Trop de carton à faire rentrer ! [PV: Nelly-Pi ]

Invité

Des cartons ! Des cartons partout ! Il en pouvait plus, déjà qu’il ne comprenait plus rien à sa vie. Mais en plus maintenant, il devait se réinstaller dans un coin pour recommencer la même chose qu’auparavant. Enfin, pour le moment ce n’était que la boucherie, et un endroit ou vivre. Le parrain attendrait d’être retrouvé. Le plus important était de vivre pour pouvoir continuer à le servir. Et pour vivre, il lui fallait un boulot et un endroit où vivre. Pour ce faire, sans attendre, il avait acheté un magasin avec les sous qu’il posséder et pris un petit appartement au-dessus dans un coin où il y avait beaucoup de jeunes rassemblés. Un endroit où pour lui, il pourrait faire du profit. Enfin faire du profit n’était pas son but, se maintenir dans l’état actuel des choses serait déjà bien. Puis après, chercher le parrain. Oui, c’était son objectif final afin de retourner à son service. Comme avant.

Mais pour le moment, il fallait s’occuper de cette pile de carton en tous genre, de toute taille et contenant toute sorte d’objet aussi bien pour son appartement, que pour ça boucherie. D’ailleurs, au final, son métier étant sa vie, il y avait surtout des cartons pour la boucherie, et à peine le nécessaire pour son logement. De quoi faire à manger, de quoi conserver la nourriture. Un matelas, une lampe et c’était tout. Pour la boucherie, la liste était bien plus longue, si longue qu’il ne met pas possible de vous la listez. Mais en gros, cela aller de l’instrument le plus simple, comme le hachoir ou les couteaux, à la machine plus grande tel que la scie électrique permettant de préparer correctement la viande. Ship’ aimait tous faire de lui-même, et cela n’allait pas changer. Et comme il ne connaissait personne, il se chargeait seul de tout mettre en place. Parfait, c’était une journée épuisante qui s’annoncer. À peine dix heures et déjà, il avait envie de se reposer.

C’est donc sans se presser qu’il commença à prendre les cartons, un par un pour les ranger. Ceux-ci prenaient de la place sur le trottoir, mais il n’en avait cure. Après tout, cela arrivait à tout le monde de déménager et de plus, si quelqu’un lui volait quelque chose, il n’aurait cas le retrouver pour le faire parler. Et cela était sa spécialité. D’un autre côté, il se devait de garder son image de commerçant honnête et gentil histoire de ne pas attirer l’attention. Encore plus en l’absence du parrain. Il entassa quelques cartons dans l’appartement, oubliant rapidement quel carton correspondait à quoi. Il n’y aurait plus cas vérifier à la fin.

Trop de carton à faire rentrer !

« Nelly ? »
Hm…
Il y avait une voix un peu lointaine qui m’appelait. J’étais encore plongée dans mes rêves les plus fous, mais quelqu’un essayait de me ramener à la réalité. Je serrais contre moi mon énorme peluche toute douce et, étrangement, très chaleureuse aujourd’hui.

« NELLY ! HOE NELLY BORDEL MAIS REVEILLE TOI, TU BAVES ! »
Hein ?
J’avais les cheveux en pétard et je levais la tête avec difficulté. Elle était lourde et résonnait d’une drôle de manière. Mes yeux s’ouvraient doucement et je découvrais que ma peluche n’en était en fait pas une. D’abord prise d’un sursaut, je n’ai pas lâché mon doudou de fortune, improvisé certainement à la suite d’une soirée trop alcoolisée. Mes souvenirs de la veille étaient d’ailleurs assez flous, mais les douleurs que j’avais aux joues me rappelaient à quel point j’avais pu bien rire.

« Bon, tu me lâches ou je suis bloquée pour le reste de la matinée ? »
Cette fois, j’étais certaine que j’avais trop bu la veille. Ma tête n’était pas sans me rappeler que les lendemains de soirées sont difficiles. Pour répondre à ma peluche parlante, je tirais la langue en le serrant plus fort contre moi, souriante. Il soupira. En réponse, je rigolais et, enfin, je le lâchais.

