Alice au Pays des Merveilles | Event

Elina était en train de faire un rêve vraiment bizarre… Elle entendait un rire de fou résonner tout autour d’elle, pire, on aurait dit qu’il résonnait à l’intérieur même de son crâne. Qui donc avait l’audace de lui vriller ainsi le cerveau ?! Mais ce n’était pas tout… Il y avait des formes qui tournaient autour d’elle, des formes qui n’avaient rien à faire là : des trèfles et des piques noirs, ainsi que des carreaux et des cœurs rouges… Soudain, un énorme chapeau haut de forme lui tomba dessus, et elle se retrouva plongée dans le noir le plus complet…

Cette soudaine obscurité la fit sortir de son état de sommeil. Avec un petit sursaut, elle ouvrit les yeux, avant de grimacer légèrement de douleur : tout l’avant de son corps était courbaturé, comme si elle avait dormi sur quelque chose de dur plutôt que sur le matelas du lit qu’elle partageait avec Sayu. Seulement alors, elle se rendit compte que ce n’était pas qu’une impression… Tout d’abord, elle sentit une petite brise venir faire voleter ses cheveux. Pourtant, la fenêtre était fermée quand elles étaient allées se coucher… Et puis, le piaillement des oiseaux lui semblait un peu trop fort comparé à d’habitude… Et aussi, c’était quoi cette odeur de… de forêt ? Enfin assez réveillée que pour faire attention au décor qui l’entourait, Elina découvrit qu’elle se trouvait allongée sur une branche. Sur une branche… Mais que diable pouvait-elle bien faire perchée sur ce truc ?! Tout autour d’elle se dressait un décor boisé, sans qu’on ne puisse voir le début ou la fin de celui-ci… Se trouvait-elle dans le bois d’Awashima ? Pourtant, elle avait cette étrange impression que non, que cet endroit lui était inconnu…

C’était vraiment frustrant… À tel point qu’elle ne put s’empêcher de battre de la queue d’agacement ! Un instant… Se redressant sur sa branche, Elina tourna son regard vers le bas de son dos, et y vit une chose qui n’avait rien à y faire : une queue ! Une queue noire, qui remuait l’air dans un geste typique d’agacement que l’on pouvait voir chez les félins… De surprise, ses oreilles se redressèrent sur sa tête… C-Comment ?! Cette fois, Elina porta sa main sur ces nouveaux attributs qu’elle avait senti bouger, et constata avec effroi qu’elle était pourvue d’une paire d’oreilles sur la tête…

- Q-Qu’est-ce que c’est que ça nyah ?!

La solution lui apparut alors : elle était encore en train de rêver, tout simplement ! Malheureusement, les diverses sensations qui lui parvenaient, que ce fut les bruits de la forêt ou encore la rudesse de la branche sur laquelle elle était perchée, était bien trop réalistes pour que cela soit un rêve… Malgré tout, par acquis de conscience, Elina se pinça fortement le bras :

- Nyaaaah !!

La vive douleur qu’elle ressentit eut tôt fait d’achever de la convaincre que tout ceci n’était malheureusement pas un rêve… Mais dans quel pétrin elle se trouvait encore une fois fourrée ?! Le douloureux souvenir de ce qu’il s’était passé le soir d’halloween lui revint en mémoire : là aussi, elle s’était retrouvée affublée d’un costume qu’il l’avait transformée en sorcière… Est-ce que c’était la même chose, mais cette fois avec un costume de chat ? D’ailleurs, ce dernier étant assez étonnant : une robe de soirée un peu démodée, avec force nœuds de couleur rose. L’un d’eux, au niveau de sa gorge, était même surmonté d’une petite clochette ! Elle avait aussi des chaussures dont l’extrémité était surmontée d’une paire d’oreilles de chats, comme pour rappeler qu’elle s’était transformée en hybride de chat… Comme si la queue et les oreilles ne suffisaient pas ! En plus, cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas portée une tenue de ce genre, si l’on mettait de côté la fois où elle en avait enfilé une dans ce magasin qu’elle avait visité avec Sayu. Sayu… Dans quel état elle devait se trouver, en s’étant réveillée avec une Elina censée se trouver à ses côtés volatilisée ?

