"Échec et Mat" [PV Serena]

Ces derniers jours avaient été étranges, mais surtout douloureux. Malgré ses fautes, sa belle s'entêtait à suivre le cours de leur vie, comme si rien ne s'était produit. Thea en était agacée, elle ne pouvait supporter le déni de l'élue de son coeur. Rubis ne lui adressait plus la parole, son cadet non plus. Il n'avait d'ailleurs pas hésité il y a quelques heures à lui envoyer quelques noms d'oiseau qu'il avait certainement appris après son réveil. La Rouge avait tout détruit. Sa petite amie, même si elle le dissimulait bien derrière ses sourires, la complicité avec son familier, mais également les efforts qu'elle avait fourni jusque-là pour retrouver cette relation fusionnelle avec Ethan. L'ironie du sort aurait voulu que quelqu'un lui balance au visage un 'Échec et mat'.

La chasseresse s'était terrée dans son appartement, passant le plus clair de ses journées à cogiter, sans rien faire. A sa manière à elle, elle dépérissait. Elle se punissait. Elle méditait sur ce sentiment de malédiction qui se faisait de plus en plus fort depuis cette révélation qu'elle avait faite à Serena. Ce sentiment qu'elle avait oublié grâce à elle. Cette théorie n'était sans doute pas si fausse qu'on pourrait le croire. La boutique de la Rose Rouge restait fermée alors que, pour la première fois, Thea ne s'occupait plus de ses précieuses fleurs. A quoi bon ?

Concernant Abel, elle ne l'avait pas revu. Elle n'avait guère non plus répondu à ses nombreux appels répétés. Elle ne voulait pas lui faire face. Elle ne voulait pas lui entendre dire qu'il était désolé. Après tout, le motard n'était pas dans son état normal lorsque tous deux avaient fauté. Non, en réalité, elle était la seule à avoir fait une erreur, puisque Tihana l'avait quitté depuis quelques temps. Si elle voulait l'oublier, pourtant, elle n'y parvenait pas. Il lui arrivait de se remémorer cette nuit, sans le vouloir, comme pour la torturer un peu plus.

Et ce soir, ce n'était pas des appels qu'elle recevait de son acolyte, mais des SMS, laissant sous entendre qu'il était parti de saouler quelque part. Après ça, elle balança son téléphone à l'autre bout de son lit pour de nouveau reporter ses pupilles argentées sur le plafond qui n'avait pourtant rien de fascinant. Elle soupira, clignant des paupières. Serena serait bientôt de retour, et une nouvelle fois, elle tenterait de discuter de leurs problèmes que celle-ci ne voulait pas voir.

« Bon comme d’habitude Serena c’est à toi de tout ranger. Avant de t’attaquer à la cuisson de la viande d’autruche essaie déjà de maîtriser celle d’un bon vieux steak de bœuf ! » Une partie de la classe riait aux éclats, Anastasyia la rivale de Serena aimait bien lui rappeler sa supériorité. Depuis quelques temps la Russe avait pris un ascendant non négligeable sur l’Américaine qui n’arrivait plus à rien. Plus aucun de ses repas n’étaient capable de faire la différence, les cuissons étaient trop approximatives, le choix des épices mauvais. Personne n’en voudrait ! Comment allait-elle pouvoir gérer le repas de mariage de Lilith et Oliver comme ça ? Ce serait tout bonnement impossible !

Serena était désormais seule dans la salle de classe possédant les meilleurs équipements possibles avec son sourire de façade. Elle inspecta la table de sa partenaire de travaux pratiques afin d’y ranger les casseroles et autres ustensiles. Ce n’était qu’une heure plus tard, une fois que toutes les tables brillaient que la petite blonde quitta la salle de classe et son école. Comme à son habitude la jeune femme s’arrêta dans un petit magasin pour prendre de quoi faire à manger pour le soir et ce serait le même repas que la veille et l’avant-veille et les autres jours depuis quelques temps : des coquillettes avec une tranche de jambon. Habituellement elle s’entrainait avec ce qu’elle avait appris à l’école mais comme elle ne réussissait plus rien de bon, autant rester aux fondamentaux. De plus même ses pates elle les trouvait trop ou pas assez cuites !

C’était donc lessivée avec un gout amer de défaite dans la bouche que Serena pénétrait à l’intérieur de la boutique de la Rose Rouge. A cette heure la boutique était fermée et la blondinette se stoppa quelques instants respirant l’odeur des plantes. Elle n’avait parlé à personne des petits problèmes personnels qu’elle rencontrait actuellement avec Théa, même sa sœur aînée n’était pas au courant et ne le serait jamais. A quoi bon faire des histoires ? Il s’était passé ce qu’il s’était passé et personne ne pouvait rien y faire. Le plus important était qu’elle avait pardonné à la Rouge et qu’elle allait se battre pour garder sa petite famille durement acquise. Se sentant presque reboostée rien qu’à cette pensée elle monta les marches pour arriver à l’appartement. Tout était calme en comparaison à son école, trop calme selon elle. 

Serena laissa tomber son sac dans l’entrée avant de déposer les commissions sur le plan de travail de la cuisine. Pas besoin de mettre la viande au réfrigérateur puisqu’elle comptait cuisiner tout de suite et comme ça elle pourrait se mettre rapidement au lit. Et pas besoin d’appeler Ethan ou Rubis non plus, ils verraient bien ce qu’ils auraient dans leurs assiettes en temps voulu. Attrapant une casserole qu’elle remplissait d’eau, l’ancienne sans abri alluma le gaz pour la mettre à chauffer. Elle s’appuya quelques secondes sur le rebord du plan de travail, se massant la tempe. Pourquoi avait-elle l’impression que tout allait toujours de travers depuis quelques temps déjà ? Pourtant tout devrait aller…. 

« Je devrais dire à Lilith que je ne suis pas la personne qu’il lui faut pour son mariage…. » Se murmura-t-elle à elle-même. Pourtant elle ne répondait même plus aux messages de son amie tatoueuse, c’était comme si quelque chose l’en empêchait. Et le pire c’est qu’elle savait très bien qu’en agissant de la sorte elle risquait de perdre le peu d’amies qu’elle avait. Elle secoua soudainement la tête : « Non ma priorité c’est Théa. Dommage si elle ne comprend pas. » 

Elle recula pour pénétrer dans le salon et se laissa tomber dans le fauteuil, soulagée de pouvoir enfin se poser quelques instants. Serena se sentait de plus en plus fatiguée, ne s’expliquant pas sur cet état de fatigue plus que prononcé. 

« Ouf ça fait du bien de se poser. »

Des bruits de pas signifièrent à la Rouge que Serena était désormais rentrée. Il était impossible qu'il s'agisse de son cadet qui découcherait certainement pour la nuit. Elle ne réagit pas tout de suite, posant son regard sur son familier qui s'éclipsa vers le salon à l'entente de la porte qui s'ouvra. Soupirant, Thea reporta son attention vers le plafond. Elle en avait pourtant marre de ce plafond. Alors, pourquoi passait-elle son temps à le regarder ainsi ? Au bout de plusieurs minutes, elle se redressa, ses iris argentés se posant sur sa porte de chambre. Elle n’entendait plus aucun bruit provenant de l'autre pièce.

La chasseresse se releva, munie d'un mini-short noir et d'un débardeur rouge, ses couleurs de prédilection. Ouvrant silencieusement la porte, elle constata que sa petite amie était confortablement installée - pour ne pas dire affalée - dans un fauteuil. A l'observer ainsi, Thea y décela une fatigue pesante, certainement émotionnelle, certainement par sa faute. Rubis était assise devant la blonde, comme si elle semblait vouloir la protéger de sa maîtresse.

*Elle t'a parlée depuis ce soir-là ? Je la comprends plus ...*

Mais la belle auburn n'eut aucune réponse. Simplement un miaulement avant que la chatte ne bondisse sur les genoux de Serena en ronronnant comme un moteur de cylindrée. Thea détourna le regard. Son animal de compagnie ne semblait pas prête à lui pardonner ses fautes. Alors, elle ouvrit la bouche, cette fois pour s'adresser à la belle à la crinière dorée.

"Qu'est-ce qui a ? T'as passé une mauvaise journée ?

