Confidences sur l'oreiller (pv Mélodie Gravier)

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Sans grande surprise, Mélodie préférait se reposer plutôt que de se lancer dans une discussion peut-être interminable. La nuit risquait d’être courte, alors, autant ne pas l’écourter davantage. Cependant, il allait falloir s’acquitter d’une petite étape auparavant malgré tout… En effet, lorsqu’Elina ouvrit la porte d’entrée de l’appartement, une petite silhouette se matérialisa rapidement dans le corridor, avant qu’elle ne se retrouve prise dans une étreinte à couper le souffle. C’était Sayu, qui semblait rassurée de voir la jeune Suijin enfin rentrer… De toute évidence, elle avait dû se réveiller en pleine nuit, et constater qu’Elina n’était plus à ses côtés dans leur lit. Heureusement qu’elle avait pris le temps d’écrire un mot ! La jeune fille semblait déjà assez inquiète ainsi, qu’est-ce que cela aurait donné si elle n’avait pas eu un minimum d’informations sur la raison de la disparition de sa petite amie…

Mélodie se présenta, tout en saluant Sayu. Mais rapidement, il apparut clairement que l’épuisement était sur le point de gagner la bataille… Dès lors, Elina glissa un rapide « je t’expliquerai tout après » à sa petite amie, avant de conduire son amie jusqu’à un sofa dans la petite pièce de jour, où cette dernière trouva le sommeil à une vitesse affolante. Elle prit encore la peine d’aller chercher une couverture pour la lui poser dessus, avant de quitter la pièce pour aller conter les évènements de la nuit à Sayu…

Elle lui raconta tout : son réveil par les hommes en noir, l’apparition du familier de Mélodie venu chercher de l’aide pour sa maîtresse, son départ pour la prison dissimulée, ses retrouvailles avec Mustapha, le combat qui s’en était ensuivi… La seule chose qu’elle garda pour elle, c’était l’accusation portée à l’encontre de Mélodie. Elle ne connaissait pas encore les détails de ce qu’il s’était passé, aussi, préférait-elle ne pas parler sans savoir. Elle ne voulait pas mettre dans la tête de sa petite amie des idées qui pourraient être fausses… Tout le long de la discussion, Sayu avait eu des réactions différentes. Elle avait été particulièrement horrifiée en entendant qu’elle s’était retrouvée face à l’un de ses pires ennemis… Il faut dire qu’elle savait bien l’impact qu’avait eu le demi-dieu sur Elina… Sa plus grande inquiétude, cependant, fut de savoir si elle avait été blessée. Elle eut beau affirmer qu’elle allait bien, elle n’en crut rien, et voulut le constater par elle-même. La demoiselle eut donc droit à une inspection sous toutes les coutures, et si les circonstances avaient été autres, il n’était pas impossible qu’Elina eut nourri quelques idées… coquines. Cependant, lorsqu’elle tourna son dos nu à sa petite amie, le petit hoquet qu’elle lâcha aurait pu éteindre toutes flammes de désir potentiellement naissantes… Elle comprit alors que la blessure infligée par le familier de Mustapha ne s’était pas guérie sans laisser de traces… En effet, désormais, trois lignes blanches étaient gravées sur sa peau. Une cicatrice de plus, à ajouter à celle sur son front et celle sur son flanc. Si elle continuait ainsi, bientôt, elle ressemblerait à la créature de Frankenstein… Elina put voir que cela contrariait Sayu qu’une fois encore, elle ramenait un trophée de guerre. Malheureusement, elle n’y pouvait rien… En aucun cas elle n’aurait pu laisser Mélodie livrée à elle-même, encore moins maintenant qu’elle savait à quel danger elle avait été confronté…

Enfin, la conversation s’acheva. Toutes deux s’allongèrent sur le lit, en quête d’un peu de repos durement mérité. Malheureusement, le sommeil ne gagna pas Elina… Allongée sur le dos, avec la tête de Sayu posée contre sa poitrine, comme si elle cherchait, dans son sommeil, à l’empêcher de disparaître une fois encore, la Suijin était assaillie par bien des pensées sombres. La rencontre avec Mustapha avait rouvert de vieilles blessures, qui ne demandaient qu’à se remettre à saigner. Il lui était impossible de ne pas se rappeler les circonstances de leur première rencontre : cette fois-là, c’était Asami et d’autres camarades de classe qui avait été mises en danger… L’une d’elle, d’ailleurs, ne s’en était pas sortie. Sauf que cette fois-là, elle était avec Emily ! Emily… La nonchalance avec laquelle Mustapha avait évoqué sa défunte grande sœur avait blessé Elina plus profondément que les griffes de son familier. Une fois encore, elle ne pouvait s’empêcher de constater combien les personnes de son entourage étaient sans cesse confrontées à des situations dangereuses, voire mortelles. Asami aurait très bien pu mourir, elle aussi, dans cette grotte perdue dans la forêt, tout comme ses autres camarades de classe… Emily, elle, n’avait pas eu la chance de réchapper à son ultime confrontation avec le danger. Lyra aussi, avec failli mourir ce jour-là, dans ces fichues tours jumelles… Et maintenant, c’était le tour de Mélodie. Elle avait beau se dire qu’il était irrationnel de penser de la sorte, Elina ne pouvait s’empêcher de croire, dans un coin de sa tête, que c’était elle la cause de tous ces malheurs… Était-elle victime d’une sorte de malédiction ? Peut-être son destin était de provoquer le malheur auprès de ses proches…

Après la mort d’Emily, Elina avait sérieusement pensé à rompre avec Sayu. Non pas qu’elle ne l’aimait plus, loin de là ! Elle avait seulement l’impression que, d’ici peu, ce serait elle la prochaine sur la liste. Heureusement, elle avait eu tellement besoin d’elle pour se remettre de cette perte douloureuse que l’idée avait fini par mourir, elle aussi… Cependant, les évènements de cette nuit venaient raviver la flamme de cette angoisse. La flamme… Elina se rappela comment elle s’était sentie lorsqu’elle avait revêtue cette nouvelle forme divine. Au départ, elle s’était dit que sa capacité à manipuler les flammes était une sorte de dérivé de sa maîtrise de l’eau. Peut-être asséchait-elle l’air, le rendant tellement sec qu’il finissait par s’enflammer ? Jusqu’à présent, elle n’avait rien fait d’autre que faire apparaître quelques boules de flammes dans la paume de sa main… Cependant, désormais, elle en était sure : elle avait plus d’un pouvoir. De qui lui venait-il ? De ses parents ? Probablement… Mais ce qui la frappait le plus, c’était combien l’idée de tuer Mustapha l’avait séduit : c’était une chose d’utiliser une attaque potentiellement mortelle, comme elle n’hésitait plus à le faire désormais. C’en était une autre de frapper pour tuer… Car c’était bien ce qu’elle avait fait ! Ce torrent de flammes qu’elle avait lancé contre son ennemi, elle l’avait fait afin de lui porter un coup fatal… Le pire, c’était qu’elle ne ressentait aucun remords ! Tout comme pour sa forme divine Suijin, les souvenirs des moments passés sous cette forme gardaient en même temps les sentiments ressentis par cette dernière. C’était… inquiétant. De quoi serait-elle capable, désormais ? Elle ignorait d’ailleurs si elle n’avait pas déjà fait des victimes, avec cette vague géante qu’elle avait utilisée par dégager la voie jusqu’à Mélodie…