Elina s’assit sur la branche, laissant ses jambes pendre dans le vide. Bizarrement, elle n’était pas particulièrement inquiète à l’idée de tomber, même si elle se trouvait à au moins trois mètres de hauteur… Peut-être parce qu’elle se trouvait juste au-dessus d’un sentier forestier, et qu’elle ne devait pas craindre de mal tomber ? Ou tout simplement parce qu’elle avait l’impression qu’elle avait un équilibre à toute épreuve malgré la précarité de la situation… Alors qu’elle réfléchissait à ce qu’elle devrait faire, elle perçut un peu  plus loin un bruit, signe que quelqu’un approchait. Les oreilles aux aguets, ce qui se traduisait par un petit remuement de ces dernières, Elina attendait de voir ce qui allait bien pouvoir apparaître devant elle…

Un petit lapin blanc muni d'une montre à gousset et d'un gilet de style victorien te fait signe de le suivre. Tu ne le connais pas, mais lui semble te connaître. Ou plutôt, il semble te confondre avec une autre. En effet, le petit animal doté de parole te nomme « Alice » malgré le fait que tu lui répètes être « Sayuri ». Le petit lapin ne veut rien entendre et te rappelles toutes les deux minutes que « Nous sommes en retard ! Dépêchez-vous mademoiselle Alice ! Le temps presse ! ». Tu finis par te résigner à le suivre sans poser de questions et, au bout de quelque temps de marche dans les fourrés, vous vous stoppez face à un grand chêne au tronc creux. Un terrier ? Celui de cette drôle de petite bête, probablement ?

- Entrez, je vous pris, mademoiselle Alice ! Le temps presse, allez, allez ! 
- E-Entrer ? Mais... Je ne peux pas passer dans un terrier voyons, je ne suis pas un petit lap- 

L'animal personnifié, comme dans les contes, te poussa légèrement. Tu perdis alors l'équilibre et tombas dans le terrier. C-Comment diable as-tu pu entrer là-dedans ? Le trou était si petit et... Te voilà à l'intérieur. Ce terrier est d'ailleurs, des plus étranges. On pourrait croire qu'il est sans fin ! Il a été creusé en ligne droite et s'enfonçait encore et encore dans le sol. Mais le plus étrange était, sans aucun doute, divers objets tombants eux aussi, en même temps que toi. Ils semblaient flotter dans les airs et il y avait de tout ! Des livres, des meubles, tu crus même apercevoir un dodo, cet oiseau préhistorique éteint depuis des siècles, avec un monocle et un journal entre les pattes !

« Oh ! Je crois avoir compris ! Hihihi, quel drôle de rêve que voici... Drôlement réaliste aussi... »

En effet, lors de sa chute interminable à l’intérieur de ce trou de lapin, tu avais réellement l'impression de recevoir des bouffées d'air frais faisant virevolter ta longue chevelure bouclée. Une autre chose qui te parut réaliste fut la douleur ressentie lors de l’atterrissage. Heureusement, il y avait un petit coussin sous tes fesses. Dans le cas contraire, cela aurait été le meilleur moyen pour se briser le coccyx !

« Serait-ce vrai ? Dans le fond... Ce n'est pas impossible... Cette île est remplie de mystères et semble avoir plus d'un tour de son sac... Mais... Si c'est réel, où suis-je sur l'île ? Et surtout... O-Où est Eli-chan ?! »

Te redressant d'un bond, tu étais prise d'une certaine panique. Où était ta petite-amie ? Tu te souvenais t'être couchée, comme tous les soirs, à ses côtés dans votre lit douillet. Et pourtant, tu ne te trouvais ni dans ta chambre, ni en sa compagnie. E-Et s'il lui arrivait la même chose qu'il était arrivé à sa grande sœur Emily ?... E-Et si tu... La perdais... NON ! Tu refusais catégoriquement cette éventualité ! Il fallait que tu la retrouves, et vite ! En espérant au moins que la suijin se trouve dans les parages…

