Une pyjama party improvisée. {Emily/Elina/Sayuri}

La voûte céleste était désormais ornée d'étoiles, les jeunes filles durant le chemin du centre-ville jusqu'au village d'Ikazuchi, furent guidée par l'unique éclairage des lampadaires, aucune autre source de lumière ne traversait l'obscurité de la nuit. Heureusement pour elles, à mi-chemin elles eurent l’excellente surprise de voir un bus allant jusqu'au centre ville où se situait le logement d'Elina. Lorsque le moyen de transport fut arrivait à destination, les deux adolescentes continuèrent de marcher quelques minutes avant de se retrouvait devant le bâtiment. Elles semblaient hésité à passer le seuil de la porte du hall principal, tout comme Sayuri, la violine appréhendait la réponse de sa colocataire, mais avec un sourire rassurant elle assura à sa camarade que tout se passerait à merveille. La nippone savait que cette promesse pouvait ne pas se tenir, car ce n'était pas Elina qui choisissait, mais la personne avec qui elle vivait. Mais la jeune fille ne pouvait qu'espérait que ses paroles se révèlent exactes. C'est donc le coeur lourd que la blonde emboîtait le pas à sa compagne, gravant les nombreuses marches jusqu'à ce stoppait face à une porte au cinquième étage.

A peine Elina eut posait la main sur la poignée que de l'autre côté se tenait, bras croisés, une femme plus grande et apparemment plus âgée que les deux adolescentes, l'air grave et à la fois rassurée. Cette femme enchaîna colère en grondant la violine et tendresse en la plaquant contre elle. Devant ce spectacle touchant, Sayuri se sentait de trop et se faisait la plus petite possible.

Levant la tête, la délogeant de la nuque d'Elina, la jeune femme fut intriguée de voir la petite blonde plantée là, sans bouger, devant la porte. Elle questionna aussitôt son amie prisonnière de son étreinte sur l'identité de cette drôle d'inconnue qui semblait attendre. Intimidée par l'inconnue qui la dévisageait de la tête aux pieds, la nippone baissa les yeux, regardant ses pieds, se dandinant. Elle était mal à l'aise.

Sa camarade prit la parole, donnant l'identité de la nouvelle venu à sa colocataire. Elle insista sur le fait que cela ne serait que pour une nuit et que Sayuri était quelqu'un de bien. Elle se tourna alors vers la jeune fille, lui lançant un "N'est ce pas".
En remarquant que c'était à elle que l'on s'adressait, Sayuri releva la tête et hocha cette dernière avant de se pencher, faisant un salut à la japonaise.

-S-S'il vous plait...Promis...Juste pour ce soir... répondit-elle d'un ton de supplication. C-Comme vient de le dire Elina-chan...Je m'appelle Sayuri...J-je suis arrivée se matin sur l'île mais malheureusement malgré nos effort...Nous avons réussit à passer à la Banque pour récupérer mes biens mais...L'agence immobilière était fermée et...L-les hôtels sont chers...

Se redressant, elle regarda la jeune femme, attendant son verdict.

L'attente n'était pas longue, toutefois elle en demeurait extrêmement stressante pour la blonde. C'était un moment crucial, sa soirée dépendait de cette réponse. Un oui lui ouvrait la porte vers la sûreté et le confort, le refus lui la conduisait aux pavés et la brise glaciale de fin d'automne. Néanmoins, l'air comprimé dans sa poitrine, le souffle coupé et ses mains crispées sur les plis de sa robe se détendirent tous d'un coup, tel le mécanisme rapide d'une détente de fusil. La colocataire d'Élina avait accepté, accompagnant ses dires d'une explication plus que logique. Qui pouvait se regarder dans une glace en se disant qu'elle avait mis à la porte quelqu'un dans la détresse, en octobre en plus! Enfin bref, ce fut l'esprit tranquille, balayé de toutes éventualités sombres qui aurait pu l'attendre si elle s'était retrouvée à la rue, que Sayuri passait le seuil de la porte, baignant ainsi sous la lumière de l'ampoule de l'entrée. Grâce à cette dernière, la brune fit une remarque sur la tenue de la nippone. Avec tous ces événements, la blonde en avait entièrement oublié l'état de ses habits. Maintenant qu'elle y prêtait plus d'attention, sa robe favorite bleu pastel avait gravement souffert de sa chute sur le sol poussiéreux des bois

