J'aime pas les courses, j'préfère le shopping ~ (PV Tatsuya)

Des courses, des courses et encore des courses. Depuis que tu vis seule dans ce petit appartement, tu as l’impression de ne faire que cela. C’est dur l’indépendance. Tu ne t’imaginais pas que ta mère en faisait autant. Tu ne t’imaginais surtout pas manger tant. Oui, malgré ton petit gabarit, tu as clairement un appétit d’ogre, même si tu tentes au mieux de le cacher. Tu es entrain dans cet hypermarché pour quelques bricoles et voilà que tu ressors avec une montagne de sacs en papier. Car bien sûr … Tu as craqué sur les confiseries et les pots de glace. Il t’en faut tout un stock pour les quelques soirées avec tes amies ! Et pour les soirées toute seule aussi, devant la télévision ou ta machine à coudre. Même avec ta gourmandise, tu ne prends pas un gramme, ton travail t’aide beaucoup à te dépenser et tu t’entraines très régulièrement. Mais … c’est pas sexy une fille qui mange beaucoup, tu devrais y penser, à ça aussi. A moins qu’on te trouve un côté mignon au vu de la quantité de sucre que tu ingurgites.

Enfin bref, revenons à nos moutons ou plutôt, au pétrin dans lequel tu t’es encore fourrée. Car oui, tu es là, en plein milieu du trottoir à marcher à l’aveuglette. Les gens t’esquivent en râlant, d’autres, plus sympathiques, pouffent de rire en te voyant. Tu n’y vois rien, juste un peu à travers un petit creux se formant entre deux sacs. C’est à se demander si tu sais où tu vas. Et puis, c’est plutôt lourd tout ça … Beaucoup trop lourd pour toi, mais aussi pour ces pauvres petits sacs en papier. La température fait que le givre présent sur les pots de glace fond, venant humidifier le fond bien trop fin.

Un enfant court joyeusement, jusqu’à heurter tes jambes perchées sur des talons compensés. Là, tu tentes de garder ton équilibre, avec plus ou moins de succès. Plus ou moins … Mais tes petites emplettes ne résistent pas à cette envie de te gâcher la journée avec un moment de solitude bien senti. *SPLASH* Voilà l’inévitable, tes courses se répandent au sol dans un fracas infernal alors que tu réagis dans l’immédiat.

« GNYAAAAAAA ! »

Ignorant le fait que nombreuses personnes sursautent à l’entente soudaine de ton cri aigu digne d’une héroïne de manga, tu rougis considérablement avant de t’abaisser et rassembler au plus vite tes nombreux articles. Mais bien entendu, comme toujours, tu le fais avec maladresse.

Quelle gourde tu peux faire parfois ! La maladresse incarnée. Tu es parfois aussi douce qu'un troupeau de rhinocéros, tu le sais ça ? Et puis ce cri, si aigu et insupportable que tu as poussé ... Tu en as fait sursauter plus d'un, Kaede. Un peu comme un groupe d'oiseaux s'envolant à l'approche d'un prédateur. Pourtant, il t'arrive parfois d'être délicate, quand tu fais attention, quand tu es concentrée. Oui, parfois est le mot exact. Une tignasse blonde s'impose à tes pupilles d'améthyste alors que tu l'observes avec surprise. Un type assez courageux pour t'aider dans ta quête sans se moquer ? Il devait être quelqu'un de bien pour ne pas te laisser ainsi dans l'embarras.

Tu souris, comme si un rayon de soleil vient de te percuter en pleine face, illuminant ton regard. Il est mignon, très mignon. Ce qu'il pouvait y avoir comme beau garçon sur cette île. C'est saisissant ! Lorsque tu as terminé ta contemplation en détail, tu décides enfin de répondre à ses questions.

"Hmpf ... Oui, un enfant sans doute un peu trop distrait ! Et non, je n'ai rien, ne vous inquiétez pas !"

Un enfant trop distrait. Et on en parle, de ta distraction à toi ? De ta capacité à être la moitié du temps dans la lune ? Tu continues de rassembler tes courses, comprenant bien vite, que sans sac digne de ce nom, tu n'es pas sortie de l'auberge ! Mais voilà que ton sauveur te sauve une nouvelle fois la mise en sortant ses fringues de son sac en plastique pour y mettre tes articles. Tu ne te fais pas prier pour t'en saisir et commencer à ranger tes courses. Un pot de glace répandu au sol finit au fond de la poubelle, à ton plus grand désarroi. Tant pis, du sucre en moins pour tes hanches !

