Le granit et la fleur [PV Maëlle]

*Quelle étrange sensation, c’est comme si je me réveillais d’un long sommeil. Où est-ce que je me trouve ? Quelle est cette chambre ? Je le saurais si j’avais assez d’argent pour en louer une, ou même l’envie d’ailleurs. Mais le plus important, pourquoi j’ai une foutue lettre à la main, comment est-elle arrivée là ? Comment je suis arrivé là ? Je me rappelle de encore de quelques trucs mais j’étais dans mon squat en train de boire une bière, je me rappelle pas avoir autant bu pourtant. Faudrait que je sache quel jour on est, si ça se trouve j’ai été drogué. Pourtant je ne vois pas pourquoi quelqu’un ferait ça, je n’ai plus de famille, pas d’argent et je n’ai jamais parlé de mon don à qui que ce soit, je ne comprends pas.*

Voilà quelles furent mes pensées lors de mon réveil dans cette chambre de l'hôtel “The Beginning”. Cela faisait deux semaines que j’avais atterri sur cette île étrange. Depuis je m’étais un peu renseigné, même si la lettre en apprenait déjà pas mal sur ce lieu. A part quelques portions que je n’ai pas encore éclaircis. D’abord, pourquoi nous appeler les “descendants”, les descendants de qui exactement ? Ensuite, qui représente le “nous” qui s’exprime tout au long de ces lignes ? Une sorte d’organisation secrète ? Une secte ? Des aliens ? Et enfin, qu’est-ce qu’ils entendent par “l’équilibre du monde” qu’ils tiennent tant à préserver ?

Dans tous les cas, j’avais été obliger de trouver un logement et un emploi si je ne voulais pas dormir à la belle étoile. Ils avaient en effet bien reproduis notre monde, à l’exception des appartements et autres maisons abandonnés par leur propriétaires, du coup impossible de squatter tranquillement. D’ailleurs d’autres incohérences me chiffonnent, mais j’y reviendrai plus tard. Heureusement il était possible de de trouver des studios abordables ici. J’ai aussi pu trouver un emploi facilement, à peu près du même acabit que celui que j’exerçais auparavant. Je m’occupe de porter des caisses , de déplacer des marchandises d’un entrepôts à un autre, ce genre de travail plaisant et enrichissant en somme.

Je vais maintenant revenir sur ce qui me dérange ici. Premièrement les différents bâtiments que j’ai vu jusqu’à maintenant étaient certes semblables à ceux dont il avait l’habitude mais il semblait que des dizaines de cultures cohabitaient ici. Certainement qu’il y avait des descendants répartis aux quatre coins du globe en fait. Mais il y avait quelque chose de bizarre là dedans, pourquoi dans la lettre il était marqué “votre monde” ? Tout ceci était définitivement étrange, je devais enquêter.

Aujourd’hui, j’avais ma journée de libre et j’en profitais donc pour explorer Awashima, notamment la cité scolaire. J’avais espoir de trouver là-bas quelqu’un qui en saurait plus et qui consentirait à me dire ce qu’il ou elle savait. Sinon, trouver quelqu’un qui puisse m’aider avec mon pouvoir était aussi une option satisfaisante. Certains d’entre-vous seront certainement étonnés par ce que viens d’écrire. Rassurez-vous, je ne suis pas devenu un bienfaiteur de l’humanité en une semaine, juste que je ne vais pas rester bloqué pour une question de fierté. Et puis je ne suis pas contre discuter de temps en temps avec d’autres membres de mon espèce, j’ai beau être convaincu du bien fondé de mon idéologie, je reste ouvert d’esprit.

Bref, le campus avait son lot d’étudiants et de professeurs qui traînaient, révisaient, discutaient, bref vivaient quoi. Je ne voulais cependant pas demander à n’importe qui de m’aider, je n’étais pas non plus un type super social et les adolescents avaient tendance à me taper sur le système. J’allai donc m’asseoir sur un banc libre et me mit à observer tous ceux que je voyais, afin de sélectionner celui ou celle avec le ou laquelle j’allais discuter. Il fallait aussi que je me galvanise en quelques sortes, histoire de ne pas paraître trop effrayant ou bizarre. Alors que j’étais là à réfléchir et scruter la masse des étudiants, je jouais avec des morceaux de roche que je faisais léviter et tournoyer au dessus de ma main droite. J’avais constamment besoin de me concentrer sur deux choses en même temps, du moins quand je réfléchis. C’est un espèce de TOC on pourrait dire, mais ça m’aide réellement et puis ça fait pas de mal de s’entraîner à la maîtrise de son pouvoir de toute façon.