-Oh... Oui, en arrivant j'ai paniqué en voyant que j'étais dans un endroit inconnu... Du coup je suis partie en courant et j'ai trébuché...Expliqua-t-elle en se grattant l'arrière du crâne.

Après avoir demandé à Élina de préparer un dîner pour trois personnes, la jeune femme la retenue tout de même encore quelques instants, voulant savoir comment les deux adolescentes s'était rencontré. La violine lui raconta sa version des faits, cependant une chose clochée avec sa réponse. Lorsqu'elle était arrivé au pied de l'arbre où pleurait Sayuri, elle semblait venir de la direction opposée à Awashima. La jeune fille offrit donc à la brune des précisions sur leur rencontre.

-Quant à moi je me suis retrouvé près d'une plage... J'avais peur alors j'ai couru droit devant moi à la recherche d'un environnement dont j'étais habituée. Pour finir j'ai fini par arriver à l'orée d'un bois. Elina-chan n'a pas trouvé au pied d'une chaîne totalement déboussolée...

Après ces mots les visages des deux jeunes femmes semblèrent se décomposer. L'une de stupeur, l'autre d'angoisse. Mais, qu'avait donc dit la jeune fille?

L'atmosphère chaleureuse et détendue c'était, aux paroles de Sayuri, brusquement montrée pesante. Les deux jeunes femmes semblaient guère appréciaient ce que venait de dire la nippone pourtant, elle avait beau chercher elle ne parvenait pas à comprendre ce qu'elle avait pu dire de mal. Alors pourquoi se soudain malaise flottait-il dans l'air? Un silence mortel s'était imposé mais il fit briser par l'aînée qui proposa, d'un large sourire toutefois pas très sincère, une douche bien méritait à la blonde, suivit d'une petite tape dans le dos pour montrait qu'elle insistait. Sans même pouvoir placer un mot, la jeune fille se retrouva dans la salle de bain, la porte se refermant derrière elle. Elle n'avait plus le choix maintenant...
Elle hésita un long moment, restant planté comme un pot de fleur sur le tapis de bain, repensant à ses paroles.

Elles n'avaient franchement pas l'air ravies... Pourtant... Je n'arrive vraiment pas à savoir ce que j'ai dit de si déplaisant...

Lançant un regard derrière elle, en direction de la porte close elle soupira avant de commencer à se dénuder.

Je dois peut-être juste les laisser en tête à tête?...En tout cas c'est ce que semblait souhaiter son amie vue la rapidité à laquelle elle m'a emmené me laver sans me demander mon avis... Enfin... Dans tous les cas je l'aurais accepté avec plaisir cette douche Concluait-elle son monologue. Car oui, quand Sayuri était troublée elle avait ce tic de se parler à elle-même, comme si son esprit pouvait lui dire la réponse qu'elle ne trouvait pas

Du début jusqu'à la fin de sa toilette, l'adolescente resta silencieuse, visiblement véritablement tracassé par ce qui s'était passé, elle tentait d'oublier tout cela au contact agréable de la chaude et ruisselante sur sa peau de porcelaine, mais elle n'y parvenait pas. Elle ne voulait pas commencer sur des bases aussi tendues avec ses hôtes, sinon c'était le meilleur moyen de passer une très mauvaise soirée et ce n'était pas du tout ce que souhaitait la jeune fille.
En frottant énergiquement le shampoing contre sa longue toison, la nippone parvenait à en extraire des morceaux de feuilles et des petits gravats qui s'étaient logés dedans lors de sa chute. Vraiment, elle avait grandement besoin de se décrasser! Sayuri adorait prendre soin de sa chevelure, mais s'il y avait bien un énorme inconvénient c'était bien de devoir les sécher. Car oui une tignasse ondulée arrivant jusqu'à votre bassin, ce n'était pas chose facile pour les sécher. D'autant plus que la jeune fille aimait les laisser humides en se contenta de retirer le plus d'humidité possible avec la serviette et en l'essorant avant de sortir du bain. Elle fit donc ce qu'elle put pour qu'ils soient secs au maximum.