Regardant tout autour de toi, tu te vis aux abords d'une forêt. Vêtue d'une robe légèrement différente de ta favorite, bien que très ressemblante. Celle-ci avait des petites épaulettes de dentelles blanches, était d'un bleu légèrement plus foncé que celle de ta robe fétiche et ton serre-tête rose avait été troqué contre un petit nœud bleu. Tu étais dans la peau d'Alice Liddel... Était-ce pour ça ? Le lapin blanc ? Le terrier... Mais oui ! Tout cela fait partie du conte de Lewis Carroll ! Ta mère te lisait souvent cette histoire lorsque tu étais enfant... Cet étrange changement était-il dû à une farce d'Awashima ? Une farce semblable à celle d'Halloween dernier ? Tant de questions restant sans réponse dans ton esprit... Réponses qui, dans le fond, t'importaient peu. Tu n'avais qu'un but : retrouver ta dulcinée.

Tu décidas donc de t'engouffrer dans cette forêt inconnue.

- H-Hey ? Il y a quelqu'un ? P-Petit lapin blanc ?

Penchée sur la branche sur laquelle elle était perchée, Elina fixait au loin le sentier qui s’étendait sous elle. Qu’est-ce qui pouvait bien se rapprocher, comme ça ? Le bruit des pas était étrange… En tout cas, cela ne semblait pas humain ! Soudain, un point blanc se matérialisa, et se mit à grossir de plus en plus, pour faire place… à un lapin, un lapin blanc, plus exactement. Mais ce n’était pas le banal animal que l’on retrouvait dans un clapier ! Celui-là portait un gilet, ainsi qu’une montre à gousset qu’il regardait d’un air anxieux. Un lapin capable de s’habiller et de lire l’heure, quoi de plus naturel ? La suijin fut fort tentée de ce pincer à nouveau le bras, sa certitude d’être bel et bien réveillée commençant doucement à s’effriter… L’animal, si l’on pouvait le qualifier de tel, s’arrêta un bref instant pour la fixer à travers l’épais feuillage, mais ne parut nullement surpris de voir une humaine avec des attributs félins perchée sur la branche d’un arbre. Il reprit rapidement son chemin, marmonnant d’un air effrayé quelque chose comme quoi ils étaient en retard… Voilà qu’il parlait, en plus ! Quant à savoir qui étaient ce « nous » qu’il évoquait, cela demeurerait un mystère complet…

Une fois que le lapin eut disparut, empruntant l’un des embranchements du sentier, Elina s’accorda à nouveau un moment de réflexion. Ce lapin blanc n’était pas sans lui rappeler quelque chose… Mais cela lui semblait un souvenir tellement lointain qu’elle avait du mal à y faire appel. Mais ça lui semblait étrange qu’une telle créature ait pu un jour croisé son chemin… Cependant, de quelle autre façon aurait-elle pu le graver dans sa mémoire, sinon ? Quelques minutes s’écoulèrent, pendant lesquelles elle continua à fouiller sa mémoire, sans plus prêter attention à ce qui l’entourait. Soudain, quelques paroles étranges lui revinrent, qu’elle chantonna spontanément :

"Fleurbageons, les rhododendroves,
Gyraient et gamblaient dans les vabes,
On frimait vers les pétunioves,
Et les momerathes engrabent."

Elle crut alors percevoir un bruit en dessous d’elle, et elle sursauta légèrement. Avait-elle rêvé ? Histoire d’être sure, elle passa sa tête à travers le branchage, et découvrit alors une jeune fille à l’apparence des plus familières… De longs cheveux blonds, de beaux yeux rouges… Ce n’était autre que sa petite amie qui venait d’apparaître face à elle ! Elina écarquilla les yeux elle la voyant : mais qu’est-ce qu’elle pouvait bien faire là ?! La surprise ne tarda pas à faire place à l’inquiétude… Elle ne savait pas où elle pouvait bien se trouver, et de ce fait, ignorait si les environs étaient dangereux ou non ! Ce qui veut dire… D’un mouvement agile, elle sauta de sa branche pour retrouver le plancher des vaches, et atterrit avec une grâce féline sur le sol. À peine eut-elle finit de se redresser qu’elle se précipitait vers Sayu, l’expression de son visage mêlant anxiété et incrédulité. Elle pencha la tête sur le côté, comme si cela l’aiderait à mieux accepter ce qu’elle voyait… Puis, n’y tenant plus, elle lui demanda, ses oreilles se plaquant sur sa tête :

- Sayu-nyah, c-c’est vraiment toi nyah ?

