Complément aux cours particuliers [Dixy]

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Complément aux cours particuliers [Dixy] Elemen10

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Ai-je eu raison ?

La journée touche à sa fin. La plupart des élèves ont fini les cours, sauf ceux qui terminent une heure plus tard. Et, évidemment, depuis que mon professeur d'anglais m'organise des cours particuliers, je fais partie de ces étudiants. Non que ça me dérange, tout est bon pour réussir à parler avec les autres insulaires, mais aujourd'hui, j'aurais bien aimé me rendre près d'un lac ou à la plage, pour y observer le coucher de soleil. Enfin. Trêve de rêveries, je me fais du mal. Et puis, le professeur arrive à proximité de la salle devant laquelle je l'attends.

L'heure une fois terminée, je sors du bâtiment, me repassant mentalement ce que je viens de revoir, sans vraiment faire attention à ce qui m'entoure. Mais je remarque alors la silhouette d'un autre étudiant. Je ne le connais pas... Tant pis. On m'a assez répété que, pour que mes cours soient vraiment efficaces, je dois discuter avec les personnes que je croise. Donc, c'est parti.

Je m'approche, et, comme il me tourne le dos, je pose une main sur son épaule pour attirer son attention. Puis, dès que c'est chose faite, je commence à aligner des mots :

- Bonsoir. On peut parler ? J'ai besoin de travailler... La langue.

C'est la toute première fois que j'aborde quelqu'un de moi-même, j'espère que je ne suis pas tombée sur le genre de personne à envoyer les autres balader... Je me sentirais vraiment mal, dans cette situation...

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Monsieur le chat

« Il est difficile d’attraper un chat noir dans une pièce sombre, surtout quand il n’y est pas »

Aujourd'hui encore, monsieur le chat avait profité que la fenêtre était ouverte pour me rendre visite pendant que je savourais mon plat de sushi. Cette petite boule de poil noir me fixait dans les yeux cherchant à savoir si j'allais lui laisser un morceau de saumon ou non ?

- Je ne craquerais pas !

Il continuait de me regarder en remuant sa petite queue de droite à gauche comme le pendule d'une vieille horloge. Il commença à avancer petit à petit pour descendre de la fenêtre et venir me rejoindre sur la table. Il monta sur une des chaises, continua sa route sur la table avant de s'asseoir à côté du pot de fleur. Sa petite langue sortit de sa bouche pour se lêcher les babines, ce petit monstre avait faim...

- Bon... On fait un deal. Si tu m'accompagnes cette après-midi à l'université pendant que je révise un peu mes cours, je te donne de la nourriture, compris ?

Presque aussi rapidement qu'un humain, le petit monstre noir me miaula dessus comme pour me dire qu'il était d'accord. Je saisissais mes baguettes et je lui posais un morceau de saumon sur une petite assiette. Je n'avais même pas eu le temps de poser le morceau qu'il avait déjà commencé à mordre dedans. Quel gourmand... Les coups de 13 heures sonnaient, je venais tout juste de finir de manger et au vue de la semaine qui allez venir, j'avais décidé de passer l'après-midi dehors pour réviser un peu mes cours ainsi que profiter du beau temps qu'il faisait. Comme quoi, même si nos professeurs nous donnent libre l'après-midi, on continu de travailler pour tenir le rythme... Mais bon, c'est comme ça et je ne vais pas me laisser abattre par cette fainéantise ! La vaisselle faite et mes affaires prêtes, je partais en direction de l'université accompagné par le petit monstre noir, il me suivait comme un chien suit son maître ! La ville était bien calme avec ce beau temps et j'en profitais pour manger une glace sur le chemin. Une fois arrivé à l'université, je m'étais enfermé quelques heures dans la bibliothèque pour réviser. J'avais laissé mon compagnon à l'extérieur et je devais le rejoindre une fois que j'avais fini mes révisions.

. . . . .

Le cerveau fumant, je remballais toutes mes affaires dans mon sac, je descendais les escaliers du batiment, et je franchissais la porte qui menait vers l'extérieur. Un rayon de soleil venait me frapper en plein visage comme pour me dire qu'il ne lui restait que quelques heures avant que la Lune ne le remplace. Il faisait bon ! Et la petite braise qui menait sa danse, faisait remué mes cheveux de part en part. Tout en avançant pas à pas, je regardais autour de moi pour voir si monsieur le chat n'était pas dans les parages, quand soudain, une main se posa sur mon épaule !

- Bonsoir. On peut parler ? J'ai besoin de travailler... La langue.

Je bondis d'un coup et fais quelques pas en avant tout en hurlant avant de me retourner et voir l'étudiante en face de moi.

- Se n'est rien, reprend toi... Euh excuse moi, tu m'as fait peur. Moi s'est Dixy, première année en Biologie ! Et toi ?

Même si cette fille m'avait fait peur, elle ne pouvait pas me faire de mal, s'était le moment parfait pour discuter avec quelqu'un ! Il fallait dire que depuis mon arrivé sur l'île, s'était la première étrangère avec qui je parlais en dehors de monsieur le chat. D'ailleurs, le petit monstre venait de refaire son apparition en me passant à travers mes jambes pour allez ensuite se frotter contres la jambe de la demoiselle.

- C'est là que tu te cachais petit monstre !

J'attrapais la petite boule de poil dans les bras en attendant sa réponse.

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Ou comment débuter une conversation grâce à un chat

Il s'éloigne un peu, donnant tous les signes de la panique... Qu'est-ce que j'ai fait ? Est-ce que j'aurais fait un faux mouvement, ou dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Ai-je choisi les bons mots ? Peut-être que je croyais lui demander de m'aider à progresser, mais qu'en fait, je l'ai insulté... Ramenant mes mains contre ma poitrine, je commence à paniquer moi aussi. J'esquisse un "lo siento", que je traduis mentalement, "désolée". Puis, au moment où j'ouvre la bouche pour m'excuser, complètement tendue, puisque la dernière fois que je l'ai fait, je me suis faite pour ainsi dire menacer de mort, il me sort les mots de la bouche en s'excusant lui aussi.

Puis il se présente. Ce simple fait me détend immédiatement, et je laisse échapper un petit sourire. Le dernier (et seul) étudiant avec qui j'ai discuté, avant lui, m'avait aussitôt inspiré confiance, et nous ne nous sommes vraiment présentés qu'au bot d'une vingtaine de minutes de discussion. Aujourd'hui, ce ne sera pas le cas. De nouveau, un évènement inattendu m'empêche de parler quand j'ouvre la bouche. Un chat. J'apprécie ces animaux, discrets et solitaires, mais aussi libres et indépendant. Ce sont un peu mes modèles. Je suis sur le point de me baisser pour le caresser, quand le dénommé Dixy le prend dans ses bras. Ah. C'est certainement son chat. Quoique, non. Ce Dixy est certainement l'humain de ce chat, plutôt. Un chat n'a pas de maître, c'est lui qui choisit son humain, et pas l'inverse. Bon. Il m'a posé une question, il paraît. Répondons-lui, donc :

- Soliana. Deuxième année de langues.

J'en ai assez, ça me reprend, de céder à la facilité en communicant sans faire de phrases ! Il faut que je change ça. Réfléchissant avec soin à mes mots avant de les prononcer, je lui adresse une question correctement construite, réussissant, pour une fois, à réduire mon accent à un simple roulement de tous les "r"... Qui doivent être à peine prononcés, en anglais. Tant pis :

- C'est un beau chat. J'adore vraiment ces animaux.

Je ne sais pas quoi dire de plus. Donc, je me tais, tout en prenant soin de ne pas croiser le regard du chat. Je sais que ses semblables considèrent cela comme une menace, et je ne veux surtout pas sembler menaçante.

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Soliana, sa sonne doux

« J'ai deux chats dans les chaussettes mais pas le mot dans la tête »

- C'est un beau chat. J'adore vraiment ces animaux.

Aussi étrange que cela puisse paraître, l'accent de la demoiselle ne m'était pas inconnu... Où avais-je déjà pu bien entendre ce roulement de R... Hum ... L'Italien ? Non... L'allemand ? Encore moins ! Je caressais doucement la tête du chat tout en réfléchissant un peu comme les enquêteurs. EURÊKA ! L'espagnol ! Cette jeune étudiante était surement Espagnol, il fallait que j'essaye quelque chose pour voir si c'est juste !

- Encantada, je crois que c'est comme ça qu'on dit 'enchanté' en espagnol

Je constatais qu'elle était plutôt timide au vu de sa posture, sûrement une autre personne comme moi avec quelques soucis de socialisation. Il fallait quelque chose pour mettre à l'aise... Le chat avait l'air de l'intriguer. Je baissais la tête pour regarder la boule de poil puis lui dit :

- Dit voir Monsieur le Chat, partagerais-tu ta petite touffe de poil douce à caresser à cette jeune fille du nom de Soliana ? Je suis sûr en plus que tu ne dirais pas non à une petite tranche de saumon non ?