« Sérieusement, explique-moi pourquoi tu squattes encore chez moi plus de la moitié du temps alors que tu viens d’emménager chez toi… »
« Et toi, explique-moi comment je fais pour toujours me réveiller dans ton lit alors que je ne me rappelle jamais m’y être couchée. »

Je lui offrais un clin d’œil dont j’avais le secret avant de m’asseoir sur le rebord du lit. Maintenant que j’avais les yeux assez bien ouvert, je reconnaissais en effet la chambre de Shawn. C’était lui qui m’avait accueillie lors de mon débarquement ici. Il était tellement doux que c’était devenu réellement amusant de vivre avec lui. Et même si, comme il l’avait dit, je venais d’emménager dans mon propre appartement, je venais encore passer pas mal de temps ici. Je m’y sentais bien, après tout. Et puis, pour ne pas me ridiculiser, je n’avais surtout pas envie de lui avouer que je détestais être seule. Mon appartement me semblait encore assez vide, bien que j’ai déjà décoré les murs avec de la peinture rose et quelques décorations dans les mêmes tons qui égayaient l’endroit. Ici, c’était sombre, il y avait des livres partout (oui, même sur le sol !) mais je m’y sentais bien. Même que souvent il y avait des gens pour venir « réviser » avec Shawn. Ces révisions qui finissaient, sans exceptions, en de drôles de soirées. Parfois, on pouvait même retrouver des morceaux de glace dans le mur ou des traces de brûlures dans l’appartement. Etrangement, ça avait un côté flippant, mais on aimait ça.

J’interrogeais Shawn sur l’invité d’hier. Je me rappelais légèrement l’avoir lourdement aguichée, éméchée. Il m’expliqua en me servant un petit déjeuner copieux avant de me renvoyer chez moi à coup de pied dans le derrière parce que « j’ai cours, moi, oh ! ». Il savait pourtant qu’il allait me revoir d’ici le lendemain. Il pourrait au moins me laisser un double des clés, cet idiot.

Je trainais les pieds, sautillants un petit peu dans les rues. Pourtant je sautillais moins que d’habitude : j’avais la gueule de bois, le pas maladroit et accessoirement la nausée. J’ai pris le bus jusqu’au centre-ville de Kousha où je pris enfin la direction de mon « chez moi ».

J’étais plongée dans les idées tordues et autres fantasmes sur « l’autre garçon » d’hier soir. Et alors que la belle gueule de Terrence me trottait dans la tête, je trébuchais lamentablement sur quelque chose. PATATRA ! Je me relevais rapidement, époussetant ma robe et remettant mes nœuds en place. Je grommelais.

« Pourquoi est-ce qu’il y a un… des cartons au plein milieu de la rue ? »

Je tournais autour des cartons. Il n’y avait personne autour, ce n’était pas très prudent tout de même… Alors que je cherchais comme à en deviner le contenu, le propriétaire de ces affaires qui jonchaient sur le trottoir arrivait. Bien sûr, je n’avais pas eu le temps de ramasser le carton que j’avais fait tomber et dont les affaires, visiblement des vêtements et un nécessaire de toilette, trainaient désormais au sol. Je lui offrais mon plus beau sourire avant de commencer à ramasser rapidement les affaires.

« Ah, pardon pardon… Je me suis cassée la figure sur vos cartons ! »

Invité

Il rangea les cartons un par un, en bazarre. Oui, il n’aimait pas l’idée de les entasser à nouveau les uns sur les autres contre un mur histoire de gagner de la place. Cela ne demanderait que plus d’effort pour les prendre un par un et les ouvrir. Il préférait donc éparpiller le tout dans le T1 qui lui servirait de lieux de vie. Un petit, trois pièces, si on peut bien sûr compter les toilettes et la douche comme une pièce. À vue de nez, cela devait faire un total de 20 m². Mais il s’en foutait, au final, il n’avait pas tant de carton que cela pour son appartement. La plupart étaient pour son magasin. L’endroit où il passerait le plus de temps. Manger et dormir, voilà à quoi lui servirait son logement, et c’était tout. Par respect pour la viande, il avait renoncé à dormir dans son lieu de travail. Bon, cela lui coûtait un peu plus cher de payer les deux à la fois, mais au moins, il vivrait à peu près correctement. Bon, il faut dire aussi, en dehors du respect pour la viande, qu’il se devait de faire bonne impression à la population présente et ne pas se faire remarquer en négatif. La base dans la mafia afin de rester du bon côté des barreaux.

