Assassination Classroom [PV Eiko]

Qu’est-ce que tu aimerais être à la place de ces protagonistes… enfin c’est ce que tu crois. Aurais-tu assez de cran pour tuer ? Nous savons que tu es un tueur mais toi, le sais-tu ? Tu tournes les pages de ton manga, un shonen si tu te fies aux recommandations de ta baby-sitter. Une classe d’assassin ayant pour but de tuer un extraterrestre, rien que ça. Cette histoire te plait beaucoup puisque tu arrives à te mettre dans la peau des personnages, des enfants classés sans avenir, sans ambition, comme toi en fait. D’ailleurs il te fait penser que tu n’arrives pas à trouver ta place dans cet établissement scolaire, toi qui avais été demandeur à de nombreuses reprises envers ta sœur de pouvoir effectuer un cursus scolaire normal. Tu te fais chambrer, cataloguer de « bizarre », les journées au sein de l’établissement sont pénibles sauf qu’au contraire tu as l’air plus joyeux qu’avant. Serait-ce grâce à Eiko ? La jeune femme ne ménage pas sa peine pour s’occuper de toi, pauvre gamin attardé. Et Tihana dans tout ça ? Où est-elle ? Que fait-elle ? Cette question te taraude sans cesse et t’alourdit sans cesse le cœur.

Une sonnerie se met à retentir t’arrachant à ton précieux manga, là où l’une des protagonistes était en train de partir en guerre contre les grosses poitrines. Il était déjà l’heure de partir, Eiko allait arriver et tu avais peur de sa réaction. Bien qu’elle ne soit pas comme Tihana, la jeune femme savait faire preuve d’autorité et elle avait déjà dû apprendre ton renvoi immédiat. Planter la cuisse d’un autre élève avec ton crayon de bois n’était pas vraiment la meilleure des idées. Un acte de violence gratuit ? Non pas réellement. Ce gamin stupide aux cheveux verts l’avait mérité. Il te brimait tous les jours mais c’était surtout le fait qu’il s’en prenne à Eiko qui avait allumé la mèche. Parler ainsi de la fille qui prenait soin de toi tous les jours avait été une erreur des plus grossières et tel un assassin, exactement comme dans ton manga, tu avais attendu le meilleur moment pour fondre sur ta cible. C’était sans doute cette attitude qui était grave. Tu n’avais pas agi sur l’impulsion du moment non, tu avais calculé ton coup, agissant comme un serpent. L’intercours avait été le moment, juste avant les cours de gymnastiques et sachant que ta cible séchait ces mêmes cours de sport tu la savais vulnérable. La seule chose que tu avais oublié de calculer était la présence gênante de témoin, en l’occurrence la CPE de l’établissement qui avait prévu elle aussi de punir ta cible. Pourtant dans tes récits personne ne punit les apprentis assassins ? Alors pourquoi toi ?

Tu avais donc été renvoyé de l’établissement sans sommation et pire encore si tu espérais regagner les bancs de l’école tu allais devoir effectuer des séances chez un psychologue ? S’ils savaient…. Tu étais du genre insondable, un psy de pacotille allait se casser les dents lors d’un entretien avec toi. Travailler sur un esprit aussi tordu que le tien allait laisser des séquelles. Comment Tiha faisait elle pour chasser sans que l’on ne la voit ? Elle aurait pu t’apprendre quelques bases quand même ! Ta grande sœur te manquait, peut-être que cette tentative d’assassinat avortée allait remonter jusqu’à elle et qu’elle viendrait de nouveau te voir ? Oui… tu devrais peut-être agresser plus de monde pour la faire revenir. Même si elle revient en colère elle sera au moins là près de toi. Tu te lèves donc regardant les élèves passer les uns après les autres attendant Eiko, qui avait sans doute été prévenue par les instances dirigeantes de l’établissement de ton agression.

Quelle allait être la réaction de ton amie ? Car oui Eiko était ta seule amie.

La sonnerie retentit. A peine Eiko avait-elle quitté la salle de classe que son professeur principal l'accostait. Il n'avait pas l'air content et la petite brune pensait savoir pourquoi. Sa faute n'était pas impardonnable, ni inavouable, mais plutôt embarrassante.

