Forget the wrong that i've done [PV Castiel]

Tu es là, à quelques mètres de ton ancien logement. Tu inspires profondément et expires lentement avant de détourner le regard, cherchant un peu de courage dans les yeux de ton compagnon. En réalité, tu n'as jamais ressenti une telle peur, une angoisse si ... prenante. Tes doigts se crispent autour du colis que tu tiens en main avant d'avancer lentement. La marche te paraît si longue alors que tu n'es pourtant pas loin du tout. Tu arrives enfin devant la porte, ton coeur bat à tout rompre. Tu poses ta main sur la poignet et hausses un sourcil lorsque tu constates que la porte n'est pas verrouillée. De ton temps, Castiel était pourtant obligé de fermer à clé lorsqu'il était seul.

Tu souffles, tu n'as plus le droit de lui donnet des ordres. Tu n'as plus le droit de rien le concernant. Tu ouvres donc la porte, entres dans la maison. Rien n'a réellement changé et tu constates que la petite baby-sitter a bien entretenu le lieux. Tu mets un pied devant l'autre, sans faire de bruit avant de te diriger vers la porte de la chambre du jeune blanc. Une nouvelle fois, tu ressens le besoin d'inspirer alors que tu déglutis. Tu poses ta main sur le panneau de bois comme pour ressentir des ondes.

Tu restes immobile quelques minutes. L'affaire d'un instant, tu songes à faire demi-tour et à t'enfuir. Mais tu sais bien qu'Abel ne te laisserait pas faire. Tu finis donc par sauter le pas, ouvrant la porte. Là, tu restes sur le pas de la porte alors que tu revois enfin ton petit frère. Il est allongé, dans son lit, il ne bouge pas. Est-il endormi ? Tu t'inquiètes alors que ton palpitant poursuit son rythme. Tu avances, doucement, pour arriver devant son lit.

Délicatement, tu t'assois à ses côtés. Tu es émue d'être à ses côtés, tes doigts glissent dans sa tignasse de neige avant qu'ils ne caressent sa joue. Un léger sourire, un peu triste, s'épanouit sur tes lippes alors que tu te décides enfin à te dévoiler.

"Bonjour, petit frère."

Heureusement tu avais réussi à échapper à cette sortie scolaire et pourtant tu étais malheureux. Voir les animaux aurait été tellement sympathiques, à ce qu’il parait il y avait même des tortues. Mais bon, tu devais grandir et vite ! Tu devais te poser les bonnes questions, adopter le bon comportement. Il allait te falloir ignorer ton « ancien » toi pour évoluer. Car à ce rythme plus rien de bon n’allait t’arriver. Eiko n’allait pas toute sa vie te garder, déjà au regard de ton âge avoir une baby-sitter était assez dégradant. Tes camarades de classe ne manquaient pas de te le rappeler d’ailleurs. Tu soupirais pour finalement te redresser de ta position et regarder l’état de santé de tes tortues. Tout allait bien.

Il y avait plusieurs cartons contenant tes livres, romans policiers que tu affectionnais et le contenu de tes étagères. Voulant t’ôter la vie auparavant tu avais tout rangé. Même les mangas étaient désormais dans la chambre d’amie qui avait été attribuée à Eiko. « Eiko… » Ton cœur se serrait et tu étais de nouveau à deux doigts de pleurer, curieuse manie qui était devenue habituelle chez toi ces dernières semaines. Car avec les récents événements tu avais compris qu’il allait te falloir lui demander de quitter les lieux. Toi aussi tu allais partir bien évidemment. Ton plan était tout tracé en réalité. Tu déposeras Sharko et Velvet chez Nate et partirai à la recherche d’un travail.

Mais pour quel travail Castiel ? Tes doigts abîmés sont tout juste bon à tenir un crayon, tu n’as aucune formation et aucun diplôme. Tu as vécu durant des années sous l’aile de Tihana et tu es bête comme tes pieds. «Je sais pas. » Oui tu commençais à parler tout seul. Aurais-tu développé la même maladie que ta sœur ? « Je sais pas. » Quelle joie de te voir nous répondre ainsi ! Apparemment il y aurait des petits studios pas très chers dans les autres quartiers de la ville, tu commencerais là-bas. Peut-être que tu pourrais livrer des journaux, tout le monde était capable de le faire ça non ? « Je sais pas. » Serais-tu rayé Castiel ?

Cette fois tu ne nous répondais pas, préférant de nouveau t’écrouler sur ton lit. Tu es torse nu, un simple short pour vêtement et tu enfouissais ta tête dans l’oreiller. La porte s’ouvrait, Eiko était déjà donc de retour. Tu allais devoir lui avouer tes projets d’avenir. Inutile de revenir à l’école, tu ne voulais plus subir les humeurs de tes camarades, inutile d’étudier donc. Tu te mords la lèvre, cherchant à lui dire lorsque tu as une idée. Si tu lui laissais la maison ? Bien que trop grande elle pourrait en faire ce qu’elle souhaite, ce qui n’est pas négligeable.

Tu sens que le matelas s’enfonce légèrement… Eiko était à coté de toi comme toujours depuis le départ de ta grande sœur. Tu ne réagis pas, ne sachant pas comment aborder le sujet. Peut-être allait-elle te passer un savon pour avoir une nouvelle fois sécher les cours ? Elle te caresse les cheveux puis la joue. Et avant même que cette voix familière ne s’élève tu avais deviné. C’était Tiha, ta grande sœur était de retour et alors que tu te redressais, étonné de sa présence.

C’était impensable, cette scène tu l’avais passé et repassé en boucle dans ta tête jusqu’à te convaincre que plus jamais elle n’existerait et pourtant. Tes doigts effleurent sa joue, timidement puis plus facilement. « Tu es vraiment là. » Murmurai-tu avant de voir une perle lacrymale couler le long de ta joue puis une nouvelle et une autre jusqu’à éclater en sanglot. Même pour ta sœur te voir dans cet état devait être un choc, très rarement elle t’avait vu pleurer mais jamais à ce niveau. Ta main tremble et quitte sa joue alors que tu te jettes dans ses bras. Ce n’était pas une hallucination, elle était là.

Son regard se pose sur toi. Tu ne parviens pas à déchiffrer ce qu'il y abrite. Tu sens ses doigts flatter lentement ta joue. Tu ne tressailles pas. La sensation n'est pas la même qu'avec Abel, mais pourtant tu te sens émue. Il ouvre enfin la bouche, peut-être pour s'assurer qu'il ne rêve pas. Cette larme que tu vois rouler sur sa joue te met mal à l'aise, non, te brise littéralement le coeur. Ton visage est déconfit lorsque tu le vois éclater en sanglots. Tu poses la petite boîte à tes côtés avant que le jeune blanc ne se jette dans tes bras.

