|Fini| Eiki Miasawa

Ce qui est pratique de naître au Québec, c'est que lorsqu'on né, on apprend à parler deux langues au lieu d'une, qui plus est, les langues les plus utilisées dans le monde, l'anglais, et le français. J'étais était donc bilingue dès ma naissance.
Ma petite enfance, comme tout le monde normalement constitué, je ne m'en souviens pas. Mais en regardant de vielles photos, je me souviens d'une petite fille de mon âge, elle devait être ma cousine, et je crois... qu'il m'arrivait de passer beaucoup de temps avec elle. Sur presque toutes les photographies, elle était avec moi, et on avait l'air de bien rigoler. Ma petite enfance devait être quelque chose de fabuleux, pour une enfant. Je pense que je n'étais jamais malheureuse. J'avais une maman, et un papa, comme dans toute les familles. Ils s'occupaient bien de moi, et moi, je les aimais. Maman était très jolie. Je me souviens, un peu plus tard, sûrement vers mes 10 ans, que maman avait souvient des nattes, ou alors les cheveux dans une espèce de capuchon. Elle était jolie, ma maman. Et mon papa, lui aussi il était beaux. Ils portait des lunettes. De petite lunettes rondes, comme dans mes vagues souvenirs, et sur les photos. Je me souviens aussi de ce jour, ou papa et maman se sont mariés. J'étais toute jeune, je devais avoir quelque mois. Papa et maman avaient pris une photo de nous trois lors du mariage. Ils avaient refusés, m'avaient-ils dit, de prendre une photo de leur mariage sans moi. J'étais donc là, dans les bras de maman, qui elle était dans ceux de papa.
Puis j'ai grandi. Maman est devenu plus vielle, mais elle est restée belle. Papa lui, a perdu des cheveux, ils sont même devenus gris … Papa était vieux. Je me souviens qu'un jour, je devais avoir 12 ans, il m'avait dit « Papa vieillit, et tu sais mon cœur, c'est normal. Ne sois pas triste, petit ange. » Pour me remonter le moral, il m'avait alors emmené en forêt, et nous nous baladions, à travers les pins, et les sapinettes. On avait ramassé des champignons. Moi, je n'aimais pas ça, les champignons. Mais j'adorais les chercher, c'était rigolo.
Puis j'ai encore grandi. Maman vieillissait, et ternissait, et papa lui, il était déjà vieux, et terni. J'avais fini mes années de collèges quand je rencontra un garçon. Il était à peine plus âgé, et il était beau, et gentil. J'étais tombée amoureuse pour la première fois. Lui aussi, d'ailleurs. Un soir, alors que ses parents travaillaient, et les miens aussi, il m'avait invité chez lui. Nous discutions. Il avait, quelques temps avant, enlevé mon ruban blanc, que je mettais toujours dans mes cheveux. Celui que maman m'avait crée. Elle me le mettais dans les cheveux toujours, puis à force j'en prit l'habitude de le faire moi même. Il disait que j'étais plus jolie sans ce ruban, les cheveux détachés, aux vent. Je soupira pour un rien, peut-être que notre discussion était ennuyeuse, ou peut-être que nous parlions de choses tristes. Je ne sais plus. Mais la chose dont je me souviens bien, c'était que la pièce c 'était assombri. Malgré la lumière de la lampe, atmosphère devenait … Plus sombre, plus froid. Je n'avais pas su ce que c'était, et je ne m'en étais pas préoccupé. Mais aujourd'hui, je comprends. Je comprends, en écrivant depuis ma nouvelle chambre, que ce jour était le jour où j'ai utilisé pour la première fois mes pouvoirs. J'ai vécu le reste de ma vie, le lycée, mes études, sans savoir que je possédait un pouvoir. A vrai dire, je ne l'avais plus jamais réactivé, puisque je m'attachait toujours les cheveux avec mon ruban, il m'était donc impossible d'activer mes pouvoirs. Aujourd'hui, je comprends aussi, comment j'ai pu activer ses pouvoirs. Je comprends tout. J'ai fait des études d'arts. L'art est quelque chose qui me passionne. Il se trouve tout autour de nous, et sans le savoir, nous en créons à chaque fois que l'on se sert de notre corps. De nos mains, notre voix, le corps tout entier … A la fin de ses études, donc, je cherchais un travail. Mon diplôme en art ne m'aidait pas beaucoup, mais j'étais motivée. Alors que j'allais peut-être être prise dans une entreprise de cinéma, comme stagiaire sûrement, je me réveillai un matin dans une chambre qui n'était pas la mienne. J’eus comme un déclic en moi. Tout me revint en mémoire. J'avais compris pourquoi j'étais ici. Je me suis donc levée, et j'ai pris de quoi écrire. Et voici ce que j'écrivis.