Faisant face à ton interlocuteur, tu lui adresses un nouveau sourire radieux. Ce n'est pas ta petite mésaventure qui va te foutre le cafard après tout ! Les lanières du sac plastique entre tes doigts, tu lui fais une petite révérence, heureuse d'apprendre le nom de celui-ci. Tu es si tentée de le taquiner ...

"Tatsuya ... L'ombre d'un instant, j'ai vraiment cru que vous étiez un ange !"

Tu ris avant de lui tirer la langue. Te voilà de nouveau en mode enfantin. Tu ne cherches pas à le charmer, pas un parfait inconnu bien entendu, tu veux juste être légère et insouciante, comme à ton habitude. Tu dis ce que tu penses, même si ce n'est parfois pas bien perçu. Puis tu lui tends la main, de manière plus solennelle.

"Kaede Kimura ! Merci beaucoup pour votre aide ! Et ... désolée pour votre sac, ça m'apprendra à me lâcher dans les rayons ..." Tu penches la tête, l'observant attentivement. "Tatsuya Kisaragi ... Japonais ... ou Natif ?"

Un Japonais. Cet homme a pu voir le pays que tu aimerais tant connaître. Ce chanceux ! Tu te demandes l'ombre d'un instant si ça lui manque, mais te questionnes bien vite sur la raison pour laquelle sa vie a réellement commencé ici. Tu restes un instant muette, l'observant avec curiosité, plantant tes pupilles d'améthyste dans celles du jeune homme qui te rappelaient une étendue océanique en plein jour. Tu secoues un peu la tête, souriante.

"Bien vu ! Je suis née ici, mais mes parents sont tous deux Japonais."

Tu manques d’enchaîner sur une multitude de questions, mais tu ne veux pas ennuyer cet "ange" qui t'a sortie d'un mauvais pas pendant d'autres ont préféré passer leur chemin ou se moquer, tout simplement. Tu lui devines une profonde gentillesse et une générosité sans faille. Tu es sans doute un peu comme ça toi aussi. Un peu beaucoup, en réalité d'où d'ailleurs ton métier, ta vocation. Alors que tu tergiverses dans ton esprit si tu vas oui ou non le noyer d'interrogations diverses, il te surprend. Tu écarquilles les yeux alors que tes joues se teintent de rouge. Prise en flagrant délit de pêché de gourmandise.

"Euh ... Oui, je plaide coupable. Je dois avoir un problème avec le sucre, je peux pas m'empêcher eeeet .... je vous raconte ma vie alors que vous avez certainement autre chose à faire."

Malgré tes paroles, tu espères ne pas l'avoir embarrassée parce qu'en réalité, tu aimerais que là, tout de suite, il n'ait rien à faire de particulier. Pas parce qu'il est incroyablement mignon avec son sourire doux et ses grands yeux bleus. Non. Parce que tu aimerais profiter d'autre chose. Tu te lances.

"Enfin ... Si vous avez un peu de temps, j'aurais bien aimé vous questionner sur le Japon. C'est cruel d'avoir des origines sans pouvoir découvrir son propre pays par soi-même. Même si c'est sans doute plus compliqué pour les natifs du Continent qui ont laissé malgré eux toute leur vie derrière eux."

Oh les galeries, tu les connais bien ! Surtout les cafés, tu les as tous essayés. Mais tu traînes le plus souvent dans le maid-café où travaille ton amie Hailee. Ils y font des milkshakes divins, tu ne peux plus t'en passer. Surtout que la bleutée t'offre parfois quelques petits suppléments ni vu, ni connu. Tu acquiesces à la proposition du jeune blonde, un sourire irradiant ton visage. Tu le suis jusqu'à sa voiture, le laissant déposer ses affaires alors que toi, tu portes les courses qu'il te restent. Et oui, tu as dit adieu à ta glace. Vous vous mettez ensuite en route vers le lieu désigné par Tatsuya.

"Avant, on commande !" réponds-tu avant de lui tirer malicieusement la langue.

Ca, ça ne se fait pas, Kaede. On te l'a dit un millier de fois ! Au moins ! On ne tire pas la langue à tout va devant tes inconnus ou des presque inconnus. Tu finis par lever la main pour interpeller un serveur.

"Un diabolo fraise s'il vous plait !"

Tu laisses le blond commander à son tour s'il le souhaite. Etrangement, tu t'abstiens de prendre une petite douceur pour accompagner ta boisson. Tu es trop goinfre, tu dois faire attention à ta ligne, parfois. Ton capitaine et Claire le font, tu dois t'y tenir aussi. Tu te demandes d'ailleurs si Jean-Phi s'emploie lui aussi à un régime strict. Mais ce n'est pas le moment de rêvasser. Tu réfléchis un instant. Avant tout, tu te dois te poser une question très importante pour les suivantes.