Tu restes un instant immobile, le coeur douloureux. Tu t'attendais à la colère, à la rancoeur, à la violence, mais jamais tu n'aurais pensé le mettre dans un tel état. Alors, lentement, tu l'enlaces des tes frêles bras, lui caresses doucement le dos avant de poser ton menton sur son épaule. Tu le laisses pleurer à sa guise alors que toi-mêmen tu lâches quelques larmes. Tu ne sais pas si c'est de la tristesse, de la joie, du soulagement. Les émotions sont encore complexes pour toi, jolie poupée. Tu te mords la lèvre et te permets de déposer un baiser sur son front avant de l'écarter doucement de toi, le tenant par les épaules.

"Pardon, petit oiseau."

Ca faisait si longtemps que tu ne l'avais pas appelé ainsi, mais à cet instant, ça te semble si naturel. Tes pupilles d'améthyste encore un peu humide, tu lui sèches doucement ses larmes, imitant ce que ta moitié faisait pour toi. Oui, tu prends exemple sur lui bien que tu sais que le lien qui te lie à Castiel est différent.

"Pardon d'être partie, et de t'avoir fait pleurer. J'suis vraiment pas digne d'être ta grande soeur, hein ?" Peut-être le verrait-il, que tu n'es plus la même ? Que tu te radoucis ? Tu le détailles du regard. "Tu ne manges pas beaucoup ..." Oui tu le trouves plus maigre, pourtant, tu ne le grondes pas. Tu attrapes la petite boîte contenant les cadeaux que le motard a acheté pour lui et la lui tends. "Tiens, ouvre-là, c'est pour toi."

Tu te redresses, le temps de lui laisser prendre connaissance du contenu de la boîte surprise. Tu te demandes ce qu'il va en penser, certainement que du bien, Abel ayant soignement choisi son contenu. Tu t'avances vers le terrarium et observe l'environnement intérieur. Les deux tortues sont toujours là, il en a pris soin, tout ce temps. Tu poses ta main sur la vitre et souris légèrement.

"Comment vont-elles, Velvet et Sharko ?"

Il s'agissait bien de ta soeur, ta très chère soeur si longtemps disparue. Tu ne revais, c'était elle, ta Tihana. Tu n'avais donc pas hésité à te jeter dans ses bras pour y pleurer toutes les larmes de ton corps. Ne pas aller à l'école ce jour avait été l'idée du siècle à bien y penser. Si tu avais accepté cette sortie scolaire où à coup sûr tu aurais été moqué tu l'aurais loupé. Non elle devait savoir que tu séchais, elle aurait très bien pu aller et venir dans la maison sans que tu ne la remarques. Tihana finissait après quelques minutes par te décoller pour mieux te regarder mais tu évites son regard, honte de ce que tu étais devenu après ces longues semaines d'absence. Elle s'excuse néanmoins elle n'en avait pas besoin, tu ne lui en voulais plus. Tu comprenais qu'elle avait eu besoin de s'éloigner de ta personne. Tu n'étais rien de plus qu'un de ses tortionnaires non ? Elle sèche tes larmes et bien malgré toi tu lui souris tandis qu'elle s'excuse une nouvelle fois.

"C'est moi qui ne suis pas digne d'être ton petit frère." Déclarais-tu le plus naturellement du monde. Cette affirmation tu la pensais sincèrement, sans drama rien. Si tu venais à disparaître personne ne se souviendrait de toi, Tihana te pleurerait et avec le temps elle t'oublierait.

"Je n'ai pas très faim, comme d'habitude." Tu venais d'hausser les épaules comme pour accentuer tes propos. Ta grande soeur connaissait ton aversion pour la nourriture, le fait que tu ne t'alimentes que rarement n'était pas une grande nouvelle. Eiko arrivait à te faire manger quelques sucreries mais bientôt tout serait terminé. Ta soeur continua en te proposant d'ouvrir cette boite qu'elle avait ramené spécialement pour toi. Un cadeau en somme. Étonné, tu clignais des yeux avant de prendre la boite et de l'ouvrir. Cette dernière contenait un tee-shirt... particulier qui te faisait sourire et il y avait cet album photo que tu avais commencé. Votre album photo. Tu restais interdit avant de relever le regard vers la jeune femme.

"C'est nous... notre famille."

Tu versais une nouvelle larme prenant soin de ne pas abîmer le précieux album. Entre-temps elle s'était levée pour regarder tes reptiles, tes deux tortues. C'était elle qui te les avait offerte en plus. Et maintenant que tu avais la confirmation que Tihana était toujours en vie cela changeait tout. Si tu venais à disparaître elle serait là pour s'en occuper même si Nate aurait très bien pu s'en charger tout seul. En tout cas tu ne voulais pas que ce fardeau incombe à Eiko, c'était hors de question.

"Velvet a eu des petits soucis de santé mais le vétérinaire du centre ville a réussi à la sauver. J'ai eu peur. C'est gentil de demander Tiha."

A ton tour tu te levais pour t'approcher du terrarium, posant ton regard en premier lieu sur les deux tortues étoilées. Tu n'aborderais pas le sujet de leur garde pour le moment, ne voulant pas énerver et surtout inquiéter ta grande soeur. Cependant tu lui tendais l'album photo afin qu'elle le reprenne. Tu savais.

"J'aimerai que tu le gardes s'il te plait. Comme ça tu auras toujours une photo de nous deux. J'imagine que tu ne vas pas rester non ?" Tu marquais une pause avant de reprendre tout en te forçant à sourire. "En tout cas tu as l'air plus épanouie, plus vivante qu'avant. Je suis content grande soeur."

Tu posais ta main sur son bras, le frottant comme pour dire "Je vais bien ne t'inquiète pas." La voir ainsi te réchauffait le coeur en quelque sorte, bien qu'une part de toi même avait mal de la voir si bien se débrouiller sans ta présence. D'un coté qui étais-tu ? Un enfant démon, ni plus, ni moins. Tu n'avais pas le droit au chapitre.

Il va trouver cela suspect, que tu te transformes en une grande soeur attentionnée. Une aînée qui paraît si normale. Tu lui offres cette boîte qu'Abel t'a confiée pour lui. En fait, ton motard est bien plus attentif que toi à tout ce que ton petit frère peut aimer. Non, en fait, tu sais ce qu'il aime, ou plutôt ce qu'il aimait. Tu ne connais plus ses goûts après ces longues semaines d'absence. Tes perles violines rivées sur les deux reptiles, tu prends de leurs nouvelles auprès de leur maître. Il t'informe que l'une d'elles avait été mal en point mais qu'un vétérinaire avait pu la sauver.

Tu détournes le regard lorsque tu ressens sa présence à tes côtés. Tu plantes tes pupilles d'améthyste dans les siennes. Il semble à la fois triste et heureux de te revoir. Tu attrapes l'album photo qu'il te tend, l'ouvrant que observer la seule et unique photo de vous deux. Tu repenses à cette journée que tu souhaiterais pourtant oublier de par les évènements qui avaient suivi la prise de ce cliché. Tu relèves les yeux vers lui. Tu ne vas pas rester. Tu aimerais pourtant le contredire, mais qu'en penserait Abel ?

