Forever ? [PV Lilith]

Depuis combien de temps ne l'avait-il pas vu ? Sa chère Lilith, celle pour qui son coeur battait depuis de longs mois maintenant. Oliver ne saurait le dire exactement son esprit était à peine libéré de l'emprise de la drogue, de ses démons. Car oui dorénavant il n'y avait plus que la tatoueuse qui comptait pour lui et elle seule. Grâce à sa forme divine et Elena, le jeune blond avait réussi à se purifier des toxines malsaines de la drogue, ne restait plus qu'un travail sur lui même pour ne pas replonger. Quant à Henka, il l'oublierait, ne la traquerait plus. Si cette quête de vengeance devait signifier perdre la petite blonde qui partageait son quotidien cela n'en valait pas la peine, non vraiment pas. Et tout cela il en avait mis du temps à s'en rendre compte et peut-être qu'il était déjà trop tard.... Leur relation s'était dégradée ces derniers temps et comme il l'avait confié à sa meilleure amie il avait peur qu'il soit trop tard. Comment ferait-il sans elle à ses cotés ? Avant il vivait dans son monde, sans ami, sans réel but à part vivre au crochet de son père et depuis que la démone était là tout avait changé. Il était capable de vivre sans l'argent familial, il était heureux. Pourquoi avait-il tout gâché ? Pourquoi alors que le Rajin avait tout pour être heureux ?

Timidement Oliver poussa la porte de son appartement, stressé à l'idée d'affronter sa petite amie. Après quelques secondes d'attente il entra dans la pièce principale tout en refermant la porte. Il posa son sac dans l'entrée grimaçant car son épaule lui faisait un mal de chien. Il s'était auto-transpercé faut dire et comme il ne pouvait avoir d'anti-douleurs du fait de sa dépendance le jeune homme ne pouvait que serrer les dents et se taire. L'appartement semblait bien calme et Lilith n'était pas dans le salon, ni même la cuisine. Les pièces semblaient vides lorsque la blonde n'était pas dans les parages. Oli soupira avant de s'assoir sur le canapé du salon se prenant la tête dans les mains. Son courage avait fondu comme neige au soleil, affronter son amante serait trop dur. Il n'avait plus la force de se battre, c'était trop compliqué. Pourquoi Ran ne l'avait pas tué ? Trop d'interrogations, trop de questions. Si il n'y avait aucun risque que la tatoueuse pointe le bout de son nez il n'aurait pas hésité à se frapper la tête contre les murs.

"Je ne peux pas."

L'américain étouffa presque un sanglot avant de se redresser et de faire tout son possible pour ne pas se mettre à pleurer. Parler avec Lilith était la seule solution, il avait foi en elle et l'allemande pourrait l'aider il en était sûr. Tous les deux, ensemble ils pourraient surmonter ça. Décidé, il se releva pour filer en direction de la salle de tatouage, si la belle travaillait elle serait certainement dans cette pièce. Mais non elle n'était pas là non plus, il ne restait plus qu'une des deux chambres. Inexorablement le jeune Hiroven se rapprochait du dénouement, de la confrontation. Il s'approcha néanmoins du carnet de croquis qu'il lui avait offert, il tronait sur le bureau de la douce et Oliver se permis de l'ouvrir, regardant avec attention page après page. Lilith avait un talent certain et il aimait la regarder dessiner aussi longtems que possible. Elle arborait dans ce genre de situation un regard unique, celui d'une artiste travaillant avec passion.

Le mélomane passa sa main sur la couverture de cuir fermant les yeux se remémorant le jour où il l'avait offert à sa belle, ce jour a été aussi le premier jour. Le jour où ils s'étaient mis ensembles. L'étudiant referma le cahier avant de revenir dans le salon prenant une profonde inspiration.


"Lilith ? Tu es là ?" .... "C'est moi...."

