Une pyjama party improvisée. {Emily/Elina/Sayuri}

Il n'y avait pas à dire Émily était d'une nature des plus curieuse car à peine Sayuri eut les fesses posaient sur le divan que cette dernière la regardait un sourire malicieux aux lèvres réfléchissant à quelles questions elle allait confronter la nippone. C'était assez gênant pour la petite blonde de voir à quel point sa vie semblait intéressée son hôte, elle qui n'osait jamais dire non, elle allait probablement s'embarquer dans un bombardement de questions des plus logiques aux plus farfelus ! Mais avant dénoncés sa longue liste de questions lui brûlant les lèvres, la brune demanda à sa petite sœur qui se trouvait dans la cuisine de rapporter avec elle des glaces. Une fois cette demande fait, Émily entrait dans les choses sérieuses en reportant son attention sur son invitée. Et lorsque cette dernière se mit à parler, la petite nippone ne put s'empêchait d'écarquiller les yeux sous la surprise. Elle ne s'attendait pas à avoirs un amas de questions d'un coup, d'ailleurs elle n'avait pas tout retenu ni tout comprit car son interlocutrice parlait à une vitesse fulgurante.

-J-Je euh...Je...

La pauvre Sayuri était totalement perdue et ne savait pas par où commencer. Elle respira donc longuement pour remettre ses idées en place et reprit calmement.

-Je suis née en octobre, le 18 et euh... Je suis... J-je ne connais pas les signes européens... Au Japon je suis tigre... Et euh... J-Je parle anglais parce que ma maman est originaire d’Angleterre. C-C'est pour ça que je suis blonde et pas brune. Mais il y a encore des choses que je ne comprends pas bien... Je comprends un peu prêt avec les tournures de phrases par exemple...

Soudainement alors qu'elle parlait, Sayuri vit Émily se cabrer dans un grand frisson accompagné d'une grimace. Cette réaction était causée par Élina qui venait d'arriver et avait posé contre la peau à nu de sa colocataire la glace avant de la lui tendre et de tendre celle de la blonde. Puis la violine s'installa dans un coin du divan à une certaines distance des deux autres jeunes filles. Sayuri se demandait pourquoi elle prenait cette distance avec elles mais n'y prêta pas plus attention car les grésillements des lampes captèrent son regard. Le système électrique semblait souffrir du mauvais temps hivernal. Toutefois après cette petite peur de subitement se retrouver dans la pénombre sans source de lumière, les trios d'adolescentes furent soulagées de voir que le courant fonctionnait encore.

Après ce petit désagrément, Sayuri reporta son attention sur Emily, se préparant au prochain largage de demandes.

La complicité des deux hôtes était semble-t-elle très soudée, car Émily avait une expression amusée et non pas frustrée ou boudeuse envers la petite farce de sa petite soeur. Voir les deux jeunes femmes rendait heureuse Sayuri qui n'avait jamais pu savoir ce qu'était que l'amour fraternel étant fille unique.
Cependant, le sourire radieux qu'ornée son visage fut bref, s’effaçant totalement à la seconde partie de la question de l'aînée. Autant demander si elle vivait en milieu urbain ou champêtre n'était pas un problème. Autant la suite fit le même choc qu'un coup de poignard pour la petite nippone. Alors comme ça, malgré le fait qu'elle soit ici, loin des contrées japonaises et ses origines, loin de ses parents, elle pouvait les contacter? Elle devrait s'en réjouir mais bizarrement elle était prise d'une profonde nostalgie. Comment allait-elle faire? Sa mère avait bien un téléphone mais elle l'utilisait très rarement, uniquement pour prendre des nouvelles des grands-parents de Sayuri étant restés en Angleterre et donc la jeune fille ne connaissait pas le numéro. Il y avait aussi les lettres mais était-ce possible d'envoyer du courrier aussi loin? De plus, sans entendre la voix de sa Oka-San ni de son Oto-san, la demoiselle n'en serait aucunement rassasiée. Non au contraire, communiquer sans les voir, sans les entendre... Tout ceci ne ferait que la rendre plus morose encore. Faire cela ne ferait que lui rappeler qu'elle était piégée sur cette île au beau milieu de nulle part...

