A promise fulfilled feat. Elena Heart

Les évènements d'Hizumu paraissaient si loin, si irréels, et pourtant, ils étaient encore bien présents dans l'esprit de la belle américaine. Elle ne pouvait nier que ses rêves s'emplissaient de ces révélations, de ce murmure prenant la forme des personnes qu'elle aimait, prenant la forme de ce "bourreau" que semblait être ce Ghost. Mais comme Elena avait promis à son cher et tendre botaniste, elle avait gardé ses questions pour elle jusqu'à maintenant. Et malgré ses interrogations, elle n'avait guère à se forcer, elle profitait toujours des moments passés avec son Johan. Car la demoiselle à la chevelure d'ébène avait confiance en lui, il lui raconterait tout quand il serait prêt. Alors, à quoi bon, gâcher leurs douces heures passés ensemble à ressasser le passé ? Non, la Saruta ne faisait que lui montrer un peu plus qu'elle l'aimait par dessous tout, un peu plus qu'elle était là pour lui et qu'elle le serait toujours.

En ce jour de printemps où le temps était relativement clément, son beau néerlandais avait décidé de lui faire la surprise de prendre sa journée, profiter qu'elle n'avait pas cours pour organiser une petite sortie en couple, seuls, tous les deux. Elena n'avait aucune idée de ce qui l'attendait, son bien aimé restant relativement secret sur le sujet. Alors, sans trop savoir, elle avait revêtu sa robe bleu pastel, certainement la préférée de l'élue de son coeur. Bien sûr, elle n'oubliait jamais d'accrocher cette barrette de minéral qui renfermait l'une de ses précieuses fleurs d'hortensia, premier cadeau de son botaniste. L'air se faisant encore frais, la belle agrémenta sa tenue d'une petite veste en jean s'accordant à ravir avec sa tenue et son regard d'océan.

Ainsi, les paupières closes à la demande de Johan, elle avançait en toute confiance, se permettant pourtant d'ouvrir légèrement les yeux pour tenter de savoir ce qu'il lui préparait. Comme s'il s'en doutait, il l'avertit. Rosissant légèrement, elle lâcha un petit rire cristallin, presque innocent. "Mais non voyons, tu sais bien que ce n'est pas mon genre ..." Elle accueillit avec plaisir ses douces lèvres sur sa joue qui se colora un peu plus à ce geste. Un sourire taquin et elle tenta de l'amadouer avec une légère moue, toujours les yeux fermés. "Mais tu sais que je ne sais pas rester longtemps sans te contempler ..."

La belle américaine ne se fit pas prier lorsque le professeur lui permit d'ouvrir les yeux. Dévoilant ses iris d'azur, un peu éblouie par les rayons du soleil de printemps, son visage s'illumina à la vue du bâtiment. Un jardin botanique ... Sans doute ce qui pouvait plaire le plus à son aimé et elle en était ravie, car elle savait qu'il ne manquerait pas de lui insuffler son savoir. Elena aimait tant l'écouter parler des plantes, sa voix ancrée de passion et d'enthousiasme. Son regard énamouré se porta sur son bien aimé tandis qu'elle entrelaça ses doigts aux siens pour l'entrainer vers l'entrée.  Mais avant, elle se stoppa, se mettant sur la pointe des pieds pour lui voler un tendre baiser.

"Je sens que cette journée sera mémorable." Caressant doucement sa main de son pouce, se permettant de contempler quelques secondes ce regard balancé qu'elle aimait tant, elle reprit. "On y va mon coeur ?"

L'endroit était certainement l'un des meilleurs choix pour eux qui partageaient cette même passion pour la flore. Elena l'appréciait pour sa simple beauté, Johan certainement beaucoup plus pour la connaissance. Mais la belle américaine s'intéressait à ce que son botaniste pouvait lui apprendre des différents végétaux. Car elle avait développé son pouvoir sur ceux-ci, élargissant ses capacités magiques au delà de la maitrise des minéraux. Car grâce à lui, elle avait pu faire apparaître une Edelweiss parfaite pour le souvenir de sa chère mère, même si elle n'avait pu réellement lui offrir. Une Edelweiss associée à des larmes de tristesse et de nostalgie, tout un symbole pour la belle brune. Mais en ce jour, elle ne penserait pas à cela, ni même à sa mère, ne voulant guère entâcher cette journée qui serait sans doute parfaite puis qu'elle la passerait exclusivement avec son aimé. La Saruta n'avait besoin que de cela pour se sentir bien.