En y repensant, je crois que la seul chose qu'il avait compris s'était le mot saumon. Au vue de comment il avait lécher ses babines, il avait donné son accord. Je déposais doucement le chat dans les mains de la jeune fille avant d'attraper mon sac. Il y avait toujours plein de choses à manger, il fallait dire que j'étais un sacré gourmand. Entre deux paquets de chips, je retrouvais ma petite boîte où je gardais quelques friandises pour l'animal. Tout en remballant le sac, je saisissais un petit morceau de saumon avant de le tendre à cette dame.

- Tiens, donne lui ça et tu seras sa meilleur amie ! C'est un vrai morfale, il n'est pas à moi, mais il me suit partout, les quelques fois où il disparaît, il me ramène des souris devant la fenêtre, je te dis pas la concierge... Heureusement que je suis propre sinon elle m'aurait déjà viré de mon logement !

Je finissais se discours en me frottant l'arrière de la tête et en ricanant un peu. C'était agréable d'avoir une petite discussion avec cette étudiante, le temps nous permettait même de rester dehors sans avoir peur de devoir se réfugier dans le bâtiment.

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Chat = Bonheur

Il essaie un mot d'espagnol. Je souris :

- ¡ Quasi !

Puis je me rends compte que c'est sorti en espagnol. Bien sûr... Allez, une petite traduction :

- Pardon... Presque ! C'est moi qui... Pourrais te dire "encantada". Le... Masculin, c'est "encantado" !

Bon, j'ai encore hésité, faute de quelques mots, mais c'est beaucoup mieux que lors de mon arrivée. Sans doute les premiers effets des cours normaux, plus de mes cours particuliers, plus des cours forcés donnés par ma sœur, plus de l'immersion totale ici... Allez, bientôt, je saurai parler couramment, et je n'aurai plus qu'à travailler mon accent ! Pour l'instant, ce n'est toujours pas ça, mais autant dire que c'est normal : je me concentre plus sur le vocabulaire que sur la prononciation.

Puis j'observe Dixy "discuter" avec le chat. C'est vraiment mignon de les voir dialoguer tous les deux ! Je me demande si... Comme s'il avait lu dans mes pensées, le jeune homme dépose le félin dans mes bras. Oh, attends un peu, je n'ai jamais porté de chat, moi ! Mais bon, l'étudiant me fait confiance, à moi de m'en montrer digne. Je tente de porter le chat du mieux que je peux, et, après quelques essais infructueux, j'y arrive. Fière de moi, je commence à le caresser, mais l'étudiant m'interrompt. Je souris à sa nouvelle tirade, et, tout en prenant le morceau de poisson, je commente :

- Tu lui donnes des surnoms affectueux, il te fait des cadeaux... Vous devez vous entendre... Parfaitement bien !

Puis je présente la nourriture au petit animal. Les chats adorent le poisson, tout le monde le sait. Et celui-là me le prouve bien, à voir la manière dont il dévore le petit cadeau que je lui fais. Il a réussi à illuminer toute ma journée, ça y est !

Après un moment à profiter de la chance inouïe que représente pour moi ce chat dans mes bras, je me décide enfin à adresser à Dixy certains mots que j'aurais dû lui dire depuis longtemps :

- Merci beaucoup. Pour le chat... Et le...

Ca me reprend ! Comment on dit ? Je voulais dire "le reste"... Mais quels mots utiliser ? Tant pis, je pense que je ne pourrai pas m'en sortir sans une pirouette :

- Toutes les autres choses.

Puis je recentre mon attention sur le chat. Je dois dire que je suis un peu jalouse : sans parler anglais le moins du monde, il arrive parfaitement à se faire comprendre...

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Comme une odeur de rose

« Vivez si m’en croyez, n’attendez à demain. Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. »

Cette jeune étudiante ne donnait pas l'impression d'être totalement à l'aise avec notre langue, cependant, j'avais au moins visé juste sur l'Espagnol ! Ce petit accent venait bien de là-bas ! J'en profitais pour regarder comment Monsieur le Chat se tenait dans ses bras, il avait l'air d'apprécier... Peut être que sa poitrine lui donnait un avantage, un peu comme un coussin ou un gros polochon... Enfin quelque chose de confortable ? Il faudrait peut-être que j'essaye une fois, enfin je veux dire le jour où j'aurais une copine ! Un peu perdu dans mes pensées je devais sûrement semblé bizarre de l'extérieur, du moins j'espère ne pas avoir fixé le chat trop longtemps... Il peut devenir grognon quand il s'y met !

Pendant que cette dernière me remercier sans que je ne comprenne trop les raisons, une douce odeur était venu me chatouille le bout de mon nez. Je commençais à renifler tout au tour de moins tout en plissant les sourcils.

- Tu sent ce parfum ?

J'avais beau renifler de droite à gauche, l'odeur restait la même... Mais d'où cela pouvait-il bien venir ? Hum... En baissant la tête pour réfléchir, je sentais soudainement comme un écoulement de liquide dans ma manches... J'avais finalement compris... Une fois de plus mon pouvoir se manifestait sans prévenir, la joie de savourer cette discussion avait fait fleurir une rose sur mes bracelets, et comme le veux mon pouvoir, s'est de mon sang qu'elle se nourrissait... Je pouvais voir au bout de ma manche, le rouge de mon sang qui prenait place, je tirais ma manche vers le bas pour cacher mon poignet et me tourner dos à la dame.

- Excuse moi, mais tu pourrais m'aider ? Dans mon sac il doit y avoir des bandages et une bouteille d'eau, tu peux me les sortir du sac ?

J'espérais vraiment qu'elle est comprise ce que je voulais... Malgré les odeurs douces et paisibles qui s'échappaient de mon corps et de mes poignets, je ressentais comme le besoin de hurler tellement les épines s'enfonçaient dans mon corps. Je ne pouvais m'empêcher de serrer les dents. Il me fallait un plan pour rendre ce moment moins gênant.

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Une phobie pesante

Un parfum ? Quel parfum ? Attendez... Ce ne serait quand même pas... Mes doigts se crispent dans la fourrure du chat. Oh non. Lui, il doit rester en dehors de ça, il n'a pas à souffrir à cause de ma peur maladive. Je le pose au sol tant que je maîtrise encore mes gestes. Puis, les yeux fermés, je me concentre sur ma respiration. Du calme, ce n'est peut-être que son imagination, il n'est pas nécessaire de voir de la magie partout... Sauf que je sais qu'ici, il y a de la magie partout. Et, comble de malheur, je vois sur son bras... Une fleur, qui n'y était pas avant. Non ! Au secours, faites quelque chose, quelqu'un ! Je recule de plusieurs pas. Je sais que c'est inutile, mais mettre le plus de distance possible entre la magie et moi est devenu un réflexe.

Le jeune homme se retourne. Merci, mais ça ne suffira pas à me faire oublier ce que j'ai vu. Pourquoi ça m'arrive à moi ? Pourquoi je dois me retrouver ici, avec de la magie partout ? Les larmes me viennent aux yeux, je le sens. Mais non, je ne dois pas pleurer devant tous les étudiants que je croise ! Un seul suffit amplement !

Puis j'entends sa voix. Qui me demande... De l'aide ? Non, je ne veux pas m'approcher de toi, désolée, mais tu me fais peur, maintenant ! Je sais que ce n'est pas de ta faute, tu as été maudit, toi aussi, mais... Bon. Je dois penser à autre chose, sous peine de devenir hystérique. Son sac. Mais il est toujours près de lui, depuis qu'il en a sorti le poisson pour le chat. Qu'est-ce que je dois faire ? Non, mieux : qu'est-ce que je PEUX faire ? Déjà, première chose, je ne dois pas essayer de parler. Je serre les dents. Ne pas crier, ne même pas gémir. Aucun son ne doit sortir. Ah, et ne pas pleurer non plus. J'essuie d'un geste rageur les larmes qui m'ont échappé. Je ne dois pas lui montrer ma peur. J'essaie de revenir vers son sac, mais je n'y arrive pas. Mes jambes refusent de m'obéir. Enfin, si, elles le feraient, si je leur demandait de m'emporter loin d'ici. Mais je ne veux pas.

Au prix d'un immense effort, j'arrive à articuler difficilement :

- Dé... Désolée.

Stop. Ne pas en dire plus, ça pourrait mal finir. Mais je dois l'aider, il me l'a demandé ! Son sac. Il n'est pas si loin. Allez. Un pas. Un autre. Je m'interdis de reculer. Mais, arrivée à une certaine distance, toujours trop importante pour pouvoir atteindre le sac, mes jambes flanchent. Je tombe au sol. Je sais que je ne devrais pas essayer d'aller plus loin. Mais je le dois. Que va-t-il penser si je ne l'aide pas ? Cependant, on dirait que sa simple petite fleur a établi un champ de force autour de lui, m'empêchant d'avancer. Et comme je refuse de reculer... Je suis condamnée à rester sur place. Au secours. Il faut que j'arrive à penser à autre chose, c'est presque vital ! Mais à quoi penser ? À ce qu'il m'a demandé. Les bandages. La bouteille d'eau. D'eau ? Je gémis, et ne peux pas m'en empêcher. Pas l'eau, pitié ! Elle me fait trop penser à... À moi. Même si maintenant, je suis plus liée à la glace, l'eau pourrait être dans mes cordes... Mes cordes maudites, oui !

