Bain de minuit au cœur des milles reflets [PV Capucine]

Temps, distraction, découverte, et combat. Tant de choses s’étaient présentée à moi depuis mon arrivée. L’académie elle-même regorgeait de personnes plus intéressantes les unes que les autres. Cette île faisait réellement mon bonheur. Mais parfois, un petit moment de détente était le bienvenu. On m’avait parlé il y a quelque temps d’un lieu vraiment spécial où se mêlaient mystère et beauté. Un lieu où la lune semblait se refléter, un lieu où les murs revoyaient l’image d’écrits d’antan. Mais également un endroit où se trouvait un bassin à l’intérieur même des parois de roche. Enfin c’était comme on me l’avait présenté. Cependant, les versions quant au contenu de ce lieu divergeaient. Mais j'espérais bien que tout cela était réel. L’aventure du jour allait donc se dérouler non loin de la plage. Et franchement, après une arrivée tardive sur l'île et des premiers cours que j’avais eus, cette aventure ne pourrait être que des plus profitables.

Maillot de bain sous mes habits du jour, un assortiment de vêtements dont le style m’avait plu à peine arrivé sur cette île, je marchais sur la route de la plage. Je portais un mini short d’un vert feuille où j’avais lié une petite sacoche couleur bois. En haut, un petit débardeur d’un rouge brun surmonté d’une jacket jaune au bord blanc. Mon maillot déformait légèrement le lisse du débardeur, mais franchement, je m’en fichais. Je n’allais pas en soirée dansante ni en rendez-vous après tout. Pour finir, un béret brun couvrait mes cheveux lâchés. Je n’avais pas vraiment besoin de Kiss aujourd’hui, mais par principe de mes explorations, je devais constamment l’avoir non loin de moi. Je l’avais ainsi juste rangée dans un sac de sport dans lequel j’avais également glissé une serviette et un carnet de croquis. Mes crayons eux, étaient dans ma sacoche. Il y avait quand même des écritures incroyables là-bas après tout.  

En arrivant sur la plage, je constatais avec enthousiasme la marée descendante. On était en période de grande marée, cette dernière allait probablement mettre un temps fou à remonter et s’était tant mieux. Je ne trouvais pas la grotte immédiatement. Elle était dissimulée dans la roche après tout. Cependant, lorsque j’arrivais enfin devant, je sus que c’était bien cet endroit. On m’avait dit que les parois étaient miroitantes, et on ne m’avait pas menti. Elle était entièrement recouverte d’une sorte de pierre blanche si lisse que mon reflet s’enfermait dans les murs de ce monde lumineux à sa manière. Quoi qu’en y réfléchissant bien, ce n'était peut-être pas de la pierre. Cependant, cette lumière me suffisait, j’étais un être de lumière après tout, j’avais besoin de celle-ci. Il me tardait d’en découvrir davantage.

Je traînais mes pieds sur le sable blanc de la longue plage.
Ça faisait quelque temps déjà que j’étais arrivée dans cet endroit étrange qui semblait être une copie de notre monde. Pourtant, tout ici était différent à sa manière. C’est comme si on avait créé une société ou les gens comme nous auraient entièrement leurs places. Quand je dis les gens comme nous, je parle bien sûr des personnes possédant des “pouvoirs”.
Forcément, je n’étais pas dupe. Je ne suis pas le genre de personne que on peu qualifier réellement “d’intelligent” mais je ne suis pas stupide non plus. Disons juste que je ne me donne pas la peine de vanter ma réflexion en public. Mais je savais très bien que si nous étions tous réunis sur cette Île, c’est que quelqu’un avait à y gagner. Je ne pouvais pas croire qu'on nous offre un tel paradis sur-mesure sans une bonne raison cachée. Et si quelqu’un me dit “la compassion”, c’est qu’il n’a pas encore compris que même le plus tendre des humains trouvera toujours quelque chose à gagner dans une bonne action.

On m’avait donc parlé de cette grotte réputée pour sa beauté et son calme incomparables. C’était un jeune guide touristique qui avait essayé de me vendre les lieux appartenants au répertoire de son agence qui m’avait venté les miracles de ce “coin de paradis” pour reprendre ses mots. La première chose que j’aie faite évidemment, ce fut de déchirer son prospectus pour qu’il me fiche enfin la paix -oui, je ne suis pas quelqu’un de très réputer pour son tact-. Mais ce soir, je n’étais pas arrivé à m’endormir et je n’avais pas l’énergie pour aller danser (il faut dire que j’avais beaucoup fait la fête ces derniers temps) et je m’étais donc rappelé de cet endroit isolé. C’était le pas hésitant que je m’y étais rendu, craignant que soit juste un morceau de cailloux recouvert d’algue où un petit bras de mer minable viendrait s’échouer timidement. Mais bon, maintenant que j’étais là, autant aller jusqu’au bout.