Une semaine d'absence, une semaine que la berlinoise se rongeait les sangs. Aucune nouvelle d'Oliver, rien. Tous ses appels étaient automatiquement redirigés sur sa messagerie. C'était comme si ... Comme s'il avait disparu de l'île. Bien sûr la blonde avait de la ressource et avait finalement tenté de joindre Elena durant les dernières heures, mais elle n'avait eu droit à aucune réponse non plus. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Son petit ami n'étant pas à l'hôpital et aucun signalement n'avait été fait aux autorités le concernant. Lilith ne comprenait pas, était perdue, et par dessus le marché était prise de nausées régulières. Signes de fatigue et de stress, sûrement. Elle avait annulé tous ses rendez-vous, elle n'avait pas le coeur à graver son art dans ces conditions, lui valant une perte de quelques clients, mais à quoi bon, rien n'était plus important que son mélomane.

En dernier recours, la douce avait nerveusement fouillé dans les affaires personnelles de l'américain, ce n'était pourtant pas son genre d'être si intrusive. Mais son niveau d'inquiétude avait dépassé des sommets et quelque chose en elle la poussait à repousser les limites de sa tolérance. Et elle était tombée sur des choses inattendues, ou en fait pas tant que cela ... Car la belle n'était pas idiote, elle s'était simplement voilé la face. Des seringues et diverses boîtes de comprimés diverses bien dissimulés à des endroits imprévus. Elle n'avait pas voulu voir ce qui était évident sur les traits du jeune blond ces dernières semaines.

La douce était hors d'elle, mais également blessée. Pourquoi avait-il recours à de tels moyens sans même qu'il ne lui en parle ? Sans même qu'il ne vienne chercher son aide. En colère contre lui, mais aussi contre elle-même. Elle ne savait plus que faire. Oliver lui manquait atrocement mais comment pourrait-elle pardonner une si longue désertion s'il revenait. En cette soirée, la berlinoise commençait à faiblir bien qu'une chose la poussait à ne pas abandonner. Elle s'était permise une courte pause, allongée sur son lit. Son corps ne tenait plus, son teint était d'une pâleur à faire peur, tout comme les cernes qui soulignaient ses pupilles si magnifiques. Mais ces iris d'azur avait perdu tout éclat. Non, plus rien n'allait et pour la première fois depuis un moment déjà, son optimisme et sa joie l'avaient quittée.

Après de nombreuses larmes, la jolie tatoueuse s'était assoupie, durant de courts instants, simplement quelques minutes, jusqu'à ce qu'une voix l'éveille brusquement. Se redressant, tentant au mieux de tenir sur ses jambes, elle accourut hors de la chambre, pour faire face à celui qu'elle cherchait depuis plusieurs jours. Son coeur loupa un battement, avant de redémarrer hâtivement. Un réel soulagement l'envahit alors qu'instinctivement, Lilith se jeta dans les bras de son aimé, comme pour vérifier qu'elle ne rêvait pas, qu'il était bien réel. Mais l'étreinte fut de courte durée, comme si elle venait de se souvenir qu'elle ne pouvait lui passer ce silence sans explication. Le soulagement ne faisait plus le poids face à sa colère.

Le regard vide alors qu'elle retenait au mieux ses larmes, elle s'écarta de lui, posant instinctivement une main sur son ventre. Cet homme qui se trouvait devant elle, Lilith l'aimait par dessus tout, mais celui-ci était certainement celui qui l'avait fait le plus souffrir. Elle pensait que la douleur qu'elle avait éprouvée à la perte de son meilleur ami serait la pire durant toute sa vie, mais la souffrance qu'elle endurait à cet instant était multipliée au centuple. Elle l'observait de ses prunelles bleutées, dénuées de joie, ne réclamant plus que des explications. Elle avait eu peur, elle avait eu mal, elle s'était sentie trahie. Elle ne pouvait faire l'impasse cette fois. Une étreinte, un baiser ou des excuses n'étaient plus suffisants. Une âme soeur n'était pas censé faire souffrir, mentir ... Sa voix était tremblante, traduisant si bien ses sanglots retenues.