Sortant de l'ombre, la Rouge s'avança vers elle, ignorant un feulement du félin au pelage de jais avant qu'elle ne descende de son perchoir. C'était comme si Thea était porteuse de la peste ou de toute autre maladie à éviter. Soupirant de désespoir à la réaction de Rubis, elle finit par reporter son attention sur sa petite amie, posant une main sur son front.

"T'as pas l'air fiévreuse ? Tu te sens mal, Serena ?"

« Coucou toi » S’exclama Serena en réponse au miaulement du petit familier. Voir Rubis était pour ainsi dire comme un rayon de soleil pour elle. Théa n’était pas dans les parages et voir une petite bouille familière faisait toujours un bien fou. Elle flattait le petit animal de multiples caresses quand elle sursauta devant l’intervention de sa petite amie.

« Ah tu m’as fait peur. » Répondit-elle alors que son sourire se faisait encore plus radieux. Théa était là et bien là. Il ne fallait que sa présence pour que l’américaine se sente mieux. Toutefois l’attitude de Rubis qui cracha sur sa maitresse ne plaisa pas à la blonde qui ne manqua pas de le lui faire savoir. « Rubis ! » Serena lui adressait un regard sévère avant de se lever et de déposer un petit baiser sur les lèvres de la belle fleuriste tandis que celle-ci posait sa main sur son front. Toujours tout sourire l’apprentie cuisinière secoua la tête.

« Non simplement fatiguée, dure journée mais vous voir toutes les deux suffit à me rebooster. »

Sans attendre une seule seconde supplémentaire, elle se nicha dans les bras de sa petite amie voulant profiter de son étreinte. Pour recoller les morceaux, pour que Théa souhaite rester avec elle Serena devait faire tout son possible pour lui montrer à quel point elle l’aimait. C’était à cause de son manque d’affection, de ses bouderies dignes d’une gamine sur le fait que Théa chassait le soir. Peut-être même était-ce parce qu’elle s’entendait bien avec Ethan ne laissant pas la place à la Chasseresse ? Quoi qu’il en soit, peu importe les erreurs Serena allait faire tout son possible pour y remédier.

« Et toi ta journée ? » Elle marqua une pause hésitante « Tu sais ça ne me dérange pas si tu veux chasser de nouveau…. Je pourrais d’attendre avec ton repas ou même t’accompagner ? »

La petite blonde ouvrit alors les paumes de ses mains afin de laisser s’échapper quelques brumes ténébreuses montrant ainsi son pouvoir à sa petite amie. Elle dirait sans doute non, c’était même plus que probable mais quand bien même elle verrait toute la bonne volonté dont Serena faisait preuve.

La belle auburn referma ses bras autour du corps de sa petite amie. Malgré sa culpabilité, elle ne pouvait s'en empêcher. Elle l'aimait et ne pouvait se résoudre à lui refuser ces attentions qu'elle initiait. Thea ferma les yeux tout en flattant sa crinière des blés. Comment peux-tu encore m'enlacer après ce que je t'ai fait ? Une question qu'elle se posait à chaque étreinte. Refoulait-elle ses rancoeurs ? Se forçait-elle ainsi pour ne pas songer à ses aveux ?

"La routine, il ne s'est rien passé de particulier."

Forcément, c'était ce qu'il se passait lorsqu'on ne mettait pas un pied dehors, lorsqu'on renonçait à toute activité. Ses iris d'argent se pose que Serena lorsque celle-ci mentionne les chasses de la native. Pourtant, elle connaissait l'identité de son coéquipier désormais, celui avec qui elle avait fauté. Aussi proposa-t-elle même de l'accompagner. Observant distraitement les ténèbres produites par les mains de sa belle, elle secoua la tête.

"Hors de question. Ca te mettrait en danger et puis ... Ces hommes que je piste ... que je pistais ... Sont des criminels aguerris. Crois-moi, Serena. Tu ne veux pas voir, ni même savoir ce qu'il trame." Elle marqua à son tour une pause, l'air sérieux. "Et de toute façon, c'est terminé, la chasse."

Thea devait s'y résoudre. Même si elle crevait d'envie de poursuivre ses recherches afin de se venger de l'agresseur de son cadet. C'était à cause de cela, qu'elle en était là avec la blonde. Si elle n'avait pas suivi Abel, rien de tout cela ne serait arrivé. Elle avait été aveuglée par sa soif de vengeance. Ce qu'elle pouvait regretter ... Et pourtant, la chasseresse aurait voulu aller jusqu'au bout. Et il fallait reconnaitre qu'elle éprouvait une certaine inquiétude pour son partenaire qui tentait de la joindre en vain.

"Tu prépares quoi de bon pour ce soir ?"

La belle auburn n'avait trouvé que cela pour changer de sujet. Elle comptait malgré tout en reparler au cours de la soirée, pour tenter de convaincre Serena à se livrer à elle. Car elle en était sûre, quelque chose n'allait pas chez elle, et elle ne pouvait être que la responsable.

"Sinon, je peux m'en charger. Comme ça, tu peux te reposer un peu avant de passer à table ?"

Serena voulait faire des concessions, lâcher un peu de leste pour sa petite amie espérant ainsi sauver son couple. Elle venait même de proposer de l'accompagner durant les sorties nocturnes. Peut-être qu'une activité de ce genre pourrait rapprocher les deux jeunes femmes comme elle avait pu rapprocher Théa et Abel.... Non l'américaine ne devait plus penser à ce genre de chose sinon elle irait droit dans le mur. Elle devait se montrer forte pour tout son entourage et ne pas craquer. Elle avait cette désagréable impression qu'il ne manquait qu'une toute petite chose pour que Théa décidé de la laisser tomber. Quelque chose dans l'atmosphère ou un truc du genre. Quoi qu'il en soit c'était en train de la dévorer de l'intérieur sans qu'elle ne s'en aperçoive. Elle pensait souvent à ce qu'elle ferait si elle se retrouvait toute seule, sans Théa et il n'en ressortait jamais rien de bon. La blonde décida de ne pas insister pour l'instant bien qu'elle savait que les dernières chasses de sa petite amie étaient très importantes. 

"Mince le repas !" Qu'est-ce qu'elle pouvait être étourdie ces derniers temps ! A trop cogité elle se loupait à l'école et même maintenant pour faire ne serait-ce que quelques pâtes. Sans prendre le temps de répondre à la Rouge Serena se précipita en direction de la cuisine manquant de trébucher. Une fois devant la casserole bouillante et fumante devant elle dont le contenu débordait elle coupa instinctivement le gaz manquant de s'ébouillanter à cause de l'eau renversée. Puis cherchant comment faire pour tout nettoyer elle attrapa la casserole de sa main droite et se brûla.

"Aie !" S'exclama-t-elle avant de voir sa main rougie qui gonflait à vue d’œil. Même des pâtes elle n'y arrivait plus. C'était comme si elle faisait un blocage involontaire avec la nourriture. C'était le même cinéma à l'école où Anastasiya était désormais la seule numéro une au sein de la classe. A ce rythme elle allait se faire virer c'était une certitude! Déjà que l'admission était très difficile et sélective. 

La demoiselle au pouvoir des ténèbres restaient donc là, la main blessée devant la gazinière sans aucune réaction. Théa allait à coup sûr lui faire une remontrance pour sa maladresse. Si seulement la Rouge avait été plus présente par le passé, elle aurait bien vu de quoi sa petite amie était capable en cuisine.

La rouge vit Serena se précipiter dans la cuisine, manquant de se casser le portrait sur le chemin. Elle soupira, posant les yeux sur son familier qui ne daignait toujours pas lui adresser la même parole, ni même la moindre attention d’ailleurs. La blonde avait royalement ignoré sa proposition. Certes, un repas n’était pas suffisant pour son mea culpa, mais c’était un bon début, non ? Et puis, cela leur permettrait peut-être de discuter toutes les deux, trouver des solutions. Ce que Thea voulait, était simplement entendre les rancœurs de sa petite amie, pour que toutes deux puissent avancer dans la bonne direction. L’entente du plainte mit tous ses sens en alerte alors qu’elle se précipitait vers la cuisine.

« Serena ? Ca va ? »

Ses pupilles de métal se posèrent sur sa main rouge et enflée. Elle grimaça à la vue de cette brûlure et s’approcha doucement d’elle, attrapant avec précaution sa main avant de l’attirer par les épaules vers l’évier. Elle ouvrit l’arrivée d’eau, mesurant la température avec son doigt avant de laisser glisser la main blessée de la jolie blonde sous celle-ci.