C’est alors qu’une voix féminine attira mon attention.

“Excusez-moi.”

Je tournai donc la tête pour apercevoir une jeune femme, un peu plus jeune que moi mais qui n’était plus une adolescente. Elle n’était pas très grande et avait un teint pâle qui souligné le bleu de ses yeux. Elle me fixais et j’essayais de comprendre pourquoi elle était venue vers moi. Je me rendis compte que je n’avais pas répondu, ce que je m’empressai de corriger.

“Oui ? Je peux vous aider peut être ?”

Terre et plante ont besoin d'entre ensemble pour se sublimer

-Vous pouvez sortir, merci à tous et n’oubliez pas demain évaluation sur les 100 premières plantes.

Maëlle ferma son cahier de note et suivit le flot d’élèves vers la sortie de l’amphithéâtre. Elle était contente que le cours soit finit malgré que ce soit son préféré. L’étude des substances médicales d’origine végétale montrait encore une fois à quelle point ces êtres vivants été protecteur. La jeune femme salua son binôme de cours et se dirigea vers la bibliothèque pour avoir un peu de calme et réviser avant d’aller travailler en fin de journée. Encore 20 plantes à connaître, mais le problème ce n’était pas vraiment d’apprendre les plantes, mais c’était de ne pas les mélanger, la pire crainte d’un étudiant devant une encyclopédie à connaître par cœur. En se dirigeant à l’autre bout du campus, elle se plongea dans ses notes.

-Acide alginique, origine algue, brûlure d’estomac … Quinine, origine quinquina rouge, paludisme … Morphine, Pavot à œillette, antidouleur de classe 3.

Beaucoup de personnes la regardèrent ce rat de bibliothèque passer lentement. La prenait-elle pour une folle ? Peut-être, peut-être pas après tous beaucoup d’entre eux devaient également être pris au cou avec tous ses examens. Elle manqua de tomber plusieurs fois en ne regardant pas où elle marchait, mais la troisième fois elle dut se rattraper à un banc pour ne pas finir à quatre pattes devant tout le monde. Ses notes se rependirent sur le sol, en se maudissant elle ramassa tout et se releva rapidement, certains avaient certainement dû se moquer d’elle, mais elle commençait à avoir l’habitude avec ses deux pieds gauches. Elle reprit sa lecture en répétant à chaque fois plusieurs fois chaque plante. Lorsqu’elle se rendit compte qu’elle disait n’importe quoi en les répétant elle s’énerva et ferma son cahier. Vivement la fin de cours qu’elle puisse partir se ressourcer dans la forêt. Une plante à l’ombre d’un magnifique chêne lui fit de l’œil. Pouvait-elle se permettre une petite pause ? Après quelques centièmes de secondes, Maëlle se félicita de prendre du repos. Elle alla se mettre sur le banc posa son cahier et ferma les yeux quelques secondes pour écouter le vent chanter dans les feuilles des arbres environnant.

Un, deux, trois, … Inspiration, expiration. Maëlle ouvrit les yeux heureuse et détendue, encore trois semaines et le repos. Un repos parfait, calme, ressourçant. Peut-être aurait-elle une permission pour aller sur le continent voir nettoyer ses parents et remettre quelques fleurs. Cette idée plongea Maëlle dans un gouffre de tristesse qu’elle referma immédiatement et se leva déterminer à aller réviser. Motivé, motivation ! Sa motivation ondula à chaque pas, là des étudiants dormaient dans l’herbe, par ici l’arbre l’appelé pour se ressourcer, et à l’autre bout des jeux pour les élèves étaient organiser, basket, football. Beaucoup trop de distraction, pourquoi un campus devait-il être si vivant c’est contre-productif pour les étudiants et particulièrement sadique !

-Motiver, examen, motivation …

Lorsqu’elle leva la tête Maëlle aperçu un homme. Il n’avait pas du tout l’air du tout étudiant, il était grand comme une brindille ! Son visage avait l’air froid, un homme qu’on n’a pas réellement envie d’approcher au premier abord, et ses vêtements  complètement noirs n’arrangeaient pas les choses à vrai dire. Mais tous ces détails Maëlle ne les imprima pas dans son cerveau, la seule chose qui l’intéressa réellement c’était ce morceaux de terre avec quoi l’étranger s’amusait ! Un autre magicien de la terre ! Maëlle n’en avait jamais rencontré d’autres, étrange direz-vous vu le temps qu’elle avait déjà pu passer sur l’île. Mais à sa décharge, Maëlle n’avait pas parlait avec beaucoup de monde et les Saruta-Hiko n’avaient pas pour habitude d’étaler leurs pouvoirs, en tout cas pas autant que ces stupides Kagutsuchi. La jeune femme hésita longuement avant d’accoster l’homme puis elle se lança.

