Tous les héros ne portent pas de cape ○ Gio

Suite à la série de patrouilles durant lesquelles je n’avais trouvé aucun malfaiteur, j’avais décidé d’adapter ma technique. Je ne me contentais plus de marcher dans la rue selon un parcours convenu à l’avance. Maintenant je prenais un peu de hauteur et faisais en sorte de rester dans l’ombre. J’avais compris que les types mal intentionnés savaient repérer les types comme moi. Et puis il faut dire que je porte une sorte d’uniforme qui dit assez clairement “si je te prends sur le fait je te casse la gueule.” Ca aurait dû me paraître évident, mais il faut dire que je suis toujours un peu en rodage.

Et si vous vous demandez ce que j’entends par “prendre de la hauteur”, j’entends me hisser dans les arbres ou sur les toits des bâtiments à un ou deux étages. Je ne sais pas voler et je ne voudrais pas me blesser en essayant de partir après un malfrat. Ce soir je m’étais trouvé un perchoir à Kousha. La cité scolaire était animée et les étudiants pouvaient constituer des proies faciles. C’est ainsi que sur le toit de la supérette où je me trouvais, je vis un type un peu louche percuter une dame. Cette dernière sembla se faire interpellé par une jeune fille aux cheveux presque blancs, cette dernière désignant le pickpocket du doigt. Elle avait l’oeil décidément.

Avant que le voleur de porte-feuilles ne s’enfuit avec son butin, je m’élançais pour atterrir avec style juste devant lui, lui barrant la route. Le dos bien droit, légèrement de profil et mon masque bien en face de son visage, je pris la parole en parlant assez fort pour être sûr qu’il m’entende au milieu du bruit de la foule.

“Halte là, tu vas être un gentil garçon et rendre son bien à la dame.”

En général, ce genre de speech ne fonctionnaient pas sur les mecs que je prenais en flagrant délit. La plupart tentaient de s’enfuir, et certains,  enorgueillis par le don que nous semblons tous posséder ici, décident de se battre. Sauf que la plupart des petites frappes ne maîtrisent pas ce pouvoir mieux que moi, ou du moins il n’y a pas une marge suffisante pour compenser ma maîtrise des arts martiaux.

L’autre avantage de mon costume était que lorsque les gens me voyaient intervenir auprès d’un délinquant, ils avaient le bon réflexe de s’écarter et de faire place nette. Ca évitait un paquet de prise d’otage qui auraient pu me compliquer la tâche, et ce soir encore ça avait été le cas. Les seules personnes qui se trouvaient à proximité étaient la victime ainsi que la jeune filles aux cheveux blonds qui avait perçu le vol. J’étais aux aguets, prêt à fondre sur le sale type s’il essayait de s’en prendre à ces deux demoiselles.

Bien évidemment, le voleur n’avoua pas son délit et se permetta même le luxe de me menacer. Ca, j’aurais pu lui confirmer que ça allait mal finir, surtout s’il essayait de passer en force. Heureusement, la jeune demoiselle témoin du vol prit la parole et l’accusa de mentir. Autant ma parole pouvait facilement être remise en question puisque je semblais débarquer de nulle part, faisant mon cirque le tout dans un ton un peu théâtral, mais la petite blonde, elle avait tout vu et se trouvait là depuis le début. Sans parler du fait qu’elle avait déjà essayait d’attirer l’attention de la victime.

Bref, lorsque la victime confirma le vol après avoir retourné ses poches, le malfrat prit la fuite via une rue non loin. Me lançant à sa poursuite, je faisais en sorte de ne pas le perdre de vue. Il allait vite et devait connaître le terrain. Dans ces moments-là, je comprenais toute l’utilité de pouvoir frapper à distance. Il fallait vraiment que je développe mon don mieux que ça si je veux être efficace.

J’entendais deux paires de pieds courir derrière moi, certainement la victime et le témoin. Je leur aurais bien dit qu’il ne fallait pas me suivre mais les gens n’écoutent jamais ce que je leur dis. Je devais mettre un coup de collier si je ne voulais pas le perdre. Avec une explosion sous mes semelles et l’élan approprié, j’arrivais à hauteur du fuyard et parvenait à le frapper dans le bas du dos. Il s’étala de tout son long tandis que j’atterrissais dans une roulade qui me permit de me remettre sur les jambes rapidement.

Je me mis face à lui et repris mon souffle après cette course poursuite dans les ruelles. Il se releva mais j’étais déjà en garde, lui bloquant le passage et prêt à bondir s’il tentait une nouvelle fuite.

“Bien, tu vas arrêter de courir maintenant et me donner ce que tu as voler. Et si tu ne veux pas coopérer je te frapperai jusqu’à ce que je récupère le portefeuille. Si tout est clair pour toi tu peux maintenant me donner ce que je demande.”

Même en restant courtois je n’étais pas sûr qu’il obéisse. Et en même temps je ne suis pas sûr que son butin suffise pour risquer l’affrontement. À moins qu’il ne se sous-estime grandement et pense qu’il peut me rouler dessus facilement.