Soudainement, tu ressens un tiraillement inconnu. Comme si tu te devais de choisir entre ton petit frère adoré et celui que tu ... Celui avec qui tu as partagé et partages encore tant de choses. Toi, petite poupée sanguinaire glaciale, tu t'es attachée à un autre que le jeune blanc. Tu t'en rends compte à cet instant. Ses paroles te font chaud au coeur, même si tu décèles ce sourire forcé. Tu déglutis alors que ton coeur te fait subitement souffrir. L'album toujours dans une main, c'est à ton tour de te jeter dans ses bras. Ton regard est dissimulé par tes mèches de jais alors que tu le sers contre toi. Si fort, qu'il ne peut que comprendre la sincérité de cette étreinte.

"Et si ... je te promettais de venir te voir tous les jours. Je ... Je serais une bonne grande soeur. Je ... ne te ferais plus de mal. J'ai changé, c'est promis. Je sais maintenant ce qu'il faut faire et ne pas faire." Tu marques une pause, nichée dans son cou. "Je contrôle mieux mes pulsions. C'est pour ça ... que je suis partie. Parce que je te faisais plus de mal que de bien. Tu m'en veux pas, hein, Castiel ? Petit frère ..."

La scène est si émouvante alors que tu te confies, une chose que tu n'as sans doute jamais fait en sa présence. Oui, tu as changé, grâce à Abel. Il t'a rendue plus humaine, plus sage, plus "aimante". Tu finis par le relâcher pour sortir un objet de ta poche de ta main libre, le tendant à l'adolescent en lui offrant un sourire timide.

"Un album photo avec une seule photo, c'est pas un album. Il faut en faire d'autres ! Et puis, on devrait y mettre Velvet et Sharko aussi, non ?"

Une bonne grande sœur ? Tihana a toujours été la grande sœur idéale pourtant. Le problème vient de toi Castiel, l’enfant Démon et tu le sais en plus. Tu nous as aidé à la martyriser en te murant dans le silence et lui offrir la clef de sa liberté était nettement insuffisant pour te racheter. C’est elle qui a eu la bonté de te prendre sous son aile, toi qui restait devant le corps inerte de tes geôliers, nos corps. Tu serais sans doute resté dans cette cave humide et serais mort de faim. Elle te serre, pleure dans tes bras et même si tu es étonné en premier lieu tu poses finalement tes bras sur son dos pour la caresser légèrement. Tu souris d’un sourire rarement vu chez toi avant de prendre la parole.

« Tu as toujours été une bonne grande sœur. Je… je suis content d’avoir pu vivre à tes cotés alors que tous les jours je te rappelais ce que tu avais vécu. » Retenant tes larmes, tu inspiras avant de reprendre : « Jamais je ne pourrai t’en vouloir. Grâce à toi je ne suis pas mort dans cette cave. Et tu sais tu n’as pas d’obligation envers moi. Je sais maintenant que je serais toujours ton petit frère et j’aimerai beaucoup que tu poursuives ta vie sans t’inquiéter pour moi. »

Tes paroles étaient pleines de sagesse, symbole de ton évolution. La revoir t’avait permis de passer un cap. Savoir qu’elle ne t’avait pas abandonné surtout pour les raisons que tu croyais t’avait fait mûrir et réfléchir sur ta vie. Que ce soit Tihana ou même Eiko, personne ne pourrait évoluer en t’ayant à charge. Cela avait été difficile mais tu l’avais compris. Désormais sûr de toi, tu réglerais certains détails et te lancerais. Même si tu avais échoué à plusieurs reprises cette fois serait la bonne, ta magie t’aidera.

Ta grande sœur venait de te tendre un appareil photo et lorsque tu comprenais les raisons de ce geste tu fondais en larmes. Sans le vouloir Tihana te rendait les choses beaucoup plus difficiles que prévu. En quelques minutes, ta sœur était devenue la sœur idéale prenant ton bien être en compte et tes envies. Si seulement tu avais pu la rencontrer ailleurs que dans cette cave. Peut-être que dans une autre vie tu auras la chance d’être de nouveau son petit frère ? Tu l’espérais en tout cas.

« Si on fait d’autres photos tu les garderas toujours avec toi hein ? » Tu essuyais tes larmes d’un revers de manche avant de déballer l’appareil instantané et de faire quelques photos des tortues. Une certaine jovialité pouvait se lire chez alors que tu commentais chacune de tes prises. « Regarde Sharko est encore en train de manger faut que je le prenne comme ça ! Allez Velvet bouges un peu ! Allez ! » Une fois une petite dizaine de photos prises, tu te retournais vers Tihana tout sourire. « On en fait toi et moi s’il te plait ? Et si un jour tu as des enfants il faudra continuer surtout ! C’est l’album de notre famille après tout. »

Ses paroles résonnent étrangement dans ta tête. Depuis quand Castiel tient un tel discours, si censé ? A croire que tu n'es pas la seule à avoir mûri ces derniers temps. Cette "baby-sitter" était-elle si douée que cela ? Tu ne t'attends pourtant pas à le voir fondre en larmes lorsque tu lui tends ce simple appareil photo qu'Abel t'a donné. C'est définitif, tu n'aimes pas voir ton petit frère pleurer. Non, tu n'aimes pas ça du tout. Et pourtant, dieu sait combien de fois tu as pu le mettre dans cet état. Le faire souffrir ...

La culpabilité - ce sentiment que tu enfouis depuis des années - te ronge désormais. Tu le mérites après tout. Tu mérites de souffrir à ton tour. Tu déglutis, restant immobile, avant d'acquiescer à cette étrange question. Oui étrange. Elle t'interloque, tout comme ces paroles qu'il a prononcées plus tôt. Et tu repenses à ce que ton motard t'a révélé. Tu es loin d'être idiote. Tu as toujours été douée pour l'analyse. Et si tu l'utilises à bon escient, tu pourrais aider bien des gens. A commencer par le jeune blanc qui te fait face.

L'air calme, tu l'observes alors qu'il arme l'appareil afin de prendre quelques clichés de ses reptiles. Il semble si attaché à ces petites bêtes que tu as adoptées pour lui que tu en souris légèrement. C'est comme si, ton petit frère avait pris quelques années durant ton absence. Pourquoi tu ne l'avais encore jamais vu sourire de la sorte ? Pourquoi ? Mais à cet instant, c'est grâce à toi. Non, plutôt grâce Abel. Il est plus attentif que toi, alors qu'il ne le connaît pas autant que toi. Oui, tu es réellement une soeur indigne. Tu sors de tes songes alors qu'il te fait une proposition plutôt attendue. Tu lui souris et acquiesces avant de t'étrangler. Tu rougis violemment. Ca, c'est une réaction que Castiel n'a sans doute jamais vue.

