♦ Damon Grant ▬

Damon est un homme plutôt grand, du haut de son mètre soixante-dix-sept, à l’allure sportive. Musculation, natation, vélo ou encore course à pied... tout ceci a grandement contribué à muscler son corps et accessoirement à lui faire oublier ses idées noires. Plutôt soigné, notre homme accorde beaucoup d’importance à son apparence. Hors de question pour lui d’être débraillé ou d’arriver en cour encore tout échevelé. Un peu maniaque sur les bords, il fait attention au moindre détail. Devant ces étudiants, son costume est toujours impeccable, sa cravate bien droite et ses cheveux bruns bien coiffés. En dehors du travail, il se laisse aller à adopter des tenues un peu plus décontractés. Un basique jean, baskets et T-shirt fait très bien l’affaire.

Concernant son visage, le jeune professeur est plutôt plaisant. Un visage fin, sans être trop féminin, des lèvres fines, un nez bien droit et de beaux yeux verts derrières des lunettes sans cerclage. Sans aucun doute, il pourrait avoir du succès auprès de ses étudiantes comme auprès de la gente féminine en générale. Mais c’était sans compter sur son regard froid et calculateur, son mauvais caractère et les étranges rumeurs qui circulent sur lui.

La première impression que donne Damon est celle d’une personne plutôt froide et distante. Difficile à approcher, il ne fait jamais le premier pas vers les autres et même lorsqu’on ose l’aborder, il se limite à un échange poli de banalité avant de repartir dans son coin. Assez secret, ce n’est pas le genre de personne qui se confie aux autres ou qui dévoile ses sentiments facilement.

Toujours très calme et poli, ça ne l’empêchera pas de vous faire des remarques assassines tout en gardant son éternel sourire énigmatique. Maniaque et exigeant, c’est un professeur doué mais très strict, redouté par ses élèves et qui accorde beaucoup d’importance à la discipline. Le moindre écart de conduite qu’il surprend est toujours très sévèrement puni ce qui lui a valu la réputation du professeur sadique auprès des élèves.
D’ailleurs, beaucoup se posent la question quant à sa présence à Himitsu car s’il y a bien une chose que cet homme déteste c’est la magie et il le fait clairement savoir. Le simple fait d’évoquer le sujet devant lui a tendance à le mettre de très mauvaise humeur. Des rumeurs ont donc commencé à circuler sur lui, le présentant notamment comme un homme en fuite qui se serait caché sur l’ile pour échapper à la justice... Mais Damon ne semble pas vraiment y faire attention. Après tout, ce que les gens pensent de lui, il s’en moque éperdument.

En plus du sport, qu’il pratique régulièrement, Damon est un homme cultivé. Il lit beaucoup, aussi bien des revues scientifiques que des romans ou pièces de théâtres. En revanche c’est un piètre cuisinier et donc un grand consommateur de boites de conserves ou de plats à emporter.

Laisse moi te raconter...

Je suis né à New York dans une famille plutôt aisée. Mon père était chercheur et professeur pour une grande université et ma mère chirurgienne. Autant dire que je n’ai manqué de rien, d’autant plus que j’étais fils unique. Lorsque j’ai eu 4 ans, mon père reçu une proposition pour un poste à Tokyo. Une grande opportunité pour ces recherches qu’il ne put refuser. Notre famille déménagea donc pour le Japon. Si ma mère retrouva rapidement un poste et s’adapta rapidement au pays du soleil levant, dans mon cas ce fut plus compliqué... Ce retrouver à 4 ans dans un pays inconnu, entouré de personnes qui parlent une langue inconnue est une expérience plutôt traumatisante. C’est à ce moment-là que mon pouvoir a commencé à se manifester. Au début ce n’était pas grand-chose. J’ai simplement remarqué que mon reflet me faisait parfois des clins d’œil ou des sourires d’encouragements. Et puis il a commencé à bouger de lui-même de plus en plus, à me parler parfois. Enfant je trouvais ça génial et puis j’avais enfin un ami qui parlait la même langue que moi. Je n’en parla néanmoins à personne, c’était notre petit secret entre mon reflet et moi.

Avec le temps, je fini par m’adapter à ce nouveau pays et ma primaire ce passa plutôt bien. C’est arrivé au collège et plus précisément en 3ème que les choses se gâtèrent. Je fus pris pour cible par un petit groupe de racaille. Je subis racket et humiliation sans broncher, me confiant de temps à autre à mon fidèle reflet. Jusqu’au jour où les choses dérapèrent... Je subissais un tabassage en règle au troisième étage en guise de représailles pour ne pas avoir apporté suffisamment d’argent. J’ai alors pensé que je voulais me venger, leur faire mal a eu aussi. Et pour la première fois mon reflet est sorti de la vitre située derrière mes agresseurs avec la même facilité que lorsque l’on passe notre doigt au travers d’une bulle de savon. Je n’ai pas vraiment eu le temps de réagir ou d’avoir l’air surpris. J’ai juste eu le temps de le voir attraper un de mes camarades et le balancer à travers la vitre. Dix minutes après j’étais dans le bureau du directeur tandis qu’une ambulance transportait d’urgence l’adolescent à l’hôpital le plus proche. Le début d’une descente aux enfers...

J’ai 16 ans, un psy m’a diagnostiqué schizophrène et j’ai un casier judiciaire pour diverses agressions qui m’a valu une jolie place dans un centre de détention pour mineur... Mais je suis innocent, ce n’est pas moi qui ai fait tout ça, c’est Lui. Un jour, un type vient me voir. Pour la première fois quelqu’un croit mon histoire et ne me traite pas comme un taré. Il me parle de ces pouvoirs et d’une école pour apprendre à les maitriser. Officiellement je suis transféré dans un centre spécialisé, officieusement je commence ma scolarité à Himitsu.

Deux ans plus tard, je fuis cette ile maudite et retourne dans mon Amérique natale pour poursuivre mes études de droit. J’ai appris à maitriser ce double mais jamais je ne les laisserais accroitre ce « don ». Moi je voulais m’en débarrasser, pas le rendre plus fort... Mes études ce déroulent plutôt bien mais rapidement je me heurte à un nouveau problème : je peux faire une croix sur mon souhait de devenir professeur à cause de mon casier...

A 25 ans, j’enchaine maintenant les petits boulots sans rien trouver de bien stable. Personne ne veut embaucher un taré, je ne peux pas leur en vouloir. Mon boulot du moment : je fais la plonge dans un restaurant miteux. Assez ironiquement, quelques jours auparavant j’ai reçu une proposition d’emplois de professeur de droit à Himitsu. Mais ma fierté m’a poussé à jeter la lettre... Sauf que ce soir-là tout dérape. L’insulte de trop de la part de mon cher patron, les propositions incessantes de mon double de « supprimer » le problème et une bouteille qui trainait par là.

Je rentre chez moi en catastrophe et récapitule la situation. Je viens de fracasser le crane d’un type et d’abandonner le corps dans une ruelle sans vraiment savoir d’ailleurs s’il respirait encore ou pas. Tous ce que je savais c’est que dans les deux cas j’étais bon pour être interné... Trouver une solution, quelque chose, n’importe quoi.
* Et pourquoi pas ça ? *
Pour la première fois, je trouve l’idée de mon double séduisante et je ramasse la lettre dans la corbeille à papier.
Un an maintenant que j’exerce la profession de professeur à Himitsu.