Alors que la demoiselle commençait à perdre au fur et à mesure sa joie, sombrant dans la mélancolie à chaque pensé de sa famille, Sayuri sentit se rapprocher d'elle Élina qui semblait s'être rapproché dans un sentiment de soutien. La blonde ne resta pas de marbre à cela, au contraire elle en avait baume au coeur. Et tout en déballant sa glace dans l'espoir de noyer sa peine en la dégustant, elle porta son regard vers Émily et lui demanda doucement.

-Ça ne te dérange pas...si on change de sujet... S'il te plaît?

Et tout en prononçant ces mots, elle ne remarqua pas que, machinalement, elle venait d'agripper la main de la violine dans la sienne, la serrant comme pour chercher une sorte de réconfort.

Après le froid qu'elle avait créé, Émily semblait très gênée, la pauvre elle ne pouvait pas du tout deviner que la nouvelle qu'elle allait dire créerait une réaction si morose. Elle pensait bien faire, rendre le sourire à Sayuri, c'était pourquoi la nippone ne pouvait que lui en être reconnaissante malgré qu'à cause de cette gaffe elle ne parvenait plus à songer à autre chose que ses parents qui devaient être paniqués de ne pas voir rentré leur petite princesse à une heure si tardive. Heureusement, le délicat arôme de la friandise qu'elle venait de porter à ses lèvres lui remonter un peu le moral de plus, sa camarade à qui elle avait sans crier gare agripper la main ne semblait pas vouloir se défaire de cette soudaine demande de soutien. Au contraire Sayuri pouvait sentir une légère pression sur ses doigts indiquant qu'Élina avait resserré ses phalanges contre les siennes. Et en accompagnant ce geste, la violine ajouta que si jamais elle changeait d'avis et qu'elle avait besoin de se confier à ses hôtes elle le pouvait. Et hésitant un peu avant de poursuivre, sa camarade ajouta qu'elle était là pour elle ce qui ne laissa pas de marbre la petite blonde qui hocha la tête en guise de réponse et remerciement.
Le silence régnait encore et toujours et Sayuri commençait sérieusement à s'en vouloir car elle savait que tous ces froids étaient à cause de ses réactions. Et une fois de plus elle pouvait remercier l'une des deux colocataires pour oser prendre la parole car elle, elle ne s'en sentait pas capable.
Elina demanda si Sayuri avait un passe-temps et à cela l'adolescente tilta. Son carnet de dessins ! L'avait-elle ? Était-il resté chez elle au Japon ? Elle n'avait toujours pas regardé le contenu de son sac, cette question était peut-être l'opportunité d'en faire l'inventaire. Elle se leva donc et se dirigea vers son sac étant resté sur le seuil de la porte. Elle remarqua les regards intrigués de ses compagnes et expliqua alors ce qu'elle faisait.

-J-J'aime beaucoup dessiner et... J'aimerais voir si mon calepin est dans mon sac... Je l'espère...

Elle ouvrit donc son bagage, jetant un coup d'oeil à son contenu. Il y avait le strict minimum servant à vivre ainsi que, miracle ! Son cher carnet de dessins ! Mais pas que, il y avait aussi un pendentif auquel la jeune fille tenait beaucoup, un collier s'ouvrant et dans lequel se trouvait une photographie, c'était une photographie datant d'un moment alors qu'elle était âgée de cinq ans. Elle et ses parents avaient été en ville voir un festival traditionnel, c'était la première fois que la petite fille quittait son village natale c'était donc un passage capital de sa vie.
En fouillant un peu plus, elle sentit quelque chose de doux et pelucheux... C'était... Sa peluche. En temps normal elle aurait été gêné de prendre dans ses bras son mouton blanc, son petit nounours depuis toujours mais là, ce petit objet d'avant était comme un coffre-fort renfermant des souvenirs de sa famille qui lui revenaient en mémoire maintenant qu'elle était loin d'eux. Elle le sortit alors du sac et le planqua contre son torse murmurant heureuse;

-Tu es là toi aussi...

Voyant le regard des deux jeunes femmes elle sentit ses joues s'empourprer un peu et décida de porter leur attention sur son calepin en leur tendant pour leur montrer sa passion depuis toujours.