"Mademoiselle Nakamura ..."
"Monsieur ! Si c'est pour les bonbons que je mangeais en douce en classe, j'ai l'explication ..."
"Votre ami a été renvoyé de l'école pour agression sur l'un de ses camarades."

Quoi ? Aggression ? La jolie japonaise cligna des yeux, l'air surpris avant de fausser compagnie à son professeur sans même lui laisser le temps d'expliquer un peu plus la situation. Celui-ci soupira profondément en se massant la nuque, il avait déjà pris l'habitude du comportement quelque peu spontané et étourdi de la jeune fille dont il était responsable. Eiko était bien loin du manque de politesse, elle avait plutôt été poussée par l'inquiétude à agir ainsi.

Si Castiel avait été exclu du lycée, il n'était donc plus dans les murs. Le plus vite possible, la Susanoo courut à travers les couloirs bousculant quelques élèves au passage en lâchant des "Pardon !" ça et là. Où était-il désormais ? Avait-il pris la fuite au sein du campus, était-il rentré à la maison ? La lycéenne angoissait profondément, comme elle avait pu le faire de nombreuses fois pour ses petits frères. Une fois arrivée à la sortie de l'école, elle vit enfin le jeune blanc l'attendre sagement. Ouf ... Il allait bien. Physiquement en tout cas.

Sans se préoccuper du manga que celui-ci tenait entre ses mains, la petite tornade sauta au cou de son ami, manquant de peu de le faire trébucher. Sans qu'elle ne sache comment, elle parvint à garder l'équilibre sur ses petites jambes tout en stabilisant le corps de l'adolescent qu'elle avait enlacé un peu trop brusquement. Enfin, pour le moment, elle était toujours pendu à son cou, la joue contre son torse. Puis, se rendant compte de cette position ambiguë sous les regards des autres adolescents, elle finit par le relâcher, piquant un fard monstrueux.

Ses poumons brûlaient, sa respiration restait saccadée, lui rappelant le fait qu'elle venait de piquer un sprint sous l'effet de l'adrénaline. Ses paumes rejoignirent ses genoux alors qu'elle se repliait sur elle-même tout en inspirant profondément.

"Ah ... Je manque vraiment ... d'endurance ..."

Ses pupilles noisette aux reflets écarlates vint se planter dans celles de son ami alors qu'elle lui offrait un sourire rassurant. Remettant correctement son sac bandoulière qui avait sautillé dans tous les sens durant sa course, elle attrapa la main de Castiel dans la sienne afin de l'inciter à s'éloigner de l'entrée du lycée. Une fois plus tranquille, elle repéra un banc pour que tous deux puissent s'y asseoir. Sortant deux sucettes de ses poches, elle en tendit une au jeune blanc, à la fraise parce qu'il aimait ça, gobant l'autre tout en réfléchissant.

"Pardon pour ... le câlin. C'est juste que ... j'étais inquiète. Il s'est passé quoi, Castiel ? Le prof m'a dit que tu avais été renvoyé pour aggression ? C'est vrai ?"

Il n'y avait aucun ton de reproche dans sa voix, simplement un désir d'avoir des réponses. De plus, le mot aggression restait large, il allait d'un simple coup de poing à ... pire ...

Quelle surprise ! Tu avais imaginé une multitude de scénarios dans ton esprit, même les plus farfelus mais pas celui là. Qui aurait pu imaginer que ton amie te saute au cou ? Pas toi en tout cas ! Si Eiko avait inversé son rôle avec celui de Tihana la sanction aurait été terrible. Et tu ne parles pas de sanction physique mais bien psychologique. Ta grande soeur était la reine de la torture. A moins que... Non tu ne voulais pas le croire, ce n'était pas le genre d'Eiko de jouer un rôle pour te faire tourner en bourrique. Non, non, non tu voulais lui laisser ta confiance, elle le méritait et en plus elle te fournissait en manga. Les rougeurs marquaient son faciès, pourquoi ? "Tu es toute rouge, tu es malade ?" Demandais-tu naïvement alors que d'autres élèves qui sortaient de l'établissement sifflaient les deux adolescents. Plantant ton regard dans celui d'Eiko tu ajoutais : "Pourquoi ils nous sifflent ? C'est à cause de ce que j'ai fait ?" Tu écoutais les quelques mots saccadés de ton amie, disant qu'elle manquait d'endurance avant qu'elle ne t’entraîne à l'écart. Et oui maintenant plus personne ne devait vous voir ensemble, déjà qu'à cause de toi elle allait avoir une mauvaise réputation. Aaaaah si seulement tu n'avais pas loupé ta technique d'assassinat sur cet idiot... dans le bouquin ils sont encouragés par le Professeur et là tu te fais renvoyer avec signalement aux services sociaux ! Mais comptais-tu réellement le tuer Castiel ? Avec un crayon dans une cuisse ? Tu es loin d'être un idiot pourtant.

