Liaisons extérieures

Le Coliz, il s’agissait de la monnaie utilisée sur cette île, il y avait encore de çà une bonne semaine, Helen n’était absolument pas familiarisée à cette espèce monétaire. Mais désormais, le quotidien faisant, notre jeune demoiselle ne pensait plus qu’avec cette monnaie lors de ses différents achats. Ajouté à cela, Helen avait eu la surprise d’un important virement d’argent sur son compte, ce dernier avait été fait par son défunt père peu de temps avant le jour de son enlèvement. A ce moment, elle ignorait encore le malheur qui s’était abattu sur lui. Et avec le recul, elle mesurait la chance qu’elle avait d’avoir été enlevée sur cette île étrange. Cela lui avait sans conteste évité une fin prématurée à elle aussi. Quoi qu’il en soit, avec tout cet argent, elle avait su bien meubler et remplir sa chambre au Manoir de L’Enfer. Mais après tant de dépense, Helen pressentait la nécessité pour elle de reprendre son travail d’informaticienne, ainsi que celui de massothérapeute. Elle se rendit alors dans plusieurs agences afin de se faire enregistrer comme telle, et permettre ainsi à d’éventuels clients de la contacter pour louer ses services.

** A présent il ne reste plus qu’à attendre… **

Helen se doutait que les clients ne viendraient pas tout de suite, elle allait devoir se faire un tant soi peu connaître avant d’hériter d’une clientèle régulière. Quoi qu’il en soit, notre demoiselle sentait à présent la fatigue la submerger. Il faut dire qu’elle avait comme à son habitude veillé toute la nuit, ajouté à cela le fait qu’elle avait dû aller s’inscrire à ses agences, et il était déjà neuf heures et demi passées. Une heure bien trop tardive pour une nocturne pour elle, ce fut donc avec soulagement qu’elle descendit du bus la ramenant au manoir. Par chance, ce dernier était situé à cinquante mètres d’un arrêt, cela facilitait bien des choses pour ceux qui tout comme elle ne possédait pas de voiture.

** Personne ? Tant mieux… **

Oui, car Helen n’avait nullement envie d’être retenue par un des autres locataires du manoir. Son seul désir était de se mettre bien à l’aise dans son lit et de dormir de tout son saoul. Ce fut ce qu’elle fit d’ailleurs, une fois rentrée dans sa chambre et avoir pris soin de fermer à clef derrière elle, Helen se dévêtit pour ne finir qu’en petite culotte avant d’enfiler le haut d’un pyjama traînant au pied de son lit et de s’allonger sur ce dernier. Elle s’endormit alors pratiquement immédiatement, et les bruits de vie qui se faisaient entendre dans tout le manoir ne purent avoir raison des heures de sommeil qu’elle se devait de récupérer. Ce ne fut que vers six heures du soir, période durant laquelle son sommeil se faisait plus léger, qu’Helen se fit réveiller par la sonnerie de son téléphone.

** Numéro inconnu… **

A moitié encore dans les gaz, Helen décrocha et balbutia un bref « Allo ? ». Elle n’avait pas la moindre idée de qui pouvait l’appeler à cette heure-ci, de ses amis restés en Amérique, très peu s’amusaient à l’appeler de la sorte. Rapidement Helen eut la confirmation qu’elle ne connaissait pas la personne au bout du fil, et en un instant elle se montra d’office plus attentive à ce qu’on lui disait de l’autre côté du combiné.

C’était la voix d’une jeune fille qu’elle entendait, cette dernière parlait anglais mais en l’écoutant on comprenait clairement qu’il ne s’agissait pas là de sa langue maternelle. Helen l’écouta sans dire un mot, interrompre les gens n’était décidément pas dans sa nature. Dès lors lorsqu’un blanc commença à s’installer, Helen prit quelques instants à agencer la demande qui lui avait été formulée, et lui répondit avec son habituel ton blasé. Elle avait beau su comprendre l’empressement qui semblait animer son interlocutrice, cela n’allait pas l’empêcher de fonctionner à son rythme habituel.