Finalement, à force de ruminer ce genre de pensées, Elina n’avait pas vraiment réussi à dormir. Tout au plus, elle avait somnolé, et les cernes sous ses yeux laissaient deviner que le sommeil l’avait évité. Lorsque Sayu se leva, d’ailleurs, elle lui somma de rester au lit. Les cours pourraient bien se passer d’elle, ce ne serait pas une première, d’ailleurs. Cela l’embêtait un peu de sécher à cette période de l’année, mais elle se rangea à l’avis de sa petite amie. De toute manière, elle ne pouvait pas laisser Mélodie seule… Toutes deux avaient besoin d’avoir une petite discussion, et pas des plus agréables…

Cependant, Elina ne chercha pas le sommeil. Elle en avait marre de ruminer, aussi se leva-t-elle et se dirigea-t-elle vers la cuisine. Elle prit garde à ne pas réveiller Mélodie, qui avait bien gagné le droit de pouvoir récupérer encore un peu. Elle s’attela donc à préparer un petit déjeuner copieux. Avec l’énergie qu’elles avaient déployée l’une comme l’autre, reprendre des forces par un bon repas ne serait certainement pas du luxe. Elle essaya d’être la plus discrète possible, mais elle se doutait bien que, si le bruit ne la réveillait pas, l’odeur du bacon qui grillait, lui, ne manquerait pas de titiller l’estomac de la demoiselle. Car rien n’était plus efficace comme réveil qu’un estomac affamé…

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C’était comme s’il y avait eu un bouton on/off sur Mélodie, cette dernière s’était endormie presqu’instantanément dès qu’elle eut trouvé une position confortable sur le canapé qu’on lui avait attribué pour un jour. Oui, il n’était plus approprié de parler de nuit, lorsque dans à peine deux heures la journée aurait commencé pour la majorité des citoyens de la ville. Mais qu’importe le temps, Mélodie montrait de par son sommeil profond qu’elle ne prévoyait pas d’en gaspiller ne serait-ce qu’une seconde. Elle aurait pu alors rêver et revivre les évènements de cette nuit atroce, mais il n’en fit rien. Ce fut d’un sommeil sans rêve qu’elle passa sa courte nuit chez Elina, et si elle avait été complètement déconnectée du monde extérieur, quelques bonnes odeurs vinrent par la suite lui renouer ses liens avec ce dernier. Mélodie se sentit alors doucement émergée, et rapidement la clarté de la pièce dans laquelle elle se trouvait lui fit comprendre sans même lever ses paupières que le soleil s’était déjà levé dehors.

Gardant les yeux clos, Mélodie inspira profondément avant de relâcher lentement sa respiration. Elle réitéra le processus deux, trois fois comme si ce rythme avait un quelconque pouvoir relaxant ou motivant sur elle. Finalement, elle fut assez réveillée pour faire un point sur sa situation. Elle n’eut alors aucun mal à se rappeler où est-ce qu’elle était, ainsi que le pourquoi du comment elle était arrivée là. Patientant quelques secondes encore, l’odeur du petit déjeuner que lui concoctait Elina finit par la convaincre d’ouvrir les yeux et de se redresser sur sa couche. S’asseyant au bord du canapé, elle envoya sa couverture à l’autre bout de ce dernier avant de laisser échapper un énorme bâillement qui manqua presque de lui décrocher la mâchoire. Légèrement dans le gaz quand même, Mélodie se mit à regarder autour d’elle, puis ayant repéré la provenance de ces bonnes odeurs, elle se leva et fit route vers la cuisine où elle retrouva dès lors Elina avec un tablier.

« Bonjour Elina… »

Mélodie venait de la saluer d’une voix effacée, signe qu’elle n’avait pas assez dormi, mais également signe que le moral n’était pas vraiment là non plus. Notre amie laissa alors Elina lui répondre sans l’interrompre, puis laissa un silence s’installer entre elles. Après tout ce qui venait de se passer, Mélodie était un peu perdue, et se retrouvait à ne plus savoir comment agir avec celle qu’elle voulait considérer comme sa meilleure amie. Toutes deux avaient passés de bons moments ensembles, et Elina avait toujours été là pour elle lui apportant aide et soutien. Mais alors que les récents évènements lui avaient montré à quel point Mélodie pouvait compter sur elle, ces derniers avaient également marqué un tournant important dans leur relation.

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Alors qu’elle commençait à faire cuire les œufs, Elina entendit quelqu’un remuer derrière elle, avant qu’un bâillement sonore ne se fasse entendre, ce qui lui en arracha un également. C’était Mélodie qui émergeait de son trop court sommeil… Rapidement, elle vint la rejoindre dans la cuisine, et la salua, d’une voix légèrement effacée, sans qu’Elina ne sache si cela était dû à la fatigue ou bien à autre chose. À son tour, elle la salua :

- Bonjour, le petit-déjeuner est bientôt prêt, assied-toi à table.

Elle ne s’était pas retournée en disant cela, car elle était en train de surveiller la cuisson des œufs, et devait donc veiller à ce que ces derniers ne se carbonisent pas à leur base. Cinq bonnes minutes, et tout était prêt. Cinq minutes où seuls les bruits de cuisine emplissaient la pièce… Aucune des deux ne semblaient vouloir prendre la parole la première, ce qui laissait à Elina le loisir de se concentrer sur son repas. Une fois celui-ci terminé, elle disposa deux œufs sur le plat, ainsi que quelques tranches de bacon grillé sur les assiettes préalablement disposée sur la table. Après s’être débarrassé de son tablier, elle s’assit à tour et proposa de commencer à manger :

- Mangeons tant que c’est chaud.

Elina ne cherchait pas vraiment à postposer la discussion à venir, c’était juste qu’elle voulait que les meilleures conditions soient réunies pour celle-ci. Et parmi celles-ci, le fait d’être bien réveillé était en tête de liste. Aussi, mieux valait éviter de sauter sur le sujet dès le réveil de Mélodie, raison pour laquelle prendre le petit-déjeuner en premier lui donnerait suffisamment de temps que pour être en pleine possession de ses moyens. Ou du moins, autant que possible…

Le bruit des couverts succéda à celui des cuissons en tant qu’ambiance sonore. Au bout de quelques minutes, les assiettes furent vidées, à l’opposé de leurs estomacs qui eux, étaient remplis. Maintenant, il n’était plus possible de reculer le moment de la discussion. Du moins, n’y avait-il plus de raison valable de le faire… Aussi, Elina décida-t-elle de faire le premier pas :

- Comment… tu vas ?