- Non !

Je me fais du mal, à penser ainsi. J'essaie de nouveau de revenir, mais dois me rendre à l'évidence. Impossible. Allez, essayons au moins de formuler ça en anglais. Je connais bien ces mots, mais mon esprit embrouillé m'empêche de les formuler correctement :

- Je ne... Peux pas.

C'est la vérité. Je ne peux pas l'aider, parce qu'il est entouré de l'aura de magie qui m'effraie tant. J'en suis désolée, Dixy, mais tu n'es pas tombé sur la bonne personne, si tu veux de l'aide dans une telle situation. Toujours au sol, je ne peux cette fois plus retenir mes larmes, malgré ce que je voulais. Enfin si, je le pourrais... Mais je sais que ma peur panique doit s'extérioriser d'une manière ou d'une autre. Et si je ne me permets ni cris, ni larmes, ma malédiction glaciale, ma magie, pourrait prendre le dessus, et ce serait pire que tout. D'autant plus que dans la situation présente, une telle manifestation n'est pas impossible. J'ai enfermé mes émotions en moi-même longtemps, trop longtemps... J'ai peur des conséquences que cela pourrait avoir.

Comme pour confirmer mes craintes, l'eau de la bouteille que je peux voir dépasser de son sac se met à geler. Cela n'est qu'une manifestation de mon pouvoir à un niveau très faible, mais ça suffit. Je bondis en arrière avec un hurlement strident. Ma propre magie m'effraie bien plus que celle des autres. Et le pire, c'est que je suis incapable d'en annuler les effets.

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Un parfum de panique

« On dit toujours que l’on craint ce que l’on ne connaît pas. Je crois plutôt que la peur naît quand on apprend un jour ce que la veille on ignorait encore. »

Si il y a un bien un parfum que je sais reconnaître, c'est celui de la peur et des craintes... Depuis que je suis arrivé ici j'ai pu connaître quelques moments de solitude, heureusement que je pouvais toujours parler avec ma soeur qui ne cessait de me dire que tout allez bien se passer. Ma soeur... Elle me manque tellement ! Cette étudiante lui ressemble beaucoup, cette carapace fragile qu'on a peur de perturber, de casser. Je voyais le chat passer entre mes jambes et filer la queue entre les jambes sans m'adressait un regard à l'inverse de d'habitude, quelque chose ne se passait pas comme prévus, mais quoi ? Etait-ce l'étudiante ? Pourtant, je ne lui avais pas demandé la lune ? Ou peut être... Le sang ? Je me retournais pour voir ce qui se passé. Un enfant effrayait, je crois que c'est la meilleur description que je peux donner à cette situation.

De la même façon qu'un flash subvient, je repensais à ma soeur et à ses nuit d'horreur, elle était persuadée qu'un monstre avait aménagé sous son lit et attendait qu'elle dorme pour la terrifier. Ça n'arrivait pas si souvent que ça, mais quelquefois quand même. La solution à ces crises étaient toute simple, je devais la rejoindre dans son petit lit de princesse, lui parler pendant une dizaine de minute, puis les idées sombres s'en allez, peut être que ça allez aussi marché avec Soliana ? Finalement, nous sommes tous des enfants sur cette île ? Je voyais le visage terrifié de l'étudiante comme si quelque chose l'avait figé sur place. J'arrachais un morceau de mon t-shirt pour limiter le sang qui coule et décidait d'agir pour la réconforter. Je la prenais dans mes bras, comme je le faisais avec ma soeur. Je me retrouvais maintenant corps à corps avec cette étudiante encore inconnue à mes yeux il y a 20minutes de cela. L'humanité me fera toujours rire de part ces petits moments qu'on ne comprend pas. La vie nous offre des aventures auquel on ne s'attend pas, s'est à nous d'en faire quelque chose, de créer, d'imaginer et d'aider son prochain. Alors que mes bras s'étaient refermés pour la réconforter, je lui glissais quelques mots pour essayer de reprendre la situation en main. Le morceau de t-shirt suffisait à maintenant le sang et mes douleurs s'étaient calmées, comme si elle m'offrait un moment de liberté pour user de ma force autrement.

- Toi aussi la magie te fait peur ? Excuse moi... Je pense que comme beaucoup, je ne contrôle pas encore ce pouvoir. La fleur que tu as vue est un cadeau de ma soeur, elle exprime ses sentiments comme la nature le fait tous les jours, tu n'as pas à avoir peur, prend ça comme un évènement naturel qui ce mélange à l'être humain. Personne n'a peur quand une fleur grandis, personne n'a peur des épines d'une rose, personne n'a peur de voir éclore une fleur, mais lorsque l'on voit ça autre part quand dans un jardin ou un parc, cela nous semble tout de suite plus anormal. Pourtant, il s'agit bien de la même chose, mais juste dans un lieu différent, d'une manière différente.

Je continuais de parler pour soulager son stresse et ses angoisses. J'en profitais pour rouvrir les yeux pour voir si elle tremblait encore. La fleur qui s'était mise à pousser était déjà prête à être cueillis, je m'aidais de mon autre main pour la cueillir délicatement et je relâchais l'étudiante en faisant un pas en arrière.

- Elle est pour toi, accepte là comme une excuse pour ce qui vient de se passer. Moi non plus je ne suis pas fan de ce qui nous arrive, mais j'apprends à vivre avec, à fleurir la vie de ceux que je rencontre.

Sans prévenir personne. Monsieur le Chat venait de revenir prêt de nous comme si il savait que la tempête était passée.

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Doutes et rapprochements

Une étreinte, des mots réconfortants... Le tout prodigué par un étudiant rencontré il y a peu. Cette scène m'est familière. Des souvenirs remontent à la surface. Un jour de pluie, une pluie magique, m'ayant mise dans un état pire que celui dans lequel je suis actuellement. Puis un nom suit. Eiki. Eiki, Dixy. Deux noms qui se ressemblent, pour deux personnes qui agissent de la même manière, deux étudiants... Est-ce un signe ? Voulant dire que je peux faire confiance à Dixy aussi ? Je n'écoute ses paroles que d'une oreille distraite. Mes deux seules expériences avec un étudiant seul se ressemblent et se confondent. Finalement, j'ai peut-être bien fait de venir le voir.

Lorsqu'il s'éloigne, je me relève prudemment. Je tiens debout, ça va. Parfait. Je peux donc maintenant me concentrer sur ce qu'il me dit. Il m'offre cette fleur... Cette fois, c'est différent de l'épisode Eiki. Je ne sais pas ce que je dois faire, j'avance désormais en terrain inconnu, mais en même temps si familier... C'est étrange, et ça me met mal à l'aise. Il faut que ce garçon agisse exactement comme celui que j'ai rencontré avant, ou de manière radicalement opposée. Je ne peux pas affronter sereinement deux situations si proches à si peu de temps d'écart.

Je finis par prendre une décision quant à la fleur. Ne sachant pas trop si c'est la meilleure décision à prendre, je pose doucement mes mains sur les siennes pour prendre le petit végétal. Un instant, je ne dis rien, serrant ce petit cadeau vivant sur mon cœur. L'amitié est vraiment quelque chose de précieux, bien plus que cette petite rose, symbole de ce genre de sentiments. Sans lever les yeux, je réponds, un peu plus assurée, sans doute grâce à cette douceur et ces souvenirs agréables :

- Ne t'excuse pas, tu n'y es pour rien. La... Cette chose est une malédiction dont nous sommes tous victimes. Personne n'en est coupable.

Mes yeux étant baissés, je remarque soudain le chat, de retour. Tiens, c'est un signe indiscutable que tout va de nouveau pour le mieux. N'importe quel animal est plus sensible que l'humain à une atmosphère tendue. Et un chat est certainement l'être qui aime le moins les mauvaises ondes. Je souris, mais la rose, toujours présente dans mes mains, fige rapidement cela. De savoir d'où elle vient gâche tout mon bonheur. Je soupire, résignée. Je pense que je ne serai jamais débarrassée de cette peur, et encore moins de.. Du... De la malédiction à laquelle je n'arrive même pas à penser en lui donnant son nom le plus commun.

Cependant... J'étudie le petit végétal. Ses pétales, et jusqu'à ses épines, semblent bien réels... Elle ressemble à une rose tout ce qu'il y a de plus naturel... Je ne sais plus quoi en penser.

Je me baisse, et, tendant une main vers le chat, je lui demande, comme en désespoir de cause, comme s'il pouvait lire dans mes pensées :

- Tu en dis quoi, toi ?