« Ce serait pour quel genre de problème ? »

Ben oui, la moindre des choses était de s’assurer que cette demoiselle lui téléphonait bien pour régler un problème qui était dans ses cordes. Fort heureusement sa demande correspondait bien aux compétences de notre camarade, cette dernière ne manqua toutefois pas de la surprendre de part sa nature. Ce n’était décidément pas en Austin qu’elle aurait eu une demande de ce style, mais le fait d’en avoir une de ce genre l’étonnait aussi. Helen ne se souvenait pas d’avoir eu le moindre mal à contacter certains de ses proches en Amérique. Peut-être que sa première cliente était une brêle en informatique ? Quoi qu’il en soit, Helen n’était pas contre une rentrée d’argent facile, et la demande de la demoiselle lui semblait excessivement facile à satisfaire. De ce fait après avoir écouté ses explications, elle lui donna une réponse toute appropriée.

« Tout de suite, je peux vous prendre tout de suite si cela vous arrange. »

La réponse de son interlocutrice fut sans appel, et l’affaire fut donc réglée. Helen lui donna alors son adresse de résidence complète, celle du manoir de Kathleen Duke, alias le manoir de L’Enfer. Et après s’être assuré que sa cliente en avait bien pris note, elle raccrocha.

** Bon j’imagine que j’en ai pour plus ou moins une heure avant qu’elle n’arrive. **

Cela lui laissait donc le temps de s’apprêter et de rendre par la même occasion sa chambre plus présentable. Se levant de son lit, elle chercha à tâtons du pied son pantalon de pyjamas et une fois trouvé l’enfila rapidement. A cette heure-ci, il était peu probable que les deux salles de bains de l’étage soient prises, c’était donc à son aise qu’elle pouvait aller se chercher de nouveaux vêtements et partir se faire toute belle. Avant de sortir de sa chambre notre demoiselle prit la peine d’ouvrir les fenêtres de cette dernière, car après avoir passé pratiquement neuf heures à roupiller entre quatre murs, il était bon d’aérer un peu pour renouveler l’air.

** On dirait qu’il y a du monde en bas. **

Quittant sa chambre et traversant le coin cheminée de l’étage, Helen pouvait entendre que cela discutait fort en bas. Mais qu’elle laissa ses oreilles entendre quelques brides du débat qui semblait avoir ici bas, notre amie ne s’attarda pas et s’enferma bien vite dans la salle de bain la plus proche de sa chambre. Et bien vite, le bruit de l’eau remplissant la baignoire vint couvrir le brouhaha du rez-de-chaussée. Déposant ses vêtements propres sur un petit tabouret, Helen se défit alors de son pyjama et de sa petite culotte qui se retrouvèrent jetés dans un coin de la pièce. A présent nue, notre jeune femme pouvait s’observer dans le miroir, et rapidement son regard sur le bandage qui ceinturait son cou. Enfin il ne s’agissait pas d’un bandage comme on pouvait en voir dans les hôpitaux, ce dernier était en tissu, de la soie principalement, et était plus là pour cacher que pour protéger. D’ailleurs ce fut avec grise mine que Helen se mit à le défaire, dévoilant face au miroir l’horrible cicatrice qui ornait son cou.

** Dire que je ne me souviens même plus de comment je me suis fait cela. **

Helen se souvenait juste que cette blessure datait de sa petite enfance, mais les circonstances de cette dernière demeuraient toujours floues pour elle. Et après s’être débarrassée de son bandage qu’elle remettrait d’office par après, Helen fut mue d’une pulsion d’aller vérifier si la porte de la salle de bain était bien fermée. Elle avait déjà eu droit à une intrusion maladroite d’un autre locataire, et cela avait laissé depuis un froid entre eux deux. Car si ce dernier n’avait pas vu sa cicatrice, il avait eu le privilège de la voir nue devant son miroir. En y repensant, ce jour-là il ne devait sa survie qu’au fait d’avoir su refermer la porte à temps. Enfin tout cela était du passé, et personne n’allait la déranger en cet instant.

