Un nouveau venu.

Mes yeux s’ouvrirent doucement. Lentement. Une étrange douleur me parcourait les jambes, une sensation que j’étais resté recroquevillé un moment. Mes mains commencèrent à suivre, touchant une surface molle mais drue. J’étais dans une semi-pénombre nimbée de petits halos lumineux de ci de là. Pendant que mon esprit émergeait j’avais l’impression d’avancée, de bouger à mesures régulières et puis d’un coup une secousse finit de me rappeler à la vie.
J’étais dans un sac.
Et merde. J’ai dû tuer la mauvaise personne.

Mais non Onii-san.

Tsume ? Dis-moi.

…

D’un coup on lâcha le-dis sac et je me retrouvais par terre, à même le sol comme une pauvre merde.  On détacha la corde nouant le sac et je pus apercevoir la lumière du jour, mes yeux me brûlant d’être resté si longtemps dans la pénombre. Levant ma main devant ma tête pour me protéger des rayons du soleil. Mes yeux commencèrent à s’accoutumer à la lumière et je pus distinguer précisément mes kidnappeurs : de hommes bien habillés, un air solennel et extrêmement silencieux. L’un deux me regarda, d’un regard sans émotions et mon sang se glaça.
Dangereux.
Il me tendit une enveloppe et je la pris soigneusement. Je pris le temps d’ouvrir  calmement et de regarder le lieu où j’étais. Tout ce que je pouvais voir c’était du sable, la mer derrière moi et une forêt en face de moi. Je sortis la lettre et je débutais ma lecture :

Citation :

Cher descendant,
Tu as été amené ici en raison de tes pouvoirs surnaturels. Tu ne pourras pas quitter ce lieu, ne devra pas essayer de le quitter. Nous avons essayé de recopier autant que possible le monde extérieur d’où tu viens. Nous espérons que tu ne seras pas trop dépaysé. Intègres toi aussi bien que possible dans ce monde où seuls les habitants te seront étrangers. Nous cherchons juste à te protéger et à préserver l’équilibre du monde.

A.

Merde. Encore.

C’est quoi ces histoires de pouvoirs surnaturels ? Mais encore ce cher descendant ?
Je ne comprenais rien et je dois dire qu’à l’heure où j’écris ces lignes je n’en sais pas vraiment plus. Je me suis retourné vers les hommes mais ceux-ci s’étaient évanouis comme par magie. Je tournais la tête et j’aperçus mon sac à dos et ma basse juste à côté de moi. Saisissant mes affaires je pris la direction de la forêt. Fouillant mes poches je sortais mon paquet de cigarettes et mon briquet et en allumait une.

Trouvons une proie et comprenons.

Oui ma belle.

Aujourd'hui, c'était mon jour de repos, je n'avais pas cours, enfin si juste quatre heures d'art ce matin mais ce n'était juste que pour finir un projet à rendre ou j'étais en retard. Une journée ordinaire semblait voir le jour, cependant, c'est en tombant sur une étrange rumeurs que mon envie fut piqué. Aux abords de la périphérie, un bois avec des arbres se ressemblants tous autant les uns que les autres. Je fis mon sac pour la journée, mon frère étant déjà partit travailler, tôt ce matin, nos horaires n’empiétaient pas l’un sur l’autre. Du coup, on ne se voyait que le soir et parfois le midi.

Je pris le vélo et partis quittant le studio parmi les appartements du village d’ikazuchi. Je fis un énorme détour, pour éviter la cité scolaire. Il faisait plutôt beau aujourd’hui bien que des nuages voguaient ici et là dans l’horizon. Je pédalais de manière assez vite pour arriver le plus rapidement possible à ma destination. J’étais habillée de simple façon aujourd’hui, pas d’uniforme scolaire, pas de collerette, pas de nœud, jupe un short avec un collant noir en-dessous, des sandalettes, et une veste légère en jean. Je me demandais ou je devais aller, les bois étaient immenses, c’est ce que je remarquais une fois que je quittais le village.

Bientôt je pus vite vérifier si comme le disait la rumeur, les bois étaient tous pareils, et étaient assez groupés. Il est vrai que depuis mon arrivée sur l’île j’avais réussi à prendre un bon départ grâce à mes retrouvailles un peu brutales avec mon frère, ce frère qui s’était éloigné de moi… Je ne savais plus trop quoi en penser, il avait tout fait pour me faciliter la tâche c’est vrai. Mais je regrettais mon ancien univers. Mon monde à moi. Mes amis, ma famille ! Cette famille… qui finalement était-elle réelle ou pas ? Je me demandais ce que ça signifiait. Je découvrais petit à petit cette ile que je trouvais grande. Trop grande pour paraître réelle. Enfin, je me trouvais bien habitué même si la cité scolaire était vraiment différente de mon université.

