L'arroseur arrosé [Gio]

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Charlie est bien chanceuse. Son inscription en année supérieure m'a pris environ une demi heure à tout casser, même en l'inscrivant aux clubs randonnée pédestre et arts plastiques. Elle a râlé comme un pou pour la randonnée, mais c'était ça, athlétisme, natation ou football. Et vu que les 3 autres clubs auraient été compliqués... Du coup, maintenant qu'elle a fini, elle peut dessiner tranquille, sur les marches du bâtiment administratif. Elle a décidé de dessiner la petite souris, pour la remercier de ses cadeaux. Oui, deux dents d'un coup ça fait des chouettes cadeaux! Et moi, au lieu de pouvoir profiter du petit soleil tranquillement, je cours entre l'administration, la bibliothèque universitaire pour les livres (et ceux de Charlie aussi, c'est là que ça se passe), et le resto U... Heureusement que j'ai la musique dans une oreille, ou je craquerai très vite.

C'est à la bibliothèque que je me fais aborder. Deux filles, plus âgées, qui me proposent un coup de main avec ma pile de bouquins, pour rejoindre le hall. Et m'entrainent vers une sortie latérale, un raccourci par un passage étroit entre deux bâtiments. C'est effectivement la bonne direction, c'est des nanas, je me méfie pas. Sauf que quand elles me bloquent la route, et sont rejointes par une troisième, je me demande ce que j'ai fait pour attirer les emmerdes. Bon, je passe le baratin, hein, pauvre petite première année, la Fac c'est la jungle mais j'ai de la chance, elles veulent bien me protéger pour une modique somme (c'est la moitié de ce que je perçois par moi, connasse!), et si je peux pas payer...

"Tu sais, une jolie fille comme toi, on pourrait te trouver des clients..."

Non mais c'est quoi cette île bordel?! Ouais, d'ailleurs, c'est le mot. En soit, elles se seraient contenté de leur numéro de chantage, ça aurait peut-être pu marcher. J'en ai pris assez dans les dents pour connaitre la musique, serrer les dents et avancer. Mais là, flute. J'ai passé les trois derniers mois à expliquer à Charlie que les types comme son père ou nos kidnappeurs, on était plus fortes qu'eux, parce qu'on avait tenu bon, et qu'on était devenues plus fortes. Et là, je devrais courber l'échine face à trois garces qui pensent m'effrayer? Vous voulez jouer à ça les filles? Pas de soucis.

Dans mon oreille, la musique qui commence me fait sourire. No rest for the wicked... A l'époque, j'entendais No rest for the weakers. Que je traduisais par "pas de repos pour les faibles." Je suis pas faible. Je ne peux pas l'être. Du coup... Bizarrement, mes harceleuses, voir leur victime qui sourit dans le vide en fredonnant un truc, ça les calme un brin. C'est le but, après tout. Sur les trois, une à l'air nerveuse, les deux autres sont un peu plus agressive. Ben ouais, y a un cafard qui s'applatit pas devant vous les filles.

"Lic lac lac Lilac."

Je sais pas trop si c'était volontaire ou si j'avais juste la musique bien dans les oreilles, mais j'ai prononcé la formule comme les paroles de la chanson. Money don't grow on trees... Du coup, je suis pas sure qu'elles aient tout à fait compris ce que je faisait. Un des "bonus" de notre kidnapping, c'est que j'ai découvert des possibilités à mon pouvoir. Et le coup que j'utilise, là, c'est le même que Lyra ce jour là. A part que je vise un peu plus quand même. Et que j'ai créé qu'un seul gros grêlon, parce que l'air est trop chaud pour que ce soit si facile.