** L’eau est bien chaude, c’est parfait. **

Helen profita alors pleinement de son moment de quiétude et ce ne fut qu’une demi-heure plus tard, qu’elle quittait la salle de bain vêtue d’un jeans bleu assez moulant, d’une paire de chaussettes violettes, d’un teeshirt vert au logo green lantern par-dessus lequel elle avait enfilé un sweater violet bien plus modeste que son teeshirt. Bien évidemment elle avait remis son bandage autour de son cou, et c’était donc prête à recevoir sa cliente qu’elle se dirigeait vers sa chambre pour ranger un peu son bordèle. Puis finalement, alors qu’elle avait fini par rendre sa chambre un tant soit peu présentable aux yeux d’une néophyte, Helen entendit la sonnette caractéristique du manoir retentir. Se doutant que cela devait être pour elle, Helen quitta sa chambre pour gagner le hall d’entrée du rez-de-chaussée.

** Toujours en plein débats, je me demande bien pourquoi ils se disputent cette fois. **

Dans tous les cas, vu l’animation qu’il y avait dans le salon, aucun ne semblait avoir entendu la sonnette. Helen passa à côté des autres résidents du manoir sans se faire remarquer et pressa un peu le pas pour aller ouvrir la porte. Elle tomba alors nez-à-nez avec une jeune demoiselle qui avait tout l’air d’une lycéenne. Et à la voir ainsi devant elle, Helen ne put s’empêcher de penser qu’elle avait eu une journée difficile.

« Soir, c’est bien toi le coup de fil de toute à l’heure ? »

Etant donné le jeune âge apparent de son interlocutrice, Helen l’avait immédiatement tutoyée. Au téléphone il lui avait été difficile de se faire une idée précise de son âge, et elle l’avait donc de ce fait vouvoyée, mais ici il ne lui semblait pas paraître impolie en la tutoyant. Dans le dos d’Helen, on pouvait entendre l’effervescence qui semblait régner au salon. Il fallait espérer que sa jeune cliente ne lui en tienne pas rigueur.

Si Helen avait pu déjà s’en douter lors de leur conversation téléphonique, à présent elle en était certaine, autant de par son apparence physique que par son accent, cette jeune demoiselle n’était pas une native d’Amérique comme elle. Oh que non, l’entendre parler anglais avait même quelque chose de déroutant pour notre jeune informaticienne. Quoi qu’il en soit, si sa maîtrise de la langue était lacunaire, la jeune fille ne démentait pas d’un certain culot qui fit que Helen était déjà prête à lui claquer la porte au nez. Non mais, elle se permettait de la réveiller pour exiger ses services dans l’urgence, et arrivée sur place elle se mettait à douter de son statut d’informaticienne. Certes Helen n’avait aucun diplôme concernant l’exercice de cette profession, cela avait été d’ailleurs précisé dans son annonce afin de prévenir ses futurs clients. Mais il fallait supposer qu’en plus d’avoir quelques difficultés d’élocution, la petite étrangère avait également quelques soucis pour la lecture.

** Elle m’a l’air bien suspecte cette fille. **

Et la seule raison pour laquelle Helen ne lui avait pas claqué la porte au nez était le fait qu’elle s’était rapidement excusée du ton et des propos qu’elle venait d’avoir à son encontre. Mais en vérité, Helen était juste simplement curieuse de savoir ce que cette fille cachait. Et à voir l’expression de son visage, la pauvre semblait plongée dans pas mal de problèmes. L’aider allait peut-être être dangereux, qui plus est vu le profil, Helen doutait fort que cette dernière lui fasse bonne publicité.