"Agression ? Non... enfin..." Tu cherchais tes mots afin de mieux d'écrire la situation à ton amie. "Il devait payer, il était méchant avec toi. Sauf que j'ai mal calculé mon coup et j'ai perdu mon crayon. J'aimais bien mon crayon moi. Sa cuisse n'a pas voulu me le rendre." Sans que tu ne t'en rendes véritablement compte tes joues se gonflent et tu arborais une moue contrariée, presque boudeuse. C'est que tu l'aimais bien ce crayon et tel un soldat en première ligne tu l'avais perdu. Enfin bon au regard des cris de ta cible il avait du faire convenablement son travail et c'est tout ce qui importait. Le plus curieux dans toute cette histoire c'était qu'habituellement tu n'aurais pas cherché à te justifie sauf que là une étrange sensation t'y poussait. "Je peux endurer plein de chose mais qu'il parle de toi de cette façon... c'était trop dur. Et comme dans le manga les élèves apprenaient à gérer les problèmes avec des méthodes d'assassinat j'ai voulu essayer et maintenant je dois voir une psychologue et tu vas me punir." Ca tu n'allais sans doute pas y couper et tout en rangeant tes affaires de ton sac tu te lèves du banc n'étant plus disposé à traîner dans les environs. Tu mâchonnais même nerveusement le bâtonnet de la sucette que tu avais déjà terminé te demandant à quelle sauce tu allais être mangé, surtout avec ce rendez-vous psy. Non tu n'irais pas, c'était tout vu.

"On peut rentrer à la maison s'il te plait ? Je ne veux plus trainer dans le coin. J'étudierai à la maison maintenant, c'est mieux." Disais-tu, reprenant la route. Au moins et Eiko avait dû s'en rendre compte tu étais toujours d'accord pour étudier ce qui était bien lorsque l'on connaissait ton comportement. Tu continuais ta route, certain que la fan de manga te suivrait et tu tentais de changer de sujet. "Tu as attaqué un nouveau manga aujourd'hui ? Moi j'aime bien assassination classroom, c'est un shonen c'est ça ?" Tu lui demandais cette petite précision car tu confondais toujours un peu les différents "genre" des mangas.

Ah, la jolie japonaise venait d'avoir la honte de sa vie. Les autres avaient certainement cru à un élan amoureux, mais Castiel ne semblait pas le comprendre. Elle lui expliquerait plus tard, pas maintenant, elle voulait s'échapper pour l'instant. Ce banc éloigné était certainement le meilleur endroit pour discuter au calme et éclaircir la situation. Quelle fut sa surprise lorsque le jeune blanc lui expliqua que sa victime avait été "méchante" avec elle. De nouveau, elle rougit, son ami l'avait tout simplement défendue. D'accord, la solution était plutôt extrême, mais d'un côté, cela faisait plaisir à la brunette, que quelqu'un la protège.

Elle sourit, posant une main sur celle de Castiel. Il était mignon avec cette petite moue boudeuse. Il ressemblait à un adolescent normal, certes un peu rebelle. Ses paroles la touchèrent réellement.

"Mais non, je ne vais pas te punir. Ta punition, tu l'as déjà reçue. On ira te racheter un nouveau crayon. Mais ne recommence plus d'accord ? Il ne faut pas toujours suivre ce qu'il se fait dans les mangas, ok ?"

