Colocataires

Invité

Cela faisait depuis plusieurs jours que Mélodie avait eu la confirmation qu’elle avait bien vécu un moment sur cette île avant de se réveiller sur cette plage. En effet, à son arrivée à Kousha, elle avait appris qu’elle y avait déjà une chambre et y avait retrouvé même certaines de ses affaires, dont certaines la mettaient sur la piste de plusieurs personnes susceptibles de la connaître et de raviver cette mémoire perdue. Mais pour l’heure, l’établissement accueillant de plus en plus d’étudiants, il avait été décidé de supprimer les chambres individuelles pour ne laisser place qu’à des chambres doubles. De ce fait, Mélodie se retrouvait aujourd’hui à devoir emménager dans une autre chambre. Elle avait rassemblé ses affaires qui ne tenaient que dans trois sacs et s’était trainée jusqu’à sa nouvelle résidence, oui trainée car ses sacs avaient le mérite d’être lourd. Ces derniers représentaient après tout le cumule d’une année entière vécue sur cette île. Face à ce constat, notre demoiselle ne pouvait pas s’empêcher de trouver étrange le fait qu’elle ne garde aucun souvenir de tout ce qu’elle avait vécu sur cette île. Mais qu’à cela ne tienne, car à présent notre amie ne désirait qu’une chose : la quitter au plus vite.

** Par les moyens conventionnels, c’est mort. Si je veux la quitter cela doit se faire clandestinement. Mais comment m’y prendre ? **

Alors qu’elle réfléchissait à trouver une échappatoire, ses pas l’avaient déjà conduite jusqu’à sa nouvelle chambre. On lui avait déjà informé du nom de sa colocataire, et après un certain effort de mémoire, Mélodie s’était souvenue de cette Soliana. C’était un peu par hasard qu’elle s’était rencontrée à un arrêt de bus et qu’elles avaient discuté pour passer le temps. Bien qu’elle ignorait beaucoup d’elle, Mélodie avait eu l’impression qu’elle était une fille calme et mature, pas le genre à lui causer des soucis de prime abord. Du coup, notre demoiselle se demandait si sa colocataire l’attendaient déjà dans sa chambre ou pas. Laissant ses affaires retombées par terre au seuil de la porte, Mélodie se massa quelque peu les épaules avant de finalement prendre une inspiration et ouvrir la porte de sa nouvelle chambre. Comme elle s’y était un peu attendu, Soliana était présente, et ce fut après quelques secondes d’hésitations que Mélodie la salua.

« Salut, j’emménage ici à partir d’aujourd’hui. »

Disant ces mots, Mélodie attrapa un sac dans chaque main et poussa le dernier avec son pied afin de faire rentrer toutes ses affaires d’une traite. Puis refermant la porte derrière elle, notre camarade se retourna à nouveau vers Soliana.

« Comment ça va depuis la dernière fois ? »

Simple politesse de sa part, cette question lui permettait d’engager la conversation et de partir sur un bon pied, tout du moins elle l’espérait. Mais cela, seule la suite allait pouvoir lui confirmer ou infirmer cela.

Invité

Ce matin n'est pas comme tous les autres. En effet, à mon grand désarroi, il n'est plus possible d'être seul dans sa chambre. J'ai bien sûr essayé de négocier avec l'administration de l'université, mais,évidemment, on m'a répondu que je ne pouvais rien y faire. Je suis donc condamnée à rencontrer ma nouvelle colocataire, aujourd'hui. Cela doit faire quelques jours que j'ai emménagé dans cette chambre, qui m'a l'air bien trop grande. Mais c'est décidé, une fois Mélodie arrivée, chacune aura sa moitié de chambre, et voilà. Personnellement, je n'irai pas dans la partie lui étant réservée, à part peut-être s'il m'est indispensable de la traverser pour aller je ne sais pas trop où. Et j'ose espérer qu'il en sera de même pour elle ! Si je me retrouve avec quelqu'un denvahissant, je force l'administration à me changer de colocataire, peu importe les actions que je devrai mener, je réussirai !

Enfin, nous n'en sommes pas encore là. Pour l'instant, j'ai une autre priorité : Sagamas. Il veut son petit déjeuner, et je me dois onc de le lui offrir. C'est un petit moment privilégié entre nous, un moment où nous pouvons être seuls tous les deux... Je soupire. Avec cette colocation, que devien l'intimité ? Tout simplement quelque chose d'impossible, je devrai dire adieu à ma si chère solitude... Je n'aurai plus que la salle de bains et les toilettes, pour être seule... Si c'est pas malheureux, d'en être réduite à ça...

Enfin bref ! La voilà qui entre ! Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, après l'avoir saluée, je saisis à deux mains celui de ses sacs se trouvant par terre pour l'aider à s'installer. Puis je dépose mon chargement, déplacé à grand-peine, devant son lit.

- Tiens, pose les autres ici aussi, je vais te laisser t'installer, si tu veux.

Mais qu'est-ce qu'elle a mis là-dedans, pour que ce soit si lourd ? Je n'en ai pas eu autant, moi, lors de mon déménagement !