"Où étais-tu tout ce temps ? Ca fait une semaine Oli ... Une putain de semaine que je te cherche partout !"

Elle serra les dents, détournant le regard alors qu'elle se laissait emporter par sa colère. C'était prévisible chez la belle au tempérament de feu. Expirant doucement, elle tentait de reprendre contenance alors que ses yeux revint sur lui pour le détailler. Au premier abord, elle n'avait pas remarqué les vêtements du beau blond. Sales, déchirés, tâchés de sang.

"Tu t'es encore battu c'est ça ? Ou bien c'était peut être encore un ... "accident de voiture" ?"

Oui, cette fois là, il lui avait menti, elle en avait bien conscience dorénavant. Et son ton ne se résuma plus qu'à un murmure.

"Pendant encore combien de temps tu vas me prendre pour une idiote Oliver ? Pourquoi tu me mens ?"

Sa respiration se faisait plus courte, il n'était plus l'heure de se voiler la face, il était temps pour elle de sortir ce qu'elle avait sur le coeur, de recevoir les explications qui lui étaient dues. Ses phalanges posées sur son ventre se crispèrent avant qu'elle ne resserre le poing, le laissant reprendre sa place le long de son corps. Oui, elle l'aimait, mais elle ne pouvait évacuer toute cette rancœur qui l’étouffait.

Une fois qu'Oliver l'avait appelé Lilith pointa le bout de son nez. La voir fut un véritable électrochoc ! Le Rajin ne connaissait que trop bien sa petite Kagutsuchi et il n'avait aucun doute quand au fait qu'elle avait dû pleurer et pas qu'un peu. La honte était totale pour le mélomane qui voyait déjà ses jambes se dérober sous le poids de la culpabilité. Il avait fait tout cela uniquement pour la protéger et en réalité c'était lui la menace pour la tatoueuse. Elle avait mal et c'était lui le fautif. Les modifiés, Henka, Ran n'étaient pas de réelles menaces... contrairement à lui. Le blond tremblait et ce fut à ce moment là que sa petite amie se jeta dans ses bras. Il l'intercepta bien évidemment pour l'enlacer grimaçant et gémissant de douleurs mais jamais il ne la lacherait. Sauf que Lilith en avait décidé autrement relachant son étreinte le regard vide. La pire des erreurs... Oliver baissa la tête n'osant pas affronter la belle blonde, il n'avait pas le courage, il ne l'avait plus. Il avait été facile pour lui de jouer les caïds au fin fond d'une ruelle mais affronter sa moitié, son âme soeur était une autre paire de manche.

"C'est pire que ce je pensais hein ?"

Le mélomane avait chuchoté et au vu de la distance qui les séparait Lilith était bien entendu capable de l'entendre. Oli n'avait aucune excuse, l'attitude de la jeune femme était plus que compréhensible vis à vis de ce qu'il avait fait. Ce regard vide... il ne manquait qu'une étincelle pour qu'elle se mette à pleurer ou explose de colère. L'américano-finlandais avait fait fort, très fort pour que la tatoueuse soit dans cet état. La tête toujours baissée, Oliver se laissa tomber à genoux. La fatigue, son combat contre la modifiée le décalage horaire, les émotions... Il ne tenait plus, il n'y arriverait plus sans l'aide de Lilith. Le Rajin garda le silence tandis que les paroles de Lilith frappaient de plus en plus, elle savait pour les combats, la drogue.