Alors que la gêne l'avait poussé à capter l'attention de ses hôtes sur son hobby et non plus sur ses retrouvailles avec sa peluche, voilà que Sayuri regrettait son choix. Maintenant que le livret où croquis, esquisses et aquarelles des saisons, paysages, faunes et flores de son village était en possession d'Emily, la demoiselle redoutait leurs critiques. Si elles trouvaient cela enfantin? Laid? Sans aucune valeur ni raison de se montrer fière de ce travail? Après tout, il était vrai que la petite nippone n'avait reçu que des compliments de personnes proches comme ses parents. Et il arrivait très souvent que les porches exagérés les choses en disant que tel ou tel dessin était splendide or, les inconnus ou simples connaissances pouvaient elles s'avérer bien plus critique négativement en regardant une oeuvre. Alors Sayuri se sentait un peu stressée, elle voulait plaire aux deux jeunes filles. Pas se montrer intéressante non! Elle voulait juste leur montrer qu'elle était capable de faire de grandes choses malgré sa modestie paysanne.

Chaque page que la brune tournait et contemplait avec sa petite soeur était un étage d'appréhension dans le coeur de la petite blonde, puis, ce stress accumulé s'évapora d'un seul coup donnant l'impression à l'adolescente d'avoir des ailes en entendant les mots d'Emily. Elle trouvait cela plutôt bien réussi, ouf, Sayuri en était ravie. L'aînée du trio lui dit aussi qu'Elina dessinait toutefois, elle ne montrait jamais ce qu'elle faisait. C'était bien dommage, Sayuri aurait adoré voir ça, mais si sa camarade refusait de montrer ses croquis elle pouvait comprendre et n'allait pas insister. En parlant d'Elina...Cette dernière restait muette devant les dessins de son invitée qui se mordiller la lèvre inférieur. Elle n'aimait pas ? Peut-être qu'elle trouvait ça nul par rapport à ses dessins car qui pouvait savoir ? Elina pouvait être bien plus douée que Sayuri, cela était loin d'être impossible après tout.

Se dirigeant vers la cuisine, Emily laissait derrière elle les deux adolescentes qui restaient en silence jusqu'à ce que la violine ne le brise. Elle s'adressait à sa grande sœur et venait de sortir de son sac de cours une pochette qui semblait bien remplie qu'elle tendit à la nippone. Sayuri hésita quelques instants puis finit par ouvrir le bloc et regarder son contenu. Il y avait de nombreux croquis très bien travaillés ainsi que quelques dessins panoramiques achevés. La demoiselle prenait plaisir à regarder tous ces dessins, ils étaient bien différents de son style de graphisme mais ils en demeuraient tout aussi beaux et originaux que les siens, peut-être même plus car il y avait certains points qu'Elina maîtrisait mieux qu'elle et d'autres non. Elle rangea le tout et tandis le paquet de feuilles à Emily qui était de retour dans le salon et se retourna vers Elina en lui souriant.

-C'est très joli Elina-chan ! Cela change de mes dessins de daims et de piverts !

Une sorte de satisfaction pouvait se lire sur le visage d'Elina. Tout comme Sayuri quelques minutes auparavant, elle avait dû longuement appréhendait le verdict des deux jeunes femmes. Le fin sourire qu'elle affichait donné une mine radieuse à son visage ce qui fit rougir la blonde. Elle la trouvait jolie, si jolie...
Sentant ses rougeurs embrasées ses joues, elle détourna promptement son regard qui vint se porter au hasard sur l'horloge de la pièce qui indiquait une heure tardive. Leur d'aller ce coucher aller probablement bientôt sonner.