Un grêlon gros comme un oeuf, donc, qui vient s'abattre avec fracas aux pieds des 2 qui me barre la route. Et franchement, estimez vous heureuse, je fais un tir de sommation. Ca effraie la troisième, celle qui me barrait le chemin, qui du coup repart en hâte vers la sortie de secours de la BU en braillant que je suis dangereuse et folle furieuse. Je pourrais la suivre. Mais bon. Un, parce que si je fuis, les deux autres me tomberont dessus, là elles hésitent. Ben oui, La petite proie facile elle pleure pas, elle dit pas un mot, elle sourit et attaque "sans prévenir..." Pas si facile que ça, finalement, hein?

Je sais pas de quoi me traite la fille, c'est pas dans une langue que je connais. Mais bon, vu qu'elle sort un cran d'arret, je me dit que c'est pas une reddition. Sérieusement?! Non, j'ai pas peur. Enfin, si, mais pas d'elle. J'ai peur des types, parce que voir l'autre nana faire apparaitre une flamme, ça me rappelle des mauvais souvenirs. Ne craque pas...

"Lic lac lac..."

Inconvénient de prononcer la formule... Je vais vachement moins vite qu'un coup de couteau. J'esquive de justesse, en bondissant en arrière. Douleur? Non. Elle m'a pas touché.

"Lilac!"

Une tornade. Pas énorme au début, elle prend vite de l'ampleur, assez pour me séparer de la fille enflammée. Normalement, j'ai un avantage sur elle. Quand à l'autre... J'ai plus de déodorant. A la place, j'ai un porteclef bombe au poivre. Tu veux voir dans tes yeux, grognasse? De suite, ça plait pas, hein? Tu vas voir ce qu'elle te dit la proie facile! J'vais te démolir ta face! Et mais eh! Pourquoi je touche plus terre moi?! Qui c'est qui m'a attrappé?!

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Une fois de plus j’étais à la bibliothèque du campus pour étudier et éventuellement satisfaire ma curiosité. Comme à mon habitude je m’étais étalé sur une table vide et j’étais plongé dans mes pensée, le monde autour de moi s’était effacé et seule restait la bulle dans laquelle je me trouvais. Les cours avaient repris et j’avais largement rattrapé mon retard mais mes petites virées nocturnes ne me laissaient pas franchement le temps de réviser alors j’avais tendance à en faire deux fois plus sur mon temps libre.

Durant l’une des rares pauses que j’ai l’habitude de m’octroyer, je suis allé chercher un rafraîchissement avant de me diriger vers la sortie la plus proche, à savoir une porte latérale qui donne sur un petit passage étroit. En général il n’y a personne et ça me permet de souffler tranquillement pendant que je bois ma canette. Sauf que cette fois-là, lorsque j’allais poser la main sur la poignée, une femme ouvrit brusquement la porte, se précipita à l’intérieur en manquant de me rentrer dedans et disparut de mon champs de vision en moins de deux. Ce qui me fit soupirer, c’est qu’elle marmonna en passant près de moi et que ça impliquait qu’il y avait quelqu’un de dangereux dehors.

En sortant, je jetais un oeil de chaque côté pour tomber sur une jeune fille d’une quinzaine d’année, dos à moi et faisant face à deux filles plus âgées qui se la jouent caïds de la fac. Ce qui me surprit c’est que les sois-disant dures à cuir n’avaient pas l’air autant en confiance qu’elles auraient dû. L’une s’était enflammée et l’autre avait sorti un couteau de poche. Je vous ai dit que je déteste les couteaux ? Il n’y a rien de plus dangereux au corps à corps. Les deux se jettent sur leur victime rebelles et je me précipite pour m’interposer. Heureusement la jeune fille se débrouille bien et une esquive et une tornade plus tard elle est toujours entière. Mais je vais quand même intervenir, parce qu’on ne rigole pas avec les armes blanches. Tandis que je soulève la plus jeune du sol, je lance un regard noir à celle qui tient l’arme dans sa main.

“Tu veux que je te montre comment on se sert d’un couteau toi ? Crois moi ça va pas te plaire.”