-Excusez-moi ?

-Oui ? Je peux vous aider peut être ?

-Comment faites-vous ça ?

Maëlle montra du doigt la pierre volante. Son sourire traversait son visage d’une oreille à l’autre. Bien qu’elle tirait son pouvoir de la terre, la jeune femme n’avait jamais osé manipuler la terre et ses seuls tours de magie avait été de faire pousser ou naître de nouvelles plantes. Lorsqu’elle s’aperçu de ses premiers mots, Maëlle se mit à rire doucement et le feu lui montra aux joues.

-Excusez-moi, bonjour avant tout !

Maëlle tendit la main en signe de respect et l’homme lui serra énergiquement. Malgré ses bras fins, il avait une bonne force, peut-être même un peu trop pour la petite main de la jeune femme qu’elle frotta doucement en la récupérant.

-Rien c’est mon pouvoir.

La jeune femme se replia sur elle-même lorsqu’elle entendit le ton de l’étranger froid comme la glace mais elle essaya d’entamer de nouveaux la conversation tout en restant debout.

-Oui je m’en doute bien que ce n’est pas l’opération du saint esprit… Maëlle se mit à rougir encore plus après avoir répondu à l’homme. Après s’être entendu, elle se rendit compte que ses mots pouvaient être considérer comme un pique et elle espérait que l’inconnu ne le prendrait pas mal.

Il semblait que ma capacité la fascinait, oubliant toute ses bonnes manières elle me demanda comment je faisais voleter le bout de roche avec lequel j’occupais une partie de mon esprit. Cela me paraissait tellement évident que je répondis sans réfléchir, et en prononçant cette réponse je m'aperçus que je risquais de passer pour un type qui souhaitait qu’on lui foute la paix. C’était pas vraiment le but recherché puisqu’au contraire j’étais venu ici pour des renseignements en premier lieu. Cependant elle ne se démonta pas et me rétorqua qu’elle avait bien compris, et elle n’avait pas tort sur le fond. Cette fois c’était moi qui me retrouvais bête suite à sa répartie. Je remarquai durant ce léger instant de flottement qu’elle se frotter la main, j’avais peut être serré un peu fort, je n’étais plus vraiment habitué à ce genre de signes de respect. J’apercevais aussi ses joues rougir alors qu’elle parlait, je ne comprenais pas vraiment pourquoi mais mon incompréhension venait sûrement du fait qu’à part la peste de la dernière fois je n’avais pas eu d’interactions sociales avec beaucoup de gens depuis un certain temps maintenant. Je devais être rouillé en quelque sorte.

Je supposais qu’elle me demandait comment mon pouvoir fonctionnait, à vrai dire je ne le savais pas vraiment moi-même, c’était plus ou moins inné et je ne faisais qu'expérimenter de nouvelles choses de temps à autre. En soi je n’avais rien à cacher et le peu que je pouvais lui révéler ne lui servirait pas à grand chose quand bien même elle me voudrait du mal. Je doutais du fait qu’elle aurait pu être une menace potentielle mais dans le doute on n’est jamais trop prudent. Elle se tenait toujours debout et je me disais que cette jeune demoiselle pourrait peut être donner des réponses à mes questions si en retour je répondais aux siennes. Je l’invitais donc à s’asseoir en me décalant sur le banc et lui indiquant la place que je venais de libérer avant d'enchaîner avec mes explications.

“Eh bien si vous parlez du fonctionnement derrière ma capacité je n’en sais pas beaucoup plus que vous. Tout ce que je sais c’est que je suis capable de déplacer des roches de différentes tailles sur une certaine distance. Et de temps à autre je teste de nouvelles choses pour voir quelles sont les limites de mon pouvoir, tout simplement. En fait c’est un peu comme si j’étais lié en quelque sorte à la roche et que je pouvais la manipuler de la même manière que l’un de mes membres. Mais ce serait un membre lourd et parfois maladroit. J’espère que ça répond à votre question.”