« Fais pas cette tête, ça arrive à tout le monde de se brûler. Surtout que je te sens très distraite ces derniers jours. Pardonne-moi, tout est ma faute, j’en ai bien conscience.»

La rouge continue à maintenir sa main sous l’eau afin de la soulager au mieux. Elle savait que ce manque d’attention en cuisine était bien loin de ressembler à Serena, à l’accoutumée si appliquée dans sa passion. Elle savait que quelque chose clochait. Et ce quelque chose était certainement la tromperie de la chasseresse. Afin de faire preuve du plus de tact possible, elle réfléchit à ses paroles.

« Ecoute-moi jusqu’au bout, s’il te plait. Ca te ressemble pas, Serena, de te brûler comme ça. Et puis, d’habitude, tu te donnes à cœur joie pour tester ce que tu apprends à l’école. Je sens que tu perds pied. Je ne veux pas que tu compromettes ton avenir dans la cuisine à cause de moi. Tu peux me parler, tu sais ? Peut-être que … ça t’aiderait ? »

Elle finit par attraper un torchon propre et coupa l’eau pour essuyer délicatement la main de sa petite amie. Attrapant son visage d’ange entre ses mains, elle posa son front contre le sien.

« Serena, tu comptes pour moi et je me pardonnerai jamais de te voir te détruite à cause de moi. Alors s’il te plait … Parle-moi … »

Son don s'était envolé, elle n'était plus capable de cuisiner. Serena n'arrivait même plus à cuir un simple plat de pâtes. Enfin techniquement il s'agissait simplement de faire bouillir de l'eau elle n'avait même pas encore eu le temps d'y ajouter les pâtes ! La catastrophe ! L'apprentie cuisinière loupait tous ses examens et comme son école était très sélective elle était à deux doigts de se faire virer et devait passer des rattrapages moyennant finances. D'ailleurs elle était presque à sec et demander de l'argent Théa, surtout en ce moment n'était pas une option pour elle. Elle était donc là, le regard dans le vide en se tenant la main quand Théa arrivait derrière elle. 

Serena se laissa faire appréciant secrètement la petite attention dont la Chasseresse faisait preuve à son égard. Dans ces moments où Théa était aux petits soins pour elle la blondinette se sentait très bien, aimée et protégée. Elle grimaça légèrement sous la douleur tandis que sa petite amie tentait de la consoler. Ça arrivait à tout le monde ? D'accord mais ces dernières semaines cela arrivait beaucoup trop souvent malheureusement. Elle se mettait dans une situation délicate à l'école et à la maison Ethan ne partageait même plus les repas. ll ne devait plus pouvoir voir les plats de pâtes de Serena en pâture pour découcher aussi souvent. 

"Non c'est pas ta faute voyons. C'est juste que j'ai du atteindre mes limites en cuisine c'est tout. Même des pâtes c'est devenu hors de ma portée." 

Elle esquissa un sourire un peu résolue sur sa future situation professionnelle. Sa mère avait raison quand elle a décidé de couper les ponts avec elle, bien qu'elle l'avait dit sous le coup de la colère vis-à-vis d'Elena elle l'avait dit... elle ne ferait jamais rien de sa vie si elle quittait le domicile. Qu'allait-elle faire plus tard ? Elle n'allait pas pouvoir rester au crochet de Théa....

"Parler de quoi ? Tout va bien ma puce. Je te jure. C'est juste une mauvaise passade et tu sais bien que je ne peux pas reproduire des repas de l'école ici si de base je n'y arrive pas là-bas." Théa enchaina rapidement tout en essuyant la main de Serena qui cherchait quoi lui répondre afin qu'elle comprenne définitivement que tout allait bien. 

"Toi aussi tu comptes pour moi et je peux te promettre que tout va très bien. Je suis juste fatiguée. Tu peux demander à Rubis si tu ne me crois pas, je l'ai bien vu me suivre tout le temps. C'est toi qui lui a demandé non ?"

Atteindre ses limites en cuisine ? Jamais la rouge n'aurait cru entendre ça de la bouche de sa petite amie. Depuis son entrée à l'école, elle ne faisait que se surpasser encore et encore. Malgré ses propres absences, c'était une chose qu'elle avait remarqué chez Serena. Jamais, elle ne semblait abandonner. Elle le sentait, cette bonne odeur de nourriture lorsqu'elle rentrait tardivement de ses chasses. Souvent, chacun avait terminé son assiette, n'en laissant pas une miette. La jolie blonde ne faisait que nier tout en bloc sous le regard de la chasseresse qui tentait au mieux de ne pas s'agacer de cette naïveté. Mais une chose la fit réagir.

"Quoi ? Rubis te suit ? C'est quoi cette histoire ?" Thea s'éloigna pour rejoindre le salon. "Rubis ! Viens ici. Tu suis Serena ? Pourquoi tu fais ça ?"

Le regard de métal de la jeune femme se posa enfin sur son familier qui sortait de l'ombre. Elle savait qu'elle n'était jamais loin. Elle avait tout entendu lors de ses aveux, d'où le fait qu'elle ne lui adresse plus la parole depuis ce jour. Mais à cet instant, tu t'accroupis, croisant les bras sur tes genoux en la fixant.

*C'est sérieux Rubis. Qu'est ce que tu as appris en la suivant ? Je sais que tu ferais pas ça pour le plaisir. Dis-moi ! C'est pas de moi dont il s'agit cette fois, mais d'elle ! Alors si tu veux l'aider, dis mois ce que tu sais.*

*Ce qu'il y a ? C'est que depuis tes bêtises, elle n'arrive plus à rien, elle n'est plus concentrée sur ce qu'elle fait. Elle rate ses examens et est à deux doigts de se faire renvoyer. C'est ta faute Thea. TA faute !*

Et la chatte au pelage de jais se détourna d'elle après avoir déballé ses révélations qui ne furent pas réellement une surprise pour la Rouge. Cela ne faisait que confirmer ses doutes. Elle se redressa pour rejoindre la demoiselle à la crinière des blés, attrapant ses mains tout en l'observant d'un air sérieux.

"Je n'ai jamais demandé à Rubis de te suivre. Elle l'a fait parce qu'elle s'inquiète pour toi. Il se passe quelque chose à l'école en ce moment ?"

Soupirant, Thea s'approcha un peu plus d'elle, pensant qu'elle avait plus besoin de réconfort que de réprimande à cet instant. Glissant une main sur sa joue, elle posa de nouveau son front au sien. Fermant les yeux, elle lui vola un tendre baiser.

"Serena. S'il te plait. Dis moi ce qu'il t'arrive. Cesse de nier le fait que je sois responsable de tout ça. Je peux encaisser, tu sais. Je préfère que tu me dises tout ce que tu as sur le coeur, plutôt que de te voir remettre ton avenir en cause. S'il te plait, j'le vois bien que ça va pas ..."

Oui Serena avait bien remarqué que la petite chatte au pelage ébène la suivait régulièrement et avait pensé fort logiquement que c'était à la demande de Théa. Or la réaction de la chasseresse laissait penser le contraire. Et si Rubis avait agi de son propre chef ? Et pourquoi ? L'américaine n'avait pas vraiment de tord dans cette histoire hormis bien évidemment le fait d'avoir bouder sa petite amie au sujet de ses chasses nocturnes. La petite blonde ouvrait alors de grands yeux ronds quand Théa partit très rapidement demander des explications au familier. "Attends j'ai dû me tromper..." Trop tard la fleuriste avait déjà changé de pièce pour se confronter à la petite boule de poil. Encore une erreur aujourd'hui pour l'apprentie cuisinière qui espérait que Rubis ne lui en tienne pas rigueur. 

Théa revenait déjà très rapidement d'un pas décidé du salon pour attraper les mains de sa petite amie. Serena grimaça et eut un léger mouvement de recul, la douleur au niveau de sa main étant toujours bel et bien présente ce que Théa avait dû oublier. Elle apprenait donc que Rubis effectuait cette surveillance uniquement parce qu'elle s'inquiétait pour elle à son plus grand étonnement. 