Alors que je pose les yeux sur la demoiselle, je la reconnais, c’est la jeune fille qui m’a indiqué le chemin de la fac à mon arrivée ici. Je lui offre un grand sourire avant d’ajouter :

“Content de te revoir, je suppose que c’est toi qui a effrayé celle que j’ai croisé en sortant.”

Je la posais à côté de moi tandis que je reportais mon attention sur les deux guignols de sortie. Je ne me tenais pas directement face à elles, il ne faut jamais se tenir bien en face d’un couteau, c’est le meilleur moyen pour qu’il se retrouve dans notre bide. Non, j’étais de profil avec seulement le visage dans leur direction, arborant toujours mon regard noir et le braquant toujours sur celle au couteau. Je fis un pas en avant pour ne plus être à la hauteur de Cherry et fit signe à l’agresseur de s’approcher. Elle semblait hésitante et je pouvais voir sa main trembler légèrement. Si elle attaquait je n’aurais aucun mal à la désarmer et à lui mettre sa lame sous la gorge. Si on m’avait posé la question j’aurais préconisé la fuite pour elle.

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RAAAHH Mais pose moi! C'est quoi c'est la troisième qui est revenue?! Non, c'est un connard de mec. Elles avaient en plus un quatrième?! Et tenue comme ça je peux difficilement me débattre pour qu'il me lache, et c'est pas faute d'essayer. Bon tant pis j'utilise (encore) ma magie. J'ouvre la bouche et... Hein? C'est pas à moi qu'il parle? Bon et sinon, POSE MOI BORDEL! Hein? On s'connait? T'es qui toi?! Bon, ok, t'es pas un ennemi déclaré. Juste un "chevalier servant". Est-ce que le monde entier pense que tes problèmes se sont résolus après l'apparition d'un mec dans ta vie? Je suis pas une foutue princesse, mais si ce type veut aller se faire taper dessus à ma place, c'est pas moi qui l'en empêcherait.

Moi je me concentre sur la kagutsuchi, je lui met la pression, manœuvrant ma tornade pour la séparer de sa copine tout en l'empêchant de me rejoindre... Elle essaie d'y lancer une boule de feu, et il me suffit d'agrandir l'espace de la dépression pour la dévier, l'absorber, l’étouffer. Et au passage, ça fait voler la poussière, les gravillons et le reste, et j'essaie d'envoyer bien plus dans sa direction que dans la mienne. Bingo. Elle prend la tangente à son tour. Et la troisième se retrouve seule contre deux... Du coup elle profère ce que je suppose être une menace dans sa langue. Ou une malédiction, je sais pas je parle pas italien, avant d'initier un mouvement de retraite. Ouais non "retraite" ça sonne classe. Fuite éperdue, c'est moins proche de la réalité, mais c'est mieux. Je ferai pas mieux de la mettre directement hors d'état de nuire? Non, pas en la tuant, je ne suis pas devenue à ce point psychopathe! L’assommer, la dénoncer aux flics, et prendre des photos compromettantes avant parce que la police, faut voir leur efficacité. Et que c'est préférable d'avoir une sécurité...

"Lic lac lac Lilac!"

Je dissipe la tornade et j'utilise les vents qu'elle a généré pour altérer la retraite précipité de la chef des caïds en jupette. Qui trébuche et (heureusement parce que moi j'avais pas anticipé ce point... Ou alors j'en avait rien à foutre, je sais pas trop) lâche son cran d’arrêt qui va voltiger 3m plus loin.

"Tu m'approche à nouveau à moins de vingt mètres, connasse c'est toi qui aura besoin de "trouver des clients" pour payer tes soins... Et je t'assure que même ça t'aura du mal!"

Sous entendu: Je te démolirai tellement la gueule que plus aucun mec voudra de toi. Pas que je vois en quoi ce serait une perte, mais il parait que c'est une menace qui marche... Bien sur garder un ton assuré, parce que sinon, elle va comprendre le bluff. Est-ce que c'est bien du bluff d'ailleurs? Je crois. Parce que soyons franc, je suis pas combattante. Inventive avec ma magie, oui. Imprévisible, oui. Pour autant, en combat... Bref, dernière étape...