Elle tendit la main vers sa joue, qu’elle effleura du bout des doigts, s’assurant ainsi qu’il ne s’agissait pas d’une illusion. Dans un sens, elle était heureuse de savoir que sa petite amie était bel et bien là, et qu’elle n’était pas devenue folle au point d’avoir des hallucinations… Mais de l’autre, la savoir dans un environnement inconnu, avec de potentiels dangers non identifiés… C’était incroyablement angoissant ! Partagée entre soulagement et inquiétude, elle fixait la demoiselle…

Marchand prudemment à travers cette étendue boisée à perte de vue, tu cherchais, en vain, du regard le petit rongeur à monocle qui t'avait amené ici. Ce lapin, aussi étrange soit-il, devait bien connaître les lieux. Le retrouver te serait donc d'une grande utilité ! Et, qui sait, peut-être que l'animal pouvait te renseigner sur la potentielle présence de ta dulcinée ici ?
Toutefois, ce n'est pas la petite boule de poils blanche à veston que tu croisas sur ton chemin, mais un chat. Enfin, une demoiselle aux attributs félins plus précisément. La neko avait, soudainement, quitté son perchoir pour retrouver les pieds, ou pattes ?, sur terre. Lorsque cette dernière se redressa, il ne te fallut pas longtemps à la reconnaître. Était-ce... De simples ressemblances troublantes ? Où bel et bien la vraie ? En chair et en os ? Non. Aucune erreur possible, cette petite barrette en croissant de lune dans ses cheveux mauves... Ses yeux bleus clairs, scintillants d'émotion à ta vue... C'était Elina, ta petite-amie !

Tu étais bouche-bée, tout comme ta compagne apparemment. Aucune de vous deux n'en croyiez vos yeux et pourtant, cela était bien réel, vous vous étiez bien retrouvées.

- Sayu-nyah, c-c’est vraiment toi nyah ?

Tu remarquas immédiatement cette différence lorsque ta chérie parlait. "Nya" ? C'était quoi ? Cela voulait dire quoi ? Puis tu compris lorsque ton regard se posa sur ses oreilles de chat, plaquées contre sa chevelure.
Mais oui, bien sûr ! "Nya", le son que produit un miaulement ! C-C'est... C'est trop mignoooon ! Non, non, non. Calme-toi Sayuri !

La regardant les yeux, tu ne pouvais t'empêcher de fendre tes lèvres en un large sourire. Tu étais si heureuse, si rassurée de voir ta petite amie, savoir qu'elle était sauve. Du moins... Pour l'instant... Car qui sait ce que cet endroit peut vous réserver ?
Ton premier réflexe fut de la serrer dans tes bras. Tu l'enlaçais, fort, comme si tu redoutais qu'elle ne t'échappe.

- C'est moi, Eli-chan...

Déposant un léger baiser au coin de ses lèvres, tu te remis à regarder ce qu'il t'entourait.

- Eli-chan ? ... Tu sais où on est ? C'est quoi cet endroit ? Le bois d'Awashima ? Celui où nous nous sommes rencontrées ? C-C'est dangereux là-bas, non ? Tu me l'avais dit...

À l'idée d'être dans la forêt où se trouvait le monstre qui, d'après les dires de ta dulcinée, se trouvait être cannibale, tu frissonnas. Et si ce monstre s'en prenait à toi ? Ou pire encore, à Elina ? Tu paniquais à petit feu, ne quittant pas le corps de ta chérie.

- Je veux rentrer à la maison, Elina...