Cette question ne s’appliquait pas qu’à un seul domaine. Avait-elle suffisamment dormi que pour ne pas être amorphe ? Souffrait-elle de courbatures et autres petits désagréments provoqués par les évènements de cette nuit ? Et surtout, comment se sentait-elle, intérieurement ? C’était ce dernier point qui était le plus important… Cependant, avant de la laisser répondre, Elina préféra rajouter un dernier point :

- Tu peux tout me dire…

Elle voulait lui faire comprendre qu’elle n’avait pas à se retenir de dire ce qu’elle avait sur le cœur. Que ce soit son ressenti sur ce qu’il s’était passé, ou sur toutes autres choses, elle était prête à l’écouter…

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Elina lui avait répondue et invitée à s’installer à table le temps qu’elle finisse de préparer le repas matinal. Mélodie ne se le fit dès lors pas redire deux fois, et alla se trouver une chaise où prendre place. Notre adolescente n’avait pas trop l’habitude des petits déjeuners bien copieux le matin, en général elle se contentait d’un bol de céréale ou d’une paire de tartine au Nutella. Mais bon aujourd’hui, Mélodie sentait que ce petit extra, cette petite entorse à ses habitudes, n’allait pas être de trop pour lui permettre d’affronter la suite. Ce moment de quiétude était en tout cas ce dont elle avait besoin après cette nuit mouvementée. Ainsi elle savoura ce silence uniquement troublé par la cuisine de son amie. Et au bout de cinq bonnes minutes de minutieuse préparation, une magnifique assiette bien garnie lui fut présentée devant elle. L’heure n’était pas encore à la discussion, aussi Elina la somma de manger tant que c’était chaud, chose que fit immédiatement Mélodie après avoir acquiescé.

Mélodie n’adressa que de brefs regards à Elina durant tout le repas, préférant garder ses yeux rivés sur son assiette. C’était comme si elle craignait qu’un simple croisement de regard serait interprété par son amie comme une invitation à parler et à aborder le sujet qu’elle pressentait. Terminant son assiette, Mélodie faisait intérieurement le récapitulatif de tout ce par quoi elle était passé. Et au bout du compte, elle se disait qu’elle avait vécu assez de sensations fortes pour toute une vie. Mais sur une île où la magie était omniprésente, espérer une vie pleine de routine et de tranquillité était de l’ordre de l’utopie selon elle. Leurs assiettes désormais vides, Mélodie n’avait plus aucune échappatoire, elle attendit donc la première question d’Elina qui ne tarda pas à venir.

« Comment… tu vas ? » Une question bien générale, mais qui convenait assez bien pour commencer. Mélodie avait toutefois sentie l’hésitation d’Elina à la lui poser, il faut dire que la question était assez délicate et offrait un choix vaste de réponses possibles à notre amie. Mélodie prit alors le temps de réfléchir, elle savait ce qu’elle avait à dire mais par où commencer. C’était un peu le chaos dans sa tête en ce moment, Elina l’encouragea alors en lui disant qu’elle pouvait tout lui dire. Mélodie ne put alors s’empêcher d’avoir un sourire amer en entendant ses paroles, pouvait-elle vraiment tout, tout lui dire ? Mélodie braqua alors son regard dans celui d’Elina, cherchant la vérité de ses paroles dans celui-ci. Elina ne l’avait jamais trahie jusqu’à présent, elle était même celle qui avait risqué sa vie pour la sauver, et elle était désormais celle dont elle était été devenue la charge et la responsabilité.

« Ta copine est encore là ? »

Mélodie n’avait pas aperçu Sayuri depuis son réveil, toutefois ne voulant pas parler à une autre personne qu’Elina, elle avait voulu s’assurer de l’absence de cette dernière. Elle ne souhaitait pas que d’autres oreilles que celles de son amie entendent tout ce qu’elle avait sur le cœur. Et ce ne fut qu’après réponse d’Elina, que Mélodie se lança véritablement.

« Cela ne va pas fort sinon… »

Cette réponse n’était qu’un prélude à ce qui allait suivre, le fait que Mélodie reprenne une profonde inspiration après celle-ci en était une preuve assez parlante. S’accordant quelques instants de réflexion, notre camarade cherchait un ordre dans lequel entamer tous les sujets qui la travaillaient. Et le premier choisi fut celui de leur transformation respective.

« Hier, c’était la première fois que je te voyais comme cela. Un coup tu étais en yuki onna et puis l’instant d’après tu étais en renarde incandescente. Moi aussi d’ailleurs je n’étais plus vraiment moi-même, et je ne parle pas du fait que j’étais contrôlée. Non, je parle de cette transformation étrange… »

Hier était la première fois que Mélodie expérimentait véritablement sa forme divine, de ce fait il était logique qu’à présent, notre demoiselle soit un peu perdue et à la recherche de réponse à ce sujet là. Notre amie n’avait toutefois pas encore parlé de cette seconde personnalité qui se manifestait chez elle lorsqu’elle se transformait. Une sorte d’alter ego ténébreux qui avait la guider et lui faire garder la tête sur les épaules malgré la situation difficile qu’elle avait dû traverser.

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Avant de répondre, Mélodie s’assura qu’il n’y avait qu’elles qui étaient bien présentes dans l’appartement. De toute évidence, elle ne voulait pas que quiconque d’autre n’entende ce qu’elle avait à dire… Aussi, la rassura-t-elle en lui affirmant que Sayu était partie à ses cours. Désormais sure qu’il n’y avait pas d’oreilles indiscrètes, elle confia enfin que, comme Elina l’avait deviné, elle n’était pas vraiment au top. Pas étonnant, avec tout ce qu’il venait de se passer. D’ailleurs, la liste des raisons devait être longue, mais la demoiselle était prête à écouter chacun des points qui la composaient…

La première chose qui apparut dans la conversation fut rien de moins que les formes divines. En effet, voir une personne changer soudainement d’apparence, et ce, de façon relativement spectaculaire, devait faire un effet pour le moins mémorable… Notamment, elle avait vu Elina s’enflammer littéralement. Avait-elle cru qu’elle allait être réduite en cendres ? Et puis, elle-même avait revêtu sa forme divine… Cela devait être un choc, surtout vu les circonstances qui avaient entourées cette première transformation. Du moins, supposait-elle que c’était la première, étant donné la façon dont elle en parlait. Elina n’avait pas été tellement choquée lorsqu’elle aussi avait revêtu pour la première fois sa forme divine Suijin, vu qu’elle avait vu Emily le faire précédemment. Pour Mélodie, il en avait été tout autre…

- Je ne sais pas si tu le sais, mais nos pouvoirs sont d’origine divine. Nous sommes les descendants des dieux japonais… Ça peut paraitre fou, mais c’est la vérité. En général, c’est notre côté humain qui est prédominant, mais il est possible de s’éveiller à notre côté divin, d’où le nom de forme divine. C’est un peu comme si l’on devenait la déesse que l’on aurait dû être…

Elina n’était pas sure que cette explication réponde aux interrogations de Mélodie, mais c’était tout ce qu’elle savait en la matière. Elle espérait que cela suffirait à éclairer les questions qu’elle se posait… En tout cas, elle était prête à répondre aux autres qui devaient surement tourbillonner dans sa tête.

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Elina lui avait donc confirmé l’absence de Sayuri, c’était d’ailleurs pour cela que Mélodie s’était finalement lancée. Elina était en phase de devenir sa confidente attitrée désormais, et à force de la solliciter, il allait arriver un moment où la demoiselle connaîtrait sa vie presqu’aussi bien qu’elle, si pas mieux. Mais qu’importe, Elina était le soutien dont elle avait besoin, et il serait complètement stupide de cracher sur la main secourable qui lui était tendue. De ce fait, notre camarade avait abordé un premier sujet avec elle, celui de leur forme divine. Pour Mélodie ces dernières étaient un mystère, fort heureusement les explications qu’elle recherchait ne tardèrent pas à lui être apportées.