L'adolescent s'échappait déjà alors que la jolie japonaise suçotait sa sucrerie en balançant ses jambes qui n'atteignaient pas terre. Il semblait nerveux. Attrapant son sac, elle lui emboîta le pas, acquiesçant au fait de rentrer à la maison. Ce n'était pas le moment pour le contredire puisqu'il ne comptait pas abandonner ses études. Alors qu'elle n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche, Castiel enchaina sur un tout autre sujet.

"Oui, c'est un shonen. Et oui j'en ai lu un nouveau très beau, mais également très triste. Je suis sûre qu'il te plairait. Ca s'appelle "A silent voice", je te le prêterai, tu le découvriras par toi-même !"

Ils marchèrent un long moment avant que, les joues roses, Eiko n'aborde le sujet.

"Tu sais Castiel, les sifflements tout à l'heure ... C'était pas à cause de ce que tu as fait mais à cause de ce que moi j'ai fait. Tu sais ? Le câlin ... Ils ont cru que ... Ils ont cru qu'on était des amoureux ..."

Piquant un fard monstrueux, la jeune fille n'osa pas croiser le regard de son ami. Non par honte, mais plutôt par timidité. Il était bien rare de la voir ainsi.

Au moins elle ne semblait pas d'avis de te punir, ce qui était bon pour toi. En plus c'était tout bénef pour toi tu allais avoir un nouveau crayon. Comme quoi planter la cuisse d'un de tes camarades de classe n'était pas si méchant que ça finalement. Les répercussions étaient tout le contraire de ce que tu pouvais penser finalement. Tu n'avais pas pris la peine cependant de répondre à ton amie préférant regagner ta demeure le plus vite possible. Déjà puni certes mais tu ne promettrais pas de ne pas recommencer, si jamais cet imbécile recommençait à parler sur le dos de ton amie tu ferais comme Hiruma dans Eyeshield 21 et trouverais bien un moyen de le faire chanter avec un mystérieux carnet. Quoi qu'il en soit tu regagnais ton chez toi, avec ton amie à ta suite lorsqu'elle répondait à ta question sur les lectures de la jeune femme. Effectivement elle lisait bien une nouveauté, très beau et très triste nommé "A Silent Voice". Vous marchiez encore un long moment avant que tu ne te stoppes donc, posant ton regard sur Eiko.

"D'accord, si tu trouves qu'il est beau je veux le lire. Tu ne veux pas m'en raconter un peu ? Tu me fais la tête en fait c'est ça ? "

Tu préférais mettre les pieds dans le plat comme on dit, surtout que tu trouvais bizarre le fait qu'elle ne veuille pas t'en raconter un peu plus. Le fait que l'on te "spoile" n'était pas gênant selon toi. C'est vrai, il y avait tellement de chose sympathique en plus de l'histoire à connaître à travers les bouquins. Il y avait des détails, des dessins et des anecdotes des auteurs sur certaines pages alors pourquoi ne t'en disait-elle pas plus ? Tu avais ignoré ses derniers propos avant de revenir sur le sujet.

"Des amoureux ? Tu veux qu'on soit des amoureux ?" Tu regardais ton amie, étonné de voir une telle réaction surtout les rougeurs sur son visage. Sortant la main de ta poche tu venais la poser sur le front d'Eiko avant de déclarer de manière presque solennel. "Tu fais de la température. En rentrant tu iras au lit, je viendrai lire un manga à coté de toi." Et cette fois avant de redémarrer, tu prenais la main de ta baby-sitter pour reprendre la route. Ce n'était qu'après presque une vingtaine de minutes que vous arrivez à la maison. Ouvrant la porte à l'aide de tes clefs tu faisais entrer Eiko avant de te saisir de son sac.

"Quand on est malade on doit prendre un bon bain chaud et filer au lit. Tu peux aller à la salle de bain, je passe voir les tortues et je viens t'aider." Et oui tu comptais bien faire comme Tihana faisait lorsque tu étais malade et ce même si ça ne se faisait pas avec une amie en réalité.