Elina était déchirée entre ces deux émotions opposées qu’était l’angoisse et le soulagement. Il aurait été malhonnête de dire qu’elle ne ressentait pas une certaine joie à l’idée de savoir sa petite amie à ses côtés… Car lorsque des évènements bizarres tels que celui-ci se produisaient, le danger n’était jamais loin… Et souvent, les personnes qui lui étaient chers se retrouvaient impliquées également… Cela avait été le cas lors de la nuit d’Halloween, ainsi que… que lors de l’invasion du complexe scientifique. S’il n’y avait pas eu de conséquences dramatiques lors du premier cas, le second… Enfin, il était inutile de rappeler la tragédie qui en avait découlé… Dès lors, aurait-elle vraiment pu se sentir rassurée simplement parce que Sayu ne s’était pas trouvée à ses côtés ? Non, elle aurait probablement davantage angoissé à l’idée de la savoir loin d’elle, confrontée à des dangers desquels elle ne pourrait la défendre… Oui, qu’elles soient toutes les deux réunies avait au moins un avantage : elle pouvait la protéger ! Et rien au monde ne l’empêcherait de le faire, pas même les dieux eux-mêmes !

Sayu semblait partager ce même mélange d’émotions contradictoires. Mais tout comme elle, elle semblait heureuse de l’avoir à ses côtés, en fut témoin le large sourire qui fendit son visage. Elle vint alors à l’enlacer, d’une étreinte qui rassemblait toute la force de ses bras… Bien qu’encore un peu sous le choc de cette soudaine rencontre, Elina lui rendit son étreinte, et la chaleur du corps de sa petite amie se répandit en elle, comme si d’un coup, elle venait de plonger dans un bain bien chaud… Il n’y avait vraiment qu’elle pour pouvoir l’apaiser de cette façon…

Sayu lui confirma qu’elle était bel et bien là, chose désormais inutile, car personne au monde ne pouvait reproduire cette douce sensation qu’elle ressentait lorsqu’elle se trouvait dans ses bras. Aucun imposteur, aucune illusion ne parviendrait jamais à la tromper sur ce point-là ! La demoiselle déposa un léger baiser sur le coin de ses lèvres, avant de se mettre à scruter les environs. Ce n’était en effet pas le moment de flirter avec insouciance… Il fallait en effet qu’elle découvre où elles se trouvaient, comme le demanda Sayu en une question à laquelle la suijin n’avait malheureusement pas de réponse… Certes, le bois d’Awashima semblait une possibilité non négligeable. Après tout, c’était l’espace boisé le plus conséquent qui se trouvait sur l’île ! Du moins, à sa connaissance… Cependant, il y avait quelque chose… de différent. Elina n’aurait su dire quoi, mais cet endroit ne dégageait pas la même atmosphère que ce bois où elle avait terrassé le dénommé Mustapha en compagnie de… d’Emily. Et puis, il y avait ce drôle de lapin, dont l’apparence singulière faisait travailler sa mémoire… Or, si ce souvenir était existant, il devait dater d’avant son arrivée sur l’île, dès lors…

Elina fut momentanément sortie de sa réflexion par Sayu, qui lui confiait son désir de rentrer à la maison… Aaaah, que n’aurait-elle pas donné pour pouvoir exaucer son vœu à l’instant même ? Malheureusement, elle n’en avait pas le pouvoir… Il devait cependant bien y avoir un moyen ! Si elles étaient là, ce n’était certainement pas pour rien… Il devait y avoir une raison, eut-ce été le simple amusement d’une entité inconnue, comme pour la nuit d’Halloween. Et si tel était le cas, il devait y avoir une condition, un objectif à atteindre ! Restait à découvrir lequel… Mais pour l’instant, elle devait se concentrer sur ce qui se trouvait à sa portée, à savoir rassurer sa douce petite amie :

- Sayu-nyah, nyah t’inquiètes pas, je suis là nyah. Je nyah laisserais rien te nyahrriver tant que je serais là nyah…

Elle caressa tendrement sa longue chevelure blonde, pour essayer d’apaiser davantage ses craintes. Elle ne savait pas si elle se montrait là convaincante, mais elle était on ne peut plus sincère… Elle était plus que prête à mettre sa vie en jeu si cela permettrait de renvoyer sa chérie à l’abri, mais se garda bien de le dire, car elle était confiante en sa capacité à les faire retourner toutes les deux dans leur petit nid d’amour. Maintenant, il fallait essayer de déterminer où elles se trouvaient, et surtout comment faire pour rentrer…

- Je nyah pense pas qu’on soit dans le bois d’Awashima nyah… La forêt semble différente nyah… Mais je nyah saurait dire où on se trouve nyah…