"D-des enfants ?! N-non, je n'aurais jamais d'enfant." Comment peut-il penser que tu sois apte à engendrer alors que tu n'es même pas fichue de t'occuper correctement de celui que tu as pris sous ton aile malsaine. Tu reprends contenance avant de lui sourire. "On les prend, ces photos ?" Tu t'avances vers lui et attrapes l'appareil avant de te positionner aux côtés de ton petit frère qui te dépasse au moins d'une tête désormais. Tu baisses les yeux, un peu nostalgique. "Tu as grandi, on dirait bien." Tu prends quelques clichés, tu les veux inoubliables pour lui. Une dizaine à peu près avant de ramener l'appareil vers toi et de baisser les yeux. "L'album de la famille, oui. Ca veut dire que toi aussi, tu dois le compléter."

Tu réfléchis tout en te dirigeant vers son lit. Tu t'y assois un instant avant de poser tes pupilles d'améthyste sur lui. Tu le regardes sans dire mot quelques instants, comme si tu mémorisais son visage. Tu tapotes le matelas à côté de toi afin de l'inviter à te rejoindre. Tu prends la parole qu'une fois cela fait.

"Tu sais, Castiel, j'ai beaucoup réfléchi ces dernières semaines. Et en fait ... Je me suis rendue compte que c'était difficile d'être loin de toi. C'est impossible pour moi de ne pas m'inquiéter pour toi. Et à vrai dire ... pendant tant d'années, j'ai cru que c'était toi qui avais le plus besoin de moi, qui serait perdu sans moi, mais je me suis trompée. C'est moi qui ais besoin de toi. Moi non plus, je ne serai sans doute plus là, sans toi. Alors, merci."

Tu te mords la lèvre. Parler à coeur ouvert devenait chose plus fréquente chez toi ces dernières semaines. Tu veux lui faire comprendre à quel point, finalement, il peut compter pour toi.

"Je voudrais qu'on instaure désormais une vraie relation frère et soeur, si tu es d'accord. Je t'ai pas montré le bon exemple jusque-là."

Une vraie relation frère/sœur ? Pourquoi donc ? Cette relation actuelle que vous aviez te convenait. Sauf que tu n’étais pas dupe, elle ne reviendrait pas. Ta chère sœur avait rencontré quelqu’un et tu étais donc seul. Même Eiko…. Décision douloureuse mais importante pour ton évolution. Tu allais devoir d’habituer à vivre seul, t’occuper seul et subvenir à tes besoins. L’école serait terminée dès l’année prochaine et trouver un travail ne serait pas chose aisée. Comment pourrait-elle l’être ? Tu n’avais jamais rien fait de ta vie après tout.

« Notre relation… celle que nous avons depuis longtemps me plait moi. » Tu baisses la tête, conscient que ta sœur avait raison. « Je-je n’aime pas quand tu n’es pas là pourtant je sais très bien que tu as besoin de vivre d’autres choses que ce que je peux t’apporter. » Tu te mords la lèvre à ton tour avant de continuer : « Tu as trouvé quelqu’un d’autre ? Il est gentil avec toi ? »

Tu ne savais l’expliquer, c’était ton ressenti. Il y avait quelque chose chez Tihana qui avait changé. Tu ne savais pas quoi exactement si ce n’était que la jeune femme semblait plus détendue, comme libérée d’un poids. Poids qui t’était sans aucun doute attribué durant toutes ces années. Tu avais toutefois une nouvelle question décisive pour ta grande sœur, une question qui te brulait les lèvres depuis quelques temps déjà.

« Si je n’étais plus là, tu te sentirais mieux ? Réponds-moi franchement s’il te plait… Tu m’en veux pour avant ? Tu sais dans la cave…. »

Tu reculais jusqu’ à ce que ton dos heurte le mur et tenant ton propre bras tu attendais simplement une réponse franche et honnête de sa part. Sans aucun doute cette réponse aurait un impact non négligeable sur ta vie. Il était temps de prendre de grandes décisions et d’évoluer petit Castiel. La lumière ou l’obscurité ? C’était comme si tu avais besoin de sa réponse pour avancer, prenant la pleine conscience de tes actes c’était devenu très important. Avais tu eu raison de quitter cette cave avec elle ou bien as-tu fait la plus grande erreur de ta courte vie ?

Recoller les morceaux, démarrer une vie normale ne serait pas chose aisée pour Castiel. Tu n'as fait que l'apeurer, l'empêcher de vivre comme un adolescent aurait dû le faire. Il t'a fallu que quelqu'un te rende plus lucide pour que tu te rendes enfin compte de la mauvaise influence que tu as eue sur ton petit frère. Tu dois réparer tout ça, si tu veux devenir quelqu'un de meilleur, si tu veux qu'il soit désormais normal et ne se laisse pas emporter par ses idées noires. Tu l'écoutes, tu t'étonnes même de la cohérence et du sens de ses mots, de sa perspicacité. Tu murmures à demi-mots, un léger sourire aux lèvres. Tu répètes ce que tu as déjà prononcé.

"Tu as grandi, Castiel ..."

Qu'as tu dans les yeux à cet instant ? Cette lueur qui s'empare de tes pupilles d'améthyste ? Ne serait-ce pas ... de la fierté ? Si, si, ça y ressemble. Mais tu le sens soudainement plus anxieux alors qu'il ouvre de nouveau la bouche. Son interrogation est trop pertinente, trop ... inattendue. Tu écarquilles les yeux sous l'étonnement avant de te redresser, de secouer la tête.

"N-non ... Non, Castiel ... Je ..."

Tu finis par t'avancer lentement vers lui, le prends doucement par les épaules avant de poser ta main sur la sienne celle qui tient son bras. Tu attrapes son menton comme tu as pu le faire maintes et maintes fois pour le garder sous ta coupe. Mais cette fois, c'est différent. Ton geste est différent. Ton regard est différent. Tu plantes tes iris violines dans les gris des siens.

"Sincèrement ... Non. Je ne t'en veux. Sans toi, je ne me serai pas sortie de cet enfer ... Et ces dernières semaines m'ont prouvées que je ne me sentirais pas mieux, sans toi. Tu m'as manqué, Castiel. Réellement."

Tu le relâches et baisses la tête pour te dissimuler derrière tes mèches d'ébène. Pourquoi ? Parce que tes joues se teintent suite à tes aveux.

"Oui, il est gentil avec moi. Il m'a sauvée, a pansé mes plaies, m'a protégée. Il m'a fait comprendre certaines choses, m'a appris que le monde n'était pas entièrement fait de noir. Et surtout, grâce à lui, j'ai compris tout le mal que je t'ai fait. J'ai compris que tu n'étais pas un pantin que je devais diriger. Je pensais que tu serais bien mieux, sans moi, après avoir pris conscience de cela. Mais encore une fois, c'est lui, qui m'a poussée à revenir vers toi parce que tu n'allais pas bien. Je veux réparer, maintenant."

Doucement, sans le lever le nez, tu attrapes sa main.

"Tu veux bien ... me pardonner, toi ?"