"Bon, si tu y tiens alors je te raconte ! C'est l'histoire d'une petite fille sourde qui subit les discriminations de ses camarades à l'école primaire. Lorsqu'elle finit par changer d'école à cause de tout ça, toute la classe ainsi que leur professeur rejettent la faute sur un seul d'entre eux. Il devient un peu la personne à éviter de tous, celui qui a fait changé d'école une petite handicapée. Quelques années plus tard, alors qu'il perd espoir et qu'il cherche à mettre fin à ses jours, il retrouve la demoiselle qui décide de ne pas lui en vouloir. Et grâce à elle, il décide de vivre et de se faire pardonner."

Le temps que la petite Japonaise lui raconte cette histoire, les deux adolescents avaient pu faire un bon bout de chemin. Ce fut d'ailleurs après cela que la brunette décida de lui expliquer ce que les autres avaient perçu entre eux à la sortie du lycée. Elle était loin de s'attendre à ce type de réponse qui accentua encore plus ses rougeurs. Elle sentit une main froide se poser sur son front. Malgré sa gêne, les paroles de son ami la firent sourire. Il s'inquiétait pour elle et elle en était très touchée.

A sa grande surprise, Castiel lui prit la main. Avait-il pris son absence de réponse pour un oui ? Le suivant, sa petite main dans la sienne, Eiko se mit à penser, trop, beaucoup trop. Qu'est ce que ça faisait, d'avoir un amoureux ? Avait-elle ce genre de sentiment pour le jeune blanc ? Elle ne savait pas. Ce dont elle était sûre, c'était qu'il comptait énormément pour elle. Mais dans le fond, elle ignorait ce que c'était : être amoureuse.

Ils arrivèrent devant la maison, le jeune homme prenant les devants pour ouvrir la porte. Elle lui laissa son sac, sans savoir pourquoi il le lui prenait. L'aider ... au bain ?

"Castiel !"

Sans attendre, elle l'avait rattrapée doucement par le bras. Et alors qu'il posait ses yeux sur elle, elle rougit et balbutia quelques paroles inaudibles. Il fallait le lui expliquer qu'ils ne pouvaient pas prendre leur bain ensemble tous les deux. Elle inspira avant de lui sourire.

"En fait, pour le bain ... On ne peut pas le prendre tous les deux. Une fille et un garçon qui ne sont pas ... intimes, ne peuvent pas se voir nus ... Tu comprends ? Et puis, je ne suis pas malade, juste que je n'ai jamais ... eu d'amoureux, donc je ne sais pas vraiment ce que ça fait ... Même en lisant des mangas là dessus, je ne parviens pas réellement à comprendre."

Elle emprisonna doucement la main de son ami entre les siennes en scrutant son regard.

"Je t'adore, tu es mon ami et ... je serais vraiment très heureuse que tu viennes me lire un manga une fois couchée. Tu peux même ... dormir avec moi si tu veux. Mais pour le bain, je vais le prendre toute seule, je suis un peu pudique tu sais."

Elle espérait réellement que son ami ne le prendrait pas mal. Surtout qu'elle avait d'autres sujets à aborder avec lui, au sujet de l'incident de la journée qui s'était écoulée. Comme pour se faire pardonner, elle déposa un baiser sur sa joue en riant joyeusement.

"Et qui sait, peut-être qu'on deviendra amoureux un jour !"

Tu ne te rendais pas compte Castiel, à quel point ta proposition pouvait paraître déplacer. C'était ton plus grand défaut et paradoxalement ta plus grande qualité, ton innocence. Cette candeur qui te sied si bien. Tu lui avais donc donné tes consignes, l'invitant à prendre place dans la salle de bain tandis que tu t'occuperai de tes reptiles, Velvet et Sharko. Les deux tortues avaient l'air de bien se porter le matin même bien que tu trouvais Velvet un peu "mollassonne", peut-être était-elle fatiguée après tout ? Quoi qu'il en soit tu irais sans doute rendre une visite au vétérinaire n'habitant pas très loin un de ces jours, simplement pour être certain du bon état de santé de tes animaux. Tu te dirigeais donc dans ta chambre quand Eiko t'arrêta net, t'attrapant par le bras. Tu n'appréciais que très peu ce genre de "contact physique" habituellement sauf que cette fois ton amie avait été douce, heureusement. La petite brune était toujours aussi rouge, comme gênée... commencerais-tu enfin à comprendre jeune blanc ? Bien sûr que non, toujours aussi naïf. "Oui ?" Prononçais-tu alors comme pour demander des explications à ton amie sur son geste.