"Mais qu'est-ce que vous avez tous à vous inquiétez ? Mademoiselle Ciara, toi et maintenant Rubis... Je ne suis plus la gamine insouciante qui vivait dans la rue. Et pour l'école c'est qu'une passade je vais réussir je travaille dur pour ça et tu le sais non ?" Après cette argumentation Serena faisait de son mieux pour offrir à Théa son plus beau regard afin de la rassurer. 

Entre temps Théa lui avait offert un tendre baiser dont elle avait le secret pour le plus grand plaisir de la blondinette. Lorsque sa copine faisait preuve de tendresse ça avait le don de la rassurer. Toutefois la Rouge revenait déjà la charge demandant à Serena de se confier. Pourtant elle n'avait rien à dire aussi la jeune femme décida d'être le plus honnête possible. 

"Ma puce... je te promets que je t'ai pardonné. Je ne vais pas nier que ce n'est pas douloureux lorsque j'y pense mais je veux aller de l'avant pour tout ce que l'on a construit alors fais moi confiance s'il te plait." Elle se cala dans les bras de Théa en ajoutant : "Je vais travailler encore plus dur pour l'école tu verras et puis si je n'y arrive pas ce n'est pas bien grave puisque mon avenir c'est toi. Nous deux et cette petite famille." 

Elle ferma les yeux quelques instants profitant de l'étreinte surprise qu'elle avait initié.

Une gamine insouciante qui vivait dans la rue. C'était peut-être de cette manière là que Thea la voyait réellement. Elle la voyait vulnérable, fragile. Etait-ce un tord de le penser ? Elle n'avait pu s'empêcher de céder à son envie de la dorloter, de lui offrir un baiser. C'était une chose dont elle s'abstenait pourtant ces derniers jours, pensant qu'elle n'en était plus digne. La Rouge écouta les mots de la belle à la crinière dorée. Elle tentait de la rassurer, répétant qu'elle lui avait pardonnée ses erreurs. Elle ne put échapper à cette étreinte spontanée à laquelle elle répondit pourtant.

La chasseresse soupira, la serrant un peu plus fort contre elle avant de déposer un baiser sur son crâne, au milieu de ces mèches des blés. Elle lui accordait un instant de répit, bien que la conversation n'était pas terminée. Elle se sentait si indigne de confiance désormais, qu'elle ne voulait pas être le centre de tous les projets de sa petite amie. Car elle ne savait pas de quoi demain était fait. Posant son menton contre sa tête, elle ferma les yeux à son tour.

"Serena. Je ... Je t'aime."

Des mots que la native n'avait pas proposé depuis plusieurs jours. Mais cette fois, elle en avait envie. Elle avait envie de lui dire, de la rassurer. Lui confier que malgré les événements récents, c'était elle, l'élue de son coeur. Elle ne voulait pas se pencher sur cette inquiétude qu'elle ressentait pourtant pour Abel, elle ne devait pas s'en préoccuper, c'était mal. Elle finit par la relâcher, la prenant par les épaules avant que son regard ne glisse sur sa main brûlée.

"Pardon, si je t'ai fait mal. Je suis parfois trop brute ..."

La belle auburn marqua une pause. Il était vrai qu'elle avait sans doute saisi ses mains un peu trop hâtivement sans penser à sa brûlure. Elle était beaucoup trop impulsive, pour beaucoup de choses, elle en avait bien conscience.

"Serena. Ne dis pas que c'est pas grave. Ta passion est très importante, tu ne peux pas vivre uniquement pour moi. Je t'ai trahie, je ne mérite pas que tu me consacres toute ton énergie. Je ne veux pas te rendre malheureuse et je suis sûre que ta formation compte énormément pour toi, alors n'abandonne jamais. Ne me place pas au premier plan. C'est un vrai sourire que je veux voir sur ton visage, pas simplement des expressions qui ont pour but de me rassurer sur ton état."

Ce qui était certain là maintenant tout de suite c’était qu’elle l’aimait également. Elle l’aimait d’un amour tel qu’il lui était possible de tout endurer pour elle. Peu importe les douleurs, les moqueries ou autres, tout ce qu’il comptait à Serena c’était d’avoir Théa près d’elle. C’était ce qu’elle avait voulu lui dire en parlant de son avenir, qu’elle s’en moquait de son école mais la Rouge ne semblait pas de cet avis. La cuisine était secondaire car pour elle la priorité c’était Théa et leur petite vie familiale. Rien n’était supérieur à sa petite fleuriste. Elle ouvrit la bouche, cherchant ses mots avant de finalement déclarer :

« Mais Théa… c’est ce que je pense. J’ai encore mon libre arbitre non ? Tu passes toujours ton temps à te rabaisser alors que pour moi tu es une personne magnifique qui mérite que l’on s’intéresse à elle. Tant que tu seras près de moi je serais heureuse je peux te le promettre. » Elle marque une pause affichant un beau sourire. « Tu ne le trouves pas sincère mon sourire ? » Elle se colle à elle. « Et si je te montrai dans la chambre à quel point je t’aime ma puce ? »

Serena vola alors les lèvres de Théa pour un baiser nettement plus poussé que les précédents tandis que ses mains voyagèrent furtivement sous son débardeur. Rompant le contact elle ajouta, un sourire aux lèvres : « Que dis-tu de sauter le dîner ? On pourrait passer au dessert non ? » La jeune femme venait mordiller la lèvre de sa petite amie, joueuse, espérant qu’elle accepte son invitation pour le moins intime.

Lui voler son libre-arbitre ? Non, c’était loin d’être son intention. Et pourtant, il semblerait que son insistance en prenait le chemin. Thea baissa les yeux, un peu honteuse. En réalité, c’était comme si elle ne se pardonnait pas elle-même. Alors, elle cherchait à tout prix la rancune chez sa belle, qui, d’après elle, était inexistante. Tout ceci relevait de l’incompréhension totale pour elle. La Rouge lui en aurait voulu, à l’inverse, elle en était certaine. Qu’avait-elle fait pour mériter autant de clémence de la part de sa petite amie ? Elle ne pensait pourtant pas être exceptionnellement douée dans le rôle de conjointe. La chasseresse plantait son regard métallique dans le sien, y décelant une sincérité à toute épreuve. Serena poursuivait ses éloges à son encontre. Pourquoi ? Mais pourquoi ?

Si elle avait bien du mal à la comprendre, la native fut tout de même touchée par ses paroles. Alors, c’était aussi simple que cela ? On efface tout et on recommence ? Ses prunelles argentées s’évadèrent un instant avant de venir se poser de nouveau sur la bouille d’ange qui lui faisait face. Se résignant à insister, un léger sourire ourla ses lippes.

« Si … Sincère et … magnifique. »

Ce compliment, aussi rare peut-il être, avait franchi ses lèvres sans qu’elle n’ait le temps d’y réfléchir. Mais Thea le pensait vraiment. Après tout, cette demoiselle aux traits si fins, au sourire si réconfortant, elle en était tombée amoureuse. Ses petites manies, sa manière de parler, tout ce qui la constituait, tout ce qui faisait d’elle ce qu’elle était, avait poussé la belle auburn a éprouvé bien plus que de l’amitié, jusqu’à se jeter dans la gueule du loup. C’était pourtant une chose qu’elle ne se permettait pas, par le passé.

La chasseresse, désormais attendrie par cette petite nymphe enfantine, rougit à l’approche de celle-ci. Lui lançant un regard tendre et énamouré, elle sourit un peu plus d’un air amusé alors qu’elle accueillait ses lèvres avec entrain. Son cœur s’emballait, ça lui faisait un bien fou de la sentir contre elle. Embrasser sa belle était finalement une chose qui l’apaisait, qui lui faisait oublier ses fautes au moins l’ombre d’un instant. Serena n’était pas comme les autres, elle était spéciale aux yeux de la Rouge. Ses mains baladeuses lui arrachèrent quelques frissons au contact de sa peau alors que peu à peu, Thea cédait de nouveau à ce charme irrésistible selon elle.