Une fois s'être essuyer la serviette, Sayuri remarqua une chose. La colocataire d'Élina ne lui avait pas laissé le temps de prendre un pyjama dans sa valise, du moins si elle en avait un... Elle n'avait toujours pas regarder le contenue de son bagage.

Maintenant que l'eau avait cessait de couler, la blonde remarqua que de l'autre côté de la porte régnait un silence tout aussi pesant qu'avant sa douche. Elle hésita donc à interpellait l'une des deux jeunes femmes mais, elle fut dans l'obligation dans le faire étant donné qu'elle ne pouvait pas arriver nue dans le salon!
La porte s'entrouvrit donc suffisamment pour faire passer une main tenant un pyjama dont Sayuri s'empressa de prendre. Il fallait dire qu'à cette heure si, il faisait assez froid, même à l'intérieur! Le bas du vêtement allait cependant le haut était un peu trop échancré laissant l'épaule gauche de la jeune fille nue. Elle avait beau redressé le t-shirt, la manche finissait toujours par glisser. Tant pis, ce n'était pas comme si c'était sa poitrine qui était à nu. Une fois prête, elle sortit donc, voyant l'une assise à la table plongée dans ses devoirs et l'autre debout près de la première.

J-Je...M-Merci pour le pyjama... Se contenta la jeune fille encore affecté par la tension qu'elle avait causée quelques minutes plus tôt.

Par des raisons inconnues, la tension était retombée pendant l'absence de la blonde. Ce n'était pas plus mal car l'adolescente ne se sentait vraiment pas bien quand elle avait remarqué qu'elle avait jeté un froid à la discussion tout à l'heure. La brune tapotait sa main contre la table en signe d'invitation à s’asseoir à ses côtés. Cette brune se présenta sous le nom d'Émily, tout comme Sayuri et Élina elle avait été emmener sur cette île à cause d'un don. L'air pour elle.
Venant s'installer sur la chaise d'à côté, Sayuri regardait autour d'elle, il n'y avait pas de plantes en pots pour faire une quelconque démonstration de magie. Toutefois elle remarqua le perroquet tranquillement posait sur son balancier. Un magnifique ara aux plumes orangées qui s'agitait dans sa cage, comme s'il voulait sortir.
-Les animaux m'apprécient beaucoup pour mon don, surtout les oiseaux, j'ai tendance à les attirer avec l'odeur fruitée que je dégage régulièrement... Parfois même les abeilles mais ça c'est déjà plus problématique... Je contrôle la terre.

Suite à ses paroles, Élina les rejoignit après s'être changé. Tout comme Sayuri elle était en pyjama assez court malgré la saison. Cependant, dans le salon chauffé il faisait bon et elles n'avaient donc pas froid. La violine la questionna alors sur son âge. Pourquoi, la nippone ne le savait pas mais il était vrai qu'elle ne lui avait pas dit et puis, parfois les apparences pouvaient s'avérer trompeuses. Elle lui dit aussi que si elle avait des questions, il ne fallait pas hésiter à les poser.

-J'ai 16 ans. Et... Merci mais tu m'as déjà expliqué pas mal de choses aujourd'hui, je n'ai aucune demande qui me vienne à l'esprit pour le moment! À part peut être... Votre âge ? Répondit-elle en souriant.