Après quoi, je me contente de le caresser doucement sur le sommet de la tête, ne sachant plus que faire ou même que penser.

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Le calme après la tempête

« L’amitié sans confiance, c’est une fleur sans parfum. »

Ses mains étaient douce et innocente. J'avais bien compris que la peur qu'elle avait n'était pas mon sang, mais belle est bien la magie qui nous entourait. Même si mon pouvoir me volait ma propre énergie, s'était une belle chose que de pouvoir fleurir la vie de mes amis, mais il est sûr que le jour où je viendrais à me battre, ce pouvoir ne sera plus une fleur que l'on cueille, mais une fleur dangereuse... On m'a dit qu'à force de faire évoluer son pouvoir, il prend des formes différents, comme si il lisait en nous l'image que l'on lui donne. Je suis curieux de voir ça, mais pour cela il faudrait déjà s'habituer à la douleur et trouver un moyen de la surmonter. Monsieur le Chat utilisait de son félin pour réconforter l'étudiante pendant que je réfléchissais. Elle n'était pas à l'aise même si cette rose lui avait fait 'plaisir' pendant un instant. Il profitait des caresses de Soliana tout en ronronnant.

- Si tu veux mon avis, ce chat à trouver une nouvelle camarade. Attend toi à le retrouver au bord de la fenêtre de ta chambre sans que tu ne t'y attendes vraiment.

Je rigolais légèrement pour détendre l'atmosphère, cependant mon poignet saigné encore, il fallait s'en occuper. Je regardais au tour de moi et je me dirigeais vers un arbre de la cour pour m'y asseoir et mis adosser. Je prenais mon sac et fouillais à l'intérieur au risque de laisser quelques tâches. Je saisissais les bandages et j'essayais d'attraper la bouteille d'eau quand quelque chose me troubla ? L'eau de la bouteille était gelée. Je sortais la bouteille du sac et la regardais d'un aire curieux.

- C'est toi Monsieur le Chat qui a gelé ma bouteille ? Tu aurais pu me dire que tu étais capable de ça ! Pour faire les glaces à la maison s'est super utile ! Je pourrais même te faire des glaces au poisson ! Qu'en penses-tu Soliana ?

Je la regardais bêtement en lui faisant signe de me rejoindre près de l'arbre. Maintenant que les 'présentations' un peu catastrophique avait été fait, il était peut-être temps de connaître un peu plus la personne qui se trouvait en face de moi. Même si elle avait des difficultés à parler notre langue, elle se débrouillait à merveille, on pouvait noter quelques hésitations, mais tellement minime qu'on pouvait passer au-dessus.

- Soliana donc, tu es espagnol si je ne me suis pas trompé ? C'est beau là-bas ? J'y suis jamais allez... J'aurais vraiment aimé voyagé un peu partout mais bon.

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Un nouvel ami ? Pardon... Deux nouveaux amis ?

Cela me ferait plaisir de retrouver ce chat "chez moi". Cependant :

- J'habite... à l'étage d'un bâtiment pour étudiants. Je ne pense pas qu'il... Pourrait sauter si haut. Mais c'est une bonne idée !

Je regarde de nouveau le chat. Je n'ai pas cessé mes caresses, puisqu'il semble aimer ça. Et ses ronrons ont quelque chose d'apaisant... C'est alors que la voix de Dixy se fait de nouveau entendre, plus lointaine. En entendant ses paroles, je me fige. Il a fallu que "ça" prenne le contrôle sur moi, et que sa bouteille en subisse les conséquences. Enfin non, juste le contenu de la bouteille, mais c'est un peu la même chose... Et dire que je suis incapable de retransformer cette glace en eau... Ou peut-être que j'en suis capable mais ne le sais pas parce que je n'ai jamais osé essayer ? C'est possible aussi.

Mais je suis invitée à rejoindre le jeune homme sous son arbre. Cessant mes caresses, j'observe le chat, comme en quête d'une approbation ou un conseil. Je finis par soupirer. Inutile. Même s'il me répondait, je ne le comprendrais pas. Je finis par me lever et le rejoindre, pour m'asseoir à ses côtés. Laissant une impulsion, dangereuse, soit dit en passant, contrôler mes gestes, je lui prends la bouteille des mains. Puis je l'observe. Y aurait-il un moyen de faire fondre cette glace ? Je tourne la bouteille et son glaçon dans tous les sens. Etrangement, mes mains ne se font pas douloureuses au contact prolongé avec un objet aussi froid. Peut-être un... Avantage ? De ce... Cette... Ce... Ce que je considérais comme une malédiction ? Peut-être devrais-je l'étudier ?

Je sursaute. Comment ai-je pu avoir une telle pensée ? Mais je ne sais pas enlever cette glace. Je me sens impuissante, inutile. Lui rendant sa bouteille, contenant toujours un glaçon, je murmure :

- Désolée.

Puis je remonte mes genoux sous mon menton, passant mes bras autour de mes jambes, restant un moment prostrée, yeux fermés, réfléchissant. Si c'est moi qui ai provoqué cela, je devrais pouvoir l'annuler. Mais je refuse de ne serait-ce que le tenter. D'un coup, je me demande comment je peux réfléchir aussi sereinement à cela. Peut-être le fait qu'aucun évènement paranormal ne soit à l'œuvre en cet instant précis... En y pensant... Qu'est-ce que j'ai fait de la fleur que Dixy m'a offerte ? Je ne l'ai plus dans la main. Quand l'ai-je lâchée ? Je l'avais toujours quand j'ai caressé le chat... Tant pis. Ce n'est pas le plus important. Mais j'entends de nouveau la voix de mon voisin. Des questions sur mes origines... Tiens, ça faisait longtemps que personne ne m'avait posé la question. Pour ainsi dire, avant lui, seule la première personne que j'ai rencontrée à mon arrivée sur l'île m'a posé cette question. Je réalise dans le même temps que je n'ai rencontré que des hommes ou des garçons, ici. Etrange... Ma vie précédente voyait l'omniprésence des femmes, entre ma sœur, moi, et... Ma mère. Ma mère... Je l'aimais tant... Je commence de nouveau à pleurer, doucement. Mais ça suffit. Même si j'étais restée là où j'ai toujours vécu, j'aurais dû me faire à son absence.

Bon. Ouvrons les yeux. Essuyons les larmes. Et répondons. L'avantage d'avoir déjà eu cette discussion, c'est que je connais tous les mots nécessaires. Discuter n'en sera que plus facile. Tentant un petit sourire, je commence par rectifier :

- Faux. Je suis hispanophone, mais pas espagnole. Même si on ne dirait pas, je suis Sud-américaine. D'Equateur, plus précisément. Et si c'est beau... Eh bien... Je n'ai jamais quitté mon pays avant... d'atterrir ici, donc...

Une idée me traverse la tête :

- Si seulement ma sœur était toujours là... Elle voyage beaucoup, elle. Elle pourrait répondre à toutes tes questions à ce sujet.

Bon. Assez parlé de moi :

- Et toi ? D'où viens-tu ? À quoi ressemble ton pays ?

Allez, qu'il parle. Tant que je l'écouterai, je n'aurai pas à penser à autre chose qu'au sens de ses mots.

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Sous un arbre

« Qui voit le ciel dans l'eau voit les poissons dans les arbres. »

C'était plutôt agréable de profiter de l'ombre de cet arbre pour éviter le soleil, même s'il faisait bon, au Canada, il faisait toujours un peu frais, notre été ne dépassait jamais les 15-20 degrés. Quand j'y repense, le froid ne m'a jamais posé de problème, alors que la chaleur nous faisait rester à la maison. À l'inverse de l'Europe, nous étions dehors en Hiver et dedans en Été. Mon pays me manque quelques fois, on appelle ça 'le mal du pays', je l'ai lu dans un livre une fois.

- Euh moi ? Euh... Et bien, je viens du Canada, si je ne dis pas de bêtise c'est un peu plus au-dessus de ton pays vers le Nord. Toi qui vient du Sud tu ne t'y plairais sûrement pas, il fait souvent froid et il y a toujours un petit vent qui traverse le pays, c'est agréable, tout le monde à les cheveux qui s'envolent légèrement dans la rue.

Pendant que je racontais d'où je venais à cette étudiante, Monsieur le Chat était venu nous rejoindre en se posant sur mes cuisses, il m'adressa un regard du genre 'regarde, tu es en train de te faire une amie'. Ces chats... Ils sont sacrément malin. Personne ne leur refuse des câlins ou des papouilles ! On pourrait presque en être jaloux quelquefois.

- Tu m'as dit que tu avais une soeur ? Tu sais pourquoi elle voyage beaucoup ? J'en ai moi même une, mais elle n'a pas encore l'âge de voyager, elle rêve secrètement d'aller à Paris pour voir la Tour-Eiffel, plutôt amusant tu ne trouves pas ?

Je me laissais allez, je ne conservais aucun mot ni secret. Le plus difficile était de rester naturel, comme si j'étais sociable de base, alors qu'enfaîte, cela fait bien longtemps que je n'ai plus eu une conversation pareille avec quelqu'un, c'est agréable.