Elle se mit à battre de la queue nerveusement, en essayant de trouver un quelconque indice quant à leur localisation. Mais tout ce qu’il y avait autour d’elles, c’était des arbres… Il y avait ce lapin, qui lui semblait la clef de la compréhension de toute cette histoire… Pour l’instant, il valait mieux se mettre en route, pour essayer d’en apprendre un peu plus sur les environs. Mais restait à savoir quelle direction choisir…

- Il faudrait qu’on explore les environs nyah… Mais quelle direction choisir nyah ? Remarque, un chemin en vaut un nyautre…

Plusieurs chemins s’offraient à elles, et chacun pouvaient déboucher sur une destination différente. Mais sans objectif précis, qu’avaient-elles à perdre en en choisissant un au hasard ? Certes, les conséquences d’un mauvais choix pouvaient être terribles… Mais sans indice, avaient-elles vraiment le choix ?

Tu soupirais profondément, apaisée. C'était fou à quel point ta petite amie pouvait te remonter le moral et te rassurer en un rien de temps ! Sa simple présence te rendait sereine, si bien qu'elle t'était presque indispensable depuis les événements mouvementés auxquels tu avais, malgré toi, pris part.
Certes, tu avais peur qu'il lui arrive quelque chose, mais, les risques étaient bien moins vastes si tu te trouves dans la capacité de la protéger que si elle était seule, livrée à elle-même ! Même si, bien évidemment, tu aurais souhaité rester à l'écart de ces drôles d'affaires, toi et ta dulcinée.

Entre deux, trois miaulements, Elina expliqua sa vision des choses : elle ne reconnaissait pas, là, la forêt d'Awashima. En clair, la suijin n'était pas plus avancée que toi sur votre localisation. Pas de chance... Non seulement, vous ne saviez pas les raisons de votre présence en ces lieux, mais vous ne connaissiez pas les lieux en eux-mêmes ! Voilà qui n'allait pas être de la tarte !

Ta compagne aux magnifiques attributs félins (attributs qui, dans un autre contexte, t'aurais fasciné à un tel point que tu passerais ton temps à grattouiller derrière ses oreilles) fit la proposition la plus logique dans une telle situation : partir en expédition afin de repérer les alentours. Tu acquiesças sans broncher, après tout, il n'y avait pas grand chose d'autre à faire et rester planter là ne s'avérait guère la meilleure solution.

- Je suis d'accord ! Et qui sait ? On trouvera peut-être quelqu'un pouvant nous renseigner ?

Vous vous mettiez donc en route, prenant l'un des innombrables sentiers s'offrant à vous. Ils étaient nombreux, mais aucun ne se démarquait des autres. Un véritable labyrinthe champêtre ! Vint alors une rencontre des plus étranges. Enfin, étrange... Pas plus que celle de ce lapin à veston et ce dodo à monocle !
Vous voilà nez à nez avec un reptile, un crocodile. Mais pas n'importe quel crocodile ! Un crocodile bipède avec un élégant chapeau haut-de-forme ! Ce dernier semblait assez craintif et tenter de se faire discret, bizarre pour un animal imposant, d'habitude, la terreur et le respect. Ce cachait-il d'une menace ... ? Tu décidas de l'aborder. Elina sembla, à première vue, méfiante. Après tout, voilà un animal plutôt dangereux que voici ! Mais bon. Si le lapin blanc était doté de parole et d'humanité, tu présumais fortement qu'il en valait de même pour le reptile.

-Excusez moi ? Sauriez-vous où nous sommes ? Et, quelle heure est-il ?

Tu ne savais point pourquoi la seconde question t'était venue si spontanément. Probablement à cause du rongeur t'ayant répété sans cesse un certain retard ?
Ton interlocuteur sursauta avant de ressaisir en ne voyant en toi et ta camarade, aucun danger apparent.

- N'êtes-vous pas sur vos gardes ? Il n'est pas d'aisance de se balader ainsi en toute insouciance dans un tel contexte qui touche notre bon pays ! Seriez-vous étrangères ? Vous avez mal choisi la période pour visiter le pays des merveilles. C'est bien plus celui de la folie ces temps-ci !

Dans des gestes nerveux, la bête ne cessait de regarder à gauche, à droite, frissonnant au moindre bruit suspect. Puis, brusquement, il sembla craquer et pris ses pattes à son cou.