Il est vrai que malgré les derniers événements malheureux tu avais gagné en maturité. Pourtant tu avais conscience que de nouveaux changements allaient s'opérer prochainement. Tihana n'allait certainement pas revenir à la maison, Eiko allait te quitter et de nouveau tu allais te retrouver tout seul. Qu'allais-tu faire ? Tu ne le savais pas encore et pourtant cela devenait urgent. Tu avais terminé par demander à ta chère soeur si elle t'en voulait pour ce qu'il s'était passé lors de votre rencontre il y a des années de cela. Sa réponse fut agréable, non elle ne t'en voulait pas disant même qu'elle te devait sa liberté. Mais ne voyait-elle que cela ? Se rappelait-elle ce qu'elle avait enduré ?

"Toi aussi tu m'as manqué. Dommage que tu ne restes pas honnetement. Cette maison est trop grande pour moi tout seul." Répondis-tu avant à ton tour de baisser les yeux comme ta grande soeur qui te confirma que son "ami" s'occupait bien d'elle, qu'elle avait compris que tu n'étais pas un pantin qu'elle pouvait diriger. Aurais-tu assez de cran pour lui avouer que cette époque te manquait ? Tout était si simple lorsque tu devais te contenter de lui obéir. Tu relevais la tête lorsque tu sentais qu'elle venait de t'attraper la main tout en te demandant de lui pardonner.

"Honnêtement l'époque où tu dirigeais ma vie me manque grande soeur. Je n'arrive pas à survivre sans toi, je... je ne suis pas prêt pour tout cela." Tu rebaissais la tête devant ce discours presque contradictoire devant tes précédentes déclaration pour ajouter : "Oui je te pardonne mais il n'y a rien à pardonner. Je suis toujours en vie grâce à toi et c'est tout ce qui compte en fin de compte."

Tu faisais en sorte de sourire avant de demander un peu plus de détail sur cette fameuse personne qui semblait rendre ta soeur heureuse.

"Il est comment ? Il fait quoi dans la vie ? Tu veux bien m'en parler ?"

Un dilemme commence à te tirailler. Cette maison est beaucoup trop grande pour lui, il te réclame, ton cher petit frère. Pourtant, tu ne peux rester en ces lieux. Tu connais déjà l'opinion d'Abel qui souhaite toujours te garder au plus près de lui. Tu réfléchis, du mieux que tu le peux. Mais dans le fond, tu ne veux pas abandonner le jeune blanc. Que peux-tu faire ? Le mieux est certainement d'en discuter avec ton motard. Tu sembles être indispensable à la vie de Castiel. Tu ne comprends pas que tu puisses lui manquer, qu'il puisse te pardonner malgré tout ce que tu lui as fait endurer. C'est comme si ... il préférait ton "toi d'avant", lorsque je prenais le contrôle de tes mots, de tes gestes, lorsque je te rendais folle.

Tu es surprise par ses interrogations. Non, en fait, ça lui ressemble plutôt bien, cette curiosité candide et naïve. Et puis, tu as conscience que l'adolescent qu'il est souhaite te protéger. Il t'a toujours fait passer en priorité. Pourquoi te rends-tu compte de tout cela maintenant ? Ta vision des choses a si changé que cela ? Tu ouvres la bouche avant de lâcher un petit rire, gardant un sourire narquois. Tu n'es pas du genre à vanter ton compagnon, plutôt à l'apprécier à ta manière.

"Il dirige un garage et trempe dans des affaires plus que douteuses. Il est capable d'exécuter autrui sans ciller, mais uniquement lors c'est nécessaire. Il boit un peu trop, a parfois un air suffisant et peut être réellement très agaçant mais ..."

Ton sourire se fait un peu plus doux.

"Il m'arrive d'apprécier sa compagnie. Il est pas si mauvais que ça. Il vaut même plus que tous les hommes que j'ai croisé jusqu'à maintenant, à l'exception de toi. C'est lui qui m'a ramenée vers toi, qui m'a convaincue du fait que ta vie était loin de s'être améliorée depuis mon départ. Il est protecteur, un peu trop, puisque je ne peux plus chasser comme je le souhaite. Jamais je ne l'avouerai devant lui, mais ... croiser sa route m'a été bénéfique."

Tu soupires, baissant tes perles d'améthyste alors que tu joues nerveusement avec tes doigts. Tu ressembles à une adolescente racontant ses premières amours, même si tu ne sais pas mettre de mot sur tes propres sentiments.

"Il faut que tu le rencontres. C'est ... important pour moi. Et puis, on va trouver une solution pour que je puisse m'occuper de toi comme avant, tout en t'apprenant à devenir plus indépendant."

Tu lèves les yeux vers lui, avant de lui sourire, d'un sourire de nouveau tendre. Ton frère a changé, il te semble avoir grandi, et ça te rend fière. D'ailleurs, dans tes précédentes paroles, sans le vouloir, tu lui avais avoué que tu le considères désormais non plus comme un enfant insignifiant, mais comme un homme.

Tu voulais connaître un peu plus cet homme qui avait réussi là où tu avais échoué avec ta grande soeur. Cet inconnu t'avait été supérieur et l'était toujours d'ailleurs. Il te surpassait et t'avait évincé mais pourtant c'était ce même individu qui avait poussé ta soeur à revenir. Tu lui étais redevable donc en un sens. A ne pas oublier lors de votre prochaine rencontre car c'était ce que voulait Tihana. Elle ne compte donc pas t'oublier complètement puisque ton avis est important. Clignant des yeux tu cherchais au mieux à comprendre avant de sourire légèrement et de dire : "Toi aussi tu as vraiment changé. J-J'ai l'impression que ma soeur est amoureuse. " Tu rosissais avant d'ajouter "Je suis jaloux et content à la fois c'est un curieux sentiment." Ton sourire s'élargissait encore plus, c'était mignon à voir cependant tu devais mener ton enquete encore un peu plus.

"Ses activités... c'est pas dangereux pour toi ? Ca ne va pas empêcher de nous revoir hein ?" Tu avais vraiment besoin de cette réponse et dans le bon sens car les arrivées et les départs dans ta vie étaient trop nombreuses ces derniers temps. Intérieurement, sans même t'en rendre compte tu cherchais de la stabilité. "Comment il sait pour... ma vie ? Toi aussi tu sais ?" Un frisson parcourait ton échine avant que tout ne revienne à la normale. Tihana avait changé, elle n'allait pas te malmener sinon elle l'aurait déjà fait ! Son... garagiste était donc quelqu'un de bien en un sens.

"Et c'est vrai alors ? Tu veux bien me garder dans ta vie ? Tu le promets ?" Ton regard s'était éclairé subitement. Ta soeur était si importante pour toi, la véritable pierre angulaire de ton environnement ! Déjà tu ressentais un énorme poids quitter tes frêles épaules. Il y avait encore pas mal de détails à régler surtout concernant cette maison que tu jugeais trop grande. "Tu as déjà des idées pour... plus tard ?" Attendre alors que tu avais retrouvé ta soeur était hors de question, espérant que le plus tard arrive très bientôt. Peut-être qu'elle pourrait t'emmener dans son nouveau chez elle ? Non elle doit garder son équilibre même si tu dois reperdre le tien. C'est ta soeur, ta seule famille, la seule qui est revenue vers toi. Tu as perdu tout le monde dernièrement, Eiko est même appelée à partir. Ne brise pas Tihana.