- Excuse moi de te dire ça mais, merci de parler avec moi. Depuis que je suis arrivé sur cette île, je n'ai pas encore réussi à trouver beaucoup de personne avec qui parler.

Je lui adressais un sourire un peu bête pour lui faire comprendre, au cas où elle n'aurait pas saisi le sens de mes mots, que j'étais heureux.

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Echange de confidences

Je souris. Ma sœur. Ma fameuse sœur. C'est un phénomène à elle toute seule. Si on ne la connaissait pas, on pourrait facilement croire qu'elle est plus jeune que moi... Du moins depuis la mort de notre mère. Mon sourire disparaît. Ma mère... Cela fait plusieurs années qu'elle nous a quittés, mais je pense encore souvent à elle. Mais cela ne doit pas me distraire ! On dit qu'il ne faut pas oublier nos proches disparus, mais cela ne doit surtout pas nous empêcher de continuer à vivre et à aller de l'avant.

Je le regarde donc :

- Mi hermana... Pardon, ma sœur... Elle voyage pour ses études, et... elle aime ça, aussi. Et pour ta sœur... Tu me le dis, ce n'est donc plus un secret, non ?

J'ai essayé de le taquiner un peu, on verra bien ce ça donnera.

Cependant, il me confie par la suite sa difficulté à rencontrer des personnes... Tout comme moi. J'ai deux amis dont lui, et c'est à peu près tout. Je n'arrive pas à lui sourire. Au final, nous nous ressemblons assez. J'observe le chat. Confortablement installé sur les jambes du jeune homme, je ne sais pas comment il s'y prend, mais il réussit à me rendre le sourire. M'approchant, je tente un geste qu'aiment la plupart de ses semblables. Lui grattant sous le menton, j'épie ses réactions. Certains chats n'aiment pas cela, je dois donc faire attention, et m'arrêter s'il donne le moindre signe d'agacement ou d'une quelconque émotion négative. Je ne veux pas l'ennuyer.

Puis, une fois certaine de ce qu'il pense de ce geste, après m'être adaptée, je lève la tête vers Dixy :

- Tu... euh...

Mince, ça me reprend ! Comment on dit ? "me crees", "tu me crois"... Comment dit-on cela en anglais ? Ah, je crois que j'ai trouvé.

- Tu me crois si je te dis que je suis comme toi... à ce sujet ? Je n'ai réussi... à me lier qu'avec toi et un autre étudiant. Seulement.

Puis je baisse la tête et cesse de caresser le chat, songeuse. J'ai quand même réussi à me lier, et pour moi, c'est beaucoup. Moi qui vivais toujours dans l'ombre de ma mère d'abord, de ma sœur ensuite pendant les rares fois où elle n'était pas en voyage, j'ai deux amis. Peu importe le fait que je sois sur cette île depuis un moment déjà, j'ai des amis, des vrais. Profitant du fait que je sois proche de Dixy, je pose ma tête sur son épaule et ferme les yeux. Puis je murmure :

- Merci.

Je sais, c'est étrange de remercier en réponse à des remerciements, mais ne suis-je pas étrange, après tout ? Et puis, après tout, je m'en moque.

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Un tête à tête.

« Il y a plus d'idées dans deux têtes que dans une. »

La dernière fois que je me sentais aussi bien, ça devait être quand j'étais avec ma soeur dans le parc à deux pas de la maison. Un coin de verdure y avait été aménagé par la ville, on y croisait tout type de personne et d'occupation. Quelques skater passaient, des hommes et des femmes qui faisaient leur jogging, les familles promenant leurs enfants, des chiens qui courraient après des balles et j'en passe. On s'y rendait souvent pour s'échapper de la maison quand il y avait du ménage à faire, on était pas très friand de passer l'aspirateur ou de ranger nos chambres, du coup on s'évadait le temps que maman rentre, puis on faisait nos tâches une fois rentré. Ma soeur et moi profitions souvent de ce moment pour manger une glace ou alors réviser nos cours. Pendant les périodes d'examens, je me couchais près d'un arbre et ma soeur venait s'allongeait sur le côté, se servant de ma cuisse comme coussin, faisant sa sieste. Ces moments me manquent un peu, mais cette étudiante, Soliana, me refait vivre cet instant. Pourquoi pas en profiter au lieu de se poser mille et une question sur le sens de nos actes ? Alors qu'elle avait posé sa tête sur mon épaule, j'en profitais pour poser la mienne sur la sienne, s'est alors que maladroit que je suis, je glissais lui tapant légèrement la tête de quoi la faire glisser jusqu'au chat qui sursauta de peur. Soliana se retrouver la tête sur mes cuisses la tête pointée vers le ciel.

- Ah ! Mais quel maladroit que je suis ! Outch, ça fait mal... Tu vas bien toi ?

Tout en lui disant ça, je me frottais la tête là où je mettais cogner et commençais à rougir. Je détournais la tête sur la droite pour ne pas sembler mal polis. En y repensant, je n'avais jamais eu de petite amie, et donc, je ne m'étais jamais retrouvé dans ce genre de situation, non loin l'idée de quelque chose de pervers, mais je ne voulais pas qu'elle croit que c'était fait exprès ou autre... Je commençais à me faire des films par peur qu'elle le prenne mal... Je cherchais au tour de moi quelque chose pour faire diversion. Hum... Réfléchis mon petit Didy... LE CHAT ! Où est donc passé le chat ? Après que Soliana était tombé sur mes cuisses, ce dernier s'était enfui derrière l'arbre attendant la fin de l'accident, je pouvais voir sa petite queue dépasser, mais pourquoi l'embêter à nouveau ? Se n'est pas MON chat après tout... En y repensant, je le nourris, il est tout le temps avec moi et je peux l'appeler comme un maître le fait avec son chien... Faudrait peut-être que je pense à le prendre avec moi... Je lui demanderais plus tard, pour l'instant profit-on du moment précis. Dixy reconcentre toi, cette étudiante est aussi gênée que toi de parler avec quelqu'un et estime toi heureux, tu parles la langue de toute l'île et même le Français si tu en as besoin. Je retournais ma tête pour regarder l'étudiante et ferma les yeux un instant pour profiter de la petite brise de vent qui venait chatouiller ses cheveux.

- Je ne sais pas où cette discussion va nous mener mais... Puis-je te demander si tu voudrais bien m'accompagner dans quelques jours à un concours de glace ? Je rêve de venir le maître des glaces de cette île !

Je rigolais bêtement en m'imaginant avec le petit vélo, pédalent dans les parcs de l'île en voyant les enfants me courir après pour avoir leur petit goûté. En voyant cette image dans ma tête je me rappelais que Soliana voulait des informations sur ma soeur.

- Pour ma soeur, elle se nomme Luna, s'est encore une petite fille, mais elle rêve de m'assistait. Elle me manque un peu depuis que je suis ici, mais pour elle je suis simplement 'partit' faire des études autre part. J'espère un jour la revoir, ou même te la présenter ?

Je refermais les yeux, plongé dans les souvenirs. Quand une petite odeur venait me chatouiller le nez, s'était le doux parfum des cheveux de cette fille.

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Une femme déboussolée

Je me sens tomber... Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? J'ouvre les yeux et laisse échapper un cri. Je ne m'attendais pas à ça, moi ! Lorsque la chute est terminée et le chat parti, Je reste un instant sans bouger, me demandant ce qu'il se passe. Puis, lorsque j'ai ma réponse, et que je remarque que je suis tombée sur lui, je me relève d'un bond et, sans trop comprendre ce que je fais, je lui tends la main pour l'aider à se relever. Mais comment j'ai fait pour tomber, d'abord ? C'est la première question que j'aurais dû me poser... et à laquelle je n'ai toujours pas dé réponse. J'avais les yeux fermés, moi, je n'ai rien vu ! Aurais-je senti quelque chose ? Non, ou en tous cas, rien qui ne justifierait une chute... Mais j'ai entendu quelque chose... Il s'excuse. Oui, mais... Cela ressemble à toutes ces excuses toutes faites que l'on sort lorsqu'on n'a pas d'autre recours... Autant dire que ce n'est pas du tout crédible. Toujours debout, je le regarde de haut, à deux doigts d'être méprisante :

- Tu n'aurais pas pu faire attention ? La maladresse... cela me semble mal placé de la mettre ici. ne serais-tu pas en train de te chercher des excuses ?

Mais pourquoi je suis si agressive, moi ? Peut-être qu'il était sincère, et que cette excuse mille fois réutilisée n'était que la manifestation de son désarroi ? Peut-être qu'il est aussi perdu que moi, et que cela l'empêche de réfléchir assez pour faire preuve d'originalité ? Mais pourquoi donc ai-je cette impression de mots artificiels ? Qu'est-ce que je crois, qu'est-ce que je pense ? Je suis perdue ! Je tombe à genoux, ployant sous le poids de mes questionnements.