"Je... j'ai déconné. J'ai affronté une nouvelle modifiée, plus forte qu'Henka. J'ai bien cru qu'elle allait tuer Elena. Je suis faible, si faible." Il tremblait de plus en plus croyant que sa tête allait exploser. "Les hommes en noir nous ont amené sur le continent pour une mission... une mission qui ressemblait plus à un cambriolage. Les choses ont dégénéré et voilà." Oli marqua une pause se décidant à tout avouer. "Mais ça n'explique pas mon absence d'une semaine... j'ai forcé... un mauvais trippe, une grosse bagarre. Je ne sais même pas pourquoi ils m'ont amené alors que je n'étais pas en état."

L'étudiant se redressa difficilement s'aidant d'un meuble pour garder ses appuis et s'approcha de Lilith voulant l'enlacer sauf que Lilith n'en faisait pas de même. Il se recula donc. Oli se sentait pathétique, plus bas que terre sauf qu'il ne pouvait pas reculer, il avait besoin d'elle.


"J'ai besoin de ton aide... tout seul je ne vais pas y arriver. Elena m'a conseillé de t'en parler mais j'ai tellement été malhonnete avec toi que je ne me voyais pas.... Tu m'as manqué Lilith."

Oui il était pitoyable ne sachant pas quoi dire à son amante, se sentant diminué. Parler d'Elena n'était pas la meilleure des idées mais dorénavant le blond voulait être honnête peu importe le prix.

Une désillusion, la douce n'en avait jamais eue d'une telle ampleur. Elle qui pensait que tout irait bien, que leur couple était solide, qu'ils n'avaient aucun secret l'un pour l'autre. En tout cas, pour elle, c'était le cas. Quel dommage que cela ne soit pas réciproque. Il lui avait tellement menti, caché tant de choses, plus ou moins graves. Elle avait si mal, comme si son coeur explosait en mille morceaux, comme s'il ne pourrait jamais guérir. Comment avait-il pu la détruire à ce point ? Elle qui était si forte, elle qui ne cessait jamais de sourire. Mais à cet instant, elle n'avait aucune envie de sourire. De nombreuses émotions se succédaient pour Lilith, à un tel point qu'elles semblaient la dépasser totalement.

Et le voir tomber à genoux devant elle fit monter un peu plus ses larmes. Elles étaient si difficiles à retenir, comme jamais. Ne pas le rejoindre, ne pas le consoler était pourtant un véritable déchirement pour elle. Comment avait-il fait pour lui voler son coeur, au point qu'elle commençait à douter de son propre comportement ? Mais non, elle n'avait rien fait de mal, elle n'avait aucun tords ... Aucun. Si ce n'est celui de ne pas avoir réagi avant. Il avait déconné, clairement, à un point qu'il semblait d'ailleurs imaginé. Il en avait conscience et il était rare que le mélomane le reconnaisse.

Il mentionnait une nouvelle modifiée qu'il avait affrontée, ainsi que le nom d'Henka. Il n'en avait donc pas fini avec ça ? Lui qui était censé ne plus s'en préoccuper. C'était donc cela, la raison de cette longue absence ? Non, il n'avait pas terminé. Lorsque le prénom d'Elena sortit de sa bouche, la jolie tatoueuse serra les dents. Elle ne pouvait s'empêcher d'être jalouse. Elle avait ses raisons, car à elle elle était sûre qu'il ne lui faisait aucun secret. Sa meilleure amie comptait plus qu'elle-même. Mais pourtant, elle contint sa rage, sa frustration, attendait qu'il termine ses explications.

Oliver aurait pu s'arrêter là, à cette mission dont il avait été forcé à prendre part, mais il décida d'être honnête jusqu'au bout, justifiant son absence aussi longue. La berlinoise ne savait pas si elle aurait préféré qu'il lui mente une nouvelle fois. Elle ne savait plus, n'était plus en mesure de réfléchir. Depuis des semaines, il la baratinait. Peut-être en était-il de même sur ses sentiments pour elle ? Elle n'était plus sûre de rien.