« Hm… J’étais au courant pour cette histoire de descendance, par contre jusqu’à hier j’ignorais tout de ces... formes divines. »

Mélodie sembla alors réfléchir sur un point précis venant d’être abordé, visiblement elle souhaitait rajouter quelque chose. Peut-être hésitait-elle sur la manière de formuler sa question, peut-être que les explications d’Elina n’avait pas été assez précises pour l’aiguiller efficacement. Quoi qu’il en soit, après les quelques secondes qu’Elina lui avait gracieusement offertes, notre demoiselle se lança à nouveau, prenant une fois encore la parole.

« Dis, quand tu te transformes, est-ce que ta forme divine te parle ? »

Sa question pouvait paraître bizarre, mais Mélodie ne voyait pas comment elle aurait pu la formuler autrement, vu qu’elle avait entendu bel et bien une voix dans sa tête lorsqu’elle s’était retrouvée en mode divin hier. Une voix qui était à la fois la sienne et qui ne l’était pas, c’était assez étrange et difficile à décrire, et c’était pour cela qu’elle espérait plus de détails de la part de son amie. Est-ce que chaque forme divine avait ce genre de spécificités ?

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L’ascendance divine des descendants n’était donc pas un mystère pour Mélodie, qui avait déjà connaissance de cette information. Elle ignorait, cependant, que cette généalogie pour le moins particulière donnait la possibilité aux demi-dieux de ressembler un peu plus à leur ancêtre divin, ne serait-ce que pour un temps. Mais le plus surprenant restait à venir : la demoiselle lui demanda, non sans avoir pris le temps de la réflexion, si sa forme divine lui parlait. En entendant cela, Elina ne put s’empêcher d’hausser un sourcil. Avoir sa forme divine qui lui parlait ? Non, jamais… Cependant, cela ne voulait pas dire que cela était impossible. Peut-être était une sorte de mécanisme de dissociation ? Elina n’en avait aucune idée…

- Personnellement, ça ne m’est jamais arrivé. Mais il se passe parfois des choses bizarres avec les formes divines, alors… Moi, par exemple, j’ai tendance à subir certains changements de personnalité, certains traits étant accentués comparé à d’habitude…

Et elle n’était pas la seule dans ce cas. Parfois, même, c’était carrément si une autre personne avait pris la place du demi-dieu d’origine ! Peut-être était-ce quelque chose dans ce genre qui arrivait à Mélodie ? Car si elle avait posé la question, cela n’était certainement pas sans rapport… Cependant, il ne coûtait rien de s’en assurer :

- Est-ce que toi, oui ?

La question semblait ridicule à poser, et Elina eut encore davantage cette impression lorsque Mélodie le lui confirma. C’était la première fois qu’elle était confrontée à ce genre de cas, cependant, elle était prête à faire ce qu’elle pouvait pour aider son amie à comprendre ce qu’il lui arrivait. Mais ses connaissances limitées en la matière seraient-elles d’un quelconque secours ?

- Tu peux me décrire exactement ce que tu as entendu ?

Est-ce que c’était sa propre voix qu’elle avait entendu, ou bien une voix totalement différente ? Est-ce qu’elle s’était adressée à elle comme étant une tierce personne, ou bien une part d’elle-même ? Comment avait-elle pu l’identifier comme étant sa forme divine ? Avec ce genre d’informations en poche, peut-être qu’elle arriverait à mieux comprendre ce phénomène…

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Le fait qu’Elina n’ait jamais eu ce genre d’expérience sous sa forme divine mit quelque peu mal à l’aise Mélodie. Cette dernière sur le coup se sentait encore plus différente. Toutefois le fait qu’Elina lui parle de changement de personnalité la rassurer un petit peu. Cela signifiait qu’il y avait bien en plus des changements physiques et magiques, un changement au niveau mental. Peut-être que cela s’effectuait de différentes façons selon les personnes. Elina vint alors lui demander si le cas dont elle lui avait parlé était le sien. A cette question, Mélodie acquiesça silencieusement, et Elina lui demanda dès lors de lui donner plus de détails.

« Hm… Cela a commencé hier soir dans ma salle de bain. J’ai vu mon reflet changer dans le miroir, je me suis alors vu sous une toute autre apparence. Et… Et j’ai alors eu une conversation avec cet autre moi. »

S’entendre dire cela lui faisait bizarre, cela sonnait tellement irréel que même elle en s’écoutant n’y croyait pas. Et pourtant c’était bel et bien ce qui s’était passé, dès lors voyant qu’Elina l’écoutait avec sérieux, Mélodie poursuivit.

« Dark, m’a alors mise en garde concernant la créature de l’homme qu’on a affronté. Elle voulait que j’active ma forme divine afin de maîtriser mes pouvoirs dans le but que je puisse me défendre. Mais c’est là que tout a capoté et que la bête a pris le contrôle de mon corps sans que je puisse y faire quoi que ce soit. »

Sans vraiment le vouloir, Mélodie en était venue assez spontanément à aborder les évènements de la veille. C’était là une bonne occasion qu’elle offrait à Elina de partir sur un autre sujet ou d’aborder plus en profondeur le cas de Dark.

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Tout avait commencé la veille… Son reflet s’était mis à lui parler, ce qui devait être choquant en soi, mais cela devait l’être encore plus lorsque ce dernier avait avant tout changé de forme. Une scène digne d’un film d’horreur… Le reflet s’était présenté sous le nom de Dark, et l’avait mise en garde contre le familier de Mustapha. Pour cela, elle avait voulu qu’elle active sa forme divine, mais cela c’était retourné contre elle… Ou bien elles ? Elina ignorait si Dark et Mélodie étaient bel et bien des entités différentes… Peut-être que la différenciation de son caractère était si marquée sous sa forme divine que cela donnait naissante à une autre personnalité, et que ces deux personnalités cohabitaient ? Cela, elle doutait fort qu’elles n’aient jamais la réponse…

Mais pour le moment, il y avait un autre point qu’Elina aurait aimé éclaircir, et Mélodie avait, probablement involontairement, donné là une occasion à la demoiselle de rebondir là-dessus. En effet, elle venait d’aborder le sujet sensible qu’était les évènements de la veille, et notamment sa possession par le familier de Mustapha. Depuis hier, elle ne cessait de se poser la question : est-ce que Mélodie avait été choisie à cause de ses liens avec elle ? Plus que toute autre, c’était cette interrogation qui la rongeait… Elle avait déjà l’impression de causer le malheur autour d’elle, mais ici, c’était encore pire ! Car outre les aléas du destin, c’était peut-être ces propres actions qui étaient responsables, ici…

- Mélodie… Est-ce que… tu sais pourquoi tu as été possédée ? Je veux dire, pourquoi toi, spécialement ?

