Quel, est celui qui lui jettera la première pierre [Seneka et Jane]

Dans sa vie de baroudeuse, Jane en avait vus des choses. Le meilleur comme le pire, elle s’était faite à l’idée. Dans l’ombre, c’est ainsi que le monde tourne. Pourquoi Kathleen Duck serait t’ elle différente ? Pourquoi échapperait t’ elle à la catégorie dans laquelle elle s’était emmurée ? Cette femme était un démon, et les démons, s’il ont assez d’argent, peuvent se permettre l’impensable. Prendre un concierge par exemple. Un concierge qui aime jouer les gardes du corps, qui tire à vue sans poser de questions, et qui semble aimer nettoyer après chaque connerie de son patron. Oui, ce genre là.

Comment Jane en était  t’ elle arrivée à travailler pour ce genre de monstre ? C’ était une longue histoire. Elle même n’aurait pas envie de la raconter, car dans le monde d’ombre, il y a des choses qu’il ne vaut mieux pas ébruiter. Comme cette affaire qu’on lui avait confiée, une histoire de cul qui aurait mal tournée. Pour changer. La connerie de cette fois s'appelait Seneka Hasegawa. Nonne de son état, elle avait succombé au charme ravageur de sa patronne. Ce n’était pas surprenant, Kathleen était magnifique. Jane avait rarement vue des femmes qui pouvaient se vanter de l’égaler en terme de beauté, mais celle là, celle là, c’était différent. Elle avait un charisme à vous en faire péter les yeux. Une magnificience rare, inégalable, qu’elle même ne pourrait jamais dépasser. Dommage pourtant, car il lui manquait quelque chose. Le style d’une grande dame. Avec un peu de maquillage, avec les bons habits, elle serait l’incarnation même de la pureté. Jane n’était peut être pas aussi belle, mais elle au moins, elle savait comment se rendre unique. C’était là la différence entre les deux. C’était là la seule chose qui les maintenaient sur un pied d’égalité.

Aujourd’hui pourtant, loin d'avoir du style, la concierge était rousse. Rousse, avec un grain de peau semblable a celui de ces personnes. Des lunettes cachant de beau yeux verts et possédant de grandes dents beaucoup trop en avant, elle était en tailleurs trois pièces noir. Le dos plus droit que la justice, l’oeil hautain de ceux qui ont fait de longues études, elle regardait sa protégée d’un air critique. Armée d’une sacoche, les cheveux tirés en une queue de cheval haute, elle ressemblait plus à un avocat qu’à un garde du corps. Mais c’était le but recherché, car même Kathleen ne connaissait sa véritable identité. Jane s’était présentée à elle avec cette personnalité, et jouais maintenant le jeu jusqu’au bout.

La seule chose qui détonnait dans sa tenue était des talons compensés d’une quinzaine de centimètres. Des talons qui claquaient sur le carrelage froid de la cuisine tendit qu’elle s’approchait de cette nonne dévergondée. La femme tendit une main droite, attendant qu’on la serre sans piper mot, tirant un sourire crispé. Comme si elle suçait du citron en ce moment même. C’était le personnage qui voulait ça, et quand bien même elle avait envie d’être joyeuse et taquine avec cette femme qu’elle ne connaissait pas encore, Jane se contrôlait. Prudence est mère de sûreté. Pour faire ami ami avec de telles personnes, elle n’avait que peu de marge. Pas le droit à l'erreur, car Kathleen n’hésiterait pas à la jeter aux lions dès que la situation s’envenimera. Comme tous les monstres avant elle, Jane ne lui faisait absolument pas confiance.

- Je suis Meredith Saccramento. Enchantée.

Kathleen elle aussi était dans la cuisine, Jane l’avait vue en arrivant. Hochant la tête à son intention, elle retira nerveusement sa main que la nonne venait de serrer. Essuyant discrètement cette dernière sur son tailleur. Le personnage se voulait germanophobe, névrosée aussi. Ne rien laisser transparaître, jouer la carte de la prudence, c’était son crédo. Alors, elle continua d’étirer son sourire, plissant presque des yeux tant il était forcé.

- Ne vous inquiétez pas, je vais régler cette mésentente. Je vais non seulement la régler, mais également vous permettre de rebondir. Le préjudice que vous avez subit est, à tous points de vues, in-to-lé-ra-ble.

Elle avait son air de petite fille modèle. Cette expression qui exige, qui ne laisse pas les autres choisir. Cette expression de madame je sais tout. Jane ne réclamerait rien aux bonnes soeurs, elle se contenterait de les laisser s’affoler. De choisir elles même un destin qui les mèneraient à leurs pertes. Juste chercher les affaires d’une nonne ? Sa patronne n’était pas aussi gentille.