- Navré, mesdames, mais je ne souhaite point m'attirer d'ennuis ! Vous feriez mieux de faire profil bas vous aussi ! Le chapelier n'est pas d'humeur festive !

- Le... Pays des merveilles ? Le chapelier ? Mais... C'est quoi cette histoire ? C'est un univers de conte de fées ça... "Alice in wonderland"... Non ?

Tu demandas cela en te tournant vers Elina, les yeux brillants d'une lueur d’incompréhension.

//EN ATTENTE DU PNJ//

Assied au fond du jardin, il accapare une chaise blanche autour d’une table blanche, à la nappe blanche en dentelle. Six chaises sont présentées autour de la table. Il en occupe une. Les autres sont occupées par d’autres personnes pour le moins étranges. Une chenille shootée avec une drôle de cigarette, une sorte de lapin un peu taré, avec des piercings aux oreilles et des tatouages sur les pattes, une souris qui fait trempette dans un chapeau rempli de thé. « Lui » aussi, il regardait du thé. Comme une boule de cristal, il avait un chapeau posé sur ses genoux. A l’envers, il contenait une grande quantité de thé. Un thé noir, ou vert en fait, personne n’aurait pu le dire. Il souriait. Un sourire sadique, amusé.

« Chapelier, qu’est-ce qui vous amuse tant ? »

Le chapelier se mit soudainement à rire. Il voyait Alice. La Alice que la prophétie avait prédite. Celle qui devait lui mettre des bâtons dans les roues. Alors, il était heureux. Il savait qu’il devait s’en débarrasser, et pour ça, il avait tout prévu. Dans son chapeau, il voyait Alice se promener avec le chat de Ceshire. Se promener… ou paniquer. A vrai dire, l’expression inquiète qu’affichait Alice le ravissait au plus haut point. Il se leva soudainement. Une armée de chapeau se trouvait derrière lui. Alors, il commença à effectuer quelques pas de danse à la Mickaël Jackson. Puis, il s’arrêta net. Il claqua des doigts.

Le claquement retentit dans tout le royaume. Il résonna, comme si la fin du monde venait de sonner. Alors, une partie de l’armée de chapeau, présidée par la petite souris armée d’une épée, s’envola vers Alice et son chat. Le chapelier venait de lancer sa première attaque. Les chapeaux s’avançaient dangereusement d’Alice, et, lorsqu’ils furent en face d’eux, ils s’arrêtèrent. Ils commencèrent alors une danse : deux pas à gauche, deux pas à droite et un demi-tour. Face aux yeux ébahis d’Alice et Ceshire, la souris lança l’assaut. Les chapeaux semblaient « maîtriser » l’eau, ou du moins ils en sortaient comme ils le voulaient. La souris, elle, préférait le combat au corps à corps et à la ruse.

« Que la fête commence. »

On entendit le rire du chapelier retentir à travers le bois.

Sayu exprima son accord, et toutes les deux se mirent en route, empruntant au hasard l’un des sentiers s’offrant à elles. Maintenant qu’elle y pensait, elle aurait peut-être pu sonder les environs via sa télépathie, pour voir s’il n’y avait pas une forme de vie à proximité, mais comme elle n’usait que rarement de cette forme-là de son pouvoir, elle n’avait pas encore le mécanisme d’y faire appel lorsqu’il pouvait s’avérer nécessaire… Toujours est-il que leur choix les conduisit à faire une nouvelle rencontre pour le moins inhabituelle… Un crocodile, perché sur ses deux pattes arrière, et vêtu d’un chapeau croisa leur chemin. Qui plus est, l’animal semblait bien plus craintif que ne l’était ses pairs quadrupède, pour une raison qu’il devait être seul à savoir… Est-ce que cela rendait la situation moins dangereuse ? Pas sûr, vu que la peur pouvait donner naissance à des réactions pour le moins… imprévisibles…

