La princesse et le voyou. {Airisu/Ethan}

« Hors de mon chemin !! »

C’était en pleine course intense que l’on retrouvait notre camarade adoré. On aurait pu à la limite croire à un footing si le rythme s’était vu moins soutenu et si notre ami avait porté une quelconque tenue de sport, mais non. Ethan était habillé comme à son habitude, à savoir pour ce jour : un pantalon noir, une paire de basket blanche, un teeshirt rose par-dessus lequel il portait une veste noire et blanche, et avec cela un bonnet noir vissé sur sa tête. Bref si notre énergumène était entrain mettre à l’épreuve tous les muscles de son corps, ce n’était pas vraiment par plaisir. Oh non, il n’était pas encore devenu masochiste, bien qu’à force de côtoyer certains individus dangereux on n’avait pas tout à fait tort de le penser. Mais cette fois-ci, ce n’était pas avec une bande de motards ou de petits délinquants qu’il avait été cherché les ennuis. Allez savoir comment, il avait réussi à se mettre les men in black de l’île sur le dos. Pourtant il n’avait rien fait de mal à ce qu’il sache, non, il avait beau essayer de se souvenir, il n’arrivait pas à revenir ce qui aurait pu les fâcher à ce point. Il faut dire qu’il en avait déjà fait pas mal des bêtises, alors se souvenir de celle qui avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Il ne fallait pas trop lui en demander, là il était entrain de courir et devait maintenir toute sa concentration afin de ne pas perdre de la vitesse et de parvenir à les semer. Chose qu’il arrivait plus ou moins, car en jetant des coups d’œil rapides derrière lui, Ethan vit qu’il commençait à les distancer. C’était vraiment à se demander si ces types étaient les véritables men in black qui régnaient en maîtres sur cette île. Quoi qu’il en soit lorsqu’il redirigea son regard devant lui, il vit qu’il était sur le point de rentrer en collision avec une jeune fille. Pas le temps de l’esquiver, tout comme il n’en avait pas à perdre dans une fichue collision, dès lors Ethan ne réfléchit pas plus longtemps et opta pour la seule option qui lui restait selon lui. De ce fait au lieu de percuter de plein fouet cette jeune personne, il l’attrapa et la souleva dans la volée, poursuivant alors sa course sans avoir pris la peine de freiner une seule seconde et en tenant désormais la demoiselle dans ses bras.

« Hop, désolé, mais je n’ai pas trop le temps de m’arrêter. J’ai des affreux derrière moi alors tu attendras que je les sème pour descendre. »

Bon il avait évité de lui rentrer dedans mais il avait à présent un poids mort à trainer dans sa course. L’idée de s’en débarrasser tout simplement comme un vulgaire sac de sable lui avait alors traversé l’esprit. Mais cette petite miss était franchement jolie, il ne pouvait décidément pas l’abandonner comme çà, dès lors ils étaient partis pour faire un bout de chemin ensemble. Dès lors autant faire un peu causette, non ?

« Au fait tant qu’on y est, c’est quoi ton petit nom ? »

Ce n’était guère le moment pour des présentations, mais Ethan et la logique étaient deux choses complètement incompatibles. Déjà qu’embarquer une parfaite inconnue dans sa course poursuite n’était pas une idée lumineuse, il ne fallait donc pas espérer mieux de sa part. Derrière eux, on pouvait entendre les types qui poursuivaient Ethan hurler et le sommer de s’arrêter. Ils avaient bel espoir de le croire capable de s’arrêter tout simplement parce qu’ils le lui demandaient. Non mais, si c’était aussi simple, ce ne serait pas Ethan.

Pas de prise de tête pour son enlèvement sauvage, rien que cela, la demoiselle lui paraissait déjà sympa. En même temps si elle s’était mise à hurler ou se débattre, c’est bien simple, Ethan l’aurait tout simplement jetée sur le bord du chemin sans une once de délicatesse. Mieux encore, il l’aurait carrément jetée sur ses poursuivants afin qu’elle se rende un peu utile à ses yeux en les retardant un temps suffisant pour lui permettre de se carapater bien loin. Mais non, la jeune fille ne semblait pas se formaliser des méthodes très particulières d’introduction de notre ami. D’ailleurs, elle se présenta bien vite suite à sa demande, Airisu Kiiro, une asiatique visiblement, en même temps avec sa frimousse, il n’y avait pas photo sur la question. Heureusement que la petite s’était exprimée en anglais sinon ils n’auraient pas été loin tous les deux. Quoi qu’il en soit tout en lui demandant son identité, elle le priait de faire contrepoids à sa gauche. Se demandant ce qu’elle avait en tête, Ethan s’exécuta plus par curiosité que par envie de lui faire plaisir. Il prit néanmoins la peine de se présenter à la donzelle.