** Mais j’ai vraiment envie de savoir ce ‘’confidentiel’’. **

Ayant toujours une main sur la clinche de la porte, Helen finit par s’écarter afin de laisser le passage à cette petite demoiselle. Sa curiosité la perdra un jour, c’était là une chose certaine, mais peu importe, elle venait désormais par ce geste d’accepter de venir en aide à cette jeune fille.

« Bien sûr que je la connais, mais tu me réexpliqueras tout çà en détails une fois dans ma chambre. Ce sera trois cents Coliz de l’heure, tant que tu me paies, tout ce que tu me diras une fois en haut restera entre nous. »

Après tout Helen savait ce qu’était le secret professionnel et n’y faisait jamais entorse, sauf cas de prérogatives spéciales, il ne tenait donc qu’à cette demoiselle à ne pas être embarquée dans une quelconque affaire louche. De sa propre expérience, Helen savait qu’une fois plongée dans ce genre de milieu, qu’il était difficile d’en sortir indemne et de reprendre une vie normale. Quoi qu’il en soit après avoir fait rentrée son invitée, Helen avait pris soin de refermer la porte et de la guider jusqu’à l’étage, elles ne croisèrent personne sur leur chemin mais purent entendre que les discussions restaient animées dans une pièce voisine. D’un côté, ce n’était pas plus mal, même si c’était dans le cadre de son travail, Helen préférait que personne ne la voit ramener une fille dans sa chambre, il ne suffirait que de cela pour les lancer dans des suppositions débiles.

« Entre, tu peux t’installer au choix dans le fauteuil ou sur le lit. Réexplique-moi ton souci pendant que je relance ma machine. »

Laissant presqu’en plan sa cliente, Helen se dirigea vers son bureau de travail près de son lit et s’installa sur sa chaise. Son ordinateur n’était que très rarement éteint, même quand elle dormait, elle le laissait en veille, de ce fait elle n’eut qu’à agiter sa souris pour relancer son joujou qui lui demanda pour l’occasion un petit mot de passe qu’elle tapa en un éclair afin d’ouvrir sa session travail. Contrairement à sa chambre qui malgré son rangement sommaire restait fort bordélique, Helen était très minutieuse dans sa façon d’agencer les différents éléments et dossiers sur son ordinateur. Elle s’était ainsi créée une session que pour le travail, afin de ne pas mélanger travail et loisir. Son principal outil de travail prêt, il ne lui restait plus qu’à attendre les directives de la demoiselle.

** D’après ce qu’elle m’a dit au tel, ce serait pour entrer en contact avec quelqu’un. Mais est-ce que c’est vraiment quelque chose d’aussi simple ? **

De nos jours, tous les jeunes ados s’y connaissaient pas mal en informatique, retrouver des connaissances sur internet était le B.A.BA avec tous les réseaux sociaux qui existent aujourd’hui. De ce fait, Helen pressentait que cette première demande en cachait certainement une autre, mais tant que sa cliente ne lui réexpliquait pas clairement sa demande, elle ne pouvait être fixer là-dessus.

Les explications arrivaient sans que toutefois la jeune demoiselle entre précisément dans les détails. Ainsi Helen ignorait toujours l’identité de sa cliente, elle aurait pu la lui demander au moment de leur coup de fil, mais encore à moitié endormie à ce moment là, elle avait zappé de le faire. Aussi, en plus de son nom, elle ignorait celui du membre de sa famille qu’elle souhaitait contacter. Bref avec si peu d’indices pour aiguiller son travail, il était encore difficile pour notre informaticienne de se lancer. Néanmoins il fallait vraiment être aveugle et sourde pour ne pas comprendre que cette jeune demoiselle souhaitait d’abord qu’Helen jette un coup d’œil sur son téléphone.