Elina se tendit alors en voyant le nouvel individu se rapprocher : les oreilles plaquées sur sa tête, sa queue battant l’air d’un air agacé, et ses yeux plissés comme pour pouvoir mieux détailler chacun de ses gestes, l’attitude de la demoiselle ne laissait aucun doute quant à la nature de son ressenti face au reptile. Sayu, elle, n’hésita pas cependant à l’aborder comme si de rien n’était : d’ailleurs, elle lui demanda même l’heure ! Pourquoi ? Voilà une question à laquelle elle aurait bien aimé avoir une réponse… Cependant, elle-même semblait perplexe quant à cette demande singulière… L’idée lui vint alors qu’elles étaient peut-être soumises à une certaine influence : elle-même tenait des propos étranges, par moment, comme si les paroles qu’elle prononçait n’étaient pas les siennes, mais celles d’une autre qui franchissaient ses lèvres… Étrange… Mais tant que cela ne leur portait pas préjudice, elle ne s’en formalisait pas.

Le crocodile sursauta en entendant Sayu l’interpeller, mais se détendit en se rendant compte qu’il avait affaire à deux jeunes femmes : apparemment, elle ne représentait pas un danger. Malgré tout, il semblait bien qu’il y avait matière à s’inquiéter, si l’on prenait en compte la réaction du reptile… Ce qui n’était pas pour encourager la suijin… L’animal leur tint un discours qui tenait presque pour un sermon : se balader avec insouciance était une mauvaise idée… Plus maintenant que le pays des merveilles était empreint de folie ! Un instant, le pays des merveilles ? Le déclic se fit alors dans la tête d’Elina : se trouvaient-elles dans l’histoire de Lewis Carroll, ou bien dans un monde retransformé à son image ? Le crocodile surenchérît en disant que le chapelier n’était pas d’humeur festive, et que cela justifiait de reste discrète afin de ne pas se faire remarquer de ce singulier personnage… Voilà qui était étrange, le chapelier n’était-il point un gentil, dans cette histoire ? Mais pas le temps de se poser la question que leur interlocuteur filait déjà, laissant les deux jeunes filles en plein désarroi. De cette rencontre, elles pouvaient en déduire deux choses : premièrement, elles se trouvaient au pays des merveilles, pour une raison encore inconnue. Et aussi, qu’une atmosphère menaçante pesait sur elles et l’ensemble des habitants de ce pays… Le chapelier semblait y être pour quelque chose, mais sans certitudes, elles ne pouvaient point l’affirmer…

Tandis qu’Elina s’apprêtait à répondre à Sayu, un claquement étrange retentit dans l’air. Un coup de feu ? Non, ça ressemblait plus à… un claquement de doigts. Mais jamais cela n’aurait pu faire un bruit aussi puissant, à moins peut-être que la créature l’ayant produit n’ai la taille d’une montagne ? En tout cas, tout le système pileux de la jeune russe se dressa d’un coup, surtout au niveau de sa queue. Elle ignorait pourquoi, mais elle avait un très mauvais pressentiment concernant ce bruit soudain… Elle avait la certitude qu’il ne présageait rien de bon…

- Sayu-nyah, je crois qu’on nyah devrait pas rester ici nyah…

Malheureusement, le temps n’était plus à la fuite… Car déjà, le danger arrivait, sous la forme de… d’une flotte de chapeau volant !? Vraiment, qu’est-ce qui n’allait pas, dans ce monde !? À la tête de cette drôle d’armada, se tenait une petite souris… Cela donna à Elina l’impression qu’on se moquait d’elles… Cependant, l’idée de sous-estimer ces nouveaux arrivants ne lui traversa pas l’esprit : bien qu’elle n’en avait pas la preuve, elle avait la certitude que ceux-ci représentaient une menace ! Et l’avenir lui donna raison, lorsque de l’eau se mit à sortir des couvre-chefs, sur ordre de la petite souris. De grandes quantités d’eau volait à pleine vitesse vers elles, si bien qu’Elina bondit sur Sayu pour la soustraire à leur trajectoire. Allongées sur le sol, Elina créa un dôme aqueux pour les protéger, le temps de comprendre ce qu’il se passait.

- Mais qu’est-ce qu’il se passe nyah !?

Elle posa cette question en aparté, sans vraiment attendre de réponse à cette dernière. La situation parlait d’elle-même : elles étaient attaquées ! Mais pour quelle raison ? Cela, elle n’en avait pas la moindre idée…