Elle avait essayé de ne pas montrer à quel point elle était impliquée émotionnellement parlant sur ce sujet. Elle espérait de tout cœur qu’il s’agisse d’une pure coïncidence, cependant, elle avait du mal à y croire… Le familier de Mustapha était suffisamment puissant que pour ne pas avoir besoin d’utiliser une quelconque personne afin de libérer son maître… Aussi, elle craignait qu’elle soit la cause directe des souffrances de son amie. Si tel était le cas, alors elle ne serait pas digne de la reconnaissance de cette dernière… Mais pour savoir cela, il restait à voir ce que serait la réponse de Mélodie. C’est donc avec une certaine angoisse qu’elle attendait celle-ci…

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Elina l’écouta attentivement, toutefois Mélodie était bien en peine de dire ce qu’elle en pensait exactement. Mais une chose était certaine, la demoiselle était en pleine réflexion, et finalement après quelques instants de cogitation intérieure, son amie finit par lui demander si elle avait une idée de la raison pour laquelle elle avait été piégée et possédée par le familier de Mustapha. Pourquoi elle et pas une autre ? A cette question, Mélodie n’avait pas réellement de réponse, elle ne se sentait pas plus spéciale qu’une autre, dès lors selon elle, cela avait été plus dû à un mauvais concours de circonstances. Remontant aux circonstances de sa première rencontre avec cette bête ténébreuse, notre camarade ne tarda pas à avoir un début de réponse à fournir à Elina. Toutefois bien choisir ses mots se révélait être un exercice difficile et elle prit de nouveau quelques secondes avant de se lancer.

« Je pense que cela aurait pu être très bien une autre, c’est juste que ce jour, il n’y avait que moi et Eloïse présentes dans cet étrange endroit… »

Mélodie marqua un temps d’arrêt, elle se savait désormais obligée de lui raconter ce passage délicat de sa vie, qui avait eu pour conséquence de laisser une trace indélébile dans son cœur. Elle prit alors une profonde inspiration avant de se lancer complètement.

« Mais avant cela, il vaut mieux que je t’explique un peu la relation que j’entretenais avec Eloïse. Nous n’étions pas vraiment amies, justes tout au plus des connaissances, je la voyais juste comme ma voisine avec qui je partageais quelques passions communes. »

Mélodie fuit alors l’espace d’un instant le regard d’Elina, trouvant subitement un vase rempli de fleurs plus captivant à regarder. Le regard vide, elle le fixait sans lui accorder la moindre attention, perdue dans ses pensées, ses souvenirs la submergeaient.

« Tu te souviens du jour où je t’avais appelé à l’aide à cause de mes pouvoirs télépathiques qui s’emballaient ?... Ce jour-là, j’avais également un autre problème, avec ma magie, j’avais surpris les pensées d’Eloïse et avais découvert qu’elle me stalkait et que face à elle je n’avais plus aucune vie privée. Je n’avais pas voulu te déranger en plus avec cela et avais donc décidé de tirer les choses au clair avec elle. Cela s’est passé il y a deux mois à présent… »

S’apprêtant à rentrer dans le vif du sujet, Mélodie reconcentra son regard sur Elina restée attentive au moindre de ses mots.

« Je ne serais plus te dire le jour avec exactitude, mais un soir en surprenant encore ses pensées, je fus mise hors de moi. Je suis partie la trouver jusqu’à son appartement et lui ai sommé de sortir. A ce moment-là, je n’étais plus moi-même, les ténèbres avaient submergé mes pensées avant de littéralement en faire de même avec mon corps et celui d’Eloïse. »

Mélodie lui raconta alors comment elles s’étaient toutes les deux retrouvés dans une mystérieuse grotte souterraine, qui se trouvait être l’entrée d’un temple dédié à Tsukuyomi. Et bien qu’elles n’en parcoururent que ce qui pouvait être considéré comme l’enceinte extérieur du temps, elles furent confrontées à la présence de nombreuses créatures ténébreuses. Parmi celles-ci, Mélodie se souvenait de Gaichu qui était alors venu se lier à elle, mais aussi du familier de Mustapha.

« Je crois que ce dernier se terrait dans ce temple depuis un moment. »

Mélodie lui raconta alors le combat qui s’en était suivi et ainsi que l’attaque qui manqua malencontreusement le monstre mais qui ne rata pas la pauvre Eloïse. Elina eut ainsi droit aux circonstances de la mort de cette jeune fille. Désormais son amie savait comment notre pauvre petite était devenue une meurtrière à l’âge de seize ans. Il restait à attendre sa réaction après toutes ces révélations.

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Mélodie pensait que c’était un pur hasard si elle avait été choisie comme réceptacle au familier de Mustapha. Était-ce vrai ? Si tel était le cas, c’était rassurant… La demoiselle ne devrait pas craindre d’être à nouveau la cible du Tsukuyomi, s’il ignorait les liens qui les unissaient toutes les deux. Mais d’un autre côté, cela pouvait toujours être cette pseudo malédiction qui avait été à l’œuvre… Soit, pour le moment, il valait mieux se concentrer sur les dires de Mélodie…

En effet, elle abordait à présent un sujet on ne peut plus délicat : la mort de la fameuse Eloïse… Elina l’écouta en silence, ne trahissant aucune émotion par rapport aux révélations qui lui étaient faites. Mélodie lui raconta alors tout depuis le début : sa relation avec sa future victime, les agissements secrets de celle-ci, le moment où la vérité avait éclaté, comment elle avait été la confronter, et comment cela avait dérapé… Il n’y avait pas pire façon d’activer sa forme divine que sous l’effet de la colère. Car si ce sentiment continuait à nourrir cet afflux de pouvoir, alors les dégâts pouvaient être considérables ! Malheureusement, c’était souvent un sentiment négatif qui était l’élément déclencheur d’une forme divine… Mais tous n’avaient pas à payer un prix aussi terrible que celui que de Mélodie…

La suite de son histoire raconta comment elle s’était retrouvée dans un endroit mystérieux, où elle avait fait la rencontre de son familier. S’en était suivi un affrontement avec le loup ténébreux, et c’était au cours de ce dernier qu’Eloïse avait perdu la vie. Une balle perdue, si l’on pouvait se permettre la comparaison… C’était malheureux, certes, mais la responsabilité de Mélodie était minime dans l’histoire ! Elle comprenait mieux pourquoi on lui avait confié la tâche de devoir lui apprendre à mieux maîtriser sa magie… Avec une maîtrise suffisante, il devenait possible d’épargner ceux qui n’étaient pas la cible originelle de l’attaque ! Elle-même l’avait encore fait la veille, lorsqu’elle avait créé cette vague gigantesque qui avait su épargner ses alliés… Cependant, cela demandait de la pratique. Et c’était probablement pour cela qu’on lui avait pensé à cette sanction. La question était, pourquoi elle ? Les hommes en noir devaient être tout aussi qualifiés, si ce n’était davantage, qu’elle en la matière ! À moins que ce ne soit parce qu’ils utilisaient une magie différente de celle des demi-dieux ? Elle ignorait encore ce qu’étaient vraiment ces êtres mystérieux, même si ces derniers lui paraissaient n’être rien d’autre que des demi-dieux, tout comme elle…

Le récit de Mélodie terminé, le silence retomba dans la cuisine. Elina comprenait que la blessure que garderait la demoiselle devait être douloureuse… Aussi déplaisante qu’ait pu être Eloïse, méritait-elle pour autant de périr sous les coups de celle qu’elle avait aimée ? L’amour pouvait être la plus belle des choses, comme la plus terrible… Elle ne savait pas trop quoi lui dire pour lui remonter le moral. Après tout, elle devait bien avoir conscience que sa responsabilité était limitée, sans qu’il ne soit nécessaire de le lui faire remarquer. Mais cela n’enlevait rien au poids de la culpabilité qu’elle ressentait… Dès lors, que pouvait-elle lui dire ?