Oui, son visage s'était instantanément illuminé en découvrant le plan de leur journée. Des plantes, des fleurs, de toutes les sortes, de toutes les couleurs, chacune ayant leurs propres significations. Peut-être Elena aurait-elle la chance de pouvoir s'émerveiller devant un buisson d'hortensia, même si celui n'égalerait certainement pas la pousse trônant dans leur petit appartement. Comme toujours, la belle agrémenta son bonheur d'un baiser sur les douces lèvres de son néerlandais, ne pouvant tout simplement plus s'en passer. Un baiser qu'il lui rendit tendrement avant de l'entrainer à son tour vers l'entrée du bâtiment.

Tandis que Johan s'occupait de payer les places, toujours sa main dans la sienne, Ele se permit de scruter la pièce, observant d'un oeil curieux quelques espèces déjà présentes à l'entrée. La belle savait que son bien aimé ferait la sourde oreille à une quelconque protestation de sa part concernant l'argent. Son attention se porta ensuite sur le plan présenté par son néerlandais, écoutant ses explications sur les lieux. En effet, tout faire serait sans doute compliqué. Relevant les yeux vers lui, venant taquiner son cou de ses lèvres, elle se mit à son tour à rire.

"Surtout si tu te mets à dessiner chaque espèce !" Cette réflexion n'était aucunement méchante, ni à but de reproches, simplement, Elena le connaissait assez pour savoir que le botaniste garder toujours son carnet de croquis sous la main. Elle poursuivit : "Mais je serais ravie que tu me destines quelques croquis en souvenir de cette journée." Ce qu'elle pouvait aimer ses dessins, ce tracé fin et minutieux. Elle adorait lorsqu'il rentrait muni de l'un d'eux pour le lui en faire cadeau. Se reportant sur le plan, l'américaine pointa une zone du doigt.

"J'aimerais commencer par la zone extérieure ! Il y aura peut être des plants d'hortensia ? Et ensuite, les plantes aquatiques ! Enfin ... Si tu es d'accord, je suis sûre qu'il y a une zone qui doit t'attirer plus que les autres ?"

Son regard d'océan se posa sur lui avec une légère moue.

"Tu veux bien être mon guide ?"

Une journée loin de leur quotidien de la cité de Kousha, loin du petit lotissement du professeur que Johan était et où Elena avait dorénavant élu domicile, loin des tracas les hantant depuis les évènements de la Tour. Le jeune couple le méritait amplement, tout autant que ce chocolat chaud tant rêvé qu'ils avaient pu déguster l'un contre l'autre à leur retour, lorsque les montres avaient repris leur habituel "tic-tac". La belle américaine ne pouvait être qu'heureuse de ressentir cette joie de vivre chez son aimé, bien mieux que ce visage triste qu'elle avait pu voir dans ce "faux" parc. Elle aimait profiter des sourires qu'il lui adressait continuelle, son regard énamouré qu'il ne réservait qu'à elle et ses petites attentions particulières.

Le néerlandais avait certainement raison, ils ne pourraient sans doute pas faire le tour complet du jardin, lui qui possédait cette manie de dessiner avec précision tous végétaux attirant son oeil expert et scientifique. Mais la demoiselle à la crinière de jais ne pouvait lui en vouloir, et bien au contraire, elle n'était pas contre voir cette lueur d'émerveillement et d'intêret dans ses iris balancés de vert et de brun. Souvent, l'étudiante s'amusait en observant l'air concentré de son botaniste lorsqu'il couchait sur papier ce qu'il avait face à lui. Il avait un talent certain pour cela et Ele n'en était que plus fière. Mais quand bien même, elle ne manqua pas de lui lancer une petite taquinerie à ce sujet, ayant parfaitement conscience qu'elle avait raison, elle ne le connaissait que trop bien. Comme toujours, sa réponse fut tout simplement parfaite et particulièrement adorable. Bien sûr qu'elle le savait, Johan ne pouvait tout simplement rien lui refuser.

Aussi, se serva-t-elle de l'un de ses principaux atouts qu'était cette moue qu'elle ne réservait qu'à lui, plus pour le faire craquer que pour le faire accéder à sa requête qui n'était que réthorique. La belle savait y faire avec son néerlandais, mais simplement pour ajouter quelques taquineries à leur douce idylle. Son choix se porta tout d'abord sur les jardins extérieurs, dans l'idée de pouvoir contempler un massif d'hortensia, pour ensuite se diriger vers l'univers des plantes sous-marines. Johan n'ayant pas de préférence de son côté, Elena s'accrocha à son bras afin d'atteindre les jardins.