Il posa son carton et descendit pour la énième fois les escaliers. Il commençait à en avoir marre et ce n’était que le début. Désormais, il savait pourquoi il n’avait jamais déménagé auparavant. C’était une contrainte particulièrement chiante et en plus, cela demander du travail supplémentaire qui ne lui payerait pas la nourriture du lendemain. Le pire de tous cela, c’était la fatigue qui s’accumulait entre les courses, l’empaquetage des affaires, le déplacement et l’ouverture des cartons. Il soupira bruyamment et sortis sur le trottoir. Il faisait déjà chaud. Il s’étira s’habituant à la luminosité avant de se diriger vers ses cartons.

Il haussa un sourcil lorsqu’il en vit un sur le sol, renversé. Des vêtements en plus. Bon, encore heureux, il ne s’agissait pas d’outils destinés à la boucherie. Rien qui risquer de se casser ou de blesser quelqu’un. Sinon cela aurait été une catastrophe. Et à côté du carton, il y avait une fille. Enfin un truc rose qui parla tout en ramassant les affaires. Une langue inconnue. Shippû soupira. Encore une fois, il allait galérer afin de comprendre la personne et pour se faire comprendre. Décidément, il ne savait pas où il avait atterri, mais ce n’était véritablement pas pratique pour lui. Il répondit donc en japonais en espérant qu’elle le comprenne tous en signifiant avec quelques gestes de la main que ce n’était pas grave.

- Ne t’en fais pas tant que tu n’as rien, c’est bon.

Il transpirait déjà, en tant qu’homme stupide, il n’avait pas fait attention à la météo pour s’habiller et avait donc pris ses habituels vêtements militaires. Il regarda la pile de carton. Aller, il en restait quoi, une quarantaine à tous casser, voir un peu plus. Il soupira attrapa un carton un peu lourd et grogna.

- Aller ça va aller vite.

Un étranger ? Bien que la notion d’étranger était floue ici, je m’étais permise de jugé cet homme d’étranger. Je conclus rapidement qu’il venait d’arriver sur l’île et qu’il avait gardé ce réflexe de parler dans sa langue maternelle. C’était une langue que je ne comprenais pas, mais que j’avais déjà entendu bien sûr. J’étais presque certaine qu’il s’agissait du japonais. Je le regardais malgré moi avec de grands yeux, comme si je venais de découvrir une nouvelle perle dans le monde.

J’avais fini de ramasser ses affaires à vitesse grand v. Tout était retourné dans le carton, c’était comme si rien de tout cela n’était arrivé. J’aurai pu partir simplement en le laissant en plan, comme ça. Mais je n’étais pas ainsi. Alors, j’avais simplement prit ce carton et je l’avais suivi sagement jusqu’à l’étage pour le déposer à côté des autres. L’homme semblait me surveiller du coin de l’œil et se demander ce que je faisais. Comme je n’avais pas réellement comprit ce qu’il m’avait dit, je ne savais pas s’il voulait que je parte ou que je l’aide. Alors j’avais choisi de l’aider, après tout, je n’avais rien d’autre à faire.

Alors qu’il me regardait comme si j’étais une affreuse martienne, je lui tendis une bouteille d’eau que j’avais dans mon sac. Il devait avoir soif avec toute cette chaleur. En plus, il n’était clairement pas habillé légèrement. Et monter des cartons, ça n’avait rien de facile ! Je lui proposais ainsi officiellement mon aide, ainsi qu’une boisson encore fraiche. Et comme il semblait difficile de se parler, je me servis de mes petits personnages construits avec ma magie pour lui proposer mon aide dans une mise en scène digne des plus grands films hollywoodiens. Avec le sourire, bien sûr.

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