Et ensuite, le voilà qui discute comme si de rien n'était. Je ne peux pas lui répondre, et contente de fixer sur lui mes yeux emplis d'incertitude. D'autant plus que la glace... Depuis la mort de ma mère, je ne veux plus en entendre parler. Que dois-je lui dire ? Est-ce que je le considère seulement encore comme un ami ?

- Je... Je ne suis... plus sûre de rien...

Je sens monter des larmes de désespoir. Pour une fois, je ne cherche pas à les retenir. Elles coulent doucement, sans un sanglot. Comme si on me versait simplement de l'eau sur le visage. Cédant à un instinct, cette fois, c'est moi qui le prends dans mes bras. Je m'accroche à lui, en fait. Je veux continuer à le voir comme un ami, qu'importe ce qu'il fait ! Mais j'essaie de m'en convaincre plus qu'autre chose.

- Je refuse de me laisser submerger, je veux que Dixy reste un nom rassurant, je veux... je veux...

Je ne sais plus quoi dire, mais je continue de parler, mélangeant l'anglais et l'espagnol, créant mon propre spanglish, disant des mots sans queue ni tête, seulement pour parler. Ce simple fait me semble me faire extérioriser toute cette confusion, et ça m'apaise... Un peu. C'est déjà mieux que rien, mais je peux au moins tarir la source de mes larmes. Relâchant un peu mon étreinte, j'arrive à retrouver assez d'énergie et de raison pour le regarder et lui adresser quelques mots :

- Excuse-moi... Mais j'ai douté de toi. Et je ne veux pas recommencer.

Cependant, je ne peux pas le lâcher complètement. Pas encore. J'ai besoin de soutien.

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Un soucis ?

« Douces ou amères, les larmes soulagent toujours. »

Maladroit, s'est un adjectif utilisé pour définir des personnes comme moi qui ne sont pas très doués avec leurs mains ou leurs façons de faire... Cette maladresse m'aura coûté les larmes d'une fille, une jeune fille que je viens tout juste de rencontrer et avec qui je me plais à discuter. Comment réagir face à ceci ? Je ne l'avais pas fait exprès ni même vue quelque chose de pervers ou autre, je ne suis pas encore assez vieux pour faire ce genre de choses... Je me retrouve le dos contre l'arbre, Soliana en larme et un sentiment de gêne. Il faut que je la réconforte ! Je viens passer mon bras derrière sa tête pour mieux la maintenir.

- Un nom rassurant tu dis ? Et bien... Si je te proposais de devenir 'ami' ? 'Amigo' ? Je crois que c'est comme ça qu'on dit dans ta langue.

Luna serait heureuse de savoir que ma première rencontre était une fille comme Soliana. Il est clair que cette jeune fille garde un passé lourd en elle et qu'en plus de sa magie qu'elle n'apprécie pas, elle est encore moins sociable que je ne le suis... Cela pouvait-il vraiment exister ? Ou est-ce plutôt mon travail qui finit enfin par être récompensé ? Cela doit bien faire une bonne heure que l'on discute et j'ai déjà l'impression qu'un certain lien s'est créée entre nous deux, c'est une fille agréable, je n'aurais pas pu mieux tomber ! En attendant la réponse de Soliana, je laisse échapper un sourire.

- C'est monsieur le Chat qui va être content si je me fais enfin une nouvelle amie.

A force de parler avec ce Chat, j'en avais presque oublié le rapport humain, ces échanges d'émotions, de geste, de toucher. C'est agréable et réconfortant. Alors que nous discutions, le soleil commençait doucement à montrer la fin de son cycle. Le ciel devenait doucement rouge en annonçant la fin de la journée. Cependant, deux autres personnes allaient doucement se manifester. Mon estomac et le chat, tout deux commençaient à avoir faim. Il faut dire que travailler ouvre l'appétit, mais que pouvions-nous bien manger ce soir ? Le frigo était encore vide comme toujours et il me restait juste encore quelque poisson pour le chat, de quoi le caler jusqu'à demain, le temps pour moi de faire quelques courses.

- Avec toutes ces émotions que tu as, tu n'as pas envie de manger un morceau ?

Et pourquoi pas un repas entre ami pour conclure cette fin de journée ? J'avais encore de quoi l'inviter et un appétit assez grand pour manger les restes si il y en a... Oui parce qu'à force de manger avec Luna, j'ai pris l'habitude de manger le reste des assiettes des autres, à force de me faire ces yeux de biches quand le serveur était sur le point de le jeter, j'ai compris qu'il ne fallait pas gâcher la nourriture... Ah ces filles... Être Gentleman est parfois difficile, mais c'est comme ça qu'on devient un homme apprécié par ses proches, ses amies et sa femme. J'étais bien déterminé à inviter Soliana manger un morceau en ville, il ne restait plus qu'à attendre son approbation.

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Naissance d'une amitié

Il me propose de... Devenir amis ? Ah bon ? Parce qu'on ne l'était pas déjà ? Ou alors, j'étais la seule à la penser ?

- Oui, c'est ça qu'on dit. Et je te voyais déjà comme un ami, tu sais.

Il laisse un peu de temps durant lequel ne règne qu'un silence si parfait que je n'ose pas le briser. D'autant plus que je ne saurais pas quoi dire... Je reste un instant sans bouger, méditant les derniers évènements depuis que nous nous sommes rencontrés. Pourquoi est-ce que j'ai pris la mouche comme ça, tout à l'heure ? Est-ce que toutes mes amitiés commenceront ainsi, avec une période durant laquelle je blesse la personne sans le réaliser sur le moment, en m'en voulant encore plus après cet instant ? Fermant de nouveau les yeux, je laisse retomber ma tête, essayant de mettre au clair ce qui m'a poussée à être si désagréable, cette fois. Et je ne trouve aucune raison.

Réalisant que mes larmes coulent toujours, je les essuie. N'avais-je pas réussi à les arrêter, il y a encore quelques instants ? Quand est-ce qu'elles sont revenues ? Bon, peu importe. Rouvrant les yeux, je les fixe sur le ciel orangé. C'est si beau...

Mais Dixy brise la magie de l'instant en parlant. Je le regarde, réprobatrice, avant de fixer de nouveau mes yeux sur le ciel, le lâchant cette fois vraiment. J'aime les couchers de soleil, malgré le nombre restreint de ceux que j'ai pu voir. L'Equateur possède une façade maritime, mais ma ville d'origine est loin de la mer. Et il est évident que c'est là-bas qu'il y a les plus beaux couchers de soleil.

Me relevant, je m'éloigne un peu, en quête d'un meilleur point de vue. Une fois que je l'ai trouvé, je m'installe, profitant du spectacle. Ce n'est que lorsque l'astre du jour a presque disparu que je reviens vers mon tout nouvel ami :

- Désolée, je profitais d'un instant rare. Donc... Pour manger... Tu veux qu'on y aille ensemble, c'est ça ?

Je souris.

- En tous cas, merci pour tout. Je ne sais pas ce qui m'a pris... Enfin, c'est du passé ! Où veux-tu qu'on aille ? Il devrait rester deux-trois petites choses chez moi, si tu veux.

Je me doute bien que ce n'est pas ce qu'il voulait dire. Mais pourquoi ne pas proposer ? Je n'ai jamais invité personne, alors, ce serait peut-être un bon moyen de sceller notre amitié, non ? Cependant, je n'ai pas à prendre la décision toute seule. À partir de cet instant précis, tout dépendra de ce que dira Dixy.

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Invitation Surprise

« Nulle table ne peut remplacer le partage d'un repas simple orné d'une touche d'amitié. »

Alors qu'elle savourait le coucher du soleil, j'entendais mon estomac qui continuait à grogner, décidément je suis un vrai estomac sur patte... J'imaginais déjà les bonnes grosses assiettes du restaurant pas loin de mon studio, les bonnes nouilles du chef accompagné de quelques sushis pour le plus grand plaisir de mon ventre. J'allais de nouveau dépenser une belle somme dans ce plat, mais bon, c'est un sacrifice qui ne mais pas trop désavantageux alors autant en profité. Soliana se retournait vers moi quand elle me proposa de venir dîner chez elle... UNE INVITATION ?! D'UNE FILLE ?! QUE FAIRE ?! J'étais en panique ! Ma tête ne savait que répondre tant dit que mon corps laissait apparaître un homme bouche bée avec des joues qui commençaient à rougir. J'essayais de réfléchir à une réponse, mais je ne savais plus quoi faire ? Je me demandais plein de choses idiotes comme 'est-ce que j'ai brossé les dents ?', 'comment va-t-elle réagir quand elle va voir que je ne sais pas me tenir à table ?', 'aurais-je assez mangé ?', 'comment me conduire comme un gentleman ?'. Alors que je sombrais dans le chaos de mes réflexions, Monsieur le chat venait à se repointer à mes pieds, une patte sur ma chaussure et tout en regardant Soliana avec un grand sourire accompagné de ces petites moustaches.