- Mélodie… Je sais que rien de ce que je pourrais dire n’effacera la douleur que tu ressens. C’était peut-être un malheureux accident, mais c’est un fardeau que tu devras porter toute ta vie, et avec lequel tu devras apprendre à vivre…

Ce n’était pas très encourageant ce qu’elle venait de dire, mais c’était la pure vérité. Pourquoi donc essayer de la cacher derrière des paroles mielleuses et fausses ? Ce n’était pas ça qu’elle voulait entendre, même si elle n’était pas sure des paroles qui parviendraient à la rassurer… Cependant, elle laissa son cœur parler :

- Mais je veux que tu saches que, pour moi du moins, rien ne change. Tu restes, et resteras mon amie.

Cela étant dit, elle ignorait si cela suffirait à apaiser les craintes de la demoiselle. Elle avait dit ce qu’elle avait à dire, et elle espérait que cela suffirait à lui redonner le sourire, aussi faible puisse-t-il être…

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Lorsqu’elle eut terminé de parler, Elina lui exprima alors ses sentiments vis-à-vis de tout ce qu’elle lui avait livré. Son amie n’essayait pas de minimiser les faits, au contraire ses paroles étaient même un peu dure tellement elles étaient empruntes de cette dure réalité. Mais au fond, Mélodie n’avait pas besoin qu’Elina la chouchoute ou la surprotège, elle n’avait besoin que de son soutien et de sa présence à ses côtés pour l’écouter. Pour ce qui était de dorloter et chouchouter, notre amie comptait sur Sakura, la fille qui réchauffait son cœur et qui le faisait chaque fois s’emballer un peu plus lorsqu’elles se retrouvaient seules toutes les deux. D’ailleurs le fait de penser à elle, lui inspira une question qu’elle ne put retenir de s’échapper de ses lèvres.

« Je voudrais parler de tout cela avec Sakura aussi, tu crois que c’est une bonne idée. »

Mélodie ne souhaitait rien lui cacher, mais bon la nature de ce qu’elle avait à lui dire était délicate. Elle était même à risque de mettre en péril sa relation avec la ténébreuse. Mais comme dit plus haut, Mélodie se voyait mal lui mentir à ce sujet. Il lui était tout bonnement impossible de garder un secret aussi pesant envers celle qu’elle aime. Dès lors, on pouvait dire que sa décision était déjà toute prise, toutefois elle souhaitait un avis extérieur. Et secrètement elle espérait qu’Elina l’inciterait à ne rien lui cacher.

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Presque involontairement, une question jaillit des lèvres de Mélodie. Elle avait envie de répéter tout ce qu’elle venait de lui confier à sa petite amie, Sakura. Une envie légitime… Cependant, elle voulait savoir si c’était une bonne idée de le faire. Voilà une question à laquelle Elina avait du mal à répondre… Et ce, pour la simple et bonne raison qu’elle ne connaissait pas suffisamment Sakura. Elle ne pouvait pas prévoir sa réaction en entendant de pareilles nouvelles… Et il y avait une chose dont elle était sure : Mélodie aurait du mal à supporter une rupture, si jamais c’était ce qu’il devait se produire… Cependant, une relation amoureuse nécessitait qu’il y ait une confiance mutuelle entre les deux parties : dès lors, garder pour soi quelque chose d’aussi lourd ne risquait-il pas d’influer négativement sur leur couple ? D’un autre côté, tout le monde avait bien le droit de garder l’un ou l’autre secret… Elle-même n’abordait jamais le sujet de sa famille ! Est-ce que ce n’était pas aussi sérieux que ce que Mélodie avait à dire ? Si tel était le cas, elle était mal placée que pour donner un avis sur la question… Cependant, elle se devait de le faire : Mélodie comptait sur elle ! Aussi, finit-elle par répondre :

- Je pense que… ça dépend de la confiance que tu as en Sakura. Tu la connais bien mieux que moi, alors tu es plus à même que moi de savoir comment ça pourrait se passer. Si tu veux lui dire, alors n’hésite pas. Ton hésitation ne ferait que rendre plus difficile de garder le secret, et ça risque de se répercuter sur ta relation avec. Et puis, si elle t’aime vraiment, je ne vois pas pourquoi elle t’en tiendrait rigueur. Moi, mon affection pour toi n’a pas changé d’un iota…

Elle lui avait dit cela en rougissant légèrement. Il était vrai qu’elle appréciait son amie, un peu comme si elle s’en sentait responsable. Est-ce que c’était quelque chose de ce genre qu’Emily avait ressenti lorsqu’elle l’avait vu la première fois ? Si elle ne pensait pas pouvoir rivaliser avec elle en tant que grande sœur, elle espérait qu’elle arriverait malgré tout à apaiser les craintes de son amie…

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L’une des choses que Mélodie appréciait chez Elina, c’était le fait qu’elle n’esquivait jamais ses questions, aussi difficiles puissent-elles être. Savoir qu’elle pouvait autant se reposer sur elle était un soulagement, pour certaines choses, notre demoiselle n’avait aucun mal à la considérer comme plus fiable que Sakura. Mais soit, ce simple fait n’allait pas lui faire préféré Elina à sa ténébreuse adorée. Quoi qu’il en soit, son amie lui faisait à présent part de points importants à prendre en compte dans sa décision de mettre ou non sa bien-aimée dans la confidence. En résumé, tout était une question de confiance, en somme Mélodie pouvait prendre cette épreuve comme un moyen de tester l’amour qu’elles avaient l’une pour l’autre. Certes en cas d’échec, les conséquences seraient lourdes et Mélodie s’en sentiraient dès lors plus qu’ébranlée. Mais en cas de réussite, elle trouverait là un second pilier d’attache pour vivre sa vie de manière épanouie. Bref au final, Elina lui disait de tenter l’affaire, tout simplement parce que ne rien dire ne mèneraient selon elle à rien de bon.

« Merci Elina, je suis vraiment contente que tu sois mon amie. »

Prenant quelques secondes pour repenser à ce qu’elles venaient de se dire, Mélodie reprit ensuite la parole avec une décision toute prise.

« J’aime Sakura, je ne veux pas la perdre, et en même temps je ne veux rien lui cacher. Mais bon, c’est mon premier amour… Si jamais cela se passe mal, je pourrais revenir ici ? »

Il était légitime d’avoir peur, dès lors Mélodie voulait au moins être certaine d’avoir toujours un endroit où venir épancher son chagrin si jamais les choses se passaient mal. Nul doute que désormais à ses yeux, Elina était devenue bien plus qu’une amie.