Et soudain, je réalise quelque chose :

- Saga !

Il est simplement en train de tourner autour de Mélodie, la reniflant de partout. Je l'éloigne donc, en m'excusant :

- Désolée... Il voulait faire connaissance.

Et je réalise qu'elle m'a posé une question, à laquelle je n'ai toujours pas répondu. La dernière fois... Je me concentre sur son visage... Et ça me revient. Une fille avec qui j'ai discuté, à un arrêt de bus... Juste une rencontre de passage, que je ne pensais pas revoir.

- Oh... Oui, il s'est passé pas mal de choses, mais oui, ça va, merci. Et toi ?

Autant discuter, c'est vrai. Si on doit vivre ensemble, mieux vaut se connaître un minimum et s'entendre le mieux possible.

Invité

Mélodie fut ravie d’obtenir spontanément l’aide de Soliana pour transporter ses affaires jusqu’au lit qui allait être le sien. Mais son ravissement laissa vite place à de la surprise lorsqu’elle vit une créature pour le moins singulière lui tourner autour. Ne parvenant pas identifier la dite importune, notre demoiselle ne put s’empêcher d’avoir un mouvement de recul. Quant à la réaction de sa colocataire, celle-ci lui permit vite de comprendre que ce qui se passait à l’instant même n’était pas nouveau pour elle. Même, cette créature ailée qui ne tenait manifestement pas en place semblait même lui appartenir. Saga, ce fut comme cela qu’elle l’appela à revenir auprès d’elle et à laisser un peu de répit à notre adolescente qui put alors enfin détailler le familier qui avait arrêté de bouger dans tous les sens. C’était la première fois depuis son réveil sur la place qu’elle avait l’occasion d’observer de si près l’un de ces êtres surnaturels. En quelques semaines de temps, elle avait eu l’occasion de croiser de loin des gens se pavanant avec leur familier, mais jamais sa curiosité n’avait été plus loin qu’une simple observation à bonne distance.

« Pas de problème. »

Certes il l’avait bel et bien surprise, mais cela s’arrêtait là, pas besoin d’en faire tout un plat. Et puis, Soliana enchainait elle-même sur un autre sujet afin de passer outre ce petit incident, tout en répondant en même temps à la politesse de Mélodie qui avait pris la peine de lui demander de ses nouvelles. La réponse de sa colocataire fut des plus évasives, signifiant que malgré tout ce qui avait bien pu lui arriver, elle n’avait rien de notable à raconter à une simple connaissance comme elle, pour ne plus dire une inconnue. Soit qu’importe, ce n’était pas comme si Mélodie avait besoin de détails aussi.

« Ça va aussi, dis… Je peux te demander combien de temps cela fait que tu es sur cette île ? »

Tout en lui demandant cela, Mélodie s’était installée sur son lit à côté de ses affaires qu’elle ne prenait pas encore la peine de déballer et de ranger pour le moment. Sa question qu’elle venait de lui poser n’était qu’un préliminaire à une autre. Et alors qu’elle restait attentive à ce que Soliana allait lui répondre, Mélodie continuait d’observer avec attention le familier ailé qui était le sien.

Invité

Après avoir été écarté contre son gré, Sagamas ne m'en a pas gardé rancune, et s'est contenté de venir s'allonger près de moi, sans quitter la nouvelle venue du regard. Je sais qu'il la surveille. Avec un sourire, je lui donne quelques caresses, signifiant qu'il n'a pas à s'inquiéter... Même si je sais que c'est peine perdue. Si un jour il vient à lui faire confiance, ce sera sa propre décision. Aucun facteur extérieur à lui et elle ne pourra l'influencer. Elle devra lui prouver elle-même qu'il peut ou non relâcher sa vigilance. Mais peu importe, là n'est pas la question... Du moins pour le moment. D'autant plus que... La question qui vient de m'être posée me demande un peu de réflexion.

Depuis quand suis-je là ? Bonne question... J'ai eu le temps de faire beaucoup de rencontres, bien plus que dans toute ma vie passée. Je me suis découvert une ennemie viscérale, et quelques vrais amis... Mais combien de temps cela fait-il ? Voyons... Je suis restée longtemps sans vraiment prêter attention à mon entourage, trop bloquée par la barrière de la langue. Mais depuis...

C'est alors que Sagamas, que je n'avais pas vu partir, revient avec un calendrier tenu délicatement entre ses crocs. Riant un peu, je le récupère, alors que, de ma vision périphérique, je vois mon compagnon reprendre sa surveillance calme et immobile. Après avoir étudié le document sur lequel j'ai eu la présence d'esprit de rapporter la date approximative de mon arrivée, je relève les yeux vers Mélodie :

- Si j'en crois ce que je viens de voir, ça doit faire un peu plus d'un an. Et toi ?

En plus d'une simple question polie, ces derniers mots traduisent une vraie curiosité. Après tout, j'aimerais bien enfin rencontrer quelqu'un de plus ancien ici que moi. À voir ce qu'elle me répondra.

» Bah tiens, on est colocataires ! {Gabriel}