- Nous allons faire en sorte qu’ils payent.

Maintenant, elle avait les deux mains possées sur la table, le buste en avant, elle regardait Seneka, à quelques centimetres seulement de son visage. La jeune femme se recula pour la laisser respirer; et croisa les bras dans son dos. Invitant l’autre à se lever, invitant l’autre à venir se battre à ses côtés. Sans l’attendre, elle se détourna alors, sortant dehors. Sur le perron, elle tapa du gravier, sure qu’on ne la regardais pas. Elle s’amusait, à cloche pied à en pousser un qui dépasait. Attendant que la nonne règle les derniers détails avec sa monstrueuse amoureuse. Quand elle l’entendit arriver, la jeune femme se stoppa, et reprit son apparence austère, se méttant sur le coté, sans prendre de place.

- J'ai appris l'itinéraire en arrivant.

Jane hocha la tête, décidant quand même de suivre Seneka. De s'adapter à elle, et de faire comme si. Elle resta en retrait, les mains toujours dérrière le dos. Droite et fière, comme une gardienne de prison. Pendant le trajet, elle s'était résignée à ne pas parler, à observer. Pourtant, elle ne put nier que le chemin emprunté était d'une rare beauté. En ce printemps, les fleurs bourgeonnaient, et les arbres fleurissaient. Il faisait bon, le temps parfait pour une promenade. La jeune femme avait beau être une garde du corps, elle avait beau passer son temps à taper des gens, elle ne pouvait pas s'empencher d'admirer ce chemin. Les boutiques étaient toutes aux couleurs de la saison, se completant parfaitement avec l'ambiance que la ville s'éforçait d'adopter.

Quand elles arrivèrent au couvent, Jane fit un geste de la main et força sa protégée à reculer. Elle avait beau s'extasier devant la grande batisse, il était temps de faire ce pour quoi elle était payée. Toquant lourdement à la porte, elle attentit patiament qu'une autre nonne lui ouvre. Comme ces dernières se faisaient attendre, Jane regarda Seneka, et commença à inspecter les environs. Regardant s'il n'y avait pas une autre entrée, regardant s'il n'y avait pas un tireur enbusqué. Oui c'était un couvent, mais merde, elle se faisait vraiment chier là. Dix minutes, ce n'était pas croyable de faire autant attendre un invité.

- C'est dingue. Il vous font toujours autant attendre ?

[désolée, c'est un peu court, mais je ne savais pas quoi mettre d'autre ><]

Elle grimaça, et croisa les bras sur sa poitrine. Jane se laissa guidée vers une autre entrée. Ne comprenant pas trop ou la nonne voulait en venir. Un autre passage ? Pourquoi pas, de toute façon, les gens du couvents n’étaient pas là.

Grimper sur le lierre, avec des talons compensés ? Grimper sur le lierre, avec un tailleur tout neuf et des ongles manucurés ? Pourquoi pas, après tout, ça avait l’air amusant. Peut être que cette dernière avait essayée de la piéger. Peut être qu’elle la croyait incapable d’un tel exploit. Mais la rousse n’était pas celle qu’elle prétendait être. Et alors même qu’elle aurait du refuser, chercher une autre alternative, le goût du risque prit le dessus. Ce n’était pas un manque de prudence, c’était juste que sans le vouloir, la nonne lui avait lancée un défi. Un jeu, un pari. Jane était la plus faible dans ce genre de situations. Elle avait beau le savoir, à chaque fois qu’elle s’en rendait compte, il était trop tard, elle s’était déjà engagée.

Alors, adressant un grand sourire à Seneka, le genre de sourire franc, pour changer, Jane commença à enlever ses chaussures. Sans elles, c’était quinze centimètres de hauteur qu’elle perdait. Mais même sans, elle était plus grande que la nonne. Ce fait était amusant, elle aurait presque envie d’en pouffer. Mais ce n’était pas son personnage. Son personnage ne devait pas être rassuré. Elle secoua la tête pour se remettre dedans, et s’approcha du mur de pierre. Après avoir enlevée ses talons, elle se décida à déchirer sa jupe. Elle aurait besoin d’amplitude, chose que cette dernière ne lui donnait pas en temps normal.

C’est donc en collants qu’elle se décida à grimper. Prenant la première poignée de lierre, Jane se hissa tant bien que mal, et arriva rapidement en haut. Il faut dire qu’elle n’avait pas peur du vide, et que la perspective de tomber ne lui faisait n’y chaud n’y froid. Uniquement concentrée sur l'ascension, c’était des gestes assurés qu’elle avait montrée à sa protégée. Et à califourchon sur le muret du haut, elle ne lui adressa qu’un regard, pour voir si elle était encore à la place qu’elle s’était attribuée. Descendant, elle se dirigea rapidement vers la porte pour l’ouvrir et créer un passage à sa protégée.