Une seconde proposition … enfin, la même métaphorée différemment et sa lèvre inférieure fut prise d’un délicat assaut. Un instant inerte, la belle auburn s’approcha un peu plus d’elle, passant une main sur sa joue, se noyant dans l’océan de ses yeux avant de clore ses paupières pour engager un nouveau baiser des plus tendres, à en couper le souffle. Elle l’aimait tellement, sa jolie Serena. Elle ne voulait pas se séparer d’elle. Et si … elle pouvait se racheter auprès d’elle ? Et si … elle pouvait se permettre de tout oublier, réellement ? Rompant le baiser, en manque de souffle, elle la contempla encore une fois, l’affaire de quelques secondes avant de se nicher dans son cou, déposant quelques baisers taquins, savourant son parfum délicat. Ses dents se plantèrent avec délicatesse dans sa peau alors qu’elle lâcha un petit rire.

« Moi aussi, je sais mordre ma belle. »

Peut-être qu’en aguichant la Rouge cette dernière allait lui lâcher un peu la grappe. Serena en était persuadée, elle était sincère et aussi elle ne voulait pas passer la soirée à rabâcher à sa moitié qu’elle ne mentait pas. L’apprentie cuisinière était sûre d’elle, de ce qu’elle ressentait bien que comme elle l’avait avoué un peu plus tôt y repenser faisait très mal. Savoir que l’on a été trompé, pour la troisième fois consécutive de surcroît, n’était pas plaisant. 

La petite blonde ferma les yeux appréciant ce contact si particulier. Elle avait l’impression que cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas eu le droit à une attention si particulière. L’étreinte de Théa était si enivrante qu’elle était bien capable de lui faire tourner la tête.  Et pour couronner le tout, la petite fleuriste se prenait au jeu puisqu’elle ne tarda pas à venir planter ses crocs pour la taquiner. 

« Je sais. » Chuchota-t-elle à son oreille en guise de réponse avant que ses mains baladeuses ne viennent dégrafer son soutien-gorge. Cette fois elle ne disait rien, un simple regard malicieux sur son visage et elle tourna les talons les bras croisés derrière son dos. 

A l’aide d’une démarche langoureuse elle avançait vers la chambre du couple tout en ôtant progressivement ses vêtements. Serena avait commencé ainsi par son haut puis elle avait fait glisser sa jupe pour quitter ensuite ses sous-vêtements une fois devant la porte de la chambre. Elle se retourna alors lentement prenant une pose ayant pour seule vocation d’allumer sa petite amie.

« Il fait froid non ? Tu voudrais bien me réchauffer ? »

La blondinette arbora une petite moue tout en posant son index sur ses lèvres avant de s’éclipser dans la chambre prenant soin de bien refermer la porte derrière elle. Impatiente de voir sa petite amie la rejoindre, elle se plaça sur le lit, allongée sur le côté tout en gardant la porte dans son champ de vision espérant que Théa accepte sa proposition. Car depuis cette fameuse soirée où Théa avait avoué son adultère les deux jeunes femmes n’avaient plus eu le loisir de profiter des plaisirs charnels ensembles…..

Thea avait cette impression qu’elle ne l’avait pas touchée depuis une éternité. Sa belle au creux de ses bras, la Rouge s’en donnait à cœur joie, comme si rien ne s’était passé entre elle. Elle croquait sa peau, l’apaisant ensuite de baisers tendres. Ce chuchotement qui fit sourire la chasseresse fut suivie de la libération de sa poitrine, flottant désormais dans son débardeur carmin sans aucune retenue. Le regard de sa belle empli de malice ressemblait bien à ce qu’elle lui connaissant. Elle était sincère, elle n’en doutait pas. Et elle se déroba à elle alors que la native la laissait faire.

Ses iris métalliques ne la quittaient pas des yeux. Serena était si belle, si grâcieuse. Elle la dévorait du regard alors que peu à peu, elle se séparait de chacun de ses vêtements. Inconsciemment, la belle auburn se mordit la lèvre devant ce spectacle envoûtant et délicieux. L’amour amenait à la luxure. Ce fut donc dans une traînée de vêtements que la jolie blonde la provoqua une énième fois, arrachant un nouveau sourire à la fleuriste.

Mais à peine avait-elle quitté son champ de vision que ce sourire s’effaça, que l’atmosphère lui sembla glaciale. Elle soupira silencieusement, jetant un œil à ce félin au pelage de jais qui la fixait. *Me regarde pas comme ça, Rubis …* Elle n’en reçut aucune réponse alors qu’elle approchait lentement de la porte de cette pièce qui était leur chambre. Elle posa une main sur celle-ci, comme si ce pan de bois lui donnerait toutes les réponses qu’elle souhaitait.

Ai-je le droit ?

Thea se mordit encore la lèvre. Elle en avait envie. Elle lui manquait tellement. Et sa belle était prête à tourner la page. Oui, elle en crevait d’envie. Sentir la douceur de sa peau, l’euphorie de l’avoir près d’elle. Mais c’était comme si une ombre planait au-dessus d’elle. Une ombre du nom d’Abel. Elle inspira, ferma les yeux avant d’ouvrir la porte, se présentant à cette jolie nymphe aguicheuse qu’elle ne quittait pas du regard.

Refermant la porte derrière elle, la Rouge fit glisser son short. Puis, avec lenteur, elle ôta son haut avant de faire glisser les bretelles de son soutien-gorge. Enfin, elle se débarrassa de son dernier rempart de tissu. Elles étaient égalité, désormais. L’obscurité dissimulait les restes d’hématome qu’elle pouvait avoir à l’abdomen. Elle adressa un sourire timide à son amante, lui lançant d’une petite voix.

« Salut toi … »

Thea s’avança vers elle, rejoignant le lit pour se placer au-dessus d’elle tout en saisissant ses douces lippes avec tendresse. Sa langue s’ajouta bien vite à l’échange dans une danse lente mais néanmoins sensuelle. Elle voulait lui faire plaisir, lui prouver à quel point elle l’aimait malgré tout. Relâchant ses lèvres, elle s’allongea à son tour sur le côté pour lui faire face, glissant une main dans ses mèches dorées avant d’à nouveau l’embrasser avec plus de passion. Ses doigts parcouraient désormais ses courbes avec douceur, comme si elle était de porcelaine. Prise de passion, Thea finit par se coller à elle, corps contre le sien, se laissant emporter dans de nombreux et doux échanges amoureux.

PNJ Sadique a écrit:

Lancer d’1d6 :
1- Le familier de Serena apparait pour la première fois
2- Harley vient chercher Théa
3- Abel appelle sur le téléphone de Théa
4- Abel, alcoolisé, tape à la porte de la boutique
5- Ethan rentre
6- Rien ne se passe

Le membre 'Thea E. Reed' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

---

'Dé 6 faces' : 1

Serena espérait vraiment que Théa passe le seuil de cette porte. C’était comme s’il s’agissait d’un test, d’une nouvelle étape pour surmonter cette épreuve que le destin avait placé sur leur chemin. Les deux jeunes femmes n’avaient plus eu de relation charnelle depuis ce fameux soir où la blonde avait appris qu’à cause d’elle tout était à refaire. Et elle comptait bien se rattraper ! Prenant une pose aguicheuse, elle attendait, son palpitant tambourinant contre sa poitrine de voir Théa et enfin cette fameuse porte s’ouvrit. Cette porte pourtant si anodine signifiait beaucoup pour l’américaine qui la voyait comme une métaphore. La porte fermée signifiant son avenir avec Théa… mais une fois ouverte c’était tout autre chose qu’elle pouvait voir désormais.

Avec envie Serena regardait sa petite amie se débarrasser de ses vêtements, un à un et avec une lenteur exagérée. Théa voulait jouer… et c’était une bonne chose pour elles deux. Cela voulait dire que tout allait rentrer dans l’ordre que la petite fleuriste n’allait plus s’en vouloir alors qu’en réalité elle n’était pas fautive aux yeux de Serena. Si elle avait été plus attentionnée, à l’écoute des besoins de Théa jamais elle n’aurait tombé dans les bras de ce motard. 

« Coucou… tu as le choix… soit tu viens me réchauffer car j’ai très très froid ou alors tu es là pour me punir d’avoir loupé le repas. » 

Un simple regard malicieux suffisait à chauffer la petite pièce tandis qu’en réalité peu importe le scénario choisi du moment que Théa se montre très entreprenante. Elle voulait la jolie Rouge contre elle tout simplement. 