L'endroit était tout simplement magnifique, tirant même vers le côté utopique. La beauté de la flore restait inégalable selon les pensées de l'américaine, elle qui avait vécu principalement en milieu urbain, elle n'avait que peu profité de massifs de fleurs. Ses pupilles d'océan furent immédiatement attirée, non pas par cette immense fleur qui trônait sous cette lueur dorée, mais sur ce massif d'hortensias malheureusement encore bourgeonnant. Pourtant, la Saruta ne put s'empêcher de river son regard dans cette direction. Mais bien entendu, le centre d'intérêt de la belle n'échappa guère à son bien aimé qui lui souffla quelques mots à l'oreille qui eut pour mérite de transformer son expression légèrement déçue en large sourire. Comme toujours ... Elle leva les yeux vers lui, ne ratant pas cet air mystérieux qu'il prenait dès qu'une idée émergeait dans son esprit.  

La belle n'eut simplement qu'à le regarder pour comprendre son intention, fixant le massif de fleurs encore vertes qui s'épanouirent instantanément, lui offrant un magnifique spectacle qui élargit un peu plus le sourire sur ses lèvres. "Beaucoup mieux ..." Elle se permit de l'attirer un peu plus vers les hortensias se stoppant face à elles pour poser sa tête contre l'épaule de son homme. "Je suis sûre qu'elle n'aurait pas pu être aussi belles sans ta magie !"

Un air malicieux, elle se détacha de lui pour se placer devant lui, signe qu'elle aussi avait une idée en tête.

"Il est temps de sortir ton carnet tu ne crois pas ?" Le regardant tendrement, elle ajouta quelques mots. "Je suis sûre que tu en meurs d'envie !"

La belle américaine était tout simplement émerveillée par ce simple massif, boosté par la magie de son bien-aimé, pour elle, pour voir l'illumination sur son visage. Elena le savait, Johan restait prêt à tout pour elle comme elle était prête à tout pour lui. Une complicité et une envie de voir sourire l'autre présentes depuis le premier jour. Dire qu'à son arrivée, elle se morfondait, seule sur un banc. Dire qu'il ne lui avait fallu qu'apercevoir ce regard doux et balancé pour faire naitre un sourire timide, pour faire battre son coeur comme jamais. Dans ses pupilles d'océan brillait une lueur d'innocence, presque enfantine en voyant ce que son botaniste avait fait pour elle, se rapprochant de lui pour allier à la fois cette vue magnifique à la présence réconfortant de son aimé.

Pour la belle à la crinière d'ébène, cette flore n'aurait pu être aussi belle s'il n'y avait pas mis ce petit brin de magie, de son don si fabuleux avec lequel il ne cessait de créer des symboles, pour elle, toujours pour elle. Relevant ses iris azurés vers lui, elle eut la joie de voir apparaitre une légère couleur rosée sur ses joues, phénomène si rare chez lui qu'Ele considérait à chaque fois comme une petite victoire, contrairement à elle qui ne cessait de rougir face à lui. Ses lèvres vinrent simplement effleurer cette zone faiblement colorée, espérant l'étendre un peu, avant qu'elle ne se poste devant lui pour lui proposer de sortir son cher carnet à croquis.

Une expression presque victorieuse sur le visage harmonieux de la belle new-yorkaise, elle le connaissait si bien comme il l'évoquait. Même si à cet instant, elle aurait pu penser à ces zones d'ombre concernant son passé, mais la journée ne s'y prêtait pas. Alors elle s'écarta pour lui laisser le loisir de se concentrer sur le massif.

"Prends ton temps, je sais que ce sera parfait."

Elena le suivit lorsqu'il recula de quelques pas, l'artiste ayant besoin d'un peu de recul pour coucher la scène sur le papier. Elle resta là, à ses côtés pendant que sa mine traçait les contours sous ses doigts experts, sans trop l'approcher pour ne pas le déranger. Patiente, son regard se posait tantôt sur l'œuvre si réaliste, tantôt sur l'air concentré de l'élu de son coeur, un petit sourire amusé se dessinant sur ses lèvres. Avant qu'il ne finisse, elle profita longuement de pouvoir le contempler dans cet état de de concentration, se mordant la lèvre pour s'empêcher de le déranger par un geste d'affection ou un compliment.

Lorsqu'il eut terminé, lui présentant son travail achevé, Elena ne put s'empêcher d'en rester bouche bée comme à chaque fois. Elle aurait presque envie de laisser ses doigts parcourir la surface légèrement granuleuse du papier, mais ne le fit pas de peur d'abimer le croquis, le graphite n'était peut être pas encore totalement fixé sur celui-ci.

"C'est magnifique Johan ..." Une idée émergea dans son esprit. "Et si on le faisait encadrer pour l'accrocher à l'appartement ? En souvenir de cette belle journée ?" Tendrement, elle vint caresser sa main, restant fixée sur ce cadeau qu'il venait de lui faire. "Tu es si doué, j'aimerais tellement pouvoir en faire autant."