Bien que Sayuri ait cessé de regarder Élina, ses joues restaient teintées de pourpre. Ces dernières devinrent même davantage colorées à la simple entente des compliments d'Élina, à moins qu'elle rougissait pour autre chose . Car en effet, la demoiselle avait trouvé le léger bégaiement de sa camarade adorable, aussi mignon que la personne en elle-même. Mais, que disait-elle là ?! La nippone avait la sensation que ses joues s’enflammées lorsqu'elle repensait à son amie aux cheveux mauve rougissante ou se mordillant les lèvres anxieusement. Pourquoi réagissait-elle ainsi ? C'était à la fois plaisant et déplaisant, une émotion particulière et inexplicable, toutefois une chose était sûre, Sayuri devait calmer ses ardeurs et tenter de se calmer en songeant à autre chose que le doux visage de la demoiselle. Elle porta donc son attention sur la question d'Émily qui regardait une des œuvres de sa petite sœur l'air tourmentait. Elle ne parvenait pas à mettre la main sur le nom du lieu représentait sur la feuille, elle avait beau se triturer les méninges rien à faire, le vide total. Elina évoqua alors un parc en guise de réponse. Sayuri qui venait de faire ses premiers pas dans ce nouvel environnement était tout excitée à l'idée qu'un parc naturel aussi joli que l'avait représenté Élina puisse exister ici sur l'île ! Un tel lieu serait parfait pour qu'elle puisse y retrouver le côté champêtre de chez elle. De plus elle était impatiente de savoir si les lieux portés bien son nom. « Hinan Jo », pouvant être traduit par « le havre de paix » ou encore « le refuge » en japonais. L'adolescente savait donc par où commencer sa visite au sein de cet îlot !

Brusquement, Le court silence fut brisé par Élina qui s'écria lorsqu'elle voyait l'heure. Sayuri avait légèrement sursauté tellement elle ne s'attendait pas à ce que le blanc soit cassé aussi promptement. 
Portant à nouveau son regard sur l'horloge, la demoiselle demanda doucement.


-T-Tu veux peut-être aller dormir ? Il se fait tard après tout... Si vous êtes fatiguées vous n'avez qu'à aller vous coucher ! Ne vous en fait pas pour moi je vais me débrouiller pour faire mon lit...Enfin...Le canapé-lit ! Dit-elle en souriant

La proposition semblait arranger ses hôtes qui devaient se lever tôt pour travailler le lendemain. Et bien que Sayuri ait proposé de faire par elle-même sa couchette, les deux adolescentes s'étaient empressé de la lui faire en un temps-record. Une fois ceci fait, il ne leur restait plus qu'à se souhaiter une bonne nuit et aller se loger sous leurs couvertures. Emily fut la première à quitter la salle laissant à nouveau en tête à tête les deux camarades. Et, pour ne pas changer, une sorte de malaise s'était une fois de plus interposé entre les deux jeunes filles mais après une certaine hésitation, Élina prit la parole, disant espérer que son invitée dormira bien. La nippone lui sourit en guise de réponse et suivit du regard son amie jusqu'à ce que la porte de la chambre ne se ferme, les séparant. Et presque à cet instant précis, ce moment où la blonde était sûre de ne pas être vu, elle effaça le sourire gravé sur ses lèvres pour adopter une expression maussade, le regard vide comme s'il était perdu dans le fin fond d'un trou noir.
Elle n'avait pas voulu inquiéter ses deux hôtesses, elle s'était efforcée de rester souriante, mais elle ne pouvait plus se retenir. Elle devait évacuer ce surplus. Son arrivée, l'abandon de tout son passé, tout cela c'était passé si vite et étaient si durs à encaisser d'un coup. La demoiselle avait été brave, elle avait tenu bon, mais maintenant qu'elle était enfin seule elle pouvait briser ce masque de mensonge. Elle était bouleversée et désormais elle n'avait plus la crainte d'être surprise en train de pleurer.

Elle prit sa peluche restait dans le sac, le pendentif renfermant la photo de famille, et se laissa tomber en arrière sur le divan lui servant de lit. La peluche contre sa poitrine, le médaillon dans les mains, Sayuri semblait hésitée quelques instants avant de finir par ouvrir le cœur du collier, contemplant l'image. Sa mère et son père étaient si souriants... Ils étaient resplendissants. Un sourire se dessina faiblement sur ses lèvres lorsqu'elle vu leurs visages radieux mais ce sourire ne dura qu'un fragment de seconde avant que des sanglots ne retentissent. La jeune fille tentait d'étouffer ses pleurs en enfouissant son visage dans la fourrure laineuse de son mouton blanc en peluche tout en serrant celui-ci de toutes ses forces, le plaquant à elle.

-Oka-San... Otô-san...