Théa s’avançait donc prenant place directement au-dessus d’elle pour l’embrasser. Serena frissonnait déjà rien qu’au contact de sa poitrine contre la sienne.  Puis rompant l’échange elle se laissa glisser sur le côté pour l’embrasser une nouvelle fois. Serena frissonnait, gémissait au fur et à mesure des caresses de sa partenaire s’abandonnant totalement dans son étreinte. Une chose était certaine, elle n’avait plus froid et semblait même surjouer involontairement alors que ce n’était pas son intention. Peut-être qu’inconsciemment l’apprentie pâtissière voulait montrer à sa compagne qu’elle appréciait ses caresses ? 

Quoi qu’il en soit elle n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit d’autre que des ombres s’échappèrent des doigts de Serena pour envelopper la rouge et la repousser jusqu’à la faire tomber du lit. Serena elle aussi se retrouva repoussé de l’autre côté chutant à son tour sur les fesses mais nettement moins brutalement que Théa. « Mais… Théa ce n’est pas moi je te jure ! » La petite blonde semblait affolée rien qu’à l’idée de croire que Théa la tienne pour responsable de tout cela. La fumée ténébreuse se concentra sur le lit avant finalement de prendre la forme d’un petit animal, un petit renard d’ombre. 

Bien que l’animal ne semblait pas bien impressionnant mais plutôt mignon il fixait Théa ignorant totalement sa maîtresse. 

« T’as pas le droit ! C’est moi qui la protège maintenant ! »

De la fumée sortait alors de ses narines, prêt à charger devant le regard médusé de Serena.

Une atmosphère douce et chaleureuse, cela faisait si longtemps que Thea n'avait pas partagé un tel moment avec sa douce. Elles pourraient sans doute renouer les liens à travers les plaisirs de la chair. Elle la sentait à la fois fébrile et frissonnante. La Rouge se délectait de ses gémissements qu'elle savait quelque peu exagérée. Ca la faisait sourire. Attendrie, elle approcha ses lippes des siennes mais sans pouvoir les toucher. Quelque chose l'en empêchait. Elle baissa les yeux, visualisant ces ténèbres qui l'entouraient désormais.

"Sere ..."

La chasseresse fut projetée assez violemment hors du lit, son omoplate heurtant sa table de chevet dans un bruit sourd suivant d'un gémissement de douleur. Bon sang, ce que ça faisait mal. Son coeur s'emballant, elle ne comprenait pas. Serena avait elle joué la comédie simplement pour la punir ? Mais il y eut ces paroles qui lui prouvaient le contraire. Non, la jolie blonde ne lui ferait jamais de mal délibérément. Levant ses pupilles de métal, elle la vit de l'autre côté du lit, au sol également.

"Ca va ? Tu n'as rien, Serena ?"

Le bruit avait alerté Rubis qui s'était décidée à entrer dans la pièce, observant de ses iris de sang les volutes ténébreuses prenant forme sur le lit. Un renard d'ombre. Massant son omoplate endolorie, Thea fixa l'animal, le sentant plutôt hostile envers elle. Se redressant, elle attrapa son peignoir accroché à la penderie avant de l'enfiler. Le petit chat noir sauta sur le lit, reniflant le nouveau venu avec méfiance. La chasseresse, quelque peu contrariée d'avoir été interrompue de la sorte et projetée par un petit nabot dans son genre, s'approcha de lui, croisant les bras.

"Ah oui ? Je laisserai certainement pas la vie de ma petite amie entre tes pattes. Familier ou pas."

Serena ne savait pas comment réagir à l'apparition de son familier. C'était presque comme si son apparition avait provoqué chez la jeune femme quelque chose d'inexplicable. Sinon comment expliquer que la demoiselle était toujours au sol, jambes repliées contre sa poitrine en pleur ? Elle avait eu si peur que la Rouge ne lui en veuille au sujet de cette interruption qu'elle faisait comme un blocage. Serait-ce toujours comme ça maintenant ? La peur de contrarier sa petite amie prendrait toujours le dessus ? Ce n'était pas la vie que la blondinette s'imaginait vivre, pas du tout. Pour l'Américaine, la moindre faute de sa part revenait à pousser Théa dans les bras de ce motard et ça lui était insupportable. 

Pourtant Théa ne semblait pas lui en vouloir sauf que le choc de cette apparition soudaine l’empêchait de s'en rendre compte. De même que cette tension qui régnait entre le petit renard d'ombre et la fleuriste. Fleuriste qui avait enfilé un peignoir alors que Serena était encore nue comme un vers, sur le sol de la chambre. Le familier ne semblait pas du tout impressionné par la Rouge qui venait de lui déclarer qu'elle ne laisserait pas la vie de Serena entre ses pattes. Il ne se démonta pas faisant semblant de charger avant de sauter en arrière. 

"TA petite amie sera toujours moins malheureuse avec moi qu'avec toi ! Je suis fidèle moi !" 

Comment était-il déjà au courant concernant les problèmes que le couple traversait ? La blondinette était toujours en larmes éclatant en sanglots suite aux paroles de son propre familier avant de se lever précipitamment, contournant le lit, sa jambe heurtant le montant et s'enferma dans la salle de bain. Elle se sentait mal comme jamais avant. Même cette période sombre avec les mauvais traitements de son ex petit ami n'était pas aussi douloureuse qu'à cet instant. 

Tout cela s'était déroulé sous le regard médusé du petit renard qui s'était machinalement assis sur les fesses se demandant ce qu'il devait faire. Il resta ainsi quelques secondes avant de se remettre en garde devant Théa. 

"Et ben voilà t'as vu elle s'est sauvée de ta faute ! Oh... un chat !" Il détourna son attention de Théa quelques instants pour poser ses pupilles sur Rubis qui était là bien avant déjà. L'animal d'ombre secoua la tête avant de sauter sur Théa loupant sa cible pour attérir dans le placard à vêtement. "Aie..."

Thea détourna le regard afin de poser les yeux sur sa belle. Ces soubresauts parcourant son corps ... Elle n'avait aucun doute sur leur origine. Mais il y avait ce petit trouble-fête entre elles qui avait gâché leur instant de répit. Bien que la Rouge se demandait si Serena ne l'avait pas fait inconsciemment apparaître exprès lors de ce moment, elle savait qu'elle était incapable de la brutaliser. Elle s'apprêtait à contourner le lit après sa réplique cinglante alors que le familier lui répondit du tac au tac.

Touchée. Coulée. L'animal avait gagné. La belle auburn se stoppa net alors qu'elle serrait les dents. Elle en avait assez de ces reproches venant des autres. Pour elle, la seule qui avait le droit de la blâmer était sa petite amie et personne d'autre. Et pourtant, elle était bien la seule à ne pas le faire. Mais un éclat de larmes fit relever les yeux à la chasseresse qui n'eut guère le temps d'attraper la blonde en sanglot qui s'échappait pour s'enfermer dans la salle de bain. S'ensuivit une nouvelle attaque verbale du renard d'ombre qui commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs.

"MA faute ? Attends, tu plaisantes, là !" Il posa les yeux sur Rubis, alors que la Tsukuyomi réagit au quart de tour. "Tu touches à Rubis, je te fais retourner d'où tu viens, t'as compris le vaporeux !?"

Mais celui-ci ne semblait pas en vouloir au félin au pelage de jais qui décida de quitter la pièce pour tenter de raisonner Serena. Pendant que sa maîtresse gérait le familier, elle gratta doucement à la porte pour signaler sa présence. Thea, elle, n'eut guère trop de mal à calmer le fauve qui n'était même pas capable de viser correctement. Exaspéré, elle s'avança vers lui afin de l'extirper de sa garde robe par la peau du cou.

"C'est toi qui l'a faite pleurer, sale petit morveux de malheur ! Maintenant tu la fermes et tu me laisses faire, ok ?"

Furieuse contre celui-ci, bien qu'elle faisait secrètement attention à ne pas lui faire de mal, elle déboula de la pièce, toujours la peau de son cou entre les mains avant de le déposer à son tour devant la porte aux côtés de Rubis qui leva les yeux vers la brune. Elle décela ce regard triste dans ces pupilles écarlates. La Rouge s'approcha de la porte, posant une main sur celle-ci.

"Serena ... Ouvre-moi, s'il te plait. Enfin ... Si tu veux pas me voir, je comprendrais mais ... je veux pas te laisser comme ça. Tu vas prendre froid en plus. Allez, ouvre, s'il te plait ..."