Je m’aventurais donc dans cette petite berge isolée et découvris le lieu dans toute sa splendeur. Sous cette voûte cabossée, je pouvais admirer des reflets bleutés envahissants l’espace comme si on avait accroché un rayon de lune dans la paroi rocheuse. L’eau était à bonne hauteur, si translucide que je devinais un fond lisse et surement glissant. J’étais une citadine qui raffolais des bains de foule, mais étrangement ce lieu m’attirait inexorablement vers lui. Je détachais mon regard des eaux pour le porter vers ma tenue. Un t-shirt à rayures vert d’eau et une salopette en jean clair. Rien d’autre. Que je pouvais être stupide. Si on m’avait conseillé ce lieu, c’était pour sa baignade si agréable et moi, comme une idiote, je m’y étais rendu les mains vides, sans maillot ni serviette à… Quelle heure était-il d’ailleurs ? Je sortais mon téléphone et fus éblouie par la lumière brute. 23h 57. Presque minuit. Je jetais un regard furtif aux alentours avant de me déshabiller en vitesse. S'il y avait quelqu’un à cette heure-là, c’est vraiment que j’étais la fille la plus malchanceuse de l'Île.

Je me glissais dans l’eau résistant à la tentation de partir en courant au contact de l’eau. La morsure de l’eau froide vint me picoter dans tout le corps, et ce n’est qu’au bout de quelques minutes que la chaleur se répandit ma peau nu, décontractant chacun de mes muscles tendus. Je fermais les yeux et respirais calmement.

Un bruit.

Je tournais la tête en vitesse.
Ok, j’étais la fille la plus malchanceuse de cette Île.

Il y avait des questions pour lesquelles on avait beau chercher les réponses, on ne les trouve jamais. La première était bien entendue pourquoi étais-je venue ici en pleine nuit ? Et surtout pourquoi aussi tard ? Hum quoiqu'en fait si, il y avait une réponse toute simple, juste pour faire correspondre l’heure des marées à l’heure de ma visite. La beauté de ce lieu me perdra certainement dans mes réflexions. L’envie d’explorer la grotte davantage me força cependant à détacher mon regard de la beauté de ses parois et de sa lumière. À l'intérieur, mes pas résonnaient, ploc ploc ploc ploc. Comme un rythme qui me guidait vers le fond. Une certaine fraîcheur arriva alors jusqu’à moi alors que j’étais certainement presque arrivée à destination. Quelque chose capta immédiatement mon regard. Sur un rocher avaient été disposés des habits tranchant légèrement avec les coloris du lieu. Il y aurait donc quelqu’un d’autre. Je posais mon sac de sport à côté me disant qu’il devait s’agir de l'endroit où on devait se défaire de nos possessions. Deux choses se passèrent alors presque simultanément. J’aperçois enfin le bassin dont on m’avait vanté la beauté. L’eau était d'une limpidité telle, que l’on pouvait la croire être de l’eau de source. Mon regard se posa alors sur celle qui dépassait de l’eau d’une mine abattue.  

Si je ne l’avais pas vu bougée, certainement ne l’aurais-je même pas remarquée, ses cheveux trouvaient une place parfaite dans ce lieu tant leur couleur y trouvait sa place. Ses yeux me regardaient probablement, quoique je ne sache pas trop. Elle semblait au moins aussi surprise que moi de voir quelqu’un d’autre de ce lieu à une heure si tardive. Une chose était sûre, c’est que je détestais voir les gens faire la tête, j’allais probablement devoir lui redonner le sourire, et en ce lieu, pas sûr que ce soit trop compliqué.

« Oups pardon de te déranger, je ne pensais pas que quelqu’un d’autre aurait l’idée de venir ici aussi tard aujourd’hui. Je me nomme Laily Shojun, simple étudiante qui veut se reposer aujourd’hui. » Commençais-je accompagnant mes phrases d’un beau sourire.

En fait, en y repensant une nouvelle fois, il était une nouvelle fois plus probable qu’il y a quelqu’un aujourd’hui et à cette heure à cause du grand coefficient de marée. On pouvait ainsi profiter plus longtemps de ce lieu. J’allais m’approcher davantage lorsque je me rendais compte que je portais encore mes vêtements. Je me dévêtis rapidement pliant le tout sur mon sac restant en bikini bleu. J’avais pris l’habitude de me baigner en extérieur uniquement en maillot. Peur d’être vu . Peut-être un peu par les garçons, mais après je m’en fichais tant que je pouvais me détendre. Je m’approchais ainsi du bassin en essayant d’être la plus polie possible dans mes gestes, je ne voulais pas trop m’embarrasser d’une cérémonie particulière aujourd’hui, et puis, ce n’était qu’un bain. J’aperçut alors quelque chose à quoi je ne m’attendais pas. La fille dans le bassin était complètement nue. Je commençais à comprendre pourquoi elle faisait cette tête.  

« Oups excuse-moi, je ne voulais pas me montrer si indiscrète. »

Je n’avais rien à lui proposer pour se dissimuler. Une idée toute banale me vint alors en tête, le tout était de rééquilibrer les situations. Étant la dernière arrivée, je devais me conformer à ses manières.

Je la regardais dans les yeux pour ne pas regarder ailleurs, elle était belle après tout, mais je devais rester svelte, j’étais là pour me détendre et non pas pour autre chose.

« Si tu veux je peux me déshabiller complètement, tu seras peut-être moins gênée... » Lui demandais-je d’une petite voix.

Enfin, j’espérais juste qu’elle ne me vire pas du lieu.

« Je ne cherche qu’à décompresser un peu. Tu pourras faire comme si je n’étais pas là si tu le souhaites, je n’aime pas gêner les autres, mais c’est la nuit la plus propice pour venir prendre un bain ici, j’aimerais bien ne pas la manquer » m’expliquais-je afin de l’avertir de mes intentions. C’était le mieux à faire pour le moment.