Au fur et à mesure que l’heure passait, j’avançais sur le chantier des bois, bof, rien d’extraordinaire finalement non ? Au bout d’une demi-heure de balade en forêt, je freinais très fort mon vélo manquant de tomber par terre, je dus alors reprendre mon souffle car je devais avouer qu’avoir loupé cette branche me fit bousculer et trembler vraiment beaucoup. Soudainement je sentis un peu d’air frais venir se rajouter à l’ensemble des fraîches odeurs du bois. Je me sentais bien ici, les animaux craintifs n’osaient pas approcher, je devais me trouver non loin d’une mer ou d’un lac. Une source d’eau quoi. Je vis tout d'abord un jeune homme aux long cheveux violet ? La lumière se fit plus intense en ma présence, puis alors que je m’étirais un bon coup avançant vers la plage de sable fin, je ne prêtais pas attention à lui. Je ne l’avais jamais vu sur l’île avant, enfin il y avait tellement de monde que bon, il était possible qu’il me passe inaperçu.

« haaaaaa c’est un temps magnifique, dommage qu’il fasse encore un peu froid ! en tout cas le déplacement valait le coup ! »


C’était une vue magnifique, je me demandais si le garçon contait rester là toute la fin de journée ou quoi. C’était bizarre, une aura que je ne saurais décrire me disait de faire attention à lui, sa cigarette me donnait une mauvaise envie de vomir. Et me mettait mal à l’aise, je savais que j’avais aussi quelque part envie de l’aider mais c’était comme si quelque chose me l’interdisait ? Étrange… j’attendrais de voir sa réaction en se faisant ignorer… ? Je me souviens qu’à mon arrivée à part mon frère personne ne faisait attention à moi et ne répondait à mes questions. Peut-être était-ce un test pour chaque nouveau ? Je fis un soupire et plongea mon regard dans la mer. Rohh et puis zut, j'étais curieuse ! D'autant plus qu'une invitée surgit de nulle part, elle portait une étrange veste rouge, elle semblait écouter de la musique, sur quels zigotos j'étais encore tombée moi !? A croire que j'avais le don de rencontrer des gens bizarre ! Il fallait tout de même que je finisse par me montrer... Alors je vins me placer face à eux, les bras le long du corps, je fis :

« Excusez-moi, vous êtes perdu ? Vous cherchez quelque chose ? » Fis-je en leur direction tout en restant prudente et sur la défensive. Fixant l'arrivée fortuite et détendu d'une jeune femme plus jeune que moi ? Ou du même âge ? difficile à dire, elle semblait très garçon manqué. Je restais éloigné avec les bras croisés devant moi comme pour refuser une conversation... qui semblait bien partis ?

Il faisait froid. Trop froid pour les quelques vêtements de concert que j’avais sur le dos. Je ne savais pas où j’étais, ce que je faisais ici ni pourquoi et, ces questions me taraudaient l’esprit. Bon dans l’absolu je n’en avais pas grand-chose à faire vu que je vivais dans la rue et sous les ponts les jours de pluie. J’étais en fugue depuis combien de temps déjà….Deux ou trois ans peut-être, le temps passe vite.
Je tirais doucement sur ma cigarette et je recrachais la fumée en regardant le panorama, la nature sauvage c’est beau il n’y a pas de doutes la dessus. Les arbres, le soleil, le bruit des vagues s’écrasant sur la plage, tout ça me mettait presque de bonne humeur, puis d’un coup j’aperçu un papillon. Un papillon de nuit pour être exact et je dois dire que je n’avais même jamais vu cette espèce, un mélange de bleu et de gris clair, avec des ailes magnifiques. J’ai toujours pensé qu’en voir un en plein jour signifiait que quelque chose de surprenant allez arriver. Et je dois dire que je ne me suis pas trompé, car en effet une jeune fille aux cheveux de la même couleur que les miens vint m’aborder, sorti de nulle part.

« Excusez-moi, vous êtes perdu ? Vous cherchez quelque chose ? »

Ah eh bien c’était fort aimable de sa part mais, je n’étais pas trop du genre politesse moi…Je prèfère les rencontres nimbait de sang, jonchant le sol dans une belle harmonie écarlate.

Tues-la.

Oui Tsume.

Au moment où je m’apprêtais à lui sauter au coup, un bruit de pas m’arrêta et une autre personne rentra dans le tableau, une jeune femme sensiblement aussi anarchiste que moi dans son look. En arrivant elle dit un mot que je ne compris pas, ce n’était certainement pas du japonais mais, je suppose que c’était une formule de salutation.

Saigne-les.

Non.

SAIGNE-LES.

Je ne pouvais exécuter les ordres de ma sœur, il y avait trop de monde d’un coup, et si l’une arrivait à s’échapper s’en était finit de moi et de mes petits jeux. Au lieu de faire n’importe quoi je pris le meilleur partie, s’insérer dans une conversation. Ma période de réflexion terminée, ce qui avait dû durer une dizaine de secondes tout au plus, j’ouvrais la bouche et je saluais la première venue en japonais.