La question qui suivit était intéressante car la jeune fille ne savait pas y répondre. Sa mère était végétarienne, elle avait donc pris pour habitude depuis toute petite de ne pas manger de viande. Il y avait juste des rares occasions où elle mangeait du canard ou de l'oie sauvage que son père avait chassé et qu'il n'avait pas vendu sur le marché du village. C'était donc difficile à dire.

-Eh bien...je ne sais pas trop...j'ai été élevée par une mère végétarienne et un père omnivore... Du coup je ne sais pas trop... E-Et si tu as déjà préparé à manger ne te prend pas la tête à me faire autre chose... Et... Je ne pense pas être allergique à quoique se soit...

Elle avait été admise dans la maison, elle ne voulait donc pas importuner ses hôtes qui avaient déjà fait beaucoup pour elle.

Emily qui étudiait tout en écoutant répondit à Sayuri, Élina avait donc le même âge que la nippone tandis qu'elle en avait deux de plus. La brune questionnait alors la violine au sujet de sa date de naissance qui semblait lui échappée. Si Élina était bel et bien née en décembre, cela voulait dire que la blonde était plus âgée d'à peine un mois et quelques jours mais cela n'était pas très important.
Alors que la petite cuisinière avait retrouvé ses fourneaux, Émily expliquait à Sayuri qu'en vue de son âge elle pouvait étudier au Lycée de l'île. Cependant au lieu de se réjouir de pouvoir enfin étudier dans une école, la jeune fille avait très peur. Elle n'avait pas encore un toit que l'aînée l'informait déjà de l'arrivée de documents importants. Pour une jeune fille qui n'avait jamais eu à gérer ce genre de choses il n'y avait pas à dire que cela était extrêmement angoissant.

-Je... Eh bien... De toute façon je ne peux pas y échapper... Bégaya t-elle en tortillant nerveusement l'une de ses mèches.
Lorsque Élina revint de la cuisine elle indiqua à sa colocataire que le repas allait être servi et qu'elle devait donc libérer la table, quand Émily le fit, Élina rassura en quelque sorte la nippone en expliquant qu'il ne fallait pas se faire du mauvais sang au sujet du Lycée et qu'encore une fois, si des questions lui venaient à l'esprit elle pouvait tout lui demandait. Vraiment, Sayuri se disait qu'elle n'aurait pas pu tomber sur meilleure personne que l'adolescente qui faisait preuve d'une aide et charité précieuse.

Une fois la table mise et les assiettes remplient de pâtes à la sauce fumante, il ne leur restait plus qu'à s'attaquer à leurs plats enfin presque. Sayuri joignit ses mains et ferma les yeux murmurants des paroles, des paroles destinées au dieu dont elle était descendante. Prier le dieu de la terre était une chose que les habitants de son village faisaient régulièrement avant les grandes moissons pour se porter chance mais aussi pour le remercier des fruits, animaux et plantes qui vivent sur Terre grâce à lui. Cependant cette fois ce n'était pas une simple prière de formalité, non, elle demandait à sa divinité de faire en sorte que ses parents soient heureux malgré sa mystérieuse disparition...

Quand Sayuri rouvrit les yeux et croisa ceux d'Émily et Élina, une certaine gêne s'empara d'elle. Il semblerait que ça petite prière avait jeté un froid à cette table, il était vrai que l'adolescente n'avait pas du tout pensé au fait que les deux jeunes femmes pouvaient ne pas être croyantes. Plaçant nerveusement l'une de ses mèches derrière son oreille droite, elle s'empara de ses couverts sans un mot. Une fois de plus la nippone se sentait mal à l'aise et hélas pour elle, elle ne savait pas du tout camouflée cette gêne. Toutefois, en mangeant, Sayuri en oubliait un peu son malaise en savourant ce plat qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de manger.