Redevenue sérieuse, elle regretta son geste. Elle le regretta, mais une question envahit bien rapidement son esprit. Pourquoi une nonne connaissait t’ elle ce genre de passages ? Pourquoi une nonne chercherait t’ elle à s’enfuir de son couvent ? Qui était cette demoiselle au fond ? Elle n’était pas nette, Jane en était persuadée. Alors, elle s’était décidée à la garder sous les yeux. Elle allait l’observer, et chercher à déceler les incohérences de son passé. Cette femme était beaucoup trop téméraire, beaucoup trop sure d’elle.

Elle avait ouvert la porte, et Seneka s’y était engouffrée. La guidant jusque dans sa chambre, Jane l’observa tandis qu’elle préparait ses affaires. Restant en retrait, dans un coin de la pièce en attendant qu’on lui donne le sac trop lourd. Elle était un peu agacée de voir que la nonne n’avait pas prit la peine de porter ses lourds talons, mais ne le montrait pas. A vrai dire, elle refusait de s’exposer ainsi au danger. Cette femme, pour avoir réussie à manipuler le monstre qu’était son patron, ne devait pas être n’importe qui. Sous ses airs de nonne facilement effarouchée, ce devait être une sacrée manipulatrice. Au contraire de Kathleen, qui n’avait aucune honte à le montrer, ce petit bout de femme était bien plus redoutable. C’était l’avis de Jane en tout cas, et Seneka, pour le moment, ne faisait rien pour le lui démontrer.

Mais soudain, les cloches se mirent à sonner, engendrant une panique certaine chez sa protégée. Jetant Jane dans l’armoire, elle se colla à elle, murmurant qu’il faudrait quinze bonnes minutes avant que les autres nonnes ne partent manger. Quinze minutes à rester debout ? Pourquoi pas, ce n’était pas la mer à boire. Enfin, cela l’aurait été, si Seneka n’avait pas laissée la porte entrouverte, provoquant l’agitation chez les messagères de dieu. On demanda si quelqu’un était entré, puis on entra franchement, pour voir s’il n’y avait personne. Constatant le vide de la pièce, elles partirent heureusement bien rapidement. Prétextant un vent trop fort qui aurait fait bouger la porte.

Après vingt minutes, Jane ouvrit la porte. Ses chaussures lui manquait. Leurs poids rassurant, et la hauteur qu’elles lui conféraient n’étaient plus. La jeune femme était beaucoup trop rapide, et avait beaucoup trop de mobilité. Elle devait se contrôler pour ne pas dépasser sa protégée, c’était horrible. Tout simplement ignoble. Tenant le sac à bout de bras, elle restait tout simplement derrière elle. Son sourire forcé de circonstance collé au visage, elle ne vit pas arriver la mère supérieure, au détour d’un virage. Seneka et elle se rentrèrent dedans, sans qu’elle ne puisse éviter la collision.

Jane pourtant, réagit rapidement. Tirant violemment la nonne en arrière, elle plaqua la mère supérieure au mur. La main contre sa gorge, elle la soulevait un peu du sol, démontrant sans le vouloir sa force brute à la petite nonne. Le sourire forcé avait disparu, laissant place à un sérieux qu’on ne lui connaissait pas. Ce n’était plus Meredith, avocate coincée et névrosée qui était en face d’elles, c’était Jane, Jane la chasseuse de primes. Jane la sérieuse, celle qui ne laissait jamais filer ses proies. Menacer une bonne soeur ? Elle n’avait aucune honte à le faire. Kathleen était formelle, il fallait montrer aux vielles peaux qui était le patron. Alors, ce n’était clairement plus l’heure des enfantillages.

- Ça tombe bien, je voulais vous voir.

Un sourire sadique s’étira lentement sur son visage, et ses yeux se firent de nouveau rieurs. Alors qu’elle étranglait toujours la mère supérieure, celle ci vira au rouge pivoine. Jane souffla sur ses faux ongles ongles, puis les gratta paresseusement avec son pouce. Sans regarder Seneka. L’ignorant presque. Contrairement à ce que disent les films, étrangler quelqu’un n’est n’y rapide, n’y propre. C’est long et douloureux, autant pour la personne qui tient que pour celle qui subit. C’est qu’on attrape des crampes à force de rester le bras tendu ! Mais c’est sans montrer la moindre émotion qu’elle continua.