« Tu peux m’appeler Ethan. »

Présentation faite, la demoiselle prit un peu plus ses aises, se penchant sur l’épaule droite de notre ami afin d’avoir un visu plus correct de leurs poursuivants. Ethan la vit alors tendre sa main en direction des énergumènes qui les coursaient, et de cette dernière se mirent à jaillir des éclairs forts pathétiques qui allèrent s’écraser sur le sol avant de toucher leur cible. Était-ce vraiment une attaque qu’elle avait voulu lancer ? Dans tous les cas, les deux gaillards avaient été surpris, et cela leur avait permis de mettre plus de distances entre eux, mais pas encore suffisamment pour les semer de manière définitive. Airisu réitéra son attaque, le résultat fut un chouia meilleur que le précédent, mais encore une fois rien de spectaculaire. D’ailleurs la pauvre petite en avait bien conscience à l’entendre s’excuser de n’être pas capable de faire mieux. C’est clair qu’Ethan aurait apprécié plus de résultat, mais bon, tout le monde n’était pas aussi bon que lui, et donc il fallait bien qu’il se résigne à accepter les faiblesses des autres. Quoi qu’il en soit voir à l’œuvre la petite nippone avait su attiser sa curiosité, dès lors il ne manqua pas de réagir après elle.

« Ah t’es aussi une disjonctée toi, par contre tes éclairs ce n’est pas çà. Faudrait que tu penses à te brancher à une prise le soir, histoire te recharger tes batteries. Enfin pas la peine de t’en faire, ils vont bien finir par se lasser. A moins que mes bras lâchent en premier, c’est que t’es pas légère mine de rien. »

Ethan ne connaissait pas encore l’appellation exact pour ceux qui manipulaient la foudre, dès pour souci de facilité, il les appelait tout simplement les disjonctés. Notre ami en avait connu jusque là deux, et à présent avec elle cela allait faire trois. Il y avait tout d’abord la délicieuse Jess, et ensuite l’autre indésirable dont il n’avait même pas pris la peine de retenir le nom, tellement son existence lui importait peu. Mais dans les deux cas, les deux autres disjonctés qu’il connaissait étaient nettement plus puissants et dangereux avec leur foudre que sa nouvelle connaissance. Pour peu c’était à se demander si cette dernière était capable de tuer un poisson rouge dans son bocal. Bon il exagérait un peu, mais c’était grosso-modo là l’idée qu’il se faisait des compétences mystiques de la jeune fille. Enfin comme il le lui avait dit, elle n’avait pas à s’en faire pour ces indésirables qui ne les lâchaient décidément pas. Par contre, si elle voulait se préoccuper de quelque chose, cela pouvait être son poids, car mine de rien, Ethan sentait bien ses petits kilogrammes. Bon rien d’insurmontables cependant, mais dans de telles circonstances il ne fallait pas espérer le voir tenir encore un kilomètre ainsi. Vexée ou pas, Airisu vint alors lui proposer juste après coup de la lâcher afin qu’elle puisse courir et ne plus être un poids inutile pour lui. Ouais, inutile était bien le mot, car en ce moment il fallait être réaliste cette donzelle même avec la meilleure volonté du monde ne l’aidait franchement pas à solutionner son petit problème de parasites.

« Ouais, c’est pas bête comme idée, j’hésitais justement à le faire. »

S’arrête alors d’un coup et la lâche brusquement, à tel point que si elle n’avait pas eu ses bras autour de son cou, elle aurait fini le cul à terre. Il faut dire que parfois Ethan savait faire preuve d’une certaine délicatesse envers la gent féminine. Et en la présente situation il avait autre chose à penser que cela, et une fois qu’Airisu l’eut relâché, il se tourna face à ses poursuivants.

« Bon à présent il s’agit de les retarder un minimum. »

Et pour cela notre camarade allait user d’une de ses techniques préférées : le lance-flamme. Serrant les poings et les joignant devant lui en tendant les bras, il mit en visée les deux gugusses qui virent sans mal que notre ami leur réserver une petite surprise. Et sans attendre, une puissante colonne de flamme jaillit de ses poings et fusa droit sur ces cloportes insupportables. Ces derniers eurent assez de réflexe pour s’écarter et ne pas prendre l’attaque brûlante de plein fouet. Cette dernière par contre lorsqu’elle toucha le sol explosa en une multitude de flammèches qui s’en allèrent mettre le feu à tout ce qui se trouvait d’inflammable dans les environs. Et dans un parc, la verdure automnale cramait bien vite, tout comme les poubelles bien remplis et les vêtements des pauvres malheureux qui n’avait visiblement pas su tout esquiver.

« Bon on va être tranquille un moment à présent. »

C’était le moins que l’on puisse dire, Ethan en avait encore une fois trop fait, il faut dire que la magie élémentaire du feu était une magie assez destructrice. Et lorsque cette dernière était manipulée sans retenue comme le faisait notre ami, elle l’était encore plus et faisait des dégâts incommensurables. Raison sans doute pour laquelle Ethan s’était fait coursé par ses types. Il avait dû par inadvertance ou de son plein gré réduire en cendre quelque chose qui leur appartenait. Quoi qu’il en soit, il était temps pour notre ami pyromane de déguerpir avant de s’attirer encore d’autres ennuis.