"Enfin ce n'est pas urgent, t'embete pas avec moi." Tu te levais finalement pour amener Tihana contre toi pour un nouveau calin, peut etre le dernier avant quelques temps.

Amoureuse ? Tu écarquilles les yeux alors que tes joues se teintent d'une violente couleur rouge. Une chose plutôt rare chez toi, ou de plus en plus fréquente puisqu'Abel a tendance à te faire rougir ces derniers temps. Ton petit frère te dévoile sa jalousie, mêlée à une certaine curiosité alors que tu tentes de te reprendre.

"A-moureuse ? Moi ! N-non. Jamais de la vie. Et p-pas de lui ..."

En bafouillant ainsi, tu t'enfonces. Tu commences même à te poser des questions. Non, tu es incapable d'aimer quelqu'un. Tu ne sais pas ce que c'est. Et tu ne le sauras jamais. Tu n'as compris que tout récemment l'affection que tu portais au jeune blanc, c'était bien suffisant. Pourtant, mille questions tourbillonnent dans ton esprit, t'amenant à te demander pourquoi tu laisses le motard prendre soin de toi et parfois plus. Mais le sourire que Castiel arbore te fait baisser les yeux, comme s'il est capable de lire en toi.

"Dangereux pour moi ? Non ... Au contraire, il fait tout son possible pour que je reste à l'écart. Et il est hors de question que qui que ce soit m'empêche de revoir mon petit frère maintenant que je l'ai retrouvé."

Tu attrapes la main du jeune blanc, lui souriant afin de le rassurer au mieux. Celui-ci te questionna sur l'avenir. Tu réfléchis un instant, mais maheureusement, ton esprit était trop plein pour trouver une réponse à son interrogation. Comme s'il avait deviné ton état, il te coupe avant même que tu n'ouvres la bouche avant de venir t'enlacer. Tu restes quelques secondes sans bouger, surprise, avant de glisser tes frêles bras autour de lui. Tu le serres contre toi sans le lâcher avant de reprendre la parole.

"Je vais essayer de me comporter en vraie soeur aînée. On va évoluer tous les deux, devenir ... normaux. On y arrivera tous les deux, d'accord ?" Tu hésites un instant, nichant ton nez dans son cou. "A-à ton avis ... ça fait quoi ... d'être amoureux ?"

Tu avais mis le doigt sur quelque chose en l'accusant d'être amoureuse. Sa réaction était semblable à celle des protagonistes des Shojos d'Eiko ! Donc si tu te basais sur ces quelques informations ta soeur devait éprouver des sentiments pour cette personne au boulot douteux. Tu souriais voyant Tihana se mettre dans tous ses états. Elle était toute rouge, bafouillait exactement une réaction normale lorsqu'un tel sujet était abordé. "Pourtant tu es toute rouge et ce n'est pas de la fièvre." Ajoutais-tu légèrement moqueur avant de replanter tes iris dans les siennes.

Tihana tentait de te rassurer sur les activités de son prétendant, de te dire que ce n'est pas dangereux pour elle, qu'il faisait tout pour la protéger sauf que pour toi ce n'était pas assez. Si jamais ta grande soeur venait de nouveau à faire partie de ta vie comme elle semblait le vouloir ce n'était pas pour qu'elle te soit de nouveau enlevée. "Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Je veux essayer enfin de profiter de la vie mais avec toi." Tes yeux brillaient d'une lueur nouvelle qui était jusqu'à lors inconnue de Tiha. Elle pouvait donc voir à quel point tu avais changé ne serait-ce qu'avec son retour, toi qui était il y a encore quelques heures au fond du trou. Si elle pouvait changer pour toi, tu pouvais changer pour elle, il n'y avait pas de raison !

L'interrogeant sur votre avenir tu prenais conscience que ce n'était pas le moment pour cela et tu venais l'enlacer gentiment, pour la rassurer une nouvelle fois. Elle te confirme ce que tu avais deviné, l'objectif étant de devenir des gens normaux, grandir tous les deux pour avoir une meilleure vie et tu n'étais absolument pas contre. "Oui c'est d'accord." Lui répondis-tu simplement avant de la voir se nicher dans ton cou avec surprise. "Euh... Tiha" et elle te coupait la parole te demandant ce que ça faisait d'être amoureuse. Tes paroles ont certainement du avoir plus d'impact que ce que tu pensais.

"Tu demandes ça à moi ?" Répondis-tu en caressant ses cheveux avant de t'écarter. Tu quittais son étreinte pour fouiller au niveau de tes étagères pour revenir vers Tihana avec plusieurs mangas. "C'est des shojos qu'Eiko m'a prêté. Un shojo c'est une histoire de cœur en gros."

T'asseyant de nouveau à ses cotés tu feuilletais un des bouquins avant de te stopper sur une page et de la montrer à Tihana. "Regardes la fille est toute rouge et bafouille, comme toi !" Effectivement tu avais mis le doigt sur quelque chose. "Je pense qu'Eiko ne serait pas contre te les prêter si jamais ça t’intéresse."

La scène a quelque chose d'émouvant, d'adorable même. Plutôt étonnant puisque tu en fais partie. Ton souhait le plus cher semble de repartir sur de bonnes bases, tenter de vivre normalement, d'oublier vos passés tumultueux teintés d'horreur. Le parcours ne sera pas aisé, mais pourtant, grâce à Abel, tu as déjà fait du chemin, et Castiel semble en avoir fait lui aussi de son côté. Il semble sincère, tu n'as donc plus à t'inquiéter sur son envie de vivre ou non. Nichée au creux de son cou, le jeune blanc semble perturbé par ton geste, mais bien vite, tu lui en fais comprendre la cause. Tu ne veux pas qu'il voit encore une fois ce visage teinté de rouge duquel il s'est gentiment moqué un peu plus tôt. Cette question ne te ressemble absolument pas.

Il se dérobe à toi, te laissant un instant seul avec tes rougeurs gênantes marquant tes joues. Tu l'observes silencieusement. Cette fois, c'est toi qui ressemble à une enfant attendant le retour de son grand frère. Tu le vois revenir avec des livres, différents de ceux qu'ils lisaient avant. Des shojos, te dit-il, prêtés par celle que tu avais engagée comme baby-sitter pour veiller sur lui durant ton absence. Tu te penches un peu afin de visualiser les images. Tout ceci te semble bien niais, ça ne te ressemble pas. Pourtant, lorsque Castiel te désigne un personnage qu'il identifie à toi, tu recommences à rougir et bredouiller.

"N-non ... C'est pas pareil. Ca n'a rien à voir ... Cette fille c'est pas moi !"

Tu lèves tes pupilles à la lueur perdue et innocentes vers ton petit frère avant d'attraper le livre, le manipulant soigneusement. Tu as conscience qu'il peut-être un trésor pour la personne qui le possède. Puis, tu te mets à le feuilleter avant de pencher la tête.