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Les paroles d’Elina semblaient avoir renforcé la conviction de Mélodie de se confier à sa bien-aimée. Sa décision prise, il ne lui restait plus qu’à se lancer, et à voir le résultat… D’ailleurs, malgré qu’elle fût décidée à le faire, la demoiselle gardait malgré tout une certaine crainte de se voir larguée par Sakura. C’est pourquoi elle lui demanda si, le cas échéant, elle pourrait revenir ici. Voulait-elle s’assurer qu’elle aurait quelqu’un qui serait là pour la soutenir si jamais le pire venait à se produire ? Si c’était tout ce qu’elle voulait, la réponse ne pouvait qu’être :

- Bien sûr. Si tu as besoin de moi, je serai là pour toi…

Elle posa une main amicale sur son épaule, comme si elle essayait de lui transmettre du courage à travers ce geste. Cette épreuve ne serait pas facile, mais si c’était ce qu’elle voulait, elle n’avait d’autre choix que de la traverser. Cela étant dit, il restait un sujet qu’elles se devaient d’aborder : la sanction qui lui avait été imposée. Si elle devait lui apprendre à maîtriser ses pouvoirs, cela allait demander une certaine organisation…

- Sinon, en ce qui concerne ta… enfin, la décision des hommes en noir, il faut qu’on voit comment on va faire…

L’idéal serait qu’elles aient des séances d’entraînement régulières, afin de ne pas perdre les fruits de ce qui avait déjà été appris. Il faudrait aussi qu’elles trouvent un endroit relativement isolé afin de pouvoir éviter d’éventuels dégâts collatéraux. Cela demanderait également à Elina d’assurer une couverture télépathique afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de passants malencontreux…

- Je pense que l’on devrait essayer de faire ça après les cours, pendant une à deux heures. Ça nous ferait cinq jours sur sept d’entraînement, excepté lorsque l’on aura autre chose à faire… Quant au lieu, je pense que l’on ferait mieux de quitter la ville pour trouver un endroit désert. Enfin, si cela te convient, bien sûr.

Il ne fallait pas que cela devienne trop contraignant, sinon cela serait contre-productif, raison pour laquelle elle n’était pas contre d’annuler l’une ou l’autre séance à des fins privées. D’autant plus qu’elle-même devait se concentrer sur ses examens de fin d’années… Cela demanderait un certain temps d’adaptation, mais il n’y avait pas de raison que cela ne soit pas possible ! Restait à voir si Mélodie serait d’accord, cependant, elle n’accepterait pas qu’elle prenne la chose à la légère, et qu’elle tente d’alléger de façon trop conséquente cette tâche qui lui était due.

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Elina lui avait confirmé sans la moindre once d’hésitation qu’elle serait toujours là pour elle en cas de besoin. Décidément, Mélodie pouvait s’estimer bien chanceuse, car des personnes comme Elina, on n’en rencontrait plus des masses de nos jours. Pour peu, si elle n’avait pas été assise à table, Mélodie l’aurait embrassée – sur la joue je précise – afin de lui témoigner toute sa reconnaissance. Mais à la place elle se contenta de caresser la main posée sur son épaule tout en écoutant son amie qui abordait désormais un sujet plus sérieux. Il ne faisait aucun doute qu’Elina prenait sa responsabilité à son égard très au sérieux. Elle tenait d’ailleurs à prévoir déjà comment allaient se dérouler leurs cours particuliers. Et le programme qu’elle lui annonçait n’était pas des moindres, si bien que Mélodie eut du mal à digérer un peu l’annonce qui venait de lui être faite. Mais rapidement, elle réfléchit sérieusement à la faisabilité de tout cela et tenta de revoir à la baisse les plans d’Elina.

« Cinq jours sur sept, cela risque d’être difficile, en comptant le fait qu’on ne touche pas à mon weekend, le mercredi, ce ne sera pas possible. Après l’école, j’ai mon travail à la boutique, du coup hors de question de glisser un entrainement en dehors de la ville ce jour-là. Cela ne sera pas gérable pour moi. »

Elina ne lui parut pas contraire à son argumentation, par contre pour la suite de ses exigences, Mélodie était déjà moins confiante. Mais comme elle savait Elina compréhensive, elle se lança tout de même avec un certain espoir.

« Ensuite, j’aimerais juste qu’il me soit permis d’annuler un entraînement, si jamais j’ai quelque chose d’autre d’important de prévu. Cela resterait occasionnel, c’est juste que j’ai envie de rester le plus disponible possible pour Sakura. »

Elles conservaient certes toujours leur weekend, mais Sakura était du genre à prévoir parfois les choses à l’arrache et à lui réserver quelques petites surprises. Du coup Mélodie se voyait mal ruiner ses efforts pour lui faire plaisir en prétextant son entrainement hebdomadaire. Et puis à côté de cela, notre amie voulait conserver du temps pour elle, être prisonnière d’un cycle se résumant à école et entrainement, aucune jeune fille en pleine puberté et soif de liberté en voudrait.

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Ah oui, Elina avait complètement zappé que Mélodie aussi avait un petit boulot… De ce fait, les mercredis étaient d’office exclus des jours où il serait possible de s’entraîner, ce qui était logique. D’ailleurs, elle n’avait pas proposé les week-ends pour cette même raison, afin de ne pas avoir à empiéter sur son propre travail. Cette requête était donc tout à fait acceptable. La suivante, par contre, la surpris quelque peu : Mélodie demandait à pouvoir annuler une séance si une autre activité lui était proposée. Mais… n’était-ce pas ce qu’elle venait de dire à l’instant ? Peut-être avait-elle utilisé un anglais incorrect… Ou bien la demoiselle n’avait-elle pas bien entendu ? En tout cas, comme elle l’avait elle-même proposé, elle n’y voyait pas d’inconvénient. D’autant plus que, une fois encore, elle-même serait peut-être celle qui annulerait la séance pour raison personnelle… Après tout, elle aussi avait une petite amie, et elle aussi voulait passer du temps avec ! Sans compter qu’Asami multipliait les demandes pour qu’elles révisent ensemble, aussi… Bref, elle lui donna sa réponse :

- Les mercredis, on laisse tomber. Tu as ton travail à faire, ça prime. Pour ton autre requête, pas de souci non plus, je l’avais d’ailleurs moi-même proposé… Bref, on fait comme ça ? On prévoit une base théorique de quatre jours par semaine, modifiable selon les besoins.

Cela étant réglé, il restait encore à voir la question du lieu. Cependant, cette dernière pouvait être remise à plus tard. Elina n’avait aucune idée de lieu qui lui venait comme ça en tête, et ce n’était de toute façon pas aujourd’hui qu’elles allaient commencer. Elles pouvaient bien s’accorder quelques jours pour trouver un endroit adapté à un tel déploiement de magie ! Mieux valait qu’elle y réfléchisse à tête reposée, après avoir eu quelques heures de sommeil dûment méritées… Et puis, Mélodie avait surement encore besoin de temps pour digérer tout ce qu’il venait de lui arriver, sans compter qu’elle devait encore annoncer la nouvelle à Sakura. Si l’on ajoutait à cela un minimum de temps pour s’organiser… Bref, mieux valait arrêter de se creuser les méninges pour aujourd’hui ! Il était temps de revenir à un sujet plus léger :

- Tu veux prendre une douche ? Si pas, je file à la salle de bains… Une bonne douche froide devrait réussir à me réveiller…

Elina n’aimait pas dormir en pleine journée, aussi, inutile d’essayer de faire une sieste ! Elle récupèrerait cette nuit, avec son doudou préféré : Sayu. En attendant, il fallait voir comment allait se dérouler la suite des évènements : Mélodie allait-elle tout de suite rejoindre Sakura, ou bien préfèrerait-elle rester encore un peu ici ? Ou même, vaquer à d’autres occupations ? Peut-être que, elle, ne serait pas contre de grappiller quelques heures de sommeil en plus…