"Lic lac lac Lilac!"

Bon, va falloir que j'améliore mes compétences là dessus, je visais les fesses. Mais bon, le grêlon qui éclate juste derrière ses jambes, ça fait son petit effet aussi. Elle en oublie même son arme en reprenant la fuite. Et euh, je sais pas si c'est moi qui lui ai fait peur où si c'est le chevalier (du zodiaaaaaqueuh!) qui en a rajouté une couche, mais elle part vachement plus vite. Partent toujours à l'attaaaaaaque Nan mais ta gueule...

Bon, du coup mister heros. C'est qui ce type? Je suppose que je devrais m'en souvenir, en tout cas, lui a l'air de me connaitre. Ou alors c'est une technique de dragueur mytho. Mais moi, je le remet pas, là. Bon, faut dire que déjà j'ai du mal avec les mecs. Je reconnais toujours pas les noms de ceux de ma classe, alors un type plus âgé... Octobre n'a pas vraiment arrangé les choses d'ailleurs, et après ça a été le bordel pour rattraper mon retard aux révisions, du coup les gens j'ai pas trop fait gaffe.

"Merci. Tu sais où je peux aller pour signaler ces filles, et donner ça?"

"Ca", c'est le cran d'arret que je suis allée ramasser et replier précautionneusement. J'essaie d'être polie, mais mon ton reste "neutre". Je reste méfiante.

Invité

Pendant que la caïd au couteau hésitait à attaquer, j’ai pu assister au spectacle d’une ado de quinze ans mettant en déroute une kagutsuchi avec sa tornade. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle a du cran. Reportant mon attention sur la seule restante, je constate qu’elle a perdu ce qui lui restait de confiance en elle. Elle jure en italien et commence à prendre la fuite. J’aurais préféré la désarmer avant mais soit, c’est pas plus mal avec la jeune fille derrière moi. Enfin, c’est ce que je pensais, jusqu’à ce que la “victime” fasse tomber son agresseur en fuite, la désarmant au passage. Une menace et un tir de sommation de grêlon plus tard, l’autre reprend sa fuite en oubliant de ramasser son arme.

La jeune fille ramasse le couteau et revient vers moi, me remercie et me demande à qui signaler tout ça. Étant donné qu’on est sur le campus je suppose qu’il faut remonter cette information à la direction, qui choisiront ou non d’informer la police. En tout cas ce n’est pas ce que je ferais personnellement, mais il faut dire que je passe par des moyens… différents dirons-nous. Finalement, après y avoir pensé une seconde ou deux, je finis par lui répondre avec un ton aussi amical que possible.

“Je t’en prie, même si visiblement tu aurais pu t’en sortir sans mon intervention. Et pour répondre à ta question je suppose qu’il faut en informer l’administration du campus, je pense que ce sont eux qui s’occupent de ce genre d’histoires.”

Durant ma première rencontre avec elle, j’avais bien compris qu’elle était débrouillarde et indépendante, mais j’aurais jamais pensé qu’elle était capable de mettre en déroute trois personnes qui auraient décidé de la racketter. Je comprends mieux pourquoi elle n’avait pas besoin de cours de self-défense.

Bref, je lui offris un sourire amical avant de reprendre la parole.

“Je suppose que cette expérience ne t’as pas trop traumatisée mais je suis toujours disponible si tu veux quelques cours de self-défense. D’ailleurs je peux aussi te servir de témoin pour l’incident d’aujourd’hui, si tu veux.”

Ayant eu un aperçu de son caractère la dernière fois, je ne m’attendais pas vraiment à ce qu’elle accepte mon aide. Mais il fallait bien que je la lui propose, c’était la moindre des choses et puis il valait peut-être mieux que ses agresseurs soient renvoyés du campus, parce que si je leur tombe dessus pendant l’une de mes rondes nocturnes, elles ne s’en sortiront pas qu’avec une petite frayeur.