Il se releva difficilement, s'approcha d'elle alors que la douce baissa la tête, sa longue crinière dorée venant masquer son visage. Son étreinte lui faisait à la fois du bien et du mal, elle voulait à fois qu'il continue et qu'il s'arrête. Elle était perdue. La belle ne fit aucun geste pour l'enlacer, se mordant la lèvre inférieure pour s'empêcher de pleurer. Mais ce fut en vain, car les larmes roulèrent immanquablement sur ses joues. Alors qu'il la relâchait, elle détourna le regard pour éviter qu'il ne voit son visage. Et pourquoi lui disait-il cela ? Comment osait-il lui dire qu'elle lui avait manquée ?

"Tais-toi ... Je veux plus t'entendre ... Je me demande si je n'aurais pas préféré que tu me mentes encore."

Mais elle ne pouvait fuir son regard bien longtemps, elle préférait lui faire face, la tête haute. Son coeur était douloureux, elle tremblait de tout son être, son corps, sa voix. Et les sanglots continuaient sans qu'elle ne puisse les arrêter.

"Comment peux-tu dire que je t'ai manquée ? Je te manquais quand tu te plantais une seringue dans le bras pour partir dans tes trip ? Je te manquais quand tu passais ton temps à te confier à ta meilleure amie plutôt qu'à moi ? Tu n'as pas confiance en moi, j'ai si peu d'importance à tes yeux pour que tu ais recours à de telles solutions ? La drogue, les combats ? Dis-moi ce que tu y as gagné ? Tu as tout gâché Oliver, tu m'as trahie, je ne sais pas si je pourrais te le pardonner un jour. Tu nous as brisés tous les deux ... Je t'avais dit d'oublier Henka et à cause de toi, rien ne va plus. Je pensais que tout irait bien, mais tu n'as fait qu'empirer les choses. Je t'aime plus que tout, je t'ai fait confiance ... Comment tu as pu me faire subir tout ça ?"

Devait-il continuer à parler ? De tenter de s'expliquer ou bien devait-il garder le silence ? La Berlinoise venait de lui demander de se taire, elle ne voulait plus l'entendre. C'était évident que la situation était très difficile pour elle mais sincèrement Oliver ne s'attendait pas à autant de rancœur de la part de sa partenaire. Tout était donc terminé ? Lilith/Oliver.... Le mélomane était figé ne sachant pas quoi faire pour remédier à la situation. La Kagutsuchi n'en pouvait plus, parlant et parlant malgré les larmes et les sanglots et tout ça c'était de sa faute à lui et lui seul. Henka n'était pas la responsable, seulement le déclencheur d'une succession d'évènements néfastes. Oli baissa de nouveau la tête, honteux. Il n'aurait jamais dû rentrer, jamais. Fuir les Hommes en noirs sur le continent voilà ce qu'il aurait dû faire. Il se rappelait parfaitement ses craintes qu'il avait d'ailleurs exprimé à Elena juste avant d'embarquer quant à son couple. Leur duo n'y survivrait pas, Lilith ne voulait plus de lui. Il venait de demander de l'aide et elle n'avait pas répondu, refusant de l'enlacer. Etait-ce réellement la fin ?


"Je t'avais promis de ne jamais te faire pleurer...."

Oliver parlait en réalité à lui même plutôt qu'à sa petite amie, il était choqué de voir sa Lilith dans un tel état. Il avait vu juste quand il était à New York, passer du temps avec Elena et l'avouer à Lilith n'était pas la meilleure des idées qu'il avait eu. Pourtant il espérait que son honnêteté paierait, qu'il pourrait recommencer depuis le début avec elle. Les yeux embués, son regard se posa à nouveau sur Lilith.

"J'ai perdu Elena, j'ai tout perdu. Tu es la seule personne qui me reste. En voulant traquer Henka, en voulant te protéger c'est l'inverse qui s'est produit." Oli avança de quelques pas avant de se stopper. "Je n'ai pas d'excuse. Je... C'était une mauvaise idée de revenir. J'aurai dû me faire tuer tu aurais eu moins de soucis." L'étudiant tourna alors le dos à la jeune femme pour aller dans le couloir fouiller dans son sac pour en revenir avec une peluche qu'il tendit à Lilith.