Elle se recroquevilla sur elle-même. Que c'était douloureux, pourquoi était-ce si douloureux ? Pourquoi était-elle là ? Elle avait vécu plusieurs années avec ce don sans jamais causer de problèmes alors pourquoi fallait-il qu'elle vienne ici ? Pourquoi maintenant et pas dans des années ?! La jeune fille était en colère contre quelqu'un ou quelque chose dont elle ignorait l’identité mais ce qu'elle savait c'est qu'elle détestait cette « chose ». Pourquoi avoir pu passer des années avec cette magie auprès de sa famille et brusquement se faire arracher à elle ? Cela n'avait aucun sens ce qui était doublement plus frustrant pour la petite nippone déjà perturbée par tous ses tracas.
Elle fut brusquement surprise par un bruit dans la maison. Se redressant d'un bond, les larmes perlant d'elles-mêmes sur ses joues, Sayuri regardait autour d'elle. Avait-elle réveillé l'une de ses camarades en pleurnichant ainsi ?...

Sa tristesse avait bel et bien nui au sommeil de l'une de ses hôtes, car peu de temps après avoir ouï le présumé grincement de porte, des pas légers se firent entendre sur le parquet. La silhouette floutée par l'obscurité empêcher à Sayuri de voir si elle avait affaire à Élina ou Émily, mais l'une ou l'autre, cela ne changerait rien au chagrin de la demoiselle qui maintenant s'en voulait d'avoir réveillait l'une des jeunes femmes. En présence de l'ombre s'avançant vers elle, la nippone tenta de se calmer, de retenir ses larmes, en vain. Les larmes coulaient à flots sans vouloir s'arrêter. Sayuri sentit alors un poids sur le matelas indiquant que quelqu'un l'avait rejoint. Tournant la tête dans sa direction, elle était désormais assez proche pour discerner les traits faciaux de sa camarade qui n'était autre qu'Élina. Cette dernière demanda si tout allait bien, une pointe d'inquiétude dans la voix. La blonde n'eut même pas le temps de réagir que son amie s'était mise à s'excusait, disant que sa question avait été idiote. Il était vrai que ce n'avait pas été très futile de sa part, mais Sayuri ne lui en voulait pas. Comment pouvait-elle en vouloir à celle qui, dans un élan de tendresse touchant, avait joint sa main à la sienne et plaquée contre son torse tout en la rassurant ?
La jeune fille meurtrie ne réagit pas directement, surprise de ce geste inattendu. Figée, muette, ses larmes semblaient s'être stoppé, comme si le temps s'était arrêté avant que des flots ne coulent de nouveau. Elle pleurait de tristesse mais un nouveau sentiment s'était joint à la cause. Une sorte de joie, celle de voir qu'elle n'était pas toute seule. Car bien qu'elle ait attendu toute la journée pour se retrouver seule pour pouvoir laisser se déchaîner ses peines, elle souhaitait au plus profond d'elle que l'on lui tende la main.

Sayuri ferma les yeux et se laissa emporter par ses larmes, n'ayant plus la crainte d'être vue. À dire vrai, elle ne parvenait pas à se retenir, elle avait besoin d'extérioriser tout son chagrin. Serrant leurs mains jointes et se cramponnant fermement au dos d'Élina de son bras libre, Sayuri tentait de recevoir le maximum de chaleur humaine... De sa chaleur...

Plusieurs minutes passèrent, les deux adolescentes restaient blottit l'une contre l'autre. Après un certain temps, Sayuri parvenu à se calmer et, du revers de sa manche, vint essuyer les dernières perles de nostalgie qui étaient aux coins de ses yeux.Resserrant légèrement sa prise contre Élina, la blonde demanda timidement, la voix encore un peu tremblotante.

-Elina-Chan... Reste avec moi... S'il te plaît...

Ce fut avec bonheur que Sayuri entendit la réponse d'Élina. Elle acceptait de rester à ses côtés. Des mots banals qui venaient de réchauffer le cœur de la petite nippone. Se blottissant contre la violine, la demoiselle se sentait bien. Le simple fait d'être auprès de sa camarade semblait estomper ses mœurs jusqu'à les anéantir et faire place à de la joie, celle de savoir qu'elle n'était pas seule. 
Confortablement loger dans les bras de son amie, son rythme respiratoire devint plus lent, plus lourd. Ses yeux bataillaient difficilement pour rester ouvert, elle avait sommeil. Et alors que la blonde sombrait progressivement dans le royaume des songes, sa camarade prit la parole, la retenant de comater. L'adolescente lâcha la main qu'elle serrait fermement et lui proposa de se mettre plus à l'aise pour dormir dans de meilleures conditions, chose qui n'était pas de refus. 
La petite nippone se délogea alors lentement des bras d'Élina, voulant encore profiter un maximum de ce corps lui offrant chaleur et protection avant de tapoter du bout des doigts le matelas, à la recherche de la couverture et de l'oreiller.
Lorsque Sayuri mit la main dessus, elle s'allongea enfouissant son visage dans l'oreiller avant de demander timidement.