Mais rapidement, elle se reprit, se rendant compte qu'il ne finirait vraiment jamais cette visite si elle restait plantée devant chaque plante qu'elle aimait. Son regard scruta le jardin, se posant sur la flore immense et illuminée non loin.

"On continue ? Sinon, tu me connais, je vais rester planté toute la journée devant cet hortensia ... J'aimerais bien aller voir de plus près cette immense fleur là bas ? Tu penses que cette espèce existe vraiment ? J'ai plutôt l'impression qu'elle a été créée par magie, elle est tellement irréelle ..."

Lorsqu'Elena observait Johan dans sa plus grande concentration, elle ne pouvait que songer à ces histoires qu'elle avait pu écrire par le passé, ces nouvelles que personne n'avait pu lire, puisque bien cachée dans un cahier au fond d'un tiroir. Tout simplement parce que l'étudiante en lettres ne se pensait guère assez douée pour les faire publier, ou tout simplement pour les faire lire à qui que ce soit. Ce secret, si peu important pourrait-il être, et pourtant il l'était pour elle, l'américaine ne l'avait même pas encore partagé avec son botaniste. Oh, il savait que la belle était très fleur bleue, mais savait-il qu'elle l'était au point d'écrire des histoires de romance emplies de bonheur ou de chagrin ? Ces récits reflétaient quasiment tous l'idée que la jeune femme avait de l'amour avant de rencontrer son âme soeur. Car maintenant, elle n'éprouvait plus le besoin d'inventer des histoires aussi belles les unes que les autres, puisque son idylle était tout simplement parfaite, dépassant même tout ce qu'elle avait pu imaginé. Car même si elle avait conscience qu'elle ne le connaissait pas encore par coeur, son botaniste était son idéal, sa bouffée d'oxygène dans ce monde parfois si triste et cruel.

Même si elle avait cessé de parcourir son cahier à la pointe de son stylo-bille souvent mordillé en son bout, un toc qu'elle n'était jamais parvenu à stopper, Ele ne pouvait se résoudre à se débarasser de ces anciennes histoires, ni à en faire part à son néerlandais. Pourtant, elle savait qu'il ne se moquerait certainement pas d'elle, mais quelque part, ce serait dévoiler son innocence, sa naïveté. Car jamais aucun d'eux n'avait abordé leurs anciennes histoires, inexistantes du côté de la belle saruta. Le professeur en biologie avait été le seul à qui la demoiselle au regard topaze avait offert son coeur, le seul jusqu'à maintenant à avoir ressenti le goût de ses lèvres et pour Elena, il resterait le seul, c'était tout ce qu'elle espérait au fond d'elle.

Son oeuvre s'avérait sans surprise parfaite et minutieuse, si bien que l'américaine voulait l'exposer dans le nid douillet. L'hortensia était et resterait sa fleur préférée, surtout qu'elle était pour elle, et même pour eux, le symbole de leur amour. Jamais, elle ne pourrait oublier ce jour où elle l'avait rencontré, où il lui avait offert cette première pousse d'hortensia, créée par magie simplement pour lui démontrer qu'ils n'avaient pas à cacher leur nature sur cette île. La douce ne put s'empêcher de le complimenter, appréciant une nouvelle fois le rose colorant un peu plus perceptiblement ses jours. Ce n'était pas grand chose selon, et pourtant, cela signifiait tellement pour elle. Lorsque Johan évoqua le fait d'y ajouter de la couleur, Ele s'en réjouit immédiatement.

"Bien sûr, ça ne ferait qu'embellir ton oeuvre."

Elena émit ensuite le souhait de s'approcher un peu plus de cette immense fleur qui avait semblé tant intrigué son bien aimé lorsqu'ils avaient pénétré dans les jardins. Elle ne pouvait nier sa propre curiosité également, même si, au contraire de son botaniste, elle n'était pas scientifique. Juste, elle appréciait les merveilles de la nature, elle qui était si bien faite. Ainsi, sans se presser, ils déambulèrent bras dessus bras dessous sur le sentier de terre qui leur offraient de nombreuses espèces de plantes et de fleurs qu'Elena ne connaissait guère. Bien sûr, elle ne se gênait pas pour poser quelques questions à leurs sujets, profitant des commentaires experts de son guide personnel. Tout comme elle pourrait lui parler de littérature à tout va, la belle avait confiance envers le savoir de Johan.

Et ils arrivèrent devant cette fleur immense aux couleurs vives. La belle cligna plusieurs fois des yeux tant elle l'a trouvé étonnante et presque éblouissante sous cette lumière de dorure. Elle ne semblait guère être la seule à être impressionnée et de nouveau, le néerlandais partagea son expertise avec elle. Il lui apprit donc qu'il s'agissait d'une rafflésia, l'américaine songea un instant en avoir déjà entendu parler, mais elle le laissa continuer, lui révélant que le spécimen qu'ils avaient sous les yeux n'avait guère une couleur habituelle.