** Hm… Ce n’est un modèle des plus récents… **

Pour certaines personnes, un téléphone ne servait qu’à téléphoner, mais pour d’autres comme Helen, ces petits appareils remplissaient tout un tas d’autres fonctions et se devaient donc d’être performants. Sa cliente avait la conviction que son souci ne provenait pas de son téléphone mais plutôt de cette île où elles étaient toutes les deux retenues. Et suite à cette certitude qu’elle semblait afficher, Helen se dit qu’il était peut-être intéressant de lui raconter son expérience personnelle à ce sujet.

« Je ne suis pas aussi certaine que ce ne soit pas ton téléphone qui soit en cause. »

Prenant l’appareil en main, elle l’examina plus en détails, ce dernier captait pourtant bel et bien le réseau de l’île, le même que Helen exploitait chaque jour. Cette constatation laissait planer quelque chose d’étrange dans l’air, et sur le coup notre camarade avait bien du mal à deviner précisément où se situer le problème. Tout en gardant ses réflexions dans un coin de sa tête, Helen reprit alors la parole, tournant sa chaise de bureau en direction de son invitée afin d’avoir son regard posé sur elle.

« J’ai un téléphone plus récent que le tien, avec ce dernier j’ai su contacter des proches d’Amérique. Tiens, essayes un peu d’appeler ta famille avec, on verra ce qui se passe. »

Helen avait déjà eu certains de ses appels mystérieusement interrompus, cela lui était arrivé deux fois pour ainsi dire. Mais elle avait mis jusqu’à présent cela sur le compte d’un réseau défectueux et ne s’en était nullement inquiétée. A présent que la petite demoiselle lui exposait sa situation, la curiosité d’Helen était piquée au vif. Quoi qu’il en soit, Helen tendait à présent les deux téléphones à son invitée, il ne restait plus qu’à attendre le résultat de ce premier essai.

Un échec, Helen n’avait beau avoir de connaissances du japonais que celles de ses animes, notre demoiselle avait bien compris que sa cliente n’avait pas su passer l’appel tant espéré. Visiblement le numéro semblait l’avoir dirigé vers une autre personne, une inconnue qui s’était empressée de raccrocher sans nulle autre forme de politesse. La jeune fille affirmait toutefois détenir le bon numéro, mais apparemment il fallait se rendre à l’évidence que si ce dernier était le bon, qu’il n’était malheureusement plus d’actualité.

** Si le numéro n’est pas bon, une adresse mail pourrait faire l’affaire. **

Oui, Helen était déjà entrain de réfléchir à un autre moyen de joindre ces « Kijisaki », avec l’apogée des réseaux sociaux, il pouvait être facile de retrouver les traces d’une personne pour peu que celle-ci soit un tant soi peu connectée. Mais pas le temps de se triturer d’avantage les méninges que son invitée vint la surprendre par un abandon bien trop rapide et inattendu au gout de notre camarade. Pourtant la jeune fille lui avait semblé bien en peine de ne pas pouvoir entrer en contact avec les Kijisaki, Helen avait même cru déceler une certaine détresse de sa part. Avait-elle si peu foi en ses compétences ? Ou s’agissait-il d’autre chose ?

** Si c’est le cas, tant pis pour elle… **

En effet, Helen n’avait pas envie de consacrer d’avantage de son temps à cela, surtout si son client lui-même décidait d’arrêter ici les frais. Mais bon, cela faisait quoi ? Peut-être vingt bonnes minutes tout au plus, pour le même prix elle pouvait exiger de Helen qu’elle tente autre chose pendant les quarante minutes qui lui restait encore. Quoi qu’il en soit l’annonce de son paiement tout proche, termina de convaincre Helen de ne pas insister plus sur cette affaire.