"On a envie de faire des chocolats quand on est amoureuse ?" Tu refermes le manga, l'air triomphant. "Et voilà ! J'ai pas envie de faire de gâteaux ou de chocolat donc ... je suis pas amoureuse !"

Tu agrémentes ta petite victoire par une toute petite tape sur le nez de Castiel avec le livre en question, vraiment très légère, il ne sentirait absolument rien. Il comprendrait la taquinerie.

"Et toi, t'es amoureux d'Eiko ?"

Ta sœur ne semblait pas du même avis que toi jugeant que cette fille ce n'était pas elle. Bien sur que ce n'était pas elle puisque là il s'agissait d'une histoire fictive mais l'auteur de ce shojo devait savoir de quoi il parlait pour aborder ce type de sujet. "T'es sure ? Pourtant vous vous..." Mais tu fus coupé par Tihana qui attrapa le livre pour le manipuler sous ton regard étonné. Que pouvait-elle bien chercher en tournant les pages de la sorte ? Peut-être qu'elle voulait se renseigner un peu plus sur les relations amoureuses ? Tu la regardes dodeliner de la tête avant de te gratter la tienne sous le coup de l'interrogation. Que venait faire des chocolats là-dedans ? "Je sais pas si on prépare des chocolats dans ce genre de situation. Je te l'ai dit je n'y connais absolument rien. C'est moi le gars bizarre tu as oublié ?" Tu souriais un poil moqueur démontrant que tu reprenais déjà du poil de la bête vis-à-vis de ton état apathique de votre début de retrouvaille.

Ton assurance s'envola en fumée quand Tihana te demanda si tu étais amoureux d'Eiko. Il fallait qu'elle remarque le petit faible que tu éprouvais pour celle qui jouait les rôles de baby-sitter. Amoureux non, petit faible oui mais comment lui dire ? Comment faire la différence ? Toi tu commençais à le comprendre grâce à ces livres mais Tihana ? "N-non je suis pas amoureux, je l'aime bien mais pas à ce point." Tu baissais ensuite la tête pour préciser "De toute façon personne ne voudrait d'un gars aussi bizarre non ?"

Voulant reprendre où vous en étiez avec ta soeur tu reprenais le manga pour le feuilleter vite fait avant de pointer fièrement du doigt une scène que tu montrais à ta grande soeur. "Mais non t'as pas compris ! Regarde elle fait des chocolats pour la Saint Valentin c'est la tradition au Japon. Les filles doivent en offrir aux garçons, elles peuvent en offrir à tous les garçons donc ça n'a rien à voir aux sentiments amoureux." Tu étais fier de toi car tu montrais à ta sœur ton évolution. Tu avais lu les critiques sur internet concernant les mangas, certaines personnes pouvaient se montrer virulentes stipulant qu'il ne s'agissait que de BD alors que certaines œuvres pouvaient être de sacrées leçons de vie comme The silent Voice par exemple.

"Tu dois avouer maintenant Tiha."

Tu reprenais ton sourire malicieux te demandant comment elle allait s'en sortir cette fois.

Au concours du plus bizarre, sans doute seriez-vous ex aequo. Vous l'étiez tous deux, à votre manière, bien que le but était désormais de l'être moins ... Tu cogites pourtant sur cette simple histoire de chocolat, tu deviens de plus en plus ridicule, jolie poupée. Mais tu finis par détourner le sujet en posant une question censée être des plus embarrassantes à ton petit frère. Et sa réponse te soulage. En réalité, tu n'es pas prête à laisser le jeune blanc à quelqu'un d'autre de manière sérieuse. Ca t'hérisse le poil, rien que d'y penser. A croire que tu as encore des problèmes à régler. Tu baisses les yeux.

"Et ben ... Si quelqu'un a voulu de moi ... pourquoi pas de toi ?"

Il te prend le livre des mains suite à cela, revenant sur cette fameuse scène des chocolats. Castiel semble mieux comprendre que toi à toutes ces histoires. Mais tu lui souris légèrement. Tu es vraiment heureuse de le revoir, de lui parler de nouveau. Ca te soulage d'un poids. Tu devenais folle sans lui. De plus, tu sais aussi qu'Abel a réglé cette histoire d'harcèlement qu'il subissait. Tout irait pour le mieux désormais. Les paroles de ton interlocuteur te sortent de ta rêverie.

"Avouer quoi ?" Tu rougis de nouveau, te cachant le visage entre tes mains. "Je n'ai rien à avouer ! Rien du tout !"

Tu te laisses tomber en arrière, t'allongeant de tout ton long sur son lit en soupirant. Tu regardes le plafond, celui que tu n'as pas vu depuis des semaines avant de reprendre la parole.

"Tu penses que ... j'en saurais plus si je lis ces livres ? Parce que les sentiments et tout ça ... C'est du chinois pour moi. Je ne sais pas ce qu'il attend de moi. Je ne sais pas si je peux lui donner ce qu'il veut. Je peux pas m'empêcher de ... d'être mauvaise."

Cette nouvelle soeur là devant toi ne te déplaisait pas du tout. Il semblait plus facile de converser avec elle que l'ancienne. Pour preuve tu te permettais même de la taquiner concernant son addiction à ce mystérieux petit copain. Toutefois elle se voilait toujours la face refusa d'avouer le moindre sentiment concernant cet homme. Tu la regardes se laisser tomber sur le dos avec un sourire avant de lui dire : "Tes sentiments pour cet homme. Mais attention si jamais il te fait du mal il passera un sale quart d'heure. On touche pas à ma grande soeur." Même si cette phrase était dite sur le ton de l'humour tu n'en restais pas moins sérieux. Tihana comptait beaucoup pour toi et ça tu l'avais compris grâce à tes petits entrevus avec la psychologue de l'école. Peut-être que par la suite Tihana accepterait de rencontrer Ringo ? Ce serait tellement sympa !

Ta sœur te demanda ensuite si elle en apprendrait plus en lisant les livres que tu lui avais présenté. Bon l'amour n'était pas une science exacte et tout cela était scénarisé par un auteur de fiction. Pourtant tu étais certain que cela pourrait aider la jeune femme à mieux comprendre et interpréter ses sentiments alors tu acquiesçais de la tête : "Ce n'est pas une science exacte mais je suis certain que tu pourrais trouver quelques trucs pour enfin avouer que tu l'aimes." Tu tirai la langue malicieusement avant de s’asseoir sur le bord du lit. 

"Tiha, tu chasses encore ?" Tu marquas une pause avant de reprendre "Ca ne changera rien à nous deux si tu le fais encore et aussi tu dois avoir que je prends mes médicaments pour le coeur tous les jours, aucun oubli."

Tu étais fier de lui annoncer cela étant donné que la brunette mettait toujours un point d'honneur à te rappeler que tu devais prendre tes médicaments absolument tous les jours afin de ne pas avoir de crise cardiaque. Tu attendais donc la réponse à ta question concernant son addiction aux meurtres. Continuait-elle de peindre avec ce rouge si particulier ?