Tu apprenais donc qu'elle ne pouvait pas prendre de bain avec toi comme le faisait ta grande sœur Tihana. Ses explications, que tu trouvais claires, suffirent à te convaincre que tu ne devais pas prendre de bain avec elle, qu'elle était capable de se débrouiller seule. Tu aurais très bien "tiquer" sur la notion d'amoureux, sur les nouvelles rougeurs parant ses adorables joues mais non. Eiko était ton amie, ta seule amie si l'on exceptait Velvet et Sharko. "Je suis content que tu ne sois pas malade alors." Répondais-tu simplement, examinant tout de même avec attention les rougeurs du visage d'Eiko, on ne sait jamais ! Cependant l'espace d'un instant tu te demandais ce qu'était l'amour, cette notion d'amoureux. Comment le savoir si c'est le cas ? Et qui ? Etait-ce une sorte de contrat ? Oui, non, tout cela te laissait perplexe.

"Ah non je comprends. Ne t'inquiete pas. Je ne voulais pas... enfin paraître trop familier." Répondais-tu à la nouvelle justification de ton amie tout en faisant des efforts sur les mots que tu choisissais. Oui cette fois tu voulais paraître plus adulte, moins enfantin pour lui dire que tu comprenais. "Pas besoin de te justifier. Je dormirai dans mon lit comme tu vas bien." Finissais-tu par conclure bien que tu aurais aimé partager un peu plus de temps avec ta baby-sitter, parler de manga, peut-être des bons moments que tu avais eu avec Tihana ou tout simplement d'amour car même si Eiko semblait un peu perturbée par cette notion tu étais certain qu'elle maîtrisait beaucoup mieux le sujet que toi.

"Tu crois que l'on pourrait devenir amoureux ? Tu as quelqu'un en vue ?" Demandais-tu toujours aussi naïvement avant de finalement couper court à la discussion. "Ça ne me regarde pas. T’embêtes pas pour le repas je n'ai pas faim. Je vais lire avec mes tortues."

Tu prenais donc congé de la jeune femme, presque à contre cœur car tu aurais aimé approfondir le sujet. Refermant la porte de ta chambre derrière toi tu posais ton sac au sol pour te diriger vers le terrarium, comme à ton habitude. Velvet semblait toujours aussi faible et il n'y avait que Sharko qui avait changé de position pour se retrouver à l'opposé de l'habitacle des reptiles. Cela commençait à t'inquiéter un peu tout de même et tu comptais bien avancer plus précocement la visite chez le vétérinaire. Redéposant quelques légumes devant ta tortue étoilée tu fermais le terrarium pour t'installer devant ton ordinateur et rechercher dans Google "Etre Amoureux." Tu tombais rapidement sur divers articles expliquant ce que les personnes "amoureuses" pouvaient ressentir, que l'on confondait régulièrement l'amour et l'affection. Que sortir avec quelqu'un ne voulait pas dire amoureux etc etc.... Bref tout cela te paraissait bien compliqué petit Castiel.

Refermant ton ordinateur, tu attrapais un de tes mangas pour commencer à le lire.

”Quelqu'un en vue ?”

La jolie japonaise réfléchit un instant, les joues toujours un peu rouges. Non, pas vraiment. La seule personne de qui elle était proche était juste devant elle. Même lorsque son meilleur ami lui avait volé son premier baiser, elle n'avait rien ressenti. Elle n'avait jamais ressenti quelque chose de similaire à l'amour pour personne. Mais avant qu'elle ne réponde, Castiel intervint, disant que ceci ne le regardait pas avant de prendre congé d’elle.

”At…”

Trop tard, il avait déjà quitté la pièce pour rejoindre sa chambre. Eiko soupira. Avait-elle mal agi avec lui ? Elle attrapa son sac abandonné au sol, se dirigeant vers sa propre chambre où elle se laissa tomber sur le lit. Le regard fixé au plafond, elle se demandait ce qu'elle avait bien pu dire de mal pour qu'il s’enfuit. Peut être avait-il pris peur à sa dernière remarque ? Celle où elle avait été sans doute un peu trop entreprenante ? Elle sentit ses joues s’enflammer, avant de les cacher de ses mains.

