A smile that doesn't shine meets a genius musician.

Agenouillée sur le sable chaud, une petite fille au sourire impénétrable dessinait d'étranges formes sur la plage de ses doigts fins. Confuse, curieuse, et ne sachant que faire, elle n'avait pas bougé de cet endroit étrange et mystérieux. Elle était restée au bord de la mer, son attente accompagnée par la douce mélodie des vagues.

Elle regarda la lettre une fois de plus. Cette fameuse lettre qui semblait expliquer tout et rien à la fois. Elle était toujours dubitative face à cette histoire d'équilibre du monde et de magie. Pourtant, elle ne pouvait nier son existence. Elle ne pouvait nier cet isolement, cet épuisement constant... c'était bien la présence de ces orbes surnaturels qui avaient en parti gâché sa vie. Elle ferma les yeux l'espace d'un instant, afin de se rappeler de cette fameuse vie. Lorsque ses paupières se rouvrirent, elle fut accueilli par le doux voile de la nuit, s'étendant avec fierté sur toute la surface du firmament.

Elle était encore entièrement trempée. Que ce soit sa longue chevelure aussi bleu que le ciel qui la toisait à ce moment précis, ou que son simple T-shirt blanc semi-transparent, rien n'avait été épargnée dans sa chute suicidaire. On pouvait voir sur ses bras dévoilés de nombreuses cicatrices encore jeunes, une vision qui fit sourire tristement la petite fille aux yeux brillant d'un or sans éclat.

Une multitude de particules lumineuses flottaient autour d'elles, illuminant son corps humide dans cette nuit sombre. Luschka était épuisée, comme toujours, et l'idée de se changer ici même ne lui venait même pas à l'esprit, elle ne faisait qu'attendre, encore et encore, un sourire figé sur son visage.

Aah... Qu'allait-elle faire désormais ? La lettre parlait d'un monde semblable au sien, un monde qui ne la dépayserait pas... mais que pouvait-elle faire dans un monde qui imitait quelque chose dont elle ne connaissait rien ? Peut-être devrait-elle rester sur cette plage et ne jamais bouger. Peut-être devrait-elle figer le temps ici-même, et ne jamais continuer.

La douce brise des mers fit virevolter ses longs cheveux qui semblaient perdre leurs couleurs au fil du temps, et elle se retourna vers l'océan, vaste inconnu qui ne l'était pas plus que la terre qui se trouvait derrière elle. Elle serra le bagage qui lui avait été donnée, n'ayant pas besoin de vérifier le contenu, étant donnée qu'elle sentait déjà la forme de son casque à travers le tissu.

Elle n'était qu'une pauvre silhouette au milieu des ténèbres, illuminée par la poussière étoilée qu'elle invoquait à longueur de journée. Et elle n'avait rien à croquer pour diminuer l'ampleur de ce sourire maudit.

Derrière elle, une présence pouvait être ressentie. Elle se releva doucement, faisant virevolter contre son gré les particules lumineuses autour d'elle, puis se retourna, un croissant de lune figée sur ses lèvres. Cela ne dura qu'un instant cependant, car elle s'effondra immédiatement sur le sol, drainée de toute énergie. La lumière qui l'entourait commença a vaciller, et la scène qui s'offrait devant l'inconnu perdit son éclairage. Seules deux petites perles dorées subsistaient dans l'ombre de la nuit, donnant juste assez de lumière pour situer la petite fille dans l'obscurité.

Aah, quel magnifique pouvoir, que la magie est grande et resplendissante. N'était-ce pas là un beau cadeau des dieux, que de pouvoir manifester une tel puissance ?

Dans cette obscurité nouvelle, la petite fille pouvait contempler les abysses qui composait son âme. Ces ténèbres, elle ne les trouvait pas si effrayantes que ça. Les gens disent avoir peur du noir, mais elle ne se sentait pas plus rassurée en présence de lumière. Elle était la jeune fille du soleil qui n'appartenait qu'au royaume du néant noir.

La lumière vacilla de nouveau, et Luschka put remarquer qu'un espèce de voile s'était posée sur ses épaules. Elle pouvait sentir le poids d'une veste légère le long de son dos, et leva les yeux afin de comprendre la situation dans laquelle elle se trouvait. Après tout, cela faisait un moment qu'elle était là, il fallait bien qu'elle agisse enfin.


Son regard s'arrêta sur la silhouette d'une personne. Un homme. Elle ne pouvait clairement le voir dans la pénombre, mais ses cheveux sans couleurs se mettaient en évidence au milieu de son apparence propre et sobre.

Elle baissa la tête et se couvrit la bouche de sa main gauche, hochant la tête de bas en haut. Elle allait bien, elle avait l'habitude après tout. C'était juste que ce pouvoir semblait prendre les derniers restes de son essence, et c'est pourquoi elle paraissait si faible en ce moment.

La petite fille souriante n'avait pas l'énergie nécessaire pour contredire l'inconnu. Elle avait compris depuis longtemps que son pouvoir se manifestait lorsqu'elle souriait... et ce sourire maudit ne la quittait jamais.


L'homme s'installa à ses côtés. Il plaça un instrument mystérieux en face de ses lèvres et une douce mélodie ne tarda pas à se faire entendre. Sous ce ciel sombre se trouvait une scène simple mais dont l'ambiance apaisante la rendait mystique et mystérieuse.

Petit à petit, les particules de lumière se multiplièrent et illuminèrent les deux immigrés, signe que Luschka reprenait assez de force pour malheureusement manifester ce pouvoir que tant de moutons idolâtraient.

