on leur ramène la deuxième tournée. C’est seulement après avoir goûté, avec plus de délicatesse cette fois, à son breuvage qu’elle se permit à nouveau de lui poser quelques questions.

« En manière surprenante de découvrir la chose, j’ai fait pas mal aussi. »

Elle lui offrit un léger sourire. Des souvenirs peu amusants, mais qui rendait en effet la découverte légèrement plus surprenante que ce que certains avaient pu vivre. Elle reposa son verre sur le comptoir et planta son regard dans celui de Kyle.

« J’ai une idée. Une question pour une question. Interdiction de mentir. Ça te va ? »

Le jeune homme face à elle semblait aimer poser des questions et ça tombait bien : elle aussi. Elle semblait plus calme qu’à leur rencontre. Certainement plus heureuse de ne plus avoir ces hommes qui lui courraient après. Et puis, dans ce bar, elle se sentait bien. Tenu par un ami et puisqu’elle y travaillait, elle avait déjà passé bon nombre de ses soirées ici et se sentait apaisée en ces lieux. Alors, elle se détendait un peu et laissait lentement entrevoir une partie d’elle qui n’était pas la sauvage que Kyle avait croisé dans la rue.

» A défaut du pardon, laisse venir l'oubli. [PV Castiel]
» Avis de tempête [PV Hiiag-kun]
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» Moi je ne voulais pas être dérangée, mais personne ne me laisse jamais en paix [Danny et Osnou]
» J'ai ça dans le sang.