"Vous viviez où exactement au Japon ? En ville ou en campagne ? Et vous y avez voyagé un peu ?" Oui, savoir où celui-ci a pu se trouver t'aidera à cibler au mieux tes interrogations. "Est-ce que ça ressemble à l'île ?"

Tu l'as noyé sous un flot de question ce pauvre garçon. J'espère pour toi qu'il sait nager ou qu'il est équipée d'une patience infaillible avec toi. Il te répond alors que tu bois ses paroles. A l'entendre, il te fait penser à un prof d'histoire. Mais tu ne le trouves pas ennuyeux comme ce vieux chnoque que tu as eu pendant tes belles années de lycée. Non, il est plus agréable à regarder et à écouter, tout de même. Rien à voir ! Tu sirotes entre temps ta boisson, les bulles pétillant dans ta bouche. Et tu ne bronchais pas comme une enfant à laquelle on conte une histoire.

Mais tu décèles bien cette pointe nostalgique qui l'étreint et l'ombre d'un instant, tu t'en veux. Tu l'as peut-être blessé en le forçant à replonger dans de vieux souvenirs. Il se tait quelques instants. Tu n'oses pas rompre ce silence. Tes pupilles sondent les siennes. S'il ne reprend pas, tu vas finir par t'inquiéter. Ah, ça y est, il bouge. Il te regarde. Il te sourire. Il a un très beau sourire, c'est une nouvelle fois la réflexion qui émerge dans ton esprit.

"Orphelin ? Oh ... Pardon. Je vous ai fait pensé à des souvenirs douloureux, je suis vraiment désolée. Je suis maladroite. Je mets toujours les deux pieds dans le plat. Enfin, on peut dire que je plonge même dedans, tête la première pour m'y fracasser la tête ..."

Tu piques un fard, comprenant à quel point tu es de nouveau familière et beaucoup trop bavarde. Bon sang, tourne ta langue sept fois dans ta bouche avant de parler ! Il va encore t'arriver des misères si tu continues. Et comme pour te rattraper changer de sujet, tu reprends la parole.

"J'adore cette île. Le printemps, on a les cerisiers en fleurs. Et l'hiver, la neige. J'adore la neige, c'est tellement beaucoup, immaculé. Mais elle vient parfois un peu tôt dans la saison. C'est à se demander où elle est réellement située."

Oui, tu as beau être native, tu es comme tout le monde ici, tu ne sais rien quant à la localisation exacte de cette île. Tu clignes des yeux et arbore une petite moue adorable.

"Dites le moi, si je parle trop, je ne me vexerai pas."

Rafraichissante ? Il te trouve rafraichissante. Est-ce un compliment, ou non ? Tu réfléchis un instant. Oui ça en est un, sans aucun doute. Ce jeune homme est juste si poli, si délicat, qu'il a employé un terme original. Tu lui adresses un sourire. Toi, au contraire, tu le trouves relativement chaleureux, comme les premiers rayons de soleil du matin. Tu en apprends un peu plus sur cette douce personne. Son métier consiste à écouter les gens. Un psychologue ? Alors, vous êtes tous deux voués à aider autrui de manière différente.

Tu l'écoutes, le pauvre n'a pas eu la vie la plus facile du monde. Alors que toi, tu as grandi dans ton cocon familial. Oh bien sûr, tu en as vécu, toi aussi. L'accident de bus ... Celui qui t'a poussée à te surpasser pour devenir ce que tu es aujourd'hui, pour entrer dans cette caserne que tu ne quitterais pour rien au monde. Tu l'admires ce jeune homme d'avoir été capable de se reconstruire après avoir perdu ses parents et lâché sur une terre inconnue. Ton regard se fait doux alors que tu poses ta main sur la sienne.

"C'est admirable. Vraiment. Vous semblez si jeune, mais pourtant si fort !"

Tu lui adresses un sourire tendre. Tu es sincère, ça ne fait aucun doute. Une compagnie comme la sienne est apaisante. Oui, il te calme, toi l'habituelle pile électrique montée sur ressorts.

"Je suis heureuse que vous vous plaisiez ici ! Cette île, c'est ma maison, et entendre certains descendants la dénigrer et bien ... Ca me blesse un peu. C'est idiot, je sais. Et puis, je peux parfaitement comprendre qu'ils puissent en vouloir à cet endroit qui leur a tout pris."

Tu marques une pause.

"Vous avez dit qu'écouter était votre métier, vous êtes psychologue, c'est ça ? Je suis sûre que vous devez aider beaucoup de gens avec votre air doux et calme."