« Allez Riri, on file. »

A peine rencontrée qu’il l’affublait déjà d’un surnom, il faut dire qu’Airisu n’était pas un prénom courant pour lui, dès lors à force de se le répéter dans la tête, ce petit surnom lui était venu d’office. Et ce fut sans retenue qu’il la poussa d’une main dans le dos afin de l’inviter à partir dans une grande foulée jusqu’à la première planque potable des environs. Mais bon dans un parc, il n’avait pas trop le choix et la meilleure cachette que leur offrait ce dernier était sa partie boisée. Dès lors Ethan ne tarda pas à agripper sa camarade par la manche pour l’entraîner avec lui hors du chemin. Ils passèrent alors à travers une série de buisson avant de finalement s’arrêter lorsque le chemin qu’ils avaient quitté ne leur était désormais plus du tout visible. Tout de même éprouvé par sa course, Ethan se laissa tomber sur les feuilles mortes qui jonchaient le sol de ce petit bois.

« Franchement qu’est-ce qu’ils sont pénibles ces types. »

Enfin quoi qu’il en soit, Ethan pouvait espérer avoir enfin la paix désormais. Quoi qu’il en soit, il avait une fois encore entraîné une pauvre innocente dans toutes ses histoires rocambolesques. Et ils ne leur restaient à présent plus qu’à patienter un moment, le temps que les choses se calment dans le parc. C’était que le début d’incendie qu’Ethan avait généré avait engendré une belle pagaille et avait rameuté pas mal de personnes afin de contenir et neutraliser ses flammes. En somme notre camarade avait réalisé là une diversion efficace mais néanmoins bien dangereuse.

Des explications ? Etait-ce vraiment indispensable ? Vu la manière dont elle le fixait, il fallait croire que oui, décidément pourquoi tout le monde s’attardait sur des détails sans importance. Mais bon, ce n’était pas comme s’il avait mieux à faire, car pour le moment même quelqu’un d’aussi turbulent que lui aspirait à un peu de tranquillité histoire de récupérer un peu de ces récents évènements. Ethan glissa alors une main dans sa tignasse rose, se grattant le cuir chevelu, il semblait visiblement entrain de réfléchir à ce qu’il allait dire. Qui plus est, rien ne l’obligeait à lui dire la vérité concernant ses agissements, il pouvait tout simplement lui inventer un bobard qu’elle ne s’en apercevrait même pas. Bah non, finalement c’était trop chiant de chercher après un mensonge plausible, autant dès lors se cantonner à la vérité.

« T’es vraiment sûre que tu en veux ? »

Et oui, notre gaillard n’était vraiment pas motivé à lui raconter sa vie, en général il aimait plutôt parler de lui, mais les récents faits le concernant le saoulaient plus qu’autre chose. Dès lors lui demander de les lui raconter n’allait pas l’aider à se défaire de l’ennui qu’ils lui suscitaient. Mais rien à faire, la demoiselle restait retranchée sur sa position et désirait être mise au courant de la situation dans laquelle elle venait de se fourrer. Ethan cessa alors de se gratter la tête, s’installa correctement en tailleur et posant ses mains sur ses genoux, il prit à nouveau la parole afin de satisfaire la curiosité de sa camarade.

« Au fait si ces types me poursuivaient, c’est parce que j’ai cru un moment qu’il s’agissait de ces types responsables de notre enlèvement et de notre séquestration sur cette île. J’y suis allé un peut trop fort avec eux et ai en quelque sorte cramer leur bagnole pour les empêcher de partir. Je me suis pourtant excusé après lorsque je me suis rendu compte de mon erreur, mais ils n’ont pas voulu passer l’éponge – les ingrats –. En fait je pense même que ce sont des yakuzas ou un truc dans le genre, car ils ont tout de suite sorti les flingues que j’ai cramés comme le reste. Mais encore là, au lieu de me foutre la paix, ils ont été me coller les basquettes. »

Cela résumait grosso-modo l’histoire, Ethan s’était tout simplement mépris à leur encontre et les choses avaient rapidement dégénéré. Notre camarade aurait sans doute pu se défaire de ces derniers facilement, mais notre ami n’avait jusqu’à présent jamais tué personne. Dès lors il préférait éviter d’user de son incontrôlable et puissante magie. Et oui comme sa démonstration de toute à l’heure l’avait prouvée, lorsqu’il usait de sa magie, ce n’était pas avec demi-mesure. Notre camarade avait encore du mal à faire dans la subtilité.

« Enfin tout cela est sans importance à présent. Sinon Riri, je ne t’avais jamais vu dans le coin, pourtant une tignasse pareille m’en serais souvenu. Tu viens tout juste de débarquer dans le coin ? »