** Après tout cela ne me regarde pas, même si j’avoue être curieuse. **

Peut-être chercherait-elle elle-même par la suite pour son propre plaisir ? Dans tous les cas, Helen observait à présent sa cliente sortir son portefeuille et commencer à fouiller dedans. Bien rapidement notre camarade décela un nouveau souci sur le visage de cette dernière, et ce dernier ne tarda pas à être exprimé de vive voix. Ce genre de situation, Helen l’avait déjà vécu par le passé, et dans pareilles situations, faire confiance à son client équivalait à prendre l’énorme risque de ne jamais se faire payer. Dès lors depuis ces péripéties passées, Helen s’était munie d’un lecteur de carte, après tout que ses clients soient là pour ses talents d’informaticienne ou de massothérapeutes, beaucoup préféraient payer par carte plutôt qu’en espèce. Bref la demoiselle semblait bien embêtée, mais Helen lui présenta rapidement la solution à son problème.

« Pas besoin de sortir, possibilité de payer par carte aussi. »

Helen lui indiqua alors son lecteur de carte sur son bureau et le mit plus en évidence pour qu’elle ne puisse pas le louper. Ce dernier était semblable à tous ceux que l’on pouvait retrouver dans les supermarchés et autre magasin. Et alors que la demoiselle s’approchait avec sa carte pour régler le paiement, Helen se surprit elle-même à lui proposer une dernière tentative.

« Une adresse e-mail pourrait aussi suffire pour les contacter. »

Mais après il fallait voir si sa cliente en possédait une, et si elle avait envie de poursuivre ses tentatives encore un moment.

Helen ne pouvait s’empêcher de rester dubitative face à cette demoiselle, comment une adresse e-mail pouvait-elle être une mauvaise chose ? Être positif, notre amie pensait l’être déjà bien assez pour sa cliente, elle qui avait déjà renoncé il n’y a même pas quelques instants, à présent grâce à sa réflexion, son invitée semblait peser le pour et le contre de son idée. Helen ne voyait pas ce qui pouvait la freiner, qu’avait-elle à perdre à tenter le coup ? Le fait que les choses commençaient à trainer un peu trop à son goût agaçait notre informaticienne, et alors qu’elle espérait une réponse de sa part, Helen eut un faux espoir. Sa cliente venait de reprendre la porte, mais non pas pour lui donner une adresse e-mail, mais pour se présenter.

** Bon c’est vrai qu’on aurait pu commencer par çà. **

Kijisaki Haruna… Grâce à son nom, Helen savait désormais que sa cliente cherchait à contacter sa famille. Cette certitude la fit encore plus douter du manque d’entrain de la demoiselle à lui fournir une adresse e-mail. Helen soupçonnait bien des choses à son égard, si bien qu’elle ne prit pas la peine de se présenter de suite, et laissa sa cliente dans l’attendre durant quelques secondes.

« Helen Brendan »

** J’avais pourtant fourni mon nom et mes coordonnées dans toutes les agences où je me suis inscrite. Et est-ce que j’avais oublié de le lui donner aussi lors de son coup de fil ? **

Helen trouvait cette omission surprenante de sa part, mais ses préoccupations furent rapidement menées sur autre chose. Son invitée désirait se soulager la vessie, quoi de plus normal. Haruna avait de la chance, elle n’allait pas risquer de se perdre dans le manoir pour trouver des toilettes, il y en avait juste en face de la chambre d’Helen. Ce fut donc tout à fait normalement que notre camarade répondit à sa demande.

« Il suffit de sortir de ma chambre, tu en trouveras juste en face. »

Avec çà, quelques minutes allaient être perdues pour la recherche d’une tentative de contact avec la famille d’Haruna. Soit si cette dernière dépassait ces soixante premières minutes, Helen n’allait pas s’en plaindre, cela ne ferait qu’un double paiement pour notre informaticienne. Mais quitte à être payée, Helen préférait apporter le service attendu par sa cliente. Et en toute honnêteté, c’était mal parti pour le moment. Enfin peut-être que rien qu’avec le nom de sa cliente, Helen pouvait peut-être trouver quelques petites pistes sur le net. Dès lors en attendant le retour d’Haruna, Helen se mit à pianoter sur son clavier et à faire aller sa souris.