Peut-être devrait-elle parler à cet homme ? Elle devait attendre au moins quelque minute pour être sûre de tenir sur ses pieds. Elle pourrait peut-être en apprendre un peu plus sur cette île, c'est le moins qu'elle puisse faire à ses débuts. Sa destination était pourtant déjà établi, le bois qu'elle avait pu voir lorsqu'il faisait encore jour était la seule destination attrayante de l'horizon.


Elle ne pratiquait pas couramment l'anglais, et sa fatigue ne l'aidait en rien. Elle avait tout juste réussi à comprendre les paroles de l'homme, mais la musique transportait un message qui pouvait être compris de tous, bien qu'interprétable de milliers de façon.


Doucement, elle essayait de trouver ses mots. Le fait qu'elle cachait son sourire d'une main n'aidait pas à la compréhension, mais le sens de la phrase pouvait tout de même être discernable.


Elle agita la lettre de son autre main, cette étrange lettre qui donnait un sens à ce mystérieux enlèvement. De son regard vide, elle observait la mer en écoutant la musique. Pourra-t-elle profiter d'une vie nouvelle sur cette île mystérieuse ? C'était la question qu'elle se posait alors que la lumière environnante lui dérobait les couleurs de sa chevelure humide.

L'homme sortit de sa poche une lettre, semblable à celle de Luschka. En la voyant et en entendant les paroles de l'inconnu, la jeune fille retira sa main qui cachait son sourire et enlaça ses genoux. Son sourire étrange et figé était alors pleinement découvert, éclairée par les particules étoilées.

Il ne savait rien non plus. Du moins, c'est ce qu'elle avait compris. Il articulait de manière à ce que la fille comprenne facilement ses mots, mais la fatigue mentale et le cours des événements empêchait Luschka de se concentrer pleinement sur les paroles de l'inconnu.

Elle comprit tout de fois quelque chose d'important dans les mots de l'homme. Nous ne sommes pas mort. Nous ne sommes pas seuls. Nous ne sommes pas abandonnés. Peut-être que cela fonctionnait pour lui, mais Luschka l'avait toujours été... depuis ce jour... Et cela ne l'effrayait plus. Les particules lumineuses s'intensifièrent un instant, accompagnant le sourire moqueur de la demoiselle aux yeux d'ors, un sourire qui n'avait pour cible qu'elle-même. Etait-ce l'habitude, ou bien n'avait-elle plus d'espoir pour vivre mieux ? Peut-être qu'elle n'avait même pas idée de ce que pourrait lui offrir une nouvelle vie. Elle ne souhaitait qu'exaucer les voeux de sa mère, ne pas laisser pourrir cette flamme qu'elle lui avait léguée.

Luschka attrapa alors la main qui lui était offerte, ses flagrantes cicatrices se laissant alors découvrir aux yeux de l'aimable étranger. Accompagnée du sourire qui n'avait jamais quitté son visage et de ses yeux vides, Luschka devenait une vision sûrement étrange et sordide pour quiconque la regardait en cet instant. Elle n'avait pas son attirail morbide qui aurait pu empêcher ce contraste d'exister. Ses habits légers ne lui permettaient pas de montrer de loin le mystère de ses expressions, et elle ne savait pas si s'équiper de ces armures lourdes était une si bonne idée au final.

Elle dépoussiéra ses habits mouillées, constatant d'un air neutre que le sable humide resterait probablement collée à ses habits semi-transparents à cause de l'eau. Elle soupira, ennuyée et souriante, et se tourna vers l'homme. Elle ferma les yeux et répondit :


Son ton était sarcastique, il était impossible de croire qu'elle parlait sérieusement, à moins d'être réellement innocent. Elle tourna alors le dos à son interlocuteur et se pencha afin de récupérer sa "valise" encore sur le sol.


Elle sortit son casque du sac et le posa autour de son cou, puis tourna son regard vers la mer, ne laissant que son profil illuminée de visible pour l'inconnu. Son sourire était toujours présent, mais une teinte de tristesse pouvait être décelée dans le recoin de ses lèvres. Une teinte de tristesse aussi présente dans ses paroles, accompagnant son sarcasme d'une façon qui montrait que son discours, bien qu'absurde, détenait une pointe de vérité.


Elle monta une de ses mains et massa le coin de ses lèvres. Ces mains ne sont plus pures.


Ayez la foi. Voici les mots qu'elle prononça. C'était le seul indice qu'elle pouvait lui donner, une simple phrase chinoise. Elle ne voulait pas s'en rappeler. Pour elle, elle n'avait réellement sa place nulle part, et ce fut le cas depuis sa naissance.

Elle tourna ses yeux vers le gentleman. Son sourire s'estompa, ne devenant qu'une minuscule courbe sur son visage. Elle s'excusait intérieurement envers cet homme, qui venait d'être le récipient d'une lamentation impromptu, qui n'avait suivi que les simples principes de la politesse... C'est pour cela qu'elle décida de répondre tout de même normalement à sa question. Les particules de lumière faiblirent et commencèrent à disparaître petit à petit... et avec elle, l'ambiance mystique s'en alla aussi. C'était dans une nuit sombre, accompagné de l'écho des vagues que Luschka se décida de finir ses folies sur quelque chose de plus concret.


Elle en avait beaucoup dit. Elle supposait que l'homme ne lui parlerait peut-être pas après ce discours insensé... C'est pour ça qu'elle terminait sa réponse ainsi, alors que le destinataire n'était qu'un parfait inconnu.

Elle épaula son sac et s'éloigna dans la pénombre, pensant bien que l'homme serait soulagé de son départ.