La menace de ton petit frère te fait sourire, bien que discuter de sentiments te met plutôt mal à l'aise. Mais tu ne voudrais qu'une confrontration éclate entre Abel et Castiel. Tu connais les méthodes du motard, bien que tu doutes qu'il serait capable de faire du mal à l'être qui compte certainement le plus pour toi. Le jeune blanc ne semble pas vouloir démordre de cette histoire d'amour. Sa baby-sitter lui a mis trop de choses en tête, mais pourtant, tu ne fais aucun commentaire à ce propos. Tu aimes trop le voir taquin ... Vivant. Oui, au moins il est là, de chair et d'os, en vie.

Tu hausses un sourcil à sa question. Ca ne te surprend pas. Le jeune Saruta a toujours été intrigué par tes nuits de chasse. Tu souris malgré tout avant qu'il ne t'annonce fièrement prendre soigneusement son traitement. Tu poses ton regard d'améthyste sur lui, un sourire aux lèvres, avant d'attraper son bras et de l'attirer à toi. Il se retrouve donc allongé, face à toi. Tu l'observes un moment et te blottis contre lui, comme tu as pu le faire de nombreuses fois par le passé.

"Je suis fière de toi. Tu sais à quel point il est important de prendre tes médicaments." Tu restes un instant silencieuse avant d'aborder le sujet de tes chasses. "Je sors moins la nuit. Il y a des lustres que je ne l'ai pas fait. Abel me fait surveiller au moindre de mes déplacements ..."

Dans le fond, tes nuits sanguinaires te manquent de moins en moins. Tu as de moins en moins de pulsions. Ce qui t'amène au sujet suivant alors tu restes lovée dans les bras de ton cadet.

"Moi aussi, je prends un traitement. Je ... sais que je suis malade. Que mon esprit l'a toujours été. Ca m’assomme parfois, mais j'ai l'esprit plus clair. Je n'entends plus cette petite voix qui me dictait ma conduite. Elle a disparu. Je crois que c'est une bonne chose ..." Tu marques une pause. "Mais je continue à peindre. Abel me ramène du matériel de bonne qualité, régulièrement."

Ainsi le voleur de grande sœur se nommait Abel ? Au moins ce n'est pas un Jean-Pierre ou un Johan.... Tu aimerai bien lui poser d'avantages de questions sur ce petit ami sauf que tu ne voulais pas te montrer trop intrusif pour tes retrouvailles avec ta grande sœur. Elle pourrait mal le prendre et te quitter aussi rapidement qu'elle était venue. Tihana t'avoua ensuite qu'elle sortait moins la nuit que c'était encore grâce à Saint Abel. Même si sa présence était bénéfique pour l'aînée des Green tu devais avouer que tu commençais à devenir jaloux. Toi aussi tu aurais été là pour elle si elle avait décidé de rester à tes cotés. 

Ensuite elle t'avoua qu'elle aussi prenait un traitement pour se soigner et ton opinion sur le Abel changea du tout au tout. Il devait être spécial pour réussir à forcer ta sœur à prendre ses médicaments. Et elle continuait à peindre ce qui était une bonne chose selon toi. "Tu me montreras tes nouvelles peintures hein ?" Tu avais toujours aimé voir ses œuvres même lorsqu'elles étaient morbides d'ailleurs cela te faisait penser à autre chose, son atelier. "Et je n'ai pas mis une seule fois les pieds dans ton atelier ! Promis, je sais que tu ne voulais pas que j'y traine alors j'ai fait attention."

L'atelier de ta soeur était sacré pour elle et en le préservant comme tel tu avais espéré que la brune revienne. Tout cela te faisait penser à autre chose, l'aménagement de cette maison beaucoup trop grande pour toi. Si Tihana ne revenait pas peut-être que tu pourrais te servir de l'endroit pour ton futur projet professionnel ? Enfin cela restait une autre question.

Echanger avec ton petit frère te fait le plus grand bien. C'est comme si tu n'étais jamais parti, que vous étiez normaux et que tout ceci s'était toujours passé ainsi. Le jeune blanc se laisse attirer à toi, sans résistance, sans angoisse. Tu tournes la tête pour planter tes pupilles d'améthyste dans les siennes. Tu acquiesces à sa requête.

"Bien sûr, et si tu veux, tu pourras en choisir quelques unes pour les accrocher dans ta chambre. J'en ai fait quelques unes avec des tortues. Je les gardais en espérant pouvoir te les offrir un jour."

Tu rosis un peu, tu avoues encore une faiblesse. Lui, il en est une, sans aucun doute. Tu as exclusivement peint pour Abel et lui, ces derniers temps. Pour les deux personnes qui comptent à tes yeux. Mais il n'y a qu'à Castiel que tu as avoué cette importante qu'il a pour toi. Le motard, lui, ne peut que le deviner, bien que tu lui ai laissé quelques indices à ce sujet dernièrement. Ton cadet te mentionne ton atelier, qu'il est toujours dans le même état depuis ton départ.

"Je t'autorise à y entrer. Tu es assez grand maintenant, je sais que tu en prendras soin."

Tu hésites un instant avant t'approcher ton visage du sien, déposer un baiser sur sa joue avant te nicher ton nez dans son cou. Tu l'enlaces, avec tendresse, donnant cette affection dont il a besoin et qu'il n'a pas reçu pendant plusieurs mois. Tu étais loin d'imaginer que vos retrouvailles se passeraient si bien.

Woh ! Ta soeur avait vraiment changé et pas qu'un peu ! Si tu avais encore quelques petits doutes cette fois ce n'était plus permis. Tihana avait même fait des tableaux avec des tortues rien que pour toi. "Pour moi ? Oui j'ai hâte de les voir." Cette journée était en passe de devenir le plus beau jour de ta vie au regard de la tournure des évènements. Tu mentionnais ensuite le fameux atelier qui t'était jusqu'ici interdit d'accès. Tihana venait de t'en donner l'accès t'autorisant à y entrer si tu le souhaitais. 

"Merci ! Tu crois que je pourrai y avoir un petit coin ? Comme ça je pourrai faire des photos si jamais je continue à en prendre."

Castiel le photographe, cette idée commençait petit à petit à se développer dans ton esprit. Si tu réussissais adieu l'école et bonjour la vie active. Les gens pourraient te payer pour prendre des photos, tu pourrais les vendre aux médias locaux et encore pas mal de chose. Tu ouvres les yeux en grand quand elle t'embrasse sur la joue et t'enlace de plus belle se nichant dans ton cou. Tout d'abord surpris tu venais l'enlacer encore et encore jusqu'à finalement t'endormir. Cela faisait tellement de temps que tu n'avais pas pu bénéficier d'un sommeil réconfortant... c'était très agréable !

Lorsque tu reverrai Eiko et ta psychologue tu en aurais des choses à leur dire. Ta vie prenait un nouveau tournant avec le retour inattendue de ta grande soeur !