Je me demandais pourquoi cela l’intéressait, était-ce seulement de la curiosité ? Avait-elle un don similaire mais qu’elle ne maîtrisait pas aussi bien que cela ? Cette hypothèse me paraissait un peu farfelue car moi-même je ne maîtrisais au final que sommairement ce don. Ou alors peut-être avait-elle une capacité totalement différente et souhaitait en apprendre plus sur la mienne afin de comparer les sensations ? Il est vrai que pour le moment je ne connaissais que la maîtrise de la terre comme moi et celle du feu comme la petite fugueuse de l’autre soir. Je ne savais pas quelles étaient les possibilités sur cette île et à quel point la diversité ici pouvait être grande. Cela motiva une première question dans mon esprit que je posai avant d’avoir entendu ce qu’elle avait à dire.

“D’ailleurs, quel don possédez-vous ? Je suis assez curieux maintenant de savoir pourquoi vous êtes intéressée par mon petit tour de passe-passe.”

C’était peut-être un peu direct comme question, mais de toute façon il était trop tard pour corriger ça et je devais faire avec. J’écoutais attentivement ses paroles et savais déjà vers quels sujets j’allais orienter la conversation si elle se poursuivait. Cette étudiante ne m’apparaissait pas au premier abord aussi insupportable que beaucoup de personnes de son âge, soit je me faisais berner par son air innocent, soit je m’étais ramolli, soit cette discussion allait être intéressante. Bien que les deux premières possibilités ne m’enchantaient pas du tout, la dernière me plaisait déjà beaucoup plus et j'espérais que ce soit elle qui l’emporte sur les deux autres. Je devais en apprendre le maximum possible sur cet endroit avant de décider quoi faire.

Maëlle l'écouta attentivement et essaya de cacher sa déception lorsqu'il avoua ne pas connaître complètement les secrets de sa magie. Mais la jeune femme se fit rapidement une raison, elle non plus ne savaient pas parfaitement le fonctionnement de ses plantes. Elle ne savait pas comment les plantes naissaient mais elle se sentait comme lié par une force invisible à elles. Ces êtres organiques étaient même devenue des membres de sa famille, un prolongement de son corps, un morceaux de son âme. Elle savait uniquement qu'elle pouvait compter sur elle pour la protéger et la sauver des autres éléments.

La jeune femme sentit deux sentiments contradictoire lorsque l'étranger sembla s'intéresser à elle. D'un coté elle était heureuse qu'il s'intéresse à elle, mais de l'autre elle se sentait particulièrement gênée d'être au milieu de la conversation. Maëlle décida de se battre contre sa timidité et s'assit à coté de l'inconnue. Plutôt que de lui dira avec de simple mot, la jeune femme préféra lui montrer directement ses pouvoirs. Elle attrapa doucement sa main qui permettait au morceau de terre de tournoyer et posa un doigt sur l'élément dur et froid. Quelques secondes ensuite des branches de lierre poussèrent sur le petit rocher jusqu'à venir chatouiller la main droite de l'étranger. Au milieu de toutes ses feuilles vertes foncées, une toute petite fleurs de pensée blanche surgit en haut du morceau de terre.

-Je suis une Saruta-Hiko, mais contrairement à vous seuls les plantes écoutes mes murmures et j'aurais aimé apprendre à danser avec la terre.

Le lierre continué à croître doucement jusqu'à ce qu'un coup de vent arracha le cahier des genoux de Maëlle, renversant toute ses notes sur le sol. La magie se stoppa net et Maëlle se dépêcha de ramasser ses croquis de plantes et ses notes sur leurs incroyables dons de guérison avant que quelqu'un ne marche dessus. Lorsqu'elle se releva, Maëlle aperçu un étrange regard se poser sur elle, l'inconnue n'avait pas bougé de son siège, une personne "normale" aurait aidé la jeune femme, mais pas ce dernier. Peut être trouvait il Maëlle sotte et peu dégourdit. La jeune femme se mit à rire doucement pour essayer de cacher son embarra et leva les yeux vers le ciel. Son souris disparu légèrement lorsqu'elle aperçu quelques beaux nuages au loin annonciateur de pluie. Comme a son habitude elle n'eut qu'une envie, partir se mettre à l'abri de l'eau.

-Accepteriez vous qu'on aille se mettre à l'abri de la pluie avant qu'elle ne tombe? J'aimerais continuez à discuter avec vous si cela ne vous dérange pas.

L'étranger dû la prendre définitivement pour une folle puisque les nuages semblaient encore loin et l'eau ne tomberait pas avant plusieurs minutes voir une petite heure. Cependant il accepta pour le plus grand plaisir de Maëlle et prit le chemin de du foyer des étudiants mêlant bibliothèque et restaurant universitaire. La jeune femme n'osait pas regarder l'inconnu très souvent mais au détour d'un chemin elle prit les devant.