Déjà, la belle pouvait voir cette curiosité et cette intrigue dans son regard balancé. Et devant cette gêne soudainement perceptible sur les traits de son botaniste, elle hocha négativement de la tête. "Non, non, absolument pas !" Elle lui sourit, cherchant à croiser son regard pour l'encourager. "Au contraire, profites-en, je suppose que ce n'est pas tous les jours qu'un tel spécimen se présente à toi !" Tout comme elle le ferait certainement si elle se trouverait face à un ouvrage rare et ancien. Scrutant les alentours, elle chercha du regard l'un des employés du jardin, tirant un peu sur la manche de Johan. "Peut-être devrais-tu questionner l'un des botanistes, il pourrait t'en apprendre plus ?" Elle rit un peu, tirant un peu la langue. "Et s'il te plait, ne t'inquiètes pas pour moi, j'aime te voir comme ça avec ton air concentré."

Fixant la plante, elle questionna un peu son aimé.

"Tu as dû beaucoup voyagé à l'époque pour tes recherches n'est-ce pas ? Est ce que ... ça te manque ?"

Ce petit chemin de terre bordé d’essences en fleurs et aux senteurs douces et parfumées qu’ils avaient emprunté avait été l’occasion pour la botaniste de partager un peu plus son savoir. Il n’était pas là pour s’en vanter, ou pour impressionner qui que ce soit avec ses connaissances, mais juste pour le partager avec sa bienaimée qui ne manquait jamais de lui poser une foultitude de questions. Il est vrai qu’elle n’avait pas vraiment eu la chance de grandir au milieu de la verdure, c’était même tout le contraire. Bien que le célèbre « Central Park » de New-York était de taille impressionnante, cela ne restait qu’un rectangle bien taillé perdu dans un océan de béton et de bruits. Très éloigné de la notion même de bois ou de forêt, ces constructions humaines n’arrivaient jamais à retranscrire parfaite le chaos organisé de la Terre-Mère. A peine arrivaient-ils parfois à s’en approcher, sans jamais pouvoir frôler cette perfection du doigt. Et pourtant, dans ce parc perdu sur une Île elle-même perdue, semblait s’en approcher, rendant la visite encore plus agréable pour le néerlandais. Soleil, verdure, et son aimée à ses côtés, sa douceur illuminant chacun de ses pas, qu’aurait-il pu souhaiter de plus en cet instant ? Il eut même de quoi assouvir sa curiosité scientifique débordante au bout de ce chemin en rencontrant cette fleur à la fois familière et pourtant très étrange.
Une Rafflésia géante, d’une couleur des plus exotique et à la senteur très éloignée de la pourriture habituelle. Un mystère fascinant, mais uniquement pour un botaniste. Les autres visiteurs n’avaient dû guère s’attarder plus que cela sur cette fleur pourtant fascinante, ou même tenter d’échafauder diverses théories sur le pourquoi de son existence. Seulement, bien vite, Johan retint bien vite le flot de ses paroles et de ses pensées. Le jour n’était pas au travail et bel et bien consacré à son amour. Il n’était pas question qu’il s’emporte de la sorte... Lui aussi avait bien de droit au repos de temps à autre, non ? Et il comptait bien profiter de ce repos bien mérité, encore plus après l’éprouvante journée du temps stoppé. Mais au contraire, Elena l’encouragea à continuer, l’incitant même à aller à la rencontre des botanistes associés au parc. Peut-être avaient-ils les réponses effectivement, mais Johan n’avait pas du tout dans l’idée d’aller les trouver.

« Mais, où est le plaisir du mystère si on te raconte tout ? J’ai une meilleure idée. »

Il se détacha de son aimée, et récupéra une nouvelle fois son catalyseur. La magie est et serait toujours sa meilleure aillée pour ce genre de mystère. Il s’accroupit face à la fleur impressionnante et piqua simplement le bout d’un des pétales de la pointe de son critérium. La fleur pouvait lui en dire bien plus que toute une armée de scientifique. C’est ainsi que, durant une ou deux minutes, il analysa la fleur à l’aide de son don. Ceci fait, il se releva et rangea son instrument. Il sourit avant de donner ses conclusions.

