Il y a méprise sur la personne [SHIRO]

Quoi de mieux que de se réveiller avec le chant des oiseaux ? Sans doute se réveiller avec le chant des oiseaux, chez soi. Pourtant, vu la tête que tu tirais au réveil, tu avais encore du mal à t’habituer à ce nouveau « chez toi ».

Depuis à peine une semaine, tu étais arrivée ici, sur cette île totalement éloignée du monde. Ou du moins, tu l’imaginais ainsi. Personne n’avait vraiment voulu te parler d’elle et de son histoire. Tu avais du te débrouiller seule. Tu en avais l’habitude, mais cette fois c’était différent. Différent, parce que personne n’était là pour te féliciter ou t’encourager. Prendre contact avec le monde extérieur avait été un véritable calvaire et tu avais rapidement comprit qu’il valait mieux de pas parler de cette étrange ville à tes proches. Tu te demandais d’ailleurs comment c’était possible d’être à la fois si proche et si loin de ceux qu’on aime. Derrière l’écran, ils t’avaient semblé comme dans la pièce alors qu’ils étaient peut-être à des centaines de millier de kilomètres de toi. Le monde est bizarrement fichu, n’est-ce pas ?

Assise sur ton lit, tu observais ta frimousse dans le miroir de l’armoire posée face à toi. Tes cheveux aussi verts que tes yeux avaient fait la java cette nuit, dans ton sommeil. Ce matin, les dompter serait difficile et long, encore une fois. Le visage encore ensommeillé tu te décidais pourtant à sortir du lit et te dirigeait vers la cuisine. L’appartement que tu avais du louer en catastrophe pour ne pas dépenser un budget astronomique en chambre d’hôtel se composait d’une pièce principale aux volumes raisonnables, d’une salle de bain, de toilettes séparées, d’une petite cuisine qui s’ouvrait sur le salon et d’un grande chambre. Il y avait une petite pièce qui menait à une sorte de buanderie et dressing, principalement faite de rangement. Tu pouvais payer le loyer grâce au travail se serveuse dans le bar le plus fréquenté par la classe populaire d’Awashima. Oui, on pouvait dire que tu avais eu beaucoup de chance jusque-là. Trouver un appartement pas trop cher, meublé, et un métier, ce n’était pas toujours une chose simple. Mais ici, on semblait embaucher un peu tout ce qui passait sous la main.

Après un rapide passage à la douche, une bonne demi-heure pour se coiffer et une bonne tartine de pain grillée, tu prenais tes affaires et te dirigeais au dehors. La ville était grande, il te fallait l’explorer. Et puis, tu aurais bien aimé te renseigner pour continuer tes études. Tu avais entamé un cursus de psychologie, alors tu aurais tout de même souhaité le terminer.

Dans le centre-ville, c’était l’effervescence. Toujours animé, il offrait un large choix de boutiques diverses et en tout genre. Chacun semblait pouvoir y trouver son bonheur, comme si on avait perdu une foule d’étudiants fortunés dans Londres ou Paris. Soit, ce n’était pas la capitale de la mode. Mais c’était déjà pas mal du tout. Tu marchais tranquillement dans une ruelle, d’un pas léger et presque gaie.

« AU VOLEUR ! ATTRAPEZ-LE ! »

Ni une, ni deux, tu sautais sur la personne indiquée par le doigt que pointait la femme qui avait crié. Mais tu t’aperçues rapidement de la méprise : il s’agissait d’une enfant. Une simple enfant qui semblait ne rien à voir la dedans.

« Oulaaaaaa ! Milles excuses jeune fille. »

Une main derrière la tête, tu riais nerveusement. Décidément, la journée commençait bien…