Le profond silence qui s'était installé entre les trois jeunes femmes fut brisé par Émily qui aborda un sujet délicat. En effet, bien qu'elle ait gentiment accepté d’accueillir sous son toit la blonde, cela avait été décidé à l'improviste et donc aucune couche n'attendait l'invitée. Encore un élément faisant que Sayuri tentait de se faire plus petite qu'elle ne l'était déjà. De plus, le sourire en coin qu'avait la brune intriguait fortement l'invitée... Que signifiait-il?
Elina lui répondit donc, mais elle ne semblait pas sûre d'elle, elle semblait aussi gênait que Sayuri qui ne cessait pas d'avoir son tic nerveux qui consistait à tortillait autour de son index l'une de ses longues mèches ondulées?
Bizarrement, lorsque la violine répondit qu'elle dormirait avec sa colocataire, une certaine peine se fit sentir. Pourquoi? Elle ne le savait pas trop... Peut-être pensait-elle se sentir plus décontractée auprès de son amie? Enfin elle n'allait pas se plaindre, elle avait grâce aux deux jeunes femmes un toit, elle ne pouvait donc pas se permettre de reprocher des choses à ses hôtes. D’ailleurs, ceci n'était pas un reproche, plutôt un caprice de la part de la petite blonde... Enfin bref, pourquoi s'attarder sur des choses qui ne sortiront pas de la bouche de la nippone?

Par contre, il y avait bien une chose que la jeune fille n'arrivait pas à comprendre... Elina ne semblait pas du tout motivée à l'idée de dormir avec Émily, mais Émily elle semblait ravie... Elina était-elle gênée par la présence de Sayuri? Une chose traversa alors l'esprit de l'adolescente. Peut-être étaient elles ensemble? Elle voulait dire par là, ensemble de façon... En couple? Ceci pouvait expliquer la réaction de son amie. Sayuri présumait que cela la gênerait aussi dans une situation comme celle-là. Soudainement elle se souvint que la violine avait la capacité de lire dans les pensées, ce qui la stoppa net dans ses pensées, tentant de changer mentalement de sujet.

Le repas s'achevait dans un silence des plus complets, l'expression nostalgique qu'abordait Sayuri semblait inquiétait les deux jeunes femmes c'est pourquoi, de temps à autre, la blonde leur esquissait un mince sourire dans le but de les rassurer.
Emily fit la première à terminer son assiette et quitta donc la table, couverts en main se dirigeant ensuite vers la salle de bain pour s'y changer et y enfiler une tenue de nuit. Mais avant cela, la jeune femme fit volt-face et demanda à la nippone si un jeu lui ferait plaisir, un question-réponse. Sayuri jouait beaucoup à un jeu semblable à celui-ci dans son village natal, le « une question, une vérité » qui tout comme le nom l'indiquait était de poser une question à quelqu'un et cette personne devait dire la vérité. Si elle refusait de le dire, elle avait un gage.

Tout en faisant cette proposition, la brunette dit sous le ton de l'humour qu'il y avait dans leur frigo des glaces sauf si Élina les avait toutes goulûment mangées. Après ces mots, la violine réagit presque instantanément, prenant sa défense en disant qu'entre elles deux, c'était Émily la plus gourmande. Cette réaction arracha un sourire amusé à la jeune fille. Elle ajouta ensuite que sa colocataire ne devait pas se montrait trop curieuse si la nippone ne voulait pas que l'on sache sa vie. Toutefois Sayuri répondit avec un sourire.

-Non, ce n'est pas grave je veux bien. M-mais...Peut-être pas beaucoup de questions...

Ceci sembla satisfaire Emily qui s'en allait désormais se mettre en pyjama, laissant seules les deux adolescentes de seize ans. Tortillant sa mèche avec son index, la jeune fille hésita un instant avant de demandait à Elina.

-D-Dis...Tu faisais une drôle de tête tout à l'heure...C-C'est parce que je suis là que ça te gêne dire que tu vas dormir avec ta petite amie ? Si c'est ça, il ne faut pas...J-Je n'ai pas à me mêler de ta vie !