- Miaouh.

Je reprenais mes esprits et descendait les yeux pour voir cette petite bête prendre la décision par lui même... QUEL PETIT MONSTRE ! Il savait qu'il allait aussi pouvoir en profiter, ils sont rusés ces chats ! Ceci dit, je me retrouve maintenant nez à nez avec une invitation acceptée... Il va falloir faire preuve de politesse, de respect et surtout être un minimum gentleman, enfin c'est surtout pour bien se tenir... Je ne sais pas manger en famille, le nombre de fois où ma mère a tapé sur la table pour me remettre dans le droit chemin. 'Didi Tes coudes !', 'Didi ! Mange correctement !, 'Didi ! Fini ton assiette !'. Bon pour le dernier il faut dire que s'était tout de même rare, s'était surtout pour les plats réchauffés... J'ai horreur de ça... Pour moi la cuisine se mange après avoir été cuisiné ! On y ressent encore toute l'odeur de la cuisson, tout l'amour de la cuisinière, tous les arômes qui pétis dans la bouche. Un plat déjà cuisinait est un plat déjà épuisait ! À force de me poser autant de questions, je laissais devant moi Soliana sans vraiment de réponse, mise à part celle du chat.

- Euh... Et bien oui ? Je suppose ? Comment te dire... Je suis un grand mangeur et je ne sais pas me tenir à table... Mais ton invitation me touche vraiment ! C'est juste que je ne veux pas... Euh... Dérangé ? Oui je pense que c'est le bon mot

Je criais dans ma tête 'MAIS OUI BIEN SÛR QUE JE VEUX VENIR !', goûter la cuisine de quelqu'un d'autre, ça me donnera des idées de plat pour le soir et puis on a toujours bien mangé chez nous et puis elle n'est pas très loin et c'est une fille ! Toutes les filles savent cuisiné ! Il faut que je me lance. J'attrape le chat que je mets dans mon sac la tête dehors, l'enfile sur le dos et me retourne vers Soliana.

- Je te suis !

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Nostalgie en cuisine

Il est tout gêné, c'est si attendrissant !

- Aucun problème ! Je te l'ai proposé, ça ne me dérange donc pas !

Je suis sur le point de poursuivre, quand je le vois mettre le chat dans son sac... Euh, d'accord... J'ai l'impression qu'il est en cage. Je crois donc que je n'ai plus qu'une chose à faire : les guider rapidement chez moi, pour que le félin retrouve un minimum de liberté. Récupérant moi-même mon sac, je le guide, sans un mot.

Nous arrivons rapidement. Dès que j'ai refermé la porte derrière nous, je fixe Dixy, réprobatrice :

- Maintenant, fais-moi le plaisir de le libérer !

Un chat ne se met pas en cage, voyons ! Ce genre d'animal est fait pour une vie en liberté, d'autant plus qu'il est impossible de domestiquer ces animaux-là. Cependant, dès que je le vois explorer mon lieu de vie, je retrouve ma bonne humeur. Me dirigeant vers le salon, je dépose mon sac en invitant Dixy à en faire autant. Puis j'entre dans le vif du sujet :

- Pour une fois que j'ai un... invité, j'ai envie de cuisiner ! J'y vais donc. Fais ce que tu veux pendant ce temps. Tu peux visiter, ou fouiller dans mes affaires pour trouver une occupation, comme tu veux ! Je n'ai rien à te cacher, tu peux m'emprunter ce que tu veux. Ou alors, peut-être que tu peux aussi m'aider en cuisine ?

Je souris, puis continue avec un clin d'œil :

- Je pourrais avoir besoin d'un goûteur !

Je suis sur le point de tourner les talons sans attendre de réponse, quand le téléphone fixe que j'ai réussi à m'installer sonne. Mince, qu'est-ce que je suis sensée faire dans cette situation ? D'abord, voir qui appelle. Ma sœur... Je la connais, si je ne réponds pas, elle va s'inquiéter, imaginer des tas de scénarios tous plus horribles les uns que les autres... Tout en décrochant, je m'adresse à Dixy, gênée à mon tour :

- Désolée... Je ne peux pas ne pas répondre.

Puis je m'adresse à mon aînée :

- ¿ Si ?

- Salut, hermanita ! Comment va ?

Je reste un instant figée. Quoi ? Je n'ai pas rêvé ? Elle m'a bien dit un unique petit mot espagnol ? Mais je la connais, la conversation se fera donc en anglais, puisqu'elle l'a décidé.

- Depuis quand tu me parles en anglais ?

Je l'entends rire. Bien sûr. J'avais oublié sa fâcheuse manie de toujours me taquiner. Pourtant, elle m'appelle tous les jours, comment ai-je pu l'oublier ?

- Il faut que tu travailles, demoiselle !

Elle a pris un ton si professionnel et réprobateur que j'ai envie de raccrocher. Et je ne me gêne pas pour laisser transparaître mon agacement dans ma voix quand je reprends :

- Désolée, mais je n'ai pas le temps pour des cours. J'ai un invité, et j'étais sur le point de lui faire la cuisine ! Alors...

Elle me coupe, visiblement intéressée :

- Oh, mais je peux t'aider !

Raté. J'ai raté ma prise de congé. Je ne sais pas comment l'arrêter maintenant. Non. Plus exactement, je ne sais même pas si je pourrai seulement l'arrêter. Méfiante, je poursuis tout de même :

- Comment tu comptes t'y prendre ?

- Dis-moi tout ce que tu as de comestible chez toi ! Ah, et avant... Tu sais ce qu'il aime, ton ami ?

Aïe. La question qu'il ne fallait pas poser. Je le regarde, interrogative. Mais il ne peut pas savoir ce que je lui demande si je ne parle pas. Bon. Jouons la franchise :

- Non. Je n'ai pas pensé à lui demander.

Je peux presque la voir lever les yeux au ciel. Elle doit se dire que je suis décidément bien tête en l'air. Pour le coup, je ne peux pas la contredire...

- Très bien, alors, dis-moi juste si tu as de quoi faire notre plat à toutes les trois ?

- Toutes les trois ?

Qu'est-ce qu'elle veut dire ?

- Oui ! Tu le sais, réfléchis deux minutes !

Toutes les trois, toutes les trois...

- Non, je ne... Ah, en fait, attends !

Je viens de me souvenir de quelque chose. Toutes les trois, les deux filles et la mère, nous aimions, de temps en temps, chasser notre père de la maison, chargeant ses amis de l'occuper, pendant que nous occupions la cuisine... Notre mère avait baptisé ce plat, de notre création, en clin d'œil à cette partie d'amusement entre filles que constituait sa préparation :

- "Secreto de mujeres" ?

- Bingo ! Et en entrée et dessert, sers-lui quelque chose de léger, du type salade ou fruits.

- Bonne idée ! Je ferai les deux ! Il ne pourra qu'aimer !

Je suis sur le point de raccrocher, quand elle me retient :

- Attends ! N'oublie pas de ne prendre que la moitié des quantités que nous utilisions ! Nous étions quatre, d'accord, mais là, vous ne serez que deux ! D'autant plus que, si je me souviens bien, tu ne manges pas beaucoup, le soir.

Mais comment j'ai pu ne pas y penser ? Elle a raison, quand elle dit que je suis tête en l'air, en fait !

- Merci. J'allais ne pas le faire...

- Je te connais ! Allez, à demain, tu me diras ce qu'il en aura pensé.

- Oui !

Je raccroche, heureuse. Moi qui avais peur de ne pas savoir quoi faire, je suis fixée, maintenant. Revenant vers Dixy, je déclare :

- Changement de programme ! Ne m'aide pas à la cuisine, je préfère que tu ne me voies pas... Et puis, l'homme de la maison était dehors, quand nous préparions ce plat. La gent masculine doit en ignorer la recette !

J'ai des allures de gamine malicieuse quand je m'éloigne, caressant le chat au passage, avant de m'enfermer dans la cuisine. Une fois là, je prends un moment sans rien faire. Je n'en ai rien dit à ma sœur, mais préparer toute seule quelque chose d'aussi sophistiqué me fait peur. Je n'ai jamais vraiment cuisiné seule. Et comme nous avons inventé cette recette à nous trois, les femmes de la famille, elle n'existe dans aucun livre de cuisine. Nous ne l'avons même pas écrite, j'entends encore ma mère nous conseiller en riant de ne la confier qu'à nos propres filles, si un jour nous en avions. Ma mère... Toujours adossée à la porte, je me laisse doucement aller à pleurer. Elle était la douceur incarnée, toujours là pour rendre service ou remonter le moral. Depuis sa mort, ma sœur essaie de la remplacer, en tant qu'aînée, mais c'est impossible. Ma mère était ma mère, et ma sœur est ma sœur. Elle ne peut pas changer de rôle. Son caractère lui-même ne s'y prête pas. Ma mère est la seule personne au monde que j'aimais vraiment, et que j'admirais. Comment faire face à ma vie sans elle ? Je n'ai jamais vraiment réussi. Et maintenant, je devrais lui voler sa recette ? Je sais bien que ce n'est pas le cas, mais j'en ai l'impression...