"Avant de revenir j'ai acheté ça pour toi. Je sais que ça ne changera rien mais j'ai pensé à toi en le voyant alors j'ai cru que... enfin c'est pour toi."

Oliver tendait la petite peluche qui ressemblait à un gros chat, roux avec une longue queue touffue.


"Un panda roux... comme tu aimes. Prends le et je te laisserai. Je ne sais pas où je vais aller mais je sais que tu ne veux plus me voir et c'est normal."

Le blondinet s'attendait éventuellement à se prendre la peluche en pleine figure alors qu'il voulait montrer que durant son absence il n'avait pas totalement oublié celle qui faisait battre son coeur. Son unique....

Ses mots étaient sortis d'un coup, d'un seul. Elle n'avait pu s'arrêter, elle devait s'exprimer, évacuer toute ce stress et cette frustration. Elle se savait trop sincère, certainement blessante, mais comment pourrait-elle retenir ses pensées ? Les mots de son aimé lui percèrent le coeur. C'est vrai, il lui avait promis de ne jamais la faire pleurer ... Ca aussi, c'était un mensonge de sa part ? Lilith déglutit, baissa de nouveau le regard, c'était si dur de le regarder, si dur de ne pas céder. Elle ne pouvait croire que toute leur histoire était basée sur des mensonges. La jolie blonde ne pouvait douter de la sincérité des sentiments que le mélomane avait envers elle.

Et pourquoi fallait-il qu'il mentionne encore Elena ? Que lui avait-il fait à elle, pour la perdre ? Alors, il était pour ça ? Parce qu'il n'avait plus qu'elle ? Non, elle ne pouvait le croire, Oliver n'était pas ce genre d'homme. Elle savait bien qu'elle comptait pour lui, plus que tout au monde. Mais pourquoi avoir agi de la sorte ? Par maladresse ? Tout s'embrouillait dans l'esprit de la berlinoise, elle n'arrivait plus à faire le vide, tout se bousculait. Mais les derniers mots de son beau blond la fit relever la tête, choquée.

Il aurait dû ... se faire tuer ? La jeune femme ouvrit la bouche pour lui répondre. Elle ne pouvait le laisser dire de telles choses. Si elle lui en voulait, elle était bien loin de souhaiter sa mort. Elle l'aimait après tout, jusqu'à ce que ce sentiment la consume de l'intérieur. Un amour indéfinissable qu'elle n'avait jamais ressenti jusqu'à leur rencontre. Il ne pouvait dire de telles choses ...

"Oliver ... Je ne veux pas que tu penses des choses pareilles."

Mais elle se tut lorsqu'il revint vers elle avec cette adorable peluche en main, un cadeau qu'il avait acheté spécialement pour elle. Emue, la douce tendit la main pour la saisir. Il la déstabilisait, elle ne savait plus quoi faire. Son doux mélomane, il était là, à portée de main. Depuis des jours, elle rêvait de le retrouver, elle rêvait de ses bras, de ses lèvres, de son sourire, de son regard, de tout ce qu'il faisait qu'il était lui. Alors, pourquoi était-elle incapable de lui dire tout cela ? Pourquoi était-elle incapable de le serrer contre elle, de passer à autre chose ? Parce que ... Parce que ... Observant le petit panda, elle le caressa doucement, sans lever les yeux.

"Il est ... magnifique. Merci Oli ..."

S'il savait à quel point ce geste pouvait la toucher, juste ... au bon moment. Elle en prendrait soin, c'était une promesse qu'elle se faisait à elle-même. Ce simple cadeau avait suffi à refouler quelque peu sa colère. Le visage rougi par les larmes, elle planta ses prunelles d'azur dans les siennes, s'y perdant quelques instants. Après tout, elle l'aimait toujours, elle en avait le droit n'est-ce pas ?