”Raaa j'ai honte ! Qu'est-ce qui m'a pris de dire çà ! Amoureux…”

Pas étonnant que le jeune blanc s'était isolé… Elle soupira encore. La brunette voulait encore discuter avec son ami. Se redressant, elle ôta son uniforme pour revêtir un tenue plus décontractée. Un short de sport noir et un débardeur blanc. Puis, attrapant les mangas dans son sac comme une excuse pour aller déranger son ami, elle sautilla jusqu'à sa chambre, toquant à la porte avant d’entrer.

”Castiel ? Je t'apporte les mangas dont je t'ai parlé tout à l’heure !”

Sourire aux lèvres, elle lui montra les livres qu'elle posa sur un meuble avant de s'avancer vers lui. Se penchant sur sa lecture, elle inclina la tête.

”Tu lis quoi ?”

Puis, elle s'échappa, venant s'assoir sur le lit du jeune blanc. Elle hésitait beaucoup mais avait beaucoup de choses à lui dire.

”Dis, Castiel… Qu’est ce qu'il a dit sur moi ce garçon pour que tu te mettes en colère contre lui ? Je trouve que c'est… mignon de ta part, de m'avoir defendue…”

Bizarrement tu n’avais pas réellement envie de lire ce soir, d’humeur un peu morose ton manga était déjà reposé sur le bureau et tu fixais le terrarium. Ces derniers temps tu broyais du noir, oui c’est le mot. Même si la compagnie d’Eiko te faisait le plus grand bien et te permettait de t’ouvrir un peu plus aux autres tu n’avais plus cette relation si importante qui te liait à d’autre comme avec Tihana. Ta grande sœur te manquait affreusement et ce manque ne faisait que grandir de jour en jour. Malheureusement tu n’avais aucun moyen de la retrouver, rien et quand bien même tu y parviendrais, que ferais-tu ? Tu n’étais qu’une gêne pour l’artiste peintre. Elle devait sans doute mieux se porter depuis qu’elle t’avait laissé. Même si c’était subtilement, tu ne mangeais plus réellement ne faisant que « picorer » dans tes assiettes tout en faisant attention qu’Eiko ne te surprenne pas. Tu attrapais dans l’un des tiroirs de ton bureau l’album photo pour regarder la seule et unique photo que tu avais de vous deux. « Ma famille… » murmurais-tu avant d’entendre frapper à ta porte.

Tu sursautais avant de voir débouler dans ton antre ton amie et de placer un manga par-dessus l’album par précaution. Elle s’était changée alors que toi tu portais toujours ton uniforme scolaire sur le dos. Plus pour longtemps, d’ailleurs tu pourrais le mettre à la poubelle sans risquer de sanction. ET… tu venais de penser à une chose pour le moins importante, dès demain Eiko irait à l’école et toi tu serais seul dans cette grande maison. Tu auras tout le loisir d’aller en ville pour rechercher ta sœur, tu avais une photo et tu pourrais demander aux passants, peut-être même faire des affiches. Oui l’opération famille « retrouvée » allait débuter dès demain. « Silent Voice… Oui c’est vrai ! » Tu ne l’avais pas écouté d’un poil mais tu venais de bien te rattraper et tu posais ton regard sur les bouquins. « C’est gentil mais ce n’était pas urgent. »

Tu baissais de nouveau la tête avant de tendre à Eiko non pas le manga mais ton album de famille ne contenant qu’une seule et malheureuse photo. « Je ne lisais pas. ELLE me manque beaucoup. » Étrangement cela te faisait du bien d’en parler mais rapidement tu te fermais comme une coquille lorsqu’elle évoqua les événements de la journée et ce garçon que tu avais agressé. « Rien de particulier, ça ne sert à rien de débattre. Je l’ai puni, j’ai été puni et voilà. » La jeune femme pouvait sentir la pointe d’agacement qui commençait à émerger au son de ta voix, ignorant totalement le petit compliment dissimulé. Mignon ou pas, tu ne voulais plus en parler. N’avais-tu pas d’autres préoccupations plus urgentes comme Velvet ou Tihana ? D’ailleurs en parlant de la radiata tu t’approchais du terrarium faisant signe à ton amie de venir.