Je pleure encore un long moment, avant de finir par me relever et me lancer dans la préparation, noyée dans mes souvenirs. Je vois presque ma mère et ma sœur se matérialiser à mes côtés, alors que j'effectue les gestes tant de fois répétés. L'instant le plus douloureux est celui où je me vois contrainte de répéter les actions toujours réservées à ma mère de son vivant. Mais je dois le faire ! Pense à Dixy comme tu pensais à ton père ! Pense à lui, dis-toi que c'est pour lui que tu le fais ! C'est ça que nous disait notre mère au sujet de la cuisine. Ne penser qu'à notre recette et à la personne ou aux personnes à qui le résultat de notre labeur est destiné. D'après elle, cela nous permettrait de mettre plus de cœur à l'ouvrage, et de ne rendre la préparation que meilleure. On verra bien. Je dois oublier ma mère, juste le temps de préparer tout ça. Il le faut !

Tant bien que mal, j'en viens à bout. Cela a duré tout juste une demi-heure. Mais je n'ai pas le cœur de préparer mes fruits, pas tout de suite. Les fruits et légumes, c'est ma propre spécialité, ce sera vite fait. Mais j'ai du temps, la cuisson est longue. Je terminerai toute cette préparation plus tard. J'ai besoin de sortir de cette pièce.

Ne voyant pas vraiment ce qui se passe autour de moi, car ne revenant que lentement à la réalité, je trébuche sur le chat, qui passait par là.

- Oh, pardon !

M'asseyant sur le siège le plus proche, je prends le chat et le pose sur mes genoux, le caressant pour me faire pardonner. Il n'a même pas réussi à me faire revenir totalement à la réalité. Je suis dans les vapes. Soudain, j'ai une pensée, qui me sort immédiatement de ma torpeur. Dixy ! C'est que je l'ai oublié ! Quelle piètre hôtesse je fais ! La voix encore incertaine, j'appelle :

- Dixy ? Désolée de t'avoir abandonné.

Invité

Une belle vue

« Le champ est le maître, l’homme est son invité. »

Le chat dans le sac et Soliana qui guide mes pas, je suis son chemin jusqu'à son domicile. Sur le chemin, je ne peux m'empêcher d'imaginer cette dernière en tenue de cuisinière avec une cuillère en bois en train de goûter les différents plats tout en affichant un sourire de réussite. Alors que nous arrivions devant sa maison, j'entrais pour découvrir les lieux, mais elle m'interrompa assez vite pour me demander de libérer le chat, la manière dont elle me l'avait demandé me prouvé bien qu'elle n'aimait pas ce moyen de transport, pourtant si elle savait le nombre de fois où ce petit monstre si était glissé par lui même... petit coquin. Soliana m'invita à me joindre à elle dans le salon pour y déposer mes affaires, le chat était sortit du sac et était déjà en train de faire un tour du domicile. Je déposais mon sac et mon gilet dans un coin du canapé. Elle me proposa de fouiller dans ses affaires... Sans trop comprendre cette invitation plutôt particulière je rigolais, elle me proposa ensuite de faire le goûteur puis poursuivait sa demande avec un clin d'oeil qui me fit rougir d'un coup... Quand soudainement le téléphone de Soliana sonna et au vu de son visage ça devait être quelqu'un d'important puisqu'elle devait y répondre, je lui fis un signe de la main pour lui dire de ne pas s'inquiéter. J'écoutais la discussion tout en m'asseyant sur le canapé pour regarder au tour de moi, en écoutant la convesation, j'avais bien compris que cette personne et elle parlait de moi... J'étais comme gêné, cette situation inconnue à mes yeux me faisaient un peu peur.

- Bon bon bon... Que faire en attendant ?

Je me relevais du canapé et je me dirigeais vers une fenêtre de l'appartement, je déplaçais les quelques objets qui étaient au rebords et j'ouvrais la fenêtre pour y inspirer un grand bol d'aire frais ! Je posais mes deux coudes sur la bordure et y posa ma tête tout en profitant de la vue. Je fermais les yeux quelques instant pour essayer de me reprendre en main quand elle raccrocha puis me dit de ne pas l'aider en cuisine. Elle partit s'enfermait dans sa pièce d'alchimiste en me laissant ici, comme un grand, libre à moi-même. Etant un peu fatigué de la journée je me posais sur le canapé en profitant du filer d'aire qui s'échappait de la fenêtre jusqu'à moi. Je me laissais allez en lâchant mes nerfs et en posant ma tête contre le canapé comme pour m'y relaxer. Cela faisait tellement du bien d'être confortablement assit que je m'y laissais prendre en jeu en fermant les yeux comme pour y annoncer une sieste... Sauf que j'oubliais que j'étais le Lucky Lucke du sommeil. Cinq petites minutes et me voilà plongeait dans un léger sommeil relaxant le temps qu'il faut pour que Soliana prépare le repas. J'étais curieux de voir comment notre hôtesse allez venir me réveiller et puis sans réponse de ma part j'imagine bien qu'elle viendra voir ce qui se passe.

Invité

Une paix contagieuse

Tiens, un clin d'œil malicieux comme ça le gêne ? C'est mignon, un garçon aussi sensible ! Mais je ne dois pas réagir, tout simplement parce que je ne sais pas comment réagir. Je préfère me plonger dans la conversation avec ma sœur, puis dans mes activités suivantes.

Lorsque je l'appelle après tout cela, je suis prise au dépourvu. Pas de réponse. Où est-il donc passé ? Mon logement n'est pas si grand, il aurait dû m'entendre ! Déposant le chat sur le sol, je me lève... Et retrouve le garçon juste derrière moi, su le canapé, endormi. On croirait que c'est lui l'hôte et moi l'invitée, dans une telle situation. Mais je n'ai pas le cœur de le réveiller. Il veut dormir, très bien. Le repas n'est pas encore prêt, je peux le laisser se reposer entre-temps. M'absentant un moment, je vais chercher un drap, dont je le couvre en revenant, après l'avoir allongé.

- Ce sera sûrement mieux comme ça.

J'ai l'impression de m'occuper d'un enfant, ça me fait très étrange. En effet, j'ai toujours été la plus jeune, dans la famille. Mais le voir, ainsi, détendu, me fait oublier la douleur de mes souvenirs. Il a vraiment l'air d'un enfant, actuellement. Un jeune enfant, apaisé dans son sommeil... Ce spectacle m'apaise moi aussi.

Un frisson détourne soudain mes pensées. La fenêtre. Elle est ouverte... Sûrement l'œuvre de Dixy... Bon, ne râlons pas, pas cette fois... Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour ses invités ! Je n'aime pas le froid, en temps normal. Il me rappelle trop... ça. La glace.

Ne sachant pas vraiment quoi faire en attendant le moment de poursuivre avec la cuisine, je promène mon regard sur le décor désormais familier et rassurant. Mes yeux croisent alors ceux du chat... Et j'ai une idée.

- Attends-moi, s'il te plaît, je reviens.

Réalisant que me suis accroupie près du canapé lorsque j'observais Dixy, je me relève puis vais chercher dans la cuisine une bouteille de lait et un bol. Puis je reviens déposer la boisson devant le félin.

- Voilà. Désolée, je n'ai rien d'autre que tu pourrais aimer.

Puis je me rassieds là où je me trouvais plus tôt, observant mes deux invités, l'un dormant, l'autre lapant. Quelle paix dans ce tableau ! En les observant, j'ai l'impression de partager un peu du bonheur que, l'un comme l'autre, ils dégagent. Je devrais inviter des amis plus souvent, tiens ! Oui, enfin... Encore faudrait-il avoir d'autres amis proches. Ce qui n'est pas gagné...

Mais ! Je ne peux pas penser à autre choses qu'à ce qui me fait souffrir ? Pour éviter de penser, je retourne en cuisine. C'est parti pour ce que je sais le mieux faire ! Cette fois, je ne respecte pas la recette d'origine. Après tout, c'est moi qui le fais, non ? Autant y mettre ma touche personnelle !

De nouvelles minutes passent, après lesquelles je retourne dans la pièce principale, ayant terminé toute la préparation. Ne reste plus qu'à attendre et surveiller. J'en profite pour récupérer le bol du chat, désormais vide. Au passage, je lance un coup d'œil en direction du dormeur. S'est-il réveillé seul ou devrai-je me résoudre à l'y forcer ? Je n'en ai aucune envie. Qu'il passe la nuit ici s'il le veut, mais cela me gênerait de le déranger...

HRP :

» Dixy Bleak [Finish]
» Un bar qui tape et pas que au crâne [pv: Dixy Bleak]
» Tu me changeras les idées, c'est déjà çà. (pv Dixy)
» Ibi Nori (EN COURS)
» Albafica Alries [5% En cours]