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Tout semblait s’être bien décidé à présent, tout du moins presque il leur restait encore à définir l’endroit où elles s’entraineraient. Mais à cette question, les deux jeunes demoiselles semblaient implicitement décidées d’un commun accord de reporter ce choix à plus tard. Bref Mélodie avait donc vivement acquiescé à la conclusion à laquelle elles étaient parvenues. Par la suite, Elina lui demanda si elle voulait prendre une douche, Mélodie en avait bien envie, mais elle ne voulait pas non plus s’imposer face à Elina. Si bien elle lui répondit de la sorte :

« Tu peux partir la prendre en premier, moi je préfère attendre encore un peu. »

Mélodie hésitait à déjà contacter Sakura, l’envie était forte, mais il fallait avant toute chose qu’elle se décide sur ce qu’elle lui dirait au téléphone. Et aussi, peut-être valait-il mieux attendre que sa situation soit de nouveau stabilisée ? Les hommes en noir lui avaient dit qu’un nouveau studio lui serait attribué, mais après tous ce qui s’était passé, Mélodie n’avait plus trop envie de vivre seule, sans une présence rassurante à ses côtés. Mais du coup, si elle demandait à Sakura si elle pouvait emménager chez elle complètement, ne valait-il mieux pas qu’elle le fasse de vive voix dans un face à face avec sa dulcinée ? Elina la tira alors de ses pensées, et ce fut un peu prise de court que Mélodie lui répondit :

« Oui, oui, je t’assure, vas-y la première. »

Peut-être qu’une bonne douche pouvait l’aider à avoir les idées claires, mais dans tous les cas, Mélodie préférait dans un premier temps cogiter ici dans la cuisine. Ou à défaut dans le canapé qui lui avait servi de couche cette nuit. Oui, c’était là une option séduisante pour laquelle, notre camarade allait opté en attendant que la salle de bain soit libre.

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Mélodie lui affirma qu’elle pouvait partir prendre une douche la première. Cependant, Elina préféra insister un peu pour s’assurer qu’elle ne le faisait pas à contrecœur. Après tout, elle ne savait pas où les sbires de Mustapha avait bien pu la traîner ! Certes, elle ne semblait pas particulièrement sale, et ne dégageait pas une odeur nauséabonde. On pouvait donc imaginer qu’on ne l’avait pas fait passer par les égouts ou autres lieux tout aussi salissant. Mais quand même, une bonne douche chaude pour la réconforter ne serait surement pas superflue. Peut-être même pourrait-elle lui faire couler un bain ? Grâce à sa magie, cela ne prenait pas plus de quelques secondes, et l’eau était toujours à température idéale ~

Cependant, elle confirma qu’elle lui laissait volontiers monopoliser la salle de bain en premier. Elina n’insista pas davantage, et alla prendre sa douche. L’eau froide lui fit un bien fou, chassant plus efficacement la fatigue que ne l’aurait fait un litre de café. Peut-être était-ce dû à son affiliation avec l’eau ? Peut-être que cette dernière avait le don de la revigorer, comme si elle y puisait sa force ? En tout cas, au bout d’une demi-heure passée à s’apprêter, Elina sortit de la salle de bain, fraiche comme un gardon. Elle se sentait à présent prête à affronter la journée qui se profilait, même si elle ne savait pas encore de quoi elle serait composée. En tout cas, pour le moment, elle annonça à Mélodie qu’elle était libre d’utiliser la salle de bain à sa guise :

- La salle de bain est libre ! Je t’ai préparé une serviette, si jamais il te manque quelque chose, dis-le moi et je viendrai te l’apporter.

Pendant qu’elle ferait cela, Elina se serait volontiers installée derrière ses cours, mais elle craignait fort qu’une activité si passive ne la plonge dans un état second. Qu’importe, elle trouverait bien quelque chose à faire !

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Elina partie dans sa salle de bain, Mélodie s’en était allée se rallonger sur le canapé qui l’avait si généreusement accueilli à son arrivée. Aucune chance pour elle de se rendormir toutefois, mais il lui était bien agréable de pouvoir s’allonger à nouveau. Soudain la sonnerie de son téléphone vint la faire sursauter, preuve qu’elle était là encore bien fatiguée pour se laisser ainsi surprendre par son portable. C’était en tout cas un message qu’elle venait de recevoir, Mélodie avait clairement reconnu le petit sifflement caractéristique. Prenant alors son appareil en main, elle se mit à regarder ce qu’il en était concrètement. Un expéditeur inconnu qui ne l’était plus vraiment à la lecture du contenu du message. Il s’agissait des hommes en noir, ces derniers lui communiquaient l’adresse de son nouveau logement. Toujours situé à Kousha, Mélodie s’était juste vue attribuer un studio différent. Au moins à présent, elle se savait plus obligée de déranger plus longtemps Elina par sa présence. Certes cette dernière lui dirait que c’était nullement le cas, mais pour avoir partagé des moments intimes avec Sakura, Mélodie savait ô combien cette intimité pouvait être précieuse.

Finalement sans qu’elle ne s’en rende compte, Mélodie avait fini par s’assoupir. Ce fut son amie qui vint la tirer de son sommeil léger en lui annonçant que la salle de bain était libre et qu’elle lui avait mis à disposer tout le nécessaire pour se laver. Se redressant, Mélodie ne put réprimer un bâillement, souriant ensuite à Elina, elle se leva du canapé.

« Merci Elina, j’y vais tout de suite. »

Mélodie prit alors autant de temps que son amie, et lorsqu’elle ressortit de la salle de bain, elle avait déjà une mine plus réveillée et un peu plus radieuse. Elle expliqua alors Elina le message qu’elle avait reçu et lui dit dès lors qu’elle prenait congé pour s’en aller voir son nouveau logis. Avant de partir, les deux amies se promirent de s’appeler pour mettre au point leurs sessions d’entraînement, puis après avoir enlacé amicalement Elina, Mélodie quitta son appartement pour attraper un transport jusque la cité scolaire Kousha. Nul doute que tout ce qui lui était arrivé allait continuer à la travailler, mais il était un fait indéniable que suite à tout cela, Mélodie avait gagné en maturité et serait plus apte à faire face à l’adversité.

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Mélodie fila dans la salle de bain, et en ressortit elle aussi quelques dizaines de minutes plus tard. Elle semblait bien plus ragaillardie qu’elle ne l’avait été juste avant. Comme quoi, rien ne valait une bonne douche pour se réveiller ! Une fois cela fait, elles discutèrent encore brièvement, et après une embrassade amicale, elles se séparèrent. Une fois Mélodie partie, Elina se laissa retomber dans le divan, celui dans lequel son amie avait dormi. Il s’en était passé des choses, depuis hier… Le point positif, c’était que leur amitié s’en voyait renforcée. Elle partageait désormais avec elle son plus lourd secret, même si ce dernier allait bientôt trouver une nouvelle oreille à atteindre.

Désormais seule, Elina décida de sortir se promener. Elle avait des choses sur lesquelles réfléchir, et rien ne valait le grand air pour se faire. Elle avait l’intuition que, bientôt, sa vie allait connaître un tournant conséquent. Mais pour l’heure, elle devait se concentrer sur ce qu’il y avait devant elle : ses études, et cette mission confiée par les hommes en noir. Elle était encore étonnée que ces derniers aient confié à elle la responsabilité d’encadrer Mélodie… Soit, elle n’allait pas s’en plaindre ! Cependant, elle était loin de se douter que ce n’était pas la dernière fois qu’elle allait côtoyer ces êtres mystérieux, loin de là…

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