Les jours de printemps revenaient doucement. En effet, depuis quelques jours les températures avaient grimpées, malgré quelques averses digne de celles des tropiques, l'on sentait les beaux jours arriver, et c'était bien pour me déplaire. Sortir ? Pour quoi faire ? Je suis déjà sortit, les gens ici sont tous là à se lécher le cul mutuellement ou à se prendre pour des super héros, et ça me gonflait, profondément. Pour tout dire, peu de personnes n'avaient encore baissé les yeux devant moi, pourquoi ? Et bien tout simplement cher ami, parce que gonflé d'assurance tout autant qu'ils le sont de naïvetés, ils se pensent invincible, devrais-je réellement faire des exemples et tabasser les pauvres merdeux que je croiserais ? Aucune idée, car ma tête n'y était pas à ce moment.
Je me perdais, depuis la fenêtre de mon appartement, à contempler le ciel étoilé, et songea quelques instants.
"Sortir ... Peut-être bien ..."
Et il ne me fallut pas longtemps pour attraper ma veste qui émit des cliquetis lorsque je la bougeais, mes innombrables couteaux de lancer y étaient rangés. Un petit tour dans le coin cuisine et je récupérais dans un sac à dos de quoi de quoi manger, une bouteille d'eau, et une boite de macaron, essentielle.
Mes pas me guidèrent au travers des rues de Hizumu, je passais devant les tours jumelles, puis arriva à l'étang Eipurirufuuru dans lequel je m'installais, sur un banc face au lac. La tête dans les étoiles, et les étoiles dans les yeux, ces derniers se rivèrent sur l'étendue d'eau qui arborait encore ses courbes glaciales quelques semaines auparavant, mais des bruits de pas me tirèrent de mes rêves, je n'avais pas envie de me battre mais de savourer la soirée, je pris alors un macaron de sa boite, dans le sac posé à mes cotés sur le banc et le porta à ma bouche pour en croquer une bouchée sans en regarder la couleur. Fruit rouge, mes préférés ...
Irina, suite à sa rencontre sur la plage avec Fred, s’était reposée dans une auberge d’Ikazuchi, que celle-ci lui avait gracieusement conseillé. Elle n’y avait malheureusement pas bien dormi, celui-ci étant le moins cher qu’elle pouvait trouver et surtout elle était hantée par tous ces événements récents. Le lendemain, pour se changer les idées avant de se mettre à vivre cette nouvelle vie, elle se dirigea dans la forêt, afin de pourquoi pas, observer de nouvelles espèces d’oiseaux. Elle en profita pour traverser le fleuve au sud, pour faire un peu le tour de l’île et mieux la connaître.
C’était sans compter qu’elle se perdit en route. Elle tourna en rond un moment, sans vraiment paniquer. Elle était fatiguée de cette petite nuit et de cette journée à passer de bus en bus et à marcher dans la forêt. Elle arriva au final dans une ville bien étrange, celle d’Hizumu. Elle avait pour étrangeté… d’être quasiment sans vie. Elle n’était pas très accueillante, mais Irina était comme enivrée par ce genre d’ambiance. Elle continua sa marche, le soleil étant en train de tomber. Elle décida de faire une halte au centre-ville pour y trouver un hébergement pas cher, qu’elle ne tarda pas à rejoindre. Elle faisait attention à son argent, étant très limite pour subvenir à ses besoins. La première chose d’ailleurs qu’elle devra faire au sein de cette île, c’est se trouver un travail pour pouvoir vivre.
Elle monta dans sa chambre de fortune et se reposa un moment. Elle se réveilla en pleine nuit, 3h plus tard, suite à un cauchemar. Elle se leva de son lit, incapable de retrouver le sommeil. Elle décida donc de prendre ses affaires et sortir prendre l’air. Il faisait plus frais qu’avant, mais pas au point qu’elle mette une veste. Ses cheveux étaient un peu en bataille et la fatigue pouvait se voir sur son visage. Elle arpentait les rues, faisant attention à ne pas trop attirer l’attention sur elle, pas très rassurée.
Elle arriva devant deux grandes tours, surplombées d’une horloge. Celle-ci indiquait vingt-deux heures trente. Ces deux tours lui parurent bien étranges mais elle ne s’y arrêta pas. Elle se retrouva en revanche rapidement vers un étang. Celui-ci était magnifique et semblait comme figé hors du temps. Irina s’y avança, observant ses moindres recoins, très curieuse.
Probablement à cause de la fatigue, ou par ce qu’elle est facilement tête en l’air, elle ne remarqua pas tout de suite l’homme assis sur le banc à quelques mètres d’elle. C’est en se retournant en suivant le trajet d’un insecte, que son regard croisa le sien.
Il était assis là, sur le banc en face d’elle, mangeant des macarons et, au vu de l’expression sur son visage, il appréciait ceux-ci et prenait du bon temps. Irina lui adressa un sourire poli, plongeant son regard doré dans le sien, comme à son habitude, avant de détourner le regard et retourner à ses observations. Elle ne voulait en aucun cas le déranger dans sa dégustation, et peut être qu’il voulait se retrouver un peu en retrait, comme elle l’avait fait. C’est ainsi qu’elle s’éloigna un peu, avant de s’asseoir au bord de l’étang, observant si elle pouvait voir des amphibiens proche de la berge.
Elle continua ainsi un moment à se perdre dans ses pensées, mais quelque chose la gênait. Elle sentait qu'elle était observée et elle ne tarda pas à confirmer cette impression en se retournant. En effet, l'homme qu'elle avait vu assis sur le banc était en train de l'épier et d'une manière plus qu'indiscrète, toujours en train de manger ses macarons. Irina plongea son regard de nouveau dans le siens, souriante et s'approcha un instant.
- "B... Bonsoir" Elle s'inclina légèrement avant de continuer."Je m'appelle Irina... J'ai vu que vous me fixiez et je me demandais si vous aviez besoin de quelque chose... " Irina et sa franchise était de sortie. En même temps, fixer quelqu'un de la sorte était relativement perturbant...
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