"Oli ... Je ... J'ai juste besoin d'un peu de temps pour digérer tout ça. Je veux ... rester un peu seul. C'est ton appartement à la base donc, c'est moi qui pars si tu préfères ..."

Lilith souhaitait rester seule ? Partir ? Oliver en avait reçu des coups, chacun amenant des douleurs indéfinissables mais les paroles de la tatoueuse eurent un effet bien plus dévastateur et douloureux. Mille coups de poignards seraient beaucoup moins douloureux. Les tremblements qui parcouraient le corps du mélomane se stoppèrent. Il savait ce que vouloir du temps signifiait. Il n'était pas dupe. Leur relation venait de prendre fin, il avait perdu sur tous les tableaux, tous. Les mots n'arrivaient plus à sortir de sa bouche, choqué le jeune homme recula de quelques pas s'appuyant sur un des meubles durant de longues secondes histoire de reprendre ses esprits. Sonné l'étudiant évitait soigneusement de croiser le regard de l'allemande, il comprenait parfaitement sa réaction de même que sa décision. Oli savait que si il venait à croiser son regard elle perdrait pied complètement, qu'elle remettrait sa décision en cause et il n'était pas capable de lui faire du mal une minute de plus.

"Je comprends." Le blondinet tourna le dos effectuant de nouveau quelques pas en direction du couloir. "Tu peux garder l'appartement, toute ta vie est ici." Il avait perdu la sienne de toute façon, sans sa moitié vivre ici ou même ailleurs n'était plus possible. Un chagrin d'amour ? C'était plus que cela en réalité, le Rajin n'avait plus rien. Il avait demandé de l'aide à la seule personne capable de l'aider et.... Oliver ne voulait pas penser à la suite, aux conséquences de ce refus.

"Je peux aller dans notr... ta chambre prendre quelques affaires ?" Devant l'accord de la jeune femme il passa à coté d'elle pour se rendre dans leur ancienne chambre. Il déposa alors sur l'oreiller la bague de sa mère (si les propos de son père n'étaient pas mensonger) et y ajouta un petit mot : Mon père m'a dit un jour que ma mère voulait que je l'offre à mon âme soeur, chose que je fais enfin. J'espère que tu la garderas toujours près de toi. Oliver.

Pour la forme et afin qu'elle ne se doute de rien avant son départ le natif de Seattle attrapa quelques vêtements et sortit enfin de la pièce regardant une dernière fois l'oreiller de sa belle. Retournant dans le salon Oliver passa les mains autour de son cou pour détacher le collier en argent et le pendentif de phœnix qu'il dépose sur la table basse. "Je te le laisse, là où je vais... il te sera plus utile à toi qu'à moi." Le mélomane passa le couloir posant les yeux sur son sac avant d'ajouter. "Prends soin de toi s'il te plait." Le jeune homme sortit soudainement de l'appartement sans prendre son sac déposant seulement les affaires propres dessus, là où il allait il n'en aurait pas l'utilité. Il prit l'escalier de secours se cachant dans un coin juste au cas où Lilith aurait eu l'idée de le rattraper. Les larmes coulaient le long de ses joues désormais rougies par l'émotion et il dû attendre plusieurs minutes avant d'être capable de reprendre la route, directement la rue.

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Ce n'est que quatre heures plus tard que le téléphone de la Berlinoise sonna. A l'autre bout du fil un médecin urgentiste du centre Hospitalier d'Ikazuchi. "Madame Engel ? Ici l'hôpital d'Ikazuchi. Dans l'ancien dossier de Monsieur Oliver Hiroven il est demandé de vous contacter en cas d'urgence. Il a été admis pour une overdose... volontaire. Il est actuellement dans le coma." L'annonce a été brutale, sans prise de gant de la part du médecin. Comment la jeune femme allait réagir ?