-Elina-Chan... M-Mon...
Elle s'arrêta, honteuse de prononcer la suite de sa phrase.
-Mon doudou est tombé... T-Tu peux...me le donner ?...

La demoiselle se sentait mal à l'aise de demander ce genre de chose, elle avait l'impression de n'être rien d'autre qu'une grande enfant de trois ans ayant encore besoin d'une peluche pour dormir. Et elle ne voulait pas baisser dans l'estime de sa camarade... Non, surtout pas... Elle voulait être forte aux yeux d'Elina et non pas un poids mort, un boulet... Cependant, Elina ne fit aucune remarque sur le fait qu'elle possédait encore une peluche. Elle se contenta de gentiment la ramassée et la lui donner comme demander.
Sayuri serra la peluche contre elle et ferma les yeux, demandant une dernière faveur avant de succomber à la poussière de rêve du marchand de sable.

-Elina-chan...Tu veux bien...Me caresser les cheveux ?...Ma maman faisait ça quand je n'arrivais pas à dormir ou quand j'étais triste...ça me réconfortait...S-S'il te plaît...reste avec moi et caresse moi les cheveux...

Sayuri fut ravie lorsqu'elle sentit la main de sa compagne se posait délicatement sur le sommet de son crâne, accompagnait des paroles d'Elina ayant accepté sa demande. La demoiselle commença un mouvement de haut en bas avec sa main, caressant lentement, agréablement la toison blonde de la nippone. Cette dernière fermait les yeux, profitant pleinement des caresses. Elle se sentait bien, en sécurité, apaiser. Sa camarade ne faisait pas de la même façon que sa mère, mais le geste était tout aussi plaisant, peut-être même plus ? En effet, la blonde appréciait énormément la compagnie de la violine et le fait que l'adolescente face preuve de tendresse à son égard lui faisait baume au cœur. Elle avait envie que ce moment soit éternel, qu'elles soient ensemble à jamais, toujours l'une pour venir en aide à l'autre bien que, depuis leur rencontre, seul Elina tendait la main vers Sayuri.

Alors qu'elle profitait pleinement du moment présent, la nippone fut surprise de sentir la main de sa camarade se joindre à la sienne et sentir l'autre lui caresser délicatement la joue. Ces deux événements retirèrent quelques rougeurs à la jeune fille dorlotée qui laissa s’échapper un léger soupire de bien-être. 
Un léger mouvement du canapé indiqua à Sayuri que son amie s'était allongée à ses côtés sans un bruit. Elles étaient toutes les deux, silencieuses, presque blotties l'une contre l'autre, uniquement séparés par quelques centimètres de couverture. Pas un son ne venait déranger les deux jeunes filles épuisées, si bien qu'au bout d'un quart d'heure, Sayuri se demandait si son amie ne s'était pas endormie, surtout qu'elle s'était arrêté de lui caresser les cheveux. 
Se retournant doucement pour ne pas déranger cette dernière, la demoiselle remarqua alors qu'en effet, la violine dormait paisiblement. À la vue de son visage plongé dans le royaume des rêves, la petite blonde sentit ses joues s'enflammaient. Elle la trouvait si belle en cet instant... Si mignonne et sans défense, comme un petit chaton que l'on voudrait câliner...

Sayuri hésita un instant et finit par se rapprocher d'Elina, logeant son visage contre le buste de cette dernière. La nippone entendait le cœur de sa camarade battre paisiblement, elle se mit à sourire et vint déposer un léger baiser sur la joue de la russe.

-Merci pour tout Elina-chan...Fais de beaux rêves...

Et sur ces mots, la demoiselle confortablement blottie contre son amie partit la rejoindre dans le monde du sommeil...