« Bonjour, oui je dois vous avouez que je ne sais pas où je suis…Mon dernier souvenir remonte à…Je ne sais même plus quel jour nous sommes. J’étais en concert et…Trou noir ! »

Evidemment je mentais, j’avais omis le meurtre que j’avais, ce qui était mon dernier souvenir pour être exact.
Je lâchais un grand sourire sympathique à la jeune fille et je reprenais une taffe de ma cigarette mentholée et tendant mon paquet ouvert vers l’inconnue pour lui en proposer une silencieusement. Il fallait que je sois convaincant dans mon rôle de jeune homme sympathique. Attendant ses réponses et éclaircissements avec impatience.
Je me retournais rapidement vers l’autre jeune fille qui nous avait salués dans une autre langue et je lui fis un sourire gêné en essayant de lui parler en anglais, enfin juste les quelques mots que je connaissais.

« Hello. »

Lui tendant mon paquet de clopes pour lui en proposer une comme à l’autre, je continuais à sourire, cachant les signes de la présence de ma sœur. Oui celle dans ma tête.

Tuuuuuuuuuuuuuuuuues-les.

Tsume continuais de marteler mon esprit avec des cris, des sons de plus en plus aiguë, me donnant une horrible migraine laissant malheureusement échapper une grimace sur mon visage l’espace d’une seconde.

Le type aux cheveux violets faisait comme si de rien n'était et fumait tranquillement. Je fis un soupire désespéré, l'homme ne me disait rien qui vaille, il avait l'air bien plus dangereux que la fille, il se rapprochait de moi, je jetais un coup d’œil en sa direction sans rien dire. Les bras toujours croisés, le garçon finit finalement par répondre à mes questions précédentes. Ce qui n'était pas un mal, mais je sentais que j'allais vite regretter cette rencontre. Un mauvais pressentiment en somme ! L'autre femme était plutôt abordable venant spontanément vers nous, et parlant en anglais. Je me demandais si l'un des deux parlait japonais, l'anglais était de mise, ou également une autre langue ! J'étais très curieuse mais là franchement... Je sais pas ce que j'avais, je me sentais mal à l'aise, je répondis cependant d'une voix claire, non agressive avec un sourire, repoussant par la même d'un simple geste de la main

"sumimasen, demo... no tabaku arigato !" que l'on pouvait aisément traduire par... I Don't Smoke ! Désolée mais je ne fume pas merci quand même. Je me demandais si l'autre avait acceptée, mais il semblerait qu'elle ne fume pas non plus ! Tant mieux ! Cela ferait moins de fumer dans nos poumons ! Et je me sentirais moins seule.

Je reculais doucement avec un sourire de l'homme. Il ne m'inspirait vraiment confiance ainsi je préférais me rapprocher de l'autre jeune femme assise sur le banc. "je vois vous venez donc d'arriver ! Eh bien désolée mais je ne peux rien pour vous, je ne connais pas vraiment la région en fait... ! Je suis venue sur une rumeur..." fis-je sur un air de fausse détente, essayant le plus possible de ne pas crisper mon visage et de rester neutre malgré tout. Je ne savais pas vraiment quoi faire, je fixe discrètement l'homme et la femme... je ne connaissais pas leurs prénoms... alors pour détendre un peu l'atmosphère qui devenait un peu sombre, un peu de politesse ne ferait pas de mal non ? Je plisse les yeux, relève mes bras pour les mettre le long de mon corps de femme, une main dans l'autre je fis en anglais :

"Et vos prénoms ? c'est quoi ? moi c'est Mayumi...and you ?" fis-je en direction de l'autre femme tandis que je ne dis que mon surnom pensant que de toute manière ce genre de gestes ne faisaient qu’envenimer les choses dans certains moments de tensions. Surtout que je n'avais pas montré une bonne image, jusque-là... lui ne semblait pas aller très bien depuis que nous avions engager un début de conversation...

J’étais abasourdi, je venais de me faire jeter par les deux inconnues. J’avais essayé de sourire et de jouer la comédie mais apparemment ça n’avait pas pris et j’étais bien déçu. Néanmoins je devais comprendre où j’étais et pourquoi j’étais là et les deux personnes ici présentes étaient mes seules issues pour savoir.
Il n’était pas aisé pour moi de communiquer avec les gens a part dans le sang…Ou avec la musique. La basse était un moyen où j’exprimais le meilleur de moi-même, une façon de communiquer avec les gens sans utiliser la violence et où, parait-il je ne suis pas moi. Enfin Tsume…Peu importe. Ruminant mes pensées quelques secondes, je finissais ma cigarette, écrasais mon mégot et sortit ma petite boite à déchets, car oui je hais les gens mais la nature ne m’a rien fait et je ne jette pas mes ordures dessus. Prenant un chewing-gum, je tentais une nouvelle approche vers les deux jeunes femmes et en leur proposant cette fois, non pas un truc pour leurs ruiner la santé, mais un truc sans danger à mastiquer.

Arrête.

Tsume silence !

Je devais lutter intérieurement, avoir une conscience supplémentaire dans votre corps est éprouvant et très difficile à supporter mais c’est ma croix. Mon fardeau pour l’avoir dévorée. Attendant de voir si elles acceptaient mes chewing-gums, je leur souris de nouveau, ignorant les indications de Tsume. Raclant ma gorge je leur demandais :