« C’est fascinant, cette plante n’est plus un parasite mais vit en symbiose avec cet arbre. C’est un échange mutuel pour permettre leur survie à tous les deux. »

Puisque sa curiosité avait été remplie, il n’avait guère de raison de s’attarder plus que de raison ici, ou alors il allait commencer à se lancer dans une analyse complète de la composition du sol et dieu sait à quelle heure il aurait terminé. Quand il revint au côté d’Elena, venant entrecroiser ses doigts aux siens, elle lui posa une question qui l’interpela légèrement. Il décida de lui répondre en chemin continuant ce chemin de terre qui finirait tôt ou tard par les mener à la section des plantes aquatiques.

« Pour tout dire, avant d’arriver sur l’Île, je revenais d’un voyage de recherche au Brésil, donc oui, on peut dire que j’ai pas mal voyagé. » Il marqua une légère pause avant de continuer. « Quant à dire si ça me manque, oui et non. C’est toujours intéressant de découvrir de nouvelles cultures et de nouveaux endroits, mais, j’ai tout ce dont j’ai toujours rêvé ici. Je m’y sens chez moi, peut-être même plus qu’aux Pays-Bas. » Il continua la conversation sur le même sujet. « Et toi ? Si on pouvait quitter cette Île, tu aimerais voyager ? Partir à la découverte du monde et des civilisations ou juste faire du tourisme. »

Ils étaient bien là, tous les deux, Elena profitant de ce que pouvait lui faire découvrir son botaniste préféré. Elle savait à quel point la passion et la curiosité pouvaient l'emporter dans un lieu si naturel où la végétation régnait. Et pour preuve, il y avait cette lueur d'intérêt dans ses iris colorés de vert et de brun qui pouvaient en un seul instant virer au gris souris lorsqu'il usait de sa magie. La belle américaine ne pouvait empêcher l'élu de son coeur d'analyser cette plante si formidable, elle ne le priverait pas de ce droit, tout comme elle pouvait respecter toutes ces plantes envahissant leur appartement.

L'étudiante en lettres était presque désolée de ne pas être en mesure de répondre aux interrogations de son bien aimé quant à cette rafflésia inhabituelle, mais tout de même, elle voulait trouver une solution pour lui, pour lui montrer qu'elle s'y intéressait tout autant que lui. Aussi, lui suggéra-t-elle de se rapprocher de l'un des botanistes s'occupant du jardin qui auraient certainement de nombreuses informations à lui fournir. Mais au contraire de ce qu'elle pensait, Johan refusa, gardant toujours ce côté énigmatique qui lui allait si bien.

Fronçant légèrement les sourcils, signe que la saruta ne savait guère où son néerlandais voulait en venir, elle ne posa aucune question, préférant l'observer de nouveau, de toute façon, il ne lui dirait rien, préférant garder le mystère de son idée. Il sortit de nouveau son porte-mine, un simple objet qui était pourtant si précieux, servant de catalyseur à son don. Bien qu'elle s'attendait à ce qu'il sorte également son carnet pour immortaliser la vue de cette fleur, il n'en fit rien, s'accroupissant devant celle-ci avant de la piquer de la pointe de son crayon. Ele resta silencieuse, se doutant qu'il était capable de comprendre la flore de cette façon, grâce à ce don qui le reliait à la terre. Malheureusement pour elle, elle-même était incapable de cela, certainement trop peu liée à la flore contrairement au botaniste.

Peut-être pourrait-elle en faire de même avec les minéraux ? Mais malheureusement, l'occasion de croiser un minerai dans la nature était bien rare, à moins certainement d'explorer des grottes, et encore ... D'ailleurs, l'ombre d'un instant, elle resta pensive, se demandant si cette île renfermait des minéraux inconnus. Mais la réflexion fut de courte durée puisque la belle préféra écouter avec attention les conclusions de son aimé. Elle esquissa un sourire à celles-ci.

"Et bien, il semblerait que cette île renferme beaucoup plus de mystères qu'on le pense. Tu crois que cela peut-etre dû à une quelconque magie ?"

Elle ne sentait gênée, rosissant un peu face à cette ignorance. Elle avait beau travailler quotidiennement avec le botaniste, Elena n'était en rien scientifique et avait parfois du mal à comprendre certains sujets de recherche de son compagnon. Bien sûr, elle aurait tellement souhaité l'impressionner en évoquant quelques hypothèses bien pensées, mais elle en était incapable. Son don en restait aux minéraux, mais aussi à la littérature. Bien entendu, l'étudiante pouvait effectuer une analyse plutôt fine du moindre livre qu'on lui confiait, amenant parfois à des conclusions plutôt intéressantes, mais ceci ne serait en rien une avancée pour le monde. Ses doigts fins vinrent rejoindre les siens, tandis qu'elle se permit de les serrer affectueusement.