-Au fait je m'appelle Maëlle, Maëlle Leithian et vous? Dites savez vous utiliser les plantes comme moi?

Les deux jeunes gens arrivèrent au restaurant universitaire dans un silence certains et s'installèrent à une petite table au fond loin du bruit des autres étudiants. Maëlle n'avait pas vraiment eu de réponse de la part de l'inconnu depuis sa démonstration de magie à part quelques mots froids. Avait-elle fait quelque chose de déplacé ? Elle avait peur de l'avoir froissé une nouvelle fois.

- Voulez vous boire quelque chose?

Maëlle fut soulager par cette simple question qui sortit l'inconnu du silence froid et dangereux de l'ignorance. Avec un léger sourire la jeune femme accepta avec plaisir un thé.

La jeune femme s'assit à côté de moi après ma question. Je ne comprenais pas pourquoi jusqu'à ce qu'elle prenne ma main. Je la laissais faire dans le doute, elle ne semblait pas trop dangereuse donc la prudence pouvait attendre. Je me rendit compte que j'avais eu raison de la laisser faire lorsque elle fit sortir du bout de terre que je manipulais du lierre et une fleur blanche. Je restais bloqué sur ce spectacle quelques instants alors qu'elle parla et prononça un mot qui m'étais alors inconnu. Elle faisait vraisemblablement partie d'un groupe, dont je semblais faire aussi partie à ses yeux, mais ne pouvait maîtriser que les plantes. Soudain elle arrêta la croissance des végétaux. Je mis quelques secondes avant de détourner le regard de la motte que je faisais toujours léviter. Elle venait de se relever mais ses cours étaient un peu plus en désordre. Elle semblait les avoir fait tomber pendant que je m'émerveillais de son pouvoir. Cela devait sûrement être le cas puisqu'elle eut un rire gênée quand mes yeux se posèrent sur elle.

Elle semblait ne vraiment pas apprécier la pluie car malgré le fait que les nuages étaient encore loin elle me demanda que nous allions nous mettre à l'abri. Je n'y voyais aucun inconvénient et j'acquiesçais d'un signe de tête. Je la suivis sur un chemin que je ne connaissais pas encore. Je continuais durant une bonne partie de notre marche à analyser ce que j'avais ressenti lorsque les plantes s'étaient frayées un chemin à travers cette extension de mon corps. Je voulais essayer de comprendre comment elle avait fait et si j'aurais été capable de reproduire cela. Elle me coupa dans ma réflexion en se présentant et en me posant une question.

"Enchanté, je m'appelle Shultz Loran, et malheureusement je ne suis pas capable des mêmes exploits que vous."

La suite du 'voyage' se fit dans le silence jusqu'à arriver dans ce qui semblait être une salle de repas. Une sorte de cantine en fait. Nous nous sommes installés à l'écart des autres étudiants et je me rendis compte que j'avais pu paraître froid et distant alors que son don m'intéressait énormément. Je corrigeai donc cela en lui proposant quelque chose à boire. Je me levai pour aller commander le thé qu'elle désirait ainsi qu'un café pour moi. Je revins m'asseoir en face d'elle et ne put retenir plus longtemps ma curiosité.

"J'ai quelques questions qui me trottent dans la tête en fait, mais d'abord je dois bien avouer que je suis assez admiratif et jaloux de votre don. Et je tiens aussi à m'excuser si je vous ai paru rude et froid, je n'ai plus vraiment l'habitude des interactions sociales à vrai dire. Enfin comme je l'ai dis, j'ai deux trois questions, d'abord qu'entendez-vous par 'Saruta-Hiko' ? Il me semble que c'est le terme que vous avez utilisé. Et ensuite j'aimerais en savoir plus sur votre pouvoir, comment vous faîtes ça ?"

J'espérais juste ne pas la faire fuir ou lui faire peur avec mes questions, mais j'étais réellement très intéressé par elle et ce qu'elle pouvait m'apprendre sur cette île et tout ce qui gravitait autour. J'étais certain de pouvoir avancer vers mon objectif avec cette heureuse rencontre due au hasard. Nos commandes ne mirent pas longtemps à arriver et je pouvais siroter mon café en écoutant très attentivement ce qu'elle avait à me dire. De même j'essayais au maximum de paraître souriant et abordable, j'espérais qu'elle se sentirait à l'aise et que notre discussion soit constructive.