"Lâches moi la sorcière tu vas me filer une MST !" Le petit familier d'ombre s'agitait tandis que Théa le tenait par la peau du cou comme une maman chat le ferait pour son chaton. La scène pourrait être attendrissante si l'animal ne déblatérait des propos incohérents comme quoi c'était à lui de protéger Serena et non à cette "cocufieuse" qui forniquait à tout va ! Enfin la fleuriste se décida à le déposer devant la porte qui, d'après sa déduction, l’empêchait d'accéder à sa maîtresse. Il écouta avec une indifférence feinte les propos de la rouge envers la blonde. Croyait-elle vraiment que sa maîtresse ouvrirait à cette personne accroc à la luxure et aux plaisirs charnels ? Mais qu'est-ce qu'elle était belle. 

Tout ragaillardit le petit familier aux propriétés ténébreuses faisait quelques pas histoire de prendre de l'élan. "Bouges toi la nymphomane je vais l'ouvrir moi cette porte !" Et sans attendre de réponse il s'élança avec fougue, tête baissée sur la porte dans l'optique de la défoncer. Sauf qu'il était encore trop petit pour accomplir une telle chose et il s'encastra lamentable dans la porte qui n'avait absolument rien, pas même un petit coup. S'écrasant au sol comme une carpette il pouvait voir plein de petites Rubis tournoyaient autour de lui. "Oh des chats...." Répéta-t-il une nouvelle fois complètement sonné. 

Lentement la porte s'ouvrit ne laissant apparaître que les yeux rougis de la petite blonde qui semblait chercher quelqu'un du regard. "Théa ? T-tu es là dis ? Je-j'ai peur...." Elle marqua une pause étouffant un sanglot. "J'ai une boule au ventre... je veux pas te perdre. Je ne vais pas le supporter... Tu comptes le revoir ? J-j'ai besoin d'en parler maintenant s'il te plait." Serena était toujours nue attendant une réaction de sa petite amie. L'apparition de ce petit renard ayant quelques traits similaires à Socrate lui avait fait réaliser qu'il y avait quelques sujets qu'elle devait aborder avec sa compagne et peu importe si cela se faisait dans une salle de bain. 

"Ben tu vois que j'ai réussi l'excitée sexuelle ! Encore une mission réussi pour le grand... euh je m'appelle comment moi ?" S'interrogea-t-il avant de passer la tête dans la salle de bain pour se faire envoyer sur les roses bien comme il faut par sa maîtresse. 

"Non toi je veux pas te voir dehors !" S'exprima-t-elle avant de refermer la porte de la salle de bain. Visiblement seule Théa avait le droit d'entrer. Elle et elle seule.

Décidément, ce familier faisait tout pour lui taper sur le système. Il lui avait déjà trouvé plusieurs surnoms en rapport avec cet écart de conduite qu'il ne cessait de rabacher. La Rouge arbora un léger sourire satisfait en voyant l'animal perdre le duel contre une simple porte. Elle haussa un sourcil avant de lui lancer une pique des plus sarcastiques.

"Impressionnant, tu me donneras ton astuce. On sait jamais si un jour j'ai envie de m'ouvrir le crâne."

Son regard désormais inquiet se posa sur la porte entrouverte. La voix sanglotante de Serena se fit entendre. La chasseresse déglutit à ses mots. Cet imbécile de familier n'avait fait que rouvrir les plaies qu'elle tentait de cautériser depuis plusieurs jours. Mais d'un autre côté, n'était-ce pas le but que s'était fixé Thea ? La force à parler de cette trahison dont elle était sujette. Elle s'apprêtait à répondre alors que le renard d'ombre se l'ouvrait une énième fois. De manière synchrone, Rubis et sa maîtresse levèrent les yeux au ciel à la remarque de celui-ci.

A sa grande surprise, la native vit l'animal se faire royalement rembarrer par sa maîtresse. Ca ne ressemblait pas à Serena. A l'accoutumé, elle était la première à câliner Rubis ou Socrate, et elle avait toujours eu hâte de voir apparaître son propre familier. C'était chose faite, mais tout ne se déroulait pas comme prévu. Sous les pupilles écarlates insistantes du chat noir, la belle auburn s'avança, toquant doucement à la porte pour lui signaler sa présence.

"C'est moi..."

Doucement, Thea ouvrit la porte, s'engouffrant dans la salle de bain en refermant la porte. Devant sa belle sanglotante, la Rouge ôta son peignoir pour lui couvrir les épaules, attrapant son propre peignoir de bain pour l'enfiler. Puis, délicatement, elle l'enlaça caressant ses cheveux, déposant un baiser dans ceux-ci.

"Je suis là, calme-toi. Je suis là."

L’américaine n’avait rien contre son petit familier mis à part son intervention cavalière alors qu’elle était sur le point de céder aux avances de sa petite amie mais ce n’était pas le moment. Elle avait d’autres préoccupations pour le moment comme celui de discuter avec la Rouge. C’était gonflé de sa part de réclamer une discussion alors que Théa avait essayé à plusieurs reprises mais l’intervention du familier plus la peur qui s’était emparée d’elle ont réussi à la ramener à la raison. Serena ne voulait pas vivre dans la crainte d’être une nouvelle fois trompée, de penser à ce qu’il pourrait arriver si elle n’allait pas dans le sens de sa petite amie. Ce faux pas… c’était à cause d’elle, elle le savait mais était-ce une raison pour tout laisser passer ? 

Elle posa ses yeux rougis par les larmes sur Théa lorsque cette dernière passa la porte de la salle de bain. Son cœur s’emballait de nouveau tandis qu’elle venait seulement de réussir à se calmer. C’était à croire qu’elle ne craquait véritablement que maintenant, à croire que sa magie s’était déchaînée pour lui rappeler la dure réalité de la chose. Pourquoi maintenant alors que tout était sur le point de s’arranger ? Elle baissa les yeux ne voulant pas regarder Théa tandis qu’elle était dans un sale état. La petite fleuriste venait la recouvrir de son peignoir avant d’enfiler le sien et la blondinette la remercia du bout des lèvres n’osant pas lui adresser la parole. Où son allant de ces dernières secondes avait bien pu partir ?

Sanglotante elle se laissa enlacer se décidant tout de même à parler, essayant de s’exprimer le mieux possible .Tout était si confus dans sa tête….

« J’ai peur Théa…. Je ne sais pas quoi faire, voir mon familier apparaître et s’en prendre à toi m’a fait prendre conscience que j’ai peur. Et si… je faisais quelque chose qui ne te plaisait pas ? Je t’ai déjà poussé dans ses bras une fois je pourrai très bien le refaire sans le vouloir. » 

La jeune femme éclata de nouveau en sanglots serrant sa prise sur le bras de Théa de plus en plus fortement comme si elle ne voulait pas qu’elle s’en aille. 

« J’essaie d’être forte mais j’ai passé ces derniers jours à me surveiller, calculer le moindre de mes gestes, de mes paroles… je ne dors plus, je n’arrive plus à cuisiner. Et alors que je fais tout pour te garder je suis en train de te perdre Théa…. » Elle manqua de s’étrangler s’énervant entre deux sanglots. La blondinette faisait là une véritable crise d’angoisse et devait faire un effort surhumain pour réussir à parler de nouveau.

« Je sais très bien que tu dois le revoir et j’angoisse rien qu’à cette idée. Je t’aime tellement Théa, je ne veux plus souffrir comme ça. Je ne peux…. »

Soudainement un bruit sourd se faisait entendre. Il s’agissait du petit familier d’ombre qui tentait une nouvelle fois de défoncer la porte avec son crâne. 

« Oh des chats…. »

La voir ainsi était douloureux. Fichu renard d'ombre ! Si seulement il n'avait pas pointé le bout de son nez à ce moment précis ! Mais Thea se questionnait sur cette crise d'angoisse soudaine. Pourquoi maintenant ? La Rouge faisait de son mieux pour la consoler, la caressant avec toute la douceur dont elle était capable. La jolie blonde prit difficilement la parole. Elle avait peur ? Mais peur de quoi exactement. Son menton sur le haut du crâne de sa belle, elle écoutait ce qu'elle avait à dire. Il était là, le moment de discussion que la chasseresse tentait de provoquer en vain. Le regard dans le vague, la native fut surprise par les aveux de Serena. Elle avait donc peur d'elle ? De ses réactions ?