A l'entente de ses mots, Elina eut une drôle d'expression. De l’incompréhension ? Ou encore plus de gêne ? Baissant les yeux, la jeune fille poursuivit à voix basse.

-J-J'ai dit quelque chose qui fallait pas ?

Sayuri pouvait comprendre que ceci était une question personnelle, mais bizarrement elle lui était venu automatiquement et pour une autre raison qu'elle ne comprenait pas, elle ressentait le besoin de savoir si oui ou non les deux jeunes femmes étaient ensemble.

Bien qu'elle n'en ait pas eu l'impression, la jeune fille avait parlé bien plus haut qu'elle ne le pensait. Pour preuve, Émily qui avait pourtant quitté la pièce semblait avoir ouï les paroles et s'était mise à rire de cela. Vraiment, depuis son arrivée ici la petite nippone se sentait comme une intruse, une indésirable, elle avait toujours l'air de jeter un froid dans les conversations surtout avec ses questions... Toutefois se faire plus petite qu'elle ne le faisait déjà relever de l'impossible et le profond silence accompagnant l'expression outrée de sa camarade ne faisait que lui faire regretter davantage ses mots. Il y avait des fois où Sayuri se disait que se taire de temps en temps ferait un bien fou à son entourage. Et puis, quand elle y repensait, l'adolescente se trouvait bien indiscrète et fouineuse. Ce genre de question ne se posait pas comme ça par envie dans une discussion et pourtant s'était bien ce qu'elle avait fait! Les éventuelles relations amoureuses de ses hôtes ne la regardait en rien, mais alors pourquoi avait-elle brûlé d'impatience? Pourquoi avait-elle tant envie d'en avoir le coeur net? Elle ne pouvait pas l'expliquer, ses paroles semblaient s'être dite de leur gré, comme une pulsion de curiosité extrême. En fait non, pas "comme" car c'était vraiment une sorte de pulsion qui avait poussé Sayuri à demander ça...
Pas un mot ne provenait des lèvres d'Élina. Était-elle fâchée? Ou trouvait-elle cette question tellement absurde qu'elle ne voulait pas y répondre? Car après tout ce n'était pas parce que les deux jeunes femmes vivaient sous le même toit et qu'elles semblaient complices qu'elles forme forcément un couple mais, aux yeux de la blonde, les voir en couple semblait normal. Car oui, Sayuri était loin d'être homophobe, elle était d'ailleurs la première à faire des leçons de morale aux homophobes de son village en disant que l'amour n'a ni limites ni sexe et que par conséquent il fallait laisser son coeur choisir et respecter cela. de belles paroles qui hélas ne suffisaient pas à changer la vision des hétérosexuels trouvant l'homosexualité immonde, au moins la petite blonde aura essayé, c'était l'intention qui comptait. Du coup, imaginer qu'Élina et Émily étaient en couple lui semblait tellement normal qu'elle en oubliait presque que tout le monde ne voyait pas l'amour à sa façon, c'était à dire aussi bien aimer un homme qu'une femme. Si cela se trouvait sa camarade était elle aussi répugnée par l'homosexualité? Chacun sa mentalité après tout.

Le silence de mort qui régnait et qui depuis le début de la soirée n'était pas le premier fut une fois de plus brisé par Émily qui avait le chic de savoir apaiser les tensions ce qui était excellent ! Elle expliqua alors qu'elles n'étaient pas ensemble mais sœurs ce qui surprit Sayuri qui ne parvenait pas à voir un quelconque lien de parenté physiquement.
Une fois de plus Élina réagit au quart de tour, c'était comique de voir ces deux-là ce chamailler, des véritables... Soeurs. Sayuri avait un petit sourire en coin en voyant la bonne entente des deux colocataires.

Presque aussitôt qu'Émily se soit installé sur le divan, Élinaproposa à la nippone d'aller la rejoindre pour se mettre plus à l'aise, chose que la jeune fille ne tarda pas à accepter. On n'était toujours plus confortablement installé sur un canapé que sur une chaise !