« Je crois que Velvet ne va pas bien. Tu en penses quoi ? » Tu marquais une pause, vérifiant les lampes UV avant de reprendre : « Je vais peut-être profiter de ne plus aller à l’école pour l’emmener chez le vétérinaire. » Par cette petite phrase tu lui affirmais une nouvelle fois ton intention de ne plus aller à l’école jusqu’à nouvel ordre. De toute façon tu ne te sentais pas ton élément là-bas.

Eiko baissa les yeux tout en examinant cet album que le jeune blanc lui montrait. Il y avait une seule et unique photo, Castiel posant avec sa grande soeur. La brunette n'avait encore jamais vu à quoi ressemblait la fameuse Tihana dont son ami lui avait tant parlé. Elle sourit.

"Je comprends ... Elle est très jolie ta grande soeur, tu sais ?"

Et si sa réaction envers son camarade de classe était due au manque qu'il ressentait la concernant ? Peut-être avait-il tout simplement transposer ce sentiment protecteur de sa soeur à la jeune lycéenne. Pour cela, la jolie japonaise le questionna. Mais Castiel ne semblait pas vouloir coopérer. Tant pis, elle n'insisterait pas plus que cela. Posant l'album photo, soigneusement, sur le lit, elle se redressa pour rejoindre son ami devant le terrarium à sa demande. Elle eut un regard triste à la mention du mal-être de Velvet. S'approchant un peu plus de la maisonnée du reptile, la jeune fille grimaça un peu avant de poser les yeux sur l'adolescent.

"Oui, elle m'a l'air un peu patraque. Tu penses que c'est à cause de la température ?" Elle marqua une pause. "Je vais t'accompagner chez le vétérinaire demain si tu veux, d'accord ?"

Hésitant un instant, elle se laissa tout de même aller, enlaçant doucement son ami par la taille, sans geste brusque. Dans un sens, elle le remerçiait d'être là, ce qu'elle finit par lui avouer à haute voix.

"Castiel ? Merci d'être là et d'avoir voulu me protéger. Je me sentirais vraiment très seule sans toi, tu sais ? Et ... tu voudrais, qu'on se mette à chercher Tihana tous les deux ? Laisse moi te remercier d'être là en t'aidant en retour."

Le relâchant, les joues roses, elle l'observa, dans l'attente d'une réponse.

"Je veux bien si ça ne te dérange pas." Tu te demandais qu'est-ce que tu avais bien pu faire pour mériter une telle amie. Eiko était si gentille avec toi que parfois, et même si elle ne pouvait pas le voir, tu étais gêné. Et alors que tu ne t'y attendais pas le moins du monde la jeune femme venait t'enlacer par la taille. Tout d'abord surpris par un tel geste d'affection tu te raidissais avant qu'elle ne vienne te remercier soudainement. La fangirl des mangas était contente que tu sois là et elle te proposait même de rechercher Tihana avec tes cotés. Sans réellement savoir pourquoi tu tapotais doucement l'épaule de ton amie comme pour la rassurer : "Merci à toi d'être là Eiko."

Tu bougeais finalement pour reprendre l'album photo de ta chère soeur et le remettre en place. "Oui elle est très belle ma soeur, tout comme toi." Tu étais sincère, ta baby-sitter en plus d'être ton amie était des plus sympathique. Faisant quelques pas, tu retournais vers ton terrarium pour regarder une dernière fois tes tortues. Pourquoi une dernière fois ? Parce que tu avais sommeil tout simplement.

Tu attrapais la main d'Eiko pour sortir avec la jeune femme de ta chambre. "Eiko... je peux dormir avec toi cette nuit ? J'ai pas envie de rester tout seul." Tu étais honnête et t'ouvrais à celle dont le métier était de te surveiller. Devant l'accord de la jeune femme, tu faisais demi-tour pour enfiler ton pyjama et revenir dans la chambre d'amie, celle que tu avais attribué à la fan de manga.

Rincé et épuisé moralement par cette journée, spéciale, tu t'endormais rapidement sur la couette sans réellement te glisser sous les couvertures. Oui tu n'avais pas voulu te montrer intrusif.