Une boule se forma dans sa gorge alors qu'enfin, la jeune femme lui avouait ses maux. Ca voulait donc dire qu'elle mentait bien, avant ? Qu'elle ne faisait que feindre son bonheur ? Thea avait bien du mal à comprendre pourquoi. Elle la gardait contre elle malgré tout, ses pupilles argentées désormais dissimulées derrière ses mèches rouges. Cet imbécile de familier poursuivait ses idioties et ça l'agaçait tellement. L'heure n'était pas aux bêtises. Soupirant, elle ne relâcha pourtant pas la blonde avant de prendre à son tour la parole.

"Je vois. En gros, tu vis un enfer à cause de moi, c'est bien ça ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt, que tu ne dormais plus, que tu n'arrivais plus à cuisiner. J'ai pourtant essayé de te le faire dire et toi, tu souriais en m'affirmant que tout allait bien. Et ça ... c'est pas vraiment ce que j'appelle aller bien."

La chasseresse marqua une pause. Si elle se savait en grande partie fautive, elle avait toujours été honnête envers sa petite amie. Chose que celle-ci ne lui avait pas rendu.

"Quand je t'ai avoué ma trahison, je me suis dit que tu ne me ferais plus jamais confiance, que tu ne m'aimerais plus. J'en étais persuadée. Et au fil des jours, je me suis rendue compte que tu étais la seule à ne pas me tenir rigueur de mon écart de conduite alors que c'était tout de même toi, la principale concernée. Ce soir, tu m'as fait croire que j'étais tout de même quelqu'un de bien, que je pouvais réparer mes erreurs, que tu avais confiance en moi. Mais en fait, c'est tout le contraire."

Thea se mordit la lèvre avant de relâcher la demoiselle. Elle ne pouvait s'empêcher d'être blessée elle aussi. Oui elle l'avait trahie, mais méritait-elle ainsi que sa petite amie ne lui mente en la regardant dans les yeux. La rouge ressentait bien cet excès d'orgueil mal placé qui l'envahissait. Aussi, pour se calmer, elle s'adossa au lavabo.

"Tu penses que je vais recommencer, c'est ça ? Il me semble pourtant t'avoir dit que je stoppais définitivement les chasses. Qu'est-ce que tu attends de moi, Serena ? J'étais prête à tout pour me faire pardonner, mais il semblerait que je te fasse plus de mal que de bien, à t'entendre." Elle baissa le regard. "Je t'aime, Serena. J'ai bien conscience qu'il t'est difficile de me faire confiance après ce que j'ai fait. Mais je ne supporterai pas que tu ne deviennes que l'ombre de toi-même de peur de me contrarier."

Le nouveau familier de Serena semblait ne pas vouloir lâcher l’affaire ce qui la perturbait encore plus. Pourquoi le sort s’acharnait sur elle ? Qu’avait-elle fait pour mériter ça ? Elle aimerait tellement retourner dans sa petite ville du Minnesota à cet instant. Se cacher sous la couette comme lorsqu’elle n’était qu’une toute petite fille avec sa mère qui viendrait la réconforter avec une tasse de chocolat chaud. Mais non, au lieu de ça elle se trouvait dans cette salle de bain à moitié nue avec Théa qui commençait à prendre la mouche et son familier fêlé sur les bords. Son cœur loupa rapidement un battement quand Théa résuma crûment les faits. La Rouge n’avait tort… Serena s’était forcée, inconsciemment, à jouer la comédie pour sauver son couple. Comédie qui était sur le point d’être fatale au couple. Les larmes de Serena coulaient de manière continue désormais ne sachant pas quoi répondre à sa petite amie. Sauf qu’elle devait dire quelque chose, peu importe mais il fallait que quelque chose sorte de sa bouche. 

« Pardon. » Murmura-t-elle désemparée s’accrochant désespérément à la jeune femme. Au moins malgré les reproches la chasseresse ne l’avait pas quitté et continuait de l’avoir dans ses bras. C’était au moins ça pour l’apprentie cuisinière qui ne supporterait plus beaucoup de chose. Elle tremblait commençant lentement à arriver à saturation avant que Théa ne reprenne encore. La Rouge appuyait là où ça faisait mal et chacune de ses paroles abaissaient un peu plus la blonde qui était toujours seulement debout grâce à Théa. Le pire c’était qu’elle avait toujours été sincère avec sa petite amie, oui elle lui faisait confiance, oui elle était persuadée que Théa était une très bonne personne ayant conscience par exemple que peu de personnes mettraient leurs vies en danger pour payer les soins médicaux d’un proche malade. 

« Pardon. » Murmura-t-elle encore une fois tandis qu’elle était encore plus mal en point que précédemment. La blonde ouvrit alors la bouche pour tenter de se rattraper avant que Théa ne la lâche. Elle resta ainsi surprise quelques secondes avant de s’effondrer au sol en pleurs. Le fait que Théa ne la soutienne plus, qu’elle s’écarte d’elle ainsi lui brisa le cœur. Serena avait l’impression de suffoquer, de ne plus réussir à capter la moindre particule d’oxygène. Son palpitant bien qu’en miette lui procurait un mal de chien. Sa crise s’accentuait elle manqua d’ailleurs de tourner de l’œil plus d’une fois. Elle n’entendait même plus les paroles de Théa lui disant qu’elle l’aimait, n’arrivait plus à parler, à penser. 

Et puis il eut ce nouveau « boom » venant de la pauvre porte qui subissait les assauts du familier d’ombre. Ce fut la goutte d’eau…. 

De nouvelles ombres enveloppèrent la blonde qui se retrouva soudainement habillée d’une combinaison noire déchirée par endroit, ses cheveux étaient devenus aussi blancs et pures que de la neige et son regard vide d’expression. Bien que toujours en pleurs elle semblait d’un calme olympien surtout au regard de la situation. L’immaculée était désormais debout ignorant Théa alors que des larmes de sang coulaient le long de ses joues pour tomber au sol et lors de l’impact ses larmes s’évaporaient formant une légère brume ténébreuse. Serena s’approchait de la porte, le poing serré murmurant : « Je… je ne veux plus… » Elle se stoppa une fraction de seconde avant de crier de toute ses forces : « Arreteeeeees ! » Son poing heurta avec force la porte sans aucun résultat, aucun coup rien mis à part le bruit des os de la main de Serena qui se rompt. Puis quelques gouttes de sang s’échappant de la plaie pour s’évaporer. Une seconde, puis une seconde et à la troisième la porte explosa littéralement au visage de l’immaculée qui curieusement ne reçut aucun débris, pas plus que Théa ou les deux familiers. 

Le renard d’ombre était cloué au sol, apeuré comme jamais, tremblant, avant dans un sursaut de détaler en pleurs pour se cacher sous le canapé de l’appartement. Serena quant à elle revenait à elle, pleurant encore, de vraies larmes cette fois alors qu’elle avait la main en morceau. Mais ce n’était rien en comparaison à tout ce qu’elle ressentait actuellement. Elle avait tellement mal qu’elle avait l’impression de devenir folle, que sa tête était coincée dans un étau. Curieusement, sans doute à cause de sa forme divine la jeune femme était de nouveau habillée, vêtue simplement d’un jean noir, d’une paire de basket et d’un débardeur blanc. Toutefois elle ne s’en formalisa pas avançant en direction de la cuisine, s’écorchant les pieds au passage avec les débris de porte.

« Je pense que tu ne veux plus me voir. Je-j’ai toujours pensé que tu étais une bonne personne Théa… et je t’aime comme jamais je n’ai aimé quelqu’un. Mais je te fais souffrir… Je ne te mérite pas. » Elle marque une pause tournant la tête vers Théa. Elle pleurait toujours mais essayait encore de faire bonne figure. « J’appellerai Ethan. Je lui dirai que c’est ma faute et que s’il doit en vouloir à quelqu’un c’est à moi. »

La blonde s’approcha de la porte d’entrée pour descendre en direction de la boutique avant de tourner la tête en direction du salon. 

« Tu viens ou non ? »

Elle s’adressait à son familier, pas encore baptisé qui tremblait encore de tout son être. Timidement, les oreilles basses il s’avança, ventre à terre, jusqu’aux pieds de sa maîtresse. La peur au ventre.