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Un silence, puis un ton détente, tranquille. Trop? peut-être. Il parle avec un accent c'est pas facile de comprendre. Et encore, j'ai l'impression qu'il s'exprime mieux qu'il y a quelques mois. Euh...? Non, j'aurais pas pu m'en sortir sans aide, ou pas si facilement. Là, j'ai juste profité d'une modification du rapport de force. C'est sur, j'ai préféré intensifier l'offensive (chose que je commence à payer, d'ailleurs, avec un bon gros mal de tête) plutôt que leur laisser le temps de réagir. Pour qu'elles ne puissent pas s'y adapter. Mais toute seule, je restais à leurs yeux une arrogante dont il faut rabattre le caquet. Et même là. Si je ne veux pas qu'elles me tombent dessus plus tard, voire qu'elles tombent sur Charlie, il va encore falloir manœuvrer pour les mettre "hors d'état de nuire".

L'administration, hein? C'est là que je retournais. Je fourre le couteau dans la poche arrière de ma salopette, et ramasse mes livres. Je ne sais absolument pas à quel moment ils sont tombés. Par chance, ils sont relativement intacts. Ou en tout cas rien qui ne soit irréparable. Bon, je m'attends pas à ce que l'administration face quelque chose, mais bon, on mettra ça sur mon manque de confiance en l'adulte.

Pas traumatisée?! Si, si, et si t'avais fermé ta grande g... Je commencerai pas à me sentir mal! Respire doucement. Tiens le coup et ne montre rien.

"Pas par elles. Et la self défense sert à rien contre les vrais dangers."

Les cours de self défense servent à apprendre à se débarrasser d'un, deux agresseurs. Mais surtout, pour les femmes, à sortir du rôle de victime qu'on leur impose dès la naissance. contre un groupe organisé? Bon, si, m'y connaitre aurait surement apporté des cordes à mon arc. Mais au final... J'ai les mains qui tremblent. Je serre plus fort le livre que je tiens, pour essayer d'atténuer le contrecoup. Parce que le traumatisme, c'est pas sur le coup, chez moi. C'est après.

Contrôle ta respiration. J'ai du mal. J'ai en tête les interrogations des flics, ce que je sais que nous voulaient les gangeurs... Ils en ont parlé aux infos. Bien sur, ni Charlie ni moi n'avons été nommées. On reste mineures. Ils ont juste mentionné "une enfant de moins de dix ans", car c'est une circonstance aggravante. Allez respire. Concentre toi sur autre chose. Sur l'après. Étape par étape. Te relever. Aller à l'administration. Récupérer Charlie. Et d'abord, respirer. Bon, ok, on va rajouter une étape pour gagner du temps.

"La self défense, c'est pour se défendre. Contre plusieurs, ça marche pas. C'est mieux d'attaquer."

Je parle de ce que je "sais", bien sur, de ce que j'ai lu sur Internet ou ailleurs. Est-ce qu'il se rend compte que derrière mes phrases courtes se cache une tentative de reprendre le contrôle? De me concentrer et d'échapper au tourbillons de voix dans ma tête? Celles des gangeurs qui se mêlent à celles des filles et à leur "on t'aidera à trouver des clients", aux propos des policiers, avec leurs questions brutes, au journal télévisé d'il y a quelques jours... Ces voix qui me paralysent et rendent difficile la concentration. M'obligent à parler pour garder la ligne et ne pas être emportée. J'ai l'impression que ma voix est lointaine. Faut que je me reprenne. Qu'elle reprenne sa clarté à mes oreilles avant que je ne puisse me relever.

"Surtout que là, si j'attaque pas encore. Tant que c'est moi qui ai l'avantage... Elles reviendront dès qu'elles auront pansé leurs blessures. Et seule, c'est ma voix contre elles."

Celle d'une enfant contre des adultes. Surtout des filles qui agissent en impunité.