Certainement pour dissimuler cette "honte" qu'elle ressentait, elle préféra le questionner un peu plus, mais cette fois, sur lui et non sur les plants les entourant. Il ne parlait jamais de son passé et même si Johan lui avait fait promettre d'éviter les questions dérangeantes, elle jugeait que celle-ci ne l'était guère, se doutant qu'elle ne concernant pas la période de sa vie qu'il lui dissimulait encore à ce jour. Ce fut en continuant la visite qu'il lui répondit, Elena portant plus son attention sur lui que sur ce qui les entourait cette fois. Elle avait toujours tendance à boire la moindre de ses paroles, si fascinée par cette homme qu'elle pouvait considérer maintenant depuis plusieurs mois comme sien.

Il évoqua un voyage au Brésil avant son arrivée sur l'île, ainsi il avait déjà mis les pieds sur le continent américain. En un sens, la jeune femme le voyait chanceux, puisqu'elle n'avait jamais eu cette opportunité de voyager, sa mère passant plus de temps au travail qu'au repos. C'était certainement pour cela qu'elle comprenait les motivations de Johan, même si elle jugeait qu'il s'infligeait une charge de travail beaucoup trop importante. Même si cela n'aurait pas dû la surprendre, ce fut tout de même le cas lorsque le néerlandais lui fit savoir qu'il se sentait mieux en ces lieux. Même si elle le savait friand de pouvoir utiliser son don comme bon lui semblait et qu'il pouvait découvrir des plant jusqu'à maintenant inconnus, la belle savait bien que sa présence était en grande partie responsable de son bien-être. Tout simplement car elle aussi, elle ressentait la même chose. Il vint à la questionner sur le même sujet et Elena réfléchit un instant avant de répondre, baissant la tête, un peu hésitante.

"Et bien ... Pour être honnête, si j'avais l'occasion de quitter cette île ... Je pense que je retournerais à New-York, pour fleurir la tombe de ma mère et te faire découvrir cette ville dans laquelle j'ai vécu toute ma vie." Sa mère était encore bien présente dans l'esprit et le coeur de la belle, mais elle ne voulait guère peiner son aimé en évoquant encore une fois ce manque qui la tiraillait. Un léger sourire, elle releva ses yeux vers les siens. "Mais comme on se l'est promis, j'aimerais visiter ton pays et ce parc ... pour de vrai ..."

Ils en arrivèrent à la zone des plantes aquatiques, la première se situant en plein soleil, comportant des petits bassins superbement aménagés. La belle se fixa sur l'une des plantes, se réjouissant d'en connaitre le nom et pour impressionner son botaniste, elle l'entraina jusqu'à elle. "Oh regarde, ce sont des lys d'eau tropicaux ! C'est si joli ..." Elle pointa les petites fleurs colorées de plusieurs teintes émergeants de l'eau, fière de pouvoir à son tour exposer au moins un petit peu de connaissance. Rosissante, elle lança un regard gêné vers Johan. "Bon j'avoue, je ne sais que les reconnaitre, je n'ai aucune idée de leurs besoins ou autres ... Je les ai simplement vues dans l'un des livres de ta bibliothèque ..."

Le simple fait de sentir cette légère pression sur ses doigts la réconforta, la forçant à sourire et à poursuivre leur sujet de discussion. Une nouvelle fois, son bien-aimé lui promettait de l'emmener un jour dans son pays natal pour ensuite faire le voyage jusqu'aux Etats-Unis pour que l'américaine puisse fleurir la tombe de sa chère mère. Elena ne put s'empêcher de rire un peu avec lui lorsqu'il évoqua sa grand-mère, il lui avait tant parlé. Caressant sa main de son pouce, elle commenta ses mots, quelque peu touchée par ceux-ci.

"Et je suis sûre que ce sera réciproque, cette femme est tellement importante pour toi que j'aimerais moi aussi la connaitre."

L'arrivée dans la zone des plantes aquatiques eut pour effet d'enthousiasmer la jolie brune qui reconnait dans l'immédiat une fleur qu'elle pouvait nommer, un nénuphar tropical en quelque sorte. Ce fut fièrement qu'elle énonça qu'il s'agissait de lys d'eau tropicaux, mais ajouta avec une légère gêne qu'elle n'en savait guère plus sur le végétal. Le botaniste dut ressentir cette honte qui s'emparait d'elle puisqu'il ne tarda pas à la rassurer, admettant qu'il était lui même incapable de discerner un minéral d'un autre. Comme s'ils avaient eu une sorte de transmission de pensées, il proposa de se renseigner quant à l'existence d'un lieu abritant les différentes pierres sur l'île.

"J'aimerais beaucoup !" Elle lui lança un sourire taquin. "J'espère au moins que tu saurais reconnaitre du quartz rose !" L'étudiante n'en doutait guère puisqu'il en avait un petit échantillon dans sa poche à cet instant même, pierre qui ne le quittait jamais depuis qu'elle le lui avait offerte.

La belle profita de son baiser sur la joue pour lui en voler un rapidement sur les lèvres avant de continuer leur visite parmi les différents bassins regroupant de nombreuses espèces végétales là aussi. Le néerlandais finit par attirer l'attention d'Elena vers une ribambelle de fleurs colorées qui eurent également pour mérite de l'émerveiller. Le botaniste lui décrivit l'espèce, lui proposant d'en cultiver dans leur appartement.

"Oh c'est une excellente idée, j'aimerais beaucoup !"

Doucement, elle lâcha la main de son aimé afin de s'avancer un peu mieux vers les plantes nommées Callas, voulant inhumer le parfum de celles-ci. Avec précaution, elle tenta de se pencher un peu, mais ce fut sans compter la berge humide, et sans pouvoir se retenir, Elena glissa irrémédiablement dans le bassin avant de tomber directement sur les fesses, attirant les regards des visiteurs qui ne tardèrent guère à s'associer de rires. Le niveau n'étant pas très élevé, la jeune femme n'était aucunement en danger et la scène restait plutôt comique en soit. Honteuse, rougissante jusqu'aux oreilles, l'américaine baissa les yeux pour éviter le regard des gens et surtout celui de son botaniste.

Fidèle à lui-même, celui-ci se hâta d'aider sa belle à sortir de l'eau, non sans offrir un certain spectacle avec sa robe pastel et légère ... Certainement au bord des larmes, prise de frissons, elle se blottit contre Johan, cherchant à se faire oublier le plus vite possible, bredouillant quelques excuses à son encontre.

"Je suis désolée ... Je voulais juste ... sentir leur parfum ... J'ai froid ..."

Pourquoi avait-il fallu qu'elle s'avance si près du bord  sans penser une seconde que la berge humide restait un terrain glissant ? Elena n'avait pu éviter la chute, ni la honte qui s'ensuivit lorsque les rires des passants s'élevèrent de bon coeur. Oui de l'extérieur, la scène était plutôt comique mais l'américaine détestait plus que tout lorsque l'attention se portait sur elle et uniquement elle. Ce qu'elle pouvait avoir honte, ce qu'elle pouvait en rougir ... Elle frissonnait, n'osant même pas lever son regard océan larmoyant vers son aimé. Oh si elle avait pu, elle se serait enfouie dans un trou de souris pour se faire oublier.

Des bras la soulevèrent et la saruta n'eut guère besoin de vérifier qui lui venait en aide, Johan ne l'aurait jamais laissée dans une situation embarrassante sans tout faire pour qu'elle s'en sorte. Un léger coup d'oeil vers lui et bien qu'elle n'en avait pas douté, la belle put constater que son néerlandais n'avait esquissé aucun sourire mais remarqua également quelques rougeurs sur ses joues. Elle était bien trop perturbée pour se rendre compte du pourquoi, préférant se blottir contre ce corps réconfortant tout en lui présentant des excuses. Leur journée si parfaite venait d'être gâchée, par sa maladresse ...

Des bras se refermèrent autour d'elle, la réchauffant et diminuant les frissons parcourant sa peau d'albâtre. Là, Elena se sentait si bien et en sécurité. Là, il ne pouvait rien lui arriver, dans cette étreinte douce et réconfortante. Nichant son nez dans cet éternel pull vert, elle écouta la douce voix et rassurante de son botaniste, l'aidant à faire abstraction des rires autour d'elle qui commençaient enfin à s'éteindre. L'américaine avait sans doute égayer la journée de beaucoup de monde. Une promesse de chocolat et à son grand regret, Johan se détacha d'elle, ôtant son pull pour le poser sur ses épaules. Elle avait si froid ... Aussi, elle acquiesça à sa proposition avant d'accueillir les lèvres de son bien aimé.

"Oui ... Un peu mieux merci ... Je veux rentrer ..."

Serrant le pull pour recouvrir sa poitrine, elle vint de nouveau se blottir contre son amour lorsqu'il l'attira à lui pour sortir du bâtiment. Elena ne s'en détacherait guère de si tôt, en tout cas, pas avant qu'ils ne soient arrivés à leur appartement. La honte prédominait toujours chez elle bien que pourtant, il était certain que Johan était bien loin de lui en vouloir, lui qui lui promit de revenir visiter ce jardin. Une petite moue enfantine mais enfin dénuée de ce regard larmoyant, elle lui promit de son côté de ne plus s'approcher de l'eau lorsque l'occasion se présenterait à nouveau.

Même si Elena ne se sentirait pas prête à y retourner les semaines suivantes, une fois de plus, elle